Encore un entraînement avec Kyoshiro-sensei. Ce n’était certes surprenant considérant que c’était son professeur, mais toujours aussi agréable. Chiyo aimait ces instants seul à seule où elle pouvait simplement profiter de la présence de son maître et de ses talents de shinobis. Ils avaient tellement en commun. Après tout, ils étaient tous les deux des utilisateurs de suiton et des senseurs. Bien sûre, cette dernière partie, Chiyo ne la maîtrisaient pas autant que son maître qui avait appris à combattre grâce à ce sens mystique.
Quoi qu’il en soit. Kyoshiro était un homme admirable, un ninja d’exception et il avait su conquérir la belle Hyuga en quelques instants. Malheureusement, elle, elle ne pouvait se vanter d’un tel exploit. C’était un homme bienveillant, gentil, attentionné, un enseignant appliqué et certainement beaucoup plus que cela, mais il n’avait pas encore ouvert son cœur à sa jeune élève. Que dire de ça ? Qu’elle ne renonçait pas.
Après leur dernier entraînement dans la forêt, elle savait qu’elle pouvait s’attiré des compliments par son parfum, alors cette fois-ci, elle fit de même, choisissant un parfum riche et floral. Elle se rendre la plus attrayante possible pour son maître.
Encore une fois, le rendez-vous était dans la forêt. Il avait un petit faible pour cet endroit isolé. Chose qui ne déplaisait pas à la douce Hyuga. C’était plus intime ainsi. Évidemment, le lieu de rendez-vous nourrissait encore plus sa désillusion, se disant qu’il ne voulait pas être déranger pour mieux profiter de sa présence. Quelqu’un qui connaissait la situation de Kyoshiro saurait que ce n’était pas le cas, mais Chiyo ne savait pas et elle se laissait bercer par cette pensée.
Elle avait tout de même pris le temps de choisir son plus bel habit d’entraînement, bien que l’aveugle ne le verrai jamais, il pouvait peut-être effleurer le tissu durant l’entraînement – surtout s’il lui demandait un petit combat de pratique – et penser que c’était doux, donc aimer le contact. Oui, elle poussait sa réflexion, mais elle cherchait vraiment n’importe quelle façon d’attirer l’attention du pauvre homme qui n’avait rien fait pour s’attirer ce genre d’affection de son élève.
Il ne lui fallut pas bien longtemps avant d’atteindre le point de rendez-vous dans la forêt, les cheveux tressés pour éviter qu’ils ne fussent dans le chemin et entravent sa vision ou que les branche ne s’y emmêlent. Lorsqu’elle vit enfin son enseignant, la jeune femme s’inclina, comme à son habitude devant l’homme.
« Bonjour Kyoshiro-sensei, je suis prête pour l’entraînement d’aujourd’hui. »
Puis, elle se redressa. Chiyo détourna le regard de l’homme pour éviter de le dévisager trop. Elle ne voulait pas qu’il devine ses sentiments avant qu’il ne ressente la même chose pour elle après tout. Se serait bien trop embarrassant à expliquer.
« La dernière fois vous avez parler de votre sensorialité … Je crois que je vous ai dit que c’était le cas pour moi aussi, si je ne vous l’ai pas dit, c’était une omission de ma part. j’ai récemment découvert que je suis comme vous une senseur et … et je me demandais si vous pouviez m’aider à mieux comprendre et à mieux maîtriser ce que cela veut dire. »
Le plus difficile pour un homme comme Kyoshiro, s'habituant encore à son rôle de professeur, était de se forcer à ne pas trop s'attacher à ses élèves, pour éviter de souffrir lors d'une inévitable séparation. L'aveugle en avait fait les frais lorsqu'il avait pris sous son aile un premier élève qu'il considéra comme son propre fils, Akira, et il devait bien avouer qu'il n'avait pas prévu que cette séparation involontaire soit aussi...douloureuse. C'était là le cœur du premier car, si le Tadake avait un cœur aux proportions gargantuesques, s'il capable de diffuser sa chaleur humaine à tous les chanceux qui croisaient sa route, il laissait également la porte grande ouverte pour que la douleur, la tristesse ou le chagrin s'y frayent un chemin. Mais qu'y pouvait-il ? Il ne pouvait être autrement qu'entier, il ne pouvait donner moins que son maximum pour une personne qui comptait véritablement sur lui, pour grandir et mûrir. Alors avait-il peur de répéter le même cycle de joie et tristesse avec la jeune Hyuga dont il avait la charge, celle qui un beau jour finirait aussi par prendre son envol ? Il savait que cela arriverait tôt ou tard, plutôt tôt que tard au vu de la façon dont évoluait sa propre vie, mais avait-il seulement le choix ? Cet apprentissage faisait partie de la vie et, d'une certaine façon, son propre professeur était lui aussi passé par cette étape, à son époque, alors pourquoi l'aveugle en serait-il exempté ? Il devait passer par là et accepter ce déchirement, comme la jeune Hyuga devrait le faire à son tour, un beau jour.
Le senseur savait que bientôt il allait devoir retourner sur le terrain, car il avait appris que d'ici peu l'effectif de son équipe serait de nouveau au complet mais, en attendant que ce jour arrive, il comptait bien profiter du temps qui était le sien pour former sa jeune élève. Certes elle était inexpérimenté mais elle ne manquait pas de jugeote, Kyoshiro pouvait en attester et, cerise sur le gâteau, elle possédait quelques domaines et affinités que le shinobi maîtrisait assez bien, sans se vanter. Peut-être que cela allait mieux se passer qu'avec Akira, le jeune Uchiha à qui il n'avait pas eu le temps d'apprendre grand chose, non ? Il l'espérait, en tout cas.
De bon matin le maître de l'eau se dirigea donc vers la forêt de Konoha, pour s'entraîner une fois encore à l'abri des regards indiscrets. La demoiselle ne tarda pas à se présenter et, comme d'habitude, elle fut accueillie par un sourire discret accompagné d'un :
« Bonjour Chiyo-chan. Bien dormi ? »
Si Kyoshiro avait un regret, en ce moment, c'était de devoir trop s'occuper de l'entraînement de la demoiselle et ne pas avoir le temps de la connaître, comme personne. Pour Akira tout avait commencé par cette connaissance de soi et ce soutien moral, car tout était à refaire chez lui, mais elle ? Qu'étaient ses obstacles, ses freins ? Car le rôle d'un professeur n'était pas uniquement de transmettre du savoir mais également des valeurs, morales et humaines. Pour grandir comme shinobi, elle devait aussi grandir comme personne et cela touchait aussi au domaine d'expertise de l'homme privé de lumière. Enfin bon, pour le moment il fut contraint de laisser cela de côté, lorsque la demoiselle lui confirma bien qu'elle avait elle aussi les aptitudes pour devenir senseur. L'eau, et maintenant cela ? Sa réaction, amusée, ne se fit pas attendre.
« Décidément, le monde est vraiment petit. »
Il n'osait pas le lui dire mais la découverte de la capacité n'était pas le plus compliqué dans cette histoire. Le perfectionnement, et la précision de repérage ? Une toute autre paire de manches, qu'il laissa de côté pour le moment. Elle voulait des explications ? Kyoshiro allait commencer par rappeler l'utilité, sur le terrain, d'un tel atout.
« Le rôle d'un senseur est essentiel dans un équipe. Il permet de repérer les chakras présents aux alentours, pour prévenir l'arrivée de menaces, voire de pièges ou genjutsus potentiels pour les plus expérimentés d'entre eux. »
Avant de rentrer dans les détails, l'aveule voulait savoir ce que la demoiselle savait et maîtrise de cetet capacité naissante, chez elle. Aussi s'écarta t-il de quelques pas d'elle, se dressa bien droit comme à son habitude, avant de l'inviter à un exercice basique mais bigrement nécessaire.
« On va commencer de zéro, pour faire les choses bien. Si tu fermes les yeux et que tu te concentres, parviens-tu à repérer mon chakra ? »
À la question habituelle de son sensei, Chiyo sourit. Il le demandait vraiment à chaque rencontre. C’était quelque chose qu’elle ne pouvait qu’admirer … En plus de tout le reste déjà. Kyoshiro était le parfait enseignant pour une novice comme elle. Avenant, il savait comment la pousser à aller un peu plus loin ou au moins à venir titiller son intérêt ou même provoquer un questionnement logique qui la menait éventuellement à comprendre ce qu’il tentait de lui apprendre. Bref, c’était l’enseignant parfait, du moins, si on le demandait le lui demandait.
« Très bien, merci et vous ? »
Lorsqu’elle lui confirma pouvoir marcher dans la même voie que lui, le jonin sembla amusé. Si Chiyo ne le connaissait pas, elle aurait probablement pris offense, mais ses mots, montraient bien qu’il n’avait aucune malice. Il était vrai que tous deux avaient beaucoup en commun lorsqu’il en venait à leur style de combat. Ils avaient déjà en commun leur maîtrise de l’eau et maintenant, on ajoutait à cela qu’ils étaient senseurs tous les deux. Un petit sourire timide vint aux lèvres de la belle Hyuga à cette pensée. Ça lui donnait tout le temps et toutes les raisons du monde de passer encore un peu plus de temps avec lui.
Kyoshiro commença par lui rappeler ce qu’était le rôle d’un senseur en mission. Essentiellement, selon son sensei, un sensei était un ninja plus utilitaire, prévenant piège et ennemis avant même qu’ils n’approchent. Un peu comme avec son Byakugan, mais pas exactement. Son Byakugan pouvait voir les ennemis cachés, voir loin et voir le chakra, mais il n’aurait jamais la même précision ou la capacité à prévenir un malheur qu’un senseur. La nuance se trouvait dans les techniques liées à ses yeux. Son clan avait préféré orienter le pouvoir de leurs yeux pour l’offense, tandis qu’un ninja senseur allait pousser son talent à la détection uniquement et la protection de son équipe. Oui, c’était quelque chose que Chiyo aimait bien savoir. Elle voulait avant tout voir les dangers pour les éviter. Après tout, un affrontement inutile, ce n’était qu’une chance de plus de se blesser ou de mourir. Même si la frêle Hyuga n’avait pas d’expérience de terrain, elle avait bien vite compris qu’en face d’un ennemi, on avait deux choix : vaincre ou mourir. Et elle n’était pas confiante qu’elle pouvait vaincre à chaque fois.
Recentrant son attention sur son maître, Chiyo hocha la tête à sa demande. Il voulait la faire commencer de zéro et c’était probablement bien mieux ainsi. Elle se concentra donc pour étendre ses sens autour d’elle, pour tenter de capter … MAIS C’ÉTAIT QUOI CE TRUC ?!
Jamais chiyo n’avait pris le temps d’étendre ses sens en direction de son maître, pour plusieurs raisons sans aucune importance, mais … mais peut-être aurait-elle du le faire. Immédiatement après avoir senti sa présence elle rétracta ses sens d’un coup, l’air ahurie, le regard sur l’homme. Comment cela pouvait-il arriver ? Cette quantité de chakra, c’était … C’était simplement monstrueux. Aucun humain ne pouvait avoir ça !
« Qu … Mais … »
La jeune femme n’avait pas les mots. Elle savait qu’il était fort, mais de là à avoir ce genre de réserve ? Évidemment, elle n’avait aucune idée de ce qu’elle voyait, simplement que c’était plus grand que tout ce qu’elle avait vu dans sa jeune existence.
« C’est … c’est très voyant. »
C’était bien peu dire, mais elle n’avait d’autre façon de décrire ce qu’elle avait ressenti.
Lorsque le jeune homme avait posé les pieds à l'académie pour la première fois, ainsi que dans les années qui suivirent son intégration, la plus complexe partie de son apprentissage fut d'accepter que ses collègues se fiaient presque exclusivement à leur vue, dans la vie quotidienne et sur le terrain. Cela pourrait vous sembler être une évidence à laquelle tout aveugle devrait être habitué, ce qui était le cas pour Kyoshiro, mais il n'avait pas immédiatement compris à quel point ce manque allait définir et complexifier sa vie à venir. Outre le fait que toutes les missions étaient couchées sur papier, la plupart des techniques de ninjutsu de son répertoire consistaient en la manipulation d'un élément pour lui faire prendre une forme particulière, un animal ou un objet la plupart du temps et, lorsque le concept de forme ne pouvait lui être compréhensible que par le toucher, cela rendait l'apprentissage bien plus...difficile. Serait-ce le même cas pour l'apprentissage de la capacité à sentir le chakra ? Le Tadaje n'avait pas eu de professeur en la matière, il avait découvert et maîtrisé tout seul cette habilité ce qui montrait, une fois encore, à quel point il pouvait être persévérant quand il s'en donnait les moyens. Il pouvait donc sentir le chakra autour de lui et deviner la distance qui le séparait de cette signature, mais y avait-il un aspect visuel qui l'échappait ? Un shinobi lambda verrait-il une lueur dans le lointain, entourant la personne qu'il souhaitait détecter ? Il n'en savait rien mais, aujourd'hui, la jeune Hyuga lui servirait de cobaye car elle était la première sensitive qu'il allait entraîner.
Seulement voilà, avant de rentrer dans le vif du sujet ils allaient devoir discuter un peu afin de tâter le terrain et, lorsque ce fut au tour de Kyoshiro de dire s'il avait bien dormi ou pas, sa réponse fut aussi simple qu'attendue.
« Pas trop mal, comme toujours. »
Il n'était pas un gros dormeur, s'autorisant le minimum de sommeil requis pour que son corps fonctionne correctement mais, d'expérience, il n'avait connu que de véritables et complètes nuits de sommeil dans les bras de sa femme. Autant dire qu'il n'allait pas en avoir d'autres comme cela de si tôt mais il s'en acclimatait assez bien pour le moment, essayant de ne pas trop y penser pour ne pas fondre comme neige au soleil. Il chassa donc cela de son esprit et se concentra sur les explications nécessaires à l'apprentissage du jour, conscient qu'il allait devoir expliquer de zéro ce qu'il avait lui-même compris, au cours des dernières années. Facile ? Pas du tout, car s'il était le plus têtu et acharné des shinobi de Konoha, tout le monde ne partageait pas sa passion et sa persévérance. Il prit donc une profonde inspiration et lança donc son élève sur son premier exercice, la maîtrise de cette nouvelle capacité pour ressentir le chakra d'un cible unique. Simple, non ? Il fallait bien commencer par quelque chose et, tout ce qu'on pouvait dire, c'était que cette nouvelle capacité ne manqua pas de laisser la jeune Hyuga bouche bée.
« C'est normal d'être surprise, la première fois. Tu finiras par t'y habituer. »
Bien entendu Kyoshiro n'avait aucune idée que c'était son immense réserve de chakra à l'origine de la surprise plus que la technique en soit, mais que pouvait-il dire d'autre ? Il n'avait pas été surpris lui-même car son monde n'avait toujours été que ténèbres, alors ressentir des choses n'était rien inhabituel, mais il pouvait imaginer que tous ses congénères n'auraient pas nécessairement la même réaction.
« Est-ce que tu peux me dire ce que tu as ressenti, quand tu t'es concentrée sur tes sens ? »
La base d'une telle capacité était de comprendre comment la déclencher, dans un premier temps, et ensuite de pouvoir s'y familiariser pour que son usage en combat soit moins...déroutant. Il laissa donc à la demoiselle le temps de s'expliquer et de poser toutes les questions nécessaires et, quand le temps fut venu, il enchaîna finalement avec :
« Nous allons essayer le même exercice, mais en faisant grimper le niveau de difficulté, si tu le veux bien. »
Certes ils avaient le temps, mais Chiyo était une demoiselle tout à fait capable et intelligente, bien plus qu'elle ne le pensait en tout cas et, dans son cas, la stimulation était la clé. Après avoir demandé à la demoiselle de fermer ses yeux et boucher ses oreilles, un instant, l'aveugle créa quatre copies de lui-même qui se dispersèrent immédiatement, se cachant et s'immobilisant dans les fourrés alentours. Enfin, le senseï fit signe à la demoiselle qu'elle pouvait arrêter de se couvrir les oreilles et, lentement, lui souffla ses prochaines instructions :
« Concentre toi et essaye de me donner le nombre de chakras que tu perçois, ainsi que leurs positions approximatives. Prends ton temps. »
Cette est similaire au Bunshin à la différence près que les clones produits sont solides et constitués d'eau et possèdent un dixième de la force de l'original. Tout comme les clones solides, les clones aqueux peuvent être utilisés pour effectuer des tâches en soutien ou en remplacement de l'utilisateur. Le champ d'action de ces clones est cependant limitées, puisqu'ils ne peuvent s'aventurer trop loin de l'original au risque de se retrouver hors de son contrôle. Comme pour les autres techniques de clonage, si les clones aqueux subissent trop de dégâts, ils se retransforment en eau. Ils sont cependant plus résistants que les Kage Bunshin. Ces clones peuvent se battre, mais ne peuvent pas utiliser de techniques à part celles de Suiton de rang inférieur ou égal à celui de l'utilisateur. Les techniques qu'ils utilisent comptent dans le nombre limite de techniques que l'utilisateur peut effectuer par tour. Le chakra consommé est pris dans la réserve de l'utilisateur. Les clones peuvent parler mais ne transmettent pas d'informations à leurs créateur. Le nombre de clones dépend du rang de l'utilisateur: Rang D : 1 clone Rang C : 2 clones Rang B : 3 clones Rang A : 4 clones Rang S : 6 clones
CONSOMMATION DE CHAKRA :
Forte
EVOLUTION DE LA TECHNIQUE
- RANG B :
Si de l'eau est présente à proximité, les clones aqueux détruit peuvent se reformer en un tour complet, sans consommation de chakra supplémentaire. Une attaque de rang B (rang C pour le Dôton) les détruira de manière définitive.
CONSOMMATION DE CHAKRA :
Forte
EVOLUTION DE LA TECHNIQUE
- RANG A :
Les clones aqueux peuvent désormais utiliser toutes les techniques Suiton connue de l'utilisateur (cela compte toujours comme une technique pour celui-ci). De plus, ils peuvent se reformer même en milieu sec, utilisant leur propre eau sans perte. Enfin, ils ont désormais la même force et rapidité que leur créateur.
De sentir le chakra sans ses yeux, c’était comme de … comme de respirer sans poumons. Mais pour Chiyo, c’était possible. Elle faisait l’impossible. Elle était capable de sentir la force vitale – astronomique – de son maître, même en ayant les yeux fermés, seulement en concentrant sur ce qu’elle ressentait dans l’air. Elle pouvait dire qu’il était devant lui, plus lumineux qu’un phare dans la nuit et ce n’était que digne de sa chaleureuse personnalité. Sous ses explications, elle sentit la chaleur monter à ses joues alors qu’un petit sourire complaisant s’installait sur son visage, s’il poursuivait, c’était qu’elle avait réussi et qu’elle avait satisfait ses exigences.
« C’était comme un immense phare, illuminant tout. C’était comme si je ne pouvais détacher mes … mon sens. J’avais l’impression que le reste n’importait pas. C’était très … captivant ? le seul mot que j’ai pour décrire, c’est bien fort. »
La jeune femme semblait un peu embêtée. Expliquer ce qu’elle avait ressenti n’était pas chose aisée et pas simplement parce que son sensei était probablement l’être humain le plus puissant qu’elle avait vu en termes d’énergie spirituelle, mais aussi par l’effet que de ressentir le chakra par un autre sens que la vue pouvait être pour elle. C’était comme … C’était comme quand quelqu’un entrait dans son espace personnel. On ne le voit, mais on le sent, on se sent oppressé, mal à l’aise …
« C’était exactement comme si quelqu’un était dans mon espace personnel. Quelqu’un que je n’avais pas invité. Vous savez comme si … comme quand quelqu’un est derrière vous, qu’il ne vous touche pas et que vous ne voyez pas, mais vous savez qu’il est là. »
C’était le mieux qu’elle pouvait faire pour décrire cette sensation. C’était un peu désagréable, mais elle savait qu’à la longue elle s’y ferait – mais vraiment pas tout de suite – et qu’il n’était pas nécessaire de faire une crise là-dessus. En plus, s’il y avait bien quelqu’un qu’elle voulait dans sa bulle, c’était lui.
Son maître lui proposa un nouvel exercice. Cette fois-ci, il se servit de l’eau pour se créer des copies et demanda à son élève de fermer les yeux pour lui indiquer leur position et leur nombre. Rien de bien difficile en soit. Il exigea qu’elle ferme les yeux et bouche ses oreilles pour se prêter à son jeu. Chose qu’elle fit sans même rouspéter un seul mot. Puis, obéissante, la belle Hyuga les yeux yeux toujours clos, étendant ses sens par-delà les limites normales du corps. Encore une fois, l’étrange sensation d’avoir quelqu’un dans sa bulle l’envahi, mais elle la repoussa. Cette fois-ci, elle sentait son sensei brillant comme un soleil en pleine nuit ainsi que quatre autres ninjas.
Désignant une zone relativement vague de son doigt, sans réaliser qu’elle tentait de pointer quelque chose à un aveugle, elle dit qu’il y en avait un là-bas. Elle refit l’expérience pour chaque source de chakra avant d’ouvrir les yeux avec un petit sourire, pour confirmer la justesse de ce qu’elle venait de dire.
« Qu’en pensez-vous sensei ? Suis-je prête pour la suite ? »
Certains shinobis étaient assez patients et compréhensifs pour avoir la pédagogie dans le sang, pour être amenés à être des professeurs dans l'académie ninja où ils avaient fait leurs débuts et les autres, eux, devaient simplement faire davantage d'efforts pour arriver au même niveau. Il ne fallait pas se mentir, la vie d'un shinobi n'était qu'une grande compétition où tous les coups étaient permis mais, fort heureusement, certains individus parvenaient à passer au-dessus de telles considérations pour se concentrer sur leur devoir, leur devoir et rien d'autres. Tout aveugle de son état Kyoshiro avait tout à prouver au monde entier, aussi son rythme de vie était-il régi par une compétition entre...eh bien...lui-même et lui-même, mais il était bien conscient que son manque de vision ne pouvait qu'handicaper sa capacité à enseigner à autrui. Sa cécité l'obligeait à être plus inventif, plus conceptuel, plus imaginatif que les autres professeurs plus...traditionnels et, si cela pouvait fonctionner avec certains élèves, le Tadake savait que viendrait un moment où un élève ne se reconnaîtrait pas dans cette méthode d'enseignement. Attendait-il ce jour avec impatience ? Pas le moins du monde, mais que pouvait-il y faire, de ce toute façon ? Il devait jouer, une fois de plus, avec les cartes en main et, fort heureusement pour lui, l'enseignement du jour n'avait pas besoin d'être visuel pour fonctionner.
Le Tadake avait su entendre et sentir les présences autour de lui avant même de savoir marcher, il était un senseur naturel comme aucun autre en ce monde, aussi n'avait-il jamais eu besoin de passer par le même processus d'apprentissage que son élève du jour. Tout lui était venu avec une simplicité enfantine, ou tout du moins tout lui était venu parce que c'était une nécessité pour qu'il survive, mais c'était pour cette raison qu'il n'était pas sûr d'être un bon professeur. Après tout un bon enseignant devait adapter son discours à son auditoire, afin de tirer l'élève vers le haut sans brûler les étapes. Mais lui, en serait-il capable ? Serait-il capable de décomposer en étapes ce qui était pour lui aussi naturel que de respirer ? Il n'avait pas trop le choix, de toute façon.
Il laissa donc la demoiselle décrire dans un premier temps son ressenti, en sachant très bien que les mots employés ne rendraient pas justice à cette formidable capacité. Kyoshiro retint un sourire face au mot « captivant » qui parvint à ses oreilles, puis un autre sourire face à l'autre moitié de la description de la Hyuga. Finalement, il se contenta d'un franc :
« Intéressante description. »
Il y avait autant de descriptions possibles que de senseurs dans le monde. Comment pourrait-il juger si celle de son élève était plus fidèle que la sienne ? Le plus important n'était pas la façon dont elle pourrait décrire cette capacité, mais qu'elle se souvienne de la façon dont elle pourrait faire appel à ce nouveau...sens.Vint ensuite le moment de mettre cette maîtrise à l'épreuve et, une fois encore, la demoiselle répondit aux attentes de son nouveau professeur. Était-elle prêt e à passer à l'échelon suivant ? Ce premier test se voulait enfantin, aussi le Tadake hocha t-il positivement la tête en répondant :
« Te sens-tu prête ? C'est surtout cela qui importe. »
Aimait-il jouer avec les mots, pour la faire tourner ne bourrique ? Il devait bien avouer que oui, de temps en temps, mais fort heureusement il revint rapidement au sujet initial.
« La suite va se décomposer en deux parties. Repérer une cible et la suivre, sur de longues distances. »
Deux techniques simples, lorsqu'elles étaient prises séparément, mais essentielles au processus de traque qui était attendu de chaque nouveau senseur. Elle voulait apprendre, éprouver cette capacité ? Elle allait devoir le faire un pas après l'autre, un mètre après l'autre et, contrairement à la maîtrise de l'eau, ici elle partait de zéro. Il se recula donc de quelques pas, ordonnant à ses clones de rester parfaitement immobiles alors qu'il expliquait sommairement la suite de l'exercice.
« Je vais te demander te demander de te concentrer sur mon chakra et le mémoriser. Pas sa quantité, pas son intensité mais son...identité. Chaque chakra est unique, après tout. »
Cela pouvait paraître simple sur le papier, mais cela ne le serait pas car la demoiselle venait tout juste de découvrir comment ressentir le chakra. Ressentir le chakra était une chose, mais en différencier deux, ou encore s'en souvenir d'un précis au milieu d'une foule d'autres ? Cela lui demanderait peut-être plus d'un essai, aussi n'allait-il pas la presser. Il se reculer donc encore davantage, posant à plat une main contre l'autre et commença à malaxer son chakra, pour faciliter la détection de la demoiselle, en concluant par :
« Préviens-moi lorsque cela sera fait, que nous passions à l'étape suivante. »
L'utilisateur se concentre sur une cible donnée et enregistre mentalement son chakra. Il pourra ainsi plus aisément le reconnaître. Cette technique donne aussi une idée approximative du chakra de la cible comparé à celui de l'utilisateur (très inférieur/inférieur/vaguement identique/supérieur/très supérieur).
Kyoshiro savait se montrer patient. Il avançait au rythme de son élève. Il n’allait pas la brusquer si elle ne voulait ou ne pouvait pas se rendre à un certain niveau ou à une étape précise. Il l’accompagnait à chacun de ses pas et c’était vraiment tout ce que Chiyo pouvait espérer d’un enseignant compétant. Il lui demandait si elle se sentait prête à passer à l’étape suivante et elle n’hésita pas lorsqu’elle répondit à son maître.
« Oui ! »
Affirmative, elle le savait, elle le sentait. Elle était prête maintenant qu’il l’avait préparée. Il avait su la guider étape par étape jusqu’à ce qu’elle puisse comprendre d’elle-même cette capacité qui lui était innée. L’air pensif, Chiyo marmonna quelques mots alors qu’elle concentrait son énergie sur son maître, plus exactement, sur son chakra. Ce n’était pas bine difficile de comprendre la partie ‘’se concentrer sur le chakra.’’
« D’accord. Donc, je me concentre sur votre chakra … »
Mais voilà qu’elle frappait un mur. Comment séparer une forme de chakra d’une autre ? En quoi étaient-elles différentes les unes des autres ? Ce n’était pas tâche facile de lire le chakra comme elle apprenait à le faire à cet instant-là, mais ce l’était encore moins de distinguer deux entités complète de chakra. Heureusement, Kyoshiro malaxait son énergi vitale pour la rendre plus facile à ressentir.
« Qu’est-ce que je peux employer comme truc pour ‘’identifier’’ un chakra ? Ce n’est pas quelque chose que mes yeux me permettent de voir alors … J’ai toujours assumé que le chakra de tout le monde était la même chose … »
Alors qu’elle parlait, Chiyo brisa sa concentration. Il fallait bien avouer que la demoiselle était embarrassée de ne pouvoir régler ce petit détail d’elle-même et elle avait besoin de l’explication du Tadake pour pouvoir poursuivre. Il fallait avouer qu’elle n’avait jamais vraiment porter attention à ce détail au tour d’elle, avant cette journée-là. Elle avait donc, sincèrement, l’impression qu’elle grandissait en temps que kunoichi. Ce n’était pas quelque chose qu’elle chose qu’elle avait pensé faire de sa vie, mais elle était maintenant décidée à saisir le moment. Pour son sensei, son clan, son village … Et pour elle-même. Elle allait être déployée sur des missions d’envergure et elle n’avait pas le choix d’être capable de se débrouiller sans l’assistance de Kyoshiro pour absolument tout. Après tout, un jour viendrait qu’elle serait Chunin et qu’une équipe lui serait assignée, du moins elle l’espérait, certes pas dans l’immédiat, mais elle se devait d’être capable de guider ses futures pupilles.
Bref, elle attendit donc que Kyoshiro éclaircisse un peu ce qu’il voulait dire par l’identité propre du chakra avant de se lancer des nouveau dans son observation ‘’passive-active’’ de celui qui appartenait à cet homme et qui brillait avec la puissance d’un phare dans la nuit.
« Okay … je crois que j’ai une idée. Vous avez tellement de chakra, le mien à côté, on dirait une crevette … »
En ce concentrant, elle eu l’impression de le sentir, à quel point ce chakra était puissant, énorme. À quel point il avalait tout sans se soucier de rien. Elle le sentait immense à côté d’elle, à côté de sa crevette d’énergie qui n’était pas mauvaise pour quelqu’un de son niveau. Kyoshiro était un monstre de chakra, il n’y avait plus de doute. Jamais elle n’avait senti un chakra aussi fort, aussi beau … aussi … chaleureux ? Amical comme sa personne, souple, adaptatif … Il y avait quelque chose de très lui … Les mots avaient du mal à s’organiser autour de ce qu’elle ressentait, mais voilà, c’était … quelque chose.
« Je vois, hum, votre chakra est très important, il est un peu … vous ? enfin non, mais c’est difficile à expliquer … Je ne saurais comment expliquer … »
Kyoshiro n'admettrait jamais à quiconque qu'il pensait bien se débrouiller comme enseignant, il était trop modeste pour établir un tel constat, c'était aussi la raison pour laquelle il ne cessait de se remettre constamment en question. Dans la situation actuelle, par exemple, il pourrait se reposer sur ses lauriers et prendre une pause, après avoir permis à la demoiselle de découvrir sa nouvelle capacité mais, sans pourtant être forgeron dans l'âme, il savait qu'il était important de battre le fer pendant qu'il était encore chaud. La leçon était encore très fraîche dans la tête de la jeune Hyuga, cette dernière était toujours désireuse d'apprendre alors pourquoi ne pas continuer ? Et pourtant il était important de ne pas confondre vitesse et précipitation, surtout puisqu'elle découvrait à peine ce nouveau domaine. Patient comme lui seul savait l'être, il prit donc le temps d'expliquer à sa prometteuse élève la suite des événements et, lorsqu'il demanda à la demoiselle si elle se sentait prêt, il sourit face à l'énergie diffusée au travers de cette réponse positive. Ah lala, la fougue de la jeunesse ! Bon d'accord il n'était pas bien plus vieux que la jeune Hyuga, mais tout de même ! Reprenant sa concentration, l'aveugle poursuivit donc son explication et, lorsque la première question lui fut posée, il sut que son explication n'était pas assez précise. Comment pouvait-il l'être davantage ? Le chakra n'avait pas de son ou d'odeur, n'avait pas non plus de couleur pour lui, alors comment en différencier deux ? C'était plus une sensation, un sentiment qu'un point précis sur lequel s'accrocher, mais comment définir cette méthode si personnelle à quelqu'un qui découvrait tout juste ce nouveau sens ?
« Il n'y a pas vraiment une méthode particulière, chacun trouve sa propre façon d'identifier un chakra. Une sensation. »
Une fois encore son handicap montrait quelques limites dans ses capacités d'enseignement, mais il se fit violence pour ne pas trop s'attarder sur ce point. Il arrivait à différencier deux personnes à leur démarche, au timbre de leur voix et parfois même à leur odeur, mais le chakra ? Il...n'avait jamais su expliquer comment il faisait car, une fois encore, c'était une des premières choses apprises qui était devenue naturelle. Prenant une pause, il laissa donc la demoiselle se concentra et rejeta un froncement de sourcils, lorsqu'elle mentionna sa quantité de chakra. Était-elle si grande que cela ? Il ne s'était jamais comparé aux autres, aussi ne se rendait-il pas toujours compte de son immense réserve de chakra mais, dans le cas présent, ce n'était pas cela qui le dérangeait le plus. En effet, comme il l'avait indiqué plus tôt, il préférait ne pas se concentrer sur la masse de chakra pour une raison qu'il ne tarda pas à expliquer.
« C'est un bon point de départ, mais à l'avenir il faudra te détacher de la quantité de chakra . Si tu as plusieurs adversaires avec la même réserve de chakra, comment feras-tu pour les différencier, l'un de l'autre ? »
Ce n'était pas une question rhétorique, pas entièrement en tout cas, car pour ce travail d'identification le Tadake ne pourrait prêter main forte à la demoiselle. Il lui laissa donc le temps nécessaire afin qu'elle tâtonne, qu'elle essaye, qu'elle trouve sa propre méthode et, enfin, le senseur crut comprendre qu'elle était sur la bonne piste.
« Si tu ne sais pas comment l'expliquer, c'est que tu as trouvé ta propre méthode dont je te parlais, plus tôt. Tu n'as pas besoin de me l'expliquer, pour peu que tu arrives à différencier mon chakra du tien, ou de celui de n'importe quel autre shinobi. »
Bien entendu elle devrait faire d'autres tests en d'autres lieux, mais surtout avec d'autres shinobis afin de différencier plusieurs signatures, avant de penser maîtriser complètement cette technique. Se redressa en repérant la position de chakra de ses clones, toujours immobiles, le Tadake enchaîna avec :
« Bien sûr nous allons éprouver cette méthode plusieurs fois, cela va sans dire, mais pour l'heure passons à la pratique. Ferme les yeux, s'il te plaît. »
Kyoshiro attendit que la demoiselle s'exécute avant de demander à l'une de ses copies de se diriger silencieusement en directement du nord-ouest, afin de minimiser le bruit pour éviter de se faire repérer. Bien entendu, une fois assez loin, le clone se mettrait donc à courir avant de s'arrêter bien loin, largement hors de la vue de la jeune Hyuga. Une fois qu'il fut enfin à bonne distance, le senseï demanda donc à la demoiselle d'ouvrir ses yeux, avant de conclure par :
« Les clones partagent le même chakra que l'original. Je vais donc te demander de te concentrer sur mon propre chakra, et de repérer l'un de mes clones qui...disons...a pris de la distance. »
L'utilisateur concentre ses dons de Senseur dans un seul et unique but : trouver une signature de chakra particulière (qu'il doit déjà connaître) à grande distance (jusqu'à plusieurs kilomètres). Il connaît alors la position, à une dizaine de mètres près. Cette technique ne fait pas la différence entre une véritable personne et un clone ayant le même chakra (comme un Kage Bushin ou un clone élémentaire de l'affinité primaire de la cible). Cette technique nécessite une grande concentration : l'utilisateur doit être immobile et au calme. La technique peut être maintenue pour traquer la cible, mais elle consomme alors en permanence du chakra.
Tout cet art était encore extrêmement nouveau pour Chiyo qui n’avait que les bases … des bases, des bases … autant dire qu’elle ne savait rien du tout de ce qu’elle faisait. On la jetait d’une falaise, dans le noir et on lui disait : apprends à voler. Oui, c’était ça qu’elle ressentait à ce moment-là. On avait pris un poisson et on l’avait sorti de l’eau, on lui avait fait se pousser des jambes … Et maintenant, ce poisson devait se faire pousser des ailes. Allait-elle, un jour, parvenir à sortir de sa chrysalide pour émerger un papillon, prêt à survivre à la dure réalité du monde qui se déroulait devant elle ? Probablement pas. Probablement jamais.
Son enseignant souleva une question bien précise qui laissa la jeune femme sans voix. Elle ne pouvait pas répondre à cela. Ce n’était pas quelque chose dont elle avait le savoir. À sa question, elle enchaîna avec une autre, une question que lui avait fait se poser les copies aqueuses de son maître.
« C’est … Une excellente question. Y a-t-il une façon de le faire ? Et puis … Quand on pense aux clones tangibles, même élémentaires, ils partagent tout de même le chakra de leur utilisateur, y’a-t-il des façons de savoir ? »
Un petit rire nerveux vint aux lèvres de la jeune femme. Évidemment que si ça existait, Kyoshiro-sensei saurait, mais ce devait être extrêmement compliqué. Après tout, si de différencier les chakras venait lui poser tant de problèmes, identifier un clone de son original, alors qu’ils partageaient le même chakra … ce devait être dans les arcanes les plus complexe de cet art.
« J’avoue que ce ne doit pas être facile du tout … Probablement un peu plus avancer que je ne le suis en ce moment, n’est-ce pas ? »
Secouant doucement la tête, la jeune genin concentra son attention ailleurs. Elle la porta davantage vers la suite de l’exercice et les explications de son maître. Mieux valait garder ses questions pour plus tard. De toute façon, son maître saurait lorsqu’elle serait rendue à cet étape-là.
« Pour différencier le chakra avec celui de n’importe quel shinobi, ne serait-ce pas mieux d’aller en ville et simplement tenter de différencier les chakras, peut-être que … peut-être que c’est ce qui me manque pour bien comprendre cette partie-là. »
Puis, évidemment, son maître lui confirma qu’ils allaient pratiquer un peu plus et cette idée suffit à apaiser la jeune femme qui sentait la tension s’installer. Après tout, elle n’était pas vraiment bonne aux : « on le fait une fois et maintenant je m’attends à ce que tu puisses le refaire tout le temps et à volonté. »
« Je ne suis … je ne suis pas certaine de comprendre ce que vous voulez dire sensei … Comment est-ce que je fais ça ? S’il sort de l’espace auquel je réagis, je n’ai aucune façon de réussir à le retrouver n’est-ce pas ? »
La demande de son maître la laissait sans voix, sans piste, sans idée. C’était plus compliquée pour elle. Se concentrer, amis comment ? Chiyo n’était pas une idiote, mais les arts shinobis, ce n’étaient pas ce qu’elle faisait de mieux. Si on lui avait demandé de danser … aucun problème … mais là … c’était autre chose. C’était exactement ça, sa falaise dans le noir, de laquelle on la jetait.
« Est-ce que c’est comme une technique, avec des mudra et tout, ou est-ce que c’est un truc que je devrais réussir passivement – dans ce cas-là, il doit me manquer quelque chose parce je n’ai pas l’impression de réussir à sentir quoi que ce soit. »
Faire de son mieux ne garantissait pas toujours la réussite, l'aveugle ne connaissait ce constat que trop bien et tâchait de le combattre, chaque jour, car il était la preuve vivante qu'avec un peu d'huile de coude n'importe qui pouvait devenir n'importe quoi. Pourquoi y repensait-il maintenant ? Ce n'était pas une fierté mal placée mais plutôt la prise en compte de l'épée de Damoclès au-dessus de sa tête car, pour aujourd'hui, il était face à un challenge qui était une première pour lui. Expliquer le ninjutsu n'avait rien de compliqué, il n'avait qu'à reprendre les mêmes concepts qu'il avait reçus quelques années plus tôt, puis les adapter à sa sauce, mais que faire pour cette sensitivité pour laquelle il n'avait eu aucune formation ? Son précédent mentor n'était pas un senseur comme lui et, de mémoire, Kyoshiro n'en connaissait pas d'autres à part sa jeune élève, face à lui, alors il allait devoir créer et développer un cours au fur et à mesure.
Facile ? Cela pouvait paraître l'être, du fait de l'apparente confiance en lui du senseur, mais cela demandait plus de réactivité et d'adaptation qu'il n'y paraissait. Mais avant de donner des leçons il fallait écouter les questionnements de la demoiselle, pour la guider dans la bonne direction et, pour commencer, elle s'interrogea sur la possibilité pour un senseur de différencier copie et original. Kyoshiro ne connaissait pas lui-même la technique qui lui permettait de le faire, mais il savait que cela était réalisable mais, puisque la demoiselle commençait à peine sur cette nouvelle voie, il tint à la recadrer gentiment.
« Il y a des moyens de différencier l'original de la copie, mais c'est encore trop tôt pour toi. Chaque chose en son temps. »
Était-ce une excuse, afin de gagner du temps pour lui permettre d'apprendre ladite technique ? En partie seulement, il était aussi conscient qu'un apprentissage commençait par les bases avant de prendre de la hauteur, si les bases étaient branlantes alors toute la construction finirait par s'écrouler. Il fallait donc que la demoiselle s'habitue à cette nouvelle capacité, que cela devienne instinctif pour elle et, lorsqu'elle aurait appris à gagner en distance et en précision de détection, là elle pourrait envisager de diversifier son jeu. Pas avant.
Lorsque la demoiselle admit la difficulté de la tâche qui l'attendait, avouant que cela devait être au-dessus de son nouveau, Kyoshiro répondit sobrement par :
« Juste un peu, mais rien dont tu ne sois pas capable. Et puis, c'est en repoussant nos limites que nous continuons d'avancer. »
Au-dessus de son niveau ne voulait pas dire hors de sa portée, il ne s'agissait que d'une affaire de travail et de patience, rien de plus. Le tout était de ne pas se laisser écraser ou démoraliser par l'ampleur de la tâche visée. Mais la demoiselle ne se laissait pas démonter et, juste après, fit une proposition sensée afin de l'aider à faire la différence entre deux chakras. Voir et ressentir d'autres personnes ? L'aveugle sourit, tout en répondant :
« Nous y viendrons, dans un second temps. En vérité, contrairement au ninjutsu par exemple, tu n'as pas besoin d'être dans un endroit isolé pour entraîner ce sens. Je comptais t'emmener manger quelque chose, une fois que tu aurais compris les bases de la technique. »
Il ne savait pas encore très bien quelle méthode fonctionnait ou ne fonctionnait pas avec la jeune Hyuga, mais il connaissait l'importance de désacraliser un peu l'enseignement, afin de faire disparaître les éventuelles tensions. Mais avant que Chiyo n'accepte la propose qui lui fut faite, elle fit comprendre à son senseï qu'elle avait des difficultés à envisager le principe de la technique qu'il devait lui enseigner, ce qui força le Tadake à se murer dans une posture de réflexion profonde, pendant quelques secondes. Hum...comment expliquer ? Tâchant de rester dans des concepts simples, il expliqua donc :
« Avec ton Byakugan tu peux voir bien plus loin qu'un humain normal, non ? Eh bien le principe reste le même. Il s'agit d'utiliser ton chakra pour étendre ta zone de perception, en prenant comme point de repère le chakra que tu connais et souhaites retrouver. »
Un long silence s'installa suite à cette explication, Kyoshiro se pinça l'arrête du nez en se rendant compte à quel point ses explications pouvaient sonner...floues. Il avait espéré pouvoir improviser une explication qui pourrait aider sa jeune élève, une explication dont il n'avait jamais eu besoin lui-même mais, à présent qu'il s'écoutait, il doutait d'être d'une quelconque utilité. Enfin bon, cela n'était pas à lui dire le dire et, se redressant, attendant un écho chez son élève, il lui tendit la main avant de conclure :
« Hum, j'ai toujours été nul pour les explications. Allez viens, on va manger un morceau. Nous réfléchirons mieux, le ventre plein. »
L'utilisateur concentre ses dons de Senseur dans un seul et unique but : trouver une signature de chakra particulière (qu'il doit déjà connaître) à grande distance (jusqu'à plusieurs kilomètres). Il connaît alors la position, à une dizaine de mètres près. Cette technique ne fait pas la différence entre une véritable personne et un clone ayant le même chakra (comme un Kage Bushin ou un clone élémentaire de l'affinité primaire de la cible). Cette technique nécessite une grande concentration : l'utilisateur doit être immobile et au calme. La technique peut être maintenue pour traquer la cible, mais elle consomme alors en permanence du chakra.
Chiyo avait réussi quelques minutes plus tôt à mémoriser le chakra de son maître évaluant sa quantité (difficile de ne pas le reconnaître, même sans se concentrer particulièrement dessus, la quantité qu’il possédait étant tout simplement monstrueuse …) Non seulement était-elle incroyable, mais en plus, Chiyo se sentait vraiment petite à côté de lui tout d’un coup. Il avait presque le même âge et pourtant c’est évident qu’il avait passé sa vie à cultiver ses talents de ninjas …
Ensemble, ils avaient travaillé sur ses talents de senseur, sur ses capacités à analyser, identifier et comparer, mais là, ce qui était attendu d’elle était bien plus gros que ce qu’elle avait imaginé. Il lui demandait de trouver, au loin un clone portant son dit chakra, celui qu’elle avait su observer et mémoriser quelque instant plus tôt …
Son enseignant semblait réfléchir, cherchant une façon de passer le blocage mental de la jeune femme qui bien sûr ne comprenait pas exactement ce qui était attendu d’elle en cet instant précis. Puis la comparaison qu’il fit fut exactement ce qu’elle cherchait et espérait. Évidemment. Si de voir était passif, mais que d’activer ses pupilles blanches ne l’était pas, il devait en venir de même pour ses sens mystiques. Il venait de comparer la passivité de l’exercice avec la passivité des yeux d’un Hyuga, c’était à dire, nulle. Le Byakugan demandait un effort constant, de l’énergie et une certaine concentration !
« Oh ! Je crois que je comprends ! En fait ce n’est que logique. C’est comme si je me servais de mon chakra pour balayer les alentours jusqu’à trouver quelque chose de familier, donc, dans ce cas-ci, votre chakra. Je ne dois pas mettre mon énergie sur moi, mais dans mon environnement, un peu comme lorsque j’essaie de me servir de l’humidité dans l’air pour faire une technique. Certes ce n’est pas la même chose, mais je peux me servir de ça comme point de repère ! »
Mais voilà que son maître l’invita à manger. Chiyo n’allait définitivement pas passer une si belle occasion de prendre un peu de temps hors de leurs responsabilités respectives en tant que shinobis pour passer à l’étape suivante. Un petit sourire timide pointa sur son visage avant d’hocher doucement la tête. Il avait raison après tout, manger les aiderait forcément à voir plus clair, mais elle ne voulait pas laisser de côté la révélation qu’elle venait tout juste d’avoir ! Fronçant les sourcils, elle ne pu que se permettre de soupirer.
« Avant que nous partions, j’aimerais essayer l’exercice. L’idée que vous m’avez expliquée, je ne veux pas l’oublier avant de l’avoir mis à l’épreuve. »
Elle s’appliqua donc à malaxer son chakra. Toute sa concentration se trouvait dans ses sens et son chakra, elle le propageait dans l’air, près d’elle. Elle n’osait pas trop en mettre, comme si elle avait peur de s’épuiser, mais elle ne sentait rien autour d’elle. Il lui manquait un élément clé, mais quel était-il ? Un petit soupir vient de nouveau briser le silence alors qu’elle tournait les yeux vers son maître laissant une phrase qui sonnait un peu plus amère qu’elle ne l’avait voulue.
« Je connais un endroit plutôt sympathique, vous me permettez de vous y conduire ? »
D'un point de vue extérieur on pourrait croire que tout était simple pour l'aveugle, car il avait réussi à maîtriser bon nombre de techniques sans jamais compter sur le sens le plus essentiel mais, de son point de vue à lui, l'enseignement était encore le domaine dans lequel il avait le plus de difficultés. Chaque jour il se faisait violence pour ne pas retourner voir son mentor et lui demander des conseils mais, chaque jour, c'était sa fierté mal placée qui l'empêchait de sauter le pas. Il savait très bien qu'il était doué pour les mots et pour charmer son monde, mais ici il s'agissait de quelque chose de bien plus important. Alors comment faire pour combler ses lacunes, sans demander d'aide extérieure ? En redoublant d'efforts, même si cela se faisait au détriment de sa santé et celle de ses élèves. Pourquoi ? Parce que la théorie ne suffisait pas toujours, parce qu'une seule seconde était la seule différence entre vie et mort lorsque les cloches du devoir venaient à sonner. C'était la raison pour laquelle il s'en voulait de ne pas trouver un moyen clair et simple d'expliquer la technique enseignée, ici, car il savait qu'il allait devoir insister davantage, jusqu'à ce que cela devienne instinctif et que son élève puisse éliminer cette seconde de trop. Tiendrait-elle le coup ? Elle n'avait pas vraiment le choix. Mais, à la grande surprise de l'aveugle, une partie de ses explications sembla faire mouche car, tout à coup, la jeune Hyuga vint à reformuler l'explication à sa propre manière, pour la plus grande surprise de l'aveugle. Elle avait compris qu'il fallait étendre son chakra tout autour d'elle pour agrandir son rayon de perception et non pas le concentrer sur elle-même et, si elle avait au moins compris cela, une partie de la difficulté de cet apprentissage venait de s'envoler.
« Effectivement, ton explication est sans doute meilleure que la mienne. Enfin voilà, tu as l'idée générale en tête. »
Une partie de lui était déçu d'avoir mis son élève sur la voie, sans que ce soit une réussite complète mais, pour l'heure, il préféré laisser ceci de côté tout en proposant à la jeune Hyuga d'aller manger un morceau. Lui, gourmand ? Si peu, voyons ! Enfin avant cela il fut forcé de s'immobiliser, alors que la jeune demoiselle tenta de s'exercer à cette nouvelle technique, pendant que c'était encore frais dans sa tête. Il resta donc en arrière, sentant le chakra fluctuer autour de son élève mais, lorsque celle-ci fit une pause et soupira, le Tadake sut qu'elle venait de rencontrer un échec. Le premier d'une longue liste, comme pour tout shinobi qui se respectait.
« C'est normal de ne pas y arriver du premier coup. Chaque chose en son temps. La patience fait aussi partie de l'apprentissage. »
Et il en connaissait un rayon sur la nécessité d'être patient, mais rares étaient les personnes à savoir à quel point. Laissant à la demoiselle le temps de retrouver ses esprits, ce fut lorsque le sujet du repas fut de nouveau posé sur la table qu'il lui fit un mouvement de main, pour l'inviter à prendre les devants, avant de conclure par :
L'utilisateur concentre ses dons de Senseur dans un seul et unique but : trouver une signature de chakra particulière (qu'il doit déjà connaître) à grande distance (jusqu'à plusieurs kilomètres). Il connaît alors la position, à une dizaine de mètres près. Cette technique ne fait pas la différence entre une véritable personne et un clone ayant le même chakra (comme un Kage Bushin ou un clone élémentaire de l'affinité primaire de la cible). Cette technique nécessite une grande concentration : l'utilisateur doit être immobile et au calme. La technique peut être maintenue pour traquer la cible, mais elle consomme alors en permanence du chakra.
Son enseignant confirma à Chiyo qu’elle se trouvait sur la bonne voie et qu’elle comprenait un peu mieux le but de l’exercice. Elle sentit la fierté la prendre, gonfler son égo. Avait-elle réussi à prouver à son enseignant qu’elle en valait le coup ? Prouver sa valeur à un shinobi tel que son maître, ce n’était pas facile, ni même instantané, mais à ce moment précis la délicate Hyuga espérait avoir commencer ce processus. Évidemment, depuis qu’elle était sous sa tutelle, elle avait grandi énormément en tant que kunoichi et probablement que s’il y avait quelque chose à prouver, elle l’avait déjà fait, mais la fierté qui naissait tel un geyser au fond de son être lui disait autrement. Cette journée-là, non seulement avait-elle commencer à marcher la voie même voie que son enseignant, mais en plus, elle le faisait sérieusement.
Enorgueillie face à sa compréhension de ce qui l’attendait, Chiyo se tenta à faire ce tour que son enseignant essayait de lui apprendre, mais le résultat … Il n’y eut aucun résultat, c’était bien ça le problème. La bulle sur laquelle elle s’était sentie flotter quelques secondes plus tôt éclata. Comment avait-elle osé penser qu’elle arriverait à prouver sa valeur si elle ne pouvait même pas le mettre en pratique.
Pourtant, Kyoshiro, toujours aussi diplomate et attentionné lui dit que c’était que normal de ne pas y arriver du premier coup. Un maigre sourire gracia les traits de la jeune femme qui du retenir un soupir de frustration. Pas question de laisser savoir son désarroi à son maître.
Plutôt que de s’acharner sur le manque de résultat, l’Hyuga accepta l’offre de son maître qui parla d’aller prendre un morceau pour mieux s’y remettre. Elle lui proposa même de le guider à un de ses restaurants favoris. Évidemment, Chiyo allait sauter sur l’occasion pour se rapprocher de lui.
Prenant les devants, la princesse au yeux perle mena donc son enseignant à l’extérieur des terrains d’entraînements, jusqu’aux rues achalandées du centre-ville. Vibrantes comme toujours pleine de voix, d’action et de mouvements … Même si Chiyo appréciait la quiétude rangée du domaine de son clan, elle devait avouée qu’elle aimait venir jusque-là. Elle se sentait toujours un peu plus vivante et ça donnait une touche de couleur et d’inattendue à sa journée. Après tout, on ne savait jamais sur qui et sur quoi n pouvait tomber au centre-ville.
« C’est ici. »
Prenant son courage à deux mains, la jeune femme attrapa doucement le biceps de son enseignant pour le guider. Elle était consciente de son indécence, mais il fallait qu’elle trouve une façon de lui faire voir qu’elle était une femme et pas simplement son élève. S’il ne pouvait voir les regards langoureux, elle devait prendre les devants … Mais pas trop non plus.
Ses doigts touchaient à peine le bras de l’homme, alors qu’elle gardait tout de même une distance respectueuse avec le reste de son corps. Après tout, elle n’était pas comme ses femmes de petites vertus qui allaient plaquer leur poitrine sur les hommes, comme si c’était leur seul atour.
« C’est un petit restaurant de dangos et de de thé, mais je dois avouer que c’est mon favori et ils servent aussi des choses plus consistants, si c’est ce que vous préférez. »
Aussitôt qu’ils furent dans l’enceinte du restaurant, la jeune femme laissa aller le contact avec l’aveugle. Elle ne voulait pas non plus avoir l’air délacé et sa réputation de dame était tout de même en jeu. Il ne fallait tout de même pas exagérer.
On leur attribua rapidement une table et la serveuse, qui semblait reconnaître Chiyo lui demanda si elle allait prendre l’habituel, ce à quoi la jeune femme répondit par l’affirmatif. Puis, elle laissa un silence s’installer.
Une horrible réalisation vint lui tomber dessus dans ce petit silence : elle n’avait aucune idée de quoi parler avec son enseignant. Elle ne connaissait de lui que … rien du tout en fait. À l’extérieur de leur rôle, ils n’avaient aucune connexion quelle qu’elle puisse être. Mais Chiyo, n’allait pas laisser cela l’arrêter. Si elle ne savait de quoi parler, elle parlerait de l’entraînement qu’ils venaient de mettre de côté.
« Pour la technique que vous me montriez tout à l’heure … lorsque vous vous la faîtes, comment la réalisez-vous ? Avez-vous un truc en particulier ? »
Kyoshiro avait foi en l'être humain, peut-être trop parfois, à tort ou à raison, mais il n'échangerait cette façon de voir ce monde et son irritant optimisme pour rien au monde. Il ne savait pas ce que valait vraiment la jeune demoiselle, car il ne l'avait jamais vu en action sur le terrain, mais il allait lui donner tous les outils nécessaires pour qu'elle le découvre par elle-même. Après tout, comme son maître le lui avait dit à son époque, ce qui importait le plus n'était pas la façon dont elle serait perçue des autres, mais la façon dont elle se verrait elle. Il était si facilement de se faire écraser par les attentes familiales, surtout quand on venait d'un clan aussi réputé que celui de son élève, au point de perdre de vue son individualité. L'aveugle avait observé un tel phénomène à de nombreuses reprises, surtout chez son premier élève, Akira, au point de ne plus jamais vouloir que ce procédé se répète. Il avait laissé tomber le jeune Uchiha, l'avait laissé gérer seul ses problèmes mais plus jamais le Tadake ne ferait la même erreur. Alors oui il n'était pas le plus pédagogue du monde, surtout en raison de son handicap, mais cela voulait juste dire qu'il devrait bosser deux fois plus dur pour aider son élève. Rien qui ne soit hors d'atteinte pour lui, en somme.
Il était encore trop tôt pour parler de talent mais elle avait de la volonté et c'était déjà au moins la moitié du chemin de fait, l'autre moitié consistait en des efforts constants et réguliers pour perfectionner son art et ses techniques. Fort heureusement Kyoshiro avait fini par apprendre la nécessité de lever le pied, de prendre du recul pour recommencer à nouveau, et c'était là la raison de sa proposition d'aller manger quelque chose. Il laissa donc son élève l'amener jusqu'au lieu qu'elle avait choisie et, lorsqu'elle dévoila la nature du lieu en question, l'aveugle ne put que répondre :
« Oh, des dangos ! Je n'en ai pas eu depuis une éternité. »
Fut un temps où il était un gros mangeur, ce qui était nécessaire car ses exercices faisaient fondre ses calories comme neige au soleil mais, récemment, il avait remarqué qu'il avait de moins en moins d'appétit. Le stress ? Sans nul doute, mais il finirait par s'en remettre, comme toujours. Peut-être que cette fois le fait de ne pas changer seul changerait la donne, peut-être que cette fois il parviendrait à se nourrir correctement. Il s'installa donc et laissa la serveuse lui préparer un thé vert pour commencer pendant que, confuse et gênée, la jeune Hyuga essayait de reprendre la conversation pour ne pas laisser un silence s'installer. Comment faisait-il pour réaliser cette technique ? Pouvait-il fournir à la demoiselle des aides précieuses ? Le Tadake resta silencieux un moment, se triturant les méninges, avant de poser la première question lui venant en tête.
« Peux-tu me décrire la couleur rouge ? »
Certains auraient pu croire qu'il essayait de changer de sujet, de dévier la conversation dans une autre direction mais, avec un peu de patience, son élève comprendrait que ce n'était nullement le cas.
« Difficile, n'est-ce pas ? C'est tout aussi difficile pour moi, de te faire comprendre comment je perçois ce monde, via cette capacité encore naissante chez toi. Difficile, mais pas impossible. »
Ce constat pouvait paraître sombre mais néanmoins nécessaire. Pourquoi ? Parce qu'il ne voulait pas être mis sur un piédestal pour avoir réussi à passer outre son handicap, car cette réussite n'avait pas réussi à effacer ses lacunes pour autant. Plus tôt la demoiselle aurait compris cela, plus vite elle serait en mesure de comprendre la situation et de chercher les réponses par elle-même, lorsque son maître ne pourrait les lui fournir. Laissant son visage se figer en une expression plus pensive et réfléchi, il tenta d'étayer son propos davantage.
« Je n'ai pas vraiment de truc ou d'astuce, à vrai dire. C'est...comme un réflexe naturel chez moi, comme si cette capacité était venue remplacer la vision que je n'ai pas. Je me focalise sur ce que je veux percevoir, vers où je veux aller et mon chakra m'aide à y accéder. Un peu comme avec ton Byakugan, je suppose. »
Il avait beau sourire et blaguer sur son absence de vision, ceci n'était qu'un acte et cela pouvait se voir à sa posture, à ses épaules légèrement tombant et sa mâchoire fermée, alors qu'il évoquait ce sens dont il avait été privé. Si son visage se crispa un instant, Kyoshiro se força à chasser ses sombres pensées, alors que la commande arrivait enfin. Refermant sa main autour de la tasse de thé afin d'en ressentir l'intense chaleur, il releva la tête vers son élève, avant de conclure par :
« Chaque shinobi à sa propre technique, ses propres outils, sa propre façon de travailler. Je suis là pour t'aider à trouver tes propres outils, à trouver ce qui marche ou non. Cela prendra peut-être du temps mais nous y arriverons, toi et moi. J'ai foi en toi. D'accord ? »
Bien que Chiyo était une adepte des endroits aux allures luxueux, ce petit restaurant de dangos avait un style plus rustique, plus chaleureux. Au fond de la pièce, un escalier menait à la demeure des propriétaires, un vieux couple bien tout aussi chaleureux que leur restaurant qui n’hésitait pas à sourire à tous et chacun qui entrait, les saluant d’une voix forte et amiable.
C’était un plaisir de savoir que son maître était ravi de l’idée. La perspective de manger des dangos semblait avoir égayer son visage. Alors qu’elle tenta de détourner la conversation vers l’entraînement plutôt que de rester dans un silence qu’elle trouvait malaisant, Chiyo fut prise de court par la question de son maître. Il lui demandait de décrire le rouge. Immédiatement, la jeune femme se mit à réfléchir, la recherche de comment décrire à un aveugle le rouge.
Mais rouge était un terme vague. Voulait-il dire carmin ou bien bordeaux ? Parlait-il d’un rouge vif, d’un rouge-rosé ou même orangé ? La belle Hyuga n’avait pas encore finit de formuler dans sa tête l’image d’un rouge qui conviendrait à son maître lorsque celui-ci reprit.
« oh je vois … et comme la signature du chakra a été étudié, on sait ce que l’on cherche avec précision … »
Finalement, ça faisait un sens fou ce qu’il venait de dire. La compréhension commençait à se peindre sur les traits de Chiyo, mais elle avait besoin d’un comparatif. Avec son Byakugan, la demoiselle inspecta l’endroit. Elle pouvait voir la salle de bain et même la petite savonnette. Rien d’extraordinaire. Elle voyait les cuisines et les chefs s’attelant au travail, les différents ingrédients dispersés çà et là, même de vieilles bananes abandonnées entre deux recettes. Elle voyait l’homme derrière au langage peu élégant qui ne cessait d’appeler sa compagne ‘’poulette’’ … Alors qu’elle faisait un visuel, elle voyait tout, absolument tout et rien. Il y avait trop de chose à voir, trop de détail, trop de … trop de tout au final. Il lui fallait un point d’encrage, il lui fallait chercher quelque chose en particulier.
La réalisation lui vint alors. Lorsqu’elle avait analysé le chakra de son sensei, elle n’avait pu s’empêcher de mémoriser sa signature, ce qui le rendait particulier et la technique qu’il tentait de lui enseigner c’était justement ça, retrouver la sensation particulière du chakra maintenant connu d’un être autre que soi-même.
Il fallait relâcher le chakra dans l’air, le laisser se diffuser, mais il fallait qu’il cherche celui de la personne qu’elle avait analysée. Il devait agir comme une flèche à tête chercheuse, se laisser attirer par la sensation maintenant familière du chakra d’autrui.
Même si Chiyo savait pertinemment que son maître était là devant elle, elle ne pu s’empêcher de tenter le coup. Elle relâche une bonne quantité d’énergie dans l’air avoisinant, l’imaginant s’accrocher au chakra de son maître et se fut à ce moment qu’elle réalisait que, non seulement elle le voyait, mais elle le sentait également. Malheureusement, le moment fut coupé par la serveuse qui passa un chiffon sur la table avant de poser la commande des deux shinobis.
« Je crois que je comprends ce que vous voulez dire. Dites, lorsque nous aurons mangé, pouvons nous tenter quelque chose ? Enfin, ça ne presse pas du tout ! concentrons-nous d’abord sur la nourriture. »
Elle lança alors un regard à la dérobée à son enseignant. Il était presque difficile de croire qu’elle était seule avec lui et qu’ils prenaient un repas ensemble.
« Sensei, quelle est votre saveur de dangos favoris ? »
La question était spontanée et aussitôt sortie de ses lèvres, la belle Hyuga rougit jusqu’aux oreilles. Elle n’avait pas prévu lui demander quelque chose d'aussi direct et surtout d’ordre non professionnel.
« Haaa … hum … Vous n’êtes pas obligés de répondre ! c’était que de la curiosité ! » s’empressa-t-elle d’ajouter, tentant de cacher son embarras.
Depuis combien de temps le jeune aveugle n'avait-il pas eu de vie sociale, à proprement parler ? Cela faisait au moins un an, en fait depuis que sa fiancée était rentrée dans sa vie avant de repartir vers les siens qu'il s'était plongé dans le travail, dans son rôle de guerrier de l'ombre, d'enseignant, de protecteur et avait fini par organiser toutes ces journées autour de ce rôle, sans s'accorder aucun moment personnel. C'était sans doute pour cela qu'il se sentait de plus en plus fatigué ces derniers temps, car il sentait ses ressources s'amenuiser petit à petit, journée après journée et ne savait pas combien de temps il pourrait encore fonctionner ainsi. Aussi il voyait en cette pause un moyen de recharger ses batteries et de continuer à exercer son rôle d'enseignant dans un cadre un peu plus informel, plus propice à la détente et à l'échange : tout ce dont il avait besoin, en somme. Il laissa donc son élève choisir le lieu de leur échange, car il avait écumé toutes les tavernes et bar de ce village mais certains restaurants restaient encore inconnus à ses yeux. La discussion commença donc par la question assez floue du jeune aveugle, amenant une explication quant à sa manière de percevoir son environnement et, à sa grande surprise, son élève sembla assez réceptive à son explication. Était-elle plus intelligente qu'il ne l'avait cru de prime abord, ou le Tadake était-il parti du postulat que seul un aveugle pourrait comprendre les explications d'un autre aveugle ? Son avis tendait vers la seconde réponse, à n'en pas douter.
Oh non il ne cherchait pas à décortiquer la psyché de la jeune Hyuga car, comme il l'avait dit, chaque shinobi devait trouver les mécaniques qui fonctionnaient pour lui et lui seul, mais il devait bien avouer être curieux de connaître le raisonnement de Chiyo. Celle-ci demanda ensuite à son senseï s'il était possible de tester quelque chose, un peu plus tard, ce à quoi il répondit :
« Aucun problème. Que veux-tu tester, au juste ? »
Bien entendu il gardait l'idée en tête de lui laisser le temps de traîner dans les rues de Konoha, afin de mémoriser différentes signatures de chakra pour s'habituer à ce nouveau procédé mais, si elle avait une autre idée en tête, il était là aussi pour l'écouter. Bien vite son esprit fut détourné par une autre question reliée à la nourriture, ce qui le força à plonger dans ses souvenirs en laissant une moue pensive figer son visage. À quand remontait la dernière fois où il avait mangé des dangos ? Beaucoup trop longtemps, en réalité.
« Hum, voilà une bonne question. De ce que je m'en rappelle, je dirai que mon cœur va vers les Anka dangos et Niku dangos. Viande et haricot rouge, je sais, je suis très classique comme garçon. Et toi ? »
La question était plutôt de savoir à quand remontait la dernière fois où il s'était fait plaisir, sans penser à sa forme physique ? Trop longtemps, il s'était régulé et retenu pendant trop longtemps, alors quelques petites sucreries n'allaient pas le tuer, non ? Il rebondit donc sur la dernière de son élève, sans doute trop prudente pour son propre bien, afin de soulever l'intérêt de telles questions personnelles.
« Si on veut bien travailler en équipe, il faut aussi apprendre à se connaître en dehors du cadre du travail. Tout du moins c'est ma façon de voir les choses, c'est comme cela que je procède. La synchronisation ne vient pas uniquement d'entraînements répétés, mais aussi de la compréhension mutuelle. »
En s'entendant parler il ne put s'empêcher de sourire. Depuis quand était-il devenu aussi sérieux ? Depuis quand n'avait-il pas lâché prise et laissé ses responsabilités de côté, pour une journée au moins ? Le fait qu'il ne s'en rappelle même plus était des plus inquiétants. Redressant son visage vers son élève, il la gratifia d'un doux sourire, tout en concluant :
« C'est pourquoi j'aimerai en apprendre plus sur toi. Afin de savoir qui tu es, réellement, en dehors de ton rôle de shinobi. Tu comprends ? »
Sa demande avait piqué l’intérêt du maître et il était désormais curieux de ce qu’elle voulait faire. Non sans une nouvelle pointe de fierté, Chiyo sourit doucement. Apprendre avec Kyoshiro était quelque chose qu’elle affectionnait particulièrement et plus que par sa simple présence. Bien qu’on aurait pu croire que c’était les sentiments encore naissants à son égard qui avait fait naître ce plaisir de s’entraîner avec lui, il en était en fait bien loin de la vérité. Il avait une façon de transmettre son savoir sans forcer son élève. Il s’intéressait réellement à ses limites et à sa façon de voir les choses. Il restait suffisamment vague pour que le savoir qu’impartissait à ses pupilles soit né d’une réflexion provoquée par sa guidance. Bref, c’était justement le genre de façon dont elle aimait apprendre. Mais peut-être était-ce le sujet à l’étude qui rendait cette façon d’apprendre possible … ? la jeune femme ne le saurait jamais réellement, mais jamais n’avait-elle apprécier un entraînement comme celui-ci.
Encore heureuse d’avoir piquer la curiosité de son maître, Chiyo lui répondit donc :
« J’aimerais tenter de vous retrouver dans la foule, sans l’aide de mon Byakugan. J’aimerais essayer ce dont nous avons parlé. Je crois que je peux y arriver avec un peu de concentration. »
Elle ne voulait certes pas être présomptueuse, mais ses derniers essais lui avaient prouver qu’elle pouvait bien s’y risquer. De plus, elle ne voulait pas que son enseignant ait perdu son temps à tenter de lui apprendre comme traquer un chakra qu’elle avait déjà assimilé. Non, elle ne voulait pas le laisser tomber comme ça.
Puis la conversation dévia, grâce à une question peu professionnelle de la part de Chiyo, une question qui avait fait naître une rougeur visible sur son visage pâle. Pourtant, loin de s’en offusquer, Kyoshiro répondit à la question et la lui relança même. Chose qui créa de nombreuse réaction à même la jeune femme. D’abord, elle se sentit un peu plus calme et, évidemment, moins inquiète de son ‘’écart’’ à l’étiquette. Ensuite, Le simple fait qu’il soit intéressé par sa réponse fit sauter un battement à son cœur alors qu’elle tentait de réprimer un sourire timide. Puis, ce qu’il avait répondu lui-même, était plutôt intéressant et logique, il fallait bien l’avouer. Un homme qui s’entraînait come lui avait besoin de manger une bonne quantité de viande pour garder son corps en grande forme.
La voix emmitouflée de timidité, elle lui répondit donc :
« Disons que j’ai un faible pour les Hanami dangos et les botchan dangos … je ne m’éloigne pas vraiment des classiques, non plus. »
Mais il semblerait que le jonin n’en avait pas finit avec elle. Loin de là. Il expliqua d’abord que le travail d’équipe naissait d’une collaboration et d’une entente mutuelle entre les deux parties. La belle hyuga hocha doucement de la tête, comme pour approuver ses propos, même si en réalité elle n’en avait aucune idée, mais ce qu’il disait avait un certain sens qu’elle ne pouvait nier. Le clou final fut probablement lorsqu’il l’invita à parler d’elle-même, de la personne qu’elle était en dehors de son rôle de kunoichi. Prise au dépourvue et le le visage de plus en plus rougissant, elle ne parvint d’abord qu’a balbutier quelques sons.
« Je … hum … »
Puis, elle prit une immense inspiration, posant une main sur sa poitrine pour se reprendre. Elle chercha la réponse la plus acceptable à offrir à son mentor. Shinobi chevronné, il en avait vu de toutes les couleurs et il trouverait fort ennuyant d’entendre parler de politique interne au clan ou même de commérage entre demoiselle qui n’avait guère plus à faire que de vanter leur futur époux ou rabaisser un étranger. Si normalement Chiyo y prenait part avec plus d’entrain que de réserve, il n’en restait pas moins que ce ne devait pas être le genre de chose qui allait impressionner ou même intéresser un vétéran comme lui. Elle choisit de répondre :
« Je ne sais pas s’il y a vraiment des choses intéressantes à savoir sur moi. Je n’ai pas de passé dramatique, héroïque ou quoi que se soit. J’ai grandi avec mon père et mes cousines et je suis Hyuga … Ce simple fait en dit déjà beaucoup. Ce n’est pas comme si j’avais des choses à cacher, mais … je vais vous ennuyer si je vous parle de moi. »
Il était si facile pour n'importe quel jeune guerrier de l'ombre de se sentir grisé et puissant après l'apprentissage d'une technique, ou la réussite d'une mission particulière, mais c'était également important de remettre les choses en perspectives. En effet, si certains shinobis gravissaient les échelons plus vites que les autres, la carrière d'un guerrier était en constante évolution et, justement, il ne fallait jamais se reposer sur ses acquis au risque de voir ses sens rouiller et ses capacités diminuer. Le jeune aveugle savait très bien, d'expérience personnelle, les effets dévastateurs que pouvaient avoir l'arrogance et la fierté mal placée sur la réussite d'une mission, il n'en avait que trop fait les frais par le passé et ne souhaitait pas que cela se répète. C'était sans doute pour cela qu'il appréciait de pouvoir travailler avec des jeunes éléments ayant des problèmes de confiance en eux car, à l'image de l'argile, il pouvait les modeler pour qu'ils soient conscients de leur potentiel mais aussi de leur limite, pour que leur ego ne puisse par s'insérer dans l'équation. Cela semblait ne pas avoir trop mal fonctionné avec Akira et, à présent, c'était au tour de la jeune Hyuga de s'en remettre à l'enseignement du jeune Tadake. Ce dernier écouta donc la proposition de la demoiselle avec une certaine réserve, car elle venait à peine de plonger dans les eaux de la sensorialité, mais l'idée qu'elle proposa vint rejoindre celle que l'aveugle avait déjà en tête. Alors elle voulait donc essayer de repérer Kyoshiro au milieu d'une foule ? Il hocha la tête de bas en haut, en guise de répondre, avant de préciser :
« C'est ce que j'avais en tête, également. Pas de problème. »
En vérité il avait déjà quelques lieux en tête, mais il en écarta deux ou trois car trop bondés, trop difficiles pour un premier exercice de ce genre. Il commença donc à faire le tri dans sa tête, jusqu'à ce que la conversation le pousse à en apprendre un peu plus sur cette personne devant lui. Qui était-elle, en dehors du bandeau frontal frappé du symbole de Konoha ? Sans surprise, comme beaucoup d'autres avaient elle, la jeune Hyuga se définissait par son nom de famille, par les personnes avec qui elle avait grandi, mais ne répondant pas à la question de la façon désirée. Quelles étaient ses aspirations ? Ses craintes ? Ses doutes ? Ses démons ? Ses moments de fierté ? Comment percevait-elle ses amis et inversement ? Tous ces éléments étaient à prendre en compte mais, au lieu de cela, la jeune Hyuga avança l'hypothèse que ce qu'elle avait à dire n'était pas intéressant. Penchant la tête sur le côté en signe d'incompréhension, argumentant que chaque vie était unique et donc intéressante, Kyoshiro répondit donc :
« Parce que tu n'as pas encore vécu de grande épreuve, tu penses que ta vie ne mérite pas d'être racontée ? Permets moi de te dire le contraire. Mais je ne suis pas le genre de senseï à insister à outrance. Ma main restera tendue, mais ce sera ta décision de choisir à quel moment tu vas la prendre. Sache juste que nous sommes bien plus que notre rôle ou notre entourage familial, ce n'est qu'une petite partie de l'équation. »
Il avait réussi à faire changer la vision des choses de Akira à force de patience avant tout, il allait donc répéter le même procédé ici. Il savait mieux que personne que c'était difficile de percevoir sa vraie valeur, ou l'intérêt de sa propre vie, mais s'il y était arrivé alors pourquoi pas son élève ? Prenant donc une énième gorgée de thé, pour lui réchauffer les entrailles, il conclut son intervention d'un :
« Veux-tu que nous allions mettre ton idée en pratique, à présent ? »
« Ce n’est pas que je ne considère pas que ma vie ne vaut pas la peine d’être racontée. Je serais simplement surprise qu’elle vous intéresse. Nous n’allons pas le cacher, vous et moi … n’avons pas réellement les mêmes champs d’intérêts. »
Si telle avait été la réaction de son maître, Chiyo opta pour jouer franc jeu et révéler la raison du pourquoi elle n’avait pas parler de son passé avec détails. Dans le passé, elle l’aurait fait, sans se soucier d’ennuyer son interlocuteur qui, après tout, l’aurait demandé. À présent, la jeune femme faisait preuve de retenue. D’abord pour se montrer sous son meilleur jour à son enseignant, mais également, car depuis qu’elle était kunoichi, elle avait commencé à comprendre et voir certaines choses sous un nouvel angle. Angle qui favorisait la patience et la retenue. De plus, il fallait avouer que le manque de réel rebondissement dans sa vie lui était désormais de plus en plus apparent et elle ne voyait plus tant l’intérêt à raconter comment sa troisième cousine du côté de sa mère s’était faite honte en rencontrant son prétendant …
« Je n’envisageais même pas la carrière de shinobi avant que cela ne me soit imposé, l’an dernier. Je préférais boire le thé avec mes cousines et discuter de nos futurs maris, alors que, vous, vous aviez déjà une belle liste de succès militaires. Mon histoire … disons qu’elle vous semblerait bien … vide s’il fallait que je vous la raconte. Après tout, maintenant que je suis kunoichi moi aussi, j’ai l’impression que ma vie d’avant manquait de … un peu de tout. »
La douce Hyuga désirait donc faire valoir son choix, montrer qu’elle avait choisi le silence par considération pour lui et non parce qu’elle n’avait pas envie d’en parler. Après tout, elle avait eu une enfance heureuse, une adolescence où elle avait été choyée et même ses premières années dans l’âge adulte avait été sans encombre ou sans excitation – du moins, si l’on comparait à maintenant.
« Et, même si vous me dites le contraire, sensei … Chez moi, dans mon clan, notre rôle et notre famille dicte tout ce que nous sommes, de ce qui est attendu de nous à ce que nous devons penser jusqu’à comment nous devons nous présenter. Notre clan reste et restera toujours notre devoir le plus important. Sans cela, il n’y a même pas d’équation, pas chez les Hyuga en tout cas. »
Chiyo était consciente de l’emprise de son clan sur sa personne. Elle l’avait toujours été. Jamais cela ne l’avait dérangée et toujours elle avait voulu s’y conformer. Pour elle, être une Hyuga et agir comme tel faisait partie intégralement de sa personnalité, de ce qu’elle était au plus profond d’elle. Conformiste et traditionaliste de son plein gré. Évidemment, elle savait que certains autres membres de son clan, en beaucoup plus petite quantité par contre, ne partageait pas ses idéaux, mais ce n’était que la minorité du clan, au final. La plupart d’entre eux étaient, comme elles, bien prêts à suivre les idéaux du clan en général.
« J’aurais sincèrement aimé pouvoir être d’accord avec vous sur ce point, mais je ne le puis. Je suis Hyuga et si mon clan est si grand, c’est en parti dû à cette façon de penser. Et même si cela doit me mettre dans un désaccord constant avec vous, je ne compte pas changer ma vision des choses. »
De la branche principale, ou de la branche secondaire, un Hyuga vivait pour servir son clan, pour remplir son devoir envers son sang et ses yeux. Si son maître avait la chance d’être plus que son nom, c’était qu’il n’était pas né dans son clan, dans le clan le plus noble de Konoha, dans le clan qui chérissait avant tout sa gloire, son nom, sa puissance et sa position. Pour Chiyo, il y avait, avant tout, son devoir envers les siens, puis celui envers son village. Elle n’était pas un individu, mais une partie d’un tout bien plus grand, bien plus important qu’elle. Elle était Hyuga. La simple allusion à l’appartenance aux siens devait suffire à faire comprendre quel genre de personne elle était, que genre de vie elle avait vécu, ce qu’elle aspirait à être et ce qu’elle était présentement.
« Je sais que pour certains, la façon dont je vois le monde semble erronée, vieux jeu, traditionaliste ou je ne sais trop quoi, mais c’est ce que je suis et c’est ce que je veux être. »
Quelque part dans son train de penser, la jeune femme avait oublié qu’elle tentait de répondre à son maître sur le sujet de sa vie. La fierté de son appartance aux siens avaient pris le dessus et elle tenait à faire un point d’honneur de présenter son point vu à son maître, même s’il était l’homme dont elle était amoureuse, elle se devait de lui faire comprendre son attachement à son nom, malgré ce qu’il en pensait. Surtout considérant ce qu’il venait de dire. S’il devait bien y avoir une personne au monde qui sache cela, c’était lui.
« Ne devrions-nous pas terminer les dangos avant de partir ? »
Effectivement, ni l’un ni l’autre n’avait encore toucher à son plat, étant trop pris dans leur conversation. Ce fut donc avec un entrain certain qu’elle commença à savourer ses dangos et le thé les accompagnant.
Le jeune homme avait toujours eu une réputation de bout en train adepte d’un très dur labeur, car rares étaient ceux capables de s’entraîner une fois la nuit tombée mais, en vérité, mis à part sa sœur et le jeune Uchiha répondant au nom de Nikkou, rares étaient les personnes à le connaître au-delà de sa casquette de shinobi. C’était un choix délibéré de sa part d’en dire le moins possible sur lui, car il n’y avait finalement pas grand-chose d’intéressant à dire, mais aussi parce qu’il préférait garder ses faiblesses bien cachées, à l’abri. Sa sœur, Nikkou et Akira, voilà les seules personnes à être au courant d’une partie de son passé, de ses faiblesses, de ses démons et de sa famille naissante dont il portait la responsabilité sur ses épaules. Pour la demoiselle en face de lui il n’était qu’un shinobi de plus perdu dans la foule, qu’un mentor, d’un des nombres référents qu’elle aurait tout au long de sa vie et, à dire vrai, cela convenait parfaitement à l’aveugle. Oh il n’était pas assez stupide pour penser que la jeune Hyuga lui ferait assez confiance s’il ne montrait rien de lui mais, à dire vrai, il préférait donner ces informations au compte goutte. Oh bien sûr il se sentit soudain las d’entendre quelqu’un supposer qu’une vie sans épreuve ne serait pas intéressante, car au final le senseur se battait justement pour que tous les citoyens de Konoha puissent avoir ce genre de vie sans grande épreuve, ou sans grand drame, mais il fit le choix de ne pas rebondir dessus pour le moment. La jeune Hyuga avait une vie bien différente de la sienne, mais cela voulait-il dire qu’il ne pouvait pas trouver d’intérêt à l’écouter ? Pas le moins du monde. Il resta donc silencieux et ne fit aucun commentaire, car l’heure n’était pas venue de critiquer les croyances d’autrui, mais déjà son élève partit dans une explication détaillée sur ce qu’elle était et ce qu’elle voulait.
La première fois qu’il avait abordé le sujet, c’était en la présence du jeune Akira, un Uchiha prometteur mais écrasé et noyé par la pression familiale, si bien qu’il n’osait pas se demander ce qu’il voulait. Le chemin avait été long et tortueux mais, au final, le Uchiha avait réussi à trouver sa propre voie et c’était là tout ce que son ancien mentor avait voulu pour lui. Sa nouvelle élève aurait-elle à traverser les même épreuves ? Dés les premiers instants, dés les premières paroles le Tadake sut qu’il était dans l’erreur de juste envisager cette possibilité. Elle était le symbole de l’absence d’individualité que l’aveugle détestait tellement dans tous ces clans, des clans où les jeunes n’avaient pas voix au chapitre et où ils menaient une vie décidée par d’autres mais, si Akira n’y avait trouvé aucun bonheur, la jeune Hyuga semblait voir une force dans ce mode de fonctionnement. Elle acceptait que d’autres puissent voir plus loin qu’elle, elle acceptait de servir une cause bien plus grande qu’elle et, de toute évidence, elle n’était pas prêt à voir les choses autrement. Ainsi, alors que son explication toucha à sa fin, conscient que son élève était très fière de ses origines et de cette absence de liberté, Kyoshiro conclut sobrement :
« Si tu sais ce que tu veux et que ce mode de fonctionnement te convient, alors la discussion est close. Ce n’est pas ma place de porter un jugement sur tes valeurs ou celles de ton clan. »
Ils venaient tous deux de mondes très différents, diamétralement opposés même, alors il était illusoire de penser qu’une telle compréhension mutuelle naitrait d’un claquement de doigts. Cela demanderait du temps en tout cas mais, pour l’heure, il était venu le temps de retourner à la pratique. La demoiselle proposa de rester un moment encore pour profiter de leur commande, ce que son mentor accepta silencieusement, ne touchant finalement qu’à son thé jusqu’à ce que les assiettes et tasses finissent par être vide. Enfin, il paya l’addition et, d’un mouvement de tête, invita la demoiselle à le suivre. Ils passèrent à côté de plusieurs rues noires de monde jusqu’à ce que, après quelques instants de marche, l’aveugle s’arrête à l’entrée d’une rue commerçante. Elle n’était pas la plus fréquentée de tout Konoha, mais il y avait tout de même assez de personnes pour qu’il se dissimule aisément dans la masse, malgré sa grande taille.
« Le principe est simple. Je vais me mêler à la foule et faire un aller-retour. Si tu me repères avant que je n’arrive au bout de la rue, on pourra monter au cran supérieur. Si tu me repères une fois que je suis sur le chemin du retour, par contre, nous continuerons à travailler cet exercice. »
C’était une méthode assez simple qui, en théorie, devrait faire ses preuves. Laissant à son élève le temps d’enregistrer les règles de cet exercice, Kyoshiro commença donc à marcher en direction de la foule, tout en concluant d’un :
« Allez, c’est l’heure de fermer les yeux. Attends dix secondes avant de les ouvrir. »
La réponse que Kyoshiro offrit à la suite de son monologue pinça. Elle pinça plus que ce que Chiyo n’aurait aimé s’avouer. Ses mots, bien que qu’ils ne détinssent rien allant à son encontre ou aucun rejet direct envers sa personne étaient marqués par le rejet de ses croyances et sa façon d’être.
Ce qu’elle était au plus profond d’elle, ce qu’elle aspirait de tout son cœur devenir … ça n’allait pas dans le sens de ce que le jeune aveugle était et croyait. Ravalant la boule qui se formait dans sa gorge, Chiyo répondit un peu plus froidement, sans pour autant se montrer sèche ou agressive :
« Réponse qui me laisse croire que vous n’êtes pas d’accord. Ça me va, je ne m’attends pas à ce que les gens qui ne vivent pas dans cette situation comprennent. J’apprécie que vous décidiez cependant de ne pas porter de jugement. »
Ce qui était bête avec les coups de foudre de ce genre, c’était bien cela : l’amour se fichait bien de ce qu’était et qui était le récipient de cette affection. Même s’il vivait dans un monde qui ne pouvait s’harmoniser avec son propre monde. Il se fichait que les valeurs s’entrechoquaient et que les idéaux ne soient pas les mêmes.
Chiyo n’était cependant pas stupide. Elle comprenait qu’elle n’était et qu’elle ne serait pas le genre de femme à voir le monde (ironie) de la même façon que son enseignant. Si elle n’était qu’une naïve genin qui ne connaissait pas grand-chose du monde, cela ne changeait pas que la demoiselle n’était pas une idiote. Si elle s’était bercée d’espoir jusqu’à cette conversation, elle ne pouvait plus le faire dorénavant. Car s’il devenait le genre de personne à l’aimer, il n’y avait que deux solutions soit il devenait quelqu’un d’autre, soit peu importe ce qui se dessinerait devant eux serait chaotique et finirait par imploser. La délicate demoiselle ne souhaitait voir aucun de ses deux cas devenir réalité.
Alors, elle se mordit l’intérieur des joues pour retenir les larmes qui s’accumulait dans ses yeux ivoires. S’il ne pouvait la voir, les autres oui et elle était une fière Hyuga. Pas question de laisser paraître un instant de faiblesse dans un lieu si bondé.
Son maître paya la facture expliquant ensuite le procédé pour la fin de cet entraînement. C’était drôle, comme elle n’avait plus vraiment le cœur à se pencher sur cet entraînement, mais il fallait le finir. Elle avait travaillé si fort pour en arriver là.
« Je vois. Alors, allons-y. »
Malaxant son chakra, la jeune femme analysa le chakra de son enseignant, encore une fois, elle fut déstabilisée par la quantité qui la laissait frissonnante. Cette quantité, ça n’avait rien d’humain. Bien que la belle Hyuga savait que son maître était comme un phare pour les senseurs, jamais elle n’avait imaginé qu’un être humain pouvait posséder tant d’énergie. Une fois cela fait et l’idée du chakra de Kyoshiro bien en tête, elle ferma les yeux comme lui avait demandé son enseignant.
Décortiquant la technique pour le sentir dans son esprit comme elle l’avait fait lors de la collation, Chiyo s’exécuta petit à petit. La première fois, elle ne sentit la présence du Tadake que lorsqu’il entama son retour par faute de vitesse d’exécution. Soucieuse de réussir, elle avait pris bien trop de temps lorsqu’elle avait balayé les alentours avec son chakra. La seconde fois, la jeune femme avait réussit à repérer son maître lorsqu’il était à la moitié de son avancement, ayant été plus rapide puisqu’engaillardie de sa précédente réussite.
« Je … Crois que c’est bon. Au moins pour cette étape. »
L'utilisateur se concentre sur une cible donnée et enregistre mentalement son chakra. Il pourra ainsi plus aisément le reconnaître. Cette technique donne aussi une idée approximative du chakra de la cible comparé à celui de l'utilisateur (très inférieur/inférieur/vaguement identique/supérieur/très supérieur).
CONSOMMATION DE CHAKRA :
Très Faible
Technique inventée
SHINREI TORAKKÂ 【DÉTECTEUR DE CHAKRA】
DOMAINE :
Sensoriel
RANG :
D
PORTÉE :
Personnelle
CHAMP D'ACTION :
Énorme
DESCRIPTION :
L'utilisateur concentre ses dons de Senseur dans un seul et unique but : trouver une signature de chakra particulière (qu'il doit déjà connaître) à grande distance (jusqu'à plusieurs kilomètres). Il connaît alors la position, à une dizaine de mètres près. Cette technique ne fait pas la différence entre une véritable personne et un clone ayant le même chakra (comme un Kage Bushin ou un clone élémentaire de l'affinité primaire de la cible). Cette technique nécessite une grande concentration : l'utilisateur doit être immobile et au calme. La technique peut être maintenue pour traquer la cible, mais elle consomme alors en permanence du chakra.
Même si la vie du jeune aveugle pouvait semblait simple et insignifiante aux yeux des plus grands et des plus prestigieux, cela ne voulait pas dire pour autant qu'il n'était pas capable de « voir » plus loin que le bout de son nez. Les parents des jumeaux Tadake n'étaient après tout que des fermiers, des paysans travaillant la terre pour subvenir à leur besoin et, de ce fait, cette vie simple avait poussé le jeune homme à appréhender la vie dans ce qu'elle avait de plus immédiat. S'il se posait la question de savoir s'il allait pouvoir manger le lendemain, comment pouvait-il réellement se projeter six mois ou un an dans le futur ? C'était cette vie simple qui l'avait poussé à croquer cette existence à pleines dents, à apprécier chaque petit instant de la vie dans ce qu'elle avait de plus précieux, mais l'aveugle avait vite compris que ses congénères avaient d'autres préoccupations. En vérité ses deux plus récentes claques avec la réalité furent sa rencontre avec Akira et le jour où il avait appris l'histoire et le passé de sa femme. Tous les deux avaient été écrasés par les attentes de leur famille et, si l'un avait perdu espoir d'être un jour utile en quoi que ce soit, l'autre avait fini par se considérer uniquement comme une arme, et rien d'autre. Alors oui, le jeune senseur avait fini par comprendre que certaines familles entretenaient leur grandeur en écrasant toute individualité, pour la recherche du pouvoir, pour le maintien de leur hégémonie et réputation, son premier élève en avait été un exemple flagrant, mais le Tadake n'adhérait absolument pas à ces valeurs.
Il comprenait, il respectait, mais il n'approuvait pas. Certes il ne pouvait se permettre de poser un jugement de valeur sur les traditions de familles bien plus éminentes et anciennes que la sienne, mais Kyoshiro était assez honnête pour dire quand quelque chose ne lui plaisait pas. Qu'à cela ne tienne, si la vie de la jeune Hyuga devait se résumer à servir les ambitions de sa famille, en faisait fi de ses désirs personnels, alors telle serait son existence, aussi morne et vide qu'elle puisse être. Kyoshiro n'avait de toute façon pas besoin d'être en accord avec tout ce en quoi croyait son élève pour pouvoir lui tendre la main, pour l'aider à devenir la guerrière de l'ombre qu'elle souhaitait être.
Un pas après l'autre, il s'avança donc au milieu de la foule, laissant les odeurs et les sons venir saturer ses sens, avançant à une allure modérée pour laisser le temps nécessaire à son élève. Lorsqu'il revint la première fois, il estima le temps nécessaire et réitéra son exercice, sans pour autant changer son allure. Le tout n'était pas de rendre la tâche facile à son élève, surtout pour un exercice aussi délicat que l'exercice à la sensitivité, sans pour autant la mettre face à un obstacle impossible à surmonter. Si lui avait réussi à maîtriser les ficelles de cet art, sans personne pour l'aider, il était logique de penser qu'avec un peu de motivation, la jeune Hyuga réussirait avec l'aide de son professeur. Il retourna vers son élève enfin, pour la seconde fois, hochant la tête lorsqu'elle indiqua qu'elle pensa avoir maîtrisé les deux techniques qu'il venait de lui enseigner. Elle pensait peut-être être prête, mais l'aveugle préféra tout de même lui demander :
« Penses-tu avoir besoin d'un troisième essai, pour être sûre ? »
Prenant une pause, laissant la demoiselle formuler sa réponse, le Tadake tint tout de même à préciser :
« Si tu penses que c'est bon, nous pouvons nous arrêter pour le moment. Trop d'informations d'un coup serait contre-productif, il faut te laisser le temps de te reposer et t'habituer à ces deux techniques. Elles sont la base de tout ce qu'il me reste à t'enseigner. »
Cela pouvait être tentant d'apprendre le maximum de techniques en une journée, mais ce n'était pas nécessaire. En effet l'important était de maîtriser une technique jusqu'à ce que son utilisation devienne instinctive et, d'expérience, le senseur savait que cela ne pouvait pas être fait en un jour. Surtout si l'esprit de l'élève était saturé d'une ribambelle d'autres techniques. Mieux valait donc se concentrer sur un enseignement limité, mais étape par étape, pour plus d'efficacité.
C'était la façon dont il procédait en tout cas. Une technique à la fois, jusqu'à ce qu'il la maîtrise à fond.
Cette journée-là fut une révélation, non seulement pour ce qu’elle avait appris et découvert, mais également directement en ce qui concernait son maître. Ils étaient incompatibles et c’était évident. Peut-être pourraient-ils être amis, mais avec son discours, Chiyo l’avait senti, jamais il ne se rangerait derrière les idéaux Hyuga. Bien sûr, elle n’allait pas se mentir et dire qu’elle n’espérait pas encore un peu pouvoir changer ses opinions, mais il fallait dire qu’elle ne s’attendait pas réellement à un miracle.
C’était pourtant quelque chose qu’elle aurait dû voir venir. Rares étaient ceux de l’extérieur qui comprenait comment fonctionnait le clan Hyuga et qui l’acceptait comme tel. À vrai dire, elle se doutait bien qu’un esprit libre comme son maître ne pourrait pas être en accord avec une institution aussi ancienne que celle de son clan. Surtout lorsque lui-même n’avait pas grandit dans un clan comme le sien.
Ça piquait, c’était certain, mais elle n’allait pas le montrer, pas maintenant, pas tout de suite. Elle était une Hyuga et les Hyuga ça ne pleuraient pas pour des garçons, peu importe qui ils étaient, bien que l’envie ne lui manquât pas. Non, il fallait se concentrer, garder la tête froide, terminer l’exercice. Ce n’était pas quelque chose de facile, surtout pour elle qui n’avait pas l’habitude de ce genre d’émotion, mais elle y parvint. Elle y parvint suffisamment longtemps pour terminer l’exercice alors que son esprit se mettait à lui crier de plus en plus fort d’abréger cette rencontre de mettre fin à l’entraînement dès la première opportunité.
« Je … Je crois que c’est bon. Je vais pratiquer l’exercice à la maison pour ne pas perdre la main. »
Le ton était un peu plus bas, un peu plus résolu, mais surtout c’était un ton en fuite, le genre de voix qui cachait les trémolos émotifs ou l’envie. Et puis, l’offre de son enseignant de mettre fin à la leçon était des plus alléchante, surtout qu’elle n’avait plus vraiment la tête à tout cela. Elle voulait fuir et au plus vite.
« Effectivement, trop d’informations seraient entièrement contre-productif. J’ai suffisamment de matériel à retravailler pour l’instant. Lors de notre prochain entraînement, nous pourrons revisiter les notions, si jamais vous voulez en faire le suivi. »
Sa voix semblait un peu plus détachée que lors de leur discussion au restaurant. Bien qu’à peine quelques instants c’étaient écoulés, la réalisation à laquelle elle était venue saturait son esprit, la fatalité de son attachement à sens unique, jamais il n’avait été destiné à être sien, même si elle l’avait sincèrement espéré. Il ne restait qu’à l’accepter, bien que ce fût la partie probablement la plus difficile de tout le processus. Une inspiration et elle s’inclina poliment devant son enseignant.
« Merci pour votre temps et vos enseignements. Je vais me retirer pour l’instant. »
Puis, la belle au yeux couleur de lune lança un dernier regard triste en direction de son maître, alors qu’elle s’éloigna. Elle se jura intérieurement qu’elle ne ferait plus si mauvaise figure, que la prochaine fois, elle ne laisserait pas ses émotions prendre le meilleur d’elle. Il était son maître et il fallait qu’elle s’en tienne qu’à cela. C’était après tout pour le mieux.
L'utilisateur se concentre sur une cible donnée et enregistre mentalement son chakra. Il pourra ainsi plus aisément le reconnaître. Cette technique donne aussi une idée approximative du chakra de la cible comparé à celui de l'utilisateur (très inférieur/inférieur/vaguement identique/supérieur/très supérieur).
CONSOMMATION DE CHAKRA :
Très Faible
Technique inventée
SHINREI TORAKKÂ 【DÉTECTEUR DE CHAKRA】
DOMAINE :
Sensoriel
RANG :
D
PORTÉE :
Personnelle
CHAMP D'ACTION :
Énorme
DESCRIPTION :
L'utilisateur concentre ses dons de Senseur dans un seul et unique but : trouver une signature de chakra particulière (qu'il doit déjà connaître) à grande distance (jusqu'à plusieurs kilomètres). Il connaît alors la position, à une dizaine de mètres près. Cette technique ne fait pas la différence entre une véritable personne et un clone ayant le même chakra (comme un Kage Bushin ou un clone élémentaire de l'affinité primaire de la cible). Cette technique nécessite une grande concentration : l'utilisateur doit être immobile et au calme. La technique peut être maintenue pour traquer la cible, mais elle consomme alors en permanence du chakra.