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Fukahime | 負荷姫

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Fukahime | 負荷姫 Dim 14 Juin - 20:15
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Parchemin de mission:

Goei 護衛

mardi 12 mai


Aux portes du village, j’étais arrivé une heure à l’avance. Le matin-même, je m’étais levé avant le soleil de mai, un soleil chaud qui m’avait baigné lors de ma marche vers le point de rendez-vous de sa lumière croissante, rougeoyante, alangui par son court sommeil printanier. J’avais décidé de me précipiter ainsi à cause de ma dernière expérience professionnelle en solitaire au cours de laquelle j’avais détruit à jamais une relique d’une valeur inestimable et subséquemment courroucé un vénérable membre du clan le plus respecté et le plus influent des Tourbillons. Je n’avais pas droit à l’erreur cette fois, d’autant plus que j’avais eu affaire à la plus grande sommité de mon village, le Senkage, qui m’avait en personne reçu à sa tour. Me retrouver nez à nez avec lui avait produit une tempête d’émotions en moi. Surpris, en tant que débutant, d’être pris en main par le shinobi le plus puissant et le plus haut placé du pays, j’avais baissé le regard dès que j’avais croisé le sien. Inquiet en raison de mes déboires, croyant (et je ne suis toujours pas persuadé que cela n’ait rien eu à voir avec eux) qu’ils étaient la cause directe de la présence de l’Ombre qui voulait sans doute s’assurer que j’avais conscience de l’enjeu de ma mission, cette fois, j’étais tout autant fâché du peu de confiance qu’on me démontrait alors que j’avais exprimé à Haruka-san tous mes regrets, et lui avais raconté les détails de mon innocence dans la grave affaire où je m’étais trouvé mêlé, et je considérais comme une grande injustice d’être traité de la sorte. Honteux, enfin, de penser toutes ces choses alors qu’il était peut-être simplement fortuit d’avoir été reçu par mon général en chef, touché même par la sollicitude avec laquelle il m’avait informé de la pénible tâche qui m’attendait, j’avais simplement accepté sans discuter ma mission et quitté le bureau pour le libérer du fardeau sans valeur que j’étais et pris la direction de ma maison pour me préparer.



Effectuer cette mission seul était une promesse de libération. J’avais besoin de réussir quelque chose seul à la fois pour prouver que je pouvais réussir à me rendre utile sans contrarier personne et pour m’éloigner quelques temps de Haruka-san. Il n’est pas question là de ressentiment à son égard, j’admirais toujours autant ma cheffe d’équipe et je considérais toujours comme un honneur  et une grande opportunité d’être sous ses ordres, mais ce que j’avais vécu avec elle durant son entraînement, ce qu’elle m’avait fait subir et ce que j’avais appris sur moi-même rendait impossible tout rapport immédiat avec elle. Je peinais simplement à me regarder dans une glace. Je n’aurais pu la croiser et garder ma contenance. L’humiliation était trop grande. Aussi, m’occuper de la gamine d’un seigneur me semblait, sinon aisé, du moins plus agréable. Apparemment, il s’agissait d’une petite peste pourrie-gâtée, ni plus ni moins, d’après le parchemin qu’on m’avait remis (le Meyo-sama avait employé un langage euphémique pour la décrire, je l’ai compris et vécu peu après notre entrevue). Je n’étais pas inquiet outre-mesure néanmoins car ce qu’on me demandait était dans mes cordes. Apprendre à cette fillette ce q’était la vie d’un shinobi était loin d’être impossible. J’avais connu la dureté d’entraînements acharnés, la rudesse d’accomplir une mission dangereuse, la beauté de s’appuyer sur des partenaires après qu’on a cru devoir mourir seul. J’étais prêt à tout pour lui apprendre ce qu’était la vie de shinobi et lui en dévoiler la richesse. J’aurais raison de sa sottise d’enfant capricieux.



Suishi Tarou-dono ?


La voix sembla surgir de nulle part. Un homme venait de se présenter devant moi, gigantesque, hermétiquement enfermé dans une grande cape noire, coiffé d’un chapeau de paille à la circonférence ridiculement large et dont le visage était recouvert d’un foulard bleu nuit. Ses yeux injectés de sang étaient écarquillés, comme s’il n’avait pas dormi depuis plusieurs jours et qu’il peinait à les garder ouverts. En dépit de ma frayeur que je m’efforçai de cacher autant que possible, j’acquiesçai brièvement à son apostrophe.



Qui êtes-vous ? dis-je.

Matricule ? répliqua-t-il sans prêter attention à ma question. Je sortis de ma poche ma tablette d’informations marquée du sceau du Senkage et la lui tendis. Il poursuivit ensuite : J’accompagne Yoshikuni-sama pour son séjour dans votre village. J’ai besoin de voir où vous effectuerez son apprentissage pour vérifier la sûreté des lieux. Menez-moi là-bas.

Où est-elle ? demandai-je avec curiosité. Le bonhomme ne laissa rien paraître sur les quelques centimètres carrés de son corps que je pouvais voir sous son accoutrement et je fus contraint de renoncer à mener la conversation de quelque façon que ce soit. Je… Suivez-moi.


Rouge de honte, je pris la direction de ma maison. J’avais prévu d’assurer mon devoir chez moi où je connaissais chaque recoin du bosquet derrière la maison. Makoto, qui m’attendait sur la balançoire du voisinage, fit une moue déconfite en voyant mon obscur accompagnateur débarquer avec moi dans la clairière. Je lui lançai un regard qui disait « oui je sais mais j’y peux rien » et commençai à expliquer mes intentions au garde du corps. Lorsque j’eus terminé, sans dire un mot, il approuva d’un bref mouvement de tête et ouvrit son large manteau de pluie. J’entendis Makoto tomber dans un juron de sa balançoire et je poussai moi-même une exclamation de choc, lorsque de sous les plis du vêtement apparut une très petite personne dont je n’avais pas soupçonné la présence jusque là. Sans montrer le moindre signe d’inaccoutumance ou d’inconfort, l’enfant se passa une main délicate dans les cheveux dans une parfaite imitation des filles plus âgées et plus jolies que j’avais croisées au cours de ma courte existence à qui elle croyait sans doute ressembler et s’exclama :



Bien ! Tout ceci semble adéquat. Toto-san, dit-elle au grand dadais (Makoto pouffa de rire), tu peux nous laisser. Ce garçon semble savoir ce qu’il fait. Je le trouve un peu maigrichon mais je suppose qu’il fera l’affaire.


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