Cela n'aurait pas du être surprenant, pourtant il ne put s’empêcher de lever les sourcils, les yeux écarquillés par l'horrifique nouvelle qu'il venait d'apprendre. Tsuri se reprit rapidement et se leva d'un bond. Il s'excusa auprès du Daimyo, de l'intendante de Konoha et commença la longue descente des marches de l'enceinte spécialement montée pour la dernière épreuve de l'examen Chunin inter-village. Alors que les gens acclamaient les premiers Genins à combattre, le Daimyo s'était penché sur lui pour en savoir un peu plus sur le déroulement des combats. Ils avaient été interrompus par un membre de la Garde, porteur d'une terrible nouvelle. Miyamoto Matsuoka, chef du clan Miyamoto, leader de la Garde d'Uzushio était à présent sur son lit de mort, prêt à quitter les vivants.
Le vieil homme avait été le troisième chef de clan à répondre à l'appel lors de la création du village caché des tourbillons. Son sens moral, son respect, sa droiture et son charisme avait fait de lui le chef de la Garde d'Uzushio, une sorte de police chargée de la sécurité du village. Peu bavard, Tsuri le connaissait inflexible et intransigeant. Nombre de conversations passées à hausser le ton pour se faire entendre, nombre d'heures passées à débattre quant à la position idéale pour les sentinelles et les défenses de l'enceinte. Au fil des ans, Matsuoka était devenu un ami précieux, riche en conseils avisés.
Suivant de près l'envoyé de la Garde, Meyo parcourait un village presque désert à cette heure-ci. Ils croisèrent des retardataires pressant le pas vers les gradins, des enfants euphoriques et des vieillards pariant sur l'issue des combats. Une fois passé le centre-ville, ils entrèrent dans le domaine des Miyamoto. Les bâtiments, reliés entre eux par des balcons et des escaliers, représentaient à merveille la philosophie du clan, toujours soudé. À mesure qu'il gravissait la douce pente en direction de la demeure du chef de clan, Meyo vit défiler devant lui les sourires, les crises de nerf, la veine gonflée de son front, la barbiche et les cheveux blancs du vieil homme.
Ils arrivèrent devant la porte d'entrée et son guide le laissa là. Tsuri entra, puis ôta ses chaussures. Sans bruit, il arpenta le parquet vers la chambre des maîtres. Les membres du quatrième cercle étaient tous présents, formant une haie d'honneur dans le couloir. Meyo passa devant eux sans un bruit et un à un, ils inclinèrent la tête en signe de respect. Le Shodaime frappa une fois à la porte du fond. Une servante lui ouvrit la porte et le laissa entrer.
En face du lit, les pieds tournés vers la fenêtre la plus imposante de la pièce, Miyamoto Matsuoka semblait se reposer, allongé dans son lit. Seule sa tête n'était pas recouverte d'une couverture et lorsqu'il entendit le Senkage se diriger vers lui, il ouvrit un œil et un petit sourire éclaircit son visage.
- Shodaime... C'est un honneur.
Sa voix... Elle n'avait plus rien à voir avec la voix forte d'antan qu'il faisait tonner dans le village. Ce mince filet à peine audible était déchirant. Le temps marque les corps aussi bien que la guerre, et cet homme là avait connu les deux. Le vieux sage fit un signe de la tête et les Miyamoto présents quittèrent la pièce, le laissant en tête à tête avec le Senkage, agenouillé près de son lit.
- Ne dis pas de bêtise Matsuoka. Comment te sens-tu ? - Comme quelqu'un prêt à mourir.
Quelle question stupide ! Meyo s'en voulut immédiatement et cela n'échappa pas au chef. Il voulut rire, mais une toux sèche l'en empêcha. Tsuri l'aida à se redresser sur les coussins et lui tendit la tasse de thé posée sur la table de chevet. Il en but deux longues gorgées avant de la lui rendre. Une fois remis, il ferma de nouveau les yeux.
- Je suis navré. Je suis un idiot. - Ne le sois pas, la vérité, c'est que je me suis préparé à cet instant. Leiko l'a déjà retardé plus que nécessaire. Je suis le premier chef de clan à mourir si vieux. Yoshitsune en serait étonné. - J’imagine que oui. Tu as pris toutes des dispositions. - Oui, Sasaki prendra le relais après ma mort. Il est plus que capable et tu le connais. Il fera un bon chef. - Très bien. Tu sais, je voulais te remercier pour tout ce que tu as fais pour... - Il suffit ! coupa t-il.
Sa voix venait de retrouver, l'espace d'un instant, son autorité naturelle. Pas d'apitoiement, pas de disgrâce, pas de crainte, les ancêtres forment un tout et seront toujours présents pour les futurs Miyamoto. Meyo lui sourit et inclina la tête.
- J'ai rencontré Akrillo lors de notre mission. - J'ai cru comprendre. - C'est un très bon shinobi. Il est noble de cœur. - C'est un Miyamoto, tu t'attendais à quoi ? répondit-il, un air de fierté sur le visage. - Tu es toujours d'accord pour le plan ? interrogea le Shodaime à voix basse. - Toujours, il ne te décevra pas.
On frappa à la porte. Matsuoka plongea son regard dans celui de Meyo. En guise d'adieu, ils se saluèrent respectueusement. Le Senkage se leva et tourna les talons. Sur le pas de la porte, il croisa Akrillo, à qui il adressa un signe de tête avant de continuer son chemin. Une fois chaussé et dehors, il tira une cigarette de l’étui en bois et l'alluma devant la maison. La fumée flotta dans les airs avant de s'envoler, emportée par la brise. Le premier acte d'Uzushio allait prendre fin en même temps que la vie de Matsuoka.
Miyamoto Akrillo
Uzushio no Chunin
Messages : 254
Date d'inscription : 15/03/2017
Localisation : Uzushio
Fiche du Ninja Grade & Rang: Chuunin Rang B Ryos: 1166 Expérience: (1537/1200)
Akrillo s’était assis depuis longtemps lorsqu’il lui semblait voir quelques mouvements de la loge du Kage. Surement une affaire urgente pensa-t-il. Haussant les épaules lentement, il rapporta son attention sur le premier combat du tournoi. En effet, c’était dans l’arène que se trouvait l’Uzushiojin, mais en tant que spectateur. Il avait hâte de voir le combat commencer, opposant deux Konohajins. L’une d’entre elle, la Hyuga. Il l’avait déjà rencontré, à Baransu. Avant que tout commence, il l’avait croisé dans le marché et avait rapidement fait connaissance. Pour son adversaire, il n’avait aucune information. Il pourrait donc la découvrir aujourd’hui. Pourtant, tous ses plans allaient être brisés rapidement, alors qu’un garde d’Uzushio, un Miyamoto, s’approchai de lui. Il s’approcha doucement du Dragon avant de lui glisser quelques mots à l’oreille. Disant quelques mots au Chunin, dont les spectateurs gênés par sa présence ne surent jamais leurs sens, il s’éclipsa rapidement, voyant le Dragon pâlirent à vue d’œil avant de se relever en tremblant légèrement. Sans faux sourire ou excuse pour les voisins, il s’en alla rapidement du tournois. Une fois à l’extérieur, il put se mettre à courir, de toute ses forces. De toutes ses forces, aussi, il empêcha les larmes de monter, se raccrochant à son honneur et dignité. Le Vieux Matsuoka, son modèle, son chef de clan, son confident. Aux portes de la mort. Égalant sûrement un record de vitesse, il arriva au Domaine Miyamoto très rapidement, se dirigeant vers la salle où se trouvait le Doyen. Bien que très âgés, l’ancien guerrier avait vu son état se détériorer rapidement ses dernières semaines. Mais jamais Akrillo n’avait songé le voir disparaître. Tel un Roc, il semblait qu’il eût toujours était là, que ce soit chez les Miyamoto comme à Uzushio. Essayant de reprendre un peu d’aplomb, Akrillo repris sa stature de dragon, relissant ses habits et réajustant son sabre. Il entra néanmoins d’un pas décidé dans la maison, enlevant ses chaussures. Il put rentrer dans la pièce où la quinzaine de Senseï du quatrième cercle étaient présents. On lui fit comprendre qu’il devait patienter. Mais après à peine une poignée de secondes la porte s’ouvrit sur le Senkage. C’était donc ça, les mouvements dans la Loge. Ce dernier lui adressa un signe de la tête respectueux, que le Dragon lui répondit. Les senseïs lui firent signe de rentrer, avec Sasaki. Les deux Miyamoto marchèrent ensemble jusqu’au lit du leur mentor. La gorge nouée, Akrillo ne dit pas un mot, alors que le vieux Matsuoka le regardait en souriant, les yeux plissés. -Ne sois pas triste, jeune idiot. Tu sais autant que moi que je ne meurs pas vraiment. Et je reviendrais servir le clan par le biais d’un autre… Akrillo ne répondit qu’un signe de tête, en prenant sa main entre les siennes. -Sasaki, tu feras un bon leader. Aie confiance en toi, ai confiance en tes semblables, et tu surmonteras tous les dangers. Appuie-toi sur Akrillo, oh mon petit Akrillo… Les yeux dans le néant, le maitre semblait chercher dans ses pensées. -Tu vas vivre une ère mouvementée, mais reste solide. Réponds aux sollicitations tel un Dragon. Je suis déjà fière de toi… Nous le sommes tous… Apprends de Sasaki, pour la suite… Tu es… S’en suivit une violente quinte de toux qui ne passa qu’après l’avoir redressé la tête et lui apporter de l’eau. -Tu es le futur, vous êtes le futur. Ne laissez pas le Clan et le Village … Non… Ses dires, bien qu’énigmatique, trouvée l’écho en Akrillo des agissements de certains traître au clan, récemment mis en lumière par Le Kage et le Dragon. Bien que cette affaire soit secrète, Matsuoka semblait savoir, ou du moins, en avait l’intuition… -Maintenant, jeune maitre, retire-toi. J’ai à parler avec ton ainé. Sa voix, qui ne laissait place à aucune constations ou détournement, restait faible. D’idiot à maitre, le jeune Chunin avait évolué pendant la conversation. Il embrassa tendrement la main de son mentor, avant de quitter la pièce, jetant un dernier regard et un sourire, partagé, vers l’homme fort des Miyamoto. -Vous ne serez jamais oublié… La seule phrase dites par Akrillo de la séance… Sasaki, de dos, restait fixé vers le vieux dragon, et la porte se referma sur cette scène. Il fit un signe de tête rapide aux senseï avant de se diriger vers l’extérieur. Ne prenant pas le temps de remettre ses chaussures, il se dirigeait vers sa demeure. L'envie du tournois s'était maintenant envolé... Des gouttes tombaient abondements sur ses pas, tandis que le ciel restait d’un bleu immaculé…
Meyo Tsuri & Miyamoto Akrillo
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