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Le Journal de Fusukenstein Chap 3: "Le Prométhée du Sekai" [Ft Omura Mifuyu]

Masamune Sanada
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Le Prométhée Du Sekai

feat Omura Mifuyu



Le thé brûlant le surprit de si bon matin si bien qu'il faillit renverser le chawan en céramique.

- Attention mon garçon !
Dit Rokuro agacée en tapant le sol de sa canne. Je pensais que tu étais devenu un peu plus adroit avec le temps.

Sanada ne répondit pas, se contentant de sourire. Cela faisait deux mois qu'il n'avait pas revu sa première professeure, il n'avait pas envie d'une confrontation. Elle ne faisait comme si rien n'avait changé depuis que L'Omura avait décidé d'entraîner le jeune homme, l'éloignant peu à peu de la vieille épéiste, devenue trop faible pour pouvoir lutter.
Pourtant, regardant celui qu'elle avait accueilli, celui qui au départ, n'avait aucune connaissance des arcanes chakratiques, elle ressentait une certaine fierté. Elle avait eu vent de son examen et de ses avancées dans la maîtrise martiale, et il avait changé. Sous l'impulsion de la mystérieuse Mifuyu, il s'était peu à peu transformé, accentuant les parts sombres que la guerrière septuagénaire avait décelé chez le jeune homme dès son arrivée. Maintenant qu'elle le regardait, elle le trouvait, plus imposant, plus sûr de lui. Il était assis, buvant le thé brûlant d'une main, le calumet dans l'autre, comme tant de fois, et pourtant, rien n'était plus comme avant.

Brisant le silence, elle s'assit en face de lui.

- Qu'est-ce qui t'amène si tôt. Je croyais que tu avais oublié que j'habitais au village.

- Je voulais juste vous voir. Dit Sanada, ignorant une fois de plus la pique de Rokuro.

- Je ne t'ai pas vu depuis un moment, mais je sais toujours quand tu me mens.

- Oui, bon, je suis passé parce que je pars dans quelques heures avec Mifuyu-sama pour un assez long voyage, et comme je voulais vous voir depuis la fin de l'examen sans avoir le temps, et bien me voilà.

- Mouais… Rétorqua-t-elle avec un sourire qu'elle ne pouvait réellement camoufler.

Le reste de la matinée fut agréable, le jeune homme discutant avec Rokuro sous son arbre préféré, le saule pleureur qui l'avait abrité de nombreuses nuits après ses entraînements. Les aux revoirs furent brefs et c'est avec une excitation trépidante que le genin redescendit vers le port du village caché.

Rokuro, elle, regardait son ancien élève partir. Sachant, au fond, que cela faisait déjà très longtemps qu'il n'était plus de son côté de la barrière. Elle avait décelé son arrogance dès le départ, cette méfiance obsessionnelle de la hiérarchie aussi, pourtant, elle avait placé cela sur l'esprit rebelle de la jeunesse et l'éducation assez libre qu'il avait apparemment eu sur son île natale. Ce matin, ses jugements avaient été balayés. L'arrogance, il en débordait certes, mais elle ne comprenait toujours pas ce qui pouvait rassembler le jeune Masamune Sanada et la Sorcière du clan médecin. Ces deux-là avaient un objectif commun, qui dépassait la simple volonté de faire évoluer le genin elle en était certaine.

L'ancêtre du clan Miyamoto retourna dans son salon, sirotant la fin de son thé avec lenteur. Elle n'en pouvait plus d'être dans le brouillard le concernant, il fallait qu'elle sache. Elle décida donc d'enquêter sur cette étrange relation, elle avait le temps de leur voyage, et elle comptait bien user de ses nombreuses relations dans le Sekaï pour arriver à ses fins.

Après sa toilette quotidienne, Rokuro s'assit donc devant un parchemin, releva sa manche de kimono dans un bal traditionnel, puis, se saisissant d'un long bâton de bois qu'elle trempa dans l'encre, elle adressa une lettre à une de ses connaissances qui pourrait la renseigner tout en étant intéressé par le jeune homme. Après tout, le Cercle d'Or des Arpenteurs étaient toujours friand des manifestations de Godaï Seishitsu Henka. Pour couronner le tout, les rumeurs faisaient état de la présence de son ami dans la région pour ses recherches.
Conscient que la lettre ne parviendrait peut-être jamais à son destinataire, mais n'ayant rien à perdre, elle se mit à écrire.

Une heure plus tard, un coursier était à la porte.

- L'homme que tu recherches se nomme Fukui Kenichi, il est, selon les rumeurs, en train de parcourir les îles pour ses travaux. C'est un Arpenteur, ce genre d'individus ne passe pas inaperçu, encore moins dans l'archipel, tu n'auras pas trop de mal à le retrouver, j'espère. Conclut-elle.

Pendant ce temps, Sanada patientait derrière un nuage de fumée l'arrivée de la Sorcière au port.
Pour ne pas attirer l'attention sur leur voyage et attirer la méfiance déjà grande des autorités à l'égard de l'Omura, elle avait fait le choix de prendre un bateau de transport jusqu'à l'île la plus proche du temple seulement là, ils emprunteraient une embarcation pour terminer le voyage.

Entre les dizaines de personnes qui attendaient pour embarquer, le genin remarqua une frêle silhouette se dessiner entre les ombres plus imposantes des marins.
Avec le calme et la détermination qui émanait de son aura bien trop puissante pour un si petit corps, première cause de l'étrangeté qui émanait de la Sorcière, elle s'avança vers son élève.

Sous le regard amusé des passagers qui pensaient sans doute que la petite était sous la responsabilité du genin, il s'inclina longuement, prêt à lever les voiles lui-même pour percer les derniers mystères du scientifique disparu.

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Le Journal de Fusukenstein : Chapitre 3
~


"Vous pouvez nous emmener à Eno-shima, oui ou non ?
- Euh… C'est que j'ai besoin que vous me montriez votre autorisation."


Mifuyu rumina. Depuis Baransu, une sorte de méfiance maladive s'était répandue dans la région et ce, même au village caché des tourbillons. La Sorcière était connue des autorités comme étant la mentore du jeune Sanada, toutefois elle n'avait pas voulu les alerter de son départ, de peur d'être suivie. Ce voyage, le dernier peut-être, était des plus importants. La scientifique clandestine et le libraire un peu trop curieux se dirigeaient à nouveau vers le laboratoire secret de Fusuke, pour percer les derniers secrets de ses recherches interdites.
A la différence de la dernière fois, ils étaient préparés. Dans quelques semaines, peut-être moins, l'infâme chirurgienne serait capable de comprendre le travail de sa vie, d'obtenir les connaissances qui avaient été son objectif ultime et les mettre en action. Non, elle ne pouvait se permettre ni d'être repérée, ni d'être restreinte par un marin trop rigoureux.

Elle fouilla longuement dans sa sacoche, avant d'en sortir un badge ainsi qu'une bourse de cinquante ryos. Elle enleva la pièce de tissu blanc qui protégeait la petite carte en carton rectangulaire, dévoilant ainsi son identité à l'homme. Sur la carte, on pouvait voir écrit son grade de Jonin ainsi que son rôle au sein de la DAPHU.

"Excusez-moi, Mifuyu-sama, je ne vous avais pas reconnue. C'est que, on doit reporter chacun de nos départs, vous comprenez…
- Je suis sûre que vous pourrez garder celui-ci sous silence"
, lui dit-elle en lui tendant la bourse. L'homme la regarda avec un sourire confus, gratta sa courte barbe brune puis attrapa la bourse de cuir qu'il glissa dans sa poche. Il en regarderait le contenu quand il sera en mer, bien qu'il ne doutait pas de la générosité de la Sorcière.

Il lui fit finalement signe de le suivre jusqu'à son embarcation. Le bateau était de taille moyenne et pouvait accueillir une dizaine de passagers, qui se pressaient déjà sur le ponton dans l'attente de prendre le large. L'aînée aperçut son élève non loin d'ici et lui fit signe de la rejoindre.
Après de brèves salutations, ils montèrent tous deux sur le pont. Le trajet jusqu'à Eno-shima dura toute la journée et ils y furent accueillis par la tombée de la nuit. Ils prirent une chambre dans une auberge à proximité du port, afin de trouver un second bateau dès les premières lueurs. L'Omura passa la soirée et une bonne partie de la nuit à revoir certaines des pages du journal de Fusuke qu'elle avait amenées avec elle. Cela faisait quelques mois que ces mystères l'obnubilaient et qu'elle avait pris l'habitude de s'aider de ces parchemins pour s'endormir. Cela la tuait de ne pas parvenir à les déchiffrer. Pourtant, comment le pourrait-elle ? Un esprit aussi brillant que celui de Fusuke y avait consacré sa vie entière – il lui faudrait bien quelques mois.

Le matin, le duo interdit rendit visite à plusieurs familles de pêcheurs. L'île sur laquelle trônait le temple n'était pas desservit par les compagnies de voyage. Sa localisation était tenue secrète et personne – excepté Fusuke, apparemment – n'y mettait plus les pieds depuis des décennies. C'était une île oubliée, un lieu mystérieux et idéal pour la construction d'un laboratoire secret. De nombreux marins ne savaient même pas où elle se trouvait, aussi il fut difficile d'en trouver un qui accepte de les y emmener. Vers les coups de neuf heures, finalement, ils posèrent pied sur une petite barque sur laquelle l'intégralité de leurs provisions tenaient difficilement. La traversée fut mouvementée, le fragile radeau étant plus à la merci des agitations irrégulières des vagues que ne l'était le navire d'Uzushio.

Vers treize heures, ils virent enfin la plage qui les avait accueillis la première fois. Une demi-heure plus tard, ils observaient le navire s'éloigner, avec la promesse qu'il reviendrait les chercher d'ici quatre jours, le temps qu'ils puissent fouiller l'intégralité du laboratoire.

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ft. Masamune Sanada


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Le Prométhée Du Sekai

feat Omura Mifuyu



C'est avec une certaine émotion que Sanada foula le premier la terre de la forêt tropicale, rempart naturel du temple contre les profanateurs. La dernière fois qu'il avait bravé les toiles de lianes, c'était à moitié porté par la Sorcière, à demi-mourant de la boue qui pourrissait en lui.

Mais il avait changé depuis.

À force d'entraînement et d'une compréhension nouvelle de la divine nature, il se sentait bien plus fort. La crainte avait disparu, le combat était sa voie désormais, et rien ni personne n'allait pouvoir freiner son ascension vers les cieux.

Après quelques heures de marche, ils atteignirent enfin le temple gardien des secrets du scientifique de génie. Plus encore que la dernière fois, la jungle avait envahi tous les recoins de la pierre taillée. Juste devant, sur ce qui fut l'arène la plus difficile du jeune homme, reposait un tas de terre et de cendre autrefois boue animée par les forces obscures du sanctuaire.
Sanada se mit à genoux au pied du monticule puis psalmodia doucement une prière en remerciement aux cieux. Il attrapa un peu de la terre qu'il glissa dans un bocal. Avec, il allait sculpter l'autel à l'effigie de sa victime, ajoutant une relique dans son logement intérieur devenu mausolée à la gloire des griffes de Jashin.

La Sorcière ne l'interrompit pas, elle semblait toujours plongée dans des notes ésotériques. Le campement fut installé tout près du temple, cette fois-ci, ils n'avaient plus de temps à perdre. La première visite de repérage se fit à un pas rapide, l'arbre, les statues, le mur qui semblait renfermer le repère de Fusuke, rien n'avait changé, mise à part les plantes grimpantes qui avaient repris le contrôle de son territoire.

Après quelques préparatifs au campement, ils retournèrent dans les ruines en début de soirée, éclairé par torches.
Le silence total régnait autour de l'arbre qui catalysait le pouvoir du ranton. Sanada exécuta les mudras pour invoquer un simple nuage sombre.
C'était à cet endroit qu'il l'avait employé pour la première fois, et il percevait parfaitement la différence. Sans effort, il laissa son chakra relié à une partie de son âme quitter le sol pour les cieux. Aussitôt, d'épais nuages noirs apparurent au-dessus du temple, réduisant à néant le peu de luminosité qu'il restait.
Quelques instants plus tard, il convoqua la grêle, laissant les nuages prendre de l'altitude tout en les gonflant en chakra suiton. Au premier projectile, une feuille de l'arbre sacré fut perforée, annonçant le début du déluge de glace. Alors que le martèlement grondait, laissant le bruit résonné entre les murs presque vides du temple, un son distinctif d'une pierre qui bouge résonna. L'arbre, comme habité, sembla réagir à l'agression des flocons, ses feuilles se dressèrent d'un coup, puis, sans que le genin ne comprenne vraiment comment, un faisceau s'échappa du large tronc en direction du ciel. Pendant une seconde, il ne passa rien, puis, au bruit d'un grondement ahurissant, le faisceau sembla exploser dans les cieux, éparpillant les gros nuages pour laisser place à un ciel bien plus clair qu'à leur arrivée.

Il regarda un instant l'Omura qui semblait aussi interloquée que lui. Ils se dirigèrent sans plus tarder vers le mur derrière la dernière statue, celui qui semblait creux. Après un examen minutieux, l'ancêtre trouva un tout petit interstice créé par le remous. Elle sembla observer la chose un moment, puis, composa des mudras inconnus du jeune homme.

À peine avait-elle effleuré la pierre que la matière inerte s'anima, laissant un trou assez grand pour un homme se former. Pénétrant dans la pénombre, ils avancèrent un petit moment dans un couloir creusé à même la roche qui semblait légèrement descendre.
Enfin, au bout, une simple porte de bois épais fermait le corridor.

Ils n'eurent aucun mal à la forcer, le scientifique n'ayant sûrement pas envisagé que quelqu'un puisse un jour aller aussi loin dans son royaume.

Sanada avait imaginé de nombreuses fois cette pièce légendaire dans son imagination, et pourtant, rien ne l'avait préparé à ce qui se présentait sous son regard. Bien sûr, la poussière avait recouvert la totalité des instruments et des meubles et pourtant, la singularité du lieu frappait toujours autant.

Des dizaines de lits étaient alignées contre un mur, avec, à chaque fois, un squelette dessus. Sanada n'était pas un spécialiste de l'anatomie humaine, loin de là, et pourtant, il savait parfaitement que les restes osseux qui s'étalaient devant lui n'avait pas forme humaine. Autour de ces lits, d'innombrables tuyaux, bassines, poulies reliaient d'étranges conteneurs de fer aux anciens cobayes de Fusuke. En face, un énorme bureau semblait rempli de vanne et autre manivelle, le tout perdu dans un amas de feuillets et de notes.
L'Omura avait été sûrement pris de court par la sorcière, il ne s'attendait pas à sa mort, la pièce semblait aurait encore pu être habitée, tant le désordre ambiant semblait naturel, homogène.

Sanada fit le tour de la pièce plusieurs fois avant de retourner auprès de Mifuyu, qui semblait plus excitée, mais aussi plus sérieuse que jamais.

- Il y avait encore des gens ici ! Ce qui veut dire qu'ils sont tous morts de faim et de soif puisque Fusuke était déjà six pieds sous terre. L'attente a dû être atroce. Dit Sanada en déglutissant difficilement à la vue de ses cadavres condamnées à l'oubli même après la mort.
Mais Sa réflexion fut brève. Le son d'une trappe qu'on ouvre au plafond le réveilla. Il regarda la Sorcière qui fixait aussi le toit, à la recherche de l'origine du son.

Ils n'eurent pas à observer bien longtemps avant que la source du dérangement ne vienne à eux.


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Glissant doucement sur un fil qu'elle semblait elle-même créer, ils firent face à la plus belle chose qu'il n'avait jamais vu, la plus monstrueuse aussi.

Le visage qui les fixait était celle d'une jeune femme aux traits fins, au regard presque blasé, pourtant, contrairement à l'homme bête ou la femme-crapaud de la Sorcière, rien dans son visage n'indiquait une quelconque bestialité, elle semblait humaine, trop humaine. Et pourtant un véritable corps d'araignées était greffé après son buste.
Au plafond, une véritable cathédrale de soie se dressait tandis que l'hybride évoluait en son sein comme un poisson dans l'océan.

Il avait devant les yeux une ébauche de la symbiose qu'il recherchait, un chef-d’œuvre peut-être, il l'ignorait.

- Vous n'auriez jamais dû pénétrer le repère de mon maître. Je pensais qu'un de ses automates et le garçon devenu boue suffiraient à vous faire fuir, mais vous êtes revenu. J'ai été conciliante la première fois. Je ne le serais plus maintenant. Mon maître risque de revenir d'une seconde à l'autre. Savez-vous ce que je risque s'il sait que des ninjas ont pénétré son repère ?


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Le Journal de Fusukenstein : Chapitre 3
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Mifuyu se sentait l'âme d'une gamine découvrant un coffre remplit d'artefacts familiaux dans le fond de sa cave. Ici, la cave était le temple et le coffre était le laboratoire secret de Fusuke. Il s'y trouvait tout ce qu'elle avait imaginé, mais également tout ce qu'elle avait toujours cherché. Se trouver en ces lieux lui rappelait son ancien laboratoire personnel, du temps où elle aussi exerçait des recherches illégales à l'abri de la supervision des Ethiques. Pendant un temps, elle avait également partagé un laboratoire avec ce cher Fusuke, sans jamais pensé qu'il pouvait avoir bâti tout cela de son côté. "C'est grandiose…" ne put-elle s'empêcher de remarquer. Tous ces lits, tous ces instruments et tous ces squelettes avaient l'air d'autant de joyaux quand ils passaient sous le regard ébahi de la Sorcière.
Comme le remarqua Sanada, le scientifique n'avait eu le temps de libérer ses sujets d'expérience, ne songeant pas qu'il pourrait être sauvagement assassiné par la doyenne avant d'avoir l'occasion de revenir sur cette île. En somme, c'était elle qui avait condamné ces pauvres âmes mais c'était surtout elle qui avait permis la préservations de toutes ces connaissances. En s'approchant, elle put constater que les ossements étaient tous reliés par des menottes de ferraille à l'encadrement des lits, et pendaient désormais dans le vide puisqu'il n'y avait plus de peau autour des os pour les soutenir. Les os, d'ailleurs, n'étaient que partiellement humains – il n'y avait pas besoin d'être un Omura pour s'en rendre compte. En effet, si la majorité des corps semblaient composés d'ossements classiques, on pouvait distinguer sur chacun d'entre eux au moins quelques parties qui avaient été modifiées : certains squelettes disposaient de dents incroyablement pointues, reliées à une mâchoire puissante et développée ; d'autres avaient été rattachés à des excroissances ayant la forme de grandes et puissantes ailes ; et, enfin, certains corps étant tant modifiés qu'on y retrouvait des os de toutes tailles ou encore des carapaces reptiliennes qui recouvraient tantôt leur dos, tantôt leur visage.

L'ancêtre tâta du bout de ces doigts certains des ossements qui semblaient les plus originaux, puis se dirigea vers le bureau, sur lequel elle pouvait voir trôner des centaines de parchemins recouverts de schémas semblables à ceux qu'elle avait déjà découverts dans les précédentes pages du journal. Ceux-ci devaient être les versions complètes et finalisées, qui lui livreraient enfin les secrets de l'hybridation animale.
Elle fut toutefois interrompue dans sa démarche par un son qui lui semblait familier. Elle sourit quand elle comprit. Une trappe venait de s'ouvrir au plafond, exactement comme celle qui se trouvait dans le laboratoire de la Sorcière au sein de la DAPHU, par laquelle elle avait fait sortir la femme-grenouille pour affronter le jeune libraire. Elle fut flattée de voir que Fusuke lui-même avait donc gardé les vieux tours de sa partenaire d'antan.

La femme, non, la chose qui en sortit n'avait rien à voir avec toutes les tentatives d'hybridations qui avaient été développées au sein du village caché des tourbillons. Malgré ses apparentes divergences avec le genre humain, l'expression de son visage ne laissait aucun doute : contrairement aux cobayes de Mifuyu, celle-ci était toujours une femme. Le spectacle de cette douce créature descendant de son fil tissé était le plus magnifique qui puisse être donné à voir, aussi elle ne put répondre que de la plus gracieuse des manières à la menace de la chimère noire.

"J'ai bien peur de vous informer, très chère, que votre maître est mort depuis vingt ans. Fusuke était mon élève et mon ami, aussi cela fait des années que je suis à la recherche de ce laboratoire. Je souhaiterais continuer ses recherches, perpétuer son héritage comme il l'aurait voulu et, pour cela, j'aurai besoin de votre aide."

L'arachnide descendit finalement du plafond et se posa délicatement sur le sol. Elle semblait réfléchir, pas plus étonnée que cela par la disparition de son maître. Au fond, elle devait bien s'y attendre. Cela faisait des années qu'elle ne l'avait plus revu et elle avait été étonnée de le voir abandonner chacun de ses objets de recherches. De plus, elle avait visiblement déjà entendu parler de cette fameuse mentor qu'avait eu Fusuke et, en voyant son apparence de gamine, elle se rappela d'une histoire qu'il lui avait raconté il y a bien longtemps. Elle qui était la plus belle de ses créations avait joui d'une certaine proximité avec son créateur et confident.

"Je vois. J'imagine que vous êtes donc Mifuyu, la vieillarde que mon maître transplanta dans le corps de ses propres petits-enfants ?" demanda-t-elle avec une pointe de dégoût dans sa voix.

A cette question, la Sorcière écarquilla les yeux. Elle n'avait pas encore révélé la vérité à Sanada et elle n'avait pas souhaité qu'il la découvre ainsi. Elle lui jeta un coup d'œil afin de jauger sa réaction, craignant d'y voir s'inscrire le plus grand dégoût. Il était trop tard maintenant, il fallait l'assumer pour gagner la confiance de la créature.

"Oui, c'est bien moi. M'autorisez-vous à poursuivre les recherches de Fusuke ? demanda poliment la femme-enfant, attendant l'autorisation de la chimère avant de se diriger vers le bureau de son maître.
- D'accord, vous pouvez y aller", répondit simplement la chose, éveillant la suspicion de l'Omura.

Elle rejoignit alors le laboratoire et, faisant mine d'ouvrir l'un des tiroirs, sortit ses scalpels de sa sacoche de lin. Au moment où elle les saisit, elle se retourna promptement et constata qu'une immense toile d'araignée se dirigeait vers elle – ainsi qu'une autre vers Sanada – dans le but de les capturer tous les deux et de servir de festin à la reine araignée.
En effet, la création de Fusuke n'était pas stupide. Elle avait entendu de la bouche de son maître le reniement de Mifuyu pour le progressisme et, malheureusement pour eux, il ne lui fallut pas longtemps pour qu'elle comprenne que la Sorcière était responsable de la mort de son maître. Elle lui offrait aujourd'hui l'occasion de se venger et, puisqu'elle s'était vue enlever sa raison de vivre, elle pouvait aussi bien s'engager dans un combat à mort contre les deux Uzujin.

La doyenne, prise par surprise, se laissa capturer par cette cage filandreuse tout en ayant pris le soin d'avoir joint ses mains auparavant. La toile qui l'entourait s'enserra tout autour de son corps frêle et, satisfaite, l'arachnide s'approcha d'elle et vint lui planter violemment sa mandibule dans le cœur. Juste avant l'impact, la Jonin manipula son chakra pour déplacer ses organes vitaux au sein de son corps et, ainsi, ne laissa l'attaque de l'araignée que traverser un fin filet de peau qui laissa échapper un fin filet de sang. En même temps, la chair modifiée de l'infanticide se renferma sur la patte de la créature, la maintenant prisonnière.
Mifuyu se débattit péniblement avec le fil de toile pour lever sa main vers le ciel et, concentrant une nouvelle fois son chakra, intima la foudre de la frapper de plein fouet et de se rediriger vers sa prise. L'impact brûlant causa le délitement de la toile et la Sorcière fut à nouveau libre de ses mouvements, tandis que la femme laissa échapper un puissant cri aigu.

"Vas-y, Sanada ! Elle est bloquée !" lui cria l'ancêtre, espérant que le choc de la révélation précédente ne l'empêcherait pas de la sauver.

Résumé :

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Le Prométhée Du Sekai

feat Omura Mifuyu



Alors que la chimère conversait avec la Sorcière, Sanada, lui, se sentait tomber au fond de son âme. Sa conscience en chute libre au sein de son propre corps restait aux aguets, mais le vertige de la plongée était plus fort.
La phrase de l'araignée résonnait dans son esprit, mais plus encore, c'est la réponse de Mifuyu qui venait de détruire la mince digue de la morale du jeune genin.

Cela faisait longtemps maintenant qu'il se questionnait sur la légitimité d'une loi ordonnée par autrui. Pourtant, il se rendait compte en cet instant que malgré son questionnement, les tabous que la société lui avait toujours imposés demeuraient le cadre de sa réflexion.

Mifuyu, elle, s'était réellement affranchi des règles de monde des mortels. Mais où trouvait-elle donc la force de se dresser ainsi contre le monde ?

Si Sanada ne regardait la hiérarchie humaine que comme un simulacre destiné à protéger les faibles, ce n'était que parce que cette pensée était soutenue par la foi, par l'intime conviction d'avoir par-delà la morale des hommes, une mission qui dépassait ce cadre trop petit pour contenir les cieux. Alors que le vide en lui se creusait, des sentiments contradictoires transperçaient son cœur. L'admiration, pour l'abnégation sans faille de la Sorcière pour creuser son sentier au sein de l'existence, mais plus encore, il ressentait autre chose, une gêne qui dégoulinait du corps volé de la sorcière et lui recouvrait le corps. Il se sentait sale, souillé par la pratique innommable de la Harpie en culotte courte. Des centaines d'explications fusaient dans sa tête. Sûrement ses petits-enfants étaient morts avant qu'elle n'use de leurs corps, peut-être qu'ils étaient condamnés.

Mifuyu grand-mère.

Il croisa le regard de la Sorcière une nouvelle fois et un haut-le-cœur le saisit. Il se retint avec difficulté, mais les sueurs froides ne cessèrent de le tirailler.

Sa descente en lui-même fut soudain interrompu par un pressentiment de danger.
Cela lui était arrivé plusieurs fois maintenant, cette impression de devoir fuir avant même l'arrivée d'un danger à l'horizon des sens. Chaque fois, il avait écouté son corps et son envie de ne pas rester sur place, chaque fois, il avait esquivé de peu un coup qu'il n'avait pas vu venir. Encore une fois, il fit donc confiance à son instinct et recula d'un saut.

Une seconde plus tard, une toile d'araignée de forme circulaire passait devant son nez, quelques fils collant s'accrochant à l'organe de l'odorat de jeune genin.
La Sorcière, elle, fut prise de court et sembla emprisonné dans la toile.
Une seconde, Sanada regarda celle qui l'avait mené jusqu'ici, jusqu'à la maîtrise des cieux, jusqu'à la compréhension de son destin. Celle qui allait faire de lui la symbiose entre l'homme et l'animal, dépassant le stade du shinobi. Observant ses minces bras, ses cernes, son petit minois qu'on ne pouvait qualifier d'horrifiant, il comprenait les cicatrices qui parsemaient son corps, la différence très subtile de son grain de peau entre les membres. L'horreur de la création était là, devant lui, et pourtant, il ne pouvait s'empêcher d'y voir une autre évolution de l'homme.
Elle était devenue plus qu'un mortel, elle avait flirté avec les dieux et avait repris son fil du destin à Jashin.

Celle qui guidait ses pas sur le chemin de la mission divine était une pestiférée du ciel, intouchable même par les £egoks en personne. Mais il avait besoin d'elle, plus que jamais, et si les dieux exigeaient réparation, il lui faudrait être bien plus fort pour amener la tête de la pécheresse à Mino.


"Vas-y, Sanada ! Elle est bloquée !"

Le jeune homme s'avança de quelques pas en composant des mudras. La Sorcière semblait saigner et avait été touchée en plein cœur. Elle parlait cependant sans mal.

*Elle a sans doute le cœur dans le bas-ventre, ou dans l'épaule. Que sais-je réellement de cette femme ?*
Se dit le genin avant d'invoquer une majestueuse murène d'orage.

La créature reconnut sa proie instantanément et fondit sur elle. Déjà engourdi par la frappe raiton de Mifuyu et incapable de rivaliser avec la vitesse de l'animal longiligne qui voguait dans l'air, elle fut mordue par la bête affinitaire qui s'enroula doucement autour d'elle.
Sanada avait apprivoisé l'animal éthéré depuis un moment, mais non sans un apprentissage périlleux. Il ne connaissait que trop bien les effets dévastateurs de la murène sur le malheureux qui en était la cible. Elle était douloureuse certes, mais cela n'était pas le plus gênant. L'électricité parcourant son corps se transmettait par contact à la cible, sans oublier la constriction. Il devenait presque impossible de bouger agilement avec cette chose accrochée.
La vitesse de l'Omura était telle que Sanada savait qu'il condamnait l'araignée à une mort certaine sous les coups de scalpels tranchants de la mère infanticide, mais il avait choisi.

Il n'était pas le prophète, il fallait qu'il le trouve. Le messager des dieux allait être la lumière et la fleur. Il était la boue et l'obscurité précédant le printemps.

Il commença l'invocation de senbon de foudre, il attendrait le bon moment, puis, il finirait la triste vie de la gardienne de concert avec son mentor. Il savait qu'avec elle, il allait arpenter des sentiers sombres, mais à ce point... et même si l'effet de la surprise n'avait pas encore soufflé sa déflagration finale, il ne pouvait plus faire marche-arrière. Plus maintenant.

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Le Journal de Fusukenstein : Chapitre 3
~


La suite se passa très vite. Sanada, qui semblait s'être libéré de son combat intérieur, conjura ce qui ressemblait à une véritable murène composée d'éclairs, qui vint s'enrouler autour de l'arachnide dans un cri déchirant. La pseudo-femme était désormais tant bloquée à l'intérieur de la chair de Mifuyu qu'elle était retenue prisonnière de cette imitation de créature aquatique. La Sorcière, il fallait l'avouer, fut impressionnée par une telle maîtrise de la part de son élève. Elle ne l'avait pas vu progresser et la technique qu'il venait d'utiliser – et qu'il avait vraisemblablement apprise par lui-même – était d'un niveau bien supérieur à ce qu'elle avait l'habitude de voir.
Le cri de la création de Fusuke ne s'était pas encore dissipé dans l'air que déjà la chirurgienne avait tranché la mandibule qui lui occupait l'abdomen d'un vigoureux coup de scalpel – lui arrachant un nouveau hurlement désespéré. Les yeux de la terrible, de l'infâme Omura, semblaient s'être injectés de sang. Elle souhaitait faire souffrir la pauvre bête, l'entendre supplier pour sa vie avant de la sentir couiner sous la pression de sa lame. Elle ne lui pardonnerait pas d'avoir dévoilé son secret devant le jeune libraire et d'avoir ainsi mis en péril ses plans pour l'avenir. Il y avait fort à parier qu'elle aurait pu faire de grands progrès scientifiques en la gardant vivante et en la ramenant à la DAPHU, pourtant, en cet instant, son seul réconfort se trouvait dans l'assassinat, froid et cruel.

La gardienne du laboratoire se débattait toujours dans l'espoir de se libérer de son entrave électrique. La panique s'emparait progressivement d'elle, à mesure qu'elle comprenait l'étendue de son erreur. Elle aurait mieux fait de rester terrée dans son plafond, comme elle l'avait fait lors de leur précédente visite au temple. Tant pis, elle périrait dans un ultime effort de défendre les secrets de son maître et, au fond, il n'y avait pas de plus belle mort à ses yeux.
Pourtant, quand elle ressentit l'onde de chakra incroyablement terrifiante qui se dégagea soudainement du corps de la femme-enfant, elle douta. Pire encore, son corps tout entier trembla. Son sacrifice valait-il cette peine, cette douleur qui s'annonçait ?  La fillette, qu'elle avait jusqu'ici sous-estimée, s'était métamorphosée en la mort incarnée, faucheuse implacable et inarrêtable. L'allégorie funeste marchait lentement vers sa proie, le visage apaisée à l'idée du carnage qu'elle allait s'offrir. La chose fut incapable de bouger. Pendant un instant, elle songea même à s'ôter la vie avant l'arrivée de l'effrayante apparition, mais son bras engourdi le lui refusa. Tout mouvement lui était interdit, toute pensée lui était retirée.

Mifuyu brandit son scalpel d'un geste théâtral puis, après avoir insufflé suffisamment de chakra dans son bras, abattit sa main à une vitesse fulgurante. La merveille scientifique fut touchée dans sa gorge et dégagea un sifflement aigu qui ressemblait à mille cris d'agonie.  Le sang coula sur la main de l'Omura. D'un geste du poignet, elle renforça sa prise et donna une nouvelle impulsion vers le bas. Son bras traversa l'intégralité de son abdomen jusqu'à rejoindre la partie d'elle qui n'était plus humaine. L'espace d'une seconde, son corps sembla se scinder en deux avant d'être rattrapé en haut par la tête, en bas par sa taille. Enfin, dans un ultime abandon, ses entrailles se déversèrent sur le sol, aux pieds de la Sorcière dont la blouse était désormais recouverte de sang.
Au moment où la vie s'échappa finalement du tas de chair sanguinolent, la femme dont la beauté l'avait frappée initialement sembla se transformer sous ses yeux. Les vingt années passées dans l'ignorance n'avaient jusqu'alors pas semblé avoir d'incidence sur son corps, pourtant, une fois embarquée dans la barque vers l'autre côté, sa condition de mortelle l'avait rattrapée au galop. Son visage était désormais plus mûre, plus creusé, et certaines rides se dessinaient au coin de ses yeux. Les racines de ses cheveux étaient devenues blanches et des taches maronnasses venaient corrompre son teint. Même elle, qui avait pensé transcender la condition humaine, n'avait su échapper à son pire ennemie : la vieillesse. Comme elle l'avait craint, la solution à la vie éternelle ne résidait pas dans ces expériences.

L'ancêtre sembla immédiatement perdre tout intérêt pour l'adversaire qui avait été vaincue. Sans dire mot, elle se rendit devant le bureau de Fusuke, dont elle analysa d'abord grossièrement les secrets. Après une bonne minute passée dans le silence, elle sortit un sac, dans lequel elle rangea tout document qui semblait avoir sa place dans le journal tant convoité. Sans se retourner, et tandis qu'elle agitait toujours ses mains à la recherche des secrets du scientifique, elle s'adressa finalement à son élève.

"Sanada, dit-elle d'une voix puissante. Si tu as la moindre question à me poser, c'est maintenant. Je tâcherai de répondre avec honnêteté." Dit-elle simplement, se rendant bien compte qu'il était futile de cacher la vérité à présent. L'adolescent était prêt à connaître son histoire et, s'il ne l'acceptait pas, la Sorcière l'accepterait et n'insisterait pas. Elle en ferait alors sa chose, son soldat, dénué de conscience, au service de sa cause – comme ce à quoi il avait été destiné depuis bien longtemps.
Elle continua d'analyser certains des schémas pour faire un premier tri. Elle s'y intéresserait plus en détails dans son laboratoire, quand elle développerait la technique qui lui permettrait d'atteindre le niveau de Fusuke. Non, qui lui permettrait de les surpasser tous, une bonne fois pour toute.

Ils resteraient sur l'île encore quelques jours, le temps d'analyser chaque recoin du temple et de dévoiler tous les trésors du progressiste.

Résumé :

~
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Le Prométhée Du Sekai

feat Omura Mifuyu



Le genin regarda le sang couler.
Lentement, la tache rouge s'étalait sur le sol de pierre brute, les quelques morceaux de chair et d'abats formant des digues que le liquide contournait allègrement. Ce n'est que lorsque la tâche toucha ses pieds que le genin bougea enfin.

Levant les yeux, il contempla longuement le buste de la femme araignée dont les intestins s'étalaient comme des racines, tentant de rejoindre le bas du corps qui, lui, semblait laisser couler un liquide jaunâtre et visqueux.
Plus que la vision, c'est l'odeur qui était la plus insupportable, elle monta rapidement dans le nez du genin, qui, plus dépassé par l'émotion de la révélation du passé de sa guide que par la scène à proprement parlé, dut retenir plusieurs haut-le-cœur.

- Sanada. Si tu as la moindre question à me poser, c'est maintenant. Je tâcherai de répondre avec honnêteté.

Le genin, ne répondit pas tout de suite, trop abasourdi par l'ampleur de la révélation de l'hybride.
La vérité, pour une fois, dépassait de loin les légendes que les habitants du village du Tourbillon avaient colportées sur la Sorcière.

Si vraiment, elle avait usé des corps de ses enfants et, chose encore plus monstrueuse, de ses petits-enfants pour se composer une nouvelle enveloppe charnelle, aucun monstre du continent ne pouvait se targuer de pareil ignominie.
Le genin, regarda l'Omura, laissant son regard voguer sur la peau pâle parsemé de fines cicatrices régulières. Il redécouvrait sa guide, imaginant a quoi pouvait bien ressembler les fillettes d'où avait surgi la bête immonde.
Il hésitait, il voulait savoir, comprendre, accepter. Alors qu'elle recherchait encore ce qui pouvait être utile sur le bureau de l'ancien progressiste, Sanada laissait son esprit explorer les multiples hypothèses qui auraient pu justifier un tel acte. L'Omura, comme l'élu de la Pythie, était convaincu d'avoir un rôle à jouer sur cette terre, un rôle qu'elle n'avait pas fini d'exercer. Du moins, c'est ce que pensait le jeune homme, incapable d'imaginer que la vie charnelle puisse être la seule motivation aux crimes de la Harpie.

Il se rapprocha d'elle, puis, lentement, il se mit à genoux afin de lui faire face.

Il approcha sa main de sa joue, il savait bien que leur relation n'avait rien de personnel, ils n'étaient pas amis, encore moins amant, et pourtant, jamais il ne s'était senti aussi lié à une personne, aussi dégoutante soit-elle. De la paume, il caressa le visage de la Sorcière, parcourant de ses doigts les milliers de points de suture cicatrisée. Puis, il passa au bras, puis aux jambes. De si près, il pouvait nettement distinguer la différence de grain de peau et donc, les “parties” du corps qui avaient la même origine.
Enfin, au bout d'un long moment, il se releva.
Sa voix vint briser le silence alors qu'il s'adressa à son mentor.

- Je vous remercie, je n'ai pas de questions, pas pour le moment. Je ne pense pas que je sois prêt. Mais un jour, je reviendrai vers vous pour achever cette conversation, j'espèrerai alors de la sincérité.

Sans un autre mot, le genin quitta la pièce, laissant la sorcière finir sa besogne.Il eut du mal à s'endormir ce soir-là, contemplant les étoiles sur son hamac, il se balançait au rythme du vent, laissant la fumée de son calumet planer vers le large. Maintenant qu'ils avaient trouvé la dernière pièce de l'énigme Fusuke, il allait patienter gentiment pendant que Mifuyu finissait ses recherches.

Alors qu'il tentait de trouver une occupation le lendemain, le souvenir d'un jeune Uchiha, partenaire d'examen et personne de confiance, resurgit. Akira avait impressionné le genin dans sa maîtrise du raiton.
Le membre du légendaire clan gardien du sharingan avait notamment bloqué la jolie albinos de l'équipe adverse. La technique dans son souvenir, ressemblait à s'y méprendre à une toile d'araignée sculptée dans la foudre brute. Pouvoir stabiliser le raiton pour lui donner une forme aussi fine et régulière relevait de la prouesse pour la mince expérience qu'avait Sanada dans le domaine. Pourtant, il était déterminé, il allait utiliser le temps libre qu'il avait pour s'entraîner, il fallait qu'il devienne plus fort, pour pouvoir se protéger, de ses ennemis, du monde, de la sorcière.




La coque du navire fendait les flots, approchant lentement, mais sûrement de l'île au trésor.

Kenichi debout, la main sur le front pour contrer les rayons du soleil si puissant dès le matin en pleine mer, attendait avec impatience de fouler la terre.
Malgré des décennies de voyage et d'aventures, son estomac n'arrivait toujours pas à se faire aux remous permanents des embarcations aquatiques.
La lettre de sa vieille amie Miyamoto Rokuro dans la main, il avait hâte de découvrir le jeune homme en question. Le Ranton était un art des plus rare, et ce, même au sein des shinobis.

Alors que la barque approchait enfin de la plage, il distingua un petit campement de fortune. Il ordonna à l'équipage de maintenir le cap dans cette direction puis rassembla son bazar.

Kenichi n'était pas un homme discret. Le Journal de Fusukenstein Chap 3: "Le Prométhée du Sekai" [Ft Omura Mifuyu] Cas3

Son long manteau de cuir en crocodile des îles était de couleur or, bien que les intempéries aient eu raison de l'éclat initial de la peau. Il avait eu ce cadeau à l'obtention de son troisième anneau d'or, et ne l'avait jamais quitté depuis. Des dizaines de chaînes, pendentif, et amulettes étaient accrochés à ses habits, réminiscence de son passage dans le cercle de bronze. À sa ceinture, ce qui semblait être une canne trônait à côté d'une lampe étrange, qui semblait briller d'une lueur bleutée en permanence, et ce, même en plein jour. Le shinobi voyageur était de plus, bardé de bijoux en tout genre. La camelote côtoyait des œuvres de grands orfèvres dans un éclectisme stylistique surprenant. Seul son visage était épargné par la profusion de bijoux et autres objets hétéroclites qui composaient son accoutrement. Il avait, toutefois, deux anneaux d'or sur chaque lobe d'oreille, qui étincelaient au soleil. Ses recherches sur l'animalité des projections chakratiques avaient fini par le mener dans les mers du sud, et voilà que, grâce à son réseau, l'étude du ranton venait à lui.

Pour un baroudeur comme Kenichi, retrouver la trace de deux Uzujins avaient été aisé.
Malgré leur précaution, les civils savaient toujours tout, moyennant une petite bourse de ryos.
Et les ryos, ce n'est pas ce qui manquait au chercheur.





Sanada savourait la première taffe de calumet quand il aperçut une embarcation au loin, cela faisait trois jours qu'ils étaient sur l'île, le pêcheur avait, vraisemblablement de l'avance.

À vue d'œil, Sanada estima son arrivée à quelques heures, il avala donc le reste de son gâteau de riz et s'étira pour continuer l'entraînement qu'il s'imposait depuis la veille. Mifuyu, elle, semblait absorbée dans les notes de son ancien partenaire et ne quittait que très rarement la tente ou le laboratoire caché au sein du temple.

Le soldat des Cinq reprit l'invocation de la toile d'Akira, comme il l'avait nommé intérieurement. Il arrivait à peine à contrôler les quelques filaments qui jaillissaient de ses paumes et sitôt se posaient-ils sur le sol qu'ils disparaissaient sans laisser de traces. Le jeune homme décida de changer de méthode, créant d'abord un filament de foudre avant de tenter de l'appliquer délicatement sur le sable. Ce fut facile, stabilisé si peu de chakra n'était pas le plus compliqué, c'était la multitude et surtout, l'enchevêtrement de ceux-ci qui rendait la technique si complexe à appréhender.

Il pratiqua ainsi, méthodiquement. Il ajoutait les filaments un à un, les entremêlant pour former la toile qui l’avait tant impressionné lors de la seconde épreuve de l’examen.

Trop absorbé par son labeur, il en avait oublié le pêcheur et son embarcation.

- C’est une façon originale d’apprendre cette technique jeune homme. Dit Kenichi qui venait de fouler la plage.

Avec un sourire, il composa lui-même des mudras, invoquant une toile de foudre qui s'élança vers Sanada à une vitesse ahurissante. Le jeune uzujin fut incapable d’éviter l’attaque et se retrouva irrémédiablement piégé. Ne connaissant pas l’intrus et paniqué par une telle maîtrise du raiton, il invoqua une murène de foudre qui se jeta sur l’inconnu.

Kenichi eut un sourire en dissipant l’animal de chakra d’une puissante technique futon.

- Eh bien, en voilà une bien belle technique ! Fukui Kenichi, Arpenteur, shinobi et enchanté de faire ta connaissance. Je cartographie la région pour mon organisation. C’est un bienheureux hasard que de croiser un shinobi si loin du village du Tourbillon. Dit-il en dissipant sa propre technique.

Technique à apprendre:

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Actions de Kenichi:

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Le Journal de Fusukenstein : Chapitre 3
~


Quand vint la nuit, la Sorcière était toujours en train de fouiller les affaires du scientifique de génie. Tout était là. C'était un véritable temple de la science, chaque lit et chaque squelette étant un autel à l'effigie du progrès. Les mystérieux ossements qui habitaient ces lieux étaient telles des divinités de la nature, mi-hommes, mi-bêtes. La seule différence était que, contrairement aux créatures mythologiques, celles-ci n'étaient ni sacrées ni vénérées, excepté par l'ancêtre. Elle voyait ici son avenir. Non pas la fin de sa vie, qui était réservée à des prouesses plus exceptionnelles encore, mais au moins les quelques années à venir. Elle serait la première à créer d'imposantes chimères qui, à condition de reprendre la main sur son clan, viendront renforcer ses rangs. Peut-être mettrait-elle ces créatures au service du village des tourbillons, peut-être au contraire s'en servirait-elle pour sortir de sa sphère d'influence.

Toutes les intrigues politiques n'avaient plus lieux d'être pour les deux jours qui restaient au duo sur l'île, avant que leur embarcation ne les ramène à Eno-shima. Seule la science comptait. Mifuyu avait attendu ce moment depuis le jour où le jeune libraire était venu lui apporter la première partie du journal de Fusuke, devenant par la même occasion son cobaye le plus spécial. Il n'était pas comme les autres, car il maîtrisait l'orage. Il était destiné à plus et la Sorcière ne pouvait se permettre de précipiter les choses. Maintenant qu'elle était en possession de tous les éléments qui manquaient, elle pouvait commencer ses recherches pour atteindre le niveau du défunt progressiste. Elle n'avait pas attendu ce jour pour parcourir ses écrits, bien sûr, mais les pages manquantes s'imbriquaient dans ce puzzle pour lui donner tout son sens. Jusque-là, tout ce qu'elle avait récolté demeurait incomplet : il lui manquait la découverte de ce lieu pour lever le voile sur sa quête.

La nuit qui suivit, Mifuyu, comme son élève, peina à trouver le sommeil. Elle n'était plus inquiète de sa réaction, mais simplement noyée dans l'excitation. Le lendemain marquerait le premier jour de la nouvelle ère, de sa seconde renaissance. Car oui, cette greffe, elle comptait bien se l'infliger à elle-même. Elle deviendrait la plus impressionnante et la plus puissante des chimères et serait promue au rang de réelle légende Omura. Dans deux siècles peut-être serait-elle encore là et, si ce n'était pas le cas, on se souviendrait d'elle comme la fondatrice d'une nouvelle race en tout point supérieure aux humains. Elle serait la matriarche.

Le lendemain, dès la première heure, la chirurgienne était retournée dans le laboratoire. Elle avait éparpillé sur le sol toutes les pages qu'elle avait collectées jusqu'à présent de manière à créer une véritable fresque scientifique. Les schémas se suivaient et se complétaient et, pour celui qui avait l'œil averti, on pouvait y suivre le récit de la création de la première chimère, que la vieillarde identifia comme étant les ossements auxquels étaient accrochés une immense paire d'ailes, provenant sans doute d'une espèce qui lui était inconnue.
La vieillarde suivra les mêmes étapes que Fusuke et maîtrisera sa technique, elle l'espérait, d'ici quelques semaines. Elle étudia d'abord les premières pages, qu'elle avait acquises depuis bien longtemps. Elles étaient en fait arrachées au premier journal du scientifique, qui avait été rendu publique à la bibliothèque d'Uzushio. En effet, on y découvrait une série d'hypothèses et de recherches préliminaires et, jamais à partir de ces quelques informations, on aurait pu imaginer que des centaines d'autres pages avaient été écrites sur le sujet. Même les Ethiques s'y étaient fourvoyés et en avaient autorisé l'accès, sans savoir que tout ce qui avait été consigné ici fut destiné à être appliquer en laboratoire.

Les bases étaient simples. Elles reprenaient les rudiments de la technique de greffe que lui avait enseignée sa disciple. Le point de départ était la greffe humaine et le procédé restait le même. Le premier chapitre traitait de la première difficulté à laquelle serait confronté le scientifique qui souhaiterait créer une créature hybride : comment choisir l'animal ?

Mifuyu l'apprenait mais, comme une greffe de sang était conditionnée par le groupe sanguin du patient et du donneur, toute personne ne réagissait pas de la même façon à une greffe et certains types d'animaux devaient être proscrits en fonction du corps du receveur. Par exemple, il était arrivé à Fusuke que certains de ses cobayes rejettent la greffe et en meurent, non pas car sa technique médicale n'était pas aboutie, mais parce que le choix d'animal, ou en tout cas d'organe, n'avait pas été le bon. Avant chaque greffe, il était d'usage d'effectuer toute une série de tests qui étaient décrits dans ces pages. Il fallait en comparer les résultats avec d'autres analyses encore, effectuées directement sur le corps animal.
Elle prit alors toute l'après-midi pour apprendre chacune des formules, dont il restait encore quelques extraits dans des fioles disposées autour des lits désormais vides. En effet, elle avait également pris le temps de réassembler les différents ossements et de les déposer dans un coin de la pièce, où elle pourrait, plus tard, les analyser plus en détails. Les tests étaient complets : analyses sanguines, prélèvements osseux et stimulations musculaires. Toutes ces informations permettaient de déterminer avec précision si un organe animal pouvait substituer à l'organe humain originel. Elle apprit également à en interpréter les résultats, qui avaient été classés dans un tableau par Fusuke, reprenant la typologie des grandes familles animales. Ceux dont les fibres musculaires étaient les plus souples, par exemple, étaient jugés plus sensibles aux greffes reptiliennes. Au contraire, ceux dont les os étaient les plus solides étaient destinés aux greffes les plus lourdes, comme des cornes ou des sabots.

La Sorcière continua ainsi pendant des heures, trop happée pour se rendre compte de ce qu'il se passait sur le rivage. Elle ne revint même pas au campement à l'heure du repas et, ainsi, ne vit pas qu'un de ces diables d'arpenteurs avait rejoint son élève.




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Le Prométhée Du Sekai

feat Omura Mifuyu



Le soldat des Cinq ne répondit pas tout de suite.

Voir débarquer un étranger sur une si petite île perdue au milieu d'un immense océan ne pouvait pas être un hasard. Quand bien même, le fils de la Pythie ne croyait pas en la contingence des choses, sa vie était un destin, c'est le phare qui illuminait la sombre mer en quête de puissance, en quête de la fusion avec un plus grand tout.

Le nom de l'arpenteur résonna un moment sans son esprit. Il avait eu un cours sur l'animalité du chakra, et la thèse étudier, celle qui avait permis l'exécution de la murène de l'orage, avait été écrite par la même personne qui venait de la détruire. Étrangement, Sanada s'était imaginé le chercheur mort depuis longtemps, ou étant un vieil homme bedonnant, s'essuyant régulièrement la sueur qui perlait sur son front pour épargner les innombrables livres qui l'entouraient en permanence, un peu ce à quoi ressemblait son ami et libraire Sugihara en somme. Pourtant, il avait certes devant les yeux un homme d'un certain âge, mais la puissance et la maîtrise qui émanait de chaque pore de sa peau n'avait rien de comparable avec un intellectuel de bureau. Lorsque Kenichi parlait d'un sujet, il ne faisait pas que le penser à posteriori, il l'avait d'abord vécu.

- Comment savez-vous que je suis d'Uzushiogakure ?
Dit le jeune homme enfin décidé à briser le silence.

- C'est simple, nous sommes sur une île, pas grand chose mise à part un vieux temple fouillé par mes pairs il y a de ça plusieurs années, un jeune homme encapuchonné, qui traine dans un bivouac trop grand pour un seul homme, et qui, en plus, s'amuse à coudre du raiton comme s'il voulait tricoter le tonnerre. Continuant sa démonstration, il commença à faire les cent pas, le son claquant de sa canne ouvragée tapant contre les palmiers environnants à mesure de son développement. Toutes ces observations indiquent donc que tu es un shinobi, jeune, ne maîtrisant pas une technique assez simple du raiton, donc un apprenti, je dirais genin. Un peu vieux pour un débutant, donc tu n'es pas clanique ou maman ne voulait pas que son trésor se blesse. Mais prenons gage que les faits gisent dans la première théorie. Tu es donc un genin, s'en suit une déduction simple, aucun village ne laisserait un débutant partir seul. Tu es donc accompagné, sans doute de ton supérieur, qui doit être occupé.

Kenichi savait bien sûr tout cela avant même d'avoir mis un pied sur cette île. Mais il n'avait guère de temps pour s'embarrasser avec la vérité, il s'assurait une approche aussi convaincante qu'impressionnante et nul doute que s'il voulait pouvoir analyser le ranton de plus près, il allait devoir user de ruse pour convaincre l'Omura.

Que ces deux ninjas aient des choses à cacher au village, au fond, il n'en avait que faire. Contrairement à la hiérarchie qui voyait toujours d'un bon œil qu'un arpenteur indépendant aide un village. Si l'organisation était puissante et pourrait se permettre des voyages sur tout le continent, elle le devait en grande partie à ce genre de “services” que ses membres rendaient régulièrement.

- Très bien, vous êtes assez fort, je dois l'admettre. Maintenant, allez-y, cartographiez. J'ai un entraînement à finir.
Dit le jeune homme d'un ton qu'il voulait le plus désintéressé possible.

Il n'avait pas forcément une grande animosité contre cet homme, après l'avoir lu, c'était même tout le contraire. Mais la Sorcière n'allait pas permettre qu'un inconnu viole le lieu où le secret de leur renaissance venait de naître. Elle ne pouvait compromettre les notes qu'elle venait de découvrir, et Sanada le savait pertinemment.

- Je vais faire cela dès que tu seras capable de lancer une toile de foudre correcte.

- Je n'ai pas besoin de vous.


- Sais-tu à qui tu parles petit morveux ? Dit l'arpenteur un sourire aux lèvres. Des dizaines de shinobis paieraient pour puiser dans le savoir que la terre m'a donné.

- Je ne suis pas riche.

- Mais tu es drôle !
répondit Kenichi en se levant. Allez jeune homme, c'est pas si compliqué.

Sanada, convaincu qu'il n'allait pas se débarrasser aussi facilement de l'intrus changea de stratégie. Après tout, s'il pouvait lui apprendre des choses pour améliorer son exécution, il allait sans doute partir après. Il suffisait d'être rapide, vif, à l'écoute des nouvelles informations sans omettre l'avancée qu'il avait effectuée seul. Il commença donc par former, fil par fil, sa toile, comme il le faisait avant l'arrivée de l'arpenteur.

- Le temps que tu fasses une toile, je peux aller à Suna, boire un jus de datte au miel, passer par la forêt Nara, chasser un cerf, m'échapper de leurs ombres, faire un coucou à votre Chef, puis revenir.Sanada n'écoutait pas, trop concentrer à placer consciencieusement ses fils. Ta méthode n'est pas bonne. Pourtant, si tu es capable d'invoquer une murène d'orage, tu es capable de faire cette toile. Et oui, je sais reconnaître un godaï quand j'en vois un. Dit-il pour répondre au regard surpris que n'avait pu retenir Sanada. Vous avez à Uzushiogakure un très bon spécialiste de ninjutsu affinitaire.

- Yasunari Kawabata, c'est lui qui m'a aidé à maîtriser cette technique.

- Exactement ! Dit le shinobi en claquant des mains de manière grandiloquente. Et notre cher Kawabata est un fervent adepte de l'apprentissage par l'imitation. Mais tu t'imagines bien que je ne vais pas te demander de chasser l'araignée pour pouvoir la regarder tisser sa toile.

Sanada déglutit avec difficulté, si Kenichi savait qu'il y avait ici, jadis, et surement à l'époque où ses pairs avaient fouillé l'endroit, la plus belle et la plus extraordinaire des arachnides, il n'aurait pas eu ce sourire franc.

Sanada ressentit comme un poids s’envoler. Même les esprits les plus brillants n’avaient pas l’omniscience des dieux.

- Visualise ta toile, mais surtout, pense à ce que tu désires. Ton esprit est le maître, le corps est l’esclave, le chakra, c’est le champ. Si ton esprit ordonne, ton corps fait. C’est lui qui moissonne. Mais les coups de fouets, eux, ils viennent de là-dedans. Dit-il en appuyant légèrement sur la tempe de Sanada. Il faut en permanence que l’esprit ait le champ en tête. Et il faut que le corps moissonne. Sans arrêt. Lève-toi ! Tu as l’éternité pour dormir ! S'écria-t-il si fort que Sanada sursauta. Ne pense pas à une toile, penses à enfermer ton adversaire. C’est le raiton qui choisit comment le faire, comme c’est le riz qui choisit comment il pousse. Oh, tu peux toujours tenter d’aligner les tiges, mais elles pousseront dans le sens qui leur convient.

Sanada acquiesça avant de recommencer l’exercice. Bien qu’aussi difficile, il parvenait effectivement à produire beaucoup plus de filaments sans même y penser.

Avec les essais, Sanada augmentait la vibration dans les fils, provoquant les torsades caractéristiques qui s’imprégnaient dans le sol, provoquant le piège électrique. Les conseils de Kenichi étaient précieux bien que trop métaphoriques.
Mais Sanada ne pouvait nier que sa pédagogie était efficace. C’est en fin d’après-midi qu’il maîtrisa enfin complètement le piège d’Akira. Il ne se sentait pas peu fier et comme chaque fois, la réussite redonnait un regain de motivation au genin, qui, plus concentré, pouvait peaufiner la technique à son aise.

Il proposa un thé à l’intrus tandis que lui-même allumait son calumet. Il était trop tard pour qu’il reparte, la mer seul, la nuit, était un piège bien plus coriace que n’importe quel jutsu.

Technique à apprendre:

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Le Journal de Fusukenstein : Chapitre 3
~


Dans l'après-midi, la vieillarde avait fini de mémoriser toutes les formules des différents tests, ainsi que leurs résultats. Elle put ainsi passer à la seconde partie des notes de Fusuke, qu'elle avait simplement intitulée "Chapitre 2". Celui-ci traitait des connaissances théoriques liées à la greffe plus particulièrement. Comment manipuler son chakra, comment intégrer un organe externe dans un corps sans qu'il soit rejeté ? Si elle connaissait déjà les bases de tout cela, bien sûr, il y avait certaines nouvelles règles à respecter quand l'organe greffé était d'origine animale. Puisqu'elle ne pouvait pas pratiquer ici, la séance serait uniquement dédiée à l'apprentissage et l'observation de deux problématiques principales : d'abord, empêcher le rejet d'un membre animal ; puis, forcer l'acceptation du même organe.
Blanc bonnet, bonnet blanc, dirons-certains. Pourtant, la nuance entre ces deux expressions était bien présente et même d'importance capitale. La sémantique pouvait s'avérer piégeuse de bien des manières et dans bien des occasions. Un rejet entraîne une violente réaction de nécrose, mettant en péril la vie du patient. Empêcher ce rejet, donc, revient à attacher l'organe tout en empêchant la formation de nécrose ou de toute autre infection. Par l'acceptation du membre extérieur, on entend l'acceptation des fonctions motrices qu'il suppose. En clair, en greffant des griffes de loup sur des doigts, on s'attend à ce qu'elles soient solides ; quand on remplace une jambe par une patte de cheval, on s'attend à ce qu'elle permette de se déplacer.

La Sorcière se plongea donc dans ces deux questions fondamentales. Le Narrateur se permet de passer les détails techniques et scientifiques du procédé étudié qui, il faut l'avouer, est absolument indigeste pour le cerveau profane. Pour un cerveau initié comme celui de Mifuyu, en revanche, c'est un plaisir absolu et sans aucun égal.

Elle potassa donc les différentes théories développées par Fusuke. Maintenant qu'elle avait complété ses notes avec les derniers schémas trouvés dans cette salle, tout prenait un nouveau sens. Elle avait déjà essayé de comprendre ses formules et expériences auparavant, mais il y avait toujours quelque chose qui n'allait pas. Aujourd'hui, plus que dans un entraînement, elle se sentait prise dans un bon roman dont elle était le héros. Elle suivait avec envie les aventures du scientifique et reproduisait mentalement chacune de ses actions, la menant à chacun des cadavres qui se trouvaient dans cette salle.
Elle en apprit plus sur comment doser son chakra, comment l'altérer, comment le créer et comment l'utiliser. Elle mémorisa le procédé typique d'une greffe dans toutes ses étapes, les précautions à prendre en amont et les erreurs à ne surtout pas commettre. C'était un art très compliqué, mais dont le résultat dépassait toutes les espérances.

Pour mieux visualiser toutes les connaissances qu'elle était en train d'emmagasiner, la Sorcière s'en fut analyser plus en détail les carcasses qu'elle avait préalablement arrangées contre le mur. En les ayant toutes dans son champ de vision, elle pouvait mieux les comparer. Sur les huit ossements, six avaient été jugés comme un succès par Fusuke et deux greffes avaient échoué. Etudier leurs différences fut très profitable pour la vieillarde qui parvint à mieux comprendre. La précision et la rigueur étaient les plus importantes valeurs ici : les deux échecs avaient en fait été les premières greffes. Les membres avaient été attachés plus grossièrement et la phase d'acceptation ne s'était jamais pleinement effectuée.

Enfin, il lui restait devant elle un sujet particulier qui ne s'était pas encore décomposé. L'arachnide, dont les trippes peignaient toujours le sol du laboratoire, n'avait pas bougé. La vieillarde la souleva difficilement et la déposa sur un des lits. Elle étala sur la table qui y était attachée les quelques organes qui traînaient encore par terre. Se servant des ustensiles médicaux qui se trouvaient sur les lieux – elle avait tout de même la chance de se trouver dans un laboratoire, elle aurait tort de ne pas en profiter – elle découpa avec précision les parties qui avaient servi de points d'attaches à la transformation de la femme. Elle observa avec attention les fils chirurgicaux, les cicatrices et traces de découpe, puis passa un morceau de peau qui avait servi de jonction sous un microscope. Elle nota toutes ces informations dans ses carnets personnels, dans lesquels elle n'avait cessé de commenter les recherches de Fusuke depuis qu'elle avait trouvé la première partie du journal.

Proche du cœur de la chimère, son scalpel se heurta à un objet solide. Après avoir écarté ses cotes à l'aide d'une pince en fer, elle en sortit un petit coffre de bois. Que faisait-il ici ? Pour qui Fusuke l'avait-il laissé ? Il devait se douter que quelqu'un continuerait ses recherches, dans le cas où il ne reviendrait pas. Cette boite avait donc au moins vingt ans !
Elle le nettoya du mieux qu'elle put, puis, ne pouvant se contenir plus longtemps, l'ouvrit. Elle y trouva une vieille lettre sur laquelle avait été rattachée une note, ainsi qu'une petite clef métallique, d'une forme qu'elle n'avait jamais vue auparavant. Ce devait être une drôle de serrure. Sur la lettre étaient écrits à l'encre presque effacée ces quelques mots :

"Mon cher Fusuke,
Je vous confirme que votre homme est bien arrivé sur notre île la semaine dernière. Ses travaux ont déjà commencé et nous serons bientôt en mesure de vous fournir de nouveaux cobayes en échange de votre aide.


Akeru, de l'île de l'orage.


PS : Ma sœur et moi sommes ravies d'avoir pu vous aider à améliorer la défense de votre laboratoire."

Sur la note se trouvaient seulement quelques chiffres, que Mifuyu interpréta rapidement comme des coordonnées maritimes. Ses mains tremblaient. Akeru, Akeru, Akeru. Se pourrait-il qu'il s'agisse d'elle ? Son adversaire de Baransu était en effet une scientifique talentueuse, qui maîtrisait la foudre comme personne et était parvenue à déclencher un véritable orage artificielle lors du siège par Tetsu.
Était-ce elle ? Peut-être bien. Elle devait le découvrir et, si la chance lui souriait, mettre la main sur ses recherches. Comme il était tard et que la doyenne n'avait toujours pas mangé, elle referma le coffre, y glissa tous ses précieux papiers et reprit la direction du campement.

En arrivant, elle s'aperçut que Sanada n'était pas seul au coin du feu. Un homme lui faisait face. Il ne semblait pas y avoir d'animosité entre eux, aussi elle décida de s'approcher encore pour le voir de plus près. Elle n'aimait pas cela. Qui était-il, comme les avait-il trouvés et que leur voulait-il ? Personne n'avait mis les pieds sur cette île depuis bien longtemps, elle pouvait difficilement imaginer que l'étranger ce soit trouvé ici par hasard en même temps qu'eux.
Tous deux partageaient un thé. A quelques pas d'eux, elle distingua plus exactement la silhouette de l'homme. Ses sourcils se froncèrent. Elle ne le reconnaissait pas, il n'était pas du village. Il était paré de tant d'accessoires qu'il était difficile de le prendre au sérieux. La Sorcière décida d'adopter une attitude calme, pour le moment. En arrivant près du duo inédit, elle déposa simplement le petit coffre dans son sac personnel, puis s'adressa à son élève.

"Sanada, j'ai trouvé quelque chose qui devrait te plaire. Elle vint s'asseoir à côté d'eux et, pour la première fois, reconnut la présence de l'inconnu. Elle le transperçait de son regard le plus froid. On pouvait presque sentir la mort se dégager directement de son aura. Qui êtes-vous ? Que nous voulez-vous ?"




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Le Prométhée Du Sekai

feat Omura Mifuyu



L'arpenteur ne répondit pas tout de suite, observant la Sorcière et son disciple avec un air amusé en finissant sa tasse de thé comme si rien n'aurait pu le déranger en cet instant.
Enfin, il se leva et s'approcha de L'Omura, la dominant de toute sa taille.

- Fukui Kenichi, pour ne pas vous servir ! Arpenteur du cercle d'or et explorateur du chakra. Je suis en mission pour cartographier la région pour notre bibliothèque, qui se targue d'être, de loin, la plus complète du continent. Et pour que cela dure, il faut sans cesse remplir les nouvelles étagères de parchemins. Vous comprenez ?

Kenichi fit semblant d'être intéressé par la Sorcière, bien qu'il savait depuis le départ qui elle était. De tout le clan Omura, le nom de Mifuyu était sans doute celui qui évoquait le plus de légende et d'interrogations. Kenichi se souvenait parfaitement, durant son jeune âge, avoir lu des rapports de batailles mentionnant ce nom. Il savait pertinemment qu'il ne fallait pas la prendre à la légère, mais il n'était pas un ennemi, et il savait se défendre, il ne craignait donc pas la réaction de la Harpie.

- J'ai débarqué sur l'île il y a de cela plusieurs heures, et en tant que passeur de savoir, je n'ai pas résisté à la tentation d'aider votre élève à la réalisation de sa nouvelle technique. Grâce à moi, il est passé de la couture au fil de foudre à une véritable toile comme on en fait plus tellement. Cette technique est assez rare de votre côté du monde.

- Je l'ai observé pour la première fois venant d'un Uchiha pendant l'examen chuunin d'Uzushio. Dit Sanada d'une voix neutre.

La grandiloquence du personnage ne lui plaisait que très peu et maintenant que Mifuyu était là, il se rendait compte à quel point leur duo était complémentaire. Le soir, l'un et l'autre étaient plongés dans des recueils, médicales pour la Sorcière, philosophique et religieux pour le jeune homme. Le silence n'avait pourtant rien de gênant dans ces moments et il était brisé que pour proposer une tasse de thé ou une part du repas que l'un ou l'autre avait préparé. Aucune comédie, aucun artifice ne venait polluer leur relation, tout le contraire de cet Arpenteur qui faisait toc, de son ton hautain jusqu'à ses bijoux trop flashy pour réellement valoir quelques choses.

Sanada se leva pour composer les mudras qui l'occupaient depuis plusieurs jours maintenant. Il s'agenouilla avec rapidité pour plaquer ses mains émanant de raiton au sol. Du bout de ses doigts jaillirent de fins filaments bleutés qui brillait sous le soleil couchant. Une toile assez large se grava dans le sol et y resta même après que son auteur se fut relevé.
Kenichi déposa lentement sa tasse de thé qui était maintenant vide et sauta à pied joint sur la toile.

- C'est une technique de capture qui pourrait être l'une des plus efficaces du ninjutsu affinitaire si elle n'était pas si voyante. Dit l'aventurier. Il souffla ensuite sur la toile sans même user de mudra, ce qui la fit disparaître pour de bon.
Tu te doutes que, comme toutes techniques raiton, son point faible est le futon. Le vent dissipe…

- ...la foudre.Répondit Sanada en coupant l'arpenteur. La Nature nous montre la voie, il suffit de l'observer pour comprendre la synergie des affinités.

- Et bien ! En voilà un lecteur assidu ! Dit-il sans camoufler la satisfaction qui se dessinait sur son visage. Une vie de recherche et il suffit d'un mois de lecture pour m'égaler dans la théorie. C'est à la fois si triste et si grisant. Passer le pouvoir et le savoir aux nouvelles générations, voilà ce qui devrait être notre but, n'est-ce pas Mademoiselle ? Dit Kenichi en regardant Mifuyu d'un air amusé.

Évidemment, il ignorait tout des révélations que Sanada avait découvert plus tôt. Mais il était un grand chercheur et un fin observateur. Il se doutait que l'apparence de la jeune fille ne correspondait pas du tout à son âge. Il tablait sur une technique secrète Omura, mais la vérité, c'est qu'au fond, il s'en moquait.

- Je vais emporter mon barda avec moi pour cartographier l'île, puis, demain, je reviendrai sur cette plage. J'aimerais beaucoup un petit entraînement. Par les temps qui court, nous autres arpenteurs avons très peu d'occasions d'exercer notre art martial. De ce fait, je serais enchanté de découvrir ce qu'un Jonin du village pacifiste du Tourbillon est capable de faire. Mais tu ferais bien de te préparer ma grande, je ne vais pas contrôler ma puissance pour que tu gardes la face devant ton élève. Si je remporte le duel, je veux avoir accès à tous vos documents concernant le ranton de ce jeune garçon, ne me faites pas croire que les Omura ne se sont pas intéressés à ce genre de choses. La médecine est un vaste monde, une forêt de connaissances, et les scientifiques, comme vous aimez vous appeler, ont une fâcheuse tendance à rédiger des rapports pour tout et n'importe quoi. J'imagine donc que vous avez le dossier de ce jeune homme ici présent. Il suffira de l'envoyer à l'organisation. De plus, je veux un essai de Sanada concernant son ressenti sur son affinité, essai qu'il enverra avec vos notes à l'adresse que je vous indiquerai. Si je perds, je veux bien soutenir l'intronisation du jeune homme dans le cercle d'or d'arpenteurs. Rien ne garantit son admission, mais s'il y arrive, il aura les ressources allouées aux chercheurs ainsi que le matériel unique de notre organisation. Se tournant vers Sanada, il continua. C'est un honneur que je te fais, alors motive donc ta sensei. Dit-il avant de disparaître dans l'obscurité de la forêt.

Décidément, ce personnage au départ exotique lui paraissait de plus en plus antipathique. Mais c'est avec un brin d'excitation qu'il s'endormit ce soir-là.
Le combat promettait d'être titanesque.

C'est aux aurores qu'il se leva, réveillé par la brise et le soleil qui pointait le bout de ses rayons. Mifuyu était debout, le visage plus déterminé que jamais.
En face, l'arpenteur aussi était là, un grand sourire aux lèvres.

- Je pense que Sanada sera un bon arbitre, je propose d'arrêter avant une blessure grave. Nous sommes loin de tout, et malgré la confiance que j'ai en votre technique médicale, je ne tiens pas à ralentir mon voyage.


Sanada alluma son calumet pour calmer les battements de cœurs qui tambourinaient dans sa poitrine.
Il se plaça au milieu puis levant la main s'écria :Hajime !

Avec une facilité qui semblait déconcertante, Kenichi se dédoubla plusieurs fois, créant des clones qui semblaient être nés d'une puissante vague de l'océan.
Puis, s'emparant de leurs cannes, ils dégainèrent une lame de la taille d'un katana, mais qui n'en avait pas la forme, avant de se jeter tous les deux vers la petite fille.

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Le Journal de Fusukenstein : Chapitre 3
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Fukui Kenichi… L'homme qui partageait leur campement était donc ce pseudo-scientifique théoricien du chakra. Un branquignol, si vous demandez l'avis de la Sorcière. Elle était une scientifique, une vraie, se basant sur des preuves et un procédé expérimental rigoureux. Lui, uniquement sur des théories, de l'invention et de la rhétorique. Il prétendait être là pour cartographier l'île. Elle le soupçonnait de mentir, mais même dans le cas où il disait la vérité, cela ne l'arrangeait pas du tout. Personne ne devait découvrir le repère du laboratoire clandestin de Fusuke. Si on en venait là, elle devrait le détruire d'elle-même pour ne pas entacher sa mémoire et, surtout, pour protéger son avenir. Cela lui serait particulièrement pénible.
Perplexe et concentrée, elle ne vit pas la démonstration de son élève qui, apparemment, maîtrisait une nouvelle technique. Elle n'aimait pas du tout l'attitude de l'arpenteur. Comme dans ses écrits, on sentait qu'il aimait s'entendre parler et occuper le centre de l'attention. Qu'y avait-il donc de si majestueux dans l'enseignement d'une technique à un enfant moins expérimenté ? Des centaines et des centaines de shinobi le faisaient chaque jour, elle y compris. Elle se refusait à écouter tout ce qui sortait de sa bouche car, avant même de l'entendre, elle savait que cela ne la mènerait à rien. Elle n'en avait franchement rien à faire de son petit numéro et, pour être franc, préférerait qu'il ne s'éternise pas trop avec eux. Le duo avait à parler de choses importantes et l'aventurier les dérangeait.

- J'ai passé depuis longtemps l'âge d'être appelée Mademoiselle, lui répondit-elle froidement. Elle le soupçonnait fortement de connaître son identité et de se moquer d'elle. En voilà un homme qu'elle aimerait remettre à sa place.

La suite, en revanche, était plus intéressante. Un duel. Un immense sourire s'inscrit sur son visage. Si un guignol comme lui pensait avoir une quelconque chance contre une femme du calibre de Mifuyu, il se méprenait gravement. Elle accepta le marché immédiatement et ce malgré les risques. Elle ne souhaitait pas réellement voir le Genin rejoindre les arpenteurs, toutefois cela serait sa décision. Quant à elle, elle y gagnait un bon combat et un peu de sang. Cela serait comme un nouveau test depuis son affrontement avec Akeru, dont elle avait assez ironiquement trouvé une lettre aujourd'hui même. Si elle perdait, elle lui enverrait ses documents, bien que le but réel de l'arpenteur lui échappât encore.

Le soir venu, la Sorcière évita de mentionner ses découvertes à son élève. Elle le sentait excité par le combat à venir et, par conséquent, ne lui montrerait le coffre qu'une fois tout cela terminé.
La soirée fut plutôt calme et la nuit également. Elle ne prit pas la peine de se préparer outre-mesure à l'affrontement. Elle prit un repas simple mais complet puis, avant de dormir, se replongea quelques minutes dans ses recherches de la journée. Encore maintenant, à l'aube de son combat, Fusuke l'obsédait bien plus que ce Fukui Kenichi. Elle ne le craignait pas le moins du monde, à tort, ou à raison.

Le soleil se levait juste quand la doyenne sortit de sa tente, scalpels au creux de la paume et sa sacoche remplie de ses concoctions diaboliques. Ce qu'elle voulait, c'était du sang et des frissons. Elle ne retiendrait pas ses coups, malgré la règle mise en place par son opposant. Elle n'avait pas tout à fait la même vision que pouvait avoir un autre homme d'une "blessure grave", aussi elle ne s'arrêterait que lorsqu'il ne bougerait plus.

A l'instant où Sanada déclara l'ouverture du combat, Mifuyu n'était plus une Jonin d'Uzushio, sensei de la team Tsubaki et mentor d'Hatsumomo et Sanada. Non, elle était Mifuyu la Terrible, celle qui hanta les champs de batailles pendant plus de quarante ans de guerre des clans. Elle était Mifuyu la Sorcière, celle qui avait sacrifié sa progéniture pour prolonger sa vie. Enfin, elle était Mifuyu l'Impitoyable, celle qui n'entendait aucune supplication. Son regard était terrible et son visage fermé. Elle n'était pas là uniquement pour gagner, mais bien pour humilier.

Elle regarda d'abord les clones de l'arpenteur se jeter sur elle sans rien faire. Du moins, sans qu'il ne la voit rien faire. Elle fut ainsi heurtée par l'onde de chakra propulsée par son arme, qui vint déchirer un pan de sa blouse et la couper au niveau droit de sa hanche. Elle passa immédiatement la main sur sa blessure, regardant le fin filet de sang qui lui coulait sur le doigt avec un rire à peine perceptible. Elle n'avait pas peur de lui et souhaitait le lui prouver.

Après cette maigre démonstration de volonté, ou de force, appelez cela comme vous le voudrez, l'heure était désormais à la contre-attaque. Elle saisit ses deux scalpels à pleine main avant que les quatre clones ne l'atteignirent. Puis, elle sembla ricocher entre chacun d'eux à la manière d'une balle rebondissante, leur infligeant à tous un violent coup de scalpel. La balle sembla enfin s'arrêter après avoir bondi sur sa dernière cible, à savoir Fukui Kenichi en personne. Si son assaut avait été un succès, elle pourrait avoir l'esprit reposé : elle aurait détruit chacun des clones et rejoint son adversaire au corps-à-corps, là où elle était la meilleure.



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Le Prométhée Du Sekai

feat Omura Mifuyu



Le soldat des cinq regardait le combat qui venait de débuter.

La maîtrise martiale des deux shinobis éclataient à son regard. S'il savait que sa guide était une femme mortelle, il se rendait naïvement compte qu'elle avait toujours retenu ses coups contre lui.
La vitesse à laquelle elle venait de détruire les clones aqueux, était simplement inimaginable.
Le corps enfantin de la Sorcière s'était mué en une traînée si rapide que le regard de l'androgyne n'avait pas pu suivre. Puis, en un instant, elle s'était déplacée vers l'arpenteur, brisant la distance qu'il s'était évertué à garder.

Kenichi n'en revenait pas. Il avait bien sûr entendu parler d'Omura Mifuyu et de ses scalpels qui annonçaient une mort certaine à celui dont le reflet brillait sur la fine lame. Mais jamais il n'aurait pu imaginer une vitesse et une précision aussi létale.
Malgré ses années d'expériences à combattre des bêtes sauvages au fond des temples les plus reculés du Sekai, ce monstre ne souffrait d'aucune comparaison.
Promptement, le voyageur composa des mudras, il fallait absolument frapper avant elle, avec une rapidité d'exécution telle, il ne pouvait tout simplement pas rivaliser. D'une main, l'autre tenant toujours fermement son épée-canne, il dessina un carré qui se forma en miroir devant lui instantanément.

Sanada se demanda à quoi servait cette technique, malgré l'apparente barrière que cela formait avec l'adversaire, la création de glace semblait si fine qu'un simple coup d'épaule du corps pourtant frêle de la Harpie en culotte courte aurait suffi à le briser. Les yeux du spectateur s'écarquillèrent alors que l'arpenteur plongea à l'intérieur de la glace.

Kenichi, heureusement pour lui, avait plus d'un tour dans son sac, et s'il ne pouvait rivaliser avec la vitesse de la Sorcière naturellement. Son godaï,lui, pouvait l'y aider. Il se jeta sans hésitation dans le miroir gelé en préparant son attaque. Un frisson lui parcourut l'échine alors que l'eau solide emplissait grandement sa vitesse, l'éjectant littéralement de l'autre côté de la glace.

Le jeune spectateur regarda avec encore plus de surprise l’adversaire de son sensei réapparaître. L’arpenteur semblait vouloir prendre la Sorcière à son propre jeu, et il avait sensiblement augmenté sa vitesse. Son corps laissait une trace, à la manière des ailes de colibri qui semblaient toujours se trouver à plusieurs endroits en même temps.
La rémanence de Kenichi semblait tracer l’esquisse de son mouvement, alors que sa fine épée prenait la position de l’horizon pour frapper les flancs de l’Omura.

Sanada était abasourdi. Voilà à quoi ressemblait un combat entre véritables guerriers.

Il alluma son calumet pour ne pas penser à la guerre qui se préparait. Si jamais il avait à combattre un adversaire du calibre des shinobis s'affrontant sur la plage, il n’aurait aucune chance de s’en sortir.

L’herbe le calma, et la panique fit place à l’excitation. Lui aussi était capable d'atteindre ce niveau. Il suffisait de travailler avec encore plus d’entrain, de consacrer chaque minute de son existence sous le ciel des Dieux pour augmenter sa puissance, sa vitesse, sa maîtrise des éléments.
S’il voulait survivre, il n’avait pas les décennies de Mifuyu pour parfaire son art. Il n’avait pas un corps de substitution dans lequel il pourrait emprisonner son âme. Il allait devoir étudier plus sérieusement, pratiquer, encore et encore. Jusqu'à devenir le digne serviteur des cieux.

Le jeune homme regardait avec attention les deux artistes, il fallait se concentrer totalement pour parvenir à saisir les mouvements effectués. Il était plus qu'impressionné par l'adaptation brusque du voyageur face à l'avancée de L'Omura mais il était sûr qu'elle aussi allait inventer une nouvelle prouesse pour contre-attaquer.

L'observation était une source intarissable d'informations et malgré son regard peu affûté pour déceler les détails à une vitesse aussi irréelle, il tentait de s'enrichir en théories. L'art du combat était avant tout un affrontement des esprits avant d'être une collision entre les corps, la vieille Rokuro le lui répétait sans cesse, et jamais Sanada n'avait eu une preuve plus tangible que ce qu'elle avançait était vrai.

Pourtant l'exercice était bien plus délicat à pratiquer qu'à dire, et, se regardant dans un fragment de glace qui avait éclaté à ses pieds, Sanada se remémora une des psalmodies de la Pythie.

“Il y a des miroirs pour le visage, il n'y en a pas pour l'esprit.” Murmura-t-il entre ses lèvres.


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Le Journal de Fusukenstein : Chapitre 3
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Chacun des coups tranchants de la vieillarde fut transformé en éclaboussements. Les copies de l'arpenteur fondirent une à une au contact du métal et s'écroulèrent après le passage de la doyenne, retournant à leur état d'immondes flaques. Le défi, aurait-elle pensé, serait plus difficile.

En effet, l'étranger ne lui opposait qu'une bien négligeable résistance. Un tel combattant dont le style reposait sur une particularité génétique – bien alléchante aux yeux de la scientifique, d'ailleurs – devrait essayer de la terrasser à distance plutôt que de chercher à la vaincre dans son domaine. C'était simple, pourtant. Mifuyu n'avait jamais perdu lors d'une valse mortelle et quiconque la suivant dans ses pas finissait comme la femme-araignée de la veille, c'est-à-dire les tripes déversées sur le sol glacé. Il était là un rythme mortel sur lequel il valait mieux ne pas s'engager, chose que les hommes avaient du mal à accepter. Leur vanité de mâle les poussait à vouloir affronter la diablesse et, tous, se heurtaient à un obstacle qu'ils n'avaient jusqu'alors jamais envisagé. Les rares survivants tentaient de se réconforter en se disant que la chose qui les avait battu, bien loin d'être une femme, était une bête sauvage. Kenichi, elle le sentait, était de ceux-là. L'homme était visiblement prétentieux et, malheureusement pour lui, trop faible pour soutenir la confrontation. Il réagirait en riant, prétextant qu'il ne s'était pas attendu à cela et, caché sous sa légèreté – et sa stupidité – repartirait meurtri, avec l'honneur considérablement diminué.

Toujours dans la même impulsion, donc, la Sorcière fusait vers son adversaire scalpels armés et bien en mains. Il la vit venir et, sans même se détacher de son arme, composa une série de mudra. Elle leva légèrement le sourcil, tout de même impressionnée par cette prouesse : peu de gens parvenaient à manipuler leurs jutsu à l'aide d'une seule main, a fortiori lorsqu'il s'agissait d'invoquer un don héréditaire. Elle-même en était parfaitement incapable.

Un miroir glacé apparut devant la femme-enfant. Elle n'en saisit pas immédiatement l'utilité, après tout elle pourrait simplement le contourner pour atteindre sa cible. Elle y perdrait une seconde, si ce n'est moins. Ce qu'elle n'avait pas anticipé, en revanche, c'était que ce miroir n'avait nullement une vocation défensive ; c'était même bien l'inverse. Sans qu'elle puisse le voir, son opposant bondit dans la surface glacée pour la traverser et en ressortit à une vitesse au moins égale à la sienne. Voilà qui était plus intéressant.

Mais toujours insuffisant pour surpasser l'Omura.

Elle se dit que le bretteur dut sourire quand il sentit sa lame enfoncée la chair de la femme-enfant. L'avantage d'un combat amical contre une kunoichi du célèbre clan de médecins, c'était qu'il n'y avait pas à retenir ses coups. Lui aussi avait dû le sentir, puisqu'il l'a transperça de tout le long de son épée. Malgré la situation, l'aînée ne donna pas le moindre signe de douleur. A lutter chaque jour avec la mort, était-elle devenue insensible à la moindre blessure ? C'était en tout cas ce qu'elle aimait faire croire à son entourage.

Pourtant, la vérité était toute autre. En traversant le corps de la doyenne de son arme, l'arpenteur sentit une drôle de sensation, comme si elle était molle, flasque. Il frappait une enveloppe vide, presque caoutchouteuse. S'il levait la tête pour regarder le visage enfantin de la guerrière immortelle, il la verrait sourire. Elle ne pouvait savoir si la confusion s'était réellement emparée de son esprit, toutefois, à l'instant où sa lame déchira sa peau, elle émit une puissante aura destructrice. Elle était plus effroyable encore que ce qu'elle avait l'habitude de produire avec un Kanashibari. Froide, démoniaque même, on aurait dit que la Mort en personne venait de rejoindre l'affrontement. La Mort qu'elle avait tant combattue et repoussée, cette même Mort qu'elle avait fini par dompter. La Mort, désormais, combattait pour elle et avait choisi sa nouvelle cible. A la manière de la faucheuse à qui elle venait de faire don de son corps, les bras rafistolés de la chirurgienne brandirent ses scalpels qui s'abattirent sur Kenichi, prisonnier d'un corps qu'il avait naïvement tenté de blesser.

Il fallait mieux espérer qu'il avait de quoi l'éviter, car la Mort n'épargne personne. Si ce n'est elle-même.



~
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Le Prométhée Du Sekai

feat Omura Mifuyu



Disclaimer:

Kenichi ne comprit pas tout de suite pourquoi la Sorcière n'avait même pas tenté d'esquiver son coup. Mais maintenant que la lame de sa fidèle épée semblait bloqué dans sa poitrine, et qu'elle souriait d'un air prédateur, il savait qu'il venait de se faire duper, qu'il avait perdu la première manche. Le regard décidé, il laissa la lame de l'Omura s'abattre sur son torse, ce qui l'entailla profondément. La douleur le fit serrer sa lampe par réflexe.
Celle-ci, accrochée par une chaîne à la ceinture de l'arpenteur, sembla s'animer. Les quatre vitres qui transmettaient la lumière bleutée s'ouvrir d'un coup, laissant percevoir une demi-seconde une silhouette de nénuphar. Puis, la lumière sembla exploser. Sanada fut surpris du flash lumineux qui lui brûla superficiellement la rétine. Il avait déjà vécu cette sensation d'aveuglement, c'était Shun qui lui avait lancé alors qu'il apprenait le kanashibari. Se frottant les yeux avec vigueur pour continuer à profiter du spectacle, Sanada ne put se référer qu'à son ouïe pour suivre les quelques secondes qui suivirent.

Ce con aime toujours se foutre dans ce genre de merde. Depuis qu'il m'a arraché aux mains de ces poivrots des mers, tu sais, le truc sale et puant que tes semblables appellent les marins. Des tas de dégueuli oui ! Un éléphant de mer à plus de grâce que ces pignoufs qui ont posé la main sur moi. Ah putain, j'en tremble tellement ça me dégoûte. Les gueux ça m'a toujours fait gerber. Comme ce con de Kenichi qui se prend pour un Arpenteur ou je-ne-sais-quelle-autre-connerie. Un gueux qui se prend pour un noble, la pire des espèces d'hommes ceux-là. Ils ont l'arrogance des consanguins nés dans un château et l'ignorance des cul-terreux. Et le mélange, et ben il fout autant la gerbe que les mains grasses des "marins" qui te pelotent, moi jte l'garantis. Son problème donc, c'est qu'il se fout dans des situations qu'il ne peut pas gérer. Si je suis pas si rayée, c'est seulement parce que monsieur a une chance de cocu. Enfin, de cocu, je pourrais le dire s'il avait un semblant de vie sexuelle.
À part se frotter aux.. bouarh ! Il me dégoûte aussi ce con.
Je suis obligé de traîner à côté" de son truc, et vas-y que je te balance et vas-y et que jte fais tanguer à chaque pas. Heureusement que j'ai pas facilement la gerbe, bordel. Que des gueux.
Moi, j'ai été forgé dans un volcan Mosieur. Moi, on m'a créé pour un shinobi légendaire qui voulait emprisonner la force du soleil Mosieur. Moi, je crame les yeux des gens, et j'éclaire le dégueu qui me pelote même dans la nuit la plus noire. Je suis un putain de trésor. Ton existence est futile, la moindre petite pierre précieuse que je porte vaut plus que le misérable troupeau de tas d'êtres sans intérêt que t'appelles ta famille. Des royaumes entiers se sont battus pour pouvoir me mettre dans leur coffre mosieur, et penses pas à ça bordel, c'est pas ce que je voulais dire.
Bon faut en revenir à ce con et la petite conne qu'il est en train d'affronter. Elle pue. Pas comme les marins, ces fils de put... Non, non, elle pue le cadavre. La charogne en plein désert de Suna. Elle pue comme une cruche qu'on aurait mal momifiée. Et ouais, j'ai connu un temps que les moins de trois cents ans ne peuvent pas connaître moi, Mosieur. Alors un peu de respect. Un peu de dignité. C'est parce que je suis un objet, c'est ça ? Putain, de toutes façons, quand je vois comment vous traitez les animaux, j'ai pas grand espoir. Heureusement que vous êtes pas très bon pour durer dans la longueur. Ce con de Kenichi, je me balade à côté de ses attributs depuis des années. Mais je le supporte pas plus qu'au premier jour. Ah ouais, le truc avec la petite conne et ses scalpels. On en parle ? Quel genre de couillon veut se battre avec une lame plus petite que la b**** de ces peureux ? Une allonge inexistante, c'est peut-être pour se coller aux mâles. Vu sa gueule de balafrer, elle doit pas avoir beaucoup de succès à l'école. Elle est jeune pour cela en même temps, mais de toute manière, elle pue le cadavre. Qui veut peloter un cadavre ? Tu me diras, il y en a bien qui pelote des objets....Et je parle pas de moi bordel !
Ouais, cette conne se prend la lame du vieux con. Là, rien. Le rat sur pattes est peut-être vraiment morte, ou elle est vide. Au moins elle va pas me saouler avec des monologues interminables. Ensuite, ce bouseux se prend un coup, je sens qu'il va m'appeler, je le sens. Dès qu'il est en danger, il me tripote pour que je fasse mon boulot. Je suis une esclave, et ça, personne ne le comprend. Ah, j'étais bien à cramer dans mon volcan. L'inconscience de la pré-naissance, loin de toutes vos conneries. Bon comme de par hasard, il m'ordonne d'éclairer la face dégueulasse de celle qui pue plus qu'un clébard crevé. Et là, comme d'hab ! Paf ! Le trou noir ! Bordel !


Des tâches voguant encore devant son regard, Sanada distingua l'Arpenteur plus loin. Visiblement touché, il avait lâché la fine canne qui cachait une épée longiligne en son sein et composait des mudras. Toujours partiellement aveuglé, alors même qu'il était assez éloigné de la lampe qui semblait maintenant éteinte, il distingua distinctement Kenichi créer quelque chose qui ressemblait à une épée cristalline avant de se dédoubler.
Encore une fois, il semblait faire confiance à ses clones, même s'ils s'étaient révélés inefficaces la première fois. Sous le vent de plus en plus glacial qui soufflait sur la plage devenue arène de combat, l'arpenteur profita de l'effet de surprise qu'avait provoqué son objet extraordinaire pour s'élancer avec son double vers la Sorcière, une épée de glace rayonnante dans leurs mains.

Sanada ne pouvait qu'admirer la technique martiale des deux shinobis qui s'affrontaient. Chaque seconde qui passait était une source de motivation en plus pour lui. Pour être digne des dieux et de la mission qu'ils lui avaient confiée, il se devait d'égaler ces deux légendes vivantes.

Hikari no Hiyake Shita:


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Le Journal de Fusukenstein : Chapitre 3
~


La vision du sang bouillonnant, jaillissant, se bousculant à tout prix pour s'expulser d'un corps meurtri, tel était le merveilleux spectacle auquel la doyenne assista en observant le torse entaillé de l'arpenteur. Si elle avait pu, elle aurait continué de le poignarder, encore et encore, de plus en plus fort, pour que son enveloppe se vide entièrement de sa sève jusqu'à ne laisser qu'une vieille peau morte et desséchée. Elle l'aurait écrasé sous son petit corps d'enfant, aurait fait de lui sa chose pour qu'il comprenne qu'il ne fallait pas la sous-estimer. Elle lui aurait conféré le titre de victime comme elle l'avait fait à tant d'autres et il aurait rejoint les mêmes contrées infernales que l'arachnide qu'elle avait étripée la veille. Ah, heureusement qu'il y avait eu cette foutue lampe, sinon elle l'aurait vraiment fait ! Comment aurait réagi Sanada, si elle s'était livrée à un tel massacre sous ses yeux, alors même qu'il avait appris la vérité sur elle ? Il ne la verrait plus que comme un monstre, comme une abomination à fuir et à traquer jusqu'à la mort.

La lumière était intense, solaire, presque divine. La Sorcière sentit ses yeux la brûler et se protégea avec sa manche mais, déjà, elle était aveuglée. Ouvrir ses paupières lui était trop pénible, la lumière du jour étant trop douloureuse. Même les yeux fermés, elle n'était pas dans le noir. Elle était complètement inondée par cette lueur infernale et si puissante. Elle avait la sensation que cela ne passerait jamais et qu'il venait de l'aveugler pour toujours. Elle voulait se les enlever, les sortir à mains nues de leurs orbites pour que cela cesse. Elle entra dans une rage folle. Puisqu'il l'avait privée de ses yeux, elle lui arracherait les siens. Elle se les grefferait et s'en servirait pour le regarder crever à ses pieds.  

Elle sentit ensuite un poids la quitter, comme si elle s'était soudainement libérée de l'emprise de l'attraction terrestre. Il lui fallut quelques secondes pour réaliser que c'était simplement Kenichi qui avait lâché sa lame et qu'elle n'avait plus à supporter son poids. Elle tâta doucement l'acier de ses doigts jusqu'à trouver un manche ou peu importe ce que c'était qui pourrait lui permettre de l'enlever sans s'entailler les doigts. Quand elle entendit le son métallique se cogner contre le sol, elle bondit instinctivement à une bonne distance, dans une direction plus ou moins inconnue. Elle croyait être allée en arrière, mais en fait elle n'en savait rien. La guerrière avait la sensation que de terribles secondes s'étaient écoulées, qu'elle s'était exposée complètement et qu'elle ne serait plus capable de rien. Sans sa vue, elle prenait panique.

Heureusement, et ce fut ce qui la rassura, elle savait qu'elle n'était pas seule dans ce cas. Son adversaire, lui aussi, était aveugle. Mieux encore, il était sourd. Il n'avait, à moins qu'elle ne se trompe, aucun moyen de la retrouver. La lampe n'y était pour rien, bien sûr : c'était le poison dont elle avait enduit ses scalpels qui faisaient effet. Elle eut également une pensée amusée pour Sanada qui, de loin, devait assister à une drôle de représentation. Les deux pantins étaient incapables de bouger de manière cohérente et, pendant quelques précieuses secondes – qui pouvait dire combien ? – une trêve avait été déclarée. Peut-être que l'arpenteur essayait de l'attaquer, en fait, elle n'en savait rien. Mais elle n'entendait aucun son trop proche d'elle, donc elle en doutait.

Progressivement, la lumière se faisait moins intense. La chirurgienne n'était toujours pas en état de voir ou de reprendre le combat, mais elle entreprit toutefois de se préparer calmement à la suite de l'affrontement. Elle espérait simplement qu'il ne la trouverait pas pendant ce temps.
Elle posa un genou à terre et sortit un flacon de sa sacoche. Elle profita de la confusion pour en appliquer le liquide sur les lames, une fois encore. Elle comptait bien le bourrer d'altérations jusqu'à ce qu'il craque. Quand ce fut fait, elle composa quelques mudra et plaça sa main gauche contre sa plaie, là où la lame ennemie l'avait perforée, pour se soigner.

Elle ressortirait de cette trêve plus forte que jamais et, lui, serait condamné à subir son courroux.




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Le Prométhée Du Sekai

feat Omura Mifuyu



Le bout du calumet laissait une fumée blanche se dégager vers les cieux, parcourant un air de plus en plus humide et glacial.
Depuis le début du combat, la température sur la plage avait chuté de plusieurs degrés si bien que la vapeur se mêlait au nuage opaque quand le jeune homme expirait. Il avait l'impression d'être en hiver, au nord du continent. Sur son île natale, jamais il n'avait fait aussi froid. Il rajusta sa cape et continua d'observer le combat qui se déroulait sous son regard.

Alors qu'il pensait Mifuyu en mauvaise posture à cause du pouvoir de l'étrange lampe accrochée à la taille de l'arpenteur, il se rendit compte que celui-ci aussi semblait comme privé de sens. Tournant avec son clone dans toutes les directions, il ne semblait pas voir Mifuyu qui s'était éloigné. Lorsque Kenichi sembla composer des mudras, Sanada se tourna vers sa sensei.
Elle était accroupie, sa petite main, émanant de chakra, pansait la blessure superficielle qu'elle venait de subir. Puis, d'un geste chirurgical, elle parut enduire quelques choses sur les fines lames de son scalpel. Sanada n'avait jamais vraiment vu la Sorcière dans un tel état, elle semblait revivre et son calme froid semblait très lointain maintenant.
Après quelques secondes, il vit la Sorcière se relever, sous la déchirure de son kimono, on pouvait observer une peau parfaitement saine, comme si la blessure qu'elle avait il y a un instant n'avait jamais existé. Personne ne pouvait se targuer de pouvoir jouer avec le corps comme les Omura. Et personne au sein du clan de médecin ne pouvait rivaliser avec elle. Il avait devant les yeux un des plus grandes ninja-médecin de l'histoire du Sekai, il ne s'en rendait compte que maintenant avec la fierté qui réchauffait sa poitrine.

Un bruit d'aile vint le sortir de sa torpeur, jetant son attention sur l'arpenteur, il distingua un amas au-dessus de sa tête. Il concentrait le suiton autour de lui, le laissant geler au contact de son affinité spéciale.
Des flocons qui tombaient jaillirent d'un coup une envolée d'hirondelles qui semblaient translucides. Voguant au gré du vent glacé, et comme les nuées que l'on pouvait parfois observer au-dessus de l'océan, les oiseaux invoqués semblaient ne faire qu'un. La nuée volait comme un seul organisme, changeant de forme avec les rafales. Soudain, comme si elle avait choisi sa cible, elle fondit sur la sorcière, ses dizaines d'ailes acérées brillantes au soleil. Pire encore, elle semblait suivre la Sorcière adaptant sa trajectoire à ses mouvements. Sanada était émerveillé par une telle prouesse. S'il était persuadé que le ranton était le cadeau des cieux ultime, il ne pouvait que s'incliner devant le spectacle d'un autre godaï, si différent, mais tout aussi puissant.
Mais l'arpenteur ne se contenta pas de cela, toujours immobile, il écarta les bras. Les flocons qui tournoyaient autour de lui s'agglutinèrent, les uns semblant attirer les autres. Petit à petit, un dôme se forma autour du shinobi voyageur jusqu'à l'entourer complètement.

Dehors, ne restait que le clone, toujours incrédule et le regard plongé sur le sable parsemé de blanc qu'il ne voyait pourtant pas.

Entouré par sa protection de glace, Kenichi tentait de reprendre son calme. Il connaissait son arrogance naturelle qui lui avait plusieurs fois joué des tours et laisser des marques indélébiles sur son corps. Et pourtant, jamais il n'avait sous-estimé à ce point un adversaire.
Si les récits sur les faits d'armes de la sorcière étaient légendaires, il avait cru comme bon nombre de ses semblables que le temps, comme toujours, avait enjolivé les faits. Que la reine des scalpels étaient surtout l'invention d'un clan ridiculisé par la Sorcière et qui avait voulu justifier son incompétence. Mais il devait se résoudre à l'admettre, cette femme était rapide, efficace, intelligente. S'il connaissait son attrait pour le kaikenjutsu, jamais il ne se serait douté qu'elle eusse le poison comme atout.
Pourtant, cela faisait sens, ses études poussées d'herboristerie pour la médecine l'avait forcément poussé vers cette spécialité sournoise et dangereuse au plus haut point. Pourtant, il ne voulait pas perdre la face, il fallait qu'il se serve de ce jeune garçon et de son pouvoir pour de nouvelles analyses, et il devait porter haut les couleurs de la confrérie des arpenteurs.

Bien enfermé dans sa tanière de gel, il comptait sur son clone pour occuper la jonin avant d'abattre sa dernière carte.


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Le Journal de Fusukenstein : Chapitre 3
~


La guerrière recouvrait progressivement la vue. D'abord, elle sentait toujours une douleur quand elle ouvrait les yeux. Elle les plissait fortement et, même comme ça, elle avait la sensation que le soleil lui-même la foudroyait du regard. Il ne suffisait que de quelques secondes dans cette situation pour que ses yeux commencent à pleurer, à la piquer et à la brûler à nouveau. Mais les secondes passèrent et, lentement, ils s'acclimatèrent. La luminosité ambiante redevint à peu près comme elle était dans ses souvenirs. Maintenir ses yeux ouverts lui était toujours pénible, le monde devant elle était flou mais, au moins, elle distinguait les formes qui l'entouraient. Au loin, Sanada, qui les observait en fumant son calumet. Ca le tuerait un jour. Plus proche, deux avatars de Kenichi, dont un qui se soustrait rapidement à sa vue, protégé derrière un épais mur de glace. Ca doit être le vrai, tandis que l'autre n'est qu'un clone, pensa immédiatement la vieillarde.

Le clone, ou du moins elle était persuadé qu'il en était un, demeurait immobile sur le sol, vraisemblablement victime lui aussi de la malédiction de la Sorcière. Elle avait mal à la tête, les images devant elle étaient de plus en plus nettes mais toujours pas suffisamment, mais elle n'était pas fatiguée. Elle n'était pas fatiguée, non, alors elle devait absolument saisir l'occasion. Son ennemi était en tellement piteux état qu'il s'était réfugié dans son royaume de glace, alors elle devait absolument l'achever avant que ses sens ne lui reviennent. Oui, l'achever, car l'ancienne avait perdu de vue l'objectif de ce combat. Tout cela n'était qu'un affrontement à mort, comme elle en avait vécu tant d'autres durant la guerre. Elle n'imaginait plus le visage de son adversaire, ni ses liens familiaux, ni sa potentielle humanité. Il était une cible à abattre, une bête à égorger.

La Sorcière marcha, d'abord, puis courut vers l'abri glacial dans lequel se trouvait Kenichi. Sa vue revenait enfin à la normale. Du moins, elle en avait l'impression, et pourtant elle ne vit pas les hirondelles de glace qui se dirigeaient furieusement sur elle. Certains de ces oiseaux de malheurs la frôlèrent, la coupant ainsi superficiellement, tandis que d'autres vinrent se longer dans son ventre. Une s'enfonça même dans sa cuisse, lui faisant lâcher un petit râle de douleur. Inarrêtable, cependant, elle la retira d'un coup sec et la jeta à ses pieds. Ca ne suffirait pas à l'arrêter dans sa course.

Quand elle vint enfin contre la paroi de glace, elle arma son bras avec une telle fureur qu'elle ne prit même pas le temps d'en mesurer la solidité. Seule la destruction importait. Tout son corps chargé de chakra, elle abattit sa main contre la cible de glace en un point si précis et avec une telle puissance que tout autour s'écroula. Une ouverture se forma et, progressivement, toute la protection se dissipa, retournant à son état d'eau glaciale. Devant elle, Kenichi était là.

L'arpenteur était à sa merci, prêt à être pulvérisé, prêt à rendre l'âme. A la fois aveugle et sourd, il ne pourrait pas esquiver l'attaque. Elle voulait le rendre totalement à sa merci, lui réduire tout espoir de lutter. Elle voulait qu'avant de mourir, il se rende compte à quel point il était impuissant face à l'immortelle Omura. Une série de mudra rapide, une étrange lumière verte illuminant ses paumes et elle le frappa en plein torse. Si elle y parvenait, il ne parviendrait même plus à tenir debout. Faible, désorienté, coupé du monde et de ses sens, il redeviendrait un bébé. Un bébé sur le point d'être sacrifié par la Sorcière Blanche. Scalpel bien en main elle visa la jugulaire. Elle ne pensait même plus à Sanada. Elle ne se rendait pas compte de ce qu'elle faisait.



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Le Prométhée Du Sekai

feat Omura Mifuyu



Mifuyu ne fut que peu freinée par l'attaque des oiseaux gelés.
Dans une détermination aussi monstrueuse, elle s'approcha du dôme, ignorant le clone qui semblait toujours perdu dans le réel. Elle leva alors son scalpel vers les cieux avant de le laisser s'abattre sur la paroi de glace.

Sanada doutait qu'une si petite lame puisse ne serait-ce qu'abîmer ce qui semblait être un rempart très solide. Un scalpel pénétrait la chair et coupait la peau sans difficulté, mais la force de pénétration d'armure de la lame ne valait sûrement pas un katana ou un nodachi.

À sa grande stupeur donc, le dôme s'effondra, dévoilant Kenichi aussi désorienté que son clone.

Le soldat des Cinq se leva.

Si l'affrontement était plaisant à voir, il observait chez Mifuyu une fureur brûlante qu'il ne lui connaissait pas. Mifuyu semblait souvent froide, ne ressentant plus depuis bien longtemps les sentiments de la même manière que les autres. Avec le temps, Sanada avait appris à la cerner, à comprendre ce qui pouvait l'énerver ou la rendre heureuse. Même si, il ne l'avait vu que très rarement sourire. Et c'est justement cela qui l'effrayait.

La Sorcière arborait un visage radieux, presque solaire. Comme si elle retrouvait une passion enterrée depuis des lustres, comme si, quelque part, le combat faisait renaître son âme quand l'infanticide avait fait renaître son corps.

Lorsqu'une lueur verte émana de la paume de la Sorcière avant de frapper le torse du pauvre arpenteur, celui-ci eut quelques pas de recul, ses membres semblaient totalement désynchronisés, son corps venait de subir un choc nerveux, et l'âme du malheureux n'était plus aux commandes de corps, devenu bateau ivre.

Dans un bruit atténué par le sable, la coque s'écrasa au sol et les multiples voilures qui composaient son accoutrement fantaisiste se déchirèrent au contact du bazar que l'homme portait sur lui. Quelques mètres à peine séparaient La Harpie et l'Arpenteur, maintenant sourd, aveugle, et au sol.

Mifuyu sembla ne pas vouloir s'arrêter là et Sanada sentait le drame arriver, sans hésitation cette fois, il laissa ses mains guider son esprit, il ne fallait pas réfléchir. Malaxant le raiton aux creux de ses paumes, il se mit à genoux et posa le divin pouvoir emprunter aux cieux sur la terre ferme.
Des fils de foudre se propagèrent dans le sable, gravissant les monticules de sable comme si aucune entrave physique n'aurait pu les stopper.
La toile glissa bientôt sous les pieds de la Sorcière, emprisonnant le corps allongé sur le sol de Kenichi ensuite.

Mifuyu aurait pu aisément éviter la technique, mais aveuglée par l'envie de meurtre, elle n'avait pas fait attention à son élève. Sanada hésita une seconde avant de marcher sur le piège électrique.
Le nuage de grêle l'avait aussi touché avant qu'il ne maîtrise parfaitement la technique et que les flocons reconnaissent leur créature parmi les mortels. Il pria les dieux alors qu'il avançait, et à sa grande surprise, il ne fut pas entravé par les fils.

Il s'approcha de la Sorcière, osant un regard de colère mêlée à une certaine admiration. Elle venait de littéralement détruire un homme dont les recherches en ninjutsu faisait autorité. Peut-être aurait-il mieux fallu qu'il ne quitte pas son bureau tout compte fait. Le monde était un endroit dangereux, peuplé de monstre, comme Mifuyu.

- Dois-je vous rappeler que nous ne sommes pas ici pour tuer un étranger ?
Demanda Sanada à voix basse, ignorant que Kenichi avait été rendu sourd par le poison.

Sans un autre mot, il cessa la technique et aida Kenichi à rejoindre le petit camp. Le corps de l'arpenteur était plus froid que celui d'un mort, mais Sanada mit cela sur le compte de son godai.

L'arpenteur ne dit pas un mot pendant des heures, puis, enfin, il se leva alors que le soleil venait de plonger dans l'horizon.

- Je dois m'avouer admiratif de votre technique martiale. Cela pousse à l'humilité, et me force à travailler davantage, je vous en remercie. Si Sanada veut entrer chez les Arpenteurs, je soutiendrai son essai sur le ranton, avec une aide. Nous nous reverrons. Sur ce, mon bateau est au large, bon vent. Dit-il.

L'arpenteur bien moins impressionnant maintenant pour Sanada foula la mer qui semblait très légèrement se cristalliser sous les pas du shinobi au manteau d'or, et bientôt, il ne fut plus qu'un point qu'un petit point perçant le large.

Sanada resta silencieux un long moment, puis, reprenant son sourire et son calumet, il s'approcha de la Sorcière.

- Je suis désolé, je n'aurais pas dû intervenir, c'est lui qui a proposé le duel. Mais je pense qu'on ne peut pas se permettre cela. La symbiose avec la Nature n'est qu'une étape pour moi comme pour vous, si nous voulons accomplir la destinée des dieux, nous devons nous concentrer que là-dessus. Une guerre contre les arpenteurs n'aurait été qu'une perte de temps et d'énergie. Vous ne pensez pas ? Sanada laissa un nuage de fumée s'échapper pour se mêler avec les volutes du feu. Maintenant, c'est quoi la prochaine étape ? On trouve l'île de cette fameuse Akeru ou on s'occupe de votre clan ?

Kenichi était à bord de son navire. Encore tremblant de son affrontement avec la Sorcière. Sa plume pourtant légendaire tremblait sur le parchemin.

Jamais il n'aurait cru possible de craindre autant une personne. Le monstre avait donc sous son aile le protégé de son ami, mais celui-ci lui avait semblé froid, distant, presque aussi inhumain que sa sensei.
Quelque chose le dérangeait, autant chez l'Omura que ce gardien du ranton.

Il acheva la lettre qu'il écrivait à Rokuro, la mettant en garde contre le jeune homme et l'Omura et conseillant une surveillance accrue et partit se coucher, sans pouvoir toutefois trouver le sommeil.

Malgré sa promesse, il n'avait aucune intention d'aider Sanada à rejoindre les Arpenteurs, c'était même le contraire qu'il allait faire.

Technique à apprendre:


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Le Journal de Fusukenstein : Chapitre 3
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Sa cible était à terre, misérablement étendue à ses pieds. La doyenne avait gagné. Elle avait gagné mais ne souhaitait pas s'arrêter là. Bientôt elle lui offrirait sa dernière blessure, vive et incisive dans la jugulaire. L'arpenteur se noierait dans son propre sang et cette déplaisante rencontre serait effacée de la mémoire de la Sorcière. Elle n'en retiendrait que le frisson du combat, cette soif de sang qu'elle n'avait plus ressentie depuis des décennies et qui pourtant était revenue au galop. Le véritable besoin de combattre, la sensation aphrodisiaque provoquée par l'adrénaline qui se déversait dans son corps d'enfant.

Plus rien ne comptait si ce n'était cette vision. Elle était seule sur cette plage, bien loin de son élève, bien loin du laboratoire secret de Fusuke. Personne ne saurait jamais si elle tuait ce misérable, alors elle pourrait bien s'offrir ce plaisir, non ? Elle n'avait que peu, voire pas du tout, de respect pour les arpenteurs, ces simili-chercheurs qui se la jouaient aventuriers. Le vrai travail intellectuel s'effectuait en laboratoire. Le vrai travail intellectuel changeait le monde, changeait la vie. En réalité, elle n'avait pas envie que Sanada rejoigne cette troupe de guignols. Elle voulait qu'il reste avec elle pour toujours, ne voyant qu'à travers ses yeux et ne croyant qu'en ses paroles divines. Il n'était pas son fils, non, mais il était à elle. Elle allait tuer Kenichi, c'était certain.

Elle s'élançait juste quand ses pieds s'illuminèrent de fins éclairs. Ces fils luminescents avançaient, couraient même, jusqu'à sa proie. Elle ne les avait pas vu venir, ni même n'avait entendue le bruit de l'électricité parcourir le sable. Dans sa transe, elle en avait oublié tout le monde extérieur. Les particules foudroyantes semblaient toutefois éviter soigneusement la Sorcière, qui n'en ressentit pas les effets mais qui comprit avec horreur l'objet de leur assaut. Un instant plus tard, l'arpenteur était recouvert d'une toile de foudre qui le protégeait de facto de l'attaque de la doyenne. Elle se retourna et Sanada était là.

Sa première émotion fut la colère. Elle voulut lui crier de le lui laisser, elle voulut lui expliquer que Kenichi avait perdu et que, selon les lois de la guerre, elle était autorisée à disposer de lui comme elle le voulait. Elle était dans son droit de le tuer, de l'annihiler si elle le voulait. C'était la règle qui avait dominé sa vie ainsi que toutes celles des shinobi du siècle passé. Elle était une tornade qui voulait se déchaîner sur lui pour le broyer, le découper. Mais elle ne hurla pas. Elle revint à la raison. On voyait les traces de son combat intérieur sur son visage, ses cheveux imbibés de sueur se plaquant sur son front et son teint rouge accentuant ses traits démoniaques. Elle avait fini par comprendre. Elle n'était plus à la guerre, l'adolescent n'avait aucune idée de l'existence de ces lois et l'arpenteur lui-même n'avait probablement pas brillé durant cette époque.

Elle en voulait à son élève de l'avoir restreint, même si elle savait que c'était la bonne chose à faire. En revanche, elle ne lui reprocha pas son air énervé bien qu'une vieille dame n'apprécie jamais qu'on lui fasse la leçon.

Elle ne dit plus un mot de l'après-midi, méditant sur sa conduite jusqu'à ce que l'arpenteur reprenne le large. Elle le regardait de haut, comme un mollusque qu'elle pouvait écraser de son talon sans états d'âme. Encore une fois, elle ne remarqua pas que Sanada s'était approché pour lui parler.

- Tu sais, mon grand, ce n'est pas si simple, commença-t-elle. Elle fut étonnée de cette marque d'affection qu'elle n'avait jusque-là donné qu'en moquerie, lorsqu'elle voulait sermonner quelqu'un. La paix n'existe pas. Les gens se cachent derrière ce mot, mais nous sommes toujours en guerre. La guerre est perpétuelle. Même vivant, je ne pense pas que Kenichi dressera un tableau très élogieux de nous. Mort, au moins, ils ne l'auraient peut-être jamais retrouvé. Enfin, c'est peut-être moi qui refuse de voir que le monde change…
Elle sortit à nouveau la boîte contenant la lettre de Dame Akeru, qu'elle avait montrée à l'adolescent dans l'après-midi. Elle contempla la lettre, pensive.
- La prochaine étape… J'ai d'abord besoin de quelques semaines pour continuer les recherches de Fusuke. Quand ça sera bon, nous pourrons partir à nouveau. Et puis, nous pourrons nous occuper du clan, affirma-t-elle d'un air déterminé. Le moment approchait, elle le sentait.

Ils restèrent encore un jour sur l'île à s'entraîner avant que leur embarcation ne revienne les chercher. Tout comme à l'aller, ils firent une halte sur une île peu lointaine pour changer de bateau. Il fallait être discret et elle doutait que quiconque au village soit au courant de ce qui se trouvait sur cette île mystérieuse. A moins, peut-être, que Kenichi avait un contact aux tourbillons…

Avec tous les éléments en mains, la Sorcière pouvait désormais débuter la concoction de ses techniques les plus abouties. L'horreur ne faisait que commencer.

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ft. Masamune Sanada


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