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Ne jamais ployer. Fumetsu

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Ne jamais ployer. Fumetsu Lun 2 Mar - 17:39
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Ne jamais ployer.
Senju Naoshige & Kamiko Fumetsu

Kamiko Fumetsu. Le nom n’avait aucun mal à résonner dans l’enceinte de Konoha car il appartenait à un prestigieux — aux yeux du Senju — jounin du village et membre d’un clan important dont les ambitions économiques ne pouvaient être cachées. Il avait déjà pu voir l’homme à l’oeuvre aux balbutiements de sa carrière de ninja mais un temps phénoménal s’était écoulé et ils s’étaient perdus de vu, ne faisant que se croiser à quelques occasions diverses et variées. Et pourtant, ils avaient été au sein de la même équipe. Ils avaient combattu ensemble, s’était livrés à divers stratagèmes pour vaincre leurs ennemis, tentant de lier leurs dons face à l’adversité. Fumetsu n’avait rien d’étrange aux yeux de Naoshige car tout deux partageaient de nombreux points communs, un esprit acéré et politique, qui se mêlait à un pragmatisme à tout épreuve. Mais il ne savait pas à quel point son ancien camarade avait pu changer et quelle direction il avait décidé de prendre : aujourd’hui, Naoshige avait privilégié celle de la politique en voulant amener le village vers une autre direction, cherchant davantage la ·puissance pour imposer la paix — et la place de Konoha qui ne serait plus menacé par rien ni personne. Avec sa récente candidature pour devenir Hokage, le Senju avait décidé qu’il était grand temps pour lui de se rendre au sein du domaine des Kamiko, là où siégerait sûrement son ancien allié. Un sourire sur les lèvres, il avançait dans les rues du village, se faufilant d’un pas léger vers le domaine où il s’arrêta face aux imposantes portes. Exécutant un rapide signe de la tête, il se présenta aussitôt au garde qui se trouvait posté là. « Je me présente, Senju Naoshige, chef de mon clan. Je suis ici pour venir parler à l’un des vôtres, Kamiko Fumetsu. » Il avait parlé d’une voix claire, parfaitement audible. À dire vrai, le garde le connaissait sûrement déjà — il faisait parti des trois noms qui se présentaient aux élections, après tout. La sentinelle inclina donc le corps par respect, avant de tout simplement conduire le Senju en direction de l’imposante serre où ne cessait de travailler son ancien collaborateur. Il ne savait désormais plus rien de lui, que cela soit ses ambitions ou les compétences qu’il avait pu développer ces dernières années. Fumetsu avait toujours eu un certain talent pour le ninjutsu et pour le développement de ses capacités, nul doute qu’il avait su élever son art à un niveau bien au-dessus.

Conduit face à l’entrée de la serre, l’homme qui l’avait mené jusque là ouvrit la porte, permettant au Senju d’entrer. Ce dernier traversa une longue allée, son kimono noir suivant le mouvement de ses courbes et du vent face à sa vitesse de marche. Après quelques secondes, il arriva nez-à-nez avec le Kamiko. Naoshige ne détournait pas le regard alors qu’un léger sourire paraissait sur ses lèvres, c’était celui des circonstances. Il ne savait pas réellement comment réagir avec lui et comment il allait bien pouvoir présenter les choses face aux raisons de sa visite. « Fumetsu-dono… » Il avait simplement prononcé son prénom, avec un ton hautement respectueux. Il regardait tout autour, observant les plantes qui poussaient en ces lieux. C’était un plaisir d’être en ces lieux, car la végétation y était prédominante — chose qu’appréciait fortement les membres de son clan. « Tu as fortement changé et pourtant… pourtant cela ne fait pas tant de temps que cela. » Il y avait un constat dans ses paroles, un constat terrible. Le temps passait, c’était un fait mais ce n’était pas cela qu’il pointait du doigt. C’était sa propre personne. Il avait été si obnubilé par ses missions et ses ambitions qu’il en avait oublié ceux qu’il avait connu par le passé. Il avait derrière lui tout un pan de sa propre vie, toute une part de lui-même. Il avait suivi un chemin personnel, avec ses idées propres. Aujourd’hui, ses motivations allaient vers de nombreux points, comme un gain de puissance — ou plutôt de compétences — par diverses recherches. Il inspira un grand coup avant de relâcher la pression. « Il m’est étrange de te revoir après tant de temps, je dois l’admettre. Mais je ne viens pas pour de douces retrouvailles entre deux camarades du passé, tu n’es pas sans savoir que je me présente aux élections. » lâcha avec légèrement plus de brutalité le Senju. « Je viens pour discuter avec toi d’un éventuel soutien. Tu es désormais une tête du clan Kamiko, n’est-ce pas ? » Il coupa court à ce qu’il disait alors qu’il observait à sa droite. Dans un pot, une légère pousse peinait à s’épanouir et au vu de ce que c’était, Naoshige reconnut un début d’arbre. L’esprit évasif — tout du moins, c’était ce qu’on pouvait croire de l’extérieur — il afficha un léger sourire. « Les bourgeonnements sont durs face à l’hiver qui nous a assailli et pourtant… » Il prit quelques instants, observateur, son doigt effleurant la tige peu vaillante du futur arbre alors qu’il y insufflait son chakra, le faisant lentement croitre pour le renforcer. « Avec un peu d’aide, on peut obtenir beaucoup de tout un chacun. » La phrase se voulait aérienne, comme si elle n’avait aucune importance. Mais à cet instant, il décidait tout simplement de jouer sur le caractère qu’il connaissait du Kamiko, ce qu’il savait de leur ancienne entente.  
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La matinée avait été douce, fructueuse pour l’élégant Kamiko s’affairant dans sa serre, lieu de paix, d’amour et d’ignobles secrets. Un temple personnel, souvent souillé par des visites, chose que faisait délibérément le jeune Fumetsu, simplement par provocation, par confort ou parce qu’il souhaitait dominer son interlocuteur par la beauté de l’endroit et la majestuosité de sa collection. Il s’était amusé, aujourd’hui, à essayer de transplanter quelques souches de fleurs d’oranger dans des pétales de gardénia afin de créer une plante plus blanche encore que l’immaculé. Cet échec ne l’avait nullement gêné, son cœur apaisé par un environnement familier, tant aimé. Ce genre de moment volé à une vie de responsabilités lui était cher, il pouvait flâner tout en travaillant, produisant un art différent de ce qu’il pouvait faire en temps normal. Puisant dans ses émotions et sensations les plus fortes, il composait une symphonie florale, s’évertuait à percer les mystères de la croissance végétale ou dormait, enivré par les millions de senteurs flottant dans l’air. Un paradis pour le Kamiko, une simple serre pour les idiots. Le soleil était vite monté dans le ciel, haut, il indiquait le milieu de journée, déjà. Le jeune homme vêtu de blanc était passé à autre chose, une création littéraire, s’essayant à l’art des mots écrits pour décrire un torrent de pensées ; tribulations classique chez Fumetsu mais ô combien productive en terme d’œuvres en tout genre. Il avait choisi la poésie, assis, toujours à son habitude, au centre même du grand monument de verre. Décortiquant les mots tel qu’il le faisait avec les cadavres, il essayait de les agencer afin de rimer, de jouer sur les sonorités, tout en cachant un sens sinistre : un corps pourrissant sous les milliers de racines dans une forêt grandissante. Poussant un léger soupir, il fermait son carnet, le posant sur un établi uniquement agrémenté de lys d’un blanc pur – sa plante préférée, un symbole et emblème pour lui. Il se levait et se promenait, posant les yeux plus longtemps sur d’anciennes sépultures, endroits où s’étaient cachés quelques-unes de ses ressources si précieuses. Plusieurs fois, il s’était demandé si une telle cachette ne comportait pas en elle-même des risques trop grands, mais, dans un sursaut d’arrogance, avait écarté cette possibilité, jugeant que la meilleure cachette était celle qui était visible par tous.

C’est au détour d’une allée que son cœur se serra, ses entrailles se liquéfièrent, son sourire vacilla : Senju Naoshige. Une lueur du passé, un monument du présent, un espoir du futur. Son ancien coéquipier, un ancien ami, ici, dans un territoire sacré pour le jeune Kamiko. Des souvenirs assaillaient Fumetsu tandis qu’il gardait un visage de marbre, de façade, contenant une houle émotionnelle violente et virulente. Ce grand homme de Konoha avait fait partie de son équipe, ils avaient surmontés un grand nombre d’épreuves ensemble, mais, dans l’esprit de l’artiste, il avait toujours été en retard par rapport au Senju. Celui-ci avait été le départ de son envie, de sa jalousie, de son avidité pour le pouvoir, désespéré de ne pas atteindre le même statut que lui. Peut-être que dans des moments d’égarements, il avait cru à de l’amour, d’autres à de la haine mais son esprit, aujourd’hui, lui dictait un manque d’estime de soi. Le calme revenant, il écoutait le discours, silencieux, de Naoshige, d’un air neutre. Ainsi donc, il venait le voir, quémandant un échange de bon procédé, un soutien pour un autre. Le sourire du Kamiko se fit plus vivace ; il avait été placé en égal par le candidat à la magistrature. Flatterie ou réel sentiment, qu’importait, Fumetsu s’en voyait heureux d’être, à minima, considéré par cet être aux talents sylvestres. Toujours muet, il indiquait à son invité soudain de le suivre à travers son palais floral, l’amenant au centre de celui-ci. Il restait silencieux pendant toute la durée du trajet, chassant des derniers songes parasitant son esprit. S’asseyant sur un des sièges après que le Senju se soit installé confortablement, il croisait ses mains sur son abdomen, caressant ses cicatrices, invisibles derrière le vêtement, de ses pouces. Puis, il prenait la parole, sa voix suave emplissant l’atmosphère. « Cela fait six ans que nous nous sommes pas vus. Ce qui semble une éternité pour un enfant devient subitement un battement de cil pour un adulte, n’est-ce pas ? La différence entre hier et demain est grande, peut-être même grandiose. Tu viens demander un soutien que je ne peux peut-être pas t’offrir Nao. Vois-tu, je ne suis qu’une des têtes de mon clan tandis que toi, tu es la tête unique du tien… » Fumetsu marqua une pause, prenant dans sa dextre une fleur de lys, déjà coupée, et la fit jouer dans ses doigts, ostensiblement. « La politique est un jeu dangereux et les alliances sont aussi fragiles que les pétales de cette fleur, mais jouons, veux-tu. Qu’as-tu qui m’intéresserais ? Qu’ai-je qui t’intéresserais ? S’agit-il uniquement d’un soutien ? » Le Kamiko souriait tendrement, attendant une réponse de son invité surprise. Il aimait la tournure que prenait les choses.  
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Senju Naoshige & Kamiko Fumetsu

Les plantes se développaient merveilleusement bien dans cette serre qui pourtant, ne bénéficiait guère des avantages que le mokuton offrait. Un sourire sur les lèvres, Naoshige constatait que son ancien camarade en prenait grandement soin, qu’il travaillait intensément pour permettre une floraison optimale là où les Senju, quant à eux, bénéficiaient d’un domaine fleurit toute l’année — et sans grand effort — même pendant la saison hivernale où les températures négatives prenaient le dessus. C’était une douce fraicheur qu’il ressentait en ces lieux mais elle n’était pas désagréable malgré le fin kimono de soie qu’il portait ; ce dernier était merveilleusement bien ouvragé et bien qu’il paraissait fin, les tissus utilisés étaient résistants face au froid. Toujours habillé de la sorte, l’apparence du Senju allait de père avec ce qu’il voulait dégager, celle d’un homme élégant et souriant ; c’était sous ce couvert que l’on pouvait quotidiennement voir l’homme marcher dans les rues du village, dans une démarche légère, son kimono virevoltant au gré du vent.
De nombreuses facettes habitaient cet étrange personnage qui était bien jeune. Un homme à l’apparence souriante mais qui avait des idées bien arrêtées sur ce qui devait être et advenir du village, poussant la politique comme étant son domaine — son jeu — et sa spécialité. Depuis la fondation des villages, les relations avec l’extérieur étaient devenues plus importantes encore et il en avait conscience. Mais il n’appréciait guère un point fondamental, un point important de son discours récent et qu’il allait mettre en avant aujourd’hui : Akimichi Cho, Shodai Hokage, unificateur pour certains, dictateur pour d’autres — c’était bien en s’imposant qu’il avait maintenu la cohésion à la mort des rivaux fondateurs — avait décidé de ployer l’échine face à un homme qui n’était que vieux et rabougri… Un homme qui n’avait que son nom pour lui faire honneur, sans compétence, si ce n’était celle de l’argent ; une honte, pour celui qui prônait une indépendance totale du village.

S’asseyant confortablement dans un fauteuil de haut standard, Naoshige observa son interlocuteur qui prit à son tour la parole pour répondre à ce qu’il avait dit précédemment. « Il m’est d’avis qu’à l’avenir, les chefs de clan ne seront pas les seuls personnes qui auront un poids dans le village. Nous sommes trois à nous présenter dont une personne qui n’est pas née dans un clan. Dès lors, tu es  seras autant un poids politique que les autres : tu pourrais bien convaincre quelques ninjas exceptionnels de ton clan, éventuellement… » Il disait ostensiblement ce qu’il pensait, ne cachant nullement son avis ; mais pourtant, ce n’était qu’un préambule. Cela n’avait rien à voir avec la requête directe qu’il avait. « J’ai bien appris il y a longtemps qu’il valait mieux choisir des alliés plutôt que des soutiens ; je ne suis pas partisan de vulgaires personnes qui serviraient mes intérêts, pendant quelques semaines… » Il marqua un temps de pause, observateur, scrutant la moindre réaction de son ancien camarade. « Il est temps pour moi de promouvoir autre chose, une donnée plus grande : la fin d’une ère où les shinobis seraient encore les sous-fifres lâches de quelques seigneurs médisants. » Enfin, il lançait l’idée-même qui le poussait à parler à un tel homme, une personne qui pouvait sûrement partager son point de vu ! « La paix est la donnée qui a motivé nos fondateurs pour la conception de ce village, mais est-elle présente..? » questionna-t-il cette fois, de manière plutôt rhétorique : la réponse, tous la connaissait. « Une multitude de clans peuplent le monde et trois villages cachés ont émergé, tandis que la nation montante du fer prend de l’ampleur, petit à petit… De mon côté, je ne recherche plus la même chose qu’avant : la puissance est devenu le moteur, pas ma puissance, mais celle du village. Bien évidemment, cela demande quelques sacrifices, du temps et des moyens… » Il prit quelques instants pour réfléchir, inspirant une bouffée d’air frais. « Je vois en toi un potentiel allié pour mener le village vers une ère de gloire, car tu me ressembles ; je vais éviter le terme manipulateur, mais au moins es-tu un excellent diplomate et tu as de la détermination. Des qualités que j’apprécie, car je les partage… et je n’aime guère être aux ordres d’un balourd comme Chô. » Une dure réalité qu’il affirmait pour la seconde fois : il l’avait dit à Sora, quelques mois auparavant. Chô n’était pas un mauvais dirigeant mais ses actions étaient discutables. « C’est pour cela que je ne viens pas parler de moi, ni de mon discours politique  ; tu es sûrement déjà au courant que je partage le projet d’Inuwashi Sora et il est sûrement venu te voir pour en parler, tu es un jounin d’exception du village, alors je préfère éviter de revenir là-dessus. » Il prit une nouvelle pause, mais n'attendit pas plus de quelques secondes avant de prendre de nouveau la parole. « J'ai déjà répondu à un point : je ne recherche pas qu'un soutien... Dès lors, qu'aies-je qui t'intéresserait, toi ? Nous avons déjà combattu ensembles, cela peut se refaire... pour mener nos idées à bien. Or, je doute fortement que tu sois de ces personnes qui restent toute la journée derrière un bureau ou dans une serre, tu as toujours été si... » Il y eut un temps de réflexion. « Si particulier. J'ai longtemps cherché à faire les bons choix, ceux pour le village, qui donneraient une meilleure réputation à notre contrée ; aujourd'hui, ce n'est plus mon intérêt. Les menaces sont partout et constantes. Le pays du feu doit s'étendre, prendre de l'ampleur et son village caché doit obtenir le pouvoir qu'il mérite, celui total de la gouvernance. Sans un daimyo au-dessus de sa tête ; c'est un projet à long, très long terme. La sédition viendra du peuple lui-même, quand il comprendra que Konoha protège et fait vivre ce pays... qui s'étend grâce à lui. »

Naoshige souriait. Ce sourire était radieux, malgré les paroles qu'il pouvait avoir. Il était fidèle au village et à ses habitants, au pays du feu. Cela ne voulait nullement dire qu'il suivrait les ordres sans sourciller. Ce qu'il voulait amener à Konoha, c'était une ère nouvelle, celle où le village dominerait. « Et toi, que penses-tu de la situation actuelle ? Qu'elles sont tes incroyables projets ? Je ne doute pas qu'on peut toujours trouver un arrangement et plus qu'un soutien l'un envers l'autre. » Il se replaça dans la chaise, toujours le sourire aux lèvres.
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L’homme qui se tenait face à lui était un redoutable orateur, une arme politique de haut niveau. Il s’exprimait avec aisance, calculait ses propos avec mesure et expertise là où d’autres ne baragouinaient que quelques creuses promesses. Le chef du clan Senju n’usurpait pas son titre ni sa réputation. Un homme droit, fidèle, aux idées avant-gardistes. Intéressé, le jeune Kamiko écoutait patiemment, jouant de ses doigts longs et fins avec la tige du lys coupé. Attentif, il appréciait quelque peu les mêmes traits qui l’avaient rendu malheureux tant de fois : autorité, charisme naturel, aisance physique, prestance et toutes autres qualités qu’il lui donnait. Associé au nom, il était persuadé que la mentalité et la psychologie de tels hommes d’états provenaient de la noblesse du sang qui coulait dans leurs veines. Naoshige ne dérogeait pas à la règle. Au fer et à mesure qu’il exposait son projet, le Senju semblait animé d’une flamme que le Kamiko avait pu apercevoir à diverses reprises lorsqu’ils faisaient équipe ; la passion habitait cet homme et Fumetsu pouvait réellement apprécier cela, établissant une comparaison nette entre eux deux. Arquant parfois le sourcil pour notifier sa surprise, son assentiment ou son scepticisme, le jeune en shihakusho blanc avait attentivement digéré toutes les informations données par le Senju. Un candidat à la magistrature tel que lui n’aurait aucun mal à se faire élire grâce à son nom, ou la faiblesse des autres aspirants, mais ses idées étaient dangereuses, délicieusement dangereuses. Là où les autres prônaient la paix, une entente entre villages, une entraide entre shinobi du monde connu, il exhortait à la guerre, ni plus, ni moins. De même, il ne voulait plus ployer le genou face au daimyo : il souhaitait rédiger l’histoire dans la lumière et non dans l’ombre. Amusé, le Kamiko prit un moment afin de réfléchir, plantant son regard dans celui de son ancien ami. « L’honnêteté est une qualité que l’on ne peut te retirer mais que l’on peut te reprocher. Il est une chose d’être ambitieux, un autre d’être un traître à la nation du feu. » Prenant une pause délibérée, savourant un instant où le doute pouvait s’installer dans la tête de son ancien camarade, il reprit cependant. « Heureusement, je ne suis pas de cet avis. La preuve, regarde ce que peut accomplir un clan de shinobi en quelques années : un empire financier et commercial qui ne connait pas de rivaux, ceux-ci ayant été… Ecrasés. La passivité de notre village excède même les plus patients et l’agression subie à Baransu n’est évidemment qu’un avant-goût de ce qui se passera si nous réagissons pas plus vite. De même, que sommes-nous ? Sommes-nous garants de la paix ? Quel est le but réel d’un village caché si ce n’est la domination d’une nation sur une autre ou de servir les intérêts d’un but supérieur ? » Fumetsu se levait, reposant le lys qu’il manipulait depuis le début de l’entrevue sur un établi, et cueilli une fleur aux pétales bleus, puis revenait s’asseoir. « Tu voulais mon avis ? Le voici : nous sommes comme cette fleur, attirants, un bijou magnifique, entreposés tel des trophées, entassés dans un village – ou une serre dans ce cas précis. Pourtant ce n’est pas notre but : le lin est une fleur idéale pour confectionner un tissu résistant que l’on peut teindre facilement. Il est vrai que Cho ne nous utilise pas comme il devrait le faire : attentiste, peureux, il ne passe que difficilement à l’attaque mais pouvons-nous le blâmer ? La guerre a ravagé ces contrées, et le monde, pendant des dizaines d’années. La peur de nouveaux désastres gangrène les cœurs de l’ancienne génération… C’est pourquoi la nouvelle doit prendre les choses en main. En cela, tu es le candidat idéal pour rendre la gloire à Konoha, à la place qu’elle mérite. » S’arrêtant de parler, le Kamiko prenait une pause, recroisant les mains sur son abdomen. Puis, un instant de silence passé, reprit. « Mon projet n’est pas encore aussi clair qu’il n’y paraît. Je n’en suis encore qu’aux ébauches, aux tests précipités, aux expérimentations maladroites et autres échecs répétés. Si, officiellement, je cherche le pouvoir, une position enviable et l’honneur, officieusement, je cherche l’objet de toutes mes envies, de mes jalousies, même. » Laissant sa phrase en suspens, Fumetsu se perdait dans ses pensées, happé par ses émotions. Puis, décroisant ses mains, enchaina avec légèreté. « Il est vrai que je suis curieux de savoir quel arrangement tu chercherais à faire si je te dis que ta femme possède l’un desdits trésors que je cherche… » Souriant, provoquant le Senju, le Kamiko attendait, presque moqueur.
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Senju Naoshige & Kamiko Fumetsu

La discussion prenait une tournure ô combien intéressante. Les idées fusaient dans l’esprit du jeune Senju qui n’hésitait pas à dire ce qu’il pensait car après tout, il savait ses talents orateurs et se considérait relativement bon pour défendre son point de vu. Là était toute l’importance de ce qu’il disait, car c’était son avis et que rien n’était condamnable à proprement parler : chaque parole jouait avec la frontière de la félonie, évitant de la dépasser.  Il y avait dans sa voix ce ton perfide accompagné d’un sourire narquois. Parler de ses ambitions, de la politique, était quelque chose qui l’avait toujours plu et aujourd’hui cette discussion tournait principalement sur ce sujet précis. Fumetsu était un membre d’un clan éminent qui prenait du pouvoir grâce à son économie florissante ; il pouvait tout autant être un brillant allié qu’un coriace adversaire. Il lui fallut, avant que les choses se fassent d’elles-mêmes, devenir son partenaire. Il fallait fédérer plusieurs shinobis ensembles, des personnes aux talents diverses pour concevoir un groupe qui n’aurait aucun mal à mener à bien les ambitions politiques, économiques et militaires du village ; c’était là toute leur particularité, celle d’avoir un village qui survivait en développant tous les domaines. Ils n’étaient pas qu’une vulgaire milice comme la cité du sable ou un centre économique comme celle des tourbillons. Il voyait en son interlocuteur un être capable de le comprendre, de concevoir les pensées qu’il pouvait avoir pour les décortiquer dans son esprit acéré afin de s’en accaparer tous les détails. Naoshige écoutait. Il ne faisait que cela quand le Kamiko répondait, un sourire en coin sur les lèvres, écoutant chaque détail qui parvenait à ses oreilles. Baransu, il évoquait cette catastrophe politique où les trois grands villages, unis, avaient mis en déroute l’armée du village. Ils n’avaient fait que cela car personne ne s’était entendu pour mener quelques missions au sein des terres impériales. Aucun conseil n’avait eu lieu. C’était comme si le monde avait à peine était touché par cela.

Le Senju croisa les doigts, toujours observateur. « Je ne me considère pas comme un traitre à la nation du feu mais plutôt envers le daimyo de notre glorieux pays… Que nous avons renforcé par nos sacrifices. » Une réponse tout en sobriété car il n’y avait pas grand chose à dire d’autre. On pourrait lui reprocher de se cacher derrière une fausse fidélité envers la nation du feu, que chaque ninja devrait être totalement fidèle à son daimyo. Ce serait tout au plus une divergence d’opinion. « Dominer les autres est une chose qui doit se faire dans le temps, de toute évidence. Les villages cachés ont été fondés pour éviter les guerres entre les clans, non pour faire de nous les armes des nobles pouilleux qui n’usent que de nos talents… ou des talents de samouraïs véreux. Akimichi Cho a faiblement ployé le genou face au seigneur du feu et s’il ne l’aurait pas fait, que serait-il advenu ? Une guerre, oui… Remercions-le, cela permettra aux shinobis de travailler en finesse, dans l’ombre, pour ne plus être les armes à la solde des sangs bleus. » Il fallait toujours voir de nouveaux chemins à suivre pour mener des projets à bien même si les événements allaient contre. Et s’en suivit un changement de ton alors que Fumetsu parlait de ses projets. Naoshige l’écouta attentivement jusqu’à ce qu’il ne révèle ce qu’il désirait réellement. Il le fixait dans les yeux, ne détournait pas le regard et le sourire du Senju se fit plus féroce. « Bien des gens désirent le byakugan. Et ceux qui disent le contraire préfèrent le sharingan. » Un doux rire s’échappa des lèvres du maître du mokuton, légèrement amusé par la révélation de son ami. Il ne semblait pas être offensé par ce qu’il venait de dire : même les autres villages jalousent les précieux dojutsus de Konoha. « Crois-tu… que tu es le seul à jalouser les Hyûga ? Parmi la jeune génération de mon clan, certains se comparent aux Hyûga qui ont des dons assurés. Chez nous, le mokuton est une donnée rare, très rare et compliquée à contrôler. Il faut magnifiquement bien contrôler le chakra sinon… sinon, nous risquerions de devenir de vulgaires arbres. Car notre don nous permet d’affluer sur nos tissus corporels. Mais il est précieux. On pourrait dire que le pouvoir est à ce prix mais malheureusement, les Hyûgas n'ont pas cette considération. » Une réalité, c'était tout ce que cela pouvait être. Le chef du clan Hyûga était un homme dédaigneux qu'il avait déjà rencontré pour sceller l'alliance entre les deux clans. « J'ai toujours été d'un avis bien précieux sur les dons que nous détenons, au sein de notre village... notre unité... À mes yeux, ils doivent demeurer à Konoha. Qu'importe que quelqu'un dont le nom n'est pas Hyûga arbore ce don. Tu serais peut-être même mieux placer que certains genins de leur clan pour le détenir... Cependant... » Il y eut un arrêt dans ses paroles. Il pouvait tolérer de telles choses, il le faisait après tout déjà : pour lui, tant que tout restait à Konoha, cela irait. « Il est un point important à mes yeux. Nous ne pouvons nous permettre de dépouiller des personnes compétentes ; que tu t'empares des yeux de jeunes de leur clan, soit. Mais des personnes comme mon épouse, par exemple, ont des talents dans la maîtrise du ninjutsu et de leurs dons. Je prends son exemple, mais elle n'est guère la seule... » Il sépara ses deux mains, se levant avec agilité pour observer les fleurs présentes dans la serre. « Un autre point est absolument nécessaire... Tu as dis que l'on pouvait me percevoir comme un félon envers la nation du feu... Soit. Mais je ne le suis guère, je le sais et je doute montrer quoique ce soit qui évoque la destruction de notre pays. Au contraire... La fidélité envers notre nation avant tout. Cela ne me dérange pas que tu expérimentes sur quelques Hyûga... Et je ne doute pas que tu envies les pupilles sanguinaires du clan Uchiha. Mais cela doit rester au sein de Konoha et pour Konoha. Jamais pour les intérêts d'une autre nation ; je refuse qu'un autre village caché acquiert les dons qui nous donnent tant d'avantages. » Il marqua une pause, son regard se porta vers l'extérieur alors qu'il se pinçait la lèvre. « Tu encourais de graves risques avec de telles expériences. En as-tu conscience ? » Il termina par cette simple question, baissant les yeux vers les fleurs face à lui.
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Fumetsu était légèrement déçu que sa provocation n’eût pas l’effet escompté mais nullement surpris, pour autant. Il en espérait autant d’un homme qui briguait la plus importante magistrature. Conforté, le Kamiko joua avec les plis de ses manches, curieux d’entendre ce qu’avait à répondre le jeune Senju, homme de prestance inégalée. Celui-ci présentait ses projets sans crainte, avec un aplomb enviable, certain que nul autre que l’artiste écoutait ses paroles. Evidemment, c’était le cas, la serre n’étant habitée que par un seul homme du domaine Kamiko et il se tenait face à lui. Plus il s’exprimait, plus Fumetsu sentait une noirceur étrange émaner du Senju. Il professait une idéologie dangereuse mais ô combien pragmatique : Konoha pour Konoha ; un isolationnisme impérialiste où élites se confondaient avec le mérite. Souriant, le Kamiko jubilait intérieurement ; qui aurait cru qu’un chef de clan aussi respecté que Naoshige pouvait avoir une once d’obscurité en lui ? Qu’il était aussi proche de sombrer dans un gouffre inextricable, gouffre dans lequel Fumetsu avait déjà chuté. Son ancien coéquipier jouait avec le feu en prononçant ces paroles, dépossédant le don héréditaire des clans à pupilles pour les offrir aux plus méritants : il pouvait perdre l’alliance consolidé par son mariage, ainsi que le soutien des Uchiha. Continuant à écouter avec attention, il suivait du regard le Senju qui s’était levé pour aller contempler l’œuvre floral, appréciant la beauté parfaite des plantes et fleurs parsemant la serre. Alors qu’il s’était tu sur une mise en garde amicale, le Kamiko se levait à son tour, époussetant une poussière inexistante de son vêtement et croisait ses doigts. « Il n’y a rien de concret. Je n’ai pas eu la chance de tomber sur un cobaye présentant les biens que je convoite ; il s’agit donc, présentement, que d’expérimentations scientifiques – voire artistique si on est capable de le voir ainsi. Je n’encours donc aucun danger particulier, si ce n’est la possible disgrâce auprès des grands clans de Konoha si une rumeur vient à éclater. Cependant, tu es le seul connaissant ce secret, et, dénué de preuve pour l’appuyer, tu ne parviendrais pas à m’atteindre au cœur. Si l’ancestralité de ton clan suffirait à me discréditer, il ne serait pas suffisant pour m’écarter définitivement et je ne suis qu’une des têtes innombrables du clan Kamiko. » Fumetsu savait pertinemment qu’aucune menace n’avait été proférée en son encontre mais il s’amusait des tensions qu’il pouvait lui-même générer, testant habilement les réactions de son interlocuteur entre promesses et provocations. « De plus, qui sait ? Peut-être que mes avancées bénéficieront le clan Senju… » Un grand sourire éclairait le visage du Kamiko, son interlocuteur lui avait révélé la faiblesse croissante du clan au Mokuton, il était donc évident qu’il cherchait un moyen de combattre la décroissance inévitable des Senju. « Enfin, rassure toi, mon village passe avant tout, malgré la pourriture qui y vit… Mais cela, je suppose que tu seras à même de régler ce problème. » Prenant une légère pause, le regard attiré par une floraison soudaine, Fumetsu se dirigea d’un pas souple, léger vers l’établi où le miracle se produisait. Souriant, il en coupa la tige, la présentant au Senju. « Puisse Konoha être ainsi : fleurir en février. Mais, il aura fallu des années, des sacrifices énormes pour en arriver là. Es-tu prêt à commettre l’impardonnable ? Es-tu prêt à renverser les conceptions de ce monde pour un nouvel ordre ? Es-tu prêt à affronter le courroux de tes pairs ? Es-tu prêt à pénétrer dans le temple de la solitude, au sommet du pouvoir ? Ne pense pas que tu seras épaulé par tes triumvirs ; ils ne chercheront qu’à prendre ton pouvoir. A moins… Que je n’en fasse partie. » Il le regardait, sans sourire, un visage sérieux qu’il n’avait montré que parfois et dont personne n’en avait souvenir ; morts, usuellement.
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Senju Naoshige & Kamiko Fumetsu

Un sourire. C’était la seule chose qui ressortait de cette discussion. Un sourire qui témoignait d’un amusement certain, sans pareil ; il affrontait à cet instant un esprit tout aussi politique et retors que le sien. Mais au fond, était-ce réellement un affrontement ? Ce n’était guère plus qu’une opposition entre deux esprits car tout deux allaient, au gré des mots, dans un sens commun. Et pourtant, le Kamiko ne manquait pas de tenter de lever des défis envers le Senju. Leurs pensées bataillaient entre elles et face à cet individu si particulier, une sombre étrangeté jaillissait des pores boisés de Naoshige. La vie coulait en lui et dans son chakra car tel était le don que représentait le mokuton, la merveilleuse manipulation de l’essence vitale… en laissant croitre fleurs et arbres dans un enchevêtrement à la limite du diabolique.
La limite. Une douce saveur s’échappait de ce mot car depuis toujours, il jouait avec elle. Elle était dangereuse mais son odeur n’avait aucun égal. Parvenu à la plus haute position au sein de son clan — un clan prestigieux dans le Sekai, un clan qui avait fait les légendes — il n’avait que cherché à s’élever dans le monde. Au-delà des limitations induites par les villages cachés, l’homme cherchait désormais à prendre un pouvoir supérieur — mais conscient des faiblesses de tout un chacun, il appréciait l’idée d’un triumvirat qui donnerait à Konoha la préséance sur toute institution mondiale. Face à la puissance d’un trio aux compétences complémentaires, Konoha pourrait imposer son hégémonie au monde-même. Cette idée était succulente, dépassant toutes les autres et l’homme avait mené ses plans à bien… depuis tant de temps.
Yume. Sa seule faiblesse, apparue récemment. Cette idée d’un mariage arrangé n’était pas de son ressort direct, provenant des aînés du clan. Il avait accepté et avait mené les diverses tractations… Jamais il ne se serait attendu à une fille aussi douce — mais surtout aussi jeune… C’était pour les personnes comme elle qu’il faisait de telles choses. Et pis encore, il le faisait pour les enfants qu’il pourrait un jour avoir avec son épouse… Il pourrait concevoir les pires crimes si cela assurait la prospérité de son clan et de ses enfants, le jour où il en aurait — il pensait sur le long terme.

Observant son interlocuteur, Naoshige inspira une légère bouffée d’air frais face à ses paroles. « S’il y a bien quelque chose qui me caractérise, c’est la fidélité que j’ai envers mes alliés… et mes amis. À quel moment aurais-je envie de provoquer ta disgrâce ? Je n’ai aucun intérêt à cela… et même si nous finissions par considérer que travailler ensemble ne valait pas le coup, je peux t’assurer que tu ne craindrais rien… J’ai bien d’autres choses à faire. » Un léger hochement de tête, de la gauche à la droite, accentua ses paroles alors qu’il venait se reposer sur son fauteuil. Une jambe par-dessus l’autre, le dos parfaitement droit, il se tendit légèrement vers l’arrière en écoutant Kamiko. « Peut-être que tes expérimentations permettront aux miens de… s’assurer un avenir sans déchéance, effectivement… » Cela pouvait servir ses intérêts et il était prêt aux nombreux sacrifices pour aider le Kamiko dans ses projets… Servir les intérêts d’un clan — ou d’un shinobi — c’était servir les intérêts du village. « Je suis ravi d’entendre une pareille chose. Ta fidélité envers le village est importante mais… » Un temps d’hésitation, l’homme prit une nouvelle bouffée d’air frais : le village pouvait être servi de l’intérieur… comme de l’extérieur. « N’hésites pas à préparer une solution de repli ; nos ennemis sont nombreux, au sein de Konoha et à l’extérieur. Je n’aimerais guère perdre un allié dans les feux de l’action… » S’ils devenaient de véritables alliés, en tout cas. Ils l’avaient été par le passé mais rien ne disait que cela se reproduirait. D’un mouvement léger, le Senju s’empara de la tige tendu par Fumetsu. « La vie d’un shinobi est un affrontement constant. Je n’ai jamais eu peur de la solitude, pas plus que du courroux des hautes instances de ce monde… Renverser le monde serait un merveilleux jeu pour imposer Konoha et le pays du feu ; développons nos forces, emparons-nous des terres à l’ouest du village, détruisons Suna puis regardons vers l’est et annexons Uzushio… » Oh, bien-sûr que les fourbes Omura et les savants Uzumaki seraient toujours plus intéressants en vie… Le Kamiko attisait en lui une flamme sombre que seule Yume parvenait à calmer. Et bien-sûr… « Anéantissons l’empire du feu. » Un feu brillait dans les yeux du maître du mokuton… Un feu qui s’embrasait à mesure que les minutes passaient et que la discussion évoluait. « Peut-être ne seras-tu pas avec moi au sommet du village, mais au moins serons-nous alliés pour cela… Et les effets de nos actions communes rejailliront sur ton clan. Si nous parvenons à imposer ce triumvirat, Konoha bénéficiera de trois têtes puissantes qui tiendront aisément tête aux autres dirigeants de ce monde… Et il ne sera pas difficile pour moi de te couvrir et de quelques fois disparaître pour te soutenir… » La discussion prenait un tournant étrange ; Naoshige semblait avoir trouvé quelqu’un avec qui discuter, quelqu’un qui pensait de sa façon et qui comprenait son point de vu… une personne qui pourrait l’aider pour imposer la ferveur du feu au monde.
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Kamiko Fumetsu
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La conversation, pour un regard extérieure, pouvait être déroutante ; on pouvait penser qu’il s’agissait là de menaces cachées, de promesses déguisées, d’affronts politiques alors qu’il n’en était rien. Les deux hommes avançaient vers la même direction, prenant les choses avec des pincettes, cela dit. L’un cherchait à trouver un terrain d’entente, l’autre, une protection. Si, parfois, l’homme en shihakusho blanc provoquait sournoisement son interlocuteur, il le faisait avec raisons ; il testait le Senju. Les qualités oratoires des deux hommes rendaient la chose intéressante, même pour l’œil extérieur et novice. Jaugeant les ambitions, les moyens et les capacités, ils tournaient autour du pot, parlant à mots couverts. Ce jeu politique grisait le jeune Kamiko qui se sentait grandir, qui sentait, déjà, qu’il allait parvenir à conclure une alliance des plus intéressantes. Son sourire revint aussi soudainement qu’il était parti, écoutant avec attention les réponses du Senju qui s’évertuait à lui faire comprendre qu’il n’était nulle menace et ne cherchait qu’à propulser Konoha à la place qu’elle mérite : le sommet du monde. Ce discours impérialiste, belliqueux séduisait réellement Fumetsu qui se projetait, alors, dans un futur noir où la gloire guerrière remplacerait la gloire de la naissance. Plus il observait l’homme emmitouflé dans son kimono noir, contrastant avec le shihakusho blanc du Kamiko, plus il était satisfait de ce qu’il y voyait : un homme moderne, prêt à combattre les préexistences afin d’instaurer un monde nouveau, à la pointe de ce qui pouvait se faire, mais, surtout, un homme prêt à sombrer. Il était mu par son projet autant que Fumetsu était mu par le sien, préparé à passer un pacte avec un konohajin jaloux, envieux des grandes castes et de leurs secrets. Rassuré d’une telle envie et d’une telle promesse de fidélité, le Kamiko avait fait son choix, en son for intérieur.

Lorsque Naoshige se tut, contemplant distraitement la fleur pourpre, Fumetsu vint s’asseoir, un sourire sur les lèvres. « Il faut avouer que tes propos sont déroutants venant d’un homme dont la naissance a prédestiné aux grandes éloges. Etre prêt à perdre ce qui t’as été offert pour une vision que tu es le seul à voir, pour l’instant, est un signe de grandeur ou de démence. Je pencherai plutôt pour la première option puisque tu as toujours été calculateur et droit dans tes responsabilités diverses. » Prenant son temps, se délectant de la position dominante qu’il revêtait un instant, seul propriétaire du soutien – ou de l’amitié – futur, Fumetsu s’humectait les lèvres. « Tes ressources et ton pragmatisme te permettront d’accomplir ce que tu cherches. Evidemment, la route sera difficile et c’est pour cela que tu cherches des amis, soutiens et autres alliances, mais je ne doute pas que tu sauras les convaincre du bien-fondé de tes convictions, comme tu l’as fait avec moi. Ce que tu m’offres m’est suffisant pour que je marche à tes côtés. » Il avait dit cela avec légèreté, la voix suave et douce, telle une caresse venant flatter les joues du Senju. Puis, ouvrant ses yeux, perdant son sourire courtois, un regard glacial, dangereux mais réel planté dans les yeux de son interlocuteur, il continuait. « Je saurai te rappeler tes obligations si tu les oublies, cela dit. » Puis, sur la même lancée, se rapprochant. « Je suis prêt à débloquer des fonds, ce n’est pas ça qui manque chez nous, pour ta campagne, et, de même, à agir publiquement pour toi. A partir de maintenant, puisque je te suis un allié, et ami – après tout, cela me semble que du bon sens -, que puis-je faire pour toi ? » Se recalant contre le dossier du fauteuil, Fumetsu regagnait un visage neutre malgré un éclaircissement perceptible ; le jeu politique était terminé, l’heure était à la transaction.
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Senju Naoshige & Kamiko Fumetsu

La discussion semblait sur le point de s’achever. Un sourire sur les lèvres, Naoshige l’avait mené comme il l’aurait fait avec n’importe quel combat politique, comme il le faisait actuellement concernant sa candidature au prestigieux poste de Hokage. Mais Fumetsu n’était pas son ennemi, rien que par le fait qu’il le connaissait personnellement d’un passé peu éloigné allait en ce sens. Leurs intentions pouvaient aisément passer pour tentatives de sédition envers le village alors que tout deux semblaient amplement d’accord sur leur fidélité envers le village, et éventuellement, l’un envers l’autre. Son allégeance ne changerait jamais et il avait pourtant une connaissance complète de ce qui pouvait lui arriver s’il échouait, si quelqu’un découvrait ses ambitions. Le jour où il déciderait de les mettre en oeuvre, il devrait faire tout pour assurer ses arrières et des solutions de repli car la mort pourrait être au bout du chemin. Konoha pouvait pâtir de ses actions autant que son épouse et les personnes qu’il connaissait. Il était prêt à devenir un criminel si cela permettrait à ses proches de ne pas subir les foudres de ses ambitions politiques, quitte à sacrifier sa propre existence pour un projet plus grand et qui lui tenait à coeur. Car même si un jour, cela se savait et qu’il était amené à fuir… Naoshige serait aisément identifiable : le mokuton n’était pas une nature de chakra répandue et son usage serait ensuite limité, retirant une part de son propre potentiel offensif car c’était bien sur cela qu’il comptait lors de ses missions. Le don unique de son clan n’avait pas d’égal en ces terres… et le Sekai ne comptait pas de plus prodigieux don que celui de la vie, envié par tous les clans et villages. Le chef du clan Senju en était le protecteur mais devait amener à sa pérennité.

Face aux réponses de son interlocuteur, Naoshige acquiesça de la tête. « Je conçois parfaitement ta pensée mais si tu me connais, tu sais… Que mes privilèges ne sont pas dûs à mon clan. J’ai appris seul à maîtriser mes dons, je n’ai eu que peu d’aide et mon propre père se défoulait sur moi pour s’entraîner. Je n’ai eu l’aide de mon clan que lorsque j’ai annoncé ma maîtrise du mokuton or, je savais déjà suffisamment de choses pour me débrouiller seul. Le système des clans est fondamental dans notre village mais si désormais, je vis avec de forts privilèges, je ne compte pas me reposer jusqu’à ce que chacun ait ce que notre village ait sensé lui apporter et ce dont je bénéficie. » tenta-t-il d’expliquer, voulant montrer que les privilèges qu’il avait aujourd’hui étaient dûs à son travail et qu’il voulait donner ces conditions à tout un chacun. « Je suis ravi de savoir que tu marcheras à mes côtés et que l’on collabora ensemble. Comme tu l’as dis, je risque la déchéance si mes projets se savent mais je préparais mes arrières… » Il laissa flotter ses paroles dans l’air, vague dans ce qu’il disait ; préparer ses arrières pouvait tout dire, après tout. « Et je ne manquerai pas de te rappeler les tiennes. Tu serais peut-être un excellent utilisateur de dôjutsu, certes… Mais tu n’es pas le seul qui pourrait s’en servir habilement. » La phrase pouvait sembler être un sous-entendu, mais aux yeux de Naoshige, elle paraissait tout à fait clair sur ce qu’il cherchait à dire : lui aussi pourrait bénéficier d’un tel don, à l’avenir… « L’aide se doit d’être réciproque, après tout. » continua-t-il au sujet de la phrase précédente tandis que Fumetsu lui assurait son soutien public. « J’ai bien quelque chose pour toi, effectivement, mais cela te servira tout autant. » Il sortit un ordre de mission de son kimono avant de le tendre à Fumetsu. « Cette mission concerne le clan Hyûga, un déserteur qui s’est enfui du village. Nul doute qu’il serait un excellent sujet d’expérimentation… » Le sourire aux lèvres, Naoshige trouvait parfait l’enchaînement des événements. « Je suis ravi de voir que nos projets peuvent aussi facilement se mêler, pour le bien du village. Si tu as besoin de mon aide, n’hésites pas et bon courage pour tes expérimentations, en espérant qu’elles soient… concluantes. » Il inclina brièvement la tête avant de lentement tourner le dos à Fumetsu, prenant la route vers la sortie de la serre.
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La discussion ne s’était guère éternisée, conduite par des experts en la matière, professeurs de volupté et de stratagème. Séditieux, non, meut d’un commun avis, oui. Chacun des deux hommes connaissaient les risques et n’engageaient qu’eux dans une entreprise difficile. Les deux, parés d’atours noirs et blancs, représentaient la même facette d’ingéniosité mais dans un monde aux antipodes. Si l’un revêtait un habit terne dans un monde de lumière, de politique, l’autre revêtait un habit lumineux dans un monde terne, d’illégalité. Il suffisait d’une erreur pour faire d’eux des parias alors qu’ils ne souhaitaient que le bien de Konoha. Cependant, peu seraient susceptibles de comprendre les intrications tordues des esprits malades et ingénieux de ces deux grands conspirateurs. Parfaitement conscient des implications d’une telle amitié, le Kamiko se mettait plus à l’aise, écoutant les derniers propos de son interlocuteur du jour. Le Senju s’était amusé, manifestement, à affronter un adversaire à sa hauteur, doté d’une langue fourchue et d’un esprit retord – malsain, dirait certain. Cependant, il avait fait l’erreur de s’expliquer, de justifier son originalité, cherchant à prouver son unicité ; un pouvoir issu du labeur, non d’une naissance injuste. Impassible, Fumetsu le regardait sans compassion, légèrement déçu d’une telle justification, surtout entre amis. La naissance établissait un ordre naturel qu’il se fallait de respecter et de purger, par instant, les maillons affaiblissant celui-ci. De même, la nature avait offert un pouvoir spécial au Kamiko qui lui permettrait bien assez tôt de s’élever au-dessus de cet ordre, chose qu’il convoitait au plus haut point. Pour se faire, la politique et l’alliance avec le Senju se révélait être un tremplin merveilleux. Nul doute que l’amitié naissante le motivait, aussi, à se lancer dans une nouvelle entreprise, plus stimulante que sa solitude. La discussion s’éteignait lentement, dans un souffle commun, échangeant de dernières menaces, banalités et indications, une dernière passe d’escrime verbale pour clôturer une discussion houleuse mais instructive : un ordre de mission. Un Hyûga déserteur. Le sourire naissant sur les lèvres déjà naturellement étirées de Fumetsu l’enlaidissait soudainement mais cela s’apparentait à de la joie réelle. Il s’agissait là d’une bénédiction, un cadeau du ciel, fidélisant instantanément le Kamiko au Senju, faisant coïncider les projets des deux hommes dans un seul, résumable sous une phrase aussi sombre que lumineuse : « Pour le bien de Konoha ». Prêt à tous les extrêmes, l’alliance se scellait alors, dans la promesse d’un meurtre autant pour l’égoïsme jaloux de Fumetsu que pour sauver la chère Konoha de Naoshige. Raccompagnant le dignitaire Senju à la porte de la serre, serrant fortement le pli de mission, le Kamiko souriait vicieusement : il était prêt à tenter. Peut-être serait-ce un échec, peut-être serait-ce une réussite, l’inconnu lui tendait les bras avec amour et il comptait l’embrasser. Sortant de son mutisme, il salua son ami, d’un sourire sincère, le regardant droit dans les yeux, l’autorisant à sonder son âme. « On se reverra bien assez tôt mon cher Naoshige. Gagne les élections pour Konoha, pour notre… amitié. ». Il le laissait alors partir, ravi de la tournure des évènements.  
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