Si le monde qui m’entourait me semblait étrangement familier, c’est à cause de la redondance presque maladive que Mère Nature avait offert à cet endroit ; une succession ordonnée d’arbres de même racine, de même espèce toisant la mousse étendue sur un sol herbeux immaculé. Ces géants verts semblaient paresseux à laisser leurs membres boiseux flotter au gré du vent doux, matinal. Cette même caresse venait agresser mes sens, dans un printemps glissant tendrement vers l’automne, me maintenait éveillé. Ce territoire avait quelque chose de magique dans son aspect ennuyeux, il pouvait hypnotiser le plus féroce des prédateurs, endormir le plus sauvage des chasseurs. Je me surprenais à rêver en marchant, levant les yeux au ciel pour tenter de percevoir des bouts de ciels au travers du toit verdoyant que formaient les branches. Pris au piège dans un dédale naturel, je continuais à avancer, d’un pas lent vers ma destination. Ce genre de marche avait pour but de me faire réfléchir, de purger de mon crâne les pensées noires que je pouvais entretenir. C’était pour cette raison que j’étais parti en pèlerinage, si nous pouvons appeler cela ainsi, vers les terres de mon enfance. Me rappeler qui je suis, qui j’étais et ce que je serai. L’arrivée d’un jeune adolescent dans ma vie avait définitivement bouleversé mon futur. La mort, aussi noble soit-elle, n’était plus une option ; je ne me battais plus pour une morte, je me bats pour un vivant. Cette différence, pourtant si faible, avait ouvert une vanne pernicieuse de sentiments contradictoires et conflictuels entre ce qui a été et ce qui sera. Je ne pensais plus à elle, je ne rêvais plus d’elle, je n’aspirais plus à la délivrance guerrière. Je pensais à lui, je ne rêvais plus que de lui, j’aspirais à la vie. Chaque pas en avant était un souvenir s’étiolant vicieusement, presque niant que celui-ci ait existé. Etrangement, le voile de nostalgie qui m’englobait depuis des années s’était déchiré, révélant une chaleur différente, unique, une sorte de rayon d’espoir qui réchauffait mon cœur asséché par le passage du temps. De même, la fatigue constante se changeait en vigueur paternelle.
Me posant un instant, éprouvé quelque peu par le voyage – il faut dire que cela faisait quelques jours que je marchais, sans grand repos -, je sortais de mon égarement intellectuel. J’observais les alentours, rien ne sortais de l’ordinaire et malgré mes vadrouilles récurrentes dans ce monde, je ne reconnaissais pas l’endroit malgré le fait que je savais où aller. Les quelques rais de lumières blanches m’indiquèrent, cependant, que le soleil s’était levé depuis un léger moment ; je ne m’étais pas rendu compte que j’avais marché pendant la nuit. Soufflant dans ma barbe, réveillant au passage la sensibilité de mes lèvres scellées et douloureuses d’être crispée lorsque je pensais, je sortis une légère gourde d’eau de mon paquetage et l’utilisais pour me laver le visage, chassant, ainsi, les quelques songes persistant encore à torturer mon esprit fatigué. Puis, je rangeais mes affaires et reprenais la route derechef.
Le paysage n’avait toujours pas changé, restant dans cette monotonie presqu’ensorcelante, si bien que je laissais ma vigilance vagabonder avec le reste de mes tribulations intellectuelles. Seul un grognement sourd me rappela brutalement à la réalité : une louve. La présence d’un prédateur dans un environnement semblant pourtant si paisible était une transgression inacceptable pour un monde aussi calme. Posant mes affaires lentement, j’observais durement le canidé, anticipant le moindre mouvement brusque ou agressif. Paumes ouvertes, en sa direction, je fléchissais les genoux, prêt à bondir, au cas où. Mieux valait prévenir, que guérir.
Par dessus l'étang, soudain j'ai vu, passer les oies sauvages
Hidenori & Sen
De retour dans l'équipe de chasse. Après avoir passé deux semaines avec ceux qui cultivent, qui cueillent divers fruits, légumes et baies. Moi qui me plaignait de ne pas trop m'y connaître dans ce domaine, voici la donne changé. Je suis désormais incollable sur la flore environnante. Attention, je ne connais pas tous les effets, mais je sais au moins ce qui se mange ou non. L'équipe de chasse m'avait manqué, c'est bien plus vivifiant, sportif et intense que de ramasser son petit basilic dans un coin... Reira a eu bien plus de mal que moi à se faire à cette activité. Pas besoin de se cacher, de traquer... Les fruits ne s'enfuient pas, à notre grand regret.
En tout cas, c'est terminé. La nouvelle matriarche nous a assignés depuis hier au soir, à nouveau à la chasse. C'est notre domaine de prédilection après tout. Je pense que lorsque l'on prend du plaisir dans ce qu'on fait, le résultat n'en n'est que meilleur et la preuve, j'ai très souvent ramenée du bon gibier pour nous même ou à vendre. Par contre, en ramasseuse... Mon panier était très souvent le plus léger. Quoiqu'il en soit, la nuit fut courte car j'avais un trop plein d'énergie avec Reira. S'endormir, c'était une épreuve... Qu'allons nous traquer demain... Sanglier, cerf, lièvre ? Et si j'avais perdu en pratique ? Impossible, on a ça dans le sang, ce n'est pas en deux semaines qu'ont peut perdre sa technique.
Le matin venu. Les chasseurs du clan se préparaient. Le Soleil caressait de ses rayons, la forêt encore endormit. Seul quelques oiseaux très matinaux chantaient de manière très timide. La brume sur les quelques clairières, camouflaient encore assez bien le petit gibier... Mais pas pour longtemps et ça ne saurait tromper notre odorat. Il ne faut pas se croire seul. J'étais équipée pour la chasse et pour les mauvaises rencontres... Bandits, shinobis mal intentionnés. Le plus dur dans tout ça ? Conserver notre calme, alors qu'on a vraiment besoin de se défouler Reira et moi. Ensemble, nous avancions à l'entrée du village et je me hissais sans peine sur son dos, mes doigts fourrageant sa fourrure immaculé et humide à cause de la fraicheur matinal.
Je jette un regard à mes confrères et consœurs. Ils me rendent un salut, leurs lèvres laissant entrevoir leurs canines aussi proéminentes que les miennes. Puis, je lève mon regard vers le veilleur sur sa tour en bois. Il balaye du regard l'horizon qui s'éveille, avant de nous donner le signal de départ. Soudain, comme si nous n'étions qu'un seul chasseur, nous partons ensemble à l'unisson. Les foulées de nos loups frappant silencieusement le sol, comme si ils volaient. Les bêtes halètent sous l'excitation, certains prennent le temps de se provoquer gentiment par des mordillements ou des glapissements pour évacuer. Cramponnée à Reira, je ne fais qu'une avec elle, son souffle est le mien. Je sens les battements de son cœur et je la sens heureuse d'être à nouveau dans une activité plus intense.
Nous nous postons au sommet d'une bute. Le village est déjà loin. A partir d'ici, le travail est en binôme et progressivement, chacun suit sa piste. Reira et moi, on laisse nos sens nous guider... Le ciel est rose, bleutée... Dégagé. Un signe qu'il fera beau ce matin. Nos oreilles nous amènent le son du vent qui passe dans les buissons, des insectes qui s'éveillent, et c'est alors que l'odorat s'en mêle... Une odeur musqué. Un cerf ! Reira peine à retenir sa salive et la truffe au sol, elle cherche une piste récente de ce dernier. J'avance dans la forêt, à ses côtés et je remarques une trace de passage dans les fourrés, au sol, des branches cassés sous ses sabots. Ma louve m'interpelle.
"Sen, des traces, regarde.
Avec la lame de mon naginata. Je soulève un feuillage, pour mieux dégager les empreintes.
_ Bien joué. Tu peux le pister encore un peu, mais tu m'attends pour la traque.
Lui ordonnais-je.
"Oh. Je ne peux pas le manger ? On en ramènera un autre ?"
Je secouais négativement la tête. Puis je posais ma main sur son flanc, lui donnant mon accord pour son départ. De mon côté, j'ai repéré une petite rivière sauvage, nous allons avoir besoin d'eau. Je me rends à cette dernière, et y capte l'eau très fraiche. Au passage, je lave mon visage, c'est vivifiant ! Une famille de renard m'observe très furtivement avant de disparaitre dans leurs tanière. Je dois rejoindre Reira où elle ne tiendra pas, si il manque un morceau de notre proie, sa valeur sera diminué.
C'est alors que j'entends son grondement caractéristique. Je presse le pas, prête à l'a rappeler à l'ordre même si son ton est étrange contre un cerf. Je la sens méfiante. Ça me stress et sortant des fourrés, je la rejoins. Elle fait face à un étranger qui est lui aussi sur sa défensif.
"Sen... Il est sur notre route."
J'échange un regard avec le vieillard. Bizarrement, je n'ai pas envie de m'y frotter. Appeler ça l'instinct animal ou le sixième sens féminin.
_ Bonjour, nous sommes en chasse. Excusez ma louve si elle vous a parut hostile. Elle n'a rien contre vous.
Abordais-je. Essayant de désamorcer la situation. Suite à ma déclaration, Reira s'assit à mes côtés et cachait ses crocs par ses babines. Preuve de sa bonne foi.
_ Êtes vous... Perdu ?
Supposais-je. Reira m'observait, penchant sa tête sur le côté.
"Tu penses que c'est le moment de faire du social ?"
Quoi ? Si ça se trouve, cet homme, ça fait des semaines qu'il marche sans savoir où ! Il est plutôt maigre, dégarnie... De quand date son dernier repas ? Il est sans doute le grand père de quelqu'un, l'époux d'une femme aussi vieille que lui... J'en sais rien, mais c'est suspect.
Alors, je reste alerte avec Reira.
Kamiko Fumetsu
Konoha no Jonin
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Fiche du Ninja Grade & Rang: JOUNIN - RANG A - Pak Tse Sin de Long Shè Ryos: 480 Expérience: (1086/2000)
Le regard de la louve avait quelque chose d’étrange, ensorceleur ; il était animé d’une profonde intelligence, comme si la créature pouvait communiquer intelligemment. Son grognement n’était nullement caractéristique des canidés, même des plus grosses espèces, à laquelle elle faisait manifestement partie. C’est en voyant arriver une femme grimé de crocs rouges que je compris, partiellement, en tout cas, à qui j’avais à faire. Un couple de chasseur au lien très étroit, certainement ; quelques shinobis que j’avais côtoyés dans mon passé possédaient le pouvoir de se faire comprendre aux animaux. Des récits parlaient d’un clan de Konoha pouvant commander aux insectes, alors ordonner aux loups semblait tout aussi probable. Toujours est-il que la présence de cette jeune femme me calma, de même que sa voix, étonnement en accord avec sa personnalité première. Nul doute qu’une sauvage ne s’embêterait pas à masquer ses réelles intentions ou motivations, non, le naturel est règle dans ce genre de confrontation. Sa préoccupation semblait sincère tandis qu’elle analysait mon corps soigneusement, cherchant les traces d’une faiblesse quelconque. Elle n’y verrait que les traces d’un long voyage, éprouvant pour un homme de mon âge, mais aussi les signes d’une puissance violente et dangereuse. Oubliant ma posture défensive, reprenant, donc, une attitude plus neutre, j’observais à mon tour l’énergumène qui me faisait face, au côté de son docile compagnon. Elle ne devait pas dépasser les cinq pieds cinq de haut. De même, sa corpulence reflétait une athlète habitué aux longues courses et autres parties de chasses, renforçant le caractère sauvage de sa personne. Les cheveux mi-longs et bruns enserraient un visage ovale et des yeux étonnement expressifs, d’un caramel doux. Mon interlocutrice savait se maquiller, aussi, présentant deux grands crocs rouges sur son visage, une touche délicate qui me fit sourire involontairement. Rassuré, je repris mes affaires posées contre le tronc d’un arbre alors que je lui répondais, d’une voix fatiguée.
« On peut dire que je suis perdu, mais seulement dans mes songes. Sinon, je suis mon chemin, tel le pèlerin que je suis, tant dans mon esprit qu’à travers cette dense et monotone forêt. Vous me voyez désolé d’avoir pris pour une marque d’hostilité la présence de votre louve, c’est que je n’ai pas vu beaucoup de prédateurs par ici. En tout cas, je vous souhaite une bonne chasse. » Marquant une pause, je me dirigeais droit vers mes interlocuteurs du jour, les premiers depuis bien longtemps, finalement, depuis mon départ de Suna. J’avais privilégié les discours – et autres discussions – internes. Alors que je les dépassais, une idée me vint à l’esprit, une idée soudaine, basée sur un instinct étonnant, me surprenant moi-même. « Ahem. Je vous avouerai que la perspective de manger de la viande me fait saliver malgré moi. Seriez-vous d’accord de me permettre de me joindre à vous ? Ou auriez-vous peur que ma vieillesse soit un fardeau pour un couple aussi dynamique que le vôtre ? » Le ton était à la plaisanterie mais la question sincère.
Avais-je... Réussi à désamorcer les tensions ? Reira et moi, nous montrons patte blanche envers cet illustre inconnu, mais parfois, ça ne suffit pas et certains on besoins de conflit pour diverses raisons. Je ne me débinerais pas si c'est le cas, la vallée est notre territoire et si quelqu'un cherche les histoires avec les Inuzuka, il trouvera sans peine. Cependant ce n'est pas avec une seule personne qu'il aura un conflit mais tout un clan bien soudé.
Le vieux promeneur prend une position plus détendu. Ouf, avec Reira, on préfère garder nos forces pour la chasse. Un faible sourire gagne mes lèvres, alors que le manche de mon naginata s'appuie sur le sol. L'homme à la longue barbe blanche, finit par me répondre.
« On peut dire que je suis perdu, mais seulement dans mes songes. Sinon, je suis mon chemin, tel le pèlerin que je suis, tant dans mon esprit qu’à travers cette dense et monotone forêt. Vous me voyez désolé d’avoir pris pour une marque d’hostilité la présence de votre louve, c’est que je n’ai pas vu beaucoup de prédateurs par ici. En tout cas, je vous souhaite une bonne chasse. »
Un pèlerin. Même si la forêt est vaste, il n'est pas impossible de faire des rencontres humaines. J'opinais quant à ses vœux de succès concernant notre chasse et j'allais reprendre ma route. Après tout, la matinée défile et il n'est pas question de rentrer bredouille. Cependant, le pèlerin s'approche de nous, son visage est si cerné par le temps, que ses yeux sembles constamment clos. Pourtant, il me semble pleinement éveillé à ce qui l'entoure et autre indice à ne pas négliger... Il survit seul, ici, au cours de son voyage. A mon avis, il a plus d'un tour dans son sac. La forêt est loin d'être inoffensive, la nature est impitoyable et si ce ne sont pas les shinobis qui la parcours et qui sont potentiellement hostiles, c'est Mère Nature qui se chargera de votre inexpérience dans son domaine... Baies, fruits, champignons non comestibles ou par le manque d'eau... Tourner en ronds... Insolation ou prédateurs... Tout est possible. Monsieur l'octogénaire reprit notre attention par une requête inattendu.
« Ahem. Je vous avouerai que la perspective de manger de la viande me fait saliver malgré moi. Seriez-vous d’accord de me permettre de me joindre à vous ? Ou auriez-vous peur que ma vieillesse soit un fardeau pour un couple aussi dynamique que le vôtre ? » _ Ahahah ! Peur ? Je suis une Inuzuka, la peur, on ne connait pas ! Surtout sur nos terres.
Rétorquais-je fièrement.
_ Je vous ai observés, si vous voyager seul et que vous êtes arrivés jusqu'ici indemne... Je ne pense pas que ce soit un hasard. Vous ne m’endormirez pas avec votre apparence avancé. Je vous crois quand vous vous dites pèlerin, mais je me permet de douter quand vous vous présenter comme "fardeau".
Expliquais-je, le regard brillant quant à mes déductions.
_ Si vous voulez manger, il faut le mériter. C'est la règle. Travaillons ensembles pour avoir un repas pour vous, une proie pour moi. Ma jeunesse, ma rapidité, mon expérience de chasseuse et... Vos talents.
Proposais-je sur un ton enthousiaste. Je suis assez curieuse, je l'admet, de comprendre comment il a fait pour se débrouiller si bien jusque là.
_ Est-ce que ça vous va ? Je pense que je vais être surprise et que le gibier n'aura qu'à bien se tenir.
Reira. Commençait à avoir du mal à retenir son impatience et trépignait sur place, la queue battante. Il lui tardait de connaitre la réponse de ce voyageur. Il est vieux, certes, mais s'il est encore en vie...
... C'est qu'il sait se battre pour sa vie.
Kamiko Fumetsu
Konoha no Jonin
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La jeune Inuzuka répondait avec énergie, un enthousiasme presqu’étrange, trop naturel pour être réel. Cela ne me choquait nullement, me contentant d’observer – maintenant que j’étais plus proche du couple assorti -, mes deux interlocuteurs ; il fallait être stupide pour ne pas se rendre compte que la louve avait quelque chose de particulier, qu’elle entendait et réagissait à ce que je disais. Ce duo de personnalités, animale et humaine, avait un aspect très divin dans son approche, tel une déesse chasseresse, accompagné de la déesse-louve. Mon imagination aimait se représenter des fables aussi farfelues que celle-ci. Une petite histoire commençait à naître dans mon vieil esprit, dessinant un cadre bucolique et joyeux où nature et culture s’entremêlaient pour former une harmonie sublime, transcendant même la réalité telle que nous la connaissons pour aller vers le firmament, pourchassant les étoiles afin de les englober tel un monstre dévoreur de lumière, amenant la nuit. Rêveur, je m’amusais de la rudesse de mon interlocutrice, appréciant son aspect sauvage – téméraire, peut-être, puisqu’elle se targuait de ne pas connaître la peur. De même, elle devait se tenir en haut estime pour ne pas avoir peur de parler sans détour, allant directement au but, sans mâcher ses propos. Ayant analysé mon aspect premier, physique, naturellement, elle en avait déduit des choses si justes à mon égard que j’en arquais un sourcil, frissonnant légèrement dans mes entrailles, signe prémonitoire d’une confrontation. Son scepticisme s’échappa pourtant assez rapidement, laissant transparaître, à sa place, une curiosité sans faille. Alors, je me détendais de nouveau, comme je l’avais fait auparavant pour sa compagne aux dents longues. Des doutes, elle devait en entretenir, laissant sous-entendre qu’elle n’était nullement dupe face à ma probable force ou puissance. Cela, je ne pouvais pas lui en tenir rigueur mais je n’étais tout de même pas menteur ; j’étais bel et bien, en l’état des choses, un pèlerin tout ce qu’il y a de plus noble. Il fallait avouer, tout de même, que mon apparence jouait contre moi ; comme quoi, l’habit fait le moine. Etrangement, elle avait retourné contre moi ma propre proposition, établissant ses règles, à elle, inhérentes à son clan, dictant mon futur comportement, sans crainte de mon refus, ayant confiance en elle, rayonnante d’assurance. Le respect ne se gagnait jamais par de simples paroles ou grandes palabres pompeuses, mais son comportement associé à son discours s’en rapprochait dangereusement ; il ne lui restait plus qu’à se prouver à mes yeux. Bien qu’elle n’en fût pas consciente, elle réalisait un petit exploit, il fallait l’avouer.
Poussant un léger soupir, étirant mes pauvres muscles et articulations, j’acquiesçais de la tête, appréciant l’initiative de la jeune chasseresse et l’impatience de la louve qui s’agitait non loin. « J’accepte vos termes, je vous suivrais. Même si vous semblez percevoir quelque chose chez moi que je ne conçois pas encore très bien, j’essaierai de prouver ma valeur, ou du moins, de correspondre à l’image que vous semblez vous faire de moi. » Je finissais mes petits exercices et claquais mes mains avec enthousiasme, un sourire étirant mon visage à moitié mangé par ma pilosité envahissante. « Je suis prêt ! Montrez-moi comment la jeunesse Inuzuka chasse ! » J’étais impatient de pouvoir courir le gibier.
Je passais une main. Dans la fourrure de Reira, pour essayer de calmer ses ardeurs, tout en attendant la fameuse réponse du pèlerin qui se dit affamé. Il prit un moment de réflexion, nous n'étions pas à deux minutes près et les oreilles de ma louve, réagissaient au craquement de ses articulations. Cet homme a dû en voir des choses... Il pourrait être facilement mon grand père. Le pèlerin finit par acquiescer et reprendre.
« J’accepte vos termes, je vous suivrais. Même si vous semblez percevoir quelque chose chez moi que je ne conçois pas encore très bien, j’essaierai de prouver ma valeur, ou du moins, de correspondre à l’image que vous semblez vous faire de moi. » _ Appelez ça l'instinct animal.
Commentais-je, alors qu'il finissait un échauffement improvisé.
« Je suis prêt ! Montrez-moi comment la jeunesse Inuzuka chasse ! » _ Ahah ! Vous ne serez pas déçu j'espère. Déjà, il va falloir rattraper le temps perdu à papoter, mais il est encore tôt, on ne devrait pas rentrer les mains vides.
Avec aisance. Je me hissais à nouveau sur le dos de Reira, avant de tendre la main à... A qui d'ailleurs ? Une fois qu'il prit place derrière moi, je pense qu'il est temps de faire les présentations. Reira, de son côté humait l'air et il ne lui fallut pas longtemps pour retrouver la piste de notre proie.
_ Accrochez vous à ma taille.
Conseillais-je, alors que la bête se mit en traque, en direction de l'ouest de la forêt.
_ Comment pouvons vous appeler ? Je suis Sen Inuzuka et vous êtes sur le dos de Reira.
Par moment. La louve s'arrêtait pour renifler le sol, et mon regard observateur, lui, trouvait des autres pistes plus concrète. Comme une touffe de poil accroché dans un buisson.
_ D'où venez vous et où allez vous si je peux me permettre ? Est-ce un voyage pour vous détendre ou spirituelle ?
Demandais-je. Peut-être un peu trop curieuse aux yeux de certains, mais je m'en fiche, au pire des cas, il ne me réponds pas. D'ici quelques instants, il faudra sans doute se taire pour faire place à la concentration. Nous nous enfoncions dans les sous bois, là où les rayons du Soleil peinent à percer. Le chant des oiseaux se fait peu à peu plus discret et l'ambiance change pour quelque chose d'un peu plus intimiste.
Nous sommes à l'affût.
Kamiko Fumetsu
Konoha no Jonin
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L’Inuzuka faisait preuve d’un calme rare, peut-être une preuve de sérénité face à l’inconnu, voire même l’hostile. Elle m’invitait même à partager le dos de sa louve gigantesque, maintenant que je la détaillais quelque peu, il fallait reconnaître que sa taille n’avait rien de normal. Toujours était-il que nombreux étaient mes questionnements sur les intentions de la chasseresse, effet d’une paranoïa latente. Révolu était le temps où les personnes offraient sans réfléchir, ou sans intentions malveillantes, leur aide ou leur toit, ni même une discussion somme toute cordiale. Ainsi surpris, je m’hissais sur l’animal, faisant attention à ne pas le blesser par une mauvaise prise et enroulait de mes bras autour de la taille de mon interlocutrice. Celle-ci se présentait, elle et sa louve, me demandant par la même de m’identifier. Tout naturellement, j’hésitais, mais peu de temps, évitant un malaise. « Je suis Yamamoto Hidenori, et mon paquetage, Yakunitachimasen. » Je souriais sans qu’elle puisse le voir, content tel un enfant de ma blague. L’humour n’avait jamais été de mon fort mais j’aimais rire, me détendre et j’espérais de tout mon cœur que je pouvais user de cet instant pour m’affranchir des pensées grimpantes et rongeuses de mon esprit avec un brin de spiritualité. Elle avait émis le souhait de parler pour combler le vide, le temps que son familier puisse remonter les traces de son gibier, j’avais, bien entendu, accepté la requête sachant pertinemment que ça lui offrait une ouverture pour m’interroger sur mes vagabondages dans ce qui semblait être son territoire. Sans surprise, sans détour, c’est ce qu’elle fît. Ne me faisant pas prier, je lui répondais honnêtement alors qu’un monde vert défilait au fur et à mesure des accélérations et décélérations de l’animal.
« Ma provenance est multiple, si je peux me permettre une réponse aussi vague que précise. Je suis né de la guerre et de la violence dans un faible clan, j’ai vécu dans la paix et l’amour dans une plaine fertile, aujourd’hui, je me meurs dans un pays de sable et de soleil. Alors, oui, ce voyage regroupe un peu de tout cela ; un pèlerinage de fin de vie afin de revisiter chaque monde qui m’a éduqué, m’a transformé et m’a enchanté. Je donne mes adieux à de vieilles connaissances, je donne mes respects à de vieux professeurs, je donne mon cœur à mes anciens amours. Mon âme n’a que trop porté le fardeau de mon passé, je m’en décharge aujourd’hui, ayant enfin une raison de m’en libérer, un espoir infime mais glorieux, m’offrant une chance à la rédemption, à devenir meilleur. Peut-être comprenez-vous cela, malgré votre jeunesse apparente ? Après tout, votre âge doit être semblable à celui d’un canidé, huit fois supérieur à celui d’un humain comme moi. » Je riais allégrement, espérant détendre l’atmosphère, me laissant porter par le moment, par l’euphorie de ne pas se préoccuper du monde violent qui nous entourait. Puis, calmant mes zygomatiques, je lui posais quelques questions, à mon tour : « Enfin, que chassons-nous au juste ? Une bête aussi grosse que votre louve, Reira ? Ne chassez-vous pas pour manger ou simplement pour le trophée ? J’imagine que la connexion de votre clan avec la nature doit être abondante et importante, restreignant vos interactions violentes avec celle-ci… Je me trompe ? »
"Yamamoto Hidenori" Ce nom, ne me disait strictement, et j'avais beau tourner et retourner le nom dans tous les sens... Non, aucune infos au sujet de ce personnage. Au moins, je ne pouvais pas avoir d'apriori sur lui, on part sur quelque chose de neutre et ce n'est pas plus mal. Je riais sur la blague de son paquetage, sacré nom à rallonge, je ne pense pas que je vais encombrer ma mémoire de ce genre d'info. En tout cas, ce vieux pèlerin était d'une compagnie agréable... Du moment qu'il ne radote pas ou qu'il ne juge pas les jeunes générations, ça devrait aller. Il reprit et moi, je l'écoutais comme l'un de nos conteurs.
« Ma provenance est multiple, si je peux me permettre une réponse aussi vague que précise. Je suis né de la guerre et de la violence dans un faible clan, j’ai vécu dans la paix et l’amour dans une plaine fertile, aujourd’hui, je me meurs dans un pays de sable et de soleil. Alors, oui, ce voyage regroupe un peu de tout cela ; un pèlerinage de fin de vie afin de revisiter chaque monde qui m’a éduqué, m’a transformé et m’a enchanté. Je donne mes adieux à de vieilles connaissances, je donne mes respects à de vieux professeurs, je donne mon cœur à mes anciens amours. Mon âme n’a que trop porté le fardeau de mon passé, je m’en décharge aujourd’hui, ayant enfin une raison de m’en libérer, un espoir infime mais glorieux, m’offrant une chance à la rédemption, à devenir meilleur. Peut-être comprenez-vous cela, malgré votre jeunesse apparente ? Après tout, votre âge doit être semblable à celui d’un canidé, huit fois supérieur à celui d’un humain comme moi. »
Il viendrait de Suna ? Mais il n'en serait pas originaire. En tout cas, ça façon de résumer son parcours de vie est très poétique même si la fin me laisse amère... Il est mourant ? Il fait sa rédemption, lâche ses regrets... Quel courage, sur le coup, je l'admire énormément. Je ne savais pas quoi dire... Je me sentais même un peu présomptueuse de le traiter comme égal, au vu de son aura qui transpire l'expérience, la sagesse. Ce n'est pas ma faute, on est comme ça, nous les Inuzuka, que tu sois princesse ou mendiant, le traitement sera le même, nous restons naturels.
_ Non, ne vous compliqué pas là dessus, j'ai vingt printemps, rien de plus ou de moins.
Le rassurais-je. La croissance de nos partenaires canin est comme ralentie, un effet spécifique à notre clan pour que nous vivions le plus longtemps possible en leurs compagnies qui nous ais très précieuse.
« Enfin, que chassons-nous au juste ? Une bête aussi grosse que votre louve, Reira ? Ne chassez-vous pas pour manger ou simplement pour le trophée ? J’imagine que la connexion de votre clan avec la nature doit être abondante et importante, restreignant vos interactions violentes avec celle-ci… Je me trompe ? »
Demandait-il, à juste titre. Reira se stop, à partir de là, nous nous mettons d'instinct en formation. J'aide Hidenori à descendre de cette dernière, en douceur avant de lui répondre à voix basse.
_ Nous chassons un cerf, de taille adulte pour qu'il puisse vous nourrir et servir aussi pour les miens.
Précisais-je. Reira partait de son côté, car on pouvait déjà voir à travers les fourrés un groupe de femelle avec leurs petits et quelques jeunes mâles autours.
_ Nous ne chassons pas les cerfs du clan Nara, ceux là restent sur leurs territoire et sont bien différents. Ce groupe ci par contre, a du soucie à se faire. Nous régularisons aussi certains troupeaux, notamment les hardes de sangliers, car si ils sont trop nombreux, ils envahissent les cultures humaines et les ravages. Nous tuons le surplus que nous revendons, les animaux malades et pour notre propre consommation... Pas de chasse pour le plaisir de tuer. Nous sommes certes une tribu qui peut être qualifié de primitive pour beaucoup, mais nous avons tout de même des principes d'équilibres et de respect de la nature.
Lui résumais-je. Tout en le guidant avec moi, pour atteindre notre position. Je me tapissais à genou, invitant Hidenori à faire de même. Mon regard était habitué à décortiquer les codes gestuels de mes proies. Ici, le groupe ne nous a pas repéré et je vois Reira, plus loin qui a choisit notre cible. Je désigne avec ma main, un mâle de 3 ans pour que mon vieux partenaire le repère aussi. Ses bois sont abimés, j'ignore ce qu'il a affronté mais il ne se remettra pas d'un second combat, malgré sa jeunesse ses armes sont usées. Il est idéal. Je déglutie et nous attendons le bon moment. J'en profite pour expliquer à Hidenori, sur un ton très bas.
_ Nous allons créer la panique, je vais imiter le cri d'un loup, Reira va me répondre... Ils vont se penser encerclé, ça va semer la discorde, la panique parce qu'ils ne nous ont pas vu venir. Reira va isoler la cible, la rabattre vers nous et je vais l'abattre.
Expliquais-je. Avant d'inspirer profondément et d'imiter le cri d'un loup en chasse. Si tôt, le groupe se fige, et me localise, mais Reira enchaine et la tension devient électrique. Ils ne savent pas par où fuirent, ils se pensent piégé et les biches, comme les jeunes cours sans trop savoir vers où. Reira bondit de sa cachette et avec une certaine prestance dans sa traque, elle isole le cerf. J'entraine Hidenori avec moi, pour que nous soyons en position en amont. L'animal fuit, en se dirigeant droit sur nous.
Soudain. Mon odeur me trahit et il fait volte face. Bois en avant, il charge Reira qui arrive à coincer ses crocs dans le reste de ses défenses trop abimé qui vont bientôt céder. Elle l'immobilise, c'est ma chance ! Alors je lance mon Naginata qui siffle au travers du vent et ce dernier s'empale dans le flanc du cerf. Je ne pouvais viser le cou, au risque de toucher Reira. A mon tour, je sors de ma cachette et Reira le met à terre, posant son immense patte sur son cou, il agonise.
_ Met fin à ses souffrances, il le mérite, il a été brave jusqu'à la fin.
Lui ordonnais-je. La louve, fit alors son office en renfermant sa gueule autours du cou du cerf. La respiration se fait de plus en plus lente, ses membres cessent progressivement tout mouvement et c'est terminé... Je m'avance d'avantage pour récupérer mon arme, le sang est encore chaud sur la pointe que j'essuie sur le pelage du cerf fraichement tué.
_ Bravo Reira ! Vous pouvez venir Hidenori-san ! Tout est finit.
L'invitais-je. Avant de poser ma main sur le front du cerf, lui donnant un dernier hommage. Puis je commençais à le dépecer à l'aide d'un kunaï.
_ Vous avez le cœur accroché ? Des préférences sur ce que vous souhaiter en abats ?
Demandais-je. C'est sans doute autre chose que de prendre sa viande chez un boucher.
Ici, pas d'intermédiaire !
Kamiko Fumetsu
Konoha no Jonin
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Date d'inscription : 17/08/2019
Fiche du Ninja Grade & Rang: JOUNIN - RANG A - Pak Tse Sin de Long Shè Ryos: 480 Expérience: (1086/2000)
L’aspect grisant d’une chasse au gros me happait dans une nostalgie naturelle, agréable, me rappelant avec délice les insouciances de l’enfance, des plus tendres années où les seules pensées d’importances correspondent au repas du soir. Un sourire, rare dans l’état actuel des choses, éclairait mon visage depuis un moment maintenant. Ravi de cette rencontre fortuite avec cette agréable interlocutrice, la dénommée Inuzuka Sen, j’espérais pouvoir apprendre de nouvelles choses n’ayant jamais été un grand chasseur. C’était donc avec attention que je détaillais les gestes pleins d’expertise de la jeune femme ; elle visualisait le terrain, donnait ses ordres à la louve intelligente, traquait la proie avec habilité tout en discutaillant. J’écoutais avidement ses explications quant au gibier chassé dans ce territoire, coïncidant avec celui des Nara, un clan local, ainsi qu’une régulation active des populations animales. De plus, je découvrais un pan majestueux de la philosophie de son propre clan, voué à la protection de la nature mais aussi de l’Homme. L’aspect primitif se mariait étrangement à une intelligence avancée – caractérisée par une culture extensive du domaine forestier, de la faune, de la flore, des stratégies détaillées de chasse etc… - emplie d’une humanité singulière. Toujours détaillant les faits et gestes, je restais spectateur et participant, en même temps, d’une tactique ingénieuse afin de piéger la bête dans un traquenard usant le loup comme marteau et nous-mêmes comme enclumes. Tel qu’il a été prédit, le cerf suivait la destinée qui lui avait été tracée par l’Inuzuka ; il mourut avec honneur, vaincu par les actions coordonnées des deux expertes. Sans perdre de temps, celle-ci s’activait à dépecer sa prise afin d’en retirer des morceaux juteux, sanguinolent mais autrement délicieux. S’inquiétant de ma sensibilité quant à l’effusion, et profusion, d’entrailles et d’abats, elle m’invitait pourtant à partager le fruit de son labeur. Etonné, et amusé par ses inquiétudes si naturelles, je m’avançais alors, ne sachant quoi faire d’autre, m’accroupissant à ses côtés, tel un enfant, afin d’observer, toujours, les gestes précis.
Elégance. Le mot résonnait dans ma tête pour décrire l’ensemble de l’aventure : un tableau touchant de grâce. La mort semblait si belle, si proche, si naturelle, si commune et, en même temps, si divine. Sen semblait rendre hommage à sa proie en la dépeçant de ses possessions. Je restais silencieux, presque révérencieux, face au sacrifice violent de la bête. Les perspectives de la vie se bouleversaient, me faisant revivre mes propres meurtres, ces crimes cruels de haine, sous les traits d’une chasse, embellissant la vérité d’un baume pudique. Les yeux voilés par le passé, je ne répondais toujours pas. Je partais dans un voyage mirifique ; j’avais trouvé le but de mon pèlerinage, j’avais trouvé une paix incongrue, dans le trépas d’un cerf majestueux. Je n’avais nullement justifié ma vie de violence mais y avait trouvé une poésie étrange, un embellissement de l’acte, un retour au naturel, à une loi juste. Après quelques minutes passées dans une contemplation introspective, je m’adressais à la chasseresse en me relevant. « Vous sublimez votre art avec merveille ; je n’avais jamais été témoin d’une telle expertise, que ce soit dans vos gestes que vos connaissances. Sans même le vouloir, vous m’avez offert un spectacle digne de s’ancrer dans ma mémoire comme une leçon. Une leçon de vie. La nature a des droits cruels, durs mais pourtant si beaux. Je ne demande nul abats, je ne demande nulle nourriture : vous m’avez offert un cadeau plus précieux encore. » Regardant les alentours, j’admirais ce paysage semblant monotone à l’œil endormi, pourtant si divers et unique pour l’œil éveillé ; je pouvais, maintenant, contempler une nature différente, plus humaine, moins sauvage et animale. Les Inuzuka sont un pont singulier entre humanité et nature dont la philosophie transformait les relations dans une simplicité presque complice, tout en entretenant la brutalité du milieu duquel ils sont issus. « Quel est la suite de votre aventure ? Avez-vous un endroit où entreposer votre prise et ses biens ? »
Je suis concentrée. A ne pas gaspiller, gâcher la mort de ce beau cerf. Je me souviens, la première fois que j'ai dépecé un animal... J'étais jeune, peut-être six ans et c'était ma première chasse. Quand on est enfant, tout n'est que question de jeu avant de réellement comprendre le but de cet acte et son sens profond. Alors, par respect, on apprend à rendre la proie digne jusqu'au bout et ne rien gâcher, banaliser. Dans le passé, des camarades ont joués avec un lapin mort, ils se sont bien fait punir. On respecte la vie, mais d'autant plus la mort, surtout quand on la donne. Le vieil homme près de moi, reprend sur un ton admiratif.
« Vous sublimez votre art avec merveille ; je n’avais jamais été témoin d’une telle expertise, que ce soit dans vos gestes que vos connaissances. Sans même le vouloir, vous m’avez offert un spectacle digne de s’ancrer dans ma mémoire comme une leçon. Une leçon de vie. La nature a des droits cruels, durs mais pourtant si beaux. Je ne demande nul abats, je ne demande nulle nourriture : vous m’avez offert un cadeau plus précieux encore. » _ Ah ? Merci, c'est gentil. Cet apprentissage, cet état d'esprit ne tombe pas du ciel vous savez...
Que de compliments inattendus. Qu'est-ce qui différencie d'un boucher, d'un tueur en série ou d'un chasseur ? La raison de ses actes sans doute, la manière dont il le fait, très certainement. Beaucoup pensent que nous, les Inuzuka, ne sommes que des bêtes... Je pense que je viens de prouver le contraire. Je met dans une besace, des morceaux de chairs nutritives. Il n'est pas pensable que je laisse à cet homme, rien pour subsister, ne serait-ce qu'une journée. Nous avions un accord et je compte bien l'honorer. Il m'accompagnait, m'aidait au besoin et échange, il gagnait sa pitance.
« Quel est la suite de votre aventure ? Avez-vous un endroit où entreposer votre prise et ses biens ? » _ Nous allons rentrer au village, avec la proie. Là bas, notre matriarche nous donneras notre part à Reira et moi, le reste sera pour le clan, partagé entre les besoins de chacun. C'est comme ça pour chaque chasseurs.
Expliquais-je. Avant de tendre au vieil homme sa part, dans une besace hermétique. A tour de main, je me hissais à nouveau sur le dos de Reira, alors qu'elle prenait le cerf dans sa gueule.
_ C'est ici que nos chemins se sépares Hidenori-san. Ce fut un plaisir de partager ce moment avec vous... J'espère que votre voyage se terminera bien, sans embuche.
Souhaitais-je. Avant de lui faire signe et de reprendre le chemin du village. Il ne devait pas être loin de la fin de matinée, avec cette rencontre, j'ai pris mon temps et je serais sans doute la dernière rentrée. Pas grave, Hidenori était de bonne compagnie et sa façon d'être, change de mes fréquentations habituelles.
Loin de la fougue, la sagesse demeure.
Kamiko Fumetsu
Konoha no Jonin
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La besace qu’elle me tendait avec des airs d’adieux, une dernière offrande à un mourant. Elle était remontée sur sa louve Reira, fermement mais gracieusement, afin de rejoindre les siens. Je la regardais avec gentillesse ; elle avait accepté les tribulations sottes d’un vieillard égaré, elle avait patiemment instruit l’ancienneté de la nouveauté. La jeune Inuzuka était une perle rare dans un monde de violence, de quoi embaumer une journée, de laisser une trace mémorable dans l’esprit de celui qui croisait son chemin. Je la regardais s’éloignait, après avoir échangé des adieux, avec un sourire embellissant mon visage ridé. Décidemment, ce voyage était regorgé de surprise plus agréable les unes que les autres. Rassemblant mes affaires salies par la terre séchée et les feuilles s’y collant, je cherchais mon chemin des yeux, espérant repérer un arbre dont la branche m’indiquerait un sentier m’emmenant exactement là où je souhaitais me rendre. Nulle monotonie, cette fois-ci, tous les gigantesques et majestueux troncs différaient. Plissant les yeux, essayant tant bien que mal d’étudier les feuillages afin d’y trouver un endroit où passer, je me rendais compte de la singularité de ma situation. Un cadavre de cerf disséqué et déversé se trouvait à quelque pas de moi, gisant dans son sang et les entrailles laissées derrière la chasseresse, tandis que je pivotais nerveusement sur moi-même, cherchant mon chemin, l’ayant perdu après la folle cavalcade à dos de louve. Si je n’avais pas eu le bénéfice de rencontrer si belle personne, j’aurai probablement cédé à une colère noire, brisant les chênes et autres espèces d’arbres m’entourant afin de me frayer, moi-même, un sentier praticable dans la vague direction que je pensais la bonne. Cependant, le cœur encore chaud d’une discussion agréable et d’émotions fortes partagées, je décidais de tenter de me faufiler d’entre les branches dures et autres buissons aux piquants désagréables. « Eh ben… Ça m’apprendra à suivre des inconnus dans un endroit que je connais pas… » Débouchant tant bien que mal sur une route balisée, j’expirais avec contentement, mon voyage pouvait reprendre.