Le Journal de Fusukenstein : In The Mood For Storm.
Entraînement feat Omura Mifuyu
Fin de l'été de l'an 15. Uzushiogakure.
- Allez ! Recommence !
Sanada s'exécuta, se concentrant au maximum pour créer une émanation de son chakra. Un petit nuage noir sembla s'élever doucement au creux de sa main avant de s'évaporer sous la très douce brise d'été. Rokuro ne fléchit pas, ordonnant encore une fois à son élève d'accomplir la technique qu'il avait tentée de créer. Le genin ne fit pas mieux que son précédent essai, pire encore, épuisé, il courut vers les plantes pour vomir sous le regard sévère de son senseï. - Voilà que tu te sentiras plus léger. Allez, en piste jeune homme.
Sous le saule pleureur du jardin, le Soldat des Cinq fumait son calumet, décourager par ses innombrables tentatives de la journée, toutes infructueuses.
En l'absence de rouleau de techniques concernant le ranton à Uzushio, il avait dû inventer quelque chose. Lui-même ne savait pas vraiment en quoi sa technique consistait. Il n'avait pas osé dire à Rokuro la vérité, mais après de multiples essais au hasard, il avait trouvé cette combinaison de mudras qui produisait un petit nuage noir. La senseï avait semblé enchantée la première fois qu'elle avait vu la formation intangible danser dans la main du genin mais, ne voyant aucune amélioration depuis des semaines, son contentement s'était naturellement mué en déception.
Le genin se sentait perdu. Il aimait Rokuro, elle qui lui avait presque tout appris. Pourtant, il ne pouvait s'empêcher de penser que sous le professorat de la sorcière, il avait progressé bien plus vite concernant la maîtrise et la compréhension de son affinité. Sans doute, la Miyamoto était-elle parfaite pour le raiton. Mais pour la découverte et l'expérimentation il avait besoin de son guide, son mentor, celle qui comprenait mieux que quiconque le fonctionnement du chakra dans le corps humain, son chakra, son corps.
Sous son arbre favori, entouré des effluves d'herbes calcinés, il n'avait qu'un nom en tête.
Omura Mifuyu.
Cela faisait plus de deux semaines qu'il ne l'avait pas vu, sûrement était-elle occupée en mission pour le village ou pour son clan et chaque fois que le genin passait pour tenter de la voir au bâtiment de la Division d'Amélioration, il repartait déçu vers le terrain d'entraînement.
Ce n'est que quelques jours plus tard, après des heures de pratique infructueuse qu'il fut rappelé dans le quartier Miyamoto.
Sanada se présenta devant sa professeure en tenue d'entraînement, mais contrairement à d'habitude, la vieille le poussa de sa canne à l'intérieur de la maison.
- Aujourd'hui, on ne s'entraîne pas jeune homme, tu veux un thé ?
- Oui. Répondit simplement Sanada à contre-cœur. Il détestait rentrer chez les gens, pour la simple et bonne raison que, par respect, il ne pouvait pas fumer. Il chercha donc à boire le plus rapidement possible. Toutefois, un instant plus tard, il avait oublié le thé brûlant et la saveur du calumet.
- Il se trouve que j'ai rencontré celle qui t'a entraîné ces dernières semaines, Omura Mifuyu. À ces mots, Sanada se redressa, tout ouïe. Je veux que tu regardes cela avec attention. Lui dit-elle en tendant un vieux parchemin à moitié effacé par ce qui semblait être des grosses gouttes de pluie. Les dessins assez primitifs ressemblaient étrangement à ces peintures des tribus des îles bien avant la grande guerre. Un grand symbole représentait un nuage noir avec, à côté, le début d'une combinaison de mudras. Le genin ne voulait pas croire ce qu'il avait entre les mains. Il regarda Rokuro avec de grands yeux, pour l'inviter à continuer. C'est exactement ce que tu crois. Une partie d'un rouleau de technique Ranton. Il y a une mauvaise nouvelle cependant, tu ne peux rien faire sans l'autre partie du rouleau. Heureusement pour toi, Mifuyu a une idée de l'emplacement de celui-ci. Tu pars donc dès cette après-midi avec elle. Prépare tes affaires et ne sois pas en retard. Et surtout, fais attention Sanada. Mifuyu est une femme qu'il ne faut pas prendre à la légère.
Sanada n'écoutait déjà plus les conseils de la Miyamoto. Après s'être brièvement incliné vers elle, il demanda à prendre congé, le parchemin serré dans son poing.
La vieille femme le regarda partir de son palier, regrettant sa jeunesse, de ne pas pouvoir l'accompagner. À plus de quatre-vingts ans, il était impossible d'être autre chose qu'un boulet pour Rokuro. La seule exception notable, qui restait un mystère pour la Miyamoto malgré ses recherches, étant une sorcière Omura adepte de pratiques plus sombres que le royaume des £egoks.
Le port était bondé à cette heure-ci. Les bateaux qui devaient partir se pressaient de joindre l'horizon avant la nuit tandis que les capitaines ayant bien organisé leurs voyages arrivaient dans ces eaux-là. Sanada fit le tour des quais jusqu'à apercevoir la Sorcière. Pouvoir l'observer au milieu de cette foule d'adultes la rendait encore plus étrange qu'à l'accoutumé.
Sa petite taille, sa peau parsemée de cicatrices régulières, ses grands yeux cernés qui semblaient regarder la marée humaine avec dédain... Il avait du mal à l'accepter, mais Sanada était heureux de revoir enfin la Harpie en culotte courte. Ce sentiment était mêlé avec la crainte habituelle qu'elle inspirait dans l'esprit du jeune homme ce qui était assez déroutant pour lui.
Se présentant devant elle, il s'inclina longuement pour marquer son respect.
Le soldat des Cinq savait que ce voyage n'allait pas être de tout repos et pourtant, il avait l'intime conviction qu'il ne pouvait franchir cette étape sans elle ; qu'elle seule avait les clefs permettant d'ouvrir la porte de l'Orage.
Depuis qu'elle avait mis la main sur le journal de Fusuke, qui n'en était en fait que la première partie, Mifuyu avait envoyé ses meilleurs – et plus discrets – agents à la recherche des pages manquantes. Elle était sur le point de découvrir son secret, de comprendre comment il avait créé ses spécimens hybrides, ces bébés mi-hommes mi-animaux qu'elle avait trouvé ce soir-là, celui de sa plus grande trahison. A sa connaissance, son ancien allié comptait trois laboratoires secrets dans la région, sur trois îles différentes, bien cachés. Il n'était pas bête, le génie Omura avait senti les signes avant-coureurs de la révolution Ethique suffisamment tôt pour prendre les mesures de sécurité qui s'imposaient. Et elle, elle rêvait d'un monde où plus personne n'aurait jamais plus à prendre ces précautions. Ce monde, elle le sentait, approchait et, bientôt, elle pourrait le saisir entre ses mains fripées.
Récemment, elle était parvenue à localiser la cachette qui contenait ses plus grands secrets mais, comme elle l'avait imaginé, celle-ci était truffée de pièges. Elle n'en avait pas la preuve formelle, mais elle l'avait déduit. Comment ? Cela était très simple. Sur les trois envoyés qui étaient partis à la recherche du journal, seuls deux étaient revenus, tous deux les mains vides. Les laboratoires avaient été entièrement désertés et il n'en restait que quelques lits d'hôpitaux et du vieux matériel. En revanche, cela faisait trois bonnes semaines qu'elle avait perdu contact avec le dernier, il était alors logique de supposer qu'il était mort. Or, s'il avait été piégé, cela signifiait que le laboratoire devait renfermer des secrets suffisamment importants et/ou dangereux.
Elle avait gardé cette information pour elle quelques semaines, après-tout, elle était encore en pleine redécouverte de ses capacités et de ses ambitions, alors elle n'était pas pressée. Néanmoins, l'annonce d'un futur examen international Chunin à se tenir prochainement dans le village des tourbillons, couplée aux rumeurs que la doyenne avait entendues ; tout cela l'avait décidée à prendre contact avec Miyamoto Rokuro, l'instructrice du jeune libraire.
Dans leur brève rencontre, elle lui avait alors expliqué qu'un rouleau de parchemin de maîtrise de l'orage, dont elle avait d'abord entendu parler à Baransu puis par ses divers espions, se trouvait non loin d'Uzushio, dans un temple sur une île voisine. Elle avait bien évidemment omis de lui dire qu'il se trouvait sur la même parcelle insulaire que le laboratoire de Fusuke. La Sorcière avait ensuite exprimé le souhait d'entraîner son cobaye dans le but d'achever sa découverte du ranton : l'ayant personnellement expérimenté dans son terrible affrontement contre la Prêtresse de l'orage à Baransu, Mifuyu pouvait justifier ses intentions par sa grande expérience. L'orage était à ses yeux un élément terrifiant, elle l'avait vu. Elle voyait alors en Sanada un soldat de valeur qui, à force d'entraînement, lui serait particulièrement utile pour les évènements qu'elle avait en tête.
La vieille Miyamoto, avait, visiblement à contre-cœur, accepté de confier son élève à la médecin. C'était une femme bien, qui ne semblait vouloir que le bonheur de celui dont elle suivait la progression chaque jour.
L'Omura avait donc rejoint le port bondé d'Uzushio en ce début d'après-midi ensoleillée. Elle attendait le manieur de foudre près du petit bout de rafiot qui les emmènerait jusqu'à l'île. Leur destination était un très petit bout de rocher, sur lequel un vieux temple avait été établi par une civilisation maintenant disparue. On disait de ce peuple qu'il priait les nuages et vénérait le tonnerre. L'île était totalement déserte la plupart de l'année et c'était pour cela que Fusuke y avait installé ses locaux.
En apercevant le garçon, Mifuyu retint son sourire. Elle était étrangement contente de le voir, mais préférait préserver son image de tyran. Son élève devait avoir peur d'elle si elle voulait asseoir sa totale autorité sur lui. C'était aussi par cette terreur de la décevoir qu'il progresserait. Quand il s'inclina devant elle, elle l'intima de se redresser d'un simple geste de la main.
"Bonjour, Sanada. J'imagine que Rokuro t'as informé de l'objectif de notre voyage."
Elle sortit une petite montre de sa poche pour guetter l'heure. Parfait, il était encore assez tôt, ils arriveraient sur place à l'aube du prochain jour.
"Bien. Allons-y." dit-elle en le guidant à l'intérieur du navire. Il était vétuste, mais ferait l'affaire. Elle n'avait pas souhaité dépêcher un trop grand bâtiment pour ce voyage qui n'avait pas été autorisé par les hautes-instances d'Uzushio. Elle préférait éviter d'attirer leur intention sur ses actions, aussi elle avait simplement dit être partie entraîner le jeune Sanada en vue de l'examen à venir. "Je dois t'informer de quelque chose. L'île sur laquelle nous nous rendons est déserte, à l'exception de quelques animaux sauvages et d'un vieux monastère. Dedans se trouve ce que tu recherches. Nous ne quitterons pas cette terre tant que tu n'auras pas maîtrisé cette technique." Elle se garda pour l'instant de lui en expliquer la raison : le laboratoire les mettrait tous deux à l'épreuve, elle en était certaine. Si elle était sûre d'avoir la puissance nécessaire pour y pénétrer, elle doutait que ce soit le cas de Sanada. Si, en revanche, il était capable de déployer la puissance de l'orage, il pourrait entrer. Aucun progressiste ne refuserait la visite d'un homme maîtrisant une capacité si rare.
Les shinobis furent dérangés pendant le voyage par quelques puissantes vagues, qui faillirent percer la coque de bois du navire à plusieurs reprises, mais arrivèrent finalement sur le rivage avec seulement une heure de retard sur le programme prévu.
Le soleil était levé, permettant aux deux compères d'admirer la beauté de cette environnement. Sable fin, végétation presque tropicale et eau turquoise. Décor paradisiaque pour une quête aussi sombre que macabre. Mifuyu descendit le gros sac de provisions qu'elle avait entreposé dans la cale du bateau. Ils resteraient ici quelques jours.
Le Journal de Fusukenstein : In The Mood For Storm.
Entraînement feat Omura Mifuyu
Le Soldat des Cinq attrapa le gros sac en toile de jute que sa guide avait débarqué et sans même un regard vers le bateau qui quittait l'île, suivit la sorcière le long de la plage de sable blanc. Entouré de l'eau turquoise d'un côté, d'une forêt dense de l'autre, ils marchèrent un long moment. C'est quand le soleil fut à son zénith qu'enfin, ils purent admirer le vieux temple en ruines au loin, plongé au cœur de la végétation.
Le bivouac fut établi sur le bord de mer, ce qui évitait les insectes grouillant dans la jungle humide et assurait une certaine visibilité en cas d'attaque de prédateur. Une simple tente de toile fut montée sans difficulté. Sanada partit en lisière de la forêt ramasser du bois, malheureusement assez humide, qu'il disposa sur le sable chaud afin de le faire sécher pour la nuit puis entreprit d'aider son mentor à la finalisation du petit campement. Le repas sonnant la fin de la préparation fut frugal, de toutes façons, Sanada n'avait pas faim, son esprit était obsédé par une seule chose : pénétrer le temple et percer le mystère de son affinité.
C'est avec une excitation mêlée à une appréhension certaine que le genin se mit en route, derrière Mifuyu qui pénétrait dans le royaume des plantes sans une once d'hésitation.
La progression fut fastidieuse pour le jeune genin qui avait du mal à suivre le rythme de la sorcière. Les racines semblaient former une barrière tortueuse qu'il s'agissait d'éviter à chaque instant. Sanada se baissait, sautait, arrachait les immenses toiles d'araignées pour pouvoir avancer. Les dieux gardiens de ce temple avaient fait de cette forêt une alliée. Malheureusement pour elle, Mifuyu n'était pas du genre à se laisser impressionner et c'est avec cette efficacité chirurgicale qui la définissait tant qu'elle se fraya un chemin dans le corps de la reine verte de cette île.
Allumant une torche, Sanada pénétra derrière l'Omura entre les pierres gravées qui marquaient l'entrée du temple. À l'intérieur, la luminosité était presque nulle, comme si la lumière s'était arrêtée aux portes de l'édifice religieux. La première salle dans laquelle ils arrivèrent donnait sur un couloir très étroit. Sur le mur droit, une fresque sculptée à même la pierre semblait représenter un village au bord de la mer. À mesure qu'ils avançaient, le village était dépeint comme de moins en moins peuplé, abandonné par les dieux représentés de l'autre côté. Sanada n'eut pas besoin de beaucoup de temps pour reconnaître les figures divines gravées dans la roche côté gauche. Une sombre silhouette encapuchonnée tenait un fil dans la main droite et un ciseau dans la main gauche, symbole du gardien des fils du destin : Jashin. À ses côtés trônaient Karo, armée de sa lyre et de son parchemin vierge, Amenko, enracinée dans le sol et tous dieux et £egoks du panthéon Osmiétiste. Les cieux avaient apparemment puni le village en asséchant l'île, courroucés par leur manque de foi et l'absence d'édifice à leur gloire. Au bout du corridor, le village semblait reprendre vie, les nuages revenaient, et avec eux, la pluie. Le genin et son senseï arrivèrent dans une petite salle de pierre.
Au centre, un puits de lumière éclairait un arbre entouré par des piliers gravés de runes inconnues. La salle était splendide, bien que sombre. Dans chaque coin, une statue de pierre blanche représentait une femme, toujours la même, les mains levées vers le ciel. Juste au-dessus des statues de marbre, des nuages, dont la peinture avait ternie, étaient habilement dessinés. Un stratus noir, un nuage qui semblait créer des gouttes d'eau, un autre transpercé par un éclair, quant au dernier, il surplombait ce qui paraissait être des flocons de glace.
Sanada fit le tour de la salle plusieurs fois. Il ne comprenait ni les runes gravées sur les murs ni les images dépeintes dans la salle. Si seulement sa mère avait été là, elle qui connaissait la langue sacrée et toutes les légendes de la sainte religion… Mais elle était toujours avec lui !
Se retournant brusquement vers son mentor, il pointa du doigt la besace qu'il portait avec un grand sourire.
- J'ai toujours le livre saint de ma mère sur moi. Et je crois que je peux tenter de comprendre. Mais il me faut un peu de temps.
Sanada se mit à la tâche instantanément, il n'avait surtout pas envie d'énerver Mifuyu, il savait qu'elle était aussi brillante qui sombre et il ne pouvait se permettre de la décevoir dès le premier jour de leur périple.
Après plusieurs heures à arpenter inlassablement les murs de la pièce, le livre saint de la Pythie entre les doigts, à la recherche de sens, il poussa un hurlement de joie qui résonna entre les murs.
- J'ai trouvé Mifuyu-sama, j'ai trouvé ! Lui tendant le schéma grossier qui représentait le fruit de son travail, il continua. J'ai trouvé les mudras nécessaires, le nom de la technique est “ Kurai Jikan”, heures sombres, je crois que cela invoque des nuages qui cachent la luminosité, c'est ce que semble faire cette statue. Dit-il en pointant du doigt la sculpture invoquant un nuage noir. Je crois qu'en plus, il existe d'autres salles au sein du temple. Ce puits de lumière est le catalyseur du pouvoir. Si je peux cacher cet arbre de la lumière divine, je crois que je pourrais nous permettre d'avancer dans le temple. Il y a d'autre morceau de jutsu, un pour chaque statue. Avec un peu de chance, les parchemins sont ici et je peux donc réunir les mudras. Enfin, je ferai mieux de m'exercer dès maintenant si je veux pouvoir avancer, qu'est-ce que vous en dites ? Dit-il en recrachant un épais nuage de fumée qui s'échappa, comme happé par la lumière.
Une seconde plus tard, un cri strident et étrange retentit dans le temple, si c'était l'œuvre d'une bête, elle était inconnue du genin.
Sanada se figea, peut-être avait-il exprimé sa joie un peu trop bruyamment. Il regarda la sorcière qui, d'un signe de la main, lui ordonna de ranger les notes étalées et de se relever.
Le soldat des Cinq avait peur, pas de l'être qui venait de hurler, mais de la réaction de son mentor pour avoir aussi bêtement indiqué leur présence.
Pour la chose, quoique cela puisse être, il était sûrement plus sage de fuir plutôt que de subir les assauts des scalpels tranchants de la sorcière.
Mifuyu avait défié l'ordre céleste et vaincu la mort. Sanada l'ignorait bien sûr, mais derrière elle, il se sentait protégé par un £egok en personne.
Le duo s'était frayé un chemin jusqu'à l'entrée du temple, Mifuyu en tête et Sanada à la traîne. L'édifice religieux était sombre et abandonné. La Sorcière n'en avait que faire de la religion, pourtant elle maintint le silence du lieu pendant encore quelques secondes, par respect, avant de donner ses premières indications au Genin.
L'endroit était impressionnant, visiblement construit par une civilisation bien plus développée qu'elle ne l'avait imaginé. L'Omura était venue ici avec ses quelques préjugés, il était vrai, mais elle prenait un surprenant plaisir à contempler ces murs de pierres froides, qui lui inspiraient sagesse et vertu. Ils longèrent les fresques religieuses lentement, sans pour autant que la médecin ne s'attarde trop longtemps sur leur signification. Aussi avide de connaissance qu'elle était, cela était pour elle un monde bien différent. Or, elle n'avait fait qu'un vœu d'allégeance au cours de sa longue existence. Elle avait juré de ne se vouer entièrement qu'à la science et de lui rester fidèle jusqu'à la tombe : la religion lui paraissait en être l'antithèse, aussi elle préférait ne pas polluer son esprit avec ces croyances erronées. Elle ne les dénigrait pas non, elle comprenait tout à fait que l'on puisse éprouver le besoin d'expliquer les évènements de ce monde de manière surnaturelle, elle avait simplement choisi d'emprunter la voie diamétralement opposée.
Ils débouchèrent sur un étroit couloir, puis sur une nouvelle pièce, au centre de laquelle trônait un arbre majestueux. Il avait été protégé par des runes, sans doute insufflées de chakra, pour prolonger sa vie. L'obscurité ambiante les empêchait de distinguer tous les mystères de cette salle, néanmoins il ne faisait aucun doute qu'elle était d'une beauté sans nom. Sa simplicité et sa fraîcheur la rendait unique : une pureté certaine se dégageait de ces murs. Que c'est agréable, de se sentir enfin apaisée, se dit la doyenne sans pour autant comprendre le sens de ces paroles ni les raisons qui l'avaient poussée à y penser.
Outre l'arbre massif qui dominait l'enceinte de sa force naturelle, aucune lumière ne semblait se projeter entre ces murs. Ils purent observer des statues de pierre dans chaque coin sans pour autant en admirer les détails. Des nuages étaient dessinées, mais impossible d'en apprécier pleinement la beauté. Il leur faudrait ruser, ce qui était probablement l'objectif de cette salle dont l'architecture n'avait pas été laissée au hasard.
En voyant ces symboles, le cerveau formaté de l'Omura la renvoyait vers les théories naturelles rationnelles, alors qu'elle savait pertinemment que ce n'était pas ce dont il était question ici : elle n'avait pas la foi, pas l'ouverture d'esprit nécessaire pour expliquer la formation et la signification de ces nuages. Elle chercha du regard le moindre objet au potentiel réfléchissant, se disant que ce devrait être l'unique moyen de permettre aux rayons de lumière de se disperser.
Heureusement, le cœur de son cobaye était empli de ces croyances chimériques. Avec l'aide de son livre, il pourrait les aider à déchiffrer les messages cachés et à progresser dans le bâtiment.
Mifuyu s'assit sur un bloc de pierre, observant le garçon s'affairer à ses recherches, tournant en rond et inspectant le moindre pan de mur. Elle ne pouvait pas vraiment l'aider et elle avait l'intime conviction qu'elle ne devrait pas essayer de le faire. S'ils étaient là, c'était pour son parchemin, sa technique. Il devrait prouver sa valeur aux astucieux ingénieurs de ce temple.
Tout excité, le petit libraire agita le fruit de ses recherches au nez de la femme-enfant. Bien, il était arrivé à quelque chose. Elle ne croyait pas en cette soi-disant lumière divine, mais passons.
La main de la Sorcière se porta instinctivement à sa sacoche dont elle sortit ses scalpels. Un terrible hurlement avait retenti, faisant légèrement gronder les murs d'où s'échappèrent une quantité monstrueuse de poussière. Il n'y avait rien d'humain dans ce cri. Encore une épreuve du temple ? Une créature qui aurait pris possession de ce lieu après son abandon ? Ils ne tarderaient pas à le découvrir, puisqu'enfin ils l'entendaient frapper le sol de pierre de ses lourds sabots. La bête n'était plus très loin, peut-être derrière ce mur ? Oui, ce devait être ça, mais par où allait-elle rentrer ? Il ne semblait y avoir aucune issue.
Soudain, on entendit la chose battre fortement le mur auxquels ils tournaient tous deux le dos. Ils se retournèrent instinctivement tandis que le tambourinement infernal s'accentuait. Déjà on pouvait voir des fissures se dessiner sur l'épaisse plaque de pierre qui les séparait. Quelle force monstrueuse ! Elle ne pourrait certainement pas laisser Sanada s'en occuper seul. Jambes fléchies, regard féroce, la vieillarde attendait qu'enfin la créature rentre.
Un nouveau coup, puis encore un autre. Le grondement se faisait de plus en plus violent et, enfin, le mur s'effondra, provoquant un épais nuage de brouillard qui leur masquait la vue. Mifuyu fronça les sourcils : ce n'était pas un simple amas de poussière, on aurait dit un réel orage qui se dirigeait vers eux.
Tout se passa très vite. Elle ne vit pas la chose bouger, elle ne parvint en fait même pas à la distinguer dans ce nuage, qu'elle l'entendit grogner et bondir dans leur direction à une vitesse folle. "Attention !" cria-t-elle à Sanada. Elle put esquiver sans grande difficulté grâce à son agilité naturelle, mais espérait qu'il avait pu en être le cas également de son charmant cobaye.
Elle ne savait pas à quoi ils avaient affaire, mais la chose n'était pas à sous-estimer. Il faudrait mettre le paquet. L'Omura avait un réflexe instinctif lorsqu'elle était opposée à une bête sauvage, réflexe qui lui avait été appris très tôt par les siens, à une époque où l'on ne pouvait pas toujours se cacher derrière l'enceinte d'un village pour se sentir en sécurité. Une technique qui fonctionnait particulièrement bien contre les animaux déchaînés, c'était la paralysie.
A peine retombée sur ses deux jambes, Mifuyu émit une onde de chakra terrifiante qui se propagea en cercle autour d'elle. Sans doute le Genin pourrait lui aussi en sentir les effets, aussi elle devrait agir vite pour pas que cela ne se retourne contre lui. Brandissant ensuite fièrement l'un de ses scalpels, elle fonça dans la direction du nuage, au sein duquel elle peinant toujours à distinguer la moindre silhouette vivante. L'entité qui les attaquait avait-elle au moins une forme ?
Quand elle pénétra le nuage, elle sentit sa peau se faire attaquer de dizaines de petits pics d'électricité. Ce n'était pas douloureux outre-mesure pour elle, mais cela devait être un mécanisme de défense suffisant pour tout intru qui ne serait pas un shinobi. En arrivant à son contact, elle put enfin le distinguer : il s'agissait d'un pantin plus-ou-moins humanoïde, entièrement fait de bois. Y avait-il donc quelqu'un qui en tirait les ficelles ?
Non, le secret de son animation résidait ailleurs. Tandis qu'elle le frappait avec une violence extrême entre l'articulation qui soutenait ce qui s'approchait le plus d'une tête, elle put distinguer la présence d'un sceau sur sa poitrine. C'était donc l'œuvre d'un shinobi maîtrisant le Fuinjutsu. Ce n'était pourtant rien d'impossible pour la vieillarde qui fit sauter d'un coup la tête de l'objet animé, puis qui découpa ses deux membres inférieurs sans grande difficulté.
Un immonde crissement aiguë jaillit, la forçant à couvrir ses oreilles pour empêcher sa tête de tourner. Ce devait être le dernier mécanisme de défense de la chose, qui s'effondra dans un nuage de poussière. Enfin, la brume qui l'entoura se dissipa et l'électricité cessa de frapper la petite.
Un instant de silence suivit, durant lequel elle chercha le libraire du regard. Celui-ci avait l'air d'aller relativement bien. Elle attrapa la petite clef qui était tombée au milieu du cadavre de bois et l'analysa un instant : recouverte d'inscriptions incompréhensibles, c'était sûrement le moyen d'avancer. De plus, ils disposaient maintenant d'un nouvel accès vers les autres salles du temple. Elle donna de manière nonchalante la clef à Sanada, qui pourrait sans doute déchiffrer tout cela bien plus rapidement qu'elle.
Le Journal de Fusukenstein : In The Mood For Storm.
Entraînement feat Omura Mifuyu
Technique à apprendre:
Kurai Jikan 【Heures Sombres】
DOMAINE :
Ranton
RANG :
D
PORTÉE :
Grande
CHAMP D'ACTION :
Grand
DESCRIPTION :
L'utilisateur compose une série de mudra et lève les bras au ciel, convoquant une épaisse couche de nuages noirs qui recouvrent les cieux. La luminosité équivaut alors à celle de la nuit, ce qui permet à l'utilisateur et à ses alliés de se dissimuler plus facilement. Cette technique peut être maintenue en redépensant son coût en chakra, sans que cela compte comme une technique. De plus, les nuages présent peuvent être transformés aisément en Nuages de Pluie ou Nuages d'Orage : le coût en chakra des techniques correspondante est réduit d'un rang. La transformation de ces nuages ramène une luminosité normale dans la zone.
CONSOMMATION DE CHAKRA :
Faible
"Attention !"
Le masque de Sanada se mit à vibrer à l'instant même où la Sorcière l'avertissait du danger imminent. Comme lors de la première fois contre la femme crapaud, il sentit son corps bouger presque à l'insu de sa volonté, comme si, pendant une seconde, Shinseï en personne prenait possession de son enveloppe matérielle. Il était encore en l'air quand il ressentit la vague d'énergie prédatrice émerger de l'ancêtre Omura. Sanada se figea en apesanteur. Un court instant, il fit face à un insecte. Les ailes immobiles et se demandant sans doute ce qui lui arrivait, la bestiole avait été stoppée net dans sa course, suspendue dans le vide une seconde, avant de retomber de concert avec le jeune genin au sol. Toujours enfermé dans sa chaire, Sanada aperçut l'ombre de la petite fille disparaître dans le nuage orageux qui entourait la chose. Au bout de quelques instants, un cri strident résonna entre les épais murs de pierre. La douleur pénétra les tympans du genin et le libéra de sa torpeur involontaire non sans laisser un désagréable sifflement à ses oreilles.
Époussetant sa cape, il fut rejoint par sa guide qui lui tendit une clé ouvragée. Le soldat des Cinq reconnut le nuage noir qui trônait dans un coin de la pièce et la déesse Karo. Se dirigeant sous la statue de la femme, il en fit le tour à la recherche d'une serrure cachée, d'une petite trappe dissimulée sous la poussière, mais rien.
Le Masamune chercha ainsi pendant plusieurs minutes avant de se résigner. Au fond, il savait ce qu'il devait faire. C'était l'heure de vérité, il allait savoir si, vraiment, les cieux lui avaient confié leur pouvoir.
Regardant son mentor d'un air inquiet, il posa ses affaires et ajusta son masque. Il pria Karo source de l'inspiration des hommes en marchant lentement vers l'arbre baigné de lumière, puis, sans s'accorder le luxe de l'hésitation, composa promptement les mudras qu'ils venaient de lire.
Sous les signes invocatoires, le corps du soldat des Cinq fut parcouru de frissons. Enfin, son affinité avait l'occasion de se libérer de sa prison corporelle pour atteindre son foyer, le ciel. Autour de lui volaient quelques volutes noirâtres parcourues de flashs bleuté. Sanada, les larmes aux yeux, se laissa envahir par une sensation de légèreté totale et d'un geste instinctif, dirigea sa main vers la demeure des dieux. Le halo qui l'entourait s'évapora instantanément, puis, il s'effondra à genoux. Observant ses mains comme pour mieux plonger dans sa conscience, il tentait de comprendre ce qu'il était en train de ressentir, pour la première fois.
Cette sensation d'être là, mais absent. Comme si, une partie de son être était à présent au sein du stratus.
La lumière transperçait toujours les feuilles du vénérable végétal, mais aussi étrange que cela puisse paraître, il savait que cela avait marché, il savait, car il y était.
Il sentait l'épaisse formation gazeuse prendre forme, se maquiller de noir pour recouvrir, doucement, le temple et sa zone. Il remercia les dieux puis se tourna vers celle qui l'avait libéré, le regard trempé de larmes de joie, avant que celle-ci disparaisse dans l'obscurité.
Le genin mit fin à la technique avant de recommencer inlassablement. Étonnamment, il ne se sentait pas faiblir, le chakra ranton s'évadait naturellement de son corps, une digue avait cédée dans l'esprit du genin, et tout cela lui semblait facile, presque instinctif.
Chaque fois, il sentait une partie de lui partir vers les cieux. Ils ressentaient les nuages, le moindre changement de forme et d'état que les éléments leur faisaient subir, la béatitude de leur légèreté et la fronde qui pouvait naître en eux, la grandeur de mère nature et l'insignifiance de sa condition de serviteur.
Enfin, il se sentait vivant. À la juste place que les dieux lui avaient octroyé.
Il mit l'après-midi pour complètement maîtriser la technique et ses effets impressionnants. Finalement, quand l'obscurité dans le temple fut totale et presque immédiat, la Sorcière et son disciple se dirigèrent vers la statue. Sous la lueur des torches, le marbre blanc se teintait d'orange et de jaune. La femme sculptée dans la roche, elle, semblait avoir bougé, révélant un mince interstice à ses pieds.
Le genin glissa la clé doucement, celle-ci sembla bloquée, puis tourna d'elle-même. Le bloc de granite qui servait de base à la sculpture s'ouvrit en deux, laissant apparaître un escalier étroit qui semblait descendre dans les entrailles de la terre tant l'obscurité y était opaque.
Les marches étaient recouvertes d'une poussière dense qui étouffait les pas des Uzujins. À n'en pas douter, ils étaient les premiers depuis des décennies à fouler ce sol. Encore euphorique, Sanada se sentait plus que jamais invincible aux côtés de la Sorcière. Les dieux l'avaient conduit à elle, et, tenant sa promesse, elle l'avait aidé à atteindre les cieux.
Le corps de petite fille dut se mettre sur la pointe des pieds pour transférer sa flamme aux torches murales, laissant la pièce se révéler sous leurs regards.
La roche brute couvrait toutes les parois à l'exception d'un mur de vieilles briques, aucune gravure, aucun artifice ne venaient habiller l'endroit. Dans un coin, un squelette était recroquevillé sur lui-même, entourant de son corps quelque chose qu'il semblait protéger jusque dans la mort. Sanada dégagea le mince coffre de bois en tentant de ne pas casser les doigts crispés du défunt gardien. Avec précaution et respect, il ouvrit doucement le contenant, ramassa le vieux morceau de parchemin et se mit à lire à voix haute :
- ..enfin le soleil. Après des mois de nuit incessante, elle est revenue. Elle nous a conté son voyage jusqu'au bout du monde pour voler le pouvoir de la pluie. Maintenant, nous avons la lumière, et nous avons l'eau pour nos récoltes. Le temple nous est toujours interdit, mais désormais, nous la croyons. Je serai le gardien de ce temple tant que la pluie tombera sur nos champs, j'en ai fait le serment, comme nous tous.
Je ne comprends rien ! reprit Sanada après un long moment. Pourquoi donc garder ce coffre avec autant d'ardeur s'il ne contient même pas les mudras permettant d'invoquer la pluie. Le nuage noir, puis la pluie, l'orage en enfin les flocons. C'est comme ça que ça doit marcher selon les fresques en haut. Il devrait y avoir la seconde moitié de la technique dans ce coffre. Je suis complètement perdu. Dit-il agacé en levant enfin les yeux du parchemin.
Mifuyu semblait affairée à quelque chose d'autre. Elle regardait le mur de brique, repassait encore et encore devant, comme si elle tentait d'en percer le mystère. Soudain, un sourire vint tendre les fines cicatrices qui parsemaient sa frimousse enfantine. D'un geste sûr, elle arracha une brique, puis deux, puis trois. Les yeux du genin s'écarquillèrent et sans attendre, il vint l'aider à casser la brique étonnamment friable. Lorsque le trou fut assez grand, il regarda la Sorcière avec satisfaction.
Devant eux, une porte en planche de bois venait d'apparaître. Elle contrastait singulièrement avec le reste du temple et semblait beaucoup plus récente. Le bois avait à peine moisi et la serrure qui la maintenait fermée n'avait rien d'ancestrale. Sanada regarda Mifuyu avec étonnement. Tout cela ne correspondait en rien à ce qui était indiqué sur les fresques. Pourtant, l'Omura affichait un contentement ostensible. Ils devaient être sur la bonne voie. La serrure ne résista pas longtemps face à la dextérité de la Sorcière dévoilant une salle qui laissa le jeune genin bouche-bée.
Devant lui, rien ne semblait mystique. Enfin pour le jeune homme. À en juger par sa mine, la Sorcière, elle, pénétrait au contraire dans un temple érigé à la gloire de sa religion.
HRP:
L'esquive du début et le masque qui vibre sont les signes InRp de la capacité "Réflexes Surhumains"
La doyenne fut prise de palpitations devant la démonstration de son cobaye. Elle avait décelé son potentiel il y a bien longtemps, mais le voir de ses propres yeux, c'était jouissif. Qu'un si jeune garçon sous son influence dispose de capacités aussi rares, c'était tout simplement précieux ! Elle n'avait qu'à continuer de le prendre sous son aile et il deviendrait le plus précieux des alliés et, sans doute, l'un des plus puissants.
Sa technique n'était pas parfaite, mais tel un scientifique, il la répéta jusqu'à en gommer le moindre défaut. Il ne conjurait là que quelques nuages – Mifuyu mentirait si elle affirmait n'avoir jamais rien vu d'aussi impressionnant – mais c'était là un excellent début. Plus qu'une technique en elle-même, elle assistait plutôt à un éveil. Contrairement à ce que l'on pouvait penser, surtout en ce lieu sacré, il n'y avait rien de religieux dans un tel accomplissement. Au contraire, dans les yeux émerveillés de la chirurgienne, c'était un phénomène purement scientifique : celui d'un garçon qui était en voie d'atteindre la perfection de sa nature biologique, qui parvenait à exploiter ce que ses cellules recelaient de plus prodigieux.
Pendant les quelques heures qui suivirent, l'atmosphère de la pièce ne cessa d'osciller entre le jour et la nuit, si bien que Mifuyu commençait à perdre ses repères et fut prise d'une faim irrationnelle. Le gros trou dans le mur causé par la bête ne suffisait pas à faire rentrer la lumière, aussi il devenait impossible d'estimer une heure précise. Elle mangea donc un peu de pain qu'elle déballa de son fin torchon blanc, pas encore rassis mais qui allait certainement le devenir bientôt. Elle n'en mangea que la moitié et le reposa dans le sac. Elle ne savait pas combien de temps ils resteraient sur cette île, surtout s'ils devaient chercher le laboratoire de Fusuke, alors mieux valait se contenter de peu pour le moment. Elle n'en proposa pas au jeune libraire qui, concentré dans son travail, n'avait même pas été interpellé par la douce senteur des graines.
L'après-midi se passa dans le silence le plus total. Depuis le cri terrible de la créature, plus un son inhabituel n'avait troublé la tranquillité de ce lieu sacré. Quand le garçon eut fini son entraînement, il n'eut pas non plus besoin de le dire à la Sorcière, qui le suivit sans rien dire jusqu'à la statue qui les mènerait dans la salle suivante. Un escalier sombre apparut quand il inséra la clef et enfin ils purent avancer dans le temple.
Le nez de la kunoichi fut assailli par une puissante odeur de renfermé. Elle dut se retenir de tousser à cause de toute cette poussière. Assurément, ils étaient les premiers à avoir découvert le secret de la statue et foulé ces quelques marches depuis bien des années. Mifuyu ramena la lumière dans ce couloir en allumant les torches murales avec celle qu'elle avait récupéré à l'entrée du temple. Petite, elle avait failli glisser plusieurs fois, mais elle était bien trop fière pour demander l'aide de Sanada pour une tache aussi futile.
Ils arrivèrent dans une petite salle qui habitait un squelette en son coin. Cela confirmait la première impression qu'ils en avaient eu : ils étaient en territoire tant secret que protégé. Elle regarda le libraire lui arracher un coffret des bras sans faire le moindre signe de dégoût. Il avait bien changé, depuis le temps où il avait tué pour la première fois dans ce laboratoire Omura. Quand il avait tué, elle l'avait vu prier, peut-être pour se repentir, peut-être pour honorer sa victime, elle ne le savait pas. Désormais il était habitué à la mort, traitant avec elle comme avec n'importe quel autre élément de décor.
Le coffret contenait un parchemin. Comme elle l'avait pensé, ce tas d'os était les restes d'un aventurier qui avait tenté de percer les secrets de ces lieux. Il était parvenu jusqu'à cette salle, mais n'était visiblement pas arrivé plus loin que cela. Allaient-ils finir de la même façon ?
Elle ne s'était pas trop intéressée aux mystères de ce temple jusqu'ici, mais quelque chose semblait différent dans cette salle. Il n'y avait ni statue, ni fresque mystique. Aucun indice laissant supposer la marche à suivre. N'y avait-il donc aucun trésor ? Pourquoi les avoir mis à l'épreuve, dans ce cas ? Tandis que Sanada tentait de résoudre cette énigme, le regard de Mifuyu fut attiré par quelque chose d'autre. En analysant la pièce dans laquelle ils se trouvaient, une portion de mur se distinguait des autres, en cela qu'elle n'était recouverte ni de vieilles pierres ni de gravures. Ses vieilles briques contrastaient complètement avec la blancheur ternie de la pierre.
En y regardant de plus près, elle remarqua quelques fissures et des espacements étranges entre les briques qui se trouvaient en bas à gauche. En tapotant dessus, elle remarqua qu'elle était étonnamment lâche. Elle crut même distinguer le bruit du bois. Il y avait une pièce de l'autre côté, c'était certain. En poussant légèrement sur l'une des briques, elle constata avec une satisfaction non dissimulée que celle-ci venait de bouger de quelques millimètres, laissant une trace de poussière derrière elle. L'attrapant à deux mains, elle parvint à l'arracher complètement en forçant.
Dès lors, il devint aisé d'arracher les briques une à une, qui étaient simplement fixées les unes sur les autres. Son cobaye la rejoignit dans son effort et, ensemble, ils découvrirent entièrement une porte en bois, dont la présence était énigmatique. Elle n'était assurément pas aussi ancienne que les précédents obstacles auxquels ils avaient eu affaire. Peut-être que ce qu'elle recherchait se trouvait ici aussi ? Elle ne l'avait pas envisagé, mais c'était finalement assez logique. Pourquoi Fusuke aurait caché son laboratoire sur une si petite île où il aurait été aisé de le retrouver ? Quel meilleur endroit que derrière ces murs ancestraux pour se cacher ? Avait-il donc dans son entourage un shinobi capable de conjurer l'orage qui lui aurait donné accès à cette mystérieuse crypte ?
La chirurgienne tourna la poignée lentement. La porte était verrouillée, mais quelques incisions bien faites dans la serrure avec ses scalpels suffirent à la faire céder. Immédiatement à l'entrée de la salle se trouvait une torche murale, que la Sorcière alluma, dévoilant l'inimaginable.
Bâtie de murs métalliques réfléchissant la lumière, se tenait devant ses yeux une véritable splendeur, un temple érigé au nom de la science. Fusuke était un homme surprenant, mais jamais elle n'aurait pensé qu'il aurait su pousser son art jusqu'à ce stade. Une pensée sombre l'assaillie soudainement. L'avait-il surpassé ? Pendant qu'elle était en convalescence, récupérant de cette opération au succès discutable, s'était-il élevé au rang de dieu de la médecine ? Elle l'avait tué, elle ne pourrait jamais le savoir. Elle avait toujours jugé l'art de l'hybridation comme une branche inférieure du progressisme, dont la vocation la plus pure était de repousser les limites du corps humains. Pourquoi aller chercher des solutions dans les corps de créatures plus faibles, dont l'espérance de vie dépassait rarement la quinzaine d'années pour les plus chanceux ?
Elle comprenait, maintenant, en voyant tous ces graphiques accrochés aux murs, ces carcasses d'animaux décomposés entassées dans des bacs et les taches de sang séché un peu partout sur le sol, qu'elle s'était trompée. L'hybridation était simplement une autre forme d'art, de créativité. La salle n'était pas bien grande, mais on aurait dit que des centaines de papiers, schémas scientifiques et rapports d'expériences en faisaient un autel à la connaissance. Il avait fait au moins autant de recherches qu'elle-même l'avait fait dans sa quête de la vie éternelle.
Bouche-bée, elle osa enfin pénétrer dans son antre. Elle passa des heures à regarder chaque papier, à analyser les instruments utilisés et à en ramener certains avec elle. Elle savait qu'elle ferait une heureuse en ramenant toutes ces connaissances depuis qu'Hatsumomo avait exprimé le souhait d'aller plus loin dans sa technique de greffe. Dans un tiroir scellé, elle trouva quelques pages qui avaient été arrachées à un carnet : il s'agissait de la suite du journal de Fusuke, décrivant ses expériences, son ressenti et ses ambitions. Elle prit le temps de les lire. Ses découvertes allaient au-delà de son imagination. Se trouvait devant lui la recette parfaite pour greffer des organes animaux à un corps humain.
"An 4. Rapport de l'expérience 147. Sujet 8 : Homme, trentaine d'années, bonne santé. Anesthésie générale. Greffe de glandes de poison dans la mâchoire, provenant d'un serpent des îles du Sud. L'opération fut un succès, bonne résistance au corps étranger. Evolution du sujet à suivre au cours des quinze prochains jours. Mise en quarantaine."
Puis, plus rien. Que s'était-il passé ? Le chirurgien avait griffonné autour toutes les indications sur l'état médical du sujet. Il y décrivait toutes les étapes suivies. Elle prit les pages et les plia dans sa poche. Dans chaque tiroir, elle trouvait des dizaines de rapports de ce genre. Quels secrets renfermaient-ils encore ?
Il devait y avoir une autre salle dans ce temple. Il était impossible qu'il ait mis son cobaye en quarantaine ici, il devait nécessairement posséder une cellule ou un autre bureau quelque part. Elle devrait le découvrir, grâce aux nouvelles capacités de Sanada. Quand elle se retourna vers lui, elle le vit tenir en sa main un parchemin. D'apparence vierge à l'exception d'un symbole posé à l'encre noir dont elle ne connaissait pas la signification, il le tourna dans tous les sens pour en essayer d'en dévoiler le secret.
"Nous devons continuer, nous sommes tout près. Je le sens."
Son sourire était celui d'un prédateur. Elle avait besoin de cette connaissance et savoir qu'elle se trouvait si proche d'elle la poussait vers ses instincts les plus sombres. Mais pour cela, elle avait besoin que son cobaye s'éveille pleinement, par la force s'il le fallait.
Le Journal de Fusukenstein : In The Mood For Storm.
Entraînement feat Omura Mifuyu
Technique à apprendre:
Amagumo 【Nuage de Pluie】
DOMAINE :
Ranton
RANG :
D
PORTÉE :
Grande
CHAMP D'ACTION :
Grand
DESCRIPTION :
L'utilisateur compose une série de mudra et léve le bras au ciel pour y envoyé son chakra Ranton, créant des nuages de pluie. Une pluie fine tombe des nuages pendant 2 tours (elle est suffisante pour éteindre de petits incendies normaux). L'eau peut être utiliser pour les techniques Suiton (et ce par tout le monde), ramenant des condition aride à des conditions normale, mais n'est pas suffisante pour réduire le coût des techniques Suiton.
CONSOMMATION DE CHAKRA :
Faible
ÉVOLUTION DE LA TECHNIQUE
- RANG :
C La pluie générer par les nuages est plus dense, gênant légèrement la vision et fournissant une plus grande quantité d'eau. La consommation de chakra des techniques Suiton est réduite d'un rang, sauf dans le désert (où elle devient juste normale).
CONSOMMATION DE CHAKRA :
Moyenne
- RANG :
B C'est une pluie diluvienne qui s'abat désormais sur le champs de bataille, gênant la visibilité qui est réduite à une distance Faible (Moyenne pour les personnes disposant d'une Vue Surdeveloppée ou de Dôjutsu adapté) et gênant même les mouvements et réduisant d'un rang la Vitesse de personnage n'ayant pas utilisé de technique d'Escalade des Arbres ou de Marche sur l'Eau. La Portée des techniques de Shurikenjutsu ou d'autres armes de lancer est réduite d'un rang. Les dégâts des attaques normales d'armes de lancer est réduite d'un rang. La consommation en chakra des technique Katon, Shakuton et Yôton augmente d'un rang.
CONSOMMATION DE CHAKRA :
Moyenne
Alors que Mifuyu était plongée dans les innombrables notes qui occupaient la pièce, Sanada cherchait le parchemin contenant le reste des mudras du nuage de pluie. Ce Fusuke avait percé avant eux les secrets de ce temple, il avait même installé son édifice religieux en son sein. La formule était ici. Cela ne pouvait être autrement. *La nuit, la pluie, l'orage, la grêle. Voilà l'ordre.* se répétait-il tout en fouillant avec précaution dans les amas de feuillets manuscrits.
Soudain, il reconnut le symbole du nuage sur un vieux papier. Exultant, il embrassa la fibre jaunie tout en remerciant les dieux. Il allait pouvoir continuer. Jeter son âme dans les nuages pour mieux servir les dieux et protéger les hommes. En l'ouvrant, cependant, il constata avec amertume qu'il n'y avait pas de mudras inscrits, seul le symbole trônait au centre.
Quand la Sorcière se retourna vers son cobaye, une étrange lueur brillait dans son regard.
- "Nous devons continuer, nous sommes tout près. Je le sens."
Sanada, le poing serré sur le parchemin qu'il venait de trouver redoubla de concentration. Il commençait à connaître la Harpie en culotte courte, il savait dorénavant que cet apprentissage avait un autre objectif. Sa quête de la maîtrise de son affinité croisait la destinée de la Sorcière. Jashin dans sa grande sagesse, avait tissé les liens du destin des deux individus, mais, le nœud divin, était noué par la seule volonté de l'Omura. Elle qui avait su tirer le fil de vie d'autrui pour consolider le sien. Elle qui avait confronté le dieu sombre et émacié la lame de ses ciseaux pour échapper à la mort semblait être le catalyseur des pouvoirs du soldat des Cinq.
Le genin sentit le poids de la responsabilité tomber sur ses épaules. Sans lui, le temple resterait fermé à jamais. Sans l'orage, Fusuke resterait maître et possesseur de ses secrets, jusqu'à la fin des temps.
Lorsqu'ils quittèrent l'édifice pour retourner au campement, le soleil tombait sur la mer calme. Sanada alla nager pour se relaxer tandis que Mifuyu restait le nez collé dans des notes qu'elle avait ramenée à la surface. Le dîner fut frugal mais apaisant, Sanada bourra son calumet de l'herbe qu'il avait ramenée du village et savoura les effluves en observant le ciel étoilé. Il s'endormit assez vite, épuisé par les efforts et les émotions de la journée.
Les braises étaient encore brûlantes lorsqu'il se réveilla. La lune était haute dans le ciel, mais il n'avait plus sommeil. Il ne voulait qu'une chose, réussir la technique et invoquer des nuages de pluie pour avancer dans le temple.
Il observa le parchemin dans tous les sens, le retourna, tenta d’y insuffler son chakra, mais rien ne se passa, il restait désespérément restait vierge.
Le rayon du soleil teintait l’horizon de couleur oranger, les étoiles, elles, disparaissaient doucement, laissant le noir de jais de la nuit faire place à l’azur du jour, pourtant, le jeune genin n'avait pas avancé d'un pouce.
Décidant d’aller chercher du bois en vue de la prochaine nuit pour se changer les idées, il s’enfonça légèrement dans la forêt, mais fut rapidement stoppé dans sa ballade par une magnifique cascade.
Des trombes d’eau chutaient d’une dizaine de mètres dans une sorte de grande mare trouble provoquant un bruit aussi puissant qu'agréable. Au bord, ce qui ressemblait à un chat sauvage s’abreuvait. Les rayons, encore faibles, du soleil qui perçaient les feuilles jetaient des halos lumineux sur la terre meuble. La fourrure de l'animal, elle, se parait de mille nuances, semblant jouer avec la lumière à la moindre respiration. Le genin s’assit silencieusement pour observer le spectacle. La nature était belle par ici, luxuriante, elle avait gagné la bataille contre la civilisation et avait repris son droit sur cette île. Le félin resta un moment la tête penchée sur le rivage puis se figea. Deux oiseaux de grande taille venaient de se poser de l’autre côté de la berge, sans doute distrait et trompés par l'immobilisme heureux du chat sauvage, ils ne l’avaient pas remarqué. Le félin avança tout doucement puis s’immergea lentement, ne laissant dépasser que son museau qui se camouflait parfaitement entre le bois flottants et les herbes hautes. Lentement, il avança vers ses proies jusqu'à presque les atteindre, mais ne le fit pas. Avec la patience et l’agilité qui lui avait octroyé la nature, l’animal attendit encore un moment. Puis, alors même que le genin n’y croyait plus, il se jeta sur un des volatiles avant de retourner, en emportant le cadavre dans sa gueule, vers la jungle environnante.
Sanada se décida à retourner vers le campement en réfléchissant au moyen de percer le mystère de ce parchemin vierge. Comme le félin, il fallait être patient, procéder avec minutie sans brusquer la nature des choses. Ce temple semblait être construit comme un parcours initiatique, il fallait suivre les étapes. Pour entrer dans la chambre cachée, il fallait connaître le jutsu, qui entraînait le suivant….
- Mais bien sûr ! s'exclama Sanada en courant vers la plage pour reprendre le parchemin.
Le coffre avait été déplacé par celui devenu tas d'os, puis sûrement par Fusuke en personne. Ils avaient brisé la chaîne naturelle. Sanada aurait dû découvrir ce papier sous la lueur de sa technique, non pas dans une salle secrète construite bien après le temple. Ce parchemin répondait directement à la technique "Heures Sombres". Il fallait simplement le lire sous des nuages invoqués.
Convoquant des cumulus ténébreux, il occulta bientôt le soleil et plongea l'île dans une nuit temporaire. Lorsqu'il déplia le vieux morceau de papier, une encre brillante apparut, dévoilant les mudras nécessaires à l'accomplissement de la technique. Mifuyu n'avait pas assisté au spectacle, elle était sûrement dans la tente à analyser les écrits de Fusuke ou dans son laboratoire sous la terre. Le genin ne voulait pas la déranger. Elle avait été très claire. Il fallait avancer. Et pour cela, il suffisait qu'il maîtrise l'invocation des nuages de pluie.
La première tentative fut un échec. Le nuage qu'il invoqua ne fit tomber que quelques gouttes avant de disparaître sous une toute petite rafale de vent. Sanada se calma et prit son mal en patience.
*Rappelle toi du chat Sana, tu dois agir par étapes.*
Se décidant à changer de stratégie, le soldat des Cinq convoqua la nuit et tenta ensuite d'insuffler aux nuages présents une dose de chakra suiton. L'enchaînement des mudras fut compliqué, mais cette méthode se révéla efficace et en moins d'une heure, le genin invoquait une pluie tout à fait honorable.
La seconde étape fut, dès lors, beaucoup plus facile, il lui suffisait de jouer avec son flux de chakra pour changer la nature du nuage. Les nuages pluvieux nécessitaient une dose plus prégnante de chakra suiton pour pouvoir naître dans le ciel, cela était logique, cela était simple. Il suffisait de suivre les lois que les dieux avaient inscrites dans la nature.
Galvanisé par ses progrès, il tenta d'invoquer un orage, troisième étape dans la découverte du temple, mais sans les mudras, c'était peine perdue. Enfin, quand il se sentit tout à fait prêt et maître de ses créations nuageuses, il retourna auprès de sa guide.
- Je suis prêt à continuer Mifuyu-sensei. Je crois que je vais pouvoir maîtriser le nuage d'orage plus vite, mais pour le moment, je suis sûr qu'il faut arroser l'arbre de gouttes de pluie provenant de la technique pour pouvoir pénétrer la troisième salle. Nous pouvons y aller tout de suite, je ne suis pas fatigué ! Dit-il en regardant la Sorcière avec détermination.
Bien sûr, cela était faux, les nombreuses tentatives du genin avait presque entièrement épuisé ses réserves, mais il en avait encore dans le ventre, et surtout, il ne voulait pas décevoir celle qui avait, jusqu'à maintenant, tenu toutes ses promesses.
Passée l'excitation de la découverte du laboratoire secret de Fusuke, la fatigue rattrapa les deux Uzujins qui décidèrent de repartir vers leur campement. Sanada n'était pas encore parvenu à briser le secret de son parchemin et, même si elle l'en savait parfaitement capable, mieux valait ne pas le surmener. Elle ne voulait pas prendre le risque qu'il s'épuise et qu'ils se retrouvent bloqués par la suite. Elle voulait découvrir cette salle mystérieuse à tout prix et elle le voulait tout de suite. Elle ne supporterait pas d'avoir à retourner au village et attendre des semaines avant de revenir parce qu'elle lui en avait trop demandé.
Non, s'arrêter là pour la journée était la meilleure des décisions, d'autant plus qu'elle disposait d'assez de lecture pour s'occuper au coin du feu pendant des semaines. Tant de mystères à percer qui lui rappelaient une nouvelle fois le caractère éphémère de la vie. Elle désirait apprendre tout ce qu'avait découvert le progressiste, mais pour cela elle aurait besoin de temps. Cela renforçait encore une fois sa certitude d'une vie, celle qu'elle serait la première à atteindre la vie éternelle. Elle deviendrait une légende parmi les shinobi, assisterait à la chute d'une civilisation et à l'avènement d'une nouvelle, aux déchaînements naturels et périodes de calmes. Elle hanterait ce monde pour apporter sa connaissance aux futures générations de médecins et renforcer l'hégémonie de son clan sur le domaine.
Assise sur une pierre couverte de mousse, à la lumière des flammes crépitantes, la Sorcière essayait de déchiffrer les différents schémas inscrits sur les parchemins. Hatsumomo y arriverait sans doute mieux qu'elle vu le temps qu'elle avait passé dans ses livres ces derniers temps. Elle les lui confierait, quand elle rentrerait au village. Ce serait un gage de remerciement pour lui avoir transmis sa connaissance sur l'évolution de l'art de la greffe.
L'avantage de ces quelques pages, c'était que la plume de Fusuke étant tant didactique que méthodique. Claire et concise, on comprenait tout ce qu'il voulait dire et même les termes les plus compliqués semblaient détenir une logique imperturbable. Plus qu'un récit personnel, on aurait dit qu'il avait écrit dans le but d'enseigner, pour laisser une marque indélébile dans la médecine une fois dans la tombe. Comme s'il avait prévu depuis des années cette fameuse nuit dans le laboratoire souterrain où la revanche des Ethiques l'avait enfin rattrapé, empruntant les traits de celle dont il se méfiait le moins, de la seule femme dans le Sekai à laquelle il aurait confié sa pleine confiance. Rétrospectivement, elle aurait aimé ne pas avoir à le tuer. Elle ne regrettait pas son choix, mais si elle avait été un peu moins concentrée sur sa survie et plus sur la médecine, elle aurait pu trouver un autre moyen, elle le sentait. Hélas, c'était une période de sa vie où la panique s'était emparée d'elle, où elle craignait à chaque instant que l'on vienne terminer son existence. Elle avait fait ce qu'elle avait à faire. Maintenant, elle essayait de rattraper ses conneries, de faire amende honorable auprès du scientifique de talent qu'elle avait lâchement assassiné il y a dix ans.
De la soirée, la médecin ne prêta pas plus d'attention que nécessaire au genin qui l'accompagnait. Même pendant le dîner, sa tête était ailleurs, entre équations, explications et schémas. Avant de s'endormir, elle tâtait de ses doigts machinalement ses scalpels qui dépassaient légèrement de sa sacoche, comme s'il la démangeait de s'en servir. Son instinct de scientifique et sa volonté de découvrir n'avaient pas été aussi développés depuis bien longtemps. En cet instant, elle se croyait capable de tout, de percer n'importe quel mystère, de ne faire plus qu'une avec le corps humain. Elle ne pensait même plus aux obstacles, à cette politique laxiste du village des tourbillons ou à celle qui tentait désespérément de la tenir en laisse, Leiko. Elle ne voyait que ce qui se cachait derrière : la gloire et la réussite. Elle était convaincue qu'elle y arriverait cette fois et que son premier échec n'avait été qu'une étape nécessaire pour le renforcement de sa détermination. Toutes ces années n'avaient pas été perdues – c'était juste le recul dont elle avait manqué. Désormais, elle y arriverait.
Grâce à lui, pensa-t-elle soudainement en observant son visage endormi. Elle se figea sur place. Pourquoi pensait-elle cela ? Non, elle ne le pensait pas. Elle ne voulait pas le penser. Elle ne dépendait de personne. Elle ne souhaitait surtout pas s'attacher à qui que ce soit – ce n'était pas elle, de ressentir de l'affection ou de la compassion pour un gamin. Elle avait quand même tué ses trois petites-filles, bon dieu ! Pourtant, quelque chose était différent chez lui, peut-être était-ce sa passion qui la touchait plus qu'elle ne l'aurait voulu. A l'avenir, elle ne pourrait toutefois pas le garder si proche d'elle, car le chemin qu'elle empruntait était bien trop sombre. Elle voulait l'utiliser, mais pas le pervertir.
Elle finit par s'endormir et tomber dans un sommeil profond. Elle n'entendit pas le garçon se réveiller et ne le vit pas s'entraîner. Au petit matin, elle constata qu'il n'était pas là, mais ne s'affola pas. Elle n'avait ressenti aucun danger pendant la nuit. Elle en déduisit qu'il était retourné dans le temple à la recherche de la clef qui leur ouvrirait la prochaine porte, aussi elle décida de le rejoindre.
Elle était seule dans le lieu sacré. Il était ailleurs. Mifuyu hésita un instant. Devait-elle le chercher ? Non, pourquoi était-elle attirée de façon si malsaine par le laboratoire de Fusuke ? Elle avait beau lutté, elle se savait incapable de résister. Elle s'enferma alors à nouveau dans cet autel quasi-mystique dédié à la médecine, ou même le temps ne semblait plus avoir d'emprise.
Quand le garçon la rejoint finalement, il lui affirma avoir découvert les mudra nécessaires à l'exécution de la technique. Ils retournèrent alors dans la salle principale, où elle l'observa conjurer la pluie. Quand les premières gouttes rafraichirent l'arbre sacré, celui-ci commença à s'illuminer d'une puissante lueur dorée. Les reflets lumineux se mirent à tourner autour d'eux, semblant les transporter dans un autre monde ou la nature dansait. L'Omura n'était pas sensible à cette beauté, mais elle devait avouer qu'il y avait bien quelque chose de mystique là-dedans. Cela était évidemment explicable en termes scientifiques, mais elle comprenait à présent que l'on puisse y voir la manifestation d'un esprit de la nature.
Après quelques secondes, les émanations lumineuses se rassemblèrent en un puissant rayon projeté vers le front de la statue d'une seconde effigie religieuse. La lumière semblait la pousser si violemment qu'on entendit la statue de pierre reculer difficilement contre le mur, dans un crissement aiguë. Ce qu'elle révéla cette fois ne fut pas un escalier, mais un mécanisme à l'aspect ancien. La doyenne s'en approcha. Au toucher, l'objet rectangulaire était presque glacé. Elle en retira une touche étonnante de poussière, découvrant alors un symbole que même elle était en mesure de comprendre : un éclair, représentant le pouvoir de la foudre.
Instinctivement, elle sut ce qu'elle avait à faire, puisant dans les enseignements qu'elle avait tirés de ses interactions avec ce garçon. Levant la main au ciel, posant l'autre sur l'objet ancien, elle ferma les yeux quelques instants, puis sentit toute la puissance de la foudre la parcourir. Un puissant éclair venait de s'abattre sur son bras et, après s'être promener le long de ses courbes, vint directement heurter le mécanisme. Elle sentit alors une chaleur extrême se propager en son intérieur et elle dut retirer ses doigts avant qu'il ne soit trop tard. Pendant quelques instants, plus rien ne se passa. Puis un fin filet de fumée s'échappa de la boîte.
Par précaution, Mifuyu s'en éloigna légèrement et fut rejointe par Sanada. Ce fut lui qui entendit le léger "clic" qui s'était amorcé à l'autre coin de la pièce. Elle le regarda partir vers l'une des dalles qui paraissaient maintenant légèrement surélevée du reste. Il put la dégager facilement, dévoilant une trappe en bois. Quand il l'ouvrit, un étrange râle étouffé en sortit, le faisant reculer de quelques pas, sur ses gardes. Une deuxième créature gardait donc ces lieux ? Une étrange boue marronnasse remontait désormais lentement à la surface et recouvrit l'intégralité du sol au bout d'une minute. Enfin, un nouveau râle se fit entendre et l'on put distinguer une silhouette à la forme non définie s'en extraire.
Le petit libraire était en première ligne. Il était l'heure de son test.
Technique utilisée :
RAITON : HIRAISHIN 【PARATONNERRE】
DOMAINE :
Ninjutsu Affinitaire
RANG :
D
PORTÉE :
Contact
CHAMP D'ACTION :
Contact
DESCRIPTION :
L’utilisateur entre en contact physique avec l’adversaire (le toucher suffit) puis lève son bras libre en l'air, pour utiliser son corps tel un paratonnerre et génère une puissante décharge électrique qui traverse son corps transférant l'électricité dans le corps de son adversaire. L'adversaire subit des dégâts Légers (et l'utilisateur des dégâts très légers) et l’électricité perturbe ses muscles. Il ne peut donc utiliser de technique de corps à corps supérieure au rang B pendant le prochain round. Cette technique rapide peut être utilisée au corps à corps
EVOLUTION DE LA TECHNIQUE
- RANG C :
L'éclair est plus puissant, infligeant des dégâts élevés à la cible (et légers à l'utilisateur), qui ne peut plus utiliser de technique de corps à corps supérieures au rang C pendant son prochain round.
CONSOMMATION DE CHAKRA :
Faible (si des nuages sont présents) à fort (si plein soleil)
Il s'agit de l'évolution rang C de cette technique (Nuage de pluie)
Il y a une technique offerte à la promotion d'un rang (tech de rang C pour promotion rang C) je prend celle-ci mais je préfère la placer en rp pour pas qu'elle sorte de nulle part. Pour le combat, il y a beaucoup de techniques mais j'ai écrit plusieurs tours en un post. Uzulove
Amagumo 【Nuage de Pluie】
DOMAINE :
Ranton
RANG :
D
PORTÉE :
Grande
CHAMP D'ACTION :
Grand
DESCRIPTION :
L'utilisateur compose une série de mudra et léve le bras au ciel pour y envoyé son chakra Ranton, créant des nuages de pluie. Une pluie fine tombe des nuages pendant 2 tours (elle est suffisante pour éteindre de petits incendies normaux). L'eau peut être utiliser pour les techniques Suiton (et ce par tout le monde), ramenant des condition aride à des conditions normale, mais n'est pas suffisante pour réduire le coût des techniques Suiton.
CONSOMMATION DE CHAKRA :
Faible
ÉVOLUTION DE LA TECHNIQUE
- RANG :
C La pluie générer par les nuages est plus dense, gênant légèrement la vision et fournissant une plus grande quantité d'eau. La consommation de chakra des techniques Suiton est réduite d'un rang, sauf dans le désert (où elle devient juste normale).
CONSOMMATION DE CHAKRA :
Moyenne
- RANG :
B C'est une pluie diluvienne qui s'abat désormais sur le champs de bataille, gênant la visibilité qui est réduite à une distance Faible (Moyenne pour les personnes disposant d'une Vue Surdeveloppée ou de Dôjutsu adapté) et gênant même les mouvements et réduisant d'un rang la Vitesse de personnage n'ayant pas utilisé de technique d'Escalade des Arbres ou de Marche sur l'Eau. La Portée des techniques de Shurikenjutsu ou d'autres armes de lancer est réduite d'un rang. Les dégâts des attaques normales d'armes de lancer est réduite d'un rang. La consommation en chakra des technique Katon, Shakuton et Yôton augmente d'un rang.
CONSOMMATION DE CHAKRA :
Moyenne
Sanada avait l'esprit aux aguets. Malgré l'arbre et la lumière, il avait l'étrange sentiment que ce temple résistait face à ceux qu'il considérait comme des intrus. Peut-être, la pierre sacrée se vengeait-elle d'avoir été souillée par une autre croyance, mais cela ne correspondait pas à la doctrine Omsietiste qui embrassait les différences. Non, le temple luttait non pas contre la croyance Omura, il luttait contre eux.
Le genin resta un instant figé face à la masse informe qui souillait les larges dalles de pierre. Cette fois-ci, c'était à lui de prouver sa valeur au temple, sa détermination aux dieux. Il s'approcha de l'abondance boueuse quand deux tentacules jaillirent du liquide, enserrant lentement ses jambes. Le genin composa les débuts de la technique paratonnerre avant de se raviser. La douce voix de sa mère résonna en lui : “Tu ne seras jamais plus rapide qu'un poisson dans l'eau, mais cela n'a jamais empêché personne de pécher”. Disait-elle toujours lorsqu'il rentrait de l'école, amoché par ses camarades de classe. Il n'avait jamais vraiment compris ce que venait faire la pêche dans sa plainte contre les médisants. Cela l'avait souvent agacé d'ailleurs, cette manie qu'avait sa matriarche de répondre à côté.
Pourtant, aujourd'hui, il comprenait ce qu'elle avait toujours voulu dire. Il ne pouvait pas ramper dans la pénombre et sur les murs pour jaillir de toutes parts comme la créature de glaise et de boue. Son océan à lui désormais était le ciel.
Coupant énergiquement les tentacules à l'aide de son kunai, il invoqua juste après des nuages noirs qui obscurcirent les lieux en un instant. Sans attendre, il se précipita vers la sortie, suivi de près par la créature folle de rage. À la sortie, il fit appel à l'aide de la pluie pour freiner l'assaillant, cette fois-ci, pourtant, sans doute libéré par l'adrénaline du combat, les nuages se firent plus épais, la pluie plus drue. - Bienvenue dans mon royaume. Dit Sanada en regardant le ciel, les bras écartés comme pour mieux embrasser la pluie de tout son corps.
Le tas de boue, peu intéressé par le monologue du genin se transforma en une masse humanoïde qui faisait le double de son adversaire. Un poing de la taille de la tête du jeune homme faillit s'abattre sur lui, mais une rapide retraite et un peu de chance l'en protégea.
Sanada se déplaçait constamment, tentant d'éviter le corps-à-corps tout en préservant ses réserves de chakra. Il fallait qu'il mette une stratégie en œuvre.
Profitant d'un gros tronc d'arbre pour se camoufler, il créa un clone de foudre. Celui-ci fumait calmement une pipe sous le regard outré de son original. Enfin, comme s'il s'agissait d'une corvée, il souffla un grand coup, avant de confronter le monstre pour le distraire. Le soldat des Cinq fit un large tour, suivant le combat entre la créature et son clone des yeux, avant de retourner sous le temple.
Sans un regard vers son mentor, il se précipita vers la trappe d'où avait surgi la bête immonde et se releva, tout souriant, en tenant un morceau de parchemin jauni entre les doigts.
- Et Voilà !! Le secret de la troisième statue. L'orage, le vrai. Il ouvrit sans attendre le papier humide avant de retourner au-dehors en courant.
Le clone était au milieu d'une énorme mare de boue qui semblait l'ensevelir tout doucement. Sanada en profita pour tenter les mudras qu'il venait de lire. La pluie avait presque cessé et les nuages s'estompaient, mais sous le chakra ranton du genin, ils reprirent une épaisseur presque tangible laissant une averse s'abattre de nouveau sur la petite île.Pourtant, malgré l'attente, il n'y avait aucun signe du moindre tonnerre. Le nuage orageux se faisait attendre. Le clone totalement asphyxié par la matière visqueuse disparut dans un éclair de foudre. Celui-ci blessa le monstre, mais il rassembla sa matière non calcinée pour reformer un homme de boue, légèrement plus petit que l'ancien.
Le soldat des Cinq lança un éclair puissant vers le monstre qui se décomposa, laissa de côté la terre noire et calcinée par la foudre, avant de se reformer.
Sanada n'avait plus énormément de chakra, il le sentait. Il hésitait à décharger une grande dose de jutsu raiton dans le corps de la bête, mais craignait d'être à court avant que celle-ci ne soit totalement réduite en charpie.
Ce fut la réflexion de trop. Le genin qui avait aisément esquivé les attaques de boues jusqu'ici venait de faire preuve de suffisance. Une fatuité que le temple allait lui faire payer.
Il fut immédiatement recouvert de cette substance gluante et poreuse à la fois. La boue s'immisçait partout, tentant de percer la barrière qu'il formait avec ses lèvres, rentrant par les narines et les oreilles. La douleur était insoutenable, plusieurs fois, Sanada perdit conscience pendant une fraction de seconde, assommé par la souffrance et la peur.
Rassemblant le peu de force qui lui restait et jetant toute sa foi dans la bataille, il invoqua l'orage pour le sauver. Un instant plus tard, il entendit vrombir le tonnerre, et cette explosion sonore, n'avait jamais paru plus rassurante à ses oreilles alors meurtris. Il ressentit cette sensation de quitter son corps pour joindre les cieux. Le raiton en lui semblait se nourrir d'une nouvelle énergie.
Le genin utilisa la technique "Paratonnerre" pour se libérer. à son grand étonnement, elle ne semblait pas aussi coûteuse en chakra qu'à l'accoutumé. C'est alors qu'il comprit. L'orage au-dessus de lui était des siens, et chaque technique invoquant le tonnerre étaient lancées conjointement avec le cumulus.
Le soldat des Cinq se déchaîna alors sur la bête. Les éclairs, les senbons de foudre volèrent avec l'aide des cieux. Enfin, quand la créature ne fut plus qu'une petite flaque de boue, il posa les mains sur le sol détrempé pour y lancer “Jiraishi”, la course de l'éclair. Le torrent bleu transperça le gardien du temple de toutes parts. Ne laissant qu'un tas de cendre humide et fumant alors que la pluie cessait, cédant au soleil les droits sur la petite île.
Sanada comme saoul, se précipita vers la quatrième statue qui avait dû révéler le secret des muras de la technique derrière le nuage de grêle. La statue dévoilait maintenant une ouverture près du cœur. Chancelant, mais déterminé, le genin arracha l'enveloppe contenu à l'intérieur. Le parchemin semblait moins jauni, plus propre que ceux qu'il avait trouvé jusque-là. Pas de mudras, mais quelques mots. Quelques mots qui glacèrent le sang du genin et précipitèrent son mal-être.
“ Toi qui t'apprêtes à ouvrir la dernière porte, celle du froid et de la mort de notre île. Sache que nous ne laisserons jamais faire. Le peuple des forêts est le gardien du parchemin, les sentinelles lointaines de l'île. Personne ne nous dupera plus comme elle l'a fait”.
Se relevant avec peine, il se mit à vomir de la boue, alors que ses narines dégoulinaient du même liquide marron. Prenant appui sur l'arbre, il ne put se retenir et tomba à la renverse. Les rayons lumineux qui perçaient les feuilles avaient quelque chose de grandiose. Il contempla ce jeu de lumières avant de définitivement sombrer dans les abîmes de l'inconscience.
Le combat qui s'en suivit, au regard de la Sorcière, fut titanesque. Il opposait l'ultime défense de ce temple sacré, dont les terres avaient été bafouées, au jeune prodige, fils de l'orage et petit protégé des dieux. Ces deux forces, que dis-je, ces deux entités se livraient à une bataille aussi disputée que spectaculaire.
Mifuyu regarda l'affrontement de son piédestal, assise maladroitement sur l'une des statues du temple. Elle espéra que le libraire ne la voit pas, trop concentré dans sa lutte, pour qu'il ne sache pas qu'elle était en train de blasphémer de la sorte. Elle s'était positionnée là sans aucune mauvaise intention mais dans l'unique souci de ne pas se salir ou de se retrouver enserrée dans la boue. Elle voulait toutefois rester à une distance raisonnable pour intervenir en cas de pépin. Elle lui faisait confiance, mais elle n'allait pas risquer sa vie sur une supposition, aussi suivait-elle ses actions avec le plus grand intérêt.
Ce qu'elle vit lui plut beaucoup, tout particulièrement lorsque le genin utilisa son clone de foudre pour faire diversion. Tandis que son alter ego se faisait ensevelir sous la boue de cette masse informe, le vrai Sanada était parti à la recherche du prochain parchemin, qu'il put trouver sans trop de difficulté. Elle le vit en lire les mudra, puis les réaliser. Le résultat ne fut pas au rendez-vous dès la première tentative, mais elle avait confiance en ses capacités et n'intervint pas. Cette ingénieuse distraction lui avait au moins permis de gagner un peu de temps.
Quand elle le vit pris par la bête, au bord de la mort même, la doctoresse bondit enfin de son appui pour venir le libérer. A cet instant, elle se rappela le squelette qu'ils avaient vu dans la première salle. Comment avait-il péri ? Pourrait-il leur arriver la même chose ? Avant qu'elle n'arrive, cependant, elle put entendre le garçon reprendre conscience et l'observa fièrement invoquer à nouveau sa technique. Cette fois-ci, poussé par son désespoir et la peur d'une mort soudaine – que l'ancêtre ne connaissait que trop bien malheureusement – il parvint à conjurer l'orage.
"C'est bon, tu as assez fait" lui dit-elle en le voyant tituber, à la recherche du secret de la quatrième statue. "Repose-toi, je m'en occupe." Elle ne pouvait même pas dire s'il l'avait entendue. Elle ne s'attendait pas à ce qu'il soit autant lessivé par son affrontement, mais elle devrait composer avec. Elle marcha donc lentement en direction de la statue et enjamba le corps évanoui de son cobaye. Elle s'occuperait de le soigner plus tard, quand elle aurait analysé la situation. Elle vit toutefois qu'il tenait en ses mains une enveloppe, qu'elle lui arracha pour la lire à haute voix.
C'était une étrange menace qui y était proférée. Elle ne savait pas trop comment juger de sa véracité. A première vue, elle paraissait authentique, pourtant le parchemin ne semblait pas être aussi ancien que ceux qu'ils avaient rencontrés jusqu'à présent. Cela serait étrange que cette pièce ait été créée plus tard. Non, il y avait autre chose. Elle plia la lettre qu'elle rangea dans sa sacoche. Elle en étudierait la nature plus tard. De plus, Fusuke était forcément passé par là s'il avait voulu y établir son laboratoire secret. Elle refusait de croire que la petite pièce qu'ils avaient trouvé était la seule trace de ses secrets. Elle sentait que ses réponses se trouvaient là, pas loin. Mais d'abord, elle devait trouver comment ouvrir cette porte. En fouillant aux alentours, elle ne trouva rien de plus que des dalles sur lesquelles étaient gravées le symbole de l'orage. L'une d'entre elle semblait creuse, plus propre, mais impossible de la soulever. En posant son nez contre la fissure qui la séparait de sa voisine, l'Omura put toutefois distinguer avec une certitude absolue une forte odeur d'alcool blanc, probablement utilisé comme désinfectant par le progressiste. Elle en était sûre, sa cachette se trouvait là.
Elle avait du mal à l'accepter, mais elle savait déjà comment l'ouvrir. Elle avait besoin de Sanada et elle avait besoin de lui en pleine forme. Il devrait invoquer l'orage, qui aurait encore elle ne savait quel effet sur l'arbre central. Un nouveau monstre apparaîtrait, elle l'abattrait puis, enfin ils pourraient percer les derniers mystères de ce lieu.
En attendant, il ne servait à rien de rester ici. Même avec ses pouvoirs de guérison, il faudrait quelques jours au genin pour se remettre, et encore, seulement s'il se trouvait sur un lit d'hôpital. Ce fut donc à contre cœur qu'après avoir effectué la paume mystique pour accélérer sa régénération et refermer ses plaies, elle se saisit de son corps qu'elle porta à son épaule pour le ramener jusqu'au campement.
Là, elle rangea le sac de provisions, nettoya la zone avec une précision absolue et retourna enfin jusqu'à leur embarcation. Elle dut faire trois voyages. Le premier pour apporter les affaires de voyage et la nourriture, le deuxième pour transporter les notes de Fusuke, réunies bien proprement dans un sac de tissu et, le dernier, pour traîner le jeune libraire qui n'avait toujours pas repris connaissance.
Seule pour ramer, les premières heures de navigation furent compliquées. Heureusement, l'île abandonnée n'était pas loin du village des tourbillons et entourée d'autres archipels plus importants. Elle les arrêta donc sur une île voisine pour rejoindre une petite ville portuaire, où elle changea de moyen de locomotion. Elle rejoint un trajet commercial en direction du village, usant de son autorité en tant que dirigeante en seconde de la Division d'Amélioration, et les installa tous deux dans la cale.
Le garçon se réveilla enfin à mi-chemin. La Jonin lui raconta ce qui s'était passé depuis qu'il était tombé dans les pommes, mais ne lui toucha pas un mot à propos de son affrontement ou des nouvelles techniques qu'il maîtrisait. Un homme ne devait pas avoir à compter sur les paroles des autres pour savoir sa valeur. Elle espérait qu'il le savait. D'un autre côté, dire qu'elle était pleinement satisfaite serait un affreux mensonge. Elle aurait voulu aller plus loin. L'idée de cet échec lui laissait un goût amer dans la bouche et elle se maudissait de ne pas avoir été en mesure d'ouvrir la dernière pièce secrète du temple. D'un autre côté, elle savait qu'elle avait pris la bonne décision en n'intervenant pas dans ce combat. Si seulement il avait pu être plus puissant ! Même si leurs quêtes étaient liées, celle du libraire ne la regardait pas et il aurait été injuste de le priver de ce moment. Tout comme elle trouverait injuste qu'il se charge du laboratoire de Fusuke à sa place.