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Fissa, fissa • ft. Haiko

Myōshin Junko
Myōshin Junko
Uzushio no Jonin
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Fissa, fissa • ft. Haiko Mar 8 Oct - 22:10
Myōshin Junko

A peine le Kage et son intendante avaient-ils publiquement annoncé que la prochaine édition des examens Chûnin et Jûnin serait commune avec le Pays du Feu que chacun s’affairait à préparer ce grand événement. Très vite, la liste des participants avait été rendue publique et l’Académie avait redoublé d’effort pour former ses jeunes Genin.
Pour la plupart, il s’agissait de renforcer les liens avec Konoha et de montrer aux peuples de tous les pays leur bonne entente. D’autres, en revanche, étaient beaucoup plus sceptiques – et Junko en faisait partie, évidemment. De son point de vue, il ne s’agissait pas seulement de construire quelque chose main dans la main ; il y avait autre chose. De fait, c’était l’occasion d’écraser, voire d’humilier, l’ennemi – par ennemi, elle entendait bien Konoha, oui. Il fallait, à l’évidence, que les Genins et Chûnins d’Uzushio valident tous leur passage au grade supérieur, mais il fallait aussi – et surtout – qu’ils montrent leur écrasante supériorité, qu’ils soient parfaits et implacables.
Aussi, dans l’attente des noms des examinateurs (job pour lequel elle s’était évidemment portée volontaire, trop heureuse d’avoir l’occasion de mettre des bâtons dans les roues des adversaires), elle avait été prise d’un élan patriotique et avait accepté de dispenser quelques cours à ceux qui devaient passer l’examen Chûnin, afin qu’ils apprennent rapidement quelques techniques essentielles (ou simplement utiles pour désarçonner les jouvenceaux de Konoha).

De fait, elle assurait donc ce jour-là un cours exceptionnel sur le Genjutsu, à destination de qui voulait bien venir. Elle s’éclaircit la voix, captant par la même occasion l’attention de ces élèves du jour. « Nous allons commencer. » Elle parcourut du regard le petit groupe devant elle, et expliqua brièvement la situation. « Puisqu’il s’agit d’une classe exceptionnelle, vous n’avez pas tous le même niveau, pas tous le même parcours, ni les mêmes capacités. Par conséquent, nous allons certainement aborder des choses que certains d’entre vous connaissent déjà. » Elle marqua une pause. « Qui connait le Kai ? » Quelques mains se levèrent ; elle fit le compte rapidement et parut satisfaite. « Vous allez vous mettre par deux, au moins un des deux connaissant le Kai. Je vais commencer par vous apprendre le Narakumi, comme ça quand vous échangerez les rôles, les autres pourront apprendre le Kai en même temps. » Tant qu’à faire, autant être efficaces.

Ceci fait, elle se lança dans une description du Narakumi. « Il s’agit d’un Genjutsu qui nécessite un contact visuel avec la cible. Le but est de révéler les peurs de votre adversaire, de lui montrer une vision d’horreur, pour le troubler et le rendre incapable de réagir correctement. » Consciencieuse, elle leur montra les quelques signes qu’il fallait faire, tout en leur rappelant que le Genjutsu était un domaine qui nécessitait une bonne maîtrise du chakra, certes, mais également une bonne imagination. « Vous devez rendre votre illusion la plus crédible possible, n’oubliez pas. » Puis, elle lança l’exercice, passant d’un duo à un autre pour s’assurer que chacun allait dans la bonne direction.

Technique à apprendre:
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❝Junko x Haiko

    ♡ Fissa, fissa


Tu as toujours été quelqu’un de pure, innocent et relativement inoffensif, Haiko. Ah ça oui. Les enjeux et entourloupes propres à Uzu… Tu n’en as jamais vraiment eu cure. Bah, on ne peut pas vraiment te blâmer vu ton jeune âge. A douze ans, on ne pense pas vraiment à ce genre de choses. Et toi encore moins. Ne nous mentons pas, tu es bien loin de la maturité à laquelle on peut s’attendre d’un gosse de ton âge, et Genin qui plus est. Encore une fois, on ne peut guère te lancer la pierre au regard de ce que tua s (déjà) pu connaître et, malheureusement, rencontrer comme subir. Certes, il y en a qui en ont plus bavé que toi, mais chacun a son propre mécanisme de défense. Si d’autres vont grandir et apprendre de leurs traumatismes, toi tu occultes et altères ta propre mémoire. Pire encore : tu m’as fait grandir en ton sein à la place de ta propre personne !
De fait, ce qu’il peut se tramer à Uzu… C’est le cadet de tes soucis. Vraiment. Toi, tant que tu peux essayer de bien faire, de plaire aux autres, dessiner ou encore jouer avec tes peluches-parents… Tu t’en tamponnes le coquillard. Et pourtant, te voilà manifestement obligé de participer à ce qu’ils appellent l’examen Chûnin. Bien sûr, tu es fier d’avoir été choisi, ou plutôt sélectionné. Mais ce que tu ne sais pas, intérieurement et inconsciemment, c’est que tu n’as pas forcément les épaules pour passer au grade supérieur. Tu n’es qu’un enfant, encore une fois, aussi diriger une équipe… C’est clairement hors de tes cordes. Je suis sûr que tu le sais.

En tous les cas, tu te retrouves aujourd’hui dans une salle de classe, comme si tu étais de retour dans le passé. Deux ans auparavant, pour être exact. Emerveillé, tu t’avances timidement dans les rangs. Il y a des gens de tout âge autour de toi. Beaucoup sont d’ailleurs plus grands, imposants et massifs que toi. Tu jures même avoir repéré quelques spécialistes du Taijutsu et tu mets à les admirer, des étoiles dans les yeux. Oui, toi aussi tu aimerais être aussi fort qu’eux. Mais n’oublie jamais que tout le monde a ses forces et faiblesses. Tu n’es peut-être pas bien grand ni très musclé, mais tu en as dans ta la cervelle. De plus, tu peux te faufiler là où ils auront du mal à s’infiltrer. Si eux peuvent éclater des corps avec juste la force de leurs poings, toi tu peux les soigner… ou aggraver des blessures déjà existantes. Et enfin… Tu es membre du fier clan Omura et tu es parvenu à développer ce talent héréditaire. Particulièrement, je te l’accorde, mais tu as quand même réussi. Bon, on est loin de la fierté clanique, mais c’est un bon début quand même. Beaucoup savent que tu as du potentiel, dommage qu’ils ne comprennent pas que j’ai moi aussi besoin de m’exprimer. M’enfin, c’est une toute autre histoire, ça.
Pour l’heure, tu te décides enfin à arrêter d’agir comme un marmot et tu t’installes face à une table vide, avec le moins de gens possible autour de toi. Non pas que tu sois asocial, au contraire, mais tu as cru comprendre que les autres gens, surtout ceux de ton âge, ne t’apprécient pas de trop. Pourquoi ? Ah, si tu savais…. La vérité est qu’ils ne m’aiment pas MOI. Cela n’a rien à voir avec toi… Pour peu qu’ils s’intéressent à tes changements brusques de tempérament. Hélas, quatre-vingt pourcent de la société ne pense qu’à elle, aussi cela ne m’étonne pas vraiment qu’on ne se soit jamais trop soucié de toi, si ce n’est Reikô il y a quelques semaines de ça.

Face à vous se trouve une femme. Encore une. A croire que le corps sociétal de la Nation est dirigé par ces dernières… si on excepte le Senkage. Bah, loin de moi l’idée de me plaindre ou de dénigrer ; je suis simplement surpris de remarquer ceci quand on compare à d’autres grandes nations… comme Suna, par exemple. Mais ça aussi, tu ne le sais pas, vu que j’ai étudié la politique à ta place. Sérieusement, Haiko, pense à me faire un peu plus de place. Déjà, j’étouffe. Ensuite, ça m’oppresse. Et enfin… Par tous les dieux que c’est frustrant de ne pouvoir m’exprimer qu’en de rares occasions ! J’ai de l’ambition, je veux être vu et entendu, je veux qu’ils comprennent tous que tu n’es pas qu’un gosse sans défense et ultra craintif !
Bref. La femme, donc. Une Jûnin qui va vous enseigner quelques rudiments du Genjutsu pour vous préparer à l’examen qui se profile. Avec un peu de chance, tu pourras aussi humilier les autres Genins de Konoha, histoire de leur servir une petite dose d’humilité. Ils en ont grand besoin, paraît-il. Là, elle demande qui connaît le Kai. Toi, tu connais de cette technique que le nom, parce que tu l’as vu dans un bouquin et que tu as déjà entendu les grands en parler. Mais pour le reste… Tu es clairement à des années lumières de tout ça. Tant que tu peux allonger ton corps, te transformer comme dans les histoires ou encore soigner (que tu crois), ça te va. Aussi nous allons voir quelle est ta réceptivité à cette chose aussi abstraite que complexe. Néanmoins, plutôt que de simplement rester tranquille à regarder les autres se lever, tu t’es mis à hocher la tête, négativement, avant de rougir de honte. Justement, patate. Tu es là pour apprendre, pas pour te morfondre dans ta soi-disant incompétence.

Ainsi perdu dans tes ressentis, tu n’écoutes pas vraiment l’ordre du jour, ou plutôt la façon dont va se dérouler cet entraînement intensif. J’espère pouvoir reprendre le contrôle à un moment, ça nous faciliterait quand même grandement les choses. Bien rapidement, tu te retrouves en binôme avec une fille qui fait bien une tête de plus que toi. Et au-delà de ça, elle semble plus âgée que toi. Ouais, elle ne doit pas être très loin de la majorité. Une recalée ou quelqu’un qui vient juste gratter un entraînement gratuit ? On s’en cogne, de toute façon.
L’enseignante vous inculque les préceptes de cette technique en vous montrant les signes et en insistant bien sur le contact visuel. De tes gros yeux verts globuleux, tu te mets à fixer la demoiselle avec des étoiles dans les yeux. Que tu es pressé d’apprendre cette nouvelle technique ! Cependant, tu tiques quand elle annonce quel effet ça peut avoir. Bien sûr que ça te fait bizarre, tu es si innocent… Tu détestes blesser les gens et la violence, rien de bien étonnant. C’est bien pour ça que ça doit être à moi d’apprendre ça, par Amaterasu ! Mais non, tu continues de fermer ton esprit… avec une ardeur rare, j’ai l’impression qu’il y a un verrou psychique en plus, là.

« Un contact visuel… une vision d’horreur… Tu déglutis alors que tes yeux semblent larmoyants, cette fois. Désolé si je te fais du mal, Onee-chan, mais j’ai pas le choix ! T’excuses-tu avant même d’essayer quoique ce soit. »

Ta binôme te sourit brièvement et tu prends une longue inspiration avant d’expirer de la même façon. Là, tu essayes de concentrer ton chakra tant dans tes mains que dans tes yeux. Tu ne sais pas si c’est comme ça qu’il faut faire, mais tu essayes. A vrai dire, j’en n’ai aucune idée non plus, alors comme ça… Là, tu penses à des choses qui font peur, comme des fantômes ou autres esprits folkloriques. Mais tu ne perçois aucun changement chez ton équipière. Alors tu te mets à penser à un gros méchant chien qui veut juste manger un hamster. Sérieusement, c’est ridicule. C’est dans ces moments que je regrette de partager la même cavité crânienne que toi. Alors tu redoubles d’efforts alors que l’institutrice commence à passer dans les rangs.

« Gngngngngn j’y arrive pas… te mets-tu à te plaindre. C’est là qu’elle vous dit de rendre crédule votre illusion. Mais comment ? Reprends-tu, surtout pour toi même. »

Face à toi, la brune semble perdre patience, ce qui te prouve bien que tu n’arrives à rien de rien. C’est aussi frustrant pour toi (et pour moi), mais tu essayes encore et encore. Là, tu te dis que concentrer ton chakra uniquement dans ton regard devrait aider, faire son office comme dirait l’autre. Et pourtant, tu penses encore à des exemples concrets… Mais oui ! Il faut prendre le problème de haut, dans une vision macro, pas à la racine ! La professeur l’a dit elle-même, il s‘agit de provoquer la peur chez ta cible, pas de lui instiller ce qui t’effraye toi ! Révéler ses pires faiblesses et points faibles en somme. Tu sembles d’ailleurs avoir eu aussi ce déclic après avoir observé les autres. Les réactions sont diverses, mais tout semble prendre ancrage dans quelque chose d’assez généraliste. Du moins, c’est ce que tu interprètes vu que les résultats issus des débriefings sont tous différents. Alors tu te mets juste à penser à des émotions fortes. La joie… La colère… Plus primaire encore. La tristesse… La peur, on y est. Là, tu bombardes tout con chakra dans tes yeux et tu la fixes. C’est assez malsain, quand même, on dirait que j’ai pris ta place… sauf que ce n’est pas le cas. Bref, tu penses à la peur… Mais pas le genre à juste te donner la boule au ventre. Non. Celle qui va s’emparer de ta cible et qui va l’empêcher d’agir. Qui va tellement la happer dans ses tribulations qu’elle sera tout bonnement incapable de se défendre… le désespoir le vrai. Tellement concentré dans ton travail, tu ne fais plus attention à ce que tes yeux peuvent voir. Tout ce qui t’importe c’est le résultat.

« Ayé, j’ai réussi ? Demandes-tu finalement, incrédule, comme si tu avais encore altéré ta mémoire ou que tu n’avais absolument pas prêté attention à ta cible. »

❝ secret key. ❞
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Myōshin Junko

« Inutile de se précipiter. Le Genjutsu nécessite plus que quelques signes et un vulgaire malaxage de chakra. » lançait-elle doucement à l’attention d’une demoiselle qui s’agaçait sans réussir et s’acharnait inlassablement – une pro-Ninjutsu, à n’en pas douter, compte tenu de la brutalité avec laquelle elle relâchait son chakra. La dame aurait pu féliciter son esprit combatif si celui-ci n’était pas précisément la raison de son échec. « Prends le temps de réfléchir, canalise tes émotions. Il faut que l’impression que tu envoies à ton adversaire soit empreinte des bons sentiments, sinon cela ne peut pas fonctionner. » Clairement, son énervement l’empêchait de penser à la peur, la panique et l’effroi qu’elle devait transmettre à sa victime. Mais la gamine n’écoutait pas vraiment, elle grommelait et recommençait, de façon précipitée.
Junko soupira ; qu’était-elle supposée faire avec des marmots pareils ? D’un coup, elle l’attrapa par les épaules, plongeant son regard dans celui de l’enfant. Il y eu un instant de flottement, comme si la gamine se demandait ce qui se passait, puis la technique fit effet, la frappant de plein fouet. Junko attendit ; elle se fichait de blesser l’insolente, elle se foutait de ce qu’elle pouvait bien ressentir d’effroyable. Qui plus est, elle faisait ça pour l’aider, en un sens. Finalement, après un moment qui dut lui paraître une éternité, elle rompit l’illusion. « Cette émotion… » souffla-t-elle à l’oreille de son élève. Et désignant son binôme : « Maintenant, tu peux y arriver. » Et elle les abandonna à leur entrainement.

Comme le temps passait, la plupart des groupes avaient fini par réussir plus ou moins à lancer la technique et la dame ne s’occupait guère plus que des cas désespérés. Elle avait en outre repéré un groupe qui tardait un peu, comme si le gamin – qui ressemblait beaucoup à une petite fille, d’ailleurs – n’osait pas vraiment, ou ne savait pas comment s’y prendre. A vrai dire, il paraissait assez craintif et perdu – faible, aussi. Elle s’approcha alors, avec la ferme intention de lui faire subir le même sort qu’à la demoiselle furibonde, car de toute évidence elle ne pouvait pas les aider autrement avec leurs sentiments que de cette façon. Mais comme elle levait la main pour l’attraper, le petit être sembla trouver la force qui lui manquait et sa cible tombait finalement sous l’emprise du Genjutsu. Junko suspendait donc son geste, un instant, puis comme si elle n’avait pas vraiment réussi à se décider sur ce qu’elle allait faire, elle posa simplement sa main sur la tête du petit, dans un geste assez doux. « C’est bien. » lui dit-elle simplement, puis elle retira sa main précipitamment comme si son crâne l’avait brûlée.
La coéquipière de l’enfant effectuait rapidement un Kai, ce qui donnait alors l’occasion à Junko d’embrayer sur la suite de l’entrainement. Se retournant vers les autres groupes, elle annonça : « Vous pouvez échanger les rôles dès que vous pensez maîtriser la technique. » Elle s’éloigna du duo. « Vous verrez qu’il est beaucoup plus simple de réussir la technique quand on l’a subie déjà une fois. Pour les autres, il va falloir apprendre le Kai. » Le fait que les premiers aient déjà une bonne compréhension des effets du Genjutsu éviterait d’ailleurs que les seconds attendent trois quart d’heure avant de pouvoir avoir la chance d’effectuer leur premier Kai. « Pour dissiper un Genjutsu, rien de plus simple. Dès que vous en ressentez les effets, faîtes le mudrâ du tigre, retenez votre chakra comme si vous reteniez votre respiration, puis relâchez tout d’un coup, sans lésiner. Cela perturbera votre flux de chakra et tout redeviendra normal. » Puis, jetant un coup d’œil au rouquin, elle ajouta : « Faites le Kai le plus vite possible, d’accord ? Inutile de se faire du mal à rester dans un Genjutsu. » Et Dieu sait qu’elle parlait en connaissance de cause, cette droguée aux illusions.

Ce disant, elle laissait place à la pratique.

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❝Junko x Haiko

    ♡ Fissa, fissa


Incrédule. Tu l’as toujours été, c’est indéniable. Alors pourquoi y déroger, une fois encore ? Tu n’as certainement pas la prétention nécessaire à penser que ta binôme ait pu tomber comme ça dans un Genjutsu, aussi faible soit-il (mais relativement puissant pour un bonhomme comme toi). Pourtant, tu sembles avoir ressenti quelque chose ; son expression faciale a changé, et ce qu’elle dégage est aux antipodes de ce qu’il y avait autour d’elle auparavant. Tu ne la vois pas trembler, tu ne la vois pas se morfondre ou avoir des pensées noires. Mais pourtant, tu jures qu’elle a changé du tout au tout. Tu es tellement concentré que, dans tous les cas, tu es tout bonnement incapable de percevoir quoique ce soit dans ton environnement proche. De fait, tu n’as jamais senti l’arrivée de l’enseignante à tes côtés.
Tu n’as pas non plus conscience que vous avez pris plus de temps qu’il n’avait été réellement prévu pour y parvenir. Bah, le temps passe vite quand on s’amuse, pas vrai ? Toi qui adores apprendre, tu considères ceci comme un amusement, un divertissement, quand bien même tu as une sainte horreur de t’en prendre aux autres et de les faire souffrir. Mais pour l’heure, tu n’as guère le choix que de t’y accoutumer. Il en est de ton avenir… de notre avenir !

Puis tu sens une main sur le haut de ton crâne, comme passant à travers ton bonnet vert. Son geste se veut plein de douceur et tu le ressens. Surpris de prime abord, tu étires ensuite instinctivement ton sourire jusqu’aux oreilles. Fier et heureux d’y être enfin parvenu, tu te retournes machinalement vers la femme mûre et la gratifies de ce fameux sourire. Des étoiles dans les yeux, tu la fixes avec cette intensité et cette étincelle qui t’e sont propres, tes iris verts se perdant dans son océan… assez particulier quand même. Tu ne saurais trop dire ce qu’il dégage. Un mélange de douceur et d’amertume… Quelque chose dont tu n’as pas spécialement l’habitude, ni même que tu puisses comprendre. Tu n’as clairement pas assez vécu pour espérer la comprendre un jour… Ou même concevoir ce simple fait.
Cela dit, elle te félicite au passage. Pour simple réponse, tu te contentes de hocher (frénétiquement) la tête. Oh oui, tu peux être fier. Tu as peut-être pris plus de temps que d’autres, mais au moins tu as réussi. Il ne faut pas non plus oublier que tu es probablement le plus jeune de la salle et tu n’as aucune affinité avec cet art abstrait qu’est l’illusionnisme. Bien rapidement, elle retire sa main, mais tu t’en fiches. Tu es heureux, tu es content. Maintenant, elle est une femme très importante à tes yeux, même si tu ne sais pas vraiment l’exprimer ou l’expliquer.

Mais le cours est bien loin d’être fini. Si tu as pu être chanceux et commencer avec l’offensive en premier, tu dois maintenant apprendre à te défaire de cette technique. Le problème, c’est que tu ne sais absolument pas à quoi ça peut ressembler. Bien sûr, tu sais l’utiliser, mais il n’y a rien de palpable, si ce n’est du chakra dans l’air. Et encore, il n’y a guère que les senseurs qui peuvent s’en rendre compte. Toi… Tout ce que tu connais c’est le poison, les techniques de ton clan et les art médecins (et encore, tu fais plus dans les attaques chirurgicales que dans le soin intensif). Aussi cela va être un exercice ô combien difficile pour ta petite trogne. Néanmoins, tu l’écoutes avec assiduité cette fois, et tu notes dans ton esprit tout ce qui est important ; le mudrâ du tigre, concentrer son chakra pour le faire exploser et ainsi perturber ton chakra…
C’est là que tu peux remercier les Kamis d’avoir fait de toi un fier Omura avec une appétence particulière pour l’Irou Jutsu, malgré ton faible arsenal de soin. Bah, cela devrait être une question de temps, de toute façon… Et ça m’arrange quand même : je n’ai pas à avoir de regrets quand tu soignes un peu trop quelqu’un que tu peux achever, comme ça. Dans tous les cas, tu sais très bien maîtriser ton chakra, pour ton jeune âge, et tu n’as jamais vraiment eu de souci quand il fallait le faire exploser, justement. Alors, tu te mets à fixer de nouveau ta coéquipière du jour puisque qu’elle finira inévitablement par le faire et tu attends.

D’un coup d’un seul, le vent se met à souffler dans la salle, surtout autour de toi. Des feuilles semblent être tombées. Probablement par la fenêtre, te mets-tu à penser innocemment. Dire que tu est supposément préparé à encaisser cette technique… Et dire que l’autre y est parvenue du premier coup ! Encore une parvenue, j’en suis sûr. Tu regardes donc au sol et remarque ton calepin ouvert sur une page avec des dessins… qui ne sont pas les tiens. Ils sont bien plus lugubres et terrifiants. En fait, on dirait une représentation de nos parents, égorgés et éventrés à même le sol. Bon, il faut les avoir connus pour le savoir, mais voilà. Tu les vois et tu te mets à trembler comme un philosophe. Machinalement, tu veux récupérer tes peluches-parents mais… Ils s’effritent à peine les as-tu touchés. Les larmes te montent rapidement et tu commences à paniquer. Il n’y a rien qui va. Absolument rien. Des dessins horribles, ton seul point de repère et d’ancrage qui part en fumée… Te voilà seul avec tes démons, tes peines et le désespoir. Machinalement, encore une fois, tu tournes sur toi-même afin d’observer la salle. Il n’y a plus que toi et… des corps gisant au sol. Les pensant blessés, tu accours et concentre ton chakra dans tes paumes. Tu sembles avoir été complètement scindé de la réalité, aussi tu ne peux tout simplement pas comprendre qu’il s’agit du fameux Genjutsu que tu viens d’apprendre. Tes mains se mettent à briller d’un vert pâle et tu les passes au-dessus des deux.

« Shôsen !! T’écris-tu, les larmes commençant à rouler sur tes joues. »

Et là, c‘est le drame. Ta main a beau parcourir la moindre parcelle de ces deux malheureuses personnes, tu ne sens aucun signe vital. Pourtant, tu continues. L’acharnement médical… Tu sais pourtant que c’est quelque chose qu’il ne faut pas dire. Hélas, tu continues, trop aveuglé par ta tristesse et ton envie de toujours bien faire, de toujours aider les autres.
Ta main arrive au niveau du crâne de ce qui semble être une femme. Les cheveux auburn, un visage fin et ovale, les joues creusées. Oui Haiko, tu sais de qui il s’agit. Tu as toujours su ce qu’il s’était passé, ce soir-là, mais tu m’as fait intervenir et as ainsi occulté et altéré ta mémoire. Malheureusement, ce n’est encore pas aujourd’hui que tu réalises qu’il ne s’agit là que de là la vérité puisque tu es sous l’emprise d’une illusion.

« Maman… papa… pleures-tu toutes les larmes de ton corps, hurlant à la mort dans la salle de classe. Mais tu n’as conscience de rien, tu ne sais même pas que quelques regards se sont braqués sur toi. Non… Shôsen ! T’évertues-tu à essayer, sans résultat d’aucune sorte. Vous… Vous êtes en mission, vous pouvez pas être là ! Ton chakra s’épuise à force de te tuer à la tâche, tu le sens. R… rendez-moi papa et maman ! Renifles-tu en vidant tout ton soul. »

Tu ne comprends. Selon toi, ils sont en mission. Bon, on ne peut pas spécialement dire que c’est fondamentalement faux… de ton point de vue. C’est d’ailleurs là que tu fais ENFIN le lien entre cette situation incongrue et la raison de ta présence en ces lieux. Le mudrâ du tigre. Une explosion de chakra. Tout relâcher. Perturber ton propre flux. D’un revers de la manche, tu essuies derechef tes larmes et essayes de reprendre ta respiration ainsi que ton calme. Puis tu joins tes mains, déterminé, convaincu que tu peux y arriver. Tout ton chakra (enfin, ce qu’il en reste…) ne fait qu’un tour en toi et tu tentes une impulsion générale. Mais rien ne se passe, tu vois toujours tes parents. Tu te mets une puissante baffe, persuadé que c’est parce que tu n’as plus le contrôle sur tes émotions que tu n’y arrives pas. Bah, c’est peut-être vrai ; après tout, tout est possible, surtout au regard de ta faible compréhension de ce domaine ô combien dévastateur. Là, tu fais bouillir toute cette énergie qui sommeille en toi, à un tel point que ça vient te brûler la peau, comme une véritable éruption cutanée.

« KAI ! Hurles-tu cette fois alors que l’illusion se brise littéralement, révélant simplement un cartable trempé de tes pleurs et deux vestes. Honteux, tu te mets à rougir en te tournant vers les autres. Je… Tu déglutis et ravales tes sanglots avant d’ajuster ton chapeau de sorte à cacher ton désarroi, en retournant à ta place pour récupérer tes affaires. Mais là, tu prends tout ton temps et tentes de te calmer. Mais pas que. Je le sens, tu essayes à nouveau d’occulter tout ceci… Mais en es-tu seulement capable ? Penses-tu vraiment pouvoir altérer tout comme bon te semble sans que je n’intervienne ? Insouciant que tu es. Bah, je ne t’en veux pas. Là, quelques personnes se mettent à rire de toi et de ta condition, de ce que tu viens de vivre. Mais tu n’en as cure. Tu es trop fatigué et vidé pour te préoccuper de tout ça. L’important reste que tu as réussi à rompre l’illusion, ce qui signifie que tu as réussi à utiliser la technique enseignée. Et rien que ça, ça te permet d’avoir à nouveau un grand sourire aux lèvres. L’institutrice au loin, tu te dis que tu dois la remercier, maintenant que tout le monde est parti. Alors tu sautes de table en table jusqu’à arriver à sa hauteur et tu sautes dans ses bras pour l’enlacer et lui faire un bisou tout mignon sur la joue. Au diable la pudeur et les codes ! Merci m’dame, y a pas de raison que j’échoue à l’examen maintenant ! T’exclames-tu, de nouvelles étoiles dans tes yeux globuleux qui la fixent avec toute la gentillesse et la tendresse donc tu es naturellement capable. On se reverra j’espère, à plus taaaaard ! Exprimes-tu ton euphorie en partant, sans même lui avoir vraiment laissé le temps de comprendre ce que tu venais de faire… ni de répliquer, d’ailleurs. »  

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