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Hypersensible [Solo training]

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counterattack

mankind



Me, myself and I


Je suis incontestablement un des plus grands maîtres du Suiton parmi tous les Shinobi foulant actuellement le Sekai. Même si je tends à m’améliorer un peu plus chaque jour, peu peuvent se vanter d’arriver ne serait-ce qu’à ma cheville. Et pourtant, Amaterasu seule sait combien j’ai besoin de me diversifier et de ne pas concentrer l’essentiel de ma puissance sur de l’artillerie lourde, distante et aux champs d’actions énormes. Néanmoins, cela reste tout de même mon domaine de prédilection. Certes, c’est puissant, destructeur et salvateur. Mais je possède très clairement trop peu de techniques défensives pour tenir tête à quiconque passant entre les mailles de mon filet. Quant à mon corps à corps… Il me suffit de tomber face à un combattant dont l’art est le corps à corps (voire l’esquive et le rapprochement exprès) pour me mettre à mal. Mon dernier opposant le sait très bien…
Aussi avais-je appris, à l’époque, à me spécialiser un peu plus dans l’art du katana. Je possède bien quelques jutsus de ce type pour palier à une attaque frontale mais ce n’est très certainement pas suffisant contre un type comme le manchot. De ce fait, je pense, depuis ce jour-là, qu’il est essentiel pour moi de m’entraîner à la sensorialité. Non pas que je n’y connaisse rien, au contraire même, mais il devient primordial pour moi d’affiner encore plus mes sens. Possédant déjà une tendance à l’hypersensibilité, je pense néanmoins que je peux encore faire mieux. Je me dois de TOUJOURS faire mieux.

De fait, je pense me concentrer, en premier lieu, sur le développement de techniques liées aux différentes signatures de chakra. J’ai beau avoir une mémoire aussi vaste que l’océan, je me rends compte que les informations récoltées via ma sensorialité passive se noient dans cette étendue d’informations. Aussi j’ai pour idée d’affiner la récolte mentale d’éléments afin de pouvoir, déjà, reconnaître une signature parmi une infinité d’autres. Même si cela ne me permettra pas d’anticiper une attaque comme celle du borgne, je pourrai au moins me montrer plus méfiant à l’encontre de gens comme lui… Ou continuer de laisser mes sens reptiliens prendre le dessus sur ce que peux, parfois, estimer bon de faire en regard de mes fonctions.
Pour ce faire, j’ai donc décidé de faire appel à Hakaze. Puisqu’il ne s’agit pas de jauger et augmenter ma force brute et qu’il s’avère que cela relève plus de fonctions supports qu’autre chose, j’estime que la Kusaribe est la personne parfaite pour m’assister  et, surtout, m’accompagner. De plus, cela fait déjà quelques temps que je ne l’ai pas vue… Ni elle, ni le reste de son clan. Il faut dire que l’affrontement contre l’indépendant m’a mis à mal pendant quelques semaines, mine de rien, et que la Mère s’en est terriblement voulue. Elle a bien cru que j’allais y penser et autant dire que pour l’Aspect de la Vie, il y avait de quoi en garder un certain traumatisme, même malgré son âge avancé.

C’est donc dans cet état que je prépare mes affaires, non sans mal – et oui, mes côtes sont toujours brisées et j’ai l’impression de me faire planter le thorax à chaque inspiration que je peux prendre – pour pouvoir rejoindre la belle ébène. Boitant encore, et pour soulager ce qui est brisé, je me dois malheureusement de prendre une canne, un tuteur. Il ne me manque plus qu’un masque noir et le déguisement est parfait. Bref, pour faire office de guide, de support, je me sers du katana que le forgeron m’a gracieusement reforgé il y a à peine quelques jours. Bien sûr, j’attire les regards et nombreux sont les civils qui n’ont pas encore eu vent du de ce terrible incident.  Les plus jeunes d’entre eux semblent pourtant les plus intrigués et bon nombre de jeunes pousses viennent me voir, après quelques instants d’hésitation. Comme un vieillard à qui l’on viendrait de passer du baume au cœur après une visite de courtoisie, je leur réponds, tout sourire, et explique brièvement la situation : un vilain monsieur a attaqué le gentil Akihiko qui a dû se sacrifier pour sauver les autres gens. Ils n’ont guère besoin d’en savoir plus, me glorifient au passage et repartent, satisfaits. Puis je peux reprendre la route jusqu’au domaine Kusaribe ; tout le monde est content.
Finalement, après quelques instants de marche (qui ressemblaient plus à des heures qu’un simple quart d’heure), j’arrive au niveau de la milice de garde du clan. Je salue la sentinelle habituelle et lui explique la raison de ma venue, aussi elle semble contente de voir que Hakaze va pouvoir sortir un peu plutôt que rester dans la bibliothèque ancestrale du domaine. Néanmoins, je préviens la messagère qu’il faut dire à l’amoureuse d’y aller doucement, au risque de ne pouvoir y survivre. Elle rit et s’éclipse avant de revenir en moins de temps qu’il ne faut pour dire « ouf ». Hakaze va arriver. Aussi, je reste planté là et discute avec Azura, fumant une cigarette en l’attendant…  

(c) AMIANTE

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Me, myself and I


« Akiiiiii ! Je l’entends déjà hurler. Je regarde la sentinelle et nous confirmons ce que nous pensons d’un hochement de tête : Hakaze va être intenable. Je concentre la force que je peux dans ma canne et mes jambes, à peu près sûr de tout de même tomber à la renverse. Cent mètres… Cinquante… Vingt. Déjà ?! Beaucoup trop rapide. Je ferme les yeux alors qu’elle saute et s’élance de tout son long, les bras tendus vers l’avant. C’est la chute assurée. Mais… Je ne suis pas tombé ? J’ai mal au dos, par contre. j’ai du mal à comprendre ce qu’il se passe, alors je tourne la tête : la sentinelle n’est pas là et a disparu… elle a eu juste le temps d’apparaître derrière moi pour m’empêcher de tomber et éviter que je me brise les quelques côtes encore entière. Je souffle, ma respiration venant d’en prendre un coup, et la remercie d’un seul et unique regard. Tu m’as manquée, abruti ! Elle me tape le torse et je me mords les joues ainsi que la lange pour ne rien laisser paraître, elle risquerait de s’inquiéter.
- Toi aussi, je lui réponds, souriant mais sentant la douleur augmenter à mesure qu’elle se presse contre moi, ses bras autour de mon cou.
- Qu’est-ce tu as bien pu faire pour que la Mère rentre dans un état pareil ?! Elle me gronde. Super.
- Je…
- Il n’y a pas de « je » qui tienne, me coupe-t-elle la parole. T’as encore sacrément dû merder. Elle roule des yeux et met ses poings sur ses hanches, adoptant la posture d’une mère qui sermonne un enfant qui a fait une bêtise. D’un côté, j’imagine que tu avais une bonne raison… Tu me raconteras ça plus tard, pour l’instant on va aller boire un bon thé… Elle lorgne sur moi. Ou de la Jäger ? Je rigole subitement et la suis, claudiquant quelque peu.
- Avec grand plaisir. »

Je me retrouve encore à aller picoler avec la Sainte Assemblée des Kusaribe. Toutes les Soeurs et Filles sont là, les aspirantes aussi. Je suis quand même en mauvais état : je peine à respirer sans ressembler à un buffle, mon visage a tendance à se crisper en cas de pointes de douleur et mes bandages deviennent rouges quand je fais un mouvement un peu trop brusque.
La journée va être longue. On n’arrête pas de me questionner, mais je préfère ne rien dire en l’absence de Kana. Dire que si elle est dans cet état relève uniquement de ma responsabilité… Si, d’habitude, je n’ai que faire des états d’âme de tout un chacun, la situation actuelle est totalement différente. J’aurais dû mieux anticiper, plus faire attention à ce qui pouvait se tramer. Nous étions assez proche de la Sainte Patrie lorsque c’est arrivé, aussi aurais-je dû être plus méfiant à l’égard d’un vieux ramassé sur le bord de la route. Les probabilités pour qu’il ait envie de s’en prendre à une haute figure politique du Sable étaient ô combien hautes…
Pourtant j’ai quand même foncé dans son piège comme le dernier des bleus. Sérieusement ? Un tel acte n’est clairement pas digne de ma personne, de ma posture, de mon rang… En tant que Haut Conseiller de Suna, j’aurais justement conseillé à Senshi de faire attention, de prendre toutes les précautions du monde pour éviter qu’un incident aussi grotesque ne voit le jour. Hélas, je ne m’étais pas prodigué ces conseils moi-même. Quelle erreur, mais quelle erreur…
Outre mon corps brisé et mes os en lamelles, l’Aspect de la Vie était en proie à ses démons et ne semble pas encore en mesure de s’en remettre. Je pourrai demander une entrevue avec cette dernière afin de me quérir de son état, mais ses filles m’ont déjà bien fait comprendre que le moment était mal choisi. Je n’ai donc qu’une option : espérer pour qu’une rencontre fortuite se présente à moi. A nous.

Les servantes ne tardent pas à arriver autour de la table (et quelle tablée !). Toutes munies de calepins et plumes blanches (aussi pures que la colombe), elles nous demandent ce que nous souhaitons boire ou même manger. Honnêtement, je n’ai pas spécialement faim, aussi je passe. Néanmoins, une bouteille de leur alcool spécial ne nous ferait certainement pas de mal – bien au contraire. Quoi de plus revigorant ? C’est qu’elles savent y faire avec les plantes médicinales, et j’ai déjà entendu dire qu’un simple shot vous permet de vous soigner d’un rhume ! Si seulement je pouvais obtenir leur recette, tiens… Encore que. Je ne pense pas que cela me serait si utile. Mes compétences (tant dans l’analyse que dans la production) d’Irô jutsu sont vraiment rudimentaires, si ce n’est quasi inexistantes. Alors, certes, je saurai les ingrédients. Mais après ? De. La. Baise.
Le temps passe et les tensions disparaissent petit à petit. Bien sûr qu’elles me prennent pour responsable, moi-même l’avoue sans rechigner. Je n’aurai jamais dû l’embarquer dans cet affrontement, mais bon. Il y avait tout de même un point positif par rapport à ce cuisant échec : la remise en question et l’introspection personnelle qui en résulte. Je me suis toujours su très faible au corps à corps ; bien plus qu’un spécialiste du Taijutsu – aussi ai-je rapidement pris l’initiative d’apprendre le Kenjutsu. Hélas, ce n’est pas suffisant. Encore moins lorsque la puissance ahurissante de mon vis-à-vis parvient à littéralement exploser mon fidèle katana.
Bref, tout ceci pour dire que je me suis posé moult questions et réflexions durant ma convalescence, et toutes menèrent vers un énorme défaut de mon panel : je suis senseur mais je n’ai jamais pris la peine de développer des techniques dans ce domaine.

« Qu’est-ce que ma magnifique présence peut bien faire pour toi ? Demande Hakaze sur le tombe de la plaisanterie.
- J’ai besoin que tu m’apprennes la sensorialité, j’annonce sans pour autant me montrer complexé. Si d‘ordinaire je n’hésite pas à montrer ma supériorité à qui de droit, j’ai toujours su me montrer humble avec cette dernière. Bah, le contraire serait tout simplement débile : elle m’a sauvé de la mort un nombre incalculable de fois et a toujours été là pour moi. Je lui dois au moins mon honnêteté et ma transparence, à défaut de lui offrir les sentiments qu’elle souhaite tant…
- Que je… Elle met sa main sur mon front. T’as pas de fièvre pourtant, elle rit aux éclats. Dans ce cas… Elle prend une posture supérieure, montrant quelques muscles imaginaires sur son biceps bandé. T’inquiète barquette, tu vas apprendre tout ce qu’il te faut ! Elle torche son verre plus vite que je ne l’aurais jamais pensé venant d’elle et demande une deuxième fournée, remplissant le mien par la même occasion.
- Plus jamais je veux t’entendre parler de ma consommation d’alcool ou de tabac quand je vois à quelle vitesse tu peux descendre tes verres, je constate, les yeux écarquillés.
- P’tit joueur. Dans le mille. Je grimace car je déteste qu’on me rabaisse alors que j’ai une descente à faire pâlir un slave. Mais alors la charbonnière… Bonté divine. Du coup, tu veux commencer par quoi ? Elle me demande, dessinant des plans d’entraînement sur un bout de serviette. On n’y voit rien.
- Eh bien, dans l’immé… Elle me coupe encore la parole.
- La base sera bien vu que t’y connais absolument rien. Saloperie, elle sait parfaitement où frapper. Comme tu le sais, je suis capable de te repérer dans une sale blindée rien qu’en sentant ton chakra. Même toi tu me croyais pas au début, elle me provoque.
- Et je trouve ça toujours aussi dangereux, mon avis n’a pas changé à ce propos, je réplique, un peu plus sec.
- Fais moi confiance ! Elle me claque l’arrière du crâne en reprenant une gorgée. Je la suis et je peux facilement dire que mes sens commencent à être troublés. J’imagine que c’est prévu, c’est qu’elle peut être fourbe quand il s‘agit de me mener la vie dure. Allez, active la sensorialité passive et dis-moi ce que tu ressens.
- Bien… Je m’exécute et dois même me concentrer plus que d’habitude. L’ivresse s’empare de moi, ça promet. Bref, je me concentre et je ne comprends absolument rien. Il y a des sortes d’interférence. Bordel, je peste. Alors, je ferme les yeux et je parviens finalement à différencier les différents chakras présents dans un large rayon. Mais elles sont combien en vérité ?! Peut-être aurais-je dû sonder les environs il y a fort longtemps plutôt que de tomber des nues une fois devant le fait accompli. Une chose est sûre : je n’ai aucun intérêt à me les mettre au dos. Elles sont vraiment trop nombreuses.
- Maintenant, essaye de te concentrer sur moi. Tu devrais avoir moins de mal vu que tu sais où je me trouve physiquement. Analyse-moi, prends le temps de t’arrêter sur mes… Elle toussote. Ouais nan, concentre-toi juste sur mon chakra et la forme qu’il peut prendre.
- Bien noté, je chuchote. Puis, je prends une grande inspiration et replace ma conscience ainsi que ma concentration sur la signature la plus proche de moi. Là, tout commence à prendre place dans mon esprit et je réalise l’importance de cette technique. Les afflux, les flux sortants, la cadence de sa fréquences, les pics de puissance… Tout me semble aussi clair que de l’eau de roche et je peux maintenant faire la différence avec la moindre personne ici présente. Ainsi, je la sens, je ressens Hakaze. Je sais où elle est malgré la quantité ahurissante d’informations qui n’a de cesse de me savater. En plus de ça, j’arrive même à dire instinctivement quel est son niveau de chakra par rapport au mien… C’est démentiel, je commence à haleter, rompant ma concentration alors qu’elle est toujours là, à côté de moi et souriante.
- Voilà un travail rondement mené ! Elle me félicite et prend mes mains entre les siennes. Passons à la prochaine étape, si tu le veux bien… Elle me claque les pommettes et m’offre un clin d’oeil accompagné d’un sourire narquois. Essaye donc de me retrouver en utilisant ma signature de chakra ! Scande alors l’ébène tout en disparaissant dans un nuage de fumée.
- Ah shit, here we go again... »

(c) AMIANTE

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Me, myself and I


Je n’ai pas peur de le dire : Hakaze m’emmerde. Elle a disparu sans vraiment me prévenir et elle ne se trouve pas dans le champ d’action de ma sensorialité de base. Elle m’emmerde vraiment. Comme si j’avais que ça à faire… A-t-elle oublié que je suis supposé être en convalescence ? Si par malheur l’hôpital apprend que je suis en train de m’entraîner… Je suis dans de beaux draps. Vraiment. J’ai tout sauf envie de me retrouver cloué au lit par quelque fallacieux sceau qui m’empêcherait de me mouvoir ou de malaxer mon chakra. Bon, d’un côté je me dis que ça me dégourdira un peu les jambes. Cela fait des semaines que je n’ai pas couru (bon, je ne peux toujours pas), ni même marché normalement. Il faudrait que j’apprenne aussi à ne plus claudiquer… Ou, du moins, à le faire mais sans avoir besoin d’un foutu tuteur. Même pas trente ans et on dirait que j’ai déjà un pied dans la tombe. Je vous jure… D’un côté, je viens d’apprendre une nouvelle technique. Je peux donc l’utiliser sur quiconque présent au sein du clan (et dans ma limite de perception) pour mémoriser leur signature. Ça peut toujours être utile, sait-on jamais.
Je me concentre donc. Je ressens les chakra de toute une chacune (bah ouais, clan composé de femmes, vous vous souvenez ?) et je tente d’analyser le plus finement possible chaque aspérité, chaque disparité dans leurs flux. Toutes ont une forme astrale bien différente. Et par formes, je parle bien de tous les sens du terme. Parfois, on retrouve un dragon (surtout chez les plus puissantes mais aussi les plus féroces). Parfois, une fleur. Ou un coeur. La plus jeune du lot a tout simplement un ours en peluche. C’est presque mignon et attendrissant… M’enfin, après quelques temps à toutes les analyser, je les enregistre dans un coin de ma tête, histoire d’avoir à piocher dedans. Encore une fois : sait-on jamais.

Autant de travail m’a forcément épuisé. J’ai encore besoin de récupérer, mais si je vais faire une sieste maintenant, Hakaze va me tuer. Je soupire et lorgne tant bien que mal sur le verre et la bouteille qui me font face. Je hausse les épaules : ce n’est pas un verre de plus qui va me tuer. Je me sers et le torche en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, puis je me dirige vers ma pièce favorite : LE FUMOIR. J’ai fait l’effort de ne pas fumer depuis mon arrivée, j’ai quand même le droit à ça. Et puis on dira que c’est ma récompense pour avoir maîtrisé cette première technique de sensorialité. Bah eh, c’est que ça s’arrose normalement ! Quand bien même je suis loin d’être un simple Genin, maintenant…
Une fois dans cette cavité qui m’est réservée (à croire que je suis le seul fumeur parmi la pléthores d’âmes vivant ici bas), je m’appose contre un pan un peu plus lisse que les autres et sors une cigarette de mon paquet. Machinalement et un peu perdu dans mes pensées, je la fais glisser entre mes doigts, jouant nonchalamment avec au gré de mes réflexions. Ou peut bien être l’ébène ? J’ai beau réfléchir, il y a trop d’endroits possibles. Mon appartement ? Impossible, elle n’a pas les clés et ne sait absolument pas crocheter une serrure. Pas faute de lui avoir enseigné mes techniques, d’ailleurs. Je soupire. Mes bureaux ? Les gardes ne l’auraient jamais laissée passer étant donné que je suis censé être sur mon lit de mort.

Soudainement, j’entends des pas alors que je l’allume enfin. Cigarette mortelle en bouche, je tire une première bouffée quand je réalise que ça traîne plus de la patte que ça ne marche vraiment. Je commence à arquer un sourcil, quelque peu surpris. Je n’ai pas souvenir d’avoir déjà entendu une de ces donzelles aussi peu motivées… J’ai même parfois l’impression d’être le plus lent du groupe. Soudain, son ombre se fait voir et je m’approche de la porte d’entrée que je m’empresse d’ouvrir. Mais je ne reste pas à côté pour autant : je n’ai encore envie de me faire houspiller si le couloir se met à sentir le tabac froid. Toujours contre mon pan de mur, j’attends de voir qui va se manifester.
Kana… ?! Mais dans quel état est-elle ? Le désespoir se lit dans son regard, et je remarque aussi qu’elle tient une gourde à la capacité d’au moins deux litres. Ni une, ni deux, je la lui subtilise et me rends vite compte qu’elle est vide… et qu’elle empeste un mélange de bière, de saké et de leur propre alcool. Je soupire longuement et lui offre mon bras en guise de tuteur. Elle appose sa main dessus et manque de se ramasser. Je reste pantois et toujours aussi surpris d’un si triste spectacle avant de la porter comme je le peux. Non pas qu’elle soit lourde, mais mon état actuel m’empêche de faire bien trop de choses.

« Mère, que faites-vous… Elle me coupe. AUSSI. A croire que c’est une tradition chez les Kusaribe.
- Tutututut. Elle me fait non du doigt. Pas de Mère ou de vouvoiement avec moi, tu l’sais bien. Elle rigole mais son rire est étrange. Au moins aussi saoul qu’elle. Super…
- Kana… Que fais-tu ici ? Et dans cet état ? Je commence à m’inquiéter.
- Baaah… Elle tente de reprendre sa gourde pourtant vide. Parfois faut bien prendre du bon temps, nan ? C’est définitif, elle est arrachée. Je l’entends très bien à sa voix et son comportement me l’indique de la même manière.
- Kana-san je… Je suis désolé que tu aies à subir les conséquences d’un affrontement que j’ai moi-même perdu. Ma mine est triste et coupable, mais sincère. Je n’ai jamais voulu que cette vieille amie soit également impliquée.
- Boarf t’en fais pas, blondin. A chaque jour suffit sa peine comme dirait l’autre vioc. T’as déjà beaucoup à récupérer, va pas t’infliger de l’inquiétude en plus pour ma carcasse. Elle m’empoigne et est un peu trop proche de moi, c’est inhabituel. Finalement, elle m’enlace de tout son coeur et je me sens forcé de répondre.
- J’insiste, Kana. J’aurais dû être plus prudent et me méfier de l’indépendant. Si j’avais été en mesure d’analyser rien que son chakra, je me serais douté qu’il n’était pas venu ici en paix…
- Shhhh, me fait-elle taire. Reste dans les bras de maman Kusaribe, ça va aller… Elle s’écarte un peu et me regarde avec un regard qui en dit long. J’annonce : hors de question que je devienne prince consort. Je n’ai certainement pas envie d’avoir une fille maintenant. Puis elle commence à déboutonner son haut, résultant en un décolleté pour le moins… imposant. Je connais un remède parfait contre la douleur. Ce clin d’oeil du malaise, sauvez-moi.
- Je suis au regret de ne pouvoir honorer ton offre, Kana… -chan ? Mais qu’est-ce que je diiiiiiis. En vérité, je suis venu ici afin de fumer une cigarette avant de rejoindre Hakaze pour continuer mon entraînement. Je me sauve vraiment comme je peux ma parole. La panique est totale. Pour la faire courte, je dois la traquer à l’aide de ma sensorialité et de la signature que j’ai enregistrée tout à l’heure mais… je n’ai aucune foutue idée de la méthode à suivre.
- Vous avez de drôles de façons de stimuler l’excitation, les jeunes. Je rougis, je ne m’attendais pas à ça, ni à une remarque digne d’une octogénaire. J’ai la fâcheuse tendance à oublier qu’elle a presque le centenaire, la vieille. Bah, c’est simple. Elle ferme les yeux une demi-seconde et se fout ouvertement de moi. Trouvée. J’te pensais meilleur que ça, fais voir un effort. Je tique et me retiens de ne pas l’insulter. Elle va se calmer la vieille arrachée ?
- Essayons… puis je réalise ce qu’elle a dit, quand même. Et non, nous n’avons aucunement prévu de me faire prince consort ce soir ! Elle a de ces idées, sérieusement. Bon, essayons de la trouver… Je me concentre et me focalise sur le chakra de la charbonnière.[/color] Mais l’endroit est vaste. Je tente déjà d’agir comme un sonar qui commence à s’agiter vers l’Ouest de ma carte mentale. Je me dirige mentalement là-bas mais… plus rien. Elle joue à cache-cache ou quoi ? Je commence à perdre patience.
- Yare yare, fais preuve de bonne foi, Akihiko. Voilà qu’elle me fait la morale. J’aurai tout vu aujourd’hui. Je me fais sermonner par une quasi centenaire complètement jetée à cause de mélanges douteux. Tu dois vraiment te concentrer sur elle sans chercher à faire de carte mentale ou j’sais pas quoi. Reste vraiment focus sur ce que tu souhaites : la traîner par les cheveux dans ton lit.
- Tes fantasmes sont étranges, Kana, je réplique en m’empêchant de rire. J’avoue que l’image est drôle quand même. Me concentrer sur ce que je veux… Hmm… La retrouver ! Je m’exclame alors que je ferme de nouveau les yeux. Je fais rapidement le vide de mon esprit et tout devient noir. Hakaze (ou plutôt sa signature et aura de chakra) agit comme la lune en pleine nuit, ou un phrase pour les senseurs. Je me concentre pleinement sur ces flammes bleutées et y dessine une sorte de corde mentale. Là, je l’attrape rapidement et rouvre les yeux. Comment a-t-elle réussi à se faufiler dans MA salle de bain ? Je secoue la tête et m’empresse d’aller la rejoindre avant que quelqu’un ne tombe sur elle. La connaissant, elle m’a probablement préparé un plan foireux pour se retrouver nue avec moi. Bordel. »  

(c) AMIANTE

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Strong bonds in mind



Me, myself and I


Ni une, ni deux, je m’empresse d’écraser ma clope et de la mettre dans le récipient prévu à cet effet. J’entends la mère ricaner (ou plutôt pouffer, vu son état…) quand elle voit comment je suis remonté. Non pas que je sois énervé, bien loin de là ; j’ai juste envie d’éviter qu’un de mes gardes (ou pire : MION) tombe dessus inopinément. Déjà qu’elle a le chic pour me mettre dans les situations les plus gênantes pour un homme fidèle, si en plus le reste du village venait à apprendre qu’une Kusaribe se trouve nue dans mes appartements… J’ose à peine imaginer la sale réputation qui me collerait à la peau. Déjà qu’elle n’est pas forcément toujours méliorative… Enfin !
Je sors donc de la cavité faite « pour les fumeurs » (on ne va pas se mentir, je semble bien être le seul à y pénétrer – la plupart des autres Filles ont une sainte horreur du tabac qu’elles jugent « trop addictif et nocif » alors qu’elles boivent comme des maçons, malgré leurs gueules d’anges) et montre quarte à quatre les escaliers, sans trop de mal. Et là, c‘est le drame. Il y a un putain de bouchon face à moi ; je ne sais absolument pas ce qu’elles font, mais elles m’emmerdent. Encore. Toujours. A croire que je suis lié par le destin à être gêné par les Kusaribe. Je me racle la gorge, comme pour les avertir de ma présence, mais aucune réaction. On dirait presque que ça tourne à l’orgie – elles sont toutes en train de faire des jeux à boire.
Super. Je ne voulais pas être témoin de ça, hein. Je n’ai pas le choix, je dois forcer le passage, quitte à les pousser les unes sur les autres. Et c’est ce que je fais ; une bonne partie de dominos géante.

J’arrive donc ENFIN à sortir de cette caverne pleine de vices. Jamais je n’aurai pu penser ça lors de ma première rencontre avec le clan, soit dit en passant… Aussi vite que je le peux, je me rends vers Suna – et, Amaterasu m’en soit témoin, c’est loin d’être facile ; mes côtes me font un mal de chien et je peine à respirer quand je cours… heureusement qu’il y a une urgence – évitant au possible de croiser qui que ce soit. Déjà, mon état en alarmerait plus d’un (je suis quand même supposé être à l’hôpital, pas en train de courir après une femme complètement tarée), et si je perds du temps, les chances qu’une autre personne tombe face à elle augmentent. Par tous les grands dieux, elle me les fera toutes.
Après quelques minutes de course, je finis par arriver devant chez moi. Là, je dois prendre une pause. Aussi je me baisse en avant, mes mains prenant appui sur mes cuisses alors que je crache mes poumons, à la recherche d’un souffle à présent disparu. Quand vais-je donc retrouver mon endurance d’antan ? Il faut vraiment que quelqu’un me soigne de manière permanente. Malheureusement, la technologie et la médecine du central du village ne peuvent que m’aider pour un court laps de temps… preuve en est.  

Cinq minutes passent, mais mon souffle est toujours saccadé. Cela dit, j’arrête de tousser – ou, du moins, c’est beaucoup moins fréquent et tonitruant – donc j’ouvre la porte. Je n’ai pas besoin de chercher mes clés de toute façon, je suis sûr qu’elle en a profité pour me les prendre quand je me concentrais au début de « l’entraînement ». Est-ce que je regrette ? Oui et non. Oui, parce que je me retrouve toujours dans des situations grotesques avec Hakaze. Non, parce que ça me permet enfin d’élargir mon panel de techniques, et surtout de mettre à profit mes sens mystiques.
Maintenant à l’intérieur, j’active brièvement ma sensorialité : elle est toujours dans la salle de bain. Je soupire de soulagement avant de fermer à double tour derrière moi ; sait-on jamais, je n’ai clairement pas envie que Mion débarque à l’improviste… surtout que je ne sais toujours pas ce qu’elle m’a préparé comme « surprise ». D’un pas déterminé (mais prudent), je prends la direction de ladite pièce. En homme poli et maniéré, je frappe. Pas de réponse. J’arque un sourcil et me racle la gorge.

« Oh c’est bon, tu peux faire comme chez toi, crie-t-elle de l’autre côté.
- Justement, c’est chez moi et tu oses encore faire comme si tu habitais ici… ce qui n’est pas le cas, je soupire, exaspéré.
- Bon, tu viens ou merde ? Me dis pas que t’as peur quand même, se moque-t-elle. »

J’ouvre le pan en bois et balaie la pièce du regard… avant d’écarquiller les yeux. Elle est… habillée ? Vain rat, je m’attendais à tout sauf à ce qu’elle soit… normale ? Il y a forcément une entourloupe ; elle me cache quelque chose, j’en suis sûr ! Rien ne se passe jamais normalement avec Kusaribe Hakaze de toute façon. Je le sais. Elle le sait. Kana le sait. TOUT SUNA LE SAIT PUTAIN. Assise sur sa chaise en osier, elle me regarde, narquoise, un sourire aux coins des lèvres. Je peste : elle se doute que je m’attendais encore à une connerie. Mes yeux roulent et je m’adosse au mur avant de m’en griller une autre.

« Bon, c’est quoi la suite ? Je demande, expéditif.
- Ma nature de chakra, répond-t-elle du tac au tac.
- Ta… pardon ? Je balbutie.
- Ouais, tu m’as jamais vue me battre, chaque fois qu’on sort ensemble c’est toi qui fais ton spectacle… aïe, ça, c’est fait. Elle hausse les épaules et se redresse : bah, je t’en veux pas. N’est pas Haut Conseiller qui veut, hein ? Et elle ose me citer.
- Ouais ouais, je lui demande de se taire d’un geste de la main en forme de clapet qui s’ouvre et se ferme.
- Tu sais donc pas mon affinité primaire. Ses yeux pétillent. Parfait, tu vas donc pouvoir la deviner… Je commence à réfléchir, elle me claque. Pas avec ta tête, baka. Utilise tes sens ! Elle gonfle les joues et souffle, presque boudeuse. Dois-je te rappeler que t’es venu ME chercher pour que je t’enseigne MES techniques de SENSORIALITE ? Elle fronce les sourcils.
- Mais… j’ai honte de l’admettre : je ne sais pas du tout comment m’y prendre, avoue-je à mi-voix. C’est au moins la deuxième fois que je m’avoue inférieur à elle, et croyez-moi… mon ego ainsi que ma fierté en prennent un sacré coup. Son regard est insistant : elle veut que je la supplie. S’il te plaît ?
- Jamais tu ravaleras ta fierté… elle ricane. Bah, j’te reconnais bien là. Elle sort un stylo ainsi qu’un calepin et commence à me faire des schémas à propos de l’énergie, puis du chakra et des tendances que peut prendre l’aura mystique autour des personnes dont j’ai enregistré la signature de chakra. Déjà, rappelle-toi de la démarche pour le Seishin Tôroku, et de ce qui s’en est dégagé de moi. Je ferme les yeux et m’exécute. Ça prend un peu de temps quand même ; je ne suis que peu expérimenté en la matière, ne m’en voulez pas. Maintenant que j’arrive à visualiser son aura, je hoche la tête afin qu’elle puisse poursuivre. T’es sûr hein ? J’opine avec un peu plus d’énergie et de vigueur, me décoiffant au passage. Le nom de cette technique est le suivant : Kôsui no Ôra. Elle le répète ensuite plus lentement et à plusieurs reprises. Non pas que j’en ai réellement besoin, mais soit. C’est surtout la suite qui m’intéresse.
- Voyons voir… Je joins mes deux mains en un mudra spécifique (celui qui était dessiné par l’ébène) et je sens son aura s’agiter dans tous les sens. Kôsui no Ôra ! Cela me paraît une éternité alors qu’en fait ça ne dure qu’à peine une seconde. Elle est vive et semble vaciller. Tantôt ça s’allume, d'autre fois ça devient plus faible. Un peu comme une flamme. Puis elle concentre son chakra et le tout devient juste gigantesque, à un tel point que je suis obligé de m’arrêter. Mais tu vas exploser le toit ! Je m’écrie, trahissant le calme que je viens de perdre. Transpirant, la goutte au front, je regarde partout autour de moi : rien n’a changé. Aucune trace de déflagration, rien n’a été détruit.
- Alors ? Me demande-t-elle en reprenant place dans le siège.
- Rien, je déplore.
- Alors recommence.
- Kôsuin no Ôra ! J’ai exactement la même impression qu’avant, sans la sensation désagréable que tout va s’effondrer sur nous. Je parviens ensuite à retrouver mon calme olympien et je continue d’observer les disparités, tendances et fréquences dans sa signature de chakra. Puis elle le malaxe encore une fois. Sauf que là, je ne panique pas vu que je sais à quoi m’attendre. Par contre, une sensation nouvelle vient se greffer à tout ça : j’ai chaud. Incroyablement chaud. Et ce n’est certainement pas le soleil qui me tape sur le crâne. Là, je vois son aura se déplacer (c’est pratique quand même, la sensorialité) vers moi. Puis sa main se pose sur mon torse. PUTAIN T’ES CHAUDE HAKAZE ! Je hurle avec l’impression que ma peau brûle vraiment. Mais que nenni. Les yeux rouverts, la transpiration perlant à grosses gouttes sur mon front, je halète de nouveau.
- Je suis chaude, hm ? Elle me lâche, presque séductrice.
- Encore une allusion… je ris doucement avant de secouer la tête négativement. Non mais… Une illumination jaillit dans mon esprit. Le Katon ! Pourquoi n’y ai-je pas pensé avant ? Ca te correspond tellement !
- Eh oui… chaude comme la braise ! Elle me fait un clin d’oeil alors que je la toise. Ou comme le Katon, c‘est selon. Elle hausse les épaules. Bon, j’imagine que t’as enfin réussi à utiliser cette technique… C’est qu’il avance bien le pépère. »

Et elle me taquine. Se fout de moi. Allègrement. Encore.

(c) AMIANTE

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Technique sujette à l'entraînement:


children of the sun



Me, myself and I


Du temps est passé depuis mon dernier entraînement avec Hakaze. J’aurais pu continuer sur ma lancée, oui, car, pour reprendre les termes de cette dernière, « le pépère a bien avancé ». Hélas, Senshi n’a pas forcément été du même avis et… ça a légèrement été le bordel (quitte à être cru) depuis ce moment-là. Pour récapituler, il y a eu l’affrontement contre l’autre indépendant, ce qui a forcé une certaine introspection vis-à-vis de moi, mais surtout par rapport à mes capacités au combat… et, a fortiori, la sensorialité que j’ai tendance à n’utiliser que passivement. C’est pour cela que j’avais fait appel au savoir de Hakaze dans un premier temps. Là, j’ai pu apprendre trois techniques relativement basiques mais qui, tout de même, gravitent autour d’un même principe, d’un même concept : la signature de chakra. C’est ainsi que, après une très longue journée quand même, je suis parvenu à mémoriser les signatures de chakra sur commande, à les traquer et, pour finir, à ressentir l’affinité primaire de ma cible.
Mais, comme dit, mon cher et tendre dirigeant m’avait quelque peu… empêché de faire perdurer le plaisir qu’est d’apprendre auprès de ma plus proche amie. En effet, une mission m’avait été assignée : récupérer des documents primordiaux pour Suna concernant le système défensif d’un avant-poste situé près de la Côte d’Omui. Le tout ayant, en plus, été dérobé par un de nos Jônins, il m’a forcément incombé d’aller le débusquer et de tout récupérer. Cette mission n’a clairement pas été de tout repos et, si je n’ai pas réussi à ramener les parchemins, j’ai tout de même pu faire en sorte que personne ne mette la main dessus. Ni Konoha, ni Uzu, ni les indépendants, ni quiconque du Sekai ne saurait se targuer d’avoir pareil trésor en sa possession !

Hélas, tout ceci n’a pas été sans sacrifice… Premièrement, il m’a fallu « vendre » celle qui m’accompagnait, Hikaru, afin de réparer une partie des dégâts que j’ai causés par légitime défense. Eh oui. On a osé m’attaquer (probablement en tout état et connaissance de cause) au beau milieu d’une ville. Pire : à l’étage d’un de ces foutus lupanar gérés par la divine mais ô combien vénéneuse Okiko. De fait, l’affrontement s’est envenimé, un Uchiha (et pas des moindres…) m’a rejoint et, à deux, nous avons saccagé une bonne partie du quartier.
Est-ce que cela s’est arrêté là ? Pas le moins du monde. En effet, j’avais été invité à participer à quelque enchères pour récupérer les fameux parchemins. Pour moi, il a toujours été hors de question que Suna ne raque pour ces foutus parchemins, aussi ai-je simulé ma participation pendant que mes clones tentaient de coincer le traître. Ils ont réussi… quitte à éradiquer un autre pan de la ville. Et ainsi de suite.
Résultat des courses : j’ai détruit des parchemins, la virginité de ma coéquipière, la moitié d’une ville, le corps d’une gamine. Nombre d’innocents ont également soufflé leurs dernières paroles suite à l’une de mes nombreuses tentatives d’arrêter le grand Tomio. J’ai aussi couché avec l’ennemie pour espérer avoir des renseignements et ne pas avoir à trop payer pour réparer ce que j’ai détruit et…

… je suis dans le Bingo Book. On vient tout juste de me l’apporter, l’air grave et sombre. Senshi ne m’en a pas touché un mot… Est-il seulement au courant ? Bah, j’imagine que oui. C’est même très probable. Pourquoi ne pas m’en avoir parlé ? D’un côté, on me dira que sa trogne est également présente. Mais, la différence… il est à la tête du pays, là où je ne suis « que » numéro deux. Personne ne le traquera puisque personne ne souhaite payer pour voir sa chevelure grise au bout d’une faux. De mon côté… Eh bien, les indépendants vont sans doute se mettre à me pourchasser, à chercher le moindre indice pouvant mener à ma personne. En un sens, je suis mondialement connu, à l’instar des différents dirigeants du Sekai, aussi savoir que je me trouve en plein Suna ne saurait être une tâche trop ardue. En revanche, je vaux quand même 750 Ryôs pour qui me ramènera vivant au Daimyô des Plaines Verdoyantes de Karawar.
Super.
Si je jouis néanmoins d’une certaine réputation (positive) et d’une très bonne position au sein de ma belle nation, qu’est-ce qui me garantit que quelque shinobi peu scrupuleux et à l’avidité monstrueuse ne tenterait pas de me faire le coup du lapin à la moindre occasion ? N’oublions pas que je suis également reconnu pour passer mes nuits à bosser, aussi les micro-sommeils ne sont certainement pas rares, pour moi… A cet effet, je me dois d’apprendre une alternative afin de ne pas m’endormir, cela serait bien trop dangereux !

Ni une, ni deux, à peine rentré que je suis reparti à la bibliothèque principale de Suna. Ici se trouvent moult parchemins et autres documents qui ne cherchent qu’à faire transmettre le savoir de leurs feu écrivains. C’est pourquoi je suis là. Je sais que chaque domaine, chaque capacité, chaque techniquement mondialement connue (ou simplement celles propres à la Sainte Patrie) est répertoriée dans la pléthore d’ouvrages qui s’étale devant mes yeux. C’est d’ailleurs là que je remercie mes nombreuses interventions auprès des Kusaribe… à force de laisser traîner mes oreilles, j’ai pu apprendre de nombreuses choses… comme l’existence d’une technique de Sensorialité qui permettrait à l’utilisateur, selon ces ouï-dires, de rentrer dans une sorte de transe, à défaut de dormir, durant laquelle n’importe quelle signature de chakra pourrait réveiller le lanceur de cette technique ou, si ses connaissances lui permettent, de laisser filtrer les signatures qu’il souhaite.

Ainsi me suis-je lancé  directement dans les grandes rangées où se trouvent, supposément, toutes les œuvres sur la sensorialité. Rapidement, je mets la main sur les techniques dites « de base » (question de point de vue, par contre) et m’empresse de chercher celle qui m’intéresse. Là ! Nokori no Juncha… Garde du sommeil. Force est de constater que ce jutsu porte très bien son nom.
Des heures durant, je n’ai eu de cesse d’apprendre les principes et fondamentaux de cette technique. Sans réellement faire de pause, j’ai laissé le texte imprégner mon esprit, allant jusqu’à même essayer de manifester une image mentale de son auteur, simulant ainsi un véritable entraînement, une véritable transmission de savoirs.

« Akihiko… hulule ce vieux sage face à moi, à la manière d’une entité fantasmagorique. L’idée est de formater ton esprit afin de mettre tous tes sens alerte, cette discipline incluse. Oublie tout le reste. Oublie tout ce que tu peux savoir du sommeil commun aux mortels… Concentre-toi uniquement sur ton for intérieur en fermant les yeux. Mais surtout, ne laisse pas tes sens se brider ni aller dans tous les sens… Tu ne saurais ainsi trouver le repos mental donc tu peux avoir besoin !
- Dormir… sans dormir… Méditer… sans réfléchir… Ça n’a aucun foutu sens, vous le savez ? Réplique-je en arquant un sourcil. Bah, qui blâmer… Je parle à un esprit issu de ma propre imagination. Je remarque néanmoins un truc par terre. Vous ferez quand même gaffe, votre chapeau est tombé je crois… Puis je réalise ce que je viens effectivement de faire ; aussi me mets-je une forte claque pour me ressaisir. »

Maintenant au calme avec mes pensées (enfin…), je me pose dans un coin sombre de la pièce. Loin des regards, loin de toute distraction. Je prie cependant pour qu’aucune de mes connaissances ne vienne se glisser ici « par hasard »… Hakaze en est la pro ! Puis je me laisse de nouveau submerger par les mots couchés sur les parchemins que j’avais en mains il y a encore quelques minutes avant que les paroles du maître-inventé-par-mes-soins ne résonne à nouveau. Formater mon esprit ? Me laver le cerveau, en somme. Vider mes pensées et mon esprit de tout ce qui peut être superflu, comme si je mettais tout dans des petites boîtes ou les tiroirs d’une armoire… une chambre mentale, en somme. C’est peut-être plus malin que ce que je peux penser… Là, je ferme à nouveau les yeux et me concentre sur mon for intérieur, sur mon Moi ; je sens le moindre de mes battements de coeur à travers tous mes pores. En revanche, je n’entends plus aucun son qui pourrait être externe et qui, pourtant, m’aurait vraisemblablement irrité en temps normal. Je façonne une image mentale de mon corps mêlé à mon subconscient tandis que l’inconscient semble s’isoler. Ensuite, cela fait comme des éclairs… non ! Des oscillations ! Mon corps est comme transi, mais je ressens la moindre de ces oscillations, justement, alors que l’énergie semble être regagnée par le reste de mon mon être. D’ailleurs, le temps semble passer à une vitesse extrême. Est-ce donc ça, la vraie méditation ?
Derrière moi, une oscillation semble dégénérer, partir en vrille. Est-ce là le signal de mon propre radar ? Quelqu’un vient de pénétrer dans mon champ d’action. Je le sens. Pourvu d’un ultime réflexe reptilien, j’attrape un kunai que je lance dans cette direction. Le bruit emblématique du métal s’enfonçant dans le bois me force alors à ouvrir les yeux, quand j’aperçois…

« Oh, ce n’est que toi, Sena… Je la rassure avant de réaliser que je viens de planter un des pans de son kimono dans une des nombreuses armatures boiseuses. Désolé, j’étais… perdu dans mes pensées. C’est parti tout seul ! Bien évidemment, elle ne semble pas me croire. Hors de question que je lui révèle que je suis en train de m'entraîner. J’imagine que je te dois encore un bol de ramens pour me faire pardonner, hm ? »

(c) AMIANTE

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