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Sauver une vie [Tadake Yurikô]

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Il était finalement tombé au combat, d'une façon si profonde qu'il ignorait sincèrement s'il pourrait jamais se relever. Vaincu après un duel mémorable, l'Onryou ne reprit connaissance que brièvement, réveillé par une douleur agonisante, et la sensation d'être transporté comme un fétu de paille par un certain Uchiha. Dans ce brève instant il put apercevoir la fameuse porte encore debout, avaient-ils donc réussi à repousser cette armée infernale?

L'inconscience salvatrice reprit ces droits, et avec elle l'endormissement des sens, la fin de la douleur. Il ignorait combien de temps il resta inconscient, mais cela dura au moins plusieurs heures. Son corps fut transporté au sein de la citadelle, dans une très grande bâtisse délicieusement construire, désormais réservé à l'accueil des blessés. Tous n'avaient pas le luxe d'être soigné derrière les murs relativement sûr de la citadelle, mais les précédents exploits de l'Onryou lui offrait au moins cela.
Posé sur une serviette propre, personne n'osa le toucher, l'huile funeste qui rongeait sa chair s'était lentement répandue sur le reste de son corps, en interdisant l'accès. Le résultat de cette longue bataille était absolument terrifiant. De multiples contusions parcouraient son corps, et bien qu'on ait tenté de le laver avec de l'eau propre, la poussière du champs de bataille s'était mêlée à ses cicatrices, laissant présager de multiples infections. Pourtant de toute ses blessures, le trou béant dans son abdomen restait le plus terrifiant. Rempli d'un mélange malsain de sang coagulé et de poussière, ceci n'était néanmoins que la partie immergé de l'iceberg. Plus que la lance, s'était la vitesse et la puissance de l'empalement qui avait fait des dégâts, créant une onde de choc délétère pour les organes internes du pauvre Gardien.

Respirant avec difficulté, l'enfant d'Inari se trouvait entre la vie et la mort, sa conscience ayant déjà quitté ce monde, tandis que son corps repoussait encore l'inévitable. Il ne devait qu'à sa résistance hors-norme d'être encore en vie, mais pour combien de temps?
Alors qu'il était en position latéral de sécurité, un puissant frisson remua son corps tout entier, comme le dernier sursaut de résistance d'une vie vacillante. Ce fut l'exact moment où sa conscience se réactiva, inondant son cerveau d'une vague de douleur absolument effroyable. Ses yeux injectés de sang s'ouvrirent brusquement, tandis qu'il se retrouva sur le dos, contemplant sans comprendre cet environnement inconnu. Quelques minutes plus tôt il était en pleine bataille, et le voila désormais allongé à même le sol, dans une maison de bois, une douleur inhumaine déchirant son corps...

"Ysei..."

Il put à peine murmurer une prière qu'une violente crise de toux s'empara de lui, du sang s'extirpant de sa bouche sans qu'il puisse ne serait-ce que tourner la tête. Plus le liquide s'accumulait, et plus sa respiration devenait difficile... il s'étouffait. Tout mais pas ça... Pourquoi n'était-il tout simplement pas mort dans ce duel magnifique? Périr au combat, n'était-ce pas ce que méritait les braves? Qu'il survive pour s'étouffer misérablement dans son propre sang, le destin avait décidément un sacré sens de l'humour...
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Tadake Yurikô
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Sauver une vie
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" Pendant que tu soignes les blessures, la douleur est un remède à la douleur."




Si Baransu était autrefois un lieu sublime où il était possible d'imaginer l'inimaginable, d'oublier son statut, son rang et la dureté de la vie quotidienne pour s'abandonner aux lumières des lanternes de ces fêtes, aujourd'hui tout n'était que ruines et flammes corruptrices. Et lorsque l'on avait connu sa beauté d'autrefois, que l'on y avait des souvenirs délicats, voir ces lieux dans un tel état soulevait le cœur. C'était le cas pour Yuriko mais elle n'avait pas le droit à cet instant de s'abandonner à la moindre sensiblerie car son devoir était ailleurs.

Le prix des batailles menées ici était lourd. Civils, shinobis, samurais... les pertes avaient été nombreuses de chaque côté et le nombre de blessés avait été incalculable. Pour cette raison, la jeune femme avait été réquisitionnée d'office pour ses qualités et connaissances médicales, et même si elle ne l'avait pas été, son instinct l'aurait poussé à s’affairer d'elle-même. Ce fut ainsi que toutes les personnes capable furent amenées à se rassembler pour "trier" les blessés. Ainsi, on distingua chaque individu en fonction de la gravité des blessures et ont priorisa ainsi les soins. Il fallait posséder un sang-froid que l'on n'imaginait pas car bien des décisions furent difficiles à prendre.

Les médecins les plus expérimentés savaient reconnaître les cas les plus complexes et désespérés. Il fallait alors avoir assez de force pour prendre la lourde décision de choisir entre un cas et un autre. Il fallait être capable de faire comprendre à un compagnon que la vie d'un autre ne pourrait être sauvé, que l'inlassable énergie que l'on pourrait y mettre serait une perde de temps et que l'inéluctable fin viendrait dans tous les cas. Rendez-vous bien compte de la violence de la haine que l'on pouvait percevoir dans un regard à qui on venait d'annoncer, alors même que votre ami respirait encore, que l'on faisait le choix de le laisser mourir sans essayer pour sauver une autre vie? La konohajin en supportait le poids sur ses frêles épaules dans les cas d'urgence. Comme ici. Comme ailleurs. Comme à chaque fois que l'on savait que rien ne pouvait être fait. Les miracles n'existaient pas.

La plupart des blessés graves avait été transporté à la citadelle, et Yuriko avait suivi tout ce monde pour s'occuper des cas compliqués. Il n'y avait pas de dédain de sa part mais elle se savait capable de sauver des vies. Alors elle le ferait, là où certains abandonneraient. Sur place, cela était une véritable fourmilière. Les médecins et les infirmiers de fortune bataillaient comme ils le pouvaient. Et dans tout cette foule, la jeune femme fut surprise de croiser une connaissance, Nikkou Uchiha. Il y avait quelques années en arrière, elle s'était occupée de lui après un très sombre accident. Ce dernier lui informa qu'il venait d'emmener un autre shinobi avec qui il avait combattu, et qu'il s'agissait d'un homme dont la bravoure fut sans égale et que c'était en partie grâce à ce dernier qu'ils avaient tenu les portes de la cité. Lorsqu'elle lui demanda si quelqu'un s'occupait de cet infortuné, sa mine était grave. Personne n'osait le toucher car il avait été empoisonné et sa malchance lui valut d'être mortellement blessé. Tout était une question de temps.

Rapidement, Yuriko quémanda un autre médecin pour que l'on vint à lui expliquer où ce malheureux se trouvait et quelle était exactement sa situation. Quand elle arriva près de celui que l'on décrit appartenant au clan des Onryou, elle comprit : poison corrosif, plaies ouvertes, contusions incalculables, un trou béant au niveau de l'abdomen. Cela signifiait fractures potentielles et hémorragies diverses et variées, un mort en sursis. Il avait tout du cas qui ne pourrait être sauvé ou plutôt, celui qui demanderait tellement d'attention que cela pouvait signifier de ne pas apporter l'aide et le temps à d'autres victimes qui auraient un meilleur taux de survis.

Les yeux noirs de la jeune femme se posèrent sur cette silhouette brisée, un regard qui aurait pu paraître si froid pour qui ne la connaissait pas. En réalité, elle était déjà dans l'analyse de la situation et pendant qu'elle réfléchissait, un autre médecin continuait à lui expliquer les détails de son état critique. Maho se mit à tousser, crachant du sang, tentant de prononcer quelques mots. Puis soudain, Yuriko leva la main pour faire taire le médecin.

" Je vais m'occuper de cet homme. "

" Mais... mais vous perdrez votre temps. Cet homme est déjà mort... "

La jeune femme se tourna vers lui avec un regard sévère et sa réponse fut tranchante.

" Je vais m'occuper de cet homme. "

" Comme... comme vous voulez. "

" Apportez-moi de l'eau chaude, des bandages et des serviettes propres. Je vais commencer par extraire le poison qui le ronge. Une fois cela fait, nous pourrons nous occuper des plaies plus profondes. "

Sur ces paroles, Yuriko tomba à genoux devant l'homme qu'elle devait soigner. Elle attacha sommairement ses cheveux et retroussa ses manches avant de commencer son travail. Elle fit signe à deux trois personnes de se rapprocher et se porter des gants. Le but était de maintenir son patient afin qu'il ne gesticule trop. Apposant ses mains au dessus de lui et concentrant son propre chakra, elle allait commencer la tâche délicate d'extraire les toxines.

" Ne soyez pas trop prompt à mourir... vous devez encore vivre pour voir le visage de ceux que vous avez sauvé... "

La technique demandait beaucoup de concentration et d'être habile. La konohajin pouvait au moins se vanter d'être capable des deux. Combien de temps faudrait-il? Plusieurs minutes, une heure? Tout dépendait de la quantité qui demeurait. Dans tous les cas, cela ne serait pas une partie de plaisir. Ni pour l'un, ni pour l'autre.

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Alors que l'oxygène se faisait de plus en plus rare, des voix s'ajoutèrent à son agonie. Aux bords du précipice, l'Onryou ne pouvait évidement pas extraire le sens de ce bruit humain. Il sentit toutefois que ces mots lui furent adressés, et alors que des mains inconnues touchaient sa peau, l'une d'entre elle eut la bonne idée de tourner sa tête, lui permettant de cracher le sang qui menaçait de l'étouffer. Aussi difficile que fut sa respiration, cette bouffée d'air eut le mérite de raviver son esprit, lui redonnant un peu de prise sur son calvaire.
Ses iris qui d'habitude abritaient un soleil d'or avaient perdu toute lueur, mais ils parvinrent tout de même à observer sa bienfaitrice. Une beauté d'ange au milieu de l'enfer. Son état précaire en était surement pour quelque chose, mais il fut absorbé tout entier par les yeux ténébreux, cette femme devenant soudainement l'entièreté de son monde. La beauté, tyran cruel et magnifique, muselait pour l'instant les tiraillements du corps. Hélas cette accalmie ne dura point. Soudaine, terrible, une douleur acide enlaça tout son être.

"ARRÊTE!"

Le cri retentit dans toute la salle, tandis que les yeux du patient furent soudainement injectés de sang. Pourquoi lui arrachait-elle la peau, voici la pensée qui domina son esprit. Ses veines se mirent à gonfler, ses muscles s'activèrent, et malgré les nombreuses mains le maintenant au sol, son buste se souleva légèrement, son bras droit déployant une puissance herculéenne, ses doigts tendus se dirigeant vers la gorge de sa tortionnaire.
Pourtant sa main n'effleura jamais ne serait-ce qu'un cheveux de la dame. Une force infaillible le plaqua brutalement au sol, tuant dans l’œuf sa tentative de rébellion. Maho connaissait la défaite, son état actuel en étant la preuve, mais il comptait sur les doigts de la main les fois où il perdit un duel de force. Pourtant la poussée qui calma sa révolte l'avait entièrement dominé, ses yeux encore injectés de sang retombant de nouveau sur la demoiselle. Comment une créature aussi belle pouvait le faire autant souffrir?

Il ignorait combien de temps dura se supplice, et même si son corps tremblait, il ne quitta pas l'ange sombre du regard. Ses iris avaient perdu leur rage pour retomber dans une semi-inconscience, même si l'on pouvait encore y voir une petite lueur, une aiguille de vie maintenue par la simple intensité de la douleur. Lentement on lui arrachait la peau, mais il ne flancha pas, contemplant impuissant son magnifique bourreau. Il voulut parler, mais ses lèvres se murent sans prononcer le moindre mot. La suppliait-elle d'arrêter, ou lui disait-elle à quel point elle était belle. On pardonnait tout à un joli visage : l'impertinence, la trahison, la douleur. Dans son cas, il lui concédait également l'amnistie de sa mort.
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" Pendant que tu soignes les blessures, la douleur est un remède à la douleur."



La médecine avait toujours été une évidence pour Yuriko, depuis toujours, depuis l'enfance. Si tout était lié à son frère et à son handicap dans un premier temps, son intérêt s'était naturellement élargi au fur et à mesure qu'elle en apprenait plus. De la petite question bête de "comment on respire, comment ça marche, pourquoi on saigne, comment on fait pour stopper une douleur" aux plus pratiques "quelle plante, quel remède, quelle technique"... Beaucoup de comment et de pourquoi dont elle désirait les réponses. Par chance, elle n'avait pas été dotée que de curiosité mais d'une réelle intelligence dans le domaine. Le fait qu'elle eut un but tout à fait personnel avait agi comme un boost à son ambition. Sans compter sur son acharnement.

C'était ce dont elle ferait preuve à cet instant car le cas qui se trouvait sous ses yeux était littéralement désespéré. Mais n'était-elle pas médecin aussi pour sauver ces vies là? Elle ne lâcherait rien tant qu'elle se sentait capable de pouvoir changer la donne. Cet homme était d'après les dires un héros qui avait pris sur lui pour protéger la cité, le guérir serait une preuve de gratitude.

S'armant alors de toute sa concentration, la konohajin commença ses manœuvres... douloureuses, terriblement douloureuses. Cela eut l'effet d'un pic d'adrénaline sur le combattant qui s'agita violemment au point de repousser les quelques infirmiers de fortune qui le maintenait au sol. De justesse, Yuriko cessa sa technique qui réclamait énormément d'application. Le moindre faux pas pouvait causer des dégâts irréversibles. Cependant, la jeune femme possédait un sang-froid insoupçonnable quand elle s'adonnait à ce genre de tâche, de celui qui la coupait du monde et qui faisait qu'il n'existait plus qu'elle et son patient.

Ce n'était jamais agréable de voir un homme souffrir - pas pour elle. Son cri de détresse avait été entendu et son geste de survie qu'il avait tenté de diriger vers elle pour l'arrêter, elle le comprenait. A ce même instant, ses aide-soignants rappliquèrent et l'immobilisèrent une nouvelle fois. Là, Yuriko se saisit de la main de Maho et pointa ses pupilles noires dans son regard doré, encore un peu éveillé, cherchant peut-être à le rassurer ou lui insuffler des mots de courages.

" Tenez bon... Vous n'êtes pas seul. J'ai besoin que vous résistiez... la douleur disparaîtra bientôt. Je vous le promet. Tenez bon. "

La voix de la jeune femme était douce, emplie d'une empathie sincère... mais elle ne s'abandonnait pas à la sensiblerie pour autant. Reposant la large main de l'Onryou, elle fit un signe à une jeune femme de donner un anesthésique. Il ne serait jamais assez puissant mais suffisant pour au moins empêcher son patient de gesticuler de trop. Une fois cela fait, elle reprit sa manoeuvre pour retirer toutes les toxines.

Les minutes passèrent, puis une demi-heure... une infirmière eut même la délicatesse de venir éponger le front de la jeune femme. En tout, il lui fallut près de trois quart d'heures, bien moins qu'elle ne l'aurait cru. Par chance, la quantité de poison était moindre grande qu'elle se l'imaginait mais il s'était largement répandu.

" Bon... il faut que l'on s'occupe de la plus grosse des hémorragies. Je vois que des soins sommaires ont déjà été apportés. Dépêchons-nous. "

" Mais madame, vous venez à peine de finir? Ne devrions-nous pas demander à un autre médecin de prendre le relais, au moins le temps que vous repreniez des forces? "

Le regard que jeta Yuriko à celui qui voulait pourtant se montrer délicat était furieux.

" Je n'ai pas le temps de me reposer. Et j'ai bien plus d'énergie que vous le croyez. Avez-vous amener ce que je vous ai demandé? "

" Euh... oui oui. "

" Parfait. Sachez que vous ne craignez plus rien. Vous pouvez le toucher sans risque. Surveillez sa température, nettoyez ses plaies superficielles, vérifiez qu'il n'y ait aucune infection manifeste. "

Les ordres étaient données alors que la jeune femme soulevant légèrement le linge qui couvrait la blessure de lance. Ce n'était pas beau à voir, à tel point que du coin de l’œil, Yuriko perçut l'un des infirmiers pâlir. Retirant la bande avec délicatesse, elle tourna de nouveau son attention sur Maho, posant sa main sur son front.

" Le plus dur est derrière vous... ne me laissez pas tomber... tenez encore. "

Aussitôt, elle appliqua ses deux mains sur la blessure et relâcha une grande quantité de chakra pour forcer la guérison à son maximum. Cela prendrait un peu de temps mais elle ne s'arrêterait qu'une fois l'hémorragie totalement arrêtée et la plaie refermée.

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Le calvaire continua, lentement, dans un silence religieux. La douleur ayant le mérite de le maintenir éveillé, l'Onryou concentrait ce qui lui restait de conscience sur l'ange qui le torturait. Ce n'est pas ton ennemi. Cette phrase passait en boucle dans son crâne, tandis que le poison s'extirpait lentement de son corps, l'huile acide caressant en bougeant la peau meurtrie de son ancien hôte.

"Merci."

Le calvaire prit fin. Même si ce ne fut que pour quelques secondes, la douleur s'estompa, laissant place à une vague de soulagement absolument enivrante. Pendant un instant, Maho oublia son corps vaincu, flottant dans un nuage de gratitude. Cela dura tout juste le temps d'un remerciement, la réalité reprenant déjà un répit si durement gagné. Ce fut comme si l'on appliquait une énorme pression sur lui, son esprit flottant se retrouvant littéralement "plaqué" au sol, bloqué de nouveau dans un corps endolori. Il avait l'impression que son propre poids était décuplé, et déjà la douleur revint lui tenir compagnie. Au moins avait-elle le mérite d'être légèrement atténuée, sauf que le mental du guerrier était lui aussi diminué.
Ces quelques secondes de relâchement avait brisé sa détermination, et se retrouvant de nouveau bloqué dans un corps incapable, l'Onryou songeait déjà à retrouver le sommeil de l'inconscience. Seulement elle était toujours là, son ange de douleur, la belle et cruelle demoiselle qui torturait ce qui lui restait de vie. Pensait-elle réellement pouvoir le sauver? Lui-même ne savait plus réellement quoi penser, embrumer déjà par le parfum de l'au-delà.

Pourtant des mots retentirent de nouveau, et s'il n'en comprit pas vraiment le sens, il ressentit le nuage doux et chaud qui se posa sur son flanc gauche. Il se souvenait encore de la lance qui lui avait transpercé le ventre, et pourtant il ne sentait plus le tiraillement horrible de cette blessure. La douleur qui auparavant irradiait de la plaie avait laissé place à une vibration douce et rassurante, comme si une fontaine miraculeuse déversait sur lui un onguent divin.
Peut-être ne mourrait-il aujourd'hui finalement, ou peut-être était-ce là le moment délicieux qui précédait la mort? Il n'en savait rien, mais son corps lui interpréta à sa façon cette guérison soudaine. S'était comme-ci jusqu'alors il se retenait à bout de bras à une branche fragile, et que finalement quelque venait d'attraper sa main. Lâchant prise, Maho se laissa totalement aller aux soins de cet ange funeste, cessant par la même occasion de lutter pour rester en vie. Sa température petit à petit, tandis que ses yeux perdirent brutalement tout éclat. Il venait de perdre connaissance, et sa respiration déjà faible se fit de plus en plus discrète.

La charmante inconnue pensait tromper la mort en tordant les lois naturelles, seulement elle venait peut-être d'offrir à son patient le calme nécessaire à son décès. Soulager d'une partie de sa douleur, le Gardien perdit en échange le peu de conscience qui lui restait, son corps confus se laissait emporter par le sommeil si doux qui lui tendait les bras. Tout son organisme ralentissait lentement, alors qu'étrangement, des veines autrefois déchirées reprenant petit à petit leur place. Quelle tragique ironie.
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" Pendant que tu soignes les blessures, la douleur est un remède à la douleur."



"Merci". C'était ce qui avait réussi à s'échapper de la bouche de son patient. Ce simple petit mot faisaient chaud au cœur de la jeune femme mais elle ne pouvait accepter sa gratitude tant qu'elle ne lui avait pas sauver la vie. Toutefois, cela lui vola un maigre sourire qui agit sur elle comme une nouvelle vague d'énergie. Elle n'abandonnerait pas. Elle sauverait cet homme même si cela devait lui vider ses réserves de chakra.

Alors qu'elle s'occupait de l'hémorragie principale, la doctoresse agita la tête pour attirer l'attention d'un des aide-soignants.

" Il a énormément perdu de sang. Nous avons besoin de le transfuser au plus vite. Tâcher de voir si quelqu'un est disposé à lui fournir de quoi reprendre des forces. Maintenant qu'il est inconscient, cela ne devrait poser de soucis pour personne. Mais dépêchez-vous! Il n'est pas encore sorti d'affaire. "

Les mains de la konohajin balayaient les blessures avec attention, ses doigts donnaient l'impression de manipuler des fils invisibles comme si elle tirait sur quelque chose qu'aucun œil ne pouvait apercevoir. En réalité, elle projetait dans sa tête tout ce qui devait se passer dans les chair de l'Onryou. Elle imaginait chacun de ses vaisseaux qu'elle désirait relier entre eux, elle voyait ses muscles déchirés qu'elle voulait souder à nouveau ensemble. Mais quand son regard se porta sur la figure pâle de l'homme-singe, une pointe de tristesse apparut. Elle ne voulait pas qu'il abandonna mais cela était si facile face à la douleur. Combien de ses patients avaient fait le choix de lâcher prise pour ne plus souffrir?

" Est-ce que l'on sait s'il a de la famille? Si c'est le cas, il faudrait peut-être les contacter. Qu'il sache qu'il mène encore un combat et le plus difficile. "

Les infirmiers présents se regardèrent avec un air un peu surpris alors que la concentration et le sérieux de Yuriko ne faiblissait pas. Son visage paraissait fermé et ses sourcils froncés face à l'effort. Voyant que la jeune femme luttait, l'un d'eux capta un autre congénère pour lui demander de se renseigner sur le malheureux qui était allongé. Il acquiesça et disparut.

Les heures défilèrent et se suivirent....

Est-ce qu'un médecin pouvait perdre la foi dans ce qu'il faisait? Oui. Sans nul doute. Beaucoup d'entre eux, beaucoup qui se trouvaient là devraient faire face à ce sentiment, celui de l'échec. Oh, tous n'étaient pas des être empathiques, mais Yuriko en était. Elle était de ceux qui se donnaient entière et avec dévouement. Est-ce que le sort avait joué contre elle? Est-ce qu'elle n'avait pas tenu promesse?

Yuriko poussa un long soupir d'épuisement, ses yeux paraissaient subitement petits et des petites cernes se dessinaient. On lui avait apporté un plateau avec un verre d'eau fraîche et de quoi manger, mais elle n'avait presque touché à rien. Elle se tenait simplement aux cotés de l'Onryou, muette. Elle passa sa main sur le front de l'homme allongé.

" J'ai fait tout ce que j'ai pu.... "

Elle recula un peu et serra la main de ce dernier.

" C'est à vous de jouer maintenant. "

Elle avait réussi. Elle avait réussi sur le plan physique à une véritable prouesse étant donné l'étendue des dégâts mais cela lui avait coûté tant de chakra qu'elle n'était pas capable de s'occuper de quoique se soit d'autres, ni même de se relever. Pour cette raison, elle avait préféré demeurer à côté de ce héros inconnu, de lui tenir compagnie au cas où elle aurait échoué. Elle n'aimait pas l'idée que quelqu'un puisse mourir seul. Fort heureusement, ce ne serait pas le cas si ce dernier luttait.

De manière globale, elle avait réussi à arrêter les principales hémorragies, à suturer toutes les blessures graves. Le reste du personnel avait pu désinfecté chaque éraflure, passer des onguents pour aider la cicatrisation et même bander les zones qui le réclamaient. C'était une victoire de groupe. Chacun à son échelle.

" Madame, avez-vous besoin de quelque chose? "

Yuriko leva son regard fatigué vers l'aide-soignant qui était venu à sa rencontre.

" Je n'ai besoin de rien. Mais peut-être pourriez-vous apporter une couverture si vous n'en manquez pas, pour ce patient. Après ce qu'il a traversé, il serait malheureux que le froid est raison de lui. "

Elle tenta de sourire un peu puis reporta son attention sur l'homme-singe. La konohajin était véritablement fatiguée. Choisissant la voie de la raison, elle s'allongea à côté, le visage tourné dans la direction de l'Onryou.

" Prouvez-moi que j'ai eu raison de vous sauver... "

Alors que ces mots s'échappèrent de ses lèvres comme un murmure, la ninja-médecin finit par s'assoupir.

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L'inconscience avait la saveur de la brume. Mystérieuse, elle attisait la curiosité. Inquiétante, elle provoquait la méfiance. Pour l'instant, elle servait de refuge, enlaçant l'esprit vaincu d'un guerrier. Les Onryou étaient pourtant connus pour leur ténacité, seulement tout comme l'eau érodait la montagne, l'adversité pouvait émousser le tranchant de l'âme. Maho avait abandonné la lutte pour la vie, quittant un nid de souffrance pour se retrouver dans les eaux profondes et calmes de l’entre-monde. Il se rapprochait sans cesse du fond, attiré par la mort comme un papillon au soleil, cependant quelque chose le retenait. Un fil aussi fin que la soie luisait dans l'obscurité, timidement dirigé vers la surface.
Le Gardien avait peut-être abandonné, mais là-bas, dans le monde des vivants, quelqu'un luttait à sa place. Se plongeant corps et âme dans un combat perdu d'avance, l'Ange s'évertuait à maintenir ce fil. Motivé par le chakra lumineux qui l'inondait, le corps du mourant bouillonnait de vie. Les cellules se multipliaient, les chair se reconnectaient. La peluche démembrée retrouvait peu à peu, sous les doigt d'une couturière aguerrie, sa forme originelle. Ce fil indicible représentait exactement cela, la lutte pour la vue d'un corps s'opposant à l'abandon de l'âme.

La chute s'arrêta. Son pouls et sa température cessèrent enfin de décroître. S'était comme si le fil s'était finalement tendu, maintenant cet être à mi-chemin entre le point de non retour, et la surface. Suspendu au milieu des abysses, Maho entrevue enfin la lumière de ce fil salvateur, perdant sur le coup sa conviction suicidaire. La mort était-elle réellement la seule solution? Trop faible pour remonter, trop lâche pour descendre, il se retrouva bloquer dans l'entre-monde.

Prouvez-moi que j'ai eu raison de vous sauver...

Ces mots résonnèrent dans les profondeurs, brisant à eux seuls le froid glacial des abysses. Ils eurent l'effet d'une caresse, comme si une déesse oubliée avait posé ses lèvres sur sa peau, irradiant en lui une chaleur salvatrice. Lentement son esprit s'agita, remuant d'abord dans les ténèbres, son attention tout entière se tournant vers le filin d'or qui le maintenait à flot. Il l'avait enfin retrouvé, la volonté de vivre, et se muant en une formidable poussée d’Archimède, elle le ramenait vers la lumière.

Le poids de son propre corps eut tout d'abord l'effet d'un étau, ce qui lui fit prendre une bruyante inspiration, les yeux emplis de terreur. Surprenant... son buste s'était légèrement soulevé, sa gorge ne brûlait plus au passage de l'air. La douleur arriva rapidement à son cerveau, mais elle était comme diluée, de loin inférieure au calvaire qui l'accablait quelques temps plus tôt. La lumière s'était adoucie, était-ce les couleurs de la nuit?

"De...l'e..."

Il tenta en vain d'exprimer sa soif, mais même s'il était clairement en meilleur état, cela faisait tout de même plusieurs jours qu'il n'avait rien ingurgité. Pourtant, loin de paniquer, il se contenta de respirer, profitant du plaisir nouveau d'un système respiratoire dénué de substances acides. Seulement son souffle n'était pas le seul à rythmer l'espace.
Un ange dormait à ses côtés, une déesse de nacre et d'ébène lui ayant fait découvrir tour à tour les sommets de la douleur et le miel du réconfort. Il parvint à secouer son cou pour porter son regard sur elle, un imperceptible sourire titillant ses lèvres à la vue de sa bienfaitrice. Concentrant ce qui lui restait de force, Maho activa son bras droit. Son extrême faiblesse rendait son corps exagérément lourd, donnant à chaque mouvement le titre d'exploit olympien. Pourtant sa main rampa lentement vers sa bienfaitrice, touchant d'abord sa chevelure ténébreuse avant d'arriver à son bras.

"L'éphémère ébloui vole vers toi, chandelle, crépite, flambe et dit..."

L'Onryou eut déjà beaucoup de mal à prononcer sa phrase, la sécheresse de sa voix n'aidant guère, mais il ne put pas la finir, une toux rauque venant couper son élan. Pourtant elle méritait au moins cela son ange, les mots éparses mais splendides d'un poète ébloui.
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Tadake Yurikô
Sauver une vie
feat. Onryou Maho

" Pendant que tu soignes les blessures, la douleur est un remède à la douleur."



Si l'iroujutsu pouvait être considéré comme un art noble, ce n'était pas uniquement pour les raisons de pure altruisme de son emploi. Cela demandait beaucoup d'énergie et d'attention de la part du pratiquant, un sacrifice de soi. C'était accepté de jouer sur le fil de la vie, de la sienne et de l'autre. Avec l'Onryou, elle avait fait le pari de le tirer de son mauvais sort, elle avait fait le pari de le sauver... mais au prix de sa propre personne. Les techniques qu'elle avait si durement employées étaient d'une nature énergivore, au point qu'elle s'assoupit auprès de son patient. Il fallait dire qu'il ne lui aurait pas été possible de se rendre ailleurs. La plupart des lits était destiné aux blessés et ces derniers étaient pleins. De plus, cela était sans compter sur la modestie de la jeune femme qui préférait toujours faire passer les autres avant son propre confort. Alors, pourquoi se plaindrait-elle? Elle avait après tout un toit au-dessus de sa tête et sa fatigue l'empêchait de se plaindre de la dureté du plancher.

Elle se laissa emporter par Morphée, le corps rompu par sa grande baisse de chakra. Ses songes la conduiraient dans un monde chimérique où le mal ne pourrait l'atteindre, là où les souvenirs heureux lui reviendraient en mémoire pour lui donner la force de se relever. Sa mémoire lui rappellerait pourquoi elle se battait et les sourires victorieux des âmes qui étaient sorties des ténèbres. Elle espérait qu'elle pourrait y ajouter un nouveau visage.... jusqu'à ce qu'elle sentit une présence et une main glissée sur sa peau. Lentement, elle rouvrit ses yeux fatigués et vit tourner vers elle les traits tout aussi tirés de son patient. Allongés tous deux, elle sourit.

" Vous avez réussi.... Vous avez tenu. "

La voix de Yuriko était douce et délicate pour ne pas agresser Maho. La jeune femme se redressa, malgré le fait qu'elle aurait apprécié pouvoir dormir quelques minutes de plus, mais la quinte de toux de son patient lui paraissait prioritaire.

" Je suis heureuse de vous savoir réveillé. Attendez... je vais vous aider. "

Délicatement, la doctoresse glissa une main derrière la nuque de l'Onryou et se saisit du verre d'eau qui se tenait sur son plateau, initialement prévu pour elle. Là, elle apporta le verre aux lèvres de ce dernier.

" Buvez un peu... mais doucement. "

Il était inutile de précipiter les choses et elle ne désirait pas que ce dernier s'étouffa.

" Vous revenez de loin vous savez. "

De loin était le mot quand on calculait le nombre de blessures qui lui avaient été portées. Cela montrait la solide constitution du guerrier car un autre aurait pu très bien périr avant même d'être emmené en ces lieux. Reposant le verre, Yuriko attira l'attention d'une infirmière pour lui quémander un bol de soupe, quelque chose de riches et faciles à avaler.

" Vous m'avez donné beaucoup de fil à retordre, et visiblement beaucoup à vos ennemis. "

Beaucoup était un euphémisme. En tout cas, tout ce qu'elle savait de lui était qu'il avait participé en maintenir les grandes portes de la cité. Toutes ces blessures montraient sa détermination et sa ténacité. Tous n'avaient cependant pas survécu.

" Vos blessures étaient très importantes et graves. Cependant le plus douloureux est derrière vous à présent. Vous êtes normalement hors de danger. "

Mais il ne fallait pas croire qu'il était totalement sorti d'affaire. Il y aurait beaucoup de rééducation à faire, des efforts qui peut-être lui paraîtraient insurmontables au début. Bien accompagné, il ne devrait pas y avoir de difficulté... sur le plan physique en tout cas. Mais qu'en était-il de son esprit? Les batailles aussi violentes érodaient la force des plus braves. Serait-ce aussi son cas?

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Avec la tendresse d'une mère, son ange lui saisit la nuque, apportant à ses lèvres un liquide au combien nécessaire. Rendu docile par la fatigue et, disons le, la prestance de sa bienfaitrice, Maho se laissait faire. Il avalait difficilement, mais son corps réagissait merveilleusement bien. En tant normal il aurait été sur ses gardes, inquiet d'être ainsi sans défense dans les doigts d'une inconnue. Cependant non seulement elle venait de lui sauver la vie, mais il n'avait tout simplement pas la force de s'agiter. Tandis qu'elle interpella une infirmière, sa main se mit à frémir, pour finalement se diriger faiblement vers le visage de la demoiselle. Il n'eut toutefois pas la chance de finir son geste, le membre retombant mollement sur les genoux de la dame.
L'Onryou ne put s'empêcher de sourire. Il y avait tout de même une belle ironie à ce qu'une véritable force de la nature tombât si profondément dans l'impuissance. La belle sembla s'inquiéter de son sourire, aussi tenta-t'elle de le rassurer : il retrouverait ses forces. Ces mots provoquèrent en lui un autre sourire Il n'y avait rien de narquois, rien d'autre qu'une véritable expression de joie, la joie d'être en vie.

"Merci... Merci pour votre aide."

Il tentait évidemment de faire bonne figure, mais sa voix faiblarde parvenait difficilement à masquer son émoi. Ces mots restaient incapables d'exprimer l'élan de gratitude qui l'envahissait. Ce n'était pas la première fois qu'il frôlait la mort, pourtant cette fois il réalisa qu'il avait bien plus à perdre que son ego de Gardien. Depuis qu'il était devenu intendant, depuis qu'il avait rencontré Kameyo, depuis qu'il avait fondé une famille, il ne vivait plus simplement pour lui-même. Sa férocité stupide avait failli l'ôter de ce monde, blessant par la même occasion tout ceux qu'il aimait.
Dieux et démons seuls connaissaient l'étendue de sa joie, celle d'un homme qui venait de comprendre tout ce qu'il avait à perdre, et donc toutes les merveilles qui l'accompagnaient. Lui d'ordinaire frileux à se dévoiler ne put retenir ses larmes, de fines gouttes réagissant à la chaleur nouvelle, bienfaitrice, qui embaumait son cœur.

"Mes filles... Ma tribu. Sans vous ma stupidité m'aurait fait tout perdre... Je les aurais tous abandonnés. Merci beaucoup."

Evidemment qu'il eut été préférable qu'il se taise, sa voix hésitante montrant bien que de simples mots lui demandaient de grands efforts. Seulement il ignorait quand il allait revoir cette femme, et puis il venait d'échapper à la mort, alors il avait hâte de vivre. Sa déshydratation aidant ses larmes séchèrent bien vite.
Il fit alors l'effort de tourner la tête, afin d'enregistrer le visage de son ange gardien. Dans une autre situation il aurait sans doute tenter d'obtenir ses faveurs, les Onryou n'étant pas connu pour leur modération. Seulement l'admiration qu'il éprouvait envers elle le rendait véritablement enfantin, et tout comme un gamin croisant un super-héros, il n'osa rien d'autre que des yeux pleins de tendresse. Ah si quand même, il y avait quelque chose qu'il devait absolument savoir.

"Quelle est votre nom?"
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" Pendant que tu soignes les blessures, la douleur est un remède à la douleur."



La jeune femme venait à peine t'interpeller une infirmière que son patient rompu tentait déjà de bouger. Elle vit sa main lentement essayer de toucher son visage pour s'effondrer sous le poids d'un effort beaucoup trop lourd pour le moment. Mais il réussit à lui sourire alors que la douleur devait être encore forte, et elle se permit de lui rendre cette même esquisse avec bienveillance, tout en lui saisissant cette main qui avait chu sur ses genoux. Elle posa la sienne par-dessus et fit un geste de la tête pour lui signifier que sa gratitude était inutile.

" Vous n'avez pas à me remercier. C'est à nous de le faire. Vous avez sans doute sauver plus de vie que je ne pourrais le faire aujourd'hui. "

Une triste réalité pour elle. Elle jeta un regard en biais, il y avait déjà quelques draps blancs qui recouvraient le visage éteint de certains shinobis. Tout le monde n'aurait pas la chance de l'Onryou. Il le savait sans doute. Elle le savait aussi.

Puis elle le vit verser quelques larmes. Elles voulaient tout dire. Sans nul doute avait-il comprit que son existence avait failli l'échapper. De la joie, du regret, il lui était difficile d'imaginer à cet instant toutes les pensées qui avaient traversé mais en un sens, cela la réconfortait. Un homme capable de pleurer connaissait sa chance et cela signifierait qu'il se battrait pour vivre. L'espoir n'était donc pas mort et la bataille ne lui avait pas asséché le cœur.

Naturellement, elle porta sa main à son visage et essuya le recoin de ses yeux avec délicatesse, tout en concernant un sourire qu'elle voulait le plus chaleureux possible. Elle était fière d'avoir pu le sauver.

" Armez-vous encore d'un peu de courage et réconfortez-vous avec l'idée que vous les reverrez bientôt. Soyez fier de vous car vous avez aussi permis à d'autres de pouvoir connaître cette même joie prochaine. "

Ce fut à cet instant qu'une infirmière arriva à sa hauteur avec un nouveau plateau. Comme convenu, il lui fut servi un petit bol de bouillon bien chaud dont on voyait une fine vapeur s'élever. Elle s'en saisit et souffla légèrement afin de tenter de le refroidir un peu quand son patient la questionna sur son identité. Elle releva la tête en pointant ses petits yeux noirs dans sa direction.

" Yuriko. Tadake Yuriko. Et vous? Puis-je connaître le nom de l'un de nos gardiens salvateurs? "

Tout doucement, elle se déplaça sur le côté pour arriver non plus du visage de l'Onryou. Elle déposa le bol à côté et rempli une cuillère sur laquelle elle souffla à nouveau.

" Il faut vous forcer à manger un peu. Je sais que cela est un peu pénible et que vous désirez sans doute dormir mais, vous avez besoin de reprendre des forces. Cela vous aidera. "

Elle souleva la tête de l'homme-singe avec la même attention que lorsqu'elle l'avait aidé à boire, et amena la cuillère à ses lèvres. L'idéal était qu'il puisse au moins vider la moitié du bol.


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"Maho, intendant des Onryou, gardiens d'Ina..."

Malgré sa faiblesse énorme, ce fut un léger rire qui interrompit le rescapé. Il réalisa rapidement le sérieux de son ton, sa présentation militaire devenant soudainement comique dans pareille situation. Décidément il avait passé trop de temps sur les champs de bataille, s'il se sentait obligé de décliner ses titres à tout bout de champ. L'hilarité s’essoufflant d'elle même, l'Onryou se reprit, usant cette fois d'un ton bien moins formel.

"Onryou Maho. Si un jour vous avez besoin d'aide au sein d'Inari, n'hésitez pas à contacter les miens."

Ce fut là ses derniers mots, car une cuillère vint caresser ses lèvres. Il mentirait en disant qu'il n'était pas un peu gêné, et le regard fuyant qu'il lança à sa bienfaitrice avant de se concentrer sur la soupe l'exprimait largement. Cependant il n'avait pas le luxe de se soucier des apparences, avaler requérant soudainement toute son attention.
S'il parvenait à ingurgiter, il avait l'impression que son tube digestif avait été écrasé, tant les aliments pourtant liquides peinaient à le traverser. La première cuillère lui sembla un défi insurmontable, et voici qu'une autre arrivait, un coup d’œil presque désespéré au bol encore plein lui indiquant qu'il n'était pas au bout de ses peines. Pourtant il n'en était pas à son premier flirt avec la mort. Toujours écouter son médecin, il avait appris cela de ses erreurs, et bien qu'encore vaillant, il ne pouvait plus se permettre les inconséquences de sa jeunesse.

"Et bien en voila un valeureux Gardien..."

Profitant d'une pause salvatrice, Maho s'apprêtait déjà à plaisanter. L'humour pouvait sembler futile, mais s'il pouvait rire de la situation, cela signifiait que le pire était derrière lui. Pourtant il s'arrêta au beau milieu de sa phrase, observant cette fois un peu plus attentivement sa soigneuse. Elle le masquait divinement bien, mais ses yeux humides trahissaient sa fatigue. En y repensant, il l'avait trouvée allongée à ses côtés à son réveil, et ce n'était sans doute pas simplement par conscience professionnelle. L'Onryou ignorait tout des secrets de l'Iroujutsu, mais au moins savait-il que la magie des guérisseurs n'était point chose facile à déployer. Elle devait sans doute être épuisée, et voici qu'elle perdait son temps à lui donner la becquée. Cette femme était absolument merveilleuse.

"Je vous remercie pour vos efforts, mais vous devez être exténuée... Ne vous en faites pas pour moi, le plus dur est passé. Grace à vous!"
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" Pendant que tu soignes les blessures, la douleur est un remède à la douleur."



Elle avait maintenant un nom : Maho. Mais elle s'étonna du titre car elle ne s'attendait pas à être en présence d'un homme si haut placé dans la tête de son clan. Quand à Inari, elle en connaissait quelques environs car elle aimait l'endroit et sa nature sauvage. Pourtant, aussi surprenant que cela puisse paraître, elle n'avait jamais eu le loisir de croiser un seul Onryou de sa vie. Il semblerait que l'erreur en soit réparer. De ce clan, elle n'en connaissait que des légendes et l'une d'elle venait de se dessiner devant ses yeux.

" Je vous remercie infiniment. J'espère cependant pouvoir venir dans vos graciles forêts pour pouvoir les admirer plutôt que m'amener à vous avec le besoin de recouvrir à votre force.  Vous avez déjà fait beaucoup. "

Yuriko afficha un petit sourire empli de sincérité puis s'évertua à aider son patient à retrouver ses forces. Toutefois, lorsqu'elle sentit qu'il avait quelques difficultés, elle n'insista pas et reposa sa cuillère dans le bol à demi-rempli. C'était déjà un bon début, précipiter les choses ne l'aiderait pas et il semblait dans tous les cas ne pas faire preuve de récalcitrance. Mais voilà qu'il commença une phrase qui ne trouva de fin que dans le regard appuyé de l'intendant Onryou à l'égard de la jeune femme. Si au début, elle arqua un sourcil, la kunoichi laissa échapper un petit rire avec une pointe moqueuse.

" Mais que vois-je donc là? Le patient qui s'inquiète de la santé de son médecin? Quelle étrange ironie. "

La konohajin reprit le bol et le déposa sur le plateau que lui avait fourni l'infirmière. Elle déplaça le tout aux côtés de Maho, de telle façon que si cela fut nécessaire et si il en avait la force, il pourrait se saisir du verre d'eau. La soupe serait sans doute froide d'ici-là. Elle finit toutefois par reporter à nouveau son attention sur son malade.

" Le travail d'un médecin n'est jamais totalement fini et pardonnez-moi de faire preuve d'un peu d'autorité en vous signifiant que je serais la seule à décider si j'en ai fini avec vous. "

Une esquisse chaleureuse se dessina sur les traits fatiguées de la jeune femme.

" Mais je suppose que je dois avoir une tête bien vilaine pour que vous puissiez me faire remarquer cela. Je ne vous le cacherais cependant pas par respect pour vous, que vous m'avez donné du fil à retordre. Je n'ose imaginer ce que cela a dû être pour vos ennemis. "

A ces mots, la belle au cheveux de jais s'allongea à nouveau aux côtés de son patient. Cette fois-ci, ce serait elle la gardienne. Elle veillerait en espérant que Morphée ne la rappela pas trop tôt.

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