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Concours de B...Bouddha (Mission B)

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Akuma Tama
Akuma Tama
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Akuma Tama





Concours de B... Bouddha





Mission:

La Voie m'avait amené assez rarement dans la vallée de la foudre.

Son caractère extrême, dans le Sekaï, sans doute. Les miens aimaient les grands espaces, avec beaucoup de plaines et des arbres... Cette partie du monde n'offrait que de la verticalité et nos griffes n'appréciaient guère s'accrocher aux rochers. "Elles sont solides, mais quand même !" Pour autant, mes pas et mon destin, défini par cette mission, m'avait conduit dans cette région.

J'avais dû, avant, traverser l'Isthme de Gel et la vallée des nuages. Un voyage exténuant, long et difficile, puisque l'isolement avait rendu ces provinces hostiles : Complètement enclavés dans les montagnes, la vie m'y semblait très dure. Les gens survivaient grâce à l'exploitation minière et à ce qu’ils pouvaient arracher à une terre ingrate. Géographiquement, c'était aussi assez rude : Des vallées froides et de longues plaines balayées par des vents froids. Le confort, ils ne connaissaient pas.

Les personnes y vivant apprenaient à se battre dès leur enfance, c'était un fait... Pour survivre, il n'y avait pas d'autres choix. Sur mon trajet, j’avais croisé quelques brigands qui avaient essayé, tant bien que mal, de me racketter quelques ryos. Les pauvres, rachitiques et tenant des armes ressemblant plus à des couteaux à beurre qu’à une vraie menace, ne firent que peu le poids. Je n'avais même pas eu à sortir les griffes : en étalant l'un, les autres fuyaient… Il n’y avait pas vraiment de soucis de la richesse chez eux, mais plutôt de la survie.  La neige et le gouvernement pathétique n’aidaient pas, poussant les populations à la faim et des extrémités dangereuse pour le chaland voyageur. J’imaginais sans peine le marchand un peu sympathique rebrousser chemin en voyant ces bandits. Les habitants étaient habitués à la simplicité de la peur, un peu de résistance et ils étaient perdus. Tout partait en vrille dans cette région, il suffisait sans doute de se baisser pour ramasser les restes : Tetsu ou une autre puissance.

Arrivé enfin dans la Vallée de la foudre, je pus observer une nouvelle fois la haute altitude et la prédominance, encore et toujours, de la neige. En croisant un voyageur, j'appris que si le Nord exploitait des minerais, créant moult richesses à exporter, l'Est, lui, exploitait la mer et ses trésors. Ainsi le commerce intérieur enrichissait et maintenait en vie cette région. "Pas de voleurs, alors ?"

Ainsi, les régions avant n'étaient que des obstacles pour la vraie richesse ?

Cogitant cette idée, je me dirigeais dans l'arrière-pays de la zone, la Côte Dorée de Kami-Tenahara. L'extrême de l'extrême du Sekaï. Là-bas, j'étais missionné pour surveiller un chantier... Et peut-être, si l'occasion se présentait, détruire celui du concurrent. Une histoire de succession sous la condition de la religion : La construction d'un temple. Alors, deux familles s'étaient mises en tête de faire la course pour dominer la région.

"Bénie soit la Mère de ne pas avoir donné aux Akuma une tâche aussi ridicule." Yaban et les miens me manquaient déjà, mais ce travail payait bien et s'annonçait assez facile... Observer et arrêter des fauteurs de troubles, je pouvais faire. J'avais été un fameux pisteur du clan et ma place au conseil, une fois adulte, avait été donné grâce à mon odorat. "De plus, je peux rester assez discret... Les ninjas ennemis ne me verront pas !"

Le problème était le juste-au-boutisme des adversaires : Allaient-ils essayer de me tuer pour saboter le chantier ? Pour un travail aussi matériel, je ne comptais pas verser le sang. Terminer la vie de quelqu'un pour une statue de bouddha et un gros temple, c'était malsain...

"Tu crois qu'il faut une raison pour tuer ?" Ce foutu chat me collait au basque et avait beaucoup insisté pour que je tue les brigands dans l'Isthme de Gel. Si j'arrivais à l'ignorer, la plupart du temps, ses remarques restaient assez désagréables. J'y avais pensé, d'achever leurs souffrances et leur pauvreté. Rapidement, de manière presque cordiale. "Ils n'ont pas le courage de se suicider, autant les aider un peu..." Secouant la tête, je dissipai ces pensées parasites. Plus le temps passait, plus je croyais que ces idées n'étaient pas les miennes. C'était celle de ce Nekomata de malheur.

Au bout de plusieurs heures de marches, en début d'après-midi, je réussis à atteindre l'entrée du territoire des Chihoko, la famille qui m'employait. Un large panneau annonçait l'administration de ceux-ci sur les terres... Où était celui de leurs rivaux, les Yoite. Étaient ils voisin frontalier ? Beaucoup de questions que j'allais devoir poser à mon employeur pour commencer mon travail. Avançant jusqu'au temple, visible de ma position, je laissais mon baluchon tapoter contre mon épaule presque gaiement. L'une des grandes questions était aussi la présence de coéquipiers ou non ? Surveiller un tel édifice, avec l'objectif secondaire de saboter celui des autres... Tout seul, c'était compliqué.

Une chose était sûre :
"De l'argent pour mon clan !"
















Sphinx. Yukio 022



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Sarutobi Hinoke
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Brûler, mais pas que de l'encens
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Rouleau en main, Hinoke prend la route. Elle n’avait pas posé de question à celui qui le lui avait remis, profitant simplement du fait qu’il semblait désespérément chercher quelqu’un à qui refiler son fardeau. Si elle avait pu pousser le vice, peut-être même aurait-elle grappillé quelques ryos de plus contre sa promesse d’aller, en personne et au plus vite, chez le commanditaire. La seule chose qui l’en avait empêché, c’était l’information, un peu agaçante, de savoir que quelqu’un était déjà sur le coup de la juteuse récompense qu’elle avait aperçue en survolant l’intitulé. Cupide comme elle l’était, l’idée de devoir partager lui avait donné suffisamment d’entrain pour négliger les notions de temps et de repos. Premier arrivé, premier servi n’était-ce pas le dicton ?

Le voyage jusqu’à la vallée de la foudre lui prit une bonne semaine. Une semaine et un jour, plus précisément, qu’elle avait choisi de s’accorder pour dormir au sommet d’un sapin en marge de la ville où avait lieu le fameux concours de temple. Si la raison pour laquelle on requérait ses services n’intéressait guère la Sarutobi, elle ne pouvait cependant nier la réalité extrêmement satisfaisante qu’elle était tombée sur un travail facile. Les structures de la ville semblaient, majoritairement, composée de bois, ce qui ne laissait présager rien de plus exotique pour la construction des deux édifices religieux. Restait, cependant, un épineux problème à résoudre à l’avenir : la balafrée, dans toute sa conscience inexistante, devait se résoudre à admettre qu’il allait lui être difficile, voire impossible de passer inaperçu au vu de ses flamboyants talents. Ce qui signifiait s’asseoir sur une allonge de monnaie supplémentaire et, pour la jeune femme, il en était tout simplement hors de question.

Usant et abusant de sa journée de repos pour se promener un peu dans les environs, Hinoke repense, dubitative, à ce fameux second parti. Devait-elle jouer la prudence et attendre ce renfort en espérant qu’il lui permettrait de rafler la mise supplémentaire ? Devait-elle aller voir directement le commanditaire et s’en tamponner l’oreille avec une babouche ? Les solutions se valaient, puisqu’elle n’avait, de toute façon, aucune garantie que son soit disant coéquipier ne tente pas de la doubler ou soit réellement utile. Alors qu’elle réfléchit, le regard de la jeune fille se pose sur le masque qu’elle tenait dans les mains. Elle ferait au moins illusion, le temps de l’entrevue, avant de décider avec l’autre comment ils se dépatouilleraient de cette histoire.

C’est le lendemain, fraiche et disponible, son long manteau usé et son masque blanc à quatre yeux, que la jeune femme s’engage dans les rues. Elle se présente alors, de sa voix déformée et chevrotante, aux gardes du domaine, leur remettant le rouleau comme s’il s’agissait d’un courrier urgent, comptant simplement sur l’intelligence de ceux-ci pour qu’ils en reconnaisse la nature. Lorsqu’enfin on lui autorise le passage, la Sarutobi s’incline respectueusement, suivant sans faire de vague le serviteur, pour attendre, patiemment dans l’anti-chambre, que les Chihoko daigne la recevoir.
Quittant son manteau, qu’elle se met à plier précautionneusement, Hinoke s’assoit et jette un regard à la pièce. Occupée à estimer le nombre de ryos qu’elle pourrait se faire si elle empruntait de manière indéterminée quelques un des ornements offerts à sa vue, elle néglige l’arrivée de la personne suivante et sursaute lorsque le battant de la porte se met à coulisser. Immobilisée la main à mis course de sa pochette d’équipement, la masquée pose son regard quadruple et indéchiffrable sur la silhouette du nouvelle arrivant. Le voilà donc, ce fameux coéquipier.
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Les temples se dressaient chacun de leur côté, mais surtout les boudha se construisaient aussi vite que possible. Ce concours était une aubaine pour beaucoup : du travail supplémentaire, de quoi gagner honnêtement sa vie pendant quelques jours, d’avoir un repas fourni le midi, de qualité médiocre mais quand même… Beaucoup voudraient que cette situation dure ! Après tout le travail était toujours le bienvenu. Le village bruissait de bruit et de cri, il fallait dire qu’avec les deux temples proches de quelques kilomètres, une cacahuète pour un ninja entraîné !, les rumeurs et tout cela allait bon train ! L’essieu d’un chariot cédant sous le poids des matériaux… Un coup de l’ennemi Yoite ! Les deux ninjas purent s’en apercevoir en traversant les terres.

Les gardes aperçurent Tama ainsi que son acolyte, bien qu’ils n’arrivassent pas en même temps, et les firent attendre en bordure du chantier qui résonnait de cris d’efforts et d’encouragement. Les deux ninjas pouvaient admirer les efforts titanesques pour réaliser ce projet. Des moines circulaient, portant eaux et soutient à ceux en ayant besoin. Le masque eut son petit effet, mais personne ne demanda à ce que Hinoke l’ôte pour l’instant. Les moines leur portèrent même de l’eau sans parler avec eux. Le seigneur Chihoko Tsugito avait été prévenu, mais dans son manoir, il avait dit qu’il prendrait un peu de temps avant d’arriver. Il le fit d’ailleurs, à cheval et il n’avait pas l’intention de mettre pieds à terre pour saluer les ninjas.

« Je suis Chihoko Tsugito, vous devez être les envoyés pour la protection du temple. Suivez-moi. »

Les gardes s’écartèrent aussitôt pour laisser passer l’homme aux cheveux naturellement bleue qui se mit à avancer, toujours sur sa monture d’un beau noir, entre les ouvriers.

« Comme vous pouvez le voir, nous relevons le défi lancé ! Et nous avançons bien mieux que les Yoite ! Et ils s’en sont aperçu ! Depuis quelques… merci. »

Il se pencha pour recevoir un geste de bénédiction d’un des prêtres sur son front, geste que le saint homme répéta sur le front des ninjas avant de repartir, le seigneur reprit.

« Depuis quelque temps, nous subissons beaucoup trop d’accidents suspects, pour l’instant pas de blessé mais le retard commence à s’accumuler. Votre travail c’est de surveiller le chantier pour que plus rien ne se passe. Et au besoin… Vous connaissez l’expression enfantine « Miroir miroir tout ce que tu dis revient vers toi » ? »

Il leur offrit un sourire qui voulait tout dire et les mena à une tente au cœur du chantier.

« Vous logerez ici, les moines s’occuperont de tout. Ah… voici le Moine Anpo qui s’occupera de vous. Sur ce… j’attends des résultats. »

Il avait un ton sec et il fit demi tour pour partir aussitôt. Anpo sourit aux ninjas.

« Bienvenu, vous aurez une tente pour vous. Je suis tout ouïe à vos questions. »

Il inclina la tête vers eux.


Anpo:
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Akuma Tama
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Akuma Tama





Concours de B... Bouddha





Le village était gâté ! Deux constructions titanesques pour une région si lointaine... L'économie était florissante, si les nobles se lançaient dans des jeux aussi puérils. Avançant vers la commune, je cédais au plaisir d'admirer l'architecture de cette zone inconnue : J'avais croisé beaucoup d'agglomération, assez peu de villes, ainsi les grands édifices me semblaient encore plus énorme que pour les autres. Je rêvais de grimper au sommet de ces bâtiments pour admirer le monde. Les montagnes me faisaient envie, mais c'étaient les constructions humaines qui me donnaient le plus de désir.

"Rendez-vous compte de la magnificence de ces colonnades ! L’imposant ne le dispute-t-il pas à la majesté ?"
D'un œil curieux, je constatai l'admiration du Nekomata pour le lieu de la mission. Enfin, il la fermait un peu pour apprécier le paysage, c'était du temps gagné avec la paix dans mon esprit.

Les travaux n'étaient pas gratuits et pas autosuffisants : Des gens bossaient toute la journée pour l'égo de riches trous du cul. D'un sourire mauvais, j'acceptais le fait de travailler pour certains... Le seigneur porc ou les ambitieux de la vallée de la foudre, mon destin était toujours lié aux puissances de l'argent. "C'est eux qui ont le budget pour s'offrir mes services..." Ceux qui méritaient vraiment la solidarité, ils n'avaient pas les ryos pour se l'offrir... "Si triste." en fin de compte, peut-être étais-je aussi méprisable que les samouraïs qui avaient accepté de génocider mon clan un fameux soir ? "Non, jamais je n'aurais pris part à cette folie." Il y avait des limites à ma soumission et à mon besoin de financement pour les Akuma.

Comment pourrais-je me regarder si je commettais un tel crime envers l'humanité ?

L'humanité, parlons en, ces artisans et ces commerçants qui profitaient de l'activité subite pour nourrir leur propre famille. Des fourmis, aventureuses et audacieuses, qui prenaient par à ce concours idiot... J'en faisais partie, à mon échelle. Chacun faisait sa part : Le maçon façonner l'idole alors que le ninja la défendait ou la sabotait. En parlant de cette dernière option, un chariot éclata devant moi alors que je transitai vers le domaine des Chihoko. Me baissant pour ramasser quelques outils devant moi, j'aidais le pauvre malheureux qui allait devoir trouver un moyen alternatif pour amener le matériel à bon port.

"Désolé, mon rôle est ailleurs."

Finalement, mes pas m'amenèrent au chantier qui m'était dévolu. Me présentant au garde, je fus conduit en bordure du chantier où une silhouette s'approchait dangereusement de quelques objets laissés de côté... Fronçant les sourcils, je détaillais avec une certaine méfiance cette forme de vie qui semblait attendre également la suite des événements : Une partenaire ? Une autre force qui allait m'aider ou m'emmerder dans mon travail ? Le masque m'empêchait de déceler une émotion ou juste son apparence, mais sa forme définissait son genre. Une fille, assez jeune, bien plus que moi en tout cas. Sans cacher ma présence, je m'approchais de la demoiselle pour me présenter : Politesse basique, mais surtout prise d'information... autant orale qu'olfactive. Pour un traqueur comptant énormément sur son nez, avoir la trace hormonale de cette personne m'était important.  

Une odeur forestière, nacré par le temps proche de la sève et le bois mort, seulement une fragrance m'inquiéta un peu : Du brûlé, une odeur subtile, mais présente. Cette fille était proche régulièrement avec du feu, ou un combustible.

- Bonjour, je suis Tama. Vous venez pour la mission ? Malgré son apparente jeunesse, je n'allais pas tout de suite tutoyer cette personne. Il y avait des manières. Pas de questions sur le masque, encore, il y avait mille raisons pour cacher son apparence : La laideur, un accident, la peur d'être reconnue... Moi-même, je camouflai basiquement la cicatrice sur mon front à l'aide de mes cheveux. C'était un petit masque, à moi. Vous avez dû voir, comme moi, des accidents étranges sur la route... D'autres ninjas sont dans la région et surtout dans l'autre camp. Une moue désolée sur le visage, je continuais. On va devoir être sur la défensive, pour trouver les coupables, avant de s'intéresser à ce qu'on peut faire contre... Un instant, je cherchais le bon mot. Le rival.

Pas question de dire clairement, même en terrain allié, la moindre de mes intentions sur une possible attaque du chantier adverse... Le concours devait être pacifique, en théorie. "S'il l'était vraiment, nous ne serions pas là." L'objectif ici était d'apprendre à connaitre la dame, le temps du partage des compétences allait être plus tard, à l'écart des yeux indiscrets. Des moines amenèrent de l'eau et je fus satisfait de pouvoir m'asseoir à même le sol pour profiter d'un peu de repos avant qu'on ne me mette en activité... Sous couvert d'une bonhommie factice, je surveillais le paysage devant moi.

Le manteau de la nuit était favorable aux ninjas, mais certains espions pouvaient mobiliser des arts sournois pour vagabonder en plein jour parmi les ouvriers. "Rien qu'un Dai Henge et le ninja est incognito." Une grande gorgée d'eau me fit le plus grand bien et à mes pieds, je sentais Taiyo tout excité d'avoir une opportunité de massacrer quelqu'un. "Tout doux, on ne va tuer personne. On n'est pas là pour prendre des vies. On protège le Bouddha et on casse du matériel, c'est tout." Un ronronnement distant, mais compréhensif, il attendait son tour... Conscient qu'à la moindre confrontation un peu tendue, il allait falloir faire un choix.

Évidemment, si les adversaires voulaient nous buter, on allait répondre.

Rapidement, un homme déboula à cheval : L'air noble par son port sur sa monture, mais surtout son attitude. Il n'allait pas descendre pour nous. Seul trait étrange : Des cheveux bleus qui détonaient avec le noir de sa monture, ainsi que ses vêtements brodés. Sommairement, il se présenta et nous proposa de le suivre. Sur son passage, les hommes s'écartèrent en baissant la tête : Chihoko Tsugito était le seigneur des lieux et les gens respectaient sa position. "On n'aura pas de problème d'insubordination." L'homme vanta la vitesse de son chantier, le comparant avec celui des Yoite... malheureusement, la rançon du succès était les manœuvres des ennemis. Un peu mal à l'aise, j'acceptais le signe du prêtre, non sans me demander si Nibi acceptait ses petites attentions d'une autre divinité...

Allais-je brûler à cause de ce geste ? Une pensée amusante, pour moi qui étais assez distant avec le culte Akuma. La Mère, c'était surtout une figure habituelle dans mon paysage religieux... Mais au fond, j'avais du mal à imaginer notre ancêtre commun, encore de ce monde, nous laisser nous faire massacrer par des hommes sans griffes, mais avec des belles armures. "Une honte." Si le Démon-Chat existait, il ne nous aimait guère...

Notre rôle était de protéger le chantier et, à demi-mot, le noble nous proposa de rendre la pareille aux Yoite. D'un sourire, je m'amusais de sa citation, même si les rivaux n'avaient encore rien dit... Juste fait. "On peut être de bonne naissance et employer des citations qui ne vont pas avec la situation." Peut-être aussi que j'étais un pisse-froid. Oisivement, après ces explications, il nous conduisit vers une tente à la vue de tous en nous déclarant que c'était notre logement... Un homme était chargé de nous, sans doute pour les informations et les banalités du type : Où sont les toilettes ? Enfin, l'homme monté nous laissa en nous enjoignant de donner des résultats.

- Si votre chantier est encore debout dans une semaine, ce sera déjà un bon résultat. Un air amical sur le visage, je laissais l'orgueilleux personnage partir. Le vieil homme qui avait notre charge se présenta, ouvert aux questions...

Le travail commençait.

Je devais prendre connaissance de l'ampleur des accidents, la régularité... S'il y avait des suspects, déjà. Regardant la femme masquée, je lui fis un petit signe pour la laisser s'exprimer en première, puis, une fois ses interrogations faites, je pris la parole :

- J'ai besoin d'une liste des accidents. Il faut qu'on sache quand ça se passe, à quel endroit spécifiquement... Il y a déjà des suspects ? Le départ était là : Des pistes, des présupposés... S'il n'y avait rien, il nous restait à surveiller et attraper le premier saboteur qui passait.

L'odeur du chantier, des matériaux tel que le bois qui vaguait dans les airs, m'empéchait de clairement définir le parfum de chacun. J'allais devoir faire confiance à mes yeux et me faire le plus petit possible pour prendre en flagrant délit un shinobi adverse.

"Et si on brûlait juste le chantier des Yoite ?"
















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Sarutobi Hinoke
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Brûler, mais pas que de l'encens
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Hinoke n’était pas particulièrement religieuse, ni même attirée par les bâtiments de manière générale, mais ne put s’empêcher de siffler d’admiration en arrivant à destination. Sifflement dont la tonalité, déformée, rendait l’audition bien plus douloureuse que prévu et qu’elle regrette aussitôt. Grimaçante sous son masque, la petite maitresse de la lave pose un regard neuf sur le chantier qu’elle avait examiné de loin jusque-là, déclinant l’eau qu’on lui offrait par pur besoin de maintenir son anonymat. Elle ne prête guère attention aux gens qui les croisent, manquant même de remarquer Tama dont l’arrivée lui fait arquer un sourcil, tout comme l’introduction presque immédiate.

« Hinoke. »
Elle tend une main à son compagnon, révélant son poignet barré d’une cicatrice nette, la voix chevrotante de son masque créant un inquiétant contraste entre les âges qu’on pouvait attribuer à sa silhouette. « Si vous le dites. »

Les quatre yeux se tournent vers les sources d’eau, disposées çà et là, avant de revenir se poser sur les gardes qui semblaient s’agiter un peu. La balafrée n’avait, à vrai dire, que peu d’option à proposer en terme de recherche d’ennemi, si l’autre fouinard de ninja après la récompense se concentrait vraiment là-dessus. Elle doutait, grandement, de pouvoir appliquer sa longue traque des animaux forestiers à qui que ce soit de compétent, aussi haussa-t-elle les épaules, indifférente à la façon dont pouvait bien tourner la conversation, pour le moment.
« On verra bien. »
Terminant l’échange sans y mettre le moindre effort de forme, faute d’en comprendre l’importance, la jeune femme tourne la tête dans la même direction que celle des gardes, pointant une silhouette à cheval dont la taille grossissait à vue d’œil. Autour d’eux, les hommes sortaient de leur routine lassante, sonnant un étrange branlebas de combat qui mit la puce à l’oreille de la Sarutobi, à mesure que les traits de la personne se précisait. L’homme, juché sur ce qui semblait une jument, chevauchait à bonne allure, sa tenue officielle luisant sous le soleil. Il finit par atteindre leur hauteur et, sans même faire mine de descendre, les toise depuis le bon mètre quatre-vingt de sa monture, forçant Hinoke à se plier à un exercice qu’elle détestait : celui de se dévisser le cou pour pourvoir regarder quelqu’un.

Ruminant mentalement contre ce péteux de Chihoko Tsugito qui venait, brutalement et désagréablement, de lui rappeler qu’elle était bien plus petite que la moyenne, la jeune femme emboite le pas à leur employeur, ses mains glissant tranquillement vers ses poches pour se refermer sur la sensation familière de son équipement. Le petit seigneur, bien trop pressé pour leur accorder plus de quelques minutes de son temps, repart presque aussitôt, abandonnant les deux ninjas aux mains de celui que la Sarutobi estimait en charge de la situation sur place.

« La structure principale, elle est en bois ? Et la leur ? »
Si elle se fiait seulement à ce qu’elle avait vu, la jeune femme aurait mis sa main au feu que oui. De quoi expliquer, aussi, la grande quantité d’eau à proximité immédiate, qu’elle n’estimait pas dédié au confort de la faune locale. L’employeur ne semblait pas du genre à se préoccuper d’autre chose que de sa propre personne et sa propre réussite, quitte à marcher sur son prochain pour l’obtenir. Un comportement fort peu étranger à Hinoke qui n’y voyait là qu’un homme de plus dont l’argent pouvait soutenir les ambitions … et son porte-monnaie. La jeune femme aux cheveux cendrés désigne l’un des porteurs, facilement visible dans l’ouverture de la tente et dont les lourdes barriques donnait mal au dos rien qu’à le voir déambuler entre les différents groupes d’ouvriers qui descendaient des échafaudages de bambous pour mieux y retourner, chargé des outils dont ils avaient besoin.

« Comment sont réparties les sources d’eau ? »

La question était importante pour la pyromane qu’elle était. Si la totalité du chantier reposait sur un ouvrage principalement en bois, la moindre étincelle signifiait l’arrêt de mort du projet et, si les attaques avaient déjà commencé, il était facile de deviner que la petite rivalité des deux familles allait bien vite escalader. Ils avaient déjà lancer, sans doute, de petit larcins, des sabotages qu’on pouvait certainement accorder à de la négligence, peut-être même des disparitions d’employé important s’ils n’avaient pas la même contrainte de discrétion que le duo à l’intérieur de la tente. Il était facile, si facile, pour Hinoke d’imaginer qu’on les avait peut-être déjà pistés et elle se félicite d’autant plus d’avoir dissimulé ses traits derrière son masque. Il lui serait bien plus facile de fureter un peu partout, si elle prenait soin de cacher ses cicatrices, et encore plus chez l’ennemi. Jetant un regard à l’homme plus âgé qui l’accompagnait, la Sarutobi ne peut un raclement de gorge, en constatant que, l’un comme l’autre, ils étaient difficilement oubliables. Son teint de peau, un peu bizarre, lui rappelait une variation de couleur plus foncée et plus vivante que celle qu’elle avait pu étudier sur les malades ou les cadavres, mais était suffisamment exceptionnelle pour marquer les esprits. Il était, sans doute, le premier qu’elle croisait avec un grain de peau du genre, ce qui lui faisait craindre que leur adversaires ne soient déjà au courant de leur présence.

« Avez-vous des uniformes de travailleur ? Ou quelque chose qui pourrait fonctionner comme déguisement, je ne suis pas particulièrement difficile. » La masquée baisse la tête sur sa tenue, composé d’un grand hakama sombre et d’une veste de kimono dont les manches, longues, cachaient presque l’entièreté de ses mains. Si le manteau en cachait une bonne partie, il n’en était pas moins que, malgré l’usure apparente du tissu, ni elle ni son compagnon ne ferait naturel en rejoignant la cohue des ouvriers. « Je préfère que le mot suspect ne soit pas marqué en gros sur nos têtes, si vous avez déjà des petits accidents. Notre arrivée risque déjà d’en provoquer d’autres, soyez prudent. »

Les quatre ouvertures du masque se tournent vers son étrange compagnon, signe que la jeune femme n’avait pas d’autre demande à formuler. Le champ libre, Tama s’engouffre sur la piste des accidents comme un affamé. Il avait l’air d’étudier, sincèrement, les possibilités à mesure que l’homme de foi déroulait le tableau de ces derniers jours sur le chantier. Hinoke, elle, se perd dans l’observation silencieuse, de l’extérieur de la tente à travers le battant ouvert de ce qui semblait servir de lieu de pause ou peut-être d’abri si d’aventure le soleil venait à tourmenter un peu trop la multitude d’âme afférée sur les lieux. Les voix des ouvriers portaient jusqu’à eux, certains hurlant des instructions, d’autres hélant leurs compères pour chasser la fatigue d’un travail difficile. Un joyeux spectacle auquel la Sarutobi assistait, de marbre, interrompant seulement l’échange qui faisait rage dans son dos pour poser une dernière question.

« Au fait, vous avez une carte du ou des chantiers ? »

Très certainement impolie, la kunoichi n’en demeurait pas moins sincèrement intriguée par la réponse, curieuse de voir comment elle pourrait utiliser à son avantage un endroit aussi boisé. Elle adresse un simple hochement de tête en remerciement à leur guide, avant de jeter un œil à celui qui allait lui servir de compagnon pour les prochaines semaines. Elle reste alors silencieuse, attendant patiemment qu’Anpo prenne congé après avoir satisfait la curiosité de l’homme aux étranges pupilles fendues. Sortant de sa torpeur, elle adresse alors une seule et unique question au ninja, de son étrange voix chevrotante.

« Et si on brûlait juste le chantier des Yoite ? »
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Le vieux prêtre leur offrit un doux sourire avant de les inviter à rentrer dans la tente pour se reposer et discuter plus tranquillement. Son regard se fit plus sévère à sa remarque et il secoua la tête.

« J’ignore tout de leur chantier, je suis prêtre, pas ouvrier voyons. Ici le seigneur a choisi un mélange de bois et de pierre de ce que je sais. C’est le cas de la charpente ici en bois. Des piliers sont aussi en bois, mais les murs et tout cela en pierre. »

Il s’assit sur le tapis de la tente spartiate. Il y avait deux lits simples et une petite table au fond, un tapis au sol. Le prêtre s’installa à genoux face à eux tout tranquillement comme-ci la situation allait bien.

« La répartition des points d’eaux ? Pas spécialement, nous avons fait remplir des citernes un peu partout, mais il y a la rivière à quelques kilomètres, nous y allons tous les jours avec mes confrères pour assurer l’eau à tous. »

Il poussa un long soupire à sa remarque et ôta sa capette pour passer une main dans ses cheveux en observant les deux ninjas sans rien dire. Des uniformes ?

« Il n’y a pas d’uniforme, les gens viennent avec les leurs, la seule chose que fournit le seigneur c’est les équipements de protection. Mais beaucoup ont des simples débardeurs et le pantalon, vous trouverez tout au village. Et je crains qu’on ne vous ai déjà remarqué. »

Il inclina doucement la tête sans rien dire d’autre et fronça les sourcils.

« Non, il n’y a que les plans. Et pour la deuxième fois : je ne prends pas part à ce concours ! Je suis prêtre ! »

Il était plus qu'agacé de ces questions et insinuations. Furieux de ce qu'il pouvait sentir et comprendre de ces questions il n'aimait pas ça du tout ! Si bien qu'il pointa son doigt sur Tama :

« Tenez votre amie et camarade ! Il n’y a aucun suspect ! La tension est telle entre ces deux familles que des simples accidents sur le chantier met le feu aux poudres ! Mais depuis que je suis ici il n’y a rien en incident extraordinaire ! Des cordes cassent, des malfaçons ralentissent le chantier ! Mais cela est la même partout ! Vous n’êtes pas des ninjas mais des criminels ! »

Il sortit en bousculant les deux ninjas. Autant pour leur réputation…
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Akuma Tama
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Concours de B... Bouddha





Mon épaule cogna presque douloureusement contre celle du prêtre quand il quitta la tente : J'étais soufflé de sa réponse et sa réaction. "Nous, des criminels ?" Taiyo se frotta contre ma jambe à cette pensée, content du qualificatif... C'était quoi ce bordel ?

- Des criminels ? On vient juste d'arriver... Évidemment, les questions de Hinoke étaient suspectes, mais qui n'auraient pas de tels questionnements face aux rouleaux qui indiquaient "défendre et attaquer." Fronçant les sourcils, je réfléchissais aux signes que j'avais envoyés pour qu'il sorte ainsi de ses gonds, le religieux.

Guettant l'entrée où le bougre avait décampé, je soupirai devant ce début de mission qui sonnait très étrange... On était les bienvenues ? Apparemment, non. Sans doute que les ninjas étaient proches des méchants dans l'esprit binaire de ce type d'homme. Dans mon dos, soudainement, une nouvelle réaction du Nekomata qui répétait encore sa petite phrase sur le fait de brûler le chantier. Criant dans ma tête à cette bête de la fermer bien fort, je n'eus comme retour qu'un ricanement mielleux... Ce n'était pas lui ? Tournant les talons, je découvris la source de cette nouvelle proposition : Ma partenaire.

"Je l'aime bien, elle." Devant cette bêtise, cette coïncidence du destin, je ne pus que rigoler amèrement du scénario de cette mission qui devenait de plus en plus compliqué. Je pouvais crier sur le démon qui logeait dans ma tête, mais pas sur cette sinistre inconnue dont j'ignorai le visage. Ma main droite vint frotter vigoureusement mon front, comme pour chasser le doute et l'appréhension. "On est parti." Sans un mot, je traversais notre espace commun pour venir m'asseoir à la petite table offerte pour nous restaurer. Une carafe d'eau était mise à notre disposition, sans doute pour nous réconforter du long voyage fait.

- Si vous avez un plan pour brûler le chantier sans nous faire prendre et sans montrer le moindre signe de ninjutsu, je suis preneur. Le but de la mission est de gagner après tout... À tout prix. "Pas tuer en tout cas, mais un peu de casse est acceptable." Le contenant dans la main, je versais lentement le liquide dans un verre prévu à cet effet. Le bois est un bon combustible, sur le fond ce n'est pas une mauvaise idée. C'est l'exécution qui est problématique. Gardant la boisson devant moi, sans y porter les lèvres, je croisais les bras en réfléchissant.

"Pourquoi quand c'est moi tu refuses ?" Dans un coin de ma tête, cette saloperie râlait. "Parce que tu es un démon qui ne veut que le sang, elle peut être sans doute plus... Mesurée. Et puis, je n'ai pas dit oui."

- Je vous propose déjà de parler un peu : On va devoir travailler ensemble, autant savoir certaines choses. Je m'en fiche de votre visage ou de votre vraie identité, vous avez vos raisons. Tout le monde a ses raisons. Je n'ai aucune raison de me méfier de vous, si on réussit on aura chacun notre argent. Si on échoue, on ne se partagera que le vide. Prenant enfin le verre, je bus une gorgée pour me rafraichir la gorge. Laissant la surface froide contre mon menton, je continuais. Premiérement. J'ai un excellent odorat, ce qui me permet de savoir que l'eau dans cette carafe vient de la rivière, je suis passé à côté en arrivant. Des villageoises faisaient leurs lessives sur les rives, j'espère que ce que je bois a été tiré en amont, sinon... Mais je sais que c'est le cas. Un sourire aux lèvres, je re-bus une gorgée. "Qu'importe, durant notre exode on a dû boire bien pire pour survivre..." Ainsi, je connais votre odeur, comme je connais celle du prêtre zélé. Je peux vous retrouver. Posant le récipient, je continuais. Si vous trouvez un objet ou un vêtement appartenant à l'une des sources de ces "accidents", pensez à me l'apporter pour que je puisse pister tout ça... Mon index vint gratter gentiment le bois de la table, c'était une façon comme une autre de passer le temps. Deuxièmement. Je peux me rendre inaperçu en épousant les ombres ou même en pleine lumière. Immobile ou en mouvement, si je le veux, personne ne me voit. Tapant de la paume sur la surface sous mon bras, je finis le court listing de mes compétences... J'en avais d'autres, mais pour aujourd'hui c'était bien assez.

Mon identité n'était pas importante : Akuma ou simple civil, nous étions dans la même galère et je restais Tama. Quoi que je sois d'autres. Mon clan avait mauvaise réputation, a raison, alors je ne devais pas ébruiter mon nom ou mon ascendance. Ce qui passait, en parallèle, par un blocage de mes griffes... Une jolie surprise pour mes adversaires comme une preuve accablante de mes origines démoniaques. "Tu as honte ?" Hochant la tête dans un "non" silencieux pour répondre à la sale bête, je reprenais ma conversation avec Hinoke qui m'expliquait, ou non, ce qu'elle savait faire en retour.

- Gardons le plan "incendie" dans un coin de notre tête, il sera utile si on a l'opportunité de déclencher celui-ci. Pour l'instant, on sait qu'on ne sait rien : Les ennemis ? Peut-être qu'il n'y en a même pas. La forme du chantier en face ? Aucune idée... Je passe tout le reste et surtout l'hostilité de nos amis prêtre. Cela mérite de la surveillance. Pensif, je mis le coude sur la table en soutenant mon menton de ma paume. Sortons pour le reste de la journée en reconnaissance de notre chantier : Connaitre les coins, les recoins. En même temps, on se montre et on crée de la crainte chez l'ennemi... Si vous voulez vous dissimuler, avec votre masque, c'est raté. Je faisais référence à sa question sur les uniformes. À la faveur de la nuit, séparons-nous pour deux objectifs : Encore surveiller et surprendre les petits malins pour l'un, aller faire de la reconnaissance dans le chantier ennemi pour l'autre. Finalement, je repris le verre en me levant de la chaise pour boire une dernière rasade avant de m'étirer, les deux bras en l'air. J'étais prêt à l'action. Vous en pensez quoi ? Quand on aura plus d'infos, même un début de piste, on avisera...

"Le chaos, le chaos, le chaos !"
"Plus tard."















Sphinx. Yukio 022



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Sarutobi Hinoke
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Brûler, mais pas que de l'encens
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La jeune femme assiste, indifférente, à la réaction du bonze dont elle observe la sortie théâtrale avec flegme.  Elle qui imaginait les prêtres comme des océans de paix et de savoir, venait d’en voir le contraire s’engouffrer dehors avec autant d’humeur qu’un vieil homme chauve dont on venait de questionner l’intégrité. Quel âge avait donc Anpo pour réagir de la sorte, dans une situation où il était leur seul intermédiaire avec les informations dont ils avaient besoin pour mener leur mission à bien ? Le seigneur était négligent, l’homme de foi était colérique. Un drôle de tableau qui laissait la Sarutobi bien dubitative sur l’avenir de leur petite entreprise, mais qu’elle préfère bien vite relayer au second plan. Ils voulaient juste protéger le chantier ? Très bien. Qui était-elle pour remettre en cause les ordres, de toute façon. Imperméable aux émotions qui l’entoure, la masquée se contente d’écouter son partenaire, les bras croisés, haussant les épaules quand revient sur la table la question de l’incendie. Il n’avait pas tort, mais elle n’estimait pas nécessaire de le lui confirmer.

« Ça me convient. » Les quatre yeux du masque se posent, un court instant sur le verre qui venait d’être vidé, avant qu’Hinoke ne participe, à son tour, à l’explication de ses capacités. « Je suis médecin. »
Appuyant son affirmation, la jeune femme remonte sa manche jusqu’à son épaule, dévoilant deux autres cicatrices concentriques sur son coude et son épaule. Malgré leur aspect peu féminin, les vestiges de chirurgie étaient parfaitement propres et nets, trahissant une certaine connaissance et maitrise qui ne laissait que peu de place au doute sur les capacités de leur propriétaire.

« Vous sentez … un peu comme les chiens en somme ? »

La voix chevrotante trahissait, malgré sa déformation, une certaine curiosité. Comme pour appuyer l’impression, la jeune femme se rapproche, lâchant son haut qui retombe sur le corps mutilé en silence, alors que la kunoichi se plante devant l’homme assis. Plutôt que de prendre place sur l’autre chaise, elle s’accroupit, croisant les bras sur la table pour y poser son menton avant de pencher la tête dans un mouvement étrangement similaire à celui déjà fait par Tama.

« Qu’est-ce que je sens Tama-inu ? »


La question, véritablement innocente, n’avait pas grand intérêt dans le contexte mais la jeune femme y attache soudainement une étrange importance. Hinoke s’était toujours demandé si elle avait quelque chose de différent, puisqu’elle était censée être la descendance impure d’un singe de lave gigantesque, sans avoir d’autre explication que ses yeux. Sentait-elle comme un humain normal ? Attendant patiemment que son interlocuteur satisfasse sa curiosité – sans quoi elle répèterait très certainement sa demande de peur de ne pas avoir été comprise – elle essaye, en bonne élève, d’imaginer son ainé, la truffe au sol, les fesses en l’air, pour pister les adversaires. Pouvait-il faire ça avec tout et n’importe quoi ? Si oui, ça s’annonçait terriblement pratique, sans parler de lui épargner la tâche ingrate de chercher elle-même à qui elle devrait raccourcir l’espérance de vie de manière plus ou moins définitive.

« J’y penserais. » Fait-elle à sa demande, avant qu’il ne rebondisse sur son deuxième talent. La jeune femme l’observe un instant, interdite, avant de sortir de son silence. Après une courte hésitation, due à sa recherche de formulation, Hinoke laisse sortir une version légèrement édulcorée de son domaine de prédilection. « Je peux utiliser quelques jutsu affinitaires. Un peu de katon et un peu de doton, principalement. Mais je doute que ça nous soit véritablement utile, pour le moment. »


Elle craignait les retombées négatives que pouvait avoir son aveu de maitrise le Yoton et, selon ses propres idées vis-à-vis de la mission, il n’avait pas besoin de savoir qu’elle pouvait dissoudre une partie du temple en moins d’une minute, puisqu’ils n’en auraient visiblement pas l’utilité. A voir déjà son secouement de tête, elle se doutait qu’il n’était pas satisfait de ce qu’elle venait de dire mais n’y attachait, à vrai dire, que peu d’importance. Amputée d’une partie de ses capacités, la jeune fille n’en demeurait pas moins parfaitement apte à user de ce qui lui restait pour aider, ou emmerder selon les besoins. Hochant la tête en écoutant la longue tirade de Tama, Hinoke ne fait qu’appuyer les dires de son compagnon d’infortune.

« Pas l'choix, de toute façon. » Elle se redresse, silencieusement, lorsqu’il fait mention du morceau de bois peint qui protège encore son identité, avant de hausser les épaules, dans un geste ouvertement détendu. « Le masque c'est juste dissuasif. On peut compter sur ça pour voir augmenter ou brutalement disparaitre les incidents ou peut-être juste qu’il ne se passera rien de nouveau. Ce sera un indice comme un autre. »

Passant une main sous le bord inférieur de son masque, la jeune femme soulève son étrange visage pâle à quatre yeux, offrant enfin son identité à son interlocuteur. Ses cheveux cendrées, réunis en queue de cheval, étaient en bataille, laissant échapper quelques mèches rebelles sur la peau pâle de la Sarutobi dont le regard hétérochromatique se pose sur Tama. Bleu glacial et jaune mordoré, les deux pupilles de la kunoichi, à l’aspect bien plus juvénile que ne le laissait deviner son masque, dévisage l’homme avec lequel elle fait équipe. Hinoke ne lui donnait, à vue de nez, maintenant qu’elle pouvait se permettre un examen attentif, facilement la fin de vingtaine d’année, aiguillée par les quelques marques qui commençaient timidement à apparaitre sur le visage mature. Pour le reste, le ninja demeurait relativement quelconque, quoi que sa silhouette filiforme le désignait peut-être plus pour des travaux de vitesse que de puissance. Le seul détail qui obsédait inexplicablement la balafrée était peut-être ce grain de peau épais, dont la teinte sombre lui rappelait bien plus les fourrures d’animaux qu’elle avait pu chasser que la peau humaine qu’elle avait pu soigner. Une forme de beauté singulière, que la drôle de jeune fille décréta apprécier, sans plus y chercher de sens.

Hinoke, elle, avait quelque chose de captivant, autant par l’étrangeté de son regard que par la pâleur de sa peau. Le détail le plus singulier pourtant, demeurait ses deux nouvelles cicatrices dévoilées par le masque, l’une traversant son œil droit intact, l’autre s’étirant comme une ligne de construction en travers de son nez, juste à la naissance de ses pommettes. Une dernière, auparavant cachée par le manteau qu’elle était en train d’enlever, barrait son cou, sans que la jeune femme ne semble tirer une honte quelconque de ce nombre anormal de stigmate de combat à son âge. Bien au contraire, elle paraît même totalement les oublier, alors qu’elle signe les mudras d’une technique ninpo que Tama reconnaitrait sans doute aisément. Dans un pouf et un nuage de fumée, la tenue sombre de la jeune femme se modifie, faisant disparaitre jusqu’à son masque pour parfaitement copier celle du bonze qui les a quittés sans plus de cérémonie depuis un moment déjà.

« Si vous êtes plus discret, je vous laisse le camp adverse. Je vais continuer à faire de la dissuasion avec le masque pendant ce temps-là. J’ai peu d’autre option de toute façon alors misons sur ce que je fais de mieux. »


Lorsque son regard tombe sur son reflet sur le plateau en fer qui contient la carafe et les verres, la Sarutobi grimace et réajuste son déguisement, faisant disparaitre ses disgracieuses cicatrices et transformant l’un de ses yeux vairons en copie conforme de l’autre. Hésitant sur le rendu de son petit tour de passe-passe, elle adresse un regard interrogateur à Tama, écartant légèrement les bras pour l’inviter à donner son appréciation. Soumise au regard de l’homme chien, la jeune femme reprend la conversation, tranquillement, indifférente à l’effet qu’avait pu produire la découverte de son visage.

« Je vais me contenter de me faire passer pour une prêtresse et me mêler aux travailleurs. J’aurais peut-être plus de chance qu’avec Anpo-san. »
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Personne ne vient déranger les deux ninjas pendant qu’ils discutaient et mettaient en place leur plan. Dehors l’ambiance était au travail, les gars bossaient et il y avait une bonne ambiance. En se promenant entre les ouvriers, ils purent entendre :

« Hey Gëraruto ! Tu tires ou tu pointes ?
- Je pointe en voyant ta femme et je tire avec ta fille ! »

Suivit de bons gros rires gras, mais contrairement à ce qu’on pourrait penser avec tout ce qu’il était dit sur le parchemin de mission, l’ambiance était bonne, il n’y avait pas d’angoisse ou de peur. Les odeurs ? Oh… mon pauvre Tama… Il y en avait partout ! De toute sorte ! Mais surtout de la sueur… Et partout ! Pour l’instant il ne pouvait pas dire qui était plus fautif que qui. Il y en avait du monde ! Et surtout ils purent entendre que certains espéraient que le chantier dure encore longtemps ! Pourquoi ? Pour être payé plus longtemps ! C’était toujours des aubaines ce genre de chose. Les prêtres continuaient leur ronde et de donner à boire et à manger.

La prêtresse surprenait et elle eut le droit à quelques commentaires et remarques grivoises mais aucun geste déplacé. En attendant tout semblait très bien se passer… jusqu’à ce qu’une corde cède et que des poutres retombent au sol.

« Bordel les gars ! Faite gaffes aux cordes que vous utilisez et au poids putain ! »

Plus de peur que de mal ! En examinant la corde, à part une usure classique, ils ne verraient rien et aucune odeur étrange. Juste un bête accident et un peu de retard après tout. Mais ce genre de chose était normal sur un chantier.
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Akuma Tama
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Ainsi, ma camarade était douée de compétence pour le soin : C'était utile, terriblement utile. Comme preuve, s'il en fallait d'autres que sa simple parole, Hinoke releva un pan d'une de ses manches pour me présenter deux résultats d'une intervention. De vilaines blessures qui avaient récupéré un aspect propre avec l'iroujutsu de la demoiselle. D'un hochement de tête, je validai l'observation. Savoir soigner, je n'avais jamais appris... Aucune idée de l'utilité, à l'époque, mais combien de Akuma j'aurais pu sauver avec quelques rudiments ? "Pas assez, jamais assez..." Mes mains étaient faites pour tuer, même si je ne le voulais pas.

Mes armes ? Ce sang impur qui prenait la forme, à ma demande, de lames dans les interstices de mes doigts. "Combler les trous en en faisant chez l'adversaire." Je n'avais pas honte, comme le sous-entendais cette saloperie de chat, c'était bien utile pour se défendre en cas de coup dur... Seulement, ce qui allait avec était bien problématique. Les regards mauvais, la méfiance, la violence. Nous étions les enfants de Nibi, un démon-chat, et pour ça nous étions isolés du reste du monde. "Je ne suis sans doute pas fait pour soigner les gens." Je limitais ma violence, mais elle ressortait un jour ou l'autre. Briser des membres était moins définitif que la mort, mais douloureuse cependant.

De mes pensées, je fus sorti par une question innocente : Mon odorat, c'était comme celui d'un chien ? Sans même attendre ma réponse, la kunoichi se posa sur la table d'une manière un peu spartiate, pour me demander quelle était son odeur. D'un sourire, je pris le temps de bien définir tout ça :

- Beaucoup pensent au chien quand on parle d'odorat, mais savez-vous qu'il y a des animaux bien plus sensibles qu'eux ? Les vaches, les chevaux... On peut relier ça à leur caractère herbivore et assez bas dans la chaine alimentaire, donc ce n'est pas bien joli de dire aux gens qu'ils ont l'odorat d'une vache... "D'un chien non plus, d'ailleurs !" Lorgnant sur le masque, un peu moins sinistre, car dans un cadre presque enfantin, je continuais. Les chats, eux, ont un excellent odorat. Bien plus que les chiens ou les autres animaux que j'ai cités. Sans compter leurs autres talents. Tout fier, Taiyo monta sur la table pour s'asseoir près de ma main, comme si je parlais de lui. La scène était pittoresque, à mes yeux : Moi assis, elle accroupit à m'écouter et l'autre merde à guetter la moindre pensée pour me souffler des immondices. La douceur et l'horreur si proche. Pour votre odeur... Vous sentez le bois. Sans doute venez-vous de quelques régions forestières. Beaucoup d'habitants de ces zones ont la séve qui leur colle à la peau. Je connais bien ce type de terrain, j'ai beaucoup vagabondé dans la forêt centrale dans ma vie. Cherchant une quelconque émotion derrière l'obstacle du masque, je lâchais la petite bombe qui m'avait inquiété à notre rencontre. Dans le fond, une fois le premier parfum inculqué, il y du feu, un combustible qui brûle. C'est léger, mais c'est présent. Seul vous pouvez me dire ce que cela veut dire.

Haussant les épaules, je laissais cette information passer : elle désirait savoir, elle savait. Ce n'était rien de particulier. Certaines personnes puaient la mort, d'autres le sang... Parfois, les gens se savonnaient tellement la peau que cette odeur strictement propre montrait déjà un problème. Chacun avait son truc, sa fragrance qui donnait son histoire, en tout cas des pistes. Pour Hinoke, c'était la forêt et le feu, pour moi, c'était du propre.

Et strictement du propre.

Bien vite, le deuxième talent vint et en retour celui de ma camarade : Des compétences affinitaires. Du feu et de la terre. Si l'un était satisfaisant pour la stratégie de l'incendie, l'autre pouvait créer des dégâts sur un plus grand terrain que le chantier... Mais elle devait le savoir, ainsi lui faire une mise en garde sur ses propres jutsu n'était pas dans mes plans. "Je ne suis pas si con." seulement, le nekomata s'amusa à crier victoire à la mention du katon... Ses plans à lui étaient servis. "Saloperie de démon." Taiyo était habitué, mais cette fois, il fut presque déçu de ma réponse à ses désirs.

À ma référence à son masque, Hinoke m'expliqua que c'était une dissuasion... Quel effet cela aurait sur le chantier ? Rien de sûr, rien de concret. Cependant, elle décida de l'enlever. La suite de la discussion allait me faire comprendre ce qu'elle voulait faire.

Un visage ovale, assez pâle, dont l'œil droit est décoré d'une immense cicatrice qui disparait sous ses cheveux. Une autre lui barre le visage d'une oreille à l'autre. Il y en avait d'autres de ces marques de combats... peut-être trop pour l'âge de la fille. Un bref instant, je vis Yaban à sa place, si la vie de nomade et de génocidé continuait comme ça.

La nuit du massacre, j'avais tiré plusieurs blessures... Certaines dissimulées sous mes vêtements, d'autres plus visibles sur mes poignets ou mon cou, mais une seule était en évidence tout en étant camouflée. L'entaille sanguinolente laissée par un naginata. Je n'avais pas eu la portée alors que mon adversaire visait précisément ma tête, ça n'avait pas raté. À cause de mon esquive, in extremis, la plaie n'était pas une ligne, mais une courbe qui s'était mal refermée et donnait un aspect étrange à cette blessure de combat. Je m'en fichais de l'esthétique, mais porter en public ce type de reliquat n'était pas possible dans une troupe qui avait subi aussi durement l'échec et la mort. Humblement, j'avais regroupé mes cheveux depuis pour dissimuler aux yeux de tout que leur nouveau chef avait été aussi durement touché. Peu le savait, juste la femme qui m'avait soigné et qui gardait le secret. Bien sûr, on pouvait la deviner parfois, quand je courais ou quand je me lavais... Mais la plupart du temps, un observateur pouvait ignorer la présence.

Il y avait pourtant autre chose de notifiable dans ses traits, bien plus que les blessures : C'étaient ses yeux, bleu d'un côté et jaune de l'autre, qui lui donnait un air... Animal ? D'un sourire, je me rappelais que mes yeux étaient d'une couleur similaire, c'était hypocrite de ma part de la rapprocher d'une bête. Il n'y avait rien de particulier pour un ninja, à part cette caractéristique-là... Qu'est-ce que cachait d'autres Hinoke ? Bien vite, elle opéra un mudra et changea de tenue. C'était l'habit de moine, elle comptait se déguiser pour vagabonder ? Parfaisant son camouflage en changeant la couleur de son œil jaune, elle chercha une quelconque validation chez moi... D'un geste de la main, je lui désignai la sortie.

- Personne ne vous a vu, encore, alors j'imagine que tout est sous contrôle. En tout cas bien plus que si c'était moi qui prenais l'habit de bonze. "Je serais un bon moine ?" sans doute que non, mais cette brève idée me fit regarder plus intensément le cadre de notre mission : J'étais un ninja, je devais agir comme telle.

Hinoka décida de son sort : Parcourir le chantier pour trouver une piste, de jour comme de nuit, alors qu'elle me laissait la charge de visiter le terrain des Yoite à la nuit tombée. Pour l'instant, j'allais juste faire comme elle, mais en plus visible. Vagabonder, apprendre et analyser.

- Bonne chance, partenaire. Un peu de sympathie ne faisait pas de mal, on était parti sur quelques jours de partenariat. Sans un mot de plus, je m'élançai comme elle dans le grand bain.

À part des blagues grivoises, rien n'était suspect... Les odeurs étaient fortes à cause de l'effort et surtout rien ne sortait du lot. Tout le monde mettait la main à la tâche. Seuls les moines marchaient, nonobstant le chantier, pour donner à boire et à manger... Mon entrevue avec le zélé personnage m'avait refroidi, mais je m'approchais d'eux sous couvert d'une demande de liquide pour reconnaitre leurs odeurs. Prenant un peu de cette offrande rustique, je me mis à papoter :

- Parler moi un peu de la divinité qui motive ce temple... enfin, ces temples ! L'air poli, je cherchais des informations pour ma culture, mais aussi pour chercher une piste. Si je savais les valeurs religieuses du coin, je pouvais sans doute mieux définir les objectifs d'un quelconque adversaire... S'il existait.

Dans mon dos, un bruit intense surgit : une poutre, au sol. Un instant, j'eus l'idée d'aller voir si la corde avait rompu bizarrement ou si des gens trainaient autour, mais je laissais cet exercice à Hinoke. Me retournant vers le moine que j'avais lancé dans la conversation, j'eus l'idée d'utiliser l'événement comme un tremplin :

- C'est fréquent ce type d'accident ? Les ouvriers ne sont pas trop blessés quand ça arrive ? Avec l'argument des soins, grâce à ma camarade, je pouvais peut-être tomber sur un truc...

Ou pas.















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Sarutobi Hinoke
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Brûler, mais pas que de l'encens
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Hinoke hoche la tête sans répondre à l’encouragement de son coéquipier, sortant de la tente sans plus lui accorder un regard. Habillée en femme de foi comme elle l’avait choisi, elle se dirige vers l’un des points d’eau pour attraper, à son tour, deux seaux et les déposer sur une des barres de bambous comme elle avait pu voir d’autre bonze le faire. Son fardeau en place, la jeune femme se redresse dans un grognement d’effort semblable à ceux qui pouvaient s’élever, ça et là, sur le chantier, avant de progresser en direction des ouvriers. Elle ne prête que peu d’attention aux quolibets qu’elle pouvait soulever sur son passage, bien trop habituée à être le point de mire des foules, pour se concentrer sur l’exercice de sa fausse fonction : venir en aide aux travailleurs.

Ici et là, la petite Sarutobi s’approche des uns et des autres, distribuant l’eau qu’elle porte, esquissant une bénédiction volée à l’homme qui l’avait signée à leur entrée sur le lieu saint ou encore dispensant quelques soins de première intention sur les malheureux un peu trop fourbu par leur labeur. Affairée à se fondre dans la masse, la jeune femme n’en demeure pas moins attentive à son environnement, tendant l’oreille pour capter les discussions à sa portée, jetant un œil plus ou moins intéressé à l’accident que la plupart des ouvriers contournaient pour retourner à leur occupation principale.

Anpo avait pesté de les entendre parler non pas de contretemps à la construction mais de sabotage et, force était de constater qu’il n’avait visiblement pas tort pour l’instant. Si Hinoke n’était pas du genre à discuter les ordres tant qu’on lui promettait la jolie somme qui allait avec, elle n’en était pas moins étrangement perturbée d’avoir affaire à un contrat aussi calme. Le nobliau avait-il fait de l’excès de zèle ? Sans doute, mais elle ne s’en plaindrait pas. Une mission payée rubis sur l’ongle à moindre effort était une bénédiction, tant et si bien que la balafrée aurait presque pu croire à un signe de son mystique paternel de lave.

Bien, songe-t-elle en se dirigeant paisiblement vers l’intérieur du temple en construction à la recherche d’âme assoiffée ou blessée, tant qu’la chance nous sourit, profitons-en hein.

Récapitulatif:
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Il y avait un peu de pagaille suite à l’incident, mais personne n’avait dérangé Hinoke dans sa quête de l’eau. Elle entend seulement les gens discuter de leur travail, de ce qu’ils doivent faire… Tout cela. Parfois certains râlent, aimeraient un peu ralentir le rythme, parce que, Bordel ! Le noble il est bien gentil ! Mais il va les crever à vouloir toujours aller plus vite et tout cela ! Ils voulaient un peu plus de pauses ! Mais surtout plus les chantiers allaient durer, mieux c’était ! Bah ouais ! Ils seraient payés plus longtemps ! Enfin ! Tout cela était autre chose, il fallait travailler. Et bien travailler. L’eau faisait du bien…

Et l’accident fit tourner les regards, mais visiblement tout allait bien ! Le prêtre Anpo s’avança vivement pour s’assurer que tout allait bien alors que les contres-maîtres braillaient pour faire évacuer la zone. La divinité était une divinité protectrice et de la fertilité ! Mais en dehors de cela les prêtres lui contèrent l’histoire de cette divinité et du temple. Anpo s’assurait que tout allait bien, il tapotait les dos… Pas de blessés si ce n’était de la poussière et quelques toux à cause de cela. Mais sinon… tout allait bien ! En examinant la corde, trop d’odeur de toute manière et Anpo la tapota un peu pour l’examiner aussi. Mais il n’y avait rien, c’était simplement des traces d’usures.

En se promenant dans le temple où il y avait tout autant d’ouvrier… Elle put voir une jeune fille aux cheveux roses, toute joyeuse, courir d’ouvrier en ouvrier pour porter de l’eau, ou bien discuter… ou tout ce genre de chose. Les ouvriers la laissaient faire, c’était visiblement un peu comme une mascotte du chantier ! Elle virevoltait partout et chantait ou riait et les adultes la regardaient avec un sourire. Au moins, elle mettait l’ambiance.
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Akuma Tama
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Peu loquace, évasif, les prêtres tirèrent vite un joli conte à propos de la divinité : Protection et fertilité, dans cette partie du monde, c'était déjà bien. "Les Akuma auraient besoin de nouvelles naissances... Autant pour le moral que pour la pérennité du clan." Les voyages que j'avais organisés n'avaient pas aidé à l'intimité et à l'aisance de l'amour, mais depuis que nous étions chez les Onryou, j'avais pu voir refleurir des sourires et des cachoteries parmi le peu d'effectifs que j'avais pu tirer du massacre.

Il nous fallait des femmes ? Ou bien la "pureté" de notre sang devait être sauvegardée ? Pour un chef, c'était une question plutôt basée sur les valeurs que sur la politique stricte. Les Akuma étaient polygames, et s’il existait des couples, les relations étaient très libres, les relations hors du clan étaient tolérés, mais peu appréciées, elles étaient surtout mal vues pour les hommes, les femmes pouvant apporter du sang neuf au clan. Je n'avais que peu connu la tempête de sens et les émotions fortes liés à l'amour à plusieurs. J'avais du mal avec ces choses-là, comme si c'était trop... Alors, un peu sur le côté, j'avais vu les miens se lier, se délier, faire des enfants et seule la musique m'accompagnait. Quelques femmes avaient partagé ma couche, mais je pouvais dire que c'était plus physique qu'émotionnel...  "Pas la bonne ?" évacuant de nouveau ce questionnement, je reprenais le fil de cette mission.

Pas de blessés, plus par chance qu'autre chose... Ce n'était que le matériel qui lâchait : De mauvais investissements ? Un seigneur radin ? Des ouvriers fripons qui s'amusaient à créer de faux événements pour rallonger le temps de travail du temple ? C'était beaucoup de pistes et celle de la menace ninja s'éloignait de plus en plus.

"Tant mieux, on ne va pas chercher les problèmes s'il n'y en a pas..." Taiyo, à mes pieds, crachait au sol quelques paroles menaçantes, mais l'une me parut presque logique : "Pourquoi on ne détruirait pas juste de nuit le chantier adverse ? Comme ça on n'aurait pas à rester comme des imbéciles à regarder des gens travailler ?" Secouant la tête, je digérais mal le fait d'être presque d'accord avec ce caractère pragmatique et un peu odieux.

Heureusement, de l'agitation vint devant mes yeux : Une jeune fille aux cheveux roses, qui déambulaient pour donner de l'eau en chantant et en riant. Elle allait partout et les ouvriers, comme les moines, semblaient l'apprécier : la beauté ? La bonne humeur ? En tout cas, quitte à rien faire, j'allais lui parler. En me suivant, le Nekomata ronronna quelques mots à sa destination :

"On pourrait la faire brûler, elle mettrait encore plus d'ambiance... Un feu de joie, c'est toujours festif." C'était le démon que je connaissais et le malaise de notre accord fugace s'évanouit devant la consternation de son idée. "Monstre." Un rire cruel, au bout de ses moustaches, il disparut dans mon dos alors que je me concentrais sur la silhouette gracile de la demoiselle.

- Bonjour, je suis Tama. Je peux avoir de l'eau ? D'un sourire, je me prêtais au jeu du service aqueux pour amorcer la conversation. Comment t'appelles tu ? Tu es du temple ? Les gens ont l'air de beaucoup t'apprécier ! C'est vrai que tu mets l'ambiance avec tes chansons.  

"Brûle la !"
















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Brûler, mais pas que de l'encens
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Suivant la pagaille comme une carpe koï suivrait les flots, Hinoke se mêle à la foule en espérant glaner un peu plus d’informations. Elle jette un œil dubitatif à la corde cassée, dans l’espoir d’y voir une coupure nette ou peut-être d’y sentir les traces d’une brûlure qu’elle connaissait par cœur, en vain. Offrant l’objet à l’ouvrir venu débarrasser l’accident, la jeune femme écoute les ouvriers brailler leur mécontentement sans s’y attarder davantage. Elle comprenait parfaitement leur point de vu, pour être elle-même dépendante de son travail pour sa survie à long terme, mais n’avait que peu d’intérêt – si ce n’était absolument aucun – pour autre chose que sa propre personne. Distribuant l’eau qu’elle portait à l’aide de sa longue cuillère en bois, la fausse prêtresse en profite pour gratifier les plus curieux de sourire qu’elle espérait chaleureux, sans vraiment pouvoir en être sûre.

La Sarutobi continue son périple, ne s’arrêtant près des contremaîtres pour y effectuer sa mission que pour en profiter pour suivre des yeux le prêtre qui les avait accueillis plus tôt. Anpo, tout aussi pieux qu’il soit, semblait s’inquiéter sincèrement de l’état du chantier puisqu’il prit le temps de vérifier la malheureuse corde rompue pour, de nouveau, vaquer à ses occupations. Encore méfiante du comportement de l’homme de foi, Hinoke décide de changer de stratégie. Il était évident que continuer son manège de fontaine humaine ne la mènerait nulle part. Sans doute était-elle-même la seule femme en habit monacal sur le terrain, maintenant qu’elle y réfléchissait davantage, mais toujours était-il que leur guide qui ne les avait absolument pas aidés était à portée de vue et que la curiosité et la méfiance naturelle de la balafrée ne la poussait pas à lui faire aveuglément confiance. Déposant son fardeau suffisamment près des échafaudages pour que les travailleurs puissent s’y désaltérer sans s’éloigner de leur ouvrage, la jeune femme aux cheveux cendrés reprend tranquillement son souffle, continuant de suivre le vieux moine à la solde des Tsugito du regard. Lorsqu’il commence à s’éloigner, elle reprend ses seaux, déjà bien entamés, pour se diriger vers l’un des nombreux points d’eaux, entamant discrètement mais surement sa filature.

Elle n’avait, de toute façon, pas mieux à faire, tant que l’action n’aurait pas décidé de pointer le bout de son nez.

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La jeune fille aux cheveux rose se retourna vers Tama et leva la main.

« Ohayo ! »

Pétillante… C’était bien le mot qui définissait la jeune fille qui semblait avoir douze ou treize ans après tout ! Elle eut un large sourire face à l’homme et passa une main dans ses cheveux rose pétard.

« Je m’appelle Mumei m’sieur ! Vous êtes ici pour protéger le boudha ? Voilà de l’eau ! »

Elle lui tendit de quoi boire avec un large sourire tout heureux. C’était… un peu comme avoir une Yaban… aux cheveux roses… Elle eut un large sourire.

« Oui ! Je suis au temple ! Je suis la disciple d’Anpo-sama ! Je suis pour l’instant la seule fille ! Parce que les prêtres veulent pas trop que les prêtresses viennent tant que les quartiers séparés ne sont pas fait ! Mais je pense qu’ils vont faire un temple pour les femmes et un pour les hommes ! Mais comme y a beaucoup d’ouvrier et tout cela, les prêtresses préfèrent ne pas venir tout de suite ! Elles passent pour aider les femmes au village ! »

Un vrai moulin à parole tout joyeux qui tenait pas en place.

Mauvaise pioche Hinoke. Le prêtre… fait ses devoirs de prêtres en aidant et en discutant. Parfois il mettait même la main à la pâte. De temps à autre il prêtait son aide aux autres mais Hinoke ne put rien trouver d’extraordinaire et il n’eut pas d’autres incidents aujourd’hui. Le soleil commençait à se coucher et une cloche fut frappée :

« Fin de journée ! C’est la fin de journée ! Rentez chez vous ! »

Hurla quelqu’un et les ouvrier soupirèrent de soulagement en rangeant leur affaires.
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Akuma Tama
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- Je viens protéger le Bouddha, mais a-t-il besoin d'être protégé ? La jeune fille était mignonne et donneuse d'elle-même ! Peu de filles de son âge aurait pris du temps pour aider des travailleurs. C'était déjà remarquable ! Acceptant l'eau, je continuais.  On ne cesse de me répéter qu'il n'y a rien à craindre, pourtant le seigneur a mandaté des shinobi en réponse à des magouilles... Laissant la question en suspens, j'écoutais la brave Mumei m'expliquer qu'elle était la seule fille dans le coin, car les autres femmes refusaient de s'approcher tant que les quartiers séparés n'étaient pas mis en place... Intéressant. Elles ont quelque chose à craindre ? Des mauvais comportements ? Les autres dames ne t'interdisent pas de venir ? Simple curiosité, l'exception parmi un comportement pouvait toujours nous apprendre des choses sur les Us et Coutumes de la région.

Enfin, la soirée arriva avec la fin du chantier : Pour la journée, seulement. Les hommes avaient bien travaillé et je n'avais rien vu de louche... Mais la mission ne faisait que commencer. Revenant dans notre salle de réunion improvisée, dans la tente sommaire prévue pour nous loger, je partageai avec ma coéquipière les informations :

- Rien. Que dalle. Nada. Tapotant mon fin index sur la table, je buvais un peu d'eau pour rafraichir mes idées. Enfin, si : Des commérages, des envies de continuer le chantier pour être payé un peu plus longtemps... Il y a une fille qui se balade. Hormis vous, c'était la seule représentante du sexe féminin dans le cadre donc je suis allé la voir. Les prêtresses ne s'approchent pas du chantier, ce serait une piste, non ? "Ou une cause perdue." Haussant les épaules, je laissais cette idée faire son chemin dans la tête de Hinoke. Qu'avait-elle découvert, elle ?

Écoutant le tout, il fut le temps d'organiser notre action pendant la nuit : nous n'allions pas dormir, la mission demandait un minimum de surveillance et de contrôle du coin. La journée avait été utilisée pour de la prospection, autant pour les rumeurs que pour les coins et recoins du domaine.

- Il est peut-être temps d'aller voir le chantier rival ? Juste par acquit de conscience... D'un sourire, je me souvenais de l'idée infernale de la demoiselle, mais aussi du démon dans mon esprit. Il faudrait aussi continuer à observer le chantier. La nuit est favorable aux petites sournoiseries : Trafiquer les cordages, saboter les matériaux... La main sous le menton, je réfléchissais aux possibilités. Se séparer ? Rester ensemble ? Je ne sais pas trop... Je pense quand même aller jeter un œil, j'irai plus vite seul et dans ce même temps il y aura encore quelqu'un pour attraper les rôdeurs. Aussitôt, je me levais pour m'approcher de la sortie de notre petit logement de fortune. Je reviens d'ici une heure, probablement deux. Si après cette durée, je ne suis pas revenu... Eh bien. On saura qu'il y a une menace ! Ricanant, je sortis enfin dans la pénombre.

Par sécurité, je lorgnai les recoins sombres de ma position, tout en reniflant gentiment l'air. Un peu d'activité ! Enfin ! "On va incendier des choses ?" Seul, mais pas vraiment, j'avançai en épousant les ombres, lentement, mais sûrement. J'avais un peu de temps devant moi, autant ne pas brusquer les choses : je ne connaissais pas tout le terrain, ni les forces en présence.

"On ignore ce qui se cache dans l'obscurité.” Sauf quand on est dedans... Concentrant mon chakra, doucement, dans mes yeux. je changeais la disposition de mon iris pour lui donner une verticalité nouvelle. Loin d'un changement esthétique, c'était aussi de nouvelle fonction : Voir dans le noir. "Pratique en pleine nuit." Ce n'était pas la peine de passer au second stade de la technique, la base de la base suffisait dans cette situation pour déceler le moindre ennemi. "Peu de gens savent voir dans le noir."

"Frimeur."

Tour:















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Brûler, mais pas que de l'encens
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Suivre Anpo ne lui apprit rien de véritablement indispensable pour la mission, mais bien plus pour son déguisement improvisé. Venir en aide aux travailleurs étaient à la portée de tous et, si parfois la jeune femme mourait d’envie d’en dispenser un de travaux au vu de la fatigue qu’elle pouvait lire dans les corps et sur les visages. Hinoke vivait donc la routine d’une journée normale, dans un chantier tout aussi normal, ne faisant que confirmer, chaque minute un peu plus, son pressentiment d’inutilité. Employer des ninjas pour ne pas les faire travailler était sans doute une lubie de riche, lubie qu’elle espérait, un jour, pouvoir se permettre malgré le gâchis considérable que ça représentait.

Occupée à vivre au gré du chantier, la Sarutobi en oublie le temps qui passe et, penchée sur le système de nœud que lui montrait l’un des ouvriers, elle redresse la tête vivement à la mention de la fin de leur participation. Rien de marquant n’avait eu lieu et, si le peu de chose qui s’était produit n’avait aucun intérêt, leur présence ici avait sans doute été vide de sens. Pourtant, la jeune femme ne pouvait que louer l’idée de finir son tour du chantier, distribuant une ultime fois de l’eau à ceux qui le réclamait, gardant à l’œil la topographie de ce qui serait, cette nuit, son lieu de travail à elle. Dans un sourire qu’elle espère serein et encourageant, la balafrée regarde les ouvriers quitter les lieux avant de repartir vers la tente qu’on leur avait allouée. Il ne lui fallut qu’un pas à l’intérieur pour rompre son Dai Henge et partager l’absence totale d’information qu’elle avait pu récolter également.

« Pourquoi une piste ? » La jeune femme arque un sourcil, dubitative. « Si c’est une question de travail physique, elles ne seraient sans doute pas les plus utiles, leur absence n’a donc rien de très surprenant, je pense. »

Une vérité misogyne mais réaliste, que la seule représentante de sexe féminin proférait sans sourciller face à son compagnon mi-homme mi-chat. Tute médecin qu’elle était, Hinoke savait reconnaitre que, sur le plan physique stricte, les prêtresses seraient sans doute de moins bon secours que les prêtres qui accompagnaient les travailleurs. Peut-être même seraient-elles une source de distraction, maintenant qu’elle se rappelait les quolibets qu’elle avait pu essuyer, çà et là, sans réellement en comprendre ni but ni intérêt.

Peu sensible au plan et légèrement frustrée de se retrouver oisive, la kunoichi adresse un hochement de tête suivie d’un haussement d’épaule désabusé à son interlocuteur. Il n’y avait rien sur leur chantier, qui pourrait inviter les ninjas à penser qu’ils étaient surveillés mais Hinoke devait bien avouer que c’était bien loin d’être sa spécialité. On lui avait fait mention de destruction et, toute aussi efficace qu’elle soit dans le domaine, cette expertise lui était inutile si elle n’avait rien à transformer en charpie.

« Vas-y. Regarde, en passant, comment est le second Buddha et le reste du temple. J’ai peut-être une idée. » Une idée qu’elle volait, allègrement, à un vieux livre pour enfant mais quelle importance cela pouvait-il avoir ? N’importe qui d’un minimum religieux pourrait y voir une malédiction des kamis, si la sculpture se mettait à pleurer de la chaux. « Moi je monte la garde. Si ça se complique, tu l’entendras ou tu le verras bien assez vite. »

Dans une moue désolée, la jeune femme se passe de l’explication qu’elle juge évidente. Le Yoton, sa spécialité, n’a jamais été du genre discret et, si elle risquait de massacrer une partie du chantier, il n’en demeurait pas moins que son pouvoir de dissuasion était bien plus grand et plus fort si on ne voyait qu’elle. Elle occuperait donc le devant de la scène, pour des assaillants dont elle doutait encore de l’existence, pendant que Tama contournerait le danger.

Tendant la main vers son masque, elle rabat la terrible figure devant son visage d’adolescente. Il ne lui fallut qu’une poignée de seconde pour s’étirer et s’habituer à nouveau au changement de vue que lui faisait adopter son couvre-chef, avant de sortir à nouveau.

« On s’revoit bientôt. » articule la voix chevrotante, alors que déjà la Sarutobi se retrouve avalée par l’obscurité. Elle avait un bon nombre de torche à disposer à l’écart du bois et allumer tout autour du camp sans, en plus, se permettre de trainer des pieds.

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La petite fille cligna des yeux en l’écoutant avant de hausser les épaules.

« Bah non ! Il ne se passe rien ici ! Y a que quelques accidents, comme avec la poutre tout à l’heure ! Mais le Boudha, il va bien ! »

Elle le désigna du doigt avec un sourire large et satisfait. Elle haussa les épaules à sa remarque.

« Bah… c’est des nobles quoi ! Ils veulent pas perdre de l’argent et ils rognent sur tout ! C’est ce que disent certains artisans ! »

Elle passa une main dans ses cheveux à sa remarque avant de se frotter le nez.

« Ben ! Non ! Mais elles préfèrent éviter quand même ! Vous savez qu’certains gars ils savent pas bien se tenir ! Et puis les prêtresses… C’est toujours compliqué ! Elles peuvent pas trop aider aussi ! Et non ! M’interdisent pas parce que j’ai pas encore saigné ! »

Elle parlait de cela naturellement et sans aucune gêne. Elle pointa son doigt sur lui :

« Vous avez une femme vous ? Ou une fille ? Moi j’ai peur de rien ! Puis Anpo-sama me protège, j’suis sa disciple ! Donc personne me touche ou m’embête ! Ils disent que j’suis la mascotte ! Vous en pensez quoi vous ? »

Elle lui fit à nouveau un grand sourire amusé avant de s’éloigner en chantonnant et en continuant de faire son petit bout de chemin toute joyeuse.

***

La nuit était calme… le chantier respirait doucement, les enduits séchaient doucement dans la fraîcheur obscure. En se déplaçant, ils purent entendre quelques rires et discussions venant des tentes des prêtres ou certaines plus fortes des quelques ouvriers restant sur le chantier. Quelques gardes patrouillaient en regardant autour d’eux. L’un d’eux hurla de terreur quant au détour d’une colonne il vit Hinoke, il recula précipitamment en sortant son arme. Il eut un branle-bas de combat et d’autres se précipitèrent dans cette direction. Anpo se précipita également, suivit de la petite aux cheveux roses pour voir ce qu’il se passait.

Au chantier voisin, c’était le calme plat, pas du tout la même configuration que le premier, mais autant de gardes, de rondes et tout cela. Quelques tas de gravats et déchets traînaient dans le coin, signe qu’ici aussi il y avait des incidents après tout. Mais tout semblait bien se passer. Les gardes avançaient, attentif…
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Hochant la tête, je recevais les paroles avec une politesse rarement attendue chez un Akuma... Si on savait que j'en étais un. Ainsi, la jeune fille confirmait l'opinion générale : Rien à déclarer, cependant elle disait que les prêtresses étaient compliquées. Écartant vite l'idée que c'était une piste, sans doute, car cela voulait surtout dire qu'elles étaient chiantes, je passais également sous silence une quelconque réponse sur la présence de menstruation chez la petite dame. Inconsciemment, toutefois, je cherchai sur elle l'odeur du sang... Juste pour confirmer. Peut-être qu'il n'y avait rien, même dans ces cas extrêmes. "Bon sang Tama, tu es dingue ! On ne renifle pas les fillettes !" Dans mon esprit, je mettais un petit coup de pied à Taiyo, même si cela n'avait aucune conséquence... "On n'est jamais sûr de rien." Pour toute réponse, le chat s'écarta de moi, un peu dégouté.

Vint rapidement le tour des questions pour elle, tout y passa : Femme, fille... Et une étrange question sur mon opinion concernant son rôle de mascotte. Une moue pensive, je répondais :

- Eh bien ! J'ai eu une femme, autrefois, mais c'était il y a longtemps. La vie retire des choses et nous en donne des nouvelles... De ma compagne, j'ai encore une fille. Yaban. Un sourire joyeux au visage, en énonçant le nom de celle-ci, je m'amusais à la décrire. Une petite dame active et énergique, un peu sotte, mais c'est de son âge. À ta place, elle serait également sur le chantier à donner du sien... Hélas, elle n'est pas avec moi pour cette mission. C'est un peu ma disciple, comme tu l'es pour Anpo-sama. Tu as de la chance d'avoir un protecteur si zélé ! Je pensais, avec amertume, à la réaction de ce moine à notre présence. Une mascotte ? Sans doute, tu fais l'animation en tout cas. Souriant, je la laissais partir avant de continuer ma route...

Ma route.

Le soir venu, je me faufilais jusqu'au chantier adverse : Rien. Une configuration toute autre, mais rien de vraiment impressionnant. Le plus intéressant était la marque d'accident comme nous avions eu sur le nôtre. Attentif aux rondes, je montais sur un bâtiment à l'aide de mes griffes, subtilement sortie pour l'occasion dans le but de monter efficacement et sans trop me dévoiler. Le toit d'une bâtisse atteinte, je surveillai les lieux pour repérer bien mieux le terrain : Les entrées, les sorties, l'avancée des travaux... Rien ne devait être laissé au hasard. Reniflant avidement l'air pour saisir la moindre flagrance suspecte, je laissais le temps passer pour voir. Une fois la reconnaissance faite, je pus rapidement repartir. J'avais dit à la brave Hinoke qu'une heure ou deux m'était nécessaire, mais un coup d'œil rapide pouvait largement suffire.

"Un travail calme..." Pas forcément déçu, je me laissais faire volte-face pour rejoindre le chantier que je devais garder... Deux ninjas pour faire la surveillance, c'était bien aussi. De toute façon, à part regarder je n'avais pas fait grand-chose : Ma sortie ne visait pas le sabotage, mais juste l'observation minutieuse du territoire. "On ne sera pas surpris s'il faut revenir." Seulement, le Nekomata parut, lui, déçu que je ne fasse rien. "Si on doit juste passer nos nuits à regarder un chantier, c'est inutile ! Je veux tuer, je veux brûler ! Laisse-moi m'amuser TAMA !" Gardant le silence, je laissais transparaitre un large sourire devant les cris vides de sens du démon... Effectivement, l'action était toujours plus intéressante que l'ennui, mais l'argent facile était bien vu de tous, même les chats sauvages. "On n'est pas là pour faire des dégâts, on veut juste que tout se passe bien... C'est de la reconnaissance, une simple manœuvre pour mieux connaitre le potentiel ennemi."

Sauf qu'il n'y avait peut-être aucun ennemi. Par réflexe, comme pour me soigner moi-même d'année de torture mentale, je prononçai dans ma tête :  "Écoute-moi bien, Taiyo ! Tu n'as pas d'ennemi ! Personne n'a d'ennemi ! Il n'y a pas une personne en ce monde... que tu aies le droit de blesser ! Et en réponse, dans un rire mauvais :

"C'est ce qu'on verra."

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Brûler, mais pas que de l'encens
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La paix. Doucement mais surement, Hinoke se fait à l’ambiance détendue et travailleuse du chantier. Déambulant sous le couvert de son masque, elle avise des alentours, aussi prudente et attentive que possible. Elle n’avait que peu de chose à faire et, en surveillant l’éclairage du chemin qu’elle emprunte, la Sarutobi se demande si son collègue était confronté à un spectacle semblable. Marcher, entretenir les braséros, jeter un œil à droite à gauche, fouiller un peu dans les recoins puis repartir tranquillement n’avait rien de bien difficile. Peut-être même aurait-elle le temps de consulter quelques plans pour, sans doute la nuit prochaine, choisir une position plus avantageuse pour sa surveillance. Ce soir, cependant, elle devrait se contenter de la traditionnelle ronde que pouvait effectuer les soldats. C’est d’ailleurs l’un de ces derniers qui tire la balafrée de sa routine nocturne, dans un cri que la jeune femme met une bonne minute à identifier. L’épée au clair, l’homme se met en garde, bientôt suivi par son coéquipier. Le cri d’alerte en amène quelques autres à se joindre à la fête, arrachant un soupir à la kunoichi.

Levant les mains sans sourciller devant le soldat qui la menace, Hinoke avise de la posture offensive de ses assaillants avec l’œil critique du médecin qu’elle est. La majorité semble rodée au combat, mais l’oisiveté et le manque d’action leur rendait les épaules raides et la garde incomplète. Ils s’étaient relâché mais comment leur en vouloir ? Quand rien ne se passe, sans doute depuis une éternité, il était difficile de rester pleinement vigilant. Au moins, la présence inquiétante de la shinobi masqué aurait un effet positif : celui de les secouer un peu. Ses compagnons réagissent et l’encercle, sans jamais que la jeune femme ne fasse un signe quelconque, si bien que, à peine une poignée de seconde plus tard, cette dernière se retrouve avec une arme pointée sur la gorge.

N’importe qui aurait pu s’agacer, s’offusquer d’être traité ainsi mais pas Hinoke. Stoïque, un bâillement s’échappe du masque, sa voix déformée par l’artifice de cet étrange visage que le reflet des torches rendait un peu plus inquiétant qu’il ne l’était déjà. De cette démonstration de force, la balafrée ne voyait que la potentielle cicatrice de plus qu’elle pouvait éventuellement récolter si une escarmouche venait à se produire mais, surtout, le défaut flagrant d’organisation de ceux sensés assurer la sécurité des lieux.

« La communication c’est pas le fort de la caserne, à ce que je vois. » La jeune femme énonce ses faits avec calme, jetant quelques regards à la torche qu’elle avait lâché dans son geste de reddition pacifique. « Eteignez la torche, peut-être. Le chantier est déjà bien assez en retard, sans ajouter un départ de feu. »

Lorsque la silhouette familière du religieux se profile à l’horizon, Hinoke ouvre puis ferme l’une de ses mains pour le saluer. Si elle avait été visage découvert, le moine aurait pu profiter d’une grimace embarrassée mais le masque lui, restait aussi stoïque que sa propriétaire, rendant sans doute la garde encore un peu plus nerveuse.

« Je travaille pour Chihoko Tsugito-sama, sous la bienveillance d’Anpo-san. »

Il allait très certainement confirmer son identité, aussi la jeune femme en oublie la délicate situation dans laquelle elle se trouve pour se focaliser sur les alentours. La diversion qu’elle représentait pourrait peut-être tenter quelqu’un et, si c’était le cas, elle se devait d’être prête à réagir. Sans quoi, elle reprendrait très certainement sa ronde rébarbative pour finir d’installer ses torches avant de prendre un peu de hauteur sur l’un des échafaudages qui longent les murs de l’impressionnante bâtisse en construction.

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Anpo s’est précité pour voir de quoi il s’agissait avant de regarder le masque et de soupirer en secouant la tête.

« Ils sont bien sous ma protection, enfin elle. Ce n’était qu’un masque, reprenez vos rondes en paix mes enfants. »


Il fit un geste de protection sur le groupe avec un sourire.

« Aucun démon ne viendra sur cet endroit saint, ne vous en faites pas. »

La petite fille aux cheveux roses apparue derrière Anpo et cligna des yeux.

« L’est pas avec vous votre copain ? »

Anpo lui tapota la tête. Les deux avaient des tenues de nuit recouverte d’un long manteau pour se protéger du froid. Le moine observa Hinoke et lui fit signe de venir.

« Puisque vous voulez patrouillez, faite le avec moi. Vous ferez moins peur aux gardes. Si cela peut vous rassurer sur le chantier. Tu veux venir Mumei ou tu veux aller dormir ? »

Il lui avait parlé d’une voix douce en caressant comme un père ses cheveux.

« J’viens ! Moi aussi j’veux voir le chantier d’nuit ! »

Il hocha la tête.

« D’accord. »

Et il lui prit sa main dans la sienne avant de se mettre à marcher d’un bon pas dans le chantier en ayant repris la torche de Hinoke pour se mettre à déambuler dans tout le chantier sans rien lui cacher ou lui omettre.

« J’admire quand même votre dévotion pour un chantier ou tout se passe bien. Et où est votre camarade ? »

Il ne l’avait pas oublié.

Tama lui pouvait visiter l’autre chantier ou tout semblait se passer bien, les gardes étaient attentifs, mais une ombre comme lui… Non, c’était une belle nuit, une nuit calme et paisible.
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Akuma Tama
Akuma Tama
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Concours de B... Bouddha





Les ténèbres, dont j'avais habité les recoins durant quelques minutes, ne me révélèrent rien. Pas de mouvement dans ma vision périphérique, pas de projection pour me faire bouger... Rien que la douce bise dans mes cheveux. Sous moi, quelques gardes qui faisaient des rondes classiques, sans doute que de notre côté on avait également un comité d'accueil. En plus de Hinoke. Une mauvaise idée apparut dans ma tête : Et si je ne voyais personne, car les ennemis étaient allés sur le chantier que je devais protéger ? Un léger soupir et je tournais les talons. De toute façon, j'avais vu ce qu'il y avait à voir : Un chantier commun au mien, rien de particulier. On pouvait apparenter ma sortie à une petite balade nocturne, pour prendre l'air, caché dans la nuit...

Depuis combien de temps je m'étais habitué à épouser les défauts de la vision ? L'obscurité ? Telle une ombre, je n'étais qu'un détail qui faisait tourner la tête, pour ne contempler que le vide... La vitesse, l'observation et certainement un peu de chance avaient fait de moi un fauve au milieu des moutons. Les hommes en bas, dans la ruelle, pouvaient à tout moment être brisés par un coup bien placé : Par mes mains ou mes griffes, ils pouvaient périr, et cette force fit gémir le Nekomata à côté de moi, qui voulait goûter le sang et les os brisés.  

"Ah ! Tu crois que l'obscurité est ton allié. Tu n'as fait qu'adopter la pénombre. Moi je suis né dedans, j'ai été façonné par elle. Je n'ai découvert la lumière qu'à l'âge d'homme, et alors, elle m'a juste paru AVEUGLANTE !" Un coup d'œil, décrochant mon regard des travaux pour contempler le pelage sombre de la bête, je ne saisis pas bien ses paroles.
"Façonné par les ténèbres ?" C'était au tour du chat de me regarder, ses yeux, eux, exprimaient le mal et une forme de résignation.
" Je ne suis pas apparu d'un coup, j'ai toujours été là. Au fond de toi. Il fallait juste un déclencheur." Hochant la tête, comprenant un peu mieux ses paroles, je ne continuais pas la discussion. Je n'allais pas bavarder avec le démon. "Je suis la frustration et l'envie de vengeance de Tama." Mal à l'aise devant cette déclaration, je me levais pour faire demi-tour : Observer un chantier ennemi était une chose, mais regarder au fond de soi en était une autre.

"C'est moi qui ai créé Taiyo ?" pas de réponse du concerné, mais son discours précédent voulait tout dire. D'un pas discret et lent, je m'engageais, toujours sur les toits, dans la direction des travaux de Chihoko Tsugito... Bien moins rapide que son cheval, mais bien plus mortel !

Une nuit calme. Il fallait du repos pour être d'attaque demain.  

Tour:















Sphinx. Yukio 022



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Sarutobi Hinoke
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Brûler, mais pas que de l'encens
Feat Tama

Remerciant le bonze d’un hochement de tête reconnaissant, le masque se tourne de nouveau vers les soldats inquiets, la jeune femme le portant croisant les bras sur sa poitrine. Aucun de deux partis ne murmure d’excuses, tandis qu’ils se toisent encore une poignée de seconde avant que les hommes du seigneur ne reprennent leur travail de surveillance. La tête au menton encore redressé pour éviter l’épée laisse apercevoir à des yeux attentifs la cicatrice qui barre le cou de la jeune femme, juste avant que celle-ci ne reprenne une position plus confortable. Dans un réflexe d’habitude, elle va même jusqu’à ajuster le col de son manteau pour cacher la blessure en voyant apparaitre la frimousse rose d’une enfant dont elle n’attendait pas la présence et dont elle n’avait visiblement pas entendu l’arrivée.

« Il viendra me remplacer dans ma ronde bien assez tôt. » Dévisageant la nouvelle venue, bien à l’abri derrière son inquiétant couvre-chef, la Sarutobi répond presque machinalement à cette tête inconnue. Elle avait bien vu, ici et là, passer la fillette, sans encore avoir eu l’occasion de se pencher sur sa présence. Le visage de la shinobi navigue, une courte poignée de seconde, de la petite à son tuteur, avant de changer de sujet. « Mes excuses pour le grabuge, s’il vous a réveillés. »

Non pas que la manieuse de yoton y accorde une réelle importance, mais, en vertu de l’heure avancée de la nuit et de son incapacité à analyser l’émotion qui pouvait transparaitre sur le visage de ses interlocuteurs, elle préférait jouer de prudence. Elle aurait l’air bien bête si, une fois de plus, l’homme de foi partait de son côté en grognant, maintenant qu’il lui avait sauvé la mise.

« Bien Anpo-san. »

Si cette proposition sonnait un peu comme une façon de la garder à l’œil, la balafrée ne s’en formalise pas outre mesure. Cette fois-ci, sans doute, aurait-elle l’occasion d’apprendre plus de chose sur l’édifice, ses alentours et son effectif, pour peu que son chaperon daigne lui offrir les réponses qu’elle veut. Emboitant le pas au religieux, Hinoke se laisse tranquillement guider par l’homme qui connaissait bien mieux l’endroit qu’elle, aiguisant ses sens sur les ombres dansantes, à l’affut du moindre mouvement, et sa culture en alimentant la conversation de question diverses et variées sur les occupants du chantier. Lorsque, finalement, le bonze semble avoir fini son tour des travailleurs locaux, la jeune femme pose enfin la question qui lui brule les lèvres depuis l’apparition intempestive de la petite Mumei.

« Est-ce votre fille ? »

Si la différence capillaire entre les deux individus n’avait pas échappée à la médecin qu’était la Sarutobi, elle n’avait pas pu ne pas reconnaitre le geste paternel d’Anpo envers la petite pour l’avoir observé de loin, à multiple reprise, entre mères et enfants du clan d’où elle venait. Si l’absence de lien de sang entre les deux semblait équivoque dans leur manque de ressemblance, il n’en demeurait pas moins que la jeune femme ne pouvait s’empêcher de s’interroger sur la présence de la jeune fille, seule autre représentante du sexe féminin sur le chantier, maintenant qu’elle y réfléchissait davantage. Les voir progresser, main dans la main, peignait un étrange tableau sur l’homme et une enfant qu’Hinoke estimait à cheval entre l’enfance et l’adolescence.

« Sans parler de dévotion, je reste payée pour assurer la sécurité du chantier. Me relâcher sous prétexte que rien ne requiert ma présence serait manquer à mon devoir. » Incapable de savoir comment interpréter la répétition de question au sujet de son coéquipier, la jeune femme se contente de poursuivre la discussion, quittant un court instant l’observation des alentours pour se focaliser sur ses accompagnateurs. « Je commence à croire que le seigneur jette sans doute son argent par les fenêtres mais j’aurais, au moins, réveillé un peu les soldats pour ce soir. Tama-san secouera sans doute le reste lorsqu’il aura fini de se reposer, histoire de les remettre sur pieds jusqu’à la fin de la mission. »

Un pieu mensonge, basé sur la méfiance encore fraiche que la ninja éprouve vis-à-vis du duo qui l’accompagne. Etant donné la colère de l’homme de foi lorsqu’ils avaient posé des questions sur de possibles sabotages, il était plus prudent de lui cacher leurs recherches sur le temple adverse, ne serait-ce que pour éviter, si enquête devait-il y avoir, qu’ils ne mettent en cause l’investissement du seigneur qui les avait mandatés. Tranquille, la fine équipe de trois poursuit sa ronde, dans une nuit si paisible qu’encore une fois, Hinoke ne peut s’empêcher de se poser davantage de question sur la véritable raison de leur présence, incapable de croire à un investissement insouciant et capricieux de noble ambitieux.

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Anpo ne dit rien à la jeune femme, acceptant ses excuses et remarques sans rien dire, peut-être un peu fatigué ? Il ne dit rien pour l’instant, continuant d’avancer en lui faisant visiter le chantier de nuit où rien ne semblait bouger, tout semblait calme. L’air même semblait être dérangé par la présence. Anpo tenait la main de la petite fille qui bailla longuement en suivant le mouvement sans rien dire. Il se tourna vers Hinoke à sa remarque et Mumei secoua la tête.

« Mes parents sont morts. »

On aurait presque pu penser qu’elle s’en moquait un peu. Mais Anpo caressa doucement ses cheveux avec un sourire triste.

« Sa mère est morte en couche. Et son père… »

Il agita la main. Cela voulait tout dire après tout. Elle n’en avait pas du tout besoin pour comprendre qu’il n’y avait pas vraiment de père. Mumei eut un sourire.

« Anpo a veillé sur moi toute ma vie ! »

Anpo eut un sourire avant qu’elle ne s’étale par terre et Anpo se baissa aussitôt, elle se redressa à nouveau un peu et fit une grimace :

« Me suis tordue la cheville ! »

Il lui ébouriffa les cheveux en douceur avant de la soulever pour l’installer sur son dos et reprit sa marche.

« Très bien pour Tama. Vous faites bien de vous reposer à tour de rôle. C’est plus agréable. Et c’est bien d’entendre quelqu’un travailler aussi bien. »

Il lui offrit un nouveau sourire avant de la ramener à sa tente.

« Voilà, la prochaine fois prevenez-moi quand vous voulez faire des rondes le soir. Que je prévienne les gardes. Je vais aller m’occuper de ma p’tite demoiselle. Bonne nuit. »

Il lui offrit un sourire avant de se détourner un peu pour rentrer dans sa propre tente.
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Akuma Tama
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La marche était tranquille, une fois sortis du périmètre du chantier adverse, je pouvais lentement éteindre mes sens pour me focaliser sur un seul : Le toucher, sous l'empire du petit vent nocturne qui caressait ma figure et mes bras. C'était ça les vraies sensations : La marche, la découverte et ce danger imminent et pourtant si loin. Le climat de la Vallée de la Foudre me plaisait assez, il faisait plus froid qu'au sud, mais les montagnes cachaient du vent. On était à l'abri au final, dans cette région riche et isolée. "Un bon coin pour les Akuma ?" Les Onryou étaient une solution de secours, mais trottait dans ma tête l'idée qu'il fallait à mon clan un autre endroit, un nouveau départ... Un coin pour se régénérer, tranquillement, loin du brouhaha de la forêt et de la politique du Sekaï. "Loin de ces Daimyo qui veulent tuer des innocents."

Pourquoi pas ici ?

Cette pensée me trotta en tête tout le long du trajet, alors que mes pas me ramenèrent vers le chantier que je devais surveiller... Sans grande peine, je pus retrouver avec mon nez la trace de Hinoke qui vagabondait. Son parfum était profond et détonnait bien au milieu de la transpiration et de la poussière inhérente aux travaux du moment. Combien de temps étais-je partis ? Quelques heures ? Qu'avait-elle fait de son temps au milieu de la nuit ? Le calme et l'apparente tranquillité du cadre me signalèrent qu'il n'y avait pas eu de combats ni d'échauffourée... "C'est trop calme." le démon gambadait entre mes chevilles alors que je marchais d'un pas vif pour retrouver ma partenaire. "Cela manque de feu... et de cris." Une remarque qui me fit sourire, non pas en accord, mais parce que décidément il gâchait tous les moments un peu calme que je pouvais connaitre dans ma vie, depuis des années. Il en appelait toujours à la mort, à la désolation... C'était presque une mauvaise blague. Il put sans mal lire mes pensées, car il disparut aussitôt, vexé et furieux de cette remarque. Le petit chat n'était décidément pas un monstre sociable, ni très marrant.

"Au moins, je peux apprécier un peu cette soirée sans sa petite voix dans ma tête."

Très vite, la demoiselle en tenue de moine fut dans mon champ de vision, je me rapprochais en quittant mon manteau ténébreux qui m'avait peut-être protégé de danger sur mon voyage. "Ou bien il n'y a vraiment rien et je prends trop de précaution pour quelques accidents inutiles." Toussant un peu, j'indiquais ma présence avant de vérifier un peu le voisinage : Une oreille indiscrète ? Peut-être, on n'était jamais trop prudent ! Très vite, je m'approchais courtoisement pour lui murmurer à l'oreille :

- Rien à signaler : Soit ils sont très bons pour cacher leur présence et leur odeur, soit il n'y a vraiment rien du tout et on est missionné pour rien. Une moue contrariée, je pris un peu de distance pour stopper les messes basses. Besoin de repos ? Je peux prendre la main si tu veux, je préfère la nuit... Moins de bruits et moins d'odeurs... Embarrassantes. On installe des tours de garde ? Au cas où ? Les bras croisés, j'attendais les propositions de la jeune fille en sachant pertinemment que j'allais me plier à tout ça : On était tranquille, véritablement.

"Pas d'actions, mais des ryos en poche à la fin... Très bien !" Dans ma tête, Taiyo se lamentait à cette idée.

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