Trip Down the Family Tree [Uchiha Akira]

Le Shinobi aux cheveux ébouriffés et à la mine encore fatiguée fixait d’un regard vide la glace qui lui réfléchissait une image embrumée par les vapeurs de la douche. Nikkou n’avait cependant pas besoin de voir son reflet pour constater l’évidence. Le visage tiré. Les yeux lourds. Le crâne encore dans la ouate. La fatigue provoquée par les répercussions de son voyage se faisait toujours sentir. Il avait espéré que cette nouvelle journée de repos suivi d’une calme nuit de sommeil lui apporterait réponse à ses problèmes. Visiblement il s’était trompé. Le dilemme moral dans lequel il se trouvait n’était toujours pas réglé.

Dans le calme de ses appartements aux revêtements traditionnels et à la décoration d’une pauvreté spartiate, le Chûnin laissa dériver son esprit dans le souvenir encore récent de son voyage dans la Vallée de la Foudre. Comment ce lieu saint pouvait-il ainsi se jouer du destin du jeune Uchiha? Toujours à lui imposer quelques quiproquos moraux auquel le calme de sa demeure donnait des impressions de tourments répétés en échos. Punition de questionnements existentiels et de remords pour des actes et des paroles encore inavoués. De ces dilemmes qui vous suivent le jour et vous empêchent de dormir la nuit…

Il devait se rendre à l'évidence: la cité sainte de Kagayaki ne pouvait lui attirer que des malheurs. Il était revenu de son premier voyage l’esprit désœuvré, teinté du sang non de ses ennemis mais des pauvres gens dont le destin les avaient sur la route des envoyés de Konoha. À son retour après cette mission de l’ordre du mysticisme, il avait dû brûler les vêtements de voyage qu’il avait traîné avec lui, incapable de faire disparaître l’odeur de soufre lui rappelant la mort de l’un de ses camarades.

Quelques jours après son retour, des bonzes de la cité sainte étaient arrivés avec une demande qui avait d’autant plus frustré le Conseil. Les lettres signées par le feu chef des Senju et entérinées par un membre du Clan Uchiha avaient vendu sans outre considération les secrets généalogiques de leurs familles respectives à l’Archiviste d’Or. Non seulement un membre extérieur au Clan, mais également un étranger venu des terres lointaines du Pays de la Foudres sous le dominion d’un autre damyio.

Le Conseil n’avait pu ainsi répudier cette promesse, sous peine de déclarer une guerre avec un état voisin, ce que tant les hautes instances de Konoha que du Hi no Kuni avaient refusé. Après tout, les renseignements obtenus l’avaient été pour le bien de Konoha et le paiement était dû. Et, pour être honnête, outre la paranoïa émérite du Clan Uchiha, peu voyait en cet échange un véritable risque pour le village. Les informations généalogiques du Clan Uchiha ne contenaient après tout aucune donnée génétique susceptible de dévoiler le secret de leur Kekkei Genkai ou autre secret militaire...

Il demeurait cependant que les Uchiha voyaient d’un mauvais œil un tel échange. Le sentiment d’attachement à leurs racines et leur fierté millénaire tirée de quelques rumeurs de liens de parentés avec les plus grandes légendes du Sekai demeuraient encore forts. Pis encore, la possibilité qu'un scribe d’une autre nation, un étranger, puisse avoir accès à de tels secrets frustrait considérablement le Conseil. Et il avait évidemment une personne vers qui tourner leur frustration…

Le détenteur du sharingan à trois tomoe avait été fortement condamné pour les résultats de sa mission dans la Vallée de la Foudre. Heureusement, lui et l’Intendante de Konoha, désormais familiers avec la politique et les projets du village de Konoha, avaient su jouer de finesse pour laisser tomber le blâme sur le précédent Chef des Senju. Et même pour les Uchiha, il aurait été inconvenu de blasphémer contre les décisions prises par un shinobi lors d'une mission qui lui avait coûté la vie.

Alors, outre une animosité ouverte envers le pauvre Chûnin et quelques murmures le décrivant comme un traître à son sang, aucune sanction n’avait été imposée. Du moins, pas officiellement. Évidemment, il lui revenait de prendre la responsabilité des torts qu’il avait causé. Le Clan l’avait donc retiré des missions ordinaires, et par conséquent de sa paie, pour lui donner quelques taches de moine.

Pendant des jours, le Uchiha avait dû récupérer les différentes informations disponibles au sein du clan pour établir la généalogie disparate de l’un des plus grands Clan du Sekai. Carnets de naissances, correspondance, faire-part de mariage, généalogie parfois romancé, saga familiale, poème d'amour…la récolte d’information avait été ardue et sans grand intérêt pour un soldat dépourvu du moindre intérêt pour l’histoire de son clan. Au moins pouvait-il remercier le ciel de ne pas avoir eu à compiler l’information sous quelque forme cohérente. Le Clan ne voulait en aucun cas faciliter le travail de l’Archiviste. Les modalités de l’accès aux informations avaient été longuement négociées en ce sens par les parties.

L’Archiviste d’Or aurait accès aux documents pour une durée totale de trois semaines. Ni plus, ni moins. Et seul l’Archiviste d’Or serait autorisé à consulter les documents et à prendre des notes qui seraient conservées sous plis scellés, inaccessible à tout autre membre du clergé ou même aux successeurs de l’Archiviste d’Or. La consultation des documents serait quant à elle possible uniquement sous la surveillance assidue d’un représentant de Konoha.

Les modalités établies faisaient même référence à la peine capitale pour toute infraction. La Mort de l’Archiviste d’Or serait assurée. Les notes de travail et la bibliothèque seraient quant à elles brûlées dans les flammes des Dragons Uchiha. Les ordres donnés à l’Uchiha étaient tout aussi stricts. À la moindre écartade, il devait liquider l’Archiviste et mettre à feu à sang les lieux. Un ordre qu’il avait évidemment accepté, un pincement cependant au cœur alors qu’il se rappelait le voyage de feu et de sang qu’il avait réalisé dans ces mêmes terres quelques semaines plus tôt. Les cauchemars de la perte d’un camarade le hantant toujours à ce jour…

Pour une seconde fois, Uchiha Nikkou s’était donc rendu dans les chaînes de Montagne de la Vallée de la Foudre pour affronter les intempéries des hautes altitudes. Une fois les premiers miles parcourus, il ne put s’empêcher d’admirer avec une certaine crainte les sommets enneigés de la région. La première fois, il n’y avait vu qu’un tableau de paix et de sérénité. Désormais, le blanc du tapis de neige lui rappelait seulement le souvenir sanguinaire de ces terres gorgées du sang d’innocents versé lors de sa dernière venue. Au nom de Konoha. Pour sa toute puissance...au détriment de ceux ayant la malchance de se retrouver sur leur chemin.

Et s’il avait été facile d’ignorer tout scrupule à l’époque, revenir sur les lieux du crime évoquait une culpabilité que même la rigidité empruntée au militarisme de son clan ne parvenait à faire taire. Le détenteur du sharingan à trois tomoe devait ainsi se répéter d’un mantra mental que ce qu’il avait fait, il l’avait fait pour la mission. Et c’était encore le cas aujourd’hui.

L’expédition tout aussi délicate nécessitait sa protection cette fois-ci d’un parchemin scellé par un maître du Fuuin et contenant des documents pour lesquels on lui avait ouvertement demandé de donner sa vie, si nécessaire. Un trésor inestimable du Clan. Et le Conseil, encore hagard des dernières décisions de leur jeune recrue, l’avait bien mis au courant de l’importance de ces informations. La vie du shinobi n’était rien comparée à la valeur de l’histoire Uchiha.

Il ne s’agissait cependant pas de la seule raison justifiant le malaise du shinobi alors qu’il pénétrait les terres du Pays de la Foudre. Les terribles événements de son dernier périple dans la montagnes du Pic de Motogumi avaient gravées dans le sang et la cendre le visage des morts. Senju Naoshige. Hyuga Nori. La chamane. Et, dans une certaine mesure, Nikkou lui-même…

Terrible coup du destin, il était de plus accompagné d’un fantôme. Les cheveux longs et soyeux. La tenue finement portée. Le visage aux traits fins. Un autre membre de la famille Senju porteur des mêmes informations avait été dépêché pour le compte du Clan de la Forêt en plus d’un représentant de la Hokage afin d’assurer la coopération des deux Clans ennemis d’origine (et éviter tout vol d’information). Le rappel constant de la mort de celui dont ils allaient visiter la sépulture incendiée.

Par respect, le Maître des Ours avait évité de poser des questions sur la nature de ces liens avec le dernier Chef du Clan Senju, mais il sentait sans difficulté le malaise de cousin venu accomplir la dernière promesse du défunt. Il regrettait d’avoir manqué les funérailles du Chef des Senju qui, sans avoir été un ami, avait été un camarade de mission avec lequel il avait partagé sa couche des jours d’affilée. Les deux shinobi avaient également fait un bon duo dans la cité d’or, grappillant les informations nécessaires qui avaient mené au dénouement de leur mission. La mort du Chef des Senju n’avait donc pas été vaine, mais elle demeurait une pierre jetée sur l’édifice de son malheur.

Le nouveau membre de l’Anbu s’était ainsi rendu le cœur tourmenté à la cité sainte de Kagayaki. La lettre d’invitation officielle de l’Ordre de la Lumière Céleste avait suffi pour laisser entrer les trois Konoha-Jin jusqu’aux quartiers privilégiés reposant derrière la Porte du Néant. Véritable lieu spirituel de la cité sainte et également destination des Ninja non-initiés aux préceptes religieux de la région. Le calme majestueux de ce temple sous forme de ville cachée dans les serres acérées des montagnes du Pays de la Foudre était à couper le souffle. Au centre de ce désert de vent et de froid où les neiges éternelles reposaient, on pouvait trouver des merveilles d’architecture aux parures dorées et des statues emblématiques représentant les principales divinités Shinto du Sekai.

Un lieu qui avait suscité l’admiration du Chûnin…mais qui maintenant lui rappelait plutôt l’échec cuisant de son équipe de l’époque. Un mort était un mort de trop. Et Nikkou ne pouvait que se maudire de la mort de son coéquipier. Il s’était pourtant juré de ne plus laisser ses compagnons le quitter. Sayia. Tenshi. Maho. Et maintenant Naoshige…la liste s’allongeait encore, malgré tous les efforts qu’il faisait pour consacrer le pouvoir de son Clan et de son Village.

Arrivé devant l’auberge en reconstruction, l’endeuillé demanda cependant un arrêt pour payer ses respects au défunt et laisser le représentant de son clan user de techniques forestières pour rendre hommage à l’ancien Chef du Clan selon les rites funéraires des Senju. Un court arrêt qui l’aurait-il espéré serait suffisante pour lui permettre de faire la paix avec les événements, voire même peut-être se pardonner. Mais bien au contraire. La vue de cet endroit le ramenait toujours encore et encore à ce jour où il avait retrouvé le corps calciné, désormais imprimé dans sa rétine aux propriétés mystiques. La rancœur des Uchiha ne connaissait jamais la paix…

Dans une marche à reculons dans le passé, le shinobi retourna sur ses mêmes pas qu’il avait foulés en compagnie de Naoshige, remontant de l'auberge jusqu’au dernier arrêt effectué ensemble lors de leur périple à la Bibliothèque de la Lumière Céleste. Le lieu impressionnant n’avait cependant désormais plus aucune emprise sur sa personne. Un autre tombeau pour ceux qui avaient eu la malchance de croiser son chemin.

Enfermé dans un mutisme solennel, c’est à peine si Nikkou avait même répondu à l’accueil de l’Archiviste d’Or, visiblement bien plus heureux de les voir en ce jour comparativement à leur première rencontre. Le shinobi pouvait même déceler chez cet avide prêtre l’excitation luxuriante qu’il avait alors qu’il lui présenta le parchemin détenant toutes les données pour remontrer l’ascendance des présents membres du clan. Il aurait aimé brûlé immédiatement cette bibliothèque porteuse de tous ses maux…mais il se doutait face à l’attitude du prêtre que ce dernier ne ferait aucune erreur dans l’exécution de son mandat. L’opportunité qu’il lui était donnée était certainement trop importante pour risquer de la voir lui glisser sous le nez pour quelques transgressions des règles établies par Konoha et ses deux clans majeurs.

L’étude des documents commença sans plus attendre. L’Archiviste et le Maître des Tempêtes enfermés dans un petit bureau à l’abri des regards des autres disciples du Temple de la Lumière Céleste. L’excitation à son comble, le prêtre commença par la lignée de Nikkou afin de gagner un peu de capital de sympathie auprès de ce surveillant austère…une idée qu’il abandonna bien rapidement en voyant le manque de réaction du principal intéressé. Pratiquement vexé pour ce manque d’intérêt envers la passion de toute une vie, l’Archiviste grommela quelques insultes envers une lignée de paysans avec peu de talents, mais qui avait dû prendre les armes en raison d’une mince trace de chakra dans leur organisme…visiblement la lignée du détenteur du sharingan à trois virgules n’avait rien de bien impressionnant.

Après cette tentative infructueuse de trouver un compagnon dans la remontée dans l’ascendance du Clan, l’Archiviste s’était emmuré dans un silence pieux. Visiblement concentré dans ces démarches, il parcourait notes, certificats et avis de décès avec une attention impressionnante, ne s’arrêtant que pour faire quelques commentaires lorsqu’il trouvait une nouvelle pièce qui s’imbriquait dans une certaine lignée. Il posa seulement quelques questions à Nikkou sur des personnalités d’aujourd’hui, confirmant les informations disponibles dans les fiches les plus actuelles afin de s’assurer de ne pas avoir été joué par le Clan maître des illusions. De simples vérifications de formalité…

Le noble scribe fut cependant dérouté par la fiche de naissance d’un autre membre du Clan. Uchiha Akira avait les cheveux blancs? s’était-il étonné avant de demander s’il y avait une erreur sur le certificat de naissance. La réponse de Nikkou ne sembla cependant pas le satisfaire et au contraire le força à croire qu’on lui avait remis de fausses informations pour éviter de respecter leur part de l’entente. Pour pousser l’injure, il traita Nikkou de menteur en s’emportant et en se levant d’un coup sur la table. La teinte sanguinaire du sharingan et les menaces de mettre à feu la bibliothèque suffirent cependant à calmer ses ardeurs…et peut-être même à le convaincre que le dénommé Uchiha Akira était bel et bien un enfant aux cheveux argents et aux yeux bleu.

L’heure qui suivi, l’érudit continua de grommeler quelques inepties sur certaines dates qui ne fonctionnaient pas avec les lieux. Par deux fois, il confirma même avec Nikkou si Konoha avait deux hôpitaux distincts avec deux médecins en chef distincts, ce qui était évidemment impossible. Le village de Konoha était encore jeune et un seul hôpital était déjà un luxe que plusieurs villages ne pouvaient même pas se permettre. L’Archiviste laissa seulement échapper un grognement en répétant le nom de Akira à quelques reprises et déclarant seulement “ça ne marche pas du tout”…éveillant un brin l’intérêt du senpaï du principal concerné.

Pour la première fois, Nikkou démontra de l’intérêt pour le travail de son partenaire des derniers jours. Heureux de voir son travail ainsi reconnu, l’Archiviste montra à Nikkou le registre des naissances de l’hôpital de Konoha et celui du Clan. La naissance d’Akira était enregistré à l’hôpital de Konoha dans le registre du Clan, mais pas dans le registre de l’hôpital. Il montra par la suite le certificat de naissance et les dates contenues aux suivis médicaux de la mère d’Akira depuis sa grossesse. Le premier rendez-vous sur la grossesse remontait à plus de dix mois avant l'accouchement. Et en s’intéressant au dossier du père d’Akira, on pouvait remarquer que la naissance correspondait exactement à neuf mois suivant un examen médical après le retour d'une mission de longue haleine qui aurait pu affecter ses facultés reproductrices. La date de naissance quant à elle était de deux semaines précédant l'arrivée à terme du neuf mois suite au retour du paternel qui lui avait eu un nouvel examen de retour de mission après la naissance de l'enfant. Tout pour éviter que ce dernier ne soit présent pendant le dernier mois de la grossesse et à l'accouchement...

Pour Nikkou bien entendu, il ne s’agissait que de quelques erreurs d’inattention ou autres erreurs administratives. Ce que le scribe réfuta avec une passion renouvelée. Il n’avait jamais vu un registre aussi bien tenu que celui du Clan Uchiha pour lequel, rappela-t-il à l’un de ses membres, la pureté du sang était le plus important…soulignant ce propos d’un rictus visiblement amusé avant d’insinuer ce n'était pas le cas pour toutes les mères du Clan Uchiha. Il y avait de la promiscuité même dans les plus grands clans du Sekai avait-il même poursuivi. Pris de court, le Uchiha demanda à son interlocuteur d’arrêter là l’insulte, le carmin de ses pupilles démoniaques fièrement brandies en guise de menace. Akira était un cousin. Un frère. Et il ne laisserait personne entacher sa réputation et faire quelques insinuations sans preuve à l'appui.

La nuit pourtant, cette phrase le hanta. Il pouvait voir le jeune Uchiha aux cheveux d’argent et à l’attitude rebelle qu’il avait remarqué la première fois, dénotant dans cette mer de têtes à la chevelure d’ébène à l’uniformité spartiate. Toute la nuit durant, il essaya de réconcilier son dédain pour le Clan et ses membres qu’il n’avait jamais su apprécier et son affection pour son nouvel ami qu’il avait aimé dès les premières paroles. Et ce qu’il se refusait lui-même de dire ou de penser. Ce combat impressionnant qu’il avait mené avec Akira maintenant devenu son égal, Chûnin nouvellement promu qui avait affronté à ses côtés un trio de cousins aux styles de combat typiquement Uchiha. Et il ne pouvait oublier le duo orageux qu’il formait, lui armé de Fûton et Akira fier détenteur du Raiton. Il s’était refusé d’y penser, mais déjà à l’époque il s'était posé des questions. Uchiha Akira était incapable de maîtriser le Katon, et ce, en dépit d’être le fils de l’une des meilleurs utilisatrices du Clan. Et chez les Uchiha, si le Katon n’était pas l’affinité primaire de certains, il demeurait qu’il s’agissait d’une affinité aisée pour tous à maîtriser grâce au lignage préservé des Dragons Uchiha…sauf pour Akira étrangement

Après une nuit tourmentée par quelques questionnements, Nikkou se réveilla l’esprit plus léger. Ce n’était pas à lui d’émettre quelques hypothèses sur l’ascendance de son cadet. Nikkou était absous des ridicules valeurs puristes du clan et n’avait cure du lignage ou de l’hérédité. Il croyait sincèrement que le talent s’acquérait avec l’effort et refusait de tomber dans l’élitisme qui avait gorgé le Sekai du sang des Uchiha dans quelques guerres intestines. Les tergiversions sur l’ascendance de son ami ne menait à rien, il s’agissait d’une histoire à mettre de côté…du moins espérait-il.

Le lendemain, une lettre froissée l’attendait sur sa chaise. D’un sourcil relevé, il questionna le prêtre sans aucune réponse. Forcé par le manège de son partenaire, il ouvrit la lettre qu’il aurait préféré ne jamais lire. La date de lettre attira d’abord son attention. Elle correspondait à un mois près à la date d’anniversaire d’Akira. La dernière semaine au cours de laquelle Akira aurait pu naître selon l’Archiviste à la lumière des premiers rendez-vous médicaux de la mère d’Akira.

La gorge serrée et la bouche pâteuse, Nikkou tenta de dissimuler son malaise avant de continuer à lire la lettre. Une correspondance sans destinataire. Comme si l’auteur avait décidé à la dernière minute de ne pas l’envoyer. Quelques lignes seulement avant de terminer abruptement. Comme si l’achever aurait été une mauvaise idée. “La lune d’argent a enfin pointé à l’horizon aujourd’hui. Comme si tu étais revenu dans ma vie…ou du moins comme si une part de toi était revenue.”

L’esprit vif du shinobi désormais obsédé par cette nouvelle tragédie lui força à extrapoler la signification de ce message encrypté de poésie. La lune d'argent. Le retour. La naissance du seul Uchiha aux cheveux d'argent...D'un soupir apeuré, il refusa cette élucubration et tenta de repousser l’évidence avant de déplier encore le parchemin et remarquer les vestiges de quelques cheveux blancs disposés comme un cadeau au destinataire de la lette.

Le reste du voyage était flou pour Nikkou. Le tout effacé derrière la dernière image dont il se rappelait. Les premières branches d’un arbre généalogique avec un nom bien connu. Uchiha Akira. La date de naissance dédoublée et affichant deux mois différents. La branche remontant au nom de sa mère d’un trait gras. Mais l’autre branche remontant d’un trait pointillé vers le nom du père d’Akira accompagné d’un kanji symbole de l’interrogation. Un lien ténu, remis en doute par un érudit versé dans le savoir de la généalogie.

Ce symbole hantait les jours et les nuits du Maître des Ours depuis son retour à Konoha. Il avait évité jusqu’à ce jour de rencontrer Akira, restant enfermé dans chambre avec sa seule conscience comme partenaire. La Lettre de la Lune volée aux archives du Clan toujours dans la poche de sa tunique à lui brûler la peau de sa présence. Il refusait de la cacher ailleurs pour éviter qu’elle ne soit découverte. Visiblement, la mère d’Akira avait déjà fait l’erreur de s’en départir et quelqu’un l’avait registré dans de vieilles archives de correspondance du clan. Et il ne revenait pas à Nikkou de la détruire…la question était de savoir s’il lui revenait de secouer le monde entier d’Akira et de déchirer la toile de cachotteries tissées par la mère de ce dernier pour protéger son enfant de l’ire du Clan. Les Uchiha étaient possessifs. Et savoir qu’un des leurs était dépourvu des liens indéniables du sang mettrait sa position en danger. Un demi-Uchiha était un traître en devenir pour certains.

Non. Il y avait trop de risques. Trop de données inconnues pour mettre en danger la vie d’Akira d’autant plus. Il était déjà répudié par certains pour avoir choisi de se rapprochr des Aburame. Si on jugeait du jour au lendemain que la confiance héréditaire qu’on daignait tout du moins lui reconnaître n’existait pas, sa vie serait en danger. S’il désirait protéger Akira, Nikkou devait cacher cette information. Il devait détruire la lettre, brûler la section de l’Arbre généalogique commencé par le Temple de la Lumière Céleste et espérer que personne ne retrouverait jamais les incohérences laissése dans les registres de l’hôpital. La vie d’Akira telle qu'il la connaissait en dépendait.

...mais d’un autre côté, n’avait-il pas le droit de connaître ses origines? Peut-être que cette information lui permettrait de faire la paix avec la dualité de son être et d’oublier les premiers élans de colère que Nikkou avait perçu de ce dernier contre le Clan honni. Une simple révélation qui lui permettrait de se retrouver au travers de toutes ces idées préconçues et autres attentes imposées depuis sa plus tendre enfance sans lui laisser la chance d’exprimer une part de lui encore inconnue. L’opportunité de s’affranchir enfin des terreurs d’une famille qui l’avait malaimé pour une identité qui lui était propre…

Et sans s’en rendre compte, perdu dans le tumulte de ses pensées, le corps de Nikkou avait bougé de lui-même, prenant la décision à la place de cet esprit indécis pris dans un capharnaüm moral. Il se retrouva devant la porte de son cousin, son frère d’adoption, à cogner à la porte…une lettre à la main.

L’éphèbe resta un moment bouche-bée. Le poing toujours dans les airs pour cogner à une porte maintenant ouverte pour laisser entrevoir une chevelure argentée. La Lune d’argent. À l’imaginer et à la voir à toute heure du jour en pensée, il en avait oublié son existence réelle. Akira détonait face à son propre cousin, lui qui était sculpté dans les sombres ténèbres du Clan Uchiha.

Heureusement, l’excitation du cadet avait pu masquer la brève absence de Nikkou, qui se reprit rapidement d’un petit sourire avant d’incliner à son tour la tête en signe de salut. L’assaut de questions avait cependant suffi à repousser l’inquiétude brumeuse qui envahissait son esprit depuis plusieurs jours, remplacée seulement par l’affection fraternelle qu’il avait pour son cousin.

“Content de te voir aussi.” répondit-il d’un ton chaleureux, sans besoin de plus s’exprimer.

Le Maître des Tempêtes s’engagea alors dans les nouveaux quartiers du Chûnin, dénotannt le style différent des Aburame. Assez sobre, sans pour autant prétendre au militarisme des quartiers Uchiha. Une demeure plus chaleueuse somme toute que ce à quoi les Dragons de Konoha étaient habitués. Et qui réussissait visiblement bien à son habitant.

“Tu as l’air bien ici, dis donc. J’imagine que les quartiers Uchiha ne te manquent pas trop?” demanda le shinobi d’un ton de plaisanterie, connaissant visiblement la réponse…

…du moins le laissait-il croire. Après tout, la visite de Nikkou avait un but. Comme le lui rappelait la rugosité du papier parchemin qui maltraitait sa peau au niveau du torse. Mais avant de prendre toute décision, il préférait s’assurer des sentiments du principal concerné.

L’estomac du Chûnin se noua lorsqu’Akira évoqua la possibilité de revenir au clan. La raison de sa visite inopportune. Pour taire sa nervosité, il se saisit de la tasse de thé tendue et continua d’écouter, sans mot dire, les propos de son cadet. Visiblement, ce dernier éprouvait un certain inconfort à l’idée de revenir auprès des siens et de quitter l’accueil chaleureux que la famille de Hako lui avait offert.

Pendant un instant, le ténébreux eu un aperçu des deux versions de la destinée de son cousin. La première, celle qui lui avait ouvert la porte. Un Akira heureux et jovial, plein d’une assurance renouvelée d’avoir oublié les enseignements sectaires de son héritage. La seconde, celui qui s’offrait à nu devant lui et acceptait la fardeau de nom qui avait fait tremblé le Sekai. Les yeux éteints, la mine affaissée, un enfant auquel on avait retiré sa jeunesse pour des résultats hors d’atteinte et des remontrances sadiques.

“Il s’agit justement de ce qui m’amène. Ton retour.” déclara le Chûnin d’un ton un brin dramatique, malgré ses tentatives de rendre le tout plus convivial derrière un sourire en coin.

“Peut-être n’es-tu pas obligé de revenir au sein du Clan Uchiha…en fait peut-être n’as-tu pas ce genre d’obligation envers ce dernier.” finit-il par énoncer d’une voix maintenant plus assurée, presque délivrée. Il n’y avait plus de doute. Nikkou pouvait constater que sa place n’était pas auprès de sa famille. Ou du moins, d’une partie de cette dernière. Et peut-être sa présence était-elle donc un salut.

Trop nerveux pour continuer de la sorte, le visiteur aux cheveux d’encre se leva en déposant sa tasse de thé sur la table basse et pour faire quelques pas en rond dans le petit salon.

“Lors de ma dernière mission, j’ai dû travailler sur la généalogie du clan...et certaines choses, ou du moins certaines rumeurs, ont été mises à ma connaissance.” finit-il par révéler avant de marquer une pausse. Le temps que Akira, bien que toujours dans l’ignorance, saisisse l’ampleur de la situation.

L’éphèbe laissa échapper un petit rire nerveux à la blague d’Akira sur le lien de parenté de ses propres parents. Le sujet n’était pas aussi risible qu’il ne l’aurait cru. À ce moment, pour éviter de créer d’autres fausses croyances, Nikkou ouvrit la bouche pour livrer le message qui pesait sur sa conscience.

”Euh…ce ‘est pas tout à fait ça…”

Commença-t-il avant de se raviser pour laisser son cousin exprimer sa pensée. Il lui devait au moins bien ça. Après tout, il était sur le point de faire imploser le noyau dysfonctionnel de la famille du principal intéressé.

L’opinion ce dernier sur le bassin génétique des grands clans de Konoha était sévère. Avant-gardiste, aurait-il dit…mais si seulement il avait su. En fait, peut-être savait-il. Peut-être qu’inconsciemment, sa propre généalogie le poussait à répudier la pureté du sang si chère aux membres du Clan à l’Éventail.

”Tu as raison. Hako est un bon exemple. Je la connais peu, mais elle est une redoutable Kuoichi de ce que j’ai pu en voir…un peu comme toi, non?”

Ajouta le Chûnin avec un sourire bienveillant, désormais rassuré sur l’avenir de son cousin, et ce, peu importe commet il prendrait la nouvelle. Il était en fait bien plus prêt pour la nouvelle que le Maître des tempêtes aurait pu l’anticiper. Peut-être était-ce même ce qu’il attendait pour réellement se réaliser.

”En fait…c’est plutôt à propos de toi que du Clan, Akira. L’archiviste m’a demandé plusieurs questions sur toi et n’arrivait pas à faire du sens des informations en lien avec la grossesse de ta mère, ta naissance et l’historique médical de ton père…les dates ne fonctionnaient pas.”

Le non-dit voulait tout dire. Il savait qu’il n’avait pas grand-chose à ajouter pour que son cousin ne comprenne. Les histoires de concubinages étaient fréquentes chez les familles nobles que les shinobi étaient appeler à protéger lors de missions. Mais la politique génétique des grands clans arrivait habituellement à empêcher de telles histoires rocambolesques.

”Et...il y avait cette lettre de ta mère.”

Le shinobi retira la lettre du pli de sa tunique au niveau de son pectoral et se contenta de la tendre à Akira. Il en tirerait les conclusions qui s’imposeraient. Et Nikkou serait présent à titre de soutien.

Face à la réaction de son cadet, Nikkou se mordit la lèvre de gêne. Pire que la révélation, l’absence de réponse et de détails hantait le Chûnin. Il savait qu’il avait lâché une bombe sur son cousin, sans même pouvoir lui donner les réponses anticipées. Pour être honnête, il aurait certainement préféré ne pas être mêlé à de telles histoires concernant le Clan…mais il préférait que ce soit lui plutôt qu’un autre dans le cas d’Akira. Au moins avait-il quelque compassion et empathie si rare chez les Uchiha.

“Non…personne d’autre n’est au courant…du moins pas à ma connaissance. Tu peux être certain que je n’ai rien dit au Conseil en tout cas. Et disons que je me suis arrangé avec l’Archiviste qui l’a découvert.”

Avoua-t-il un peu plus maladroitement. Nikkou n’était pas du genre à user de ses facultés pour les civils pour son bon plaisir, mais il n’avait pas hésité une seconde pour son cousin. Le moins de personne au courant, le plus de liberté Akira pourrait avoir dans la manière de traiter cette nouvelle information.

“Je n’en sais pas plus...et je doute qu’on trouve d’autre chose dans les arcanes du Clan. On a eu de la chance qu’un expert comme l’Archiviste du Temple de la Lumière Céleste fasse les connections nécessaires…”

Chance était certes un grand mot, mais le Chunin avait préféré avoué la vérité plutôt que de laisser son protégé dans l’ignorance. Il méritait de connaître ses origines. Et d’en faire ce qu’il en entendait par la suite.

“Oui, je l’ai lu…désolé mais je devais savoir si je devais t’en parler. Il s’agit de l’histoire de ta mère, encore peut-être aura-t-elle réponse à tes questions. Mais si je puis me permettre…peut-être que tu seras content d’être le fruit d’une telle histoire.”

Il savait le sujet délicat compte tenu de la position d’Akira par rapport au clan, mais d’autant plus concernant sa famille. Mais au moins aurait-il une autre perception de sa mère et de sa naissance. L’enfant d’une union impossible, guidée par le romantisme et l’amour. Du moins, Nikkou préférait-il le voir ainsi…

En voyant l’air défait et perdu d’Akira, Nikkou s’approcha avec un regard compatissant pour déposer une main sur son épaule en guise de soutien. Il savait qu’il ne pouvait rien d’autre pour son cousin, si ce n’était de te le soutenir et lui donner une oreille pour accueillir ses réflexions et sentiments.

“La vie a été injuste avec toi…mais elle t’a au moins permis d’être l’homme que tu es aujourd’hui. Et c’est tout en ton honneur…”

Il était trop tard pour regretter le passé, mais au moins un nouveau futur s’ouvrait-il grand ouvert devant le nouveau Chûnin.

La main du shinobi se posa par compassion sur l’épaule de la victime de ces révélations, avide de lui montrer quelque support après avoir fait éclater sa vie en éclat. Le pauvre pensait déjà aux répercussions et à l’implication du clan avant de prendre le temps de digérer les nouvelles, alors que Nikkou avait immédiatement détourné ses préoccupations sur son cousin.

“Je suis loyal envers le Clan, mais ma priorité a toujours été ceux que je considère comme ma famille. Il s’agit de tes origines, je te laisserai faire les divulgations que tu entends.”

Pendant des années, Nikkou avait refusé de se rapprocher de ses pairs afin d’éviter cette situation. Il savait pertinemment que le moment venu, sa loyauté au clan ferait défaut face à l’amour et l’amitié qu’il pouvait éprouvé pour autrui. Les Uchiha avait été une porte de sortie. Un véhicule pour porter son deuil. La véritable loyauté, celle pour laquelle il donnerait sa vie, il la réservait pour ses êtres chers.

“Il s’agit de tes origines. De ton histoire. J’ai couru ici pour t’en informer car il s’agit de quelque chose qui t’appartient. Fais ce que tu en veux, mais tu as le droit à toute la vérité…de ta mère ou du Clan.”

Le Chûnin s’était prononcé d’un ton doux, mais emprunt d’une certaine fermeté afin de communiquer `à son cousin l’assurance nécessaire pour s’arroger tous les droits sur cette révélation. Le pauvre avait déjà assez souffert des relations avec sa famille, marqué par les secrets et les non-dits. Il était temps pour lui de revendiquer l’espace nécessaire pour prendre sa place dans cette triste histoire.

Mais pour l’instant, Akira devait tout d’abord digérer la nouvelle. Et Nikkou sourit de manière innocente aux farces de son cadet, trop absorbé à tenter de lire les sentiments de ce dernier pour véritablement se laisser aller au comique de la situation. Dans un tel moment, certains préféraient être seuls et d’autres au contraire avaient besoin d’une épaule sur laquelle s’appuyer ou simplement se délivrer.

“J’espère que tu sais que je serai là quite que coute. Maintenant ou lorsque tu voudras revendiquer tes origines. Je te lâche Akira…pour moi tu es de la famille.”

Le shinobi accompagna ces paroles rassurantes d’une main seconde main sur les épaules de son cousin. Pour lui faire comprendre que malgré l’incertitude et le chaos ambiant, Nikkou serait là pour qu’il oublie le tumulte extérieur.