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Semer les graines du désordre [Conquête - Rang B]

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Zhao Yu
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Auberge de la Grue Noire
Arrière-salle


L'heure était venue. Long She se préparait enfin à lancer son projet de grande envergure. La conquête des Montagnes Rocheuses. Pour l'heure, il leur fallait balayer les derniers obstacles sur leur chemin. Assis derrière son bureau dans l'arrière-salle de l'auberge de la grue noire, Yu tapotait du bout de son crayon la liste des trois noms qu'il avait devant lui. Trois cibles qu'il allait leur falloir éliminer pour se laisser champ libre. Regardant Guren, le propriétaire de l'auberge, s'éloigner et quitter la pièce, il ne put s'empêcher de ressasser les ragots que le colosse lui avait donné au sujet de ces trois personnages.

Sugimoto Yoshiro. Un samurai qui se faisait une réputation dans la région pour ses capacités d'élimination de bandits, plutôt bien vu des autorités. Le souci? Yu n'arrivait pas à jauger l'individu sur de simples dires. Était-ce un simple et honnête travailleur avec un fort désir de justice ou un homme trouble profitant de sa réputation? A voir. Pour l'instant le Zhao travaillerait avec le premier archétype en tête. Classé homme dangereux. La suite.

Mamoru Shiroe. Le chef des mineurs. Soit, aucun problème de ce côté-là. Le petit syndicaliste de la région. Sans doute vindicatif et désireux d'améliorer les conditions de travail de ses camarades. Un homme lambda avec une importance trop grande pour son pouvoir réel. Pour gérer son cas, il vérifierait avec Wei ce qui était le mieux. Les mineurs devaient se rallier à leur cause naturellement. Une confrontation directe ne serait donc pas le choix le plus favorable.

Daigo Ishihara. Il s'agissait du personnage sur lequel il avait le moins d'informations. Cet homme était apparemment un marchand de la guilde des mineurs et des joailliers. Son nom était parvenu souvent aux oreilles de Yu sans qu'il puisse avoir plus d'informations sur l'étendue de son pouvoir politique dans la région, chose inquiétante. Il s'agirait probablement de l'homme le plus dur à abattre.

Bon.

"Qu'en penses-tu Wei?"


La jeune femme était là elle aussi. Perdu dans ses pensées, Yu avait quasiment oublié sa présence pendant cette brève mais intense réflexion. Ils allaient devoir décider d'un plan d'action. Rapide et efficace. A leur image? L'avenir le leur dirait.
The Plot:
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Jin Wei
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Détruire, pour mieux reconstruire.

Ils auraient pu procéder différemment ; ils auraient pu convaincre la population du bien fondé de leurs actions, ou encore faire assassiner le Daimyo de la région et le remplacer. Ils auraient pu choisir la voie de la Paix – toute relative, dans le cas de l’assassinat, mais au moins la population n’aurait pas à souffrir. Ils auraient pu…

Mais ils avaient choisi la voie de la Destruction.

Se débarrasser du Daimyo n’était clairement pas dans leur intérêt. Le boug avait accepté qu’ils s’établissent dans la région, et il paraissait plus qu’enclin à fermer les yeux sur leurs activités, pourvu que cela lui rapporte. Qui plus est, l’homme avait une bonne gestion de son territoire et il était un atout auprès des habitants des Montagnes Rocheuses. Non, clairement, il était bien à sa place et Wei n’avait aucune envie de s’emmerder à trouver quelqu’un d’autre – et encore moins d’avoir à en assumer la charge. Le pouvoir, c’était bien ; les responsabilités, beaucoup moins. Il leur fallait simplement un moyen de pression, quelque chose qui leur permette de prendre les décisions seuls, d’agir seuls, de dépasser l’autorité du Daimyo sans qu’il ne puisse rien y faire. Alors, il ferait le sale boulot, il s’occuperait des mondanités, et Lóng Shé du reste, de ce qui était vraiment important.  
Mais pour le convaincre, il fallait convaincre la population… Et ça, c’était impossible. Pour Wei, il n’y avait rien à tirer de cette masse grouillante et affamée. Ils étaient obnubilés par leurs propres désirs, que l’organisation se faisait un plaisir de combler, et ils n’avaient aucune vision collective, aucune ambition sur le long terme. Ils leur donneraient leur bénédiction un jour et seraient capables, le suivant, de leur tourner le dos, d’aller vers le plus offrant. Convaincre, c’était peine perdue ; les Hommes ne raisonnaient pas, ils suivaient leur instinct.

Il fallait donc persuader. Prendre la bête humaine par les sentiments, se nourrir de ses désirs. Il fallait créer le besoin – un besoin viscéral, incontrôlable, comme… Une addiction à Lóng Shé. Et ça… Wei savait parfaitement comment faire.

La Peur.

« Mamoru Shiroe. » répondit Wei, se redressant sur sa chaise. « Je pense qu’il faut commencer par lui. » C’était à la fois la cible la plus accessible et la cible la plus dangereuse. Il avait le cœur de ses hommes, certainement, et c’était donc par lui qu’il fallait débuter cette quête. Le type de la Guilde des Mineurs & Joailliers inquiétait bien moins la rouquine, en ce qu’il appartenait à une toute autre strate de la société, une strate pour laquelle les mineurs n’éprouvaient certainement aucune compassion. Que l’un des leurs meure par « accident » ferait d’un coup bien plus de ravages. Quant au samouraï… Hmm, elle ne doutait pas qu’il pointe le bout de son nez dans cette affaire, s’il tenait vraiment à se faire une réputation. Inutile de traquer les faiseurs d’ordre d’emblée, ces gars-là avaient une propension à se foutre dans les emmerdes.

« On sait quoi de plus sur lui ? » demanda Wei en levant les yeux vers Yu. « Où il bosse, où il vit, s’il a une famille, des amis... Il nous faut un maximum d’infos, si on veut faire passer ça pour un accident. La mine, ce serait l’idéal, évidemment. Mais je pense qu’une histoire de rivalité, ça pourrait faire l’affaire aussi. » Tout ce à quoi il fallait vraiment faire attention, c’était à qui faire porter le chapeau.

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Kamiko Fumetsu
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Semer les graines du désordre  
La vie est une fatigue constante. La monotonie quotidienne et l’apparente futilité de l’existence entraîne irrémédiablement les uns et les autres à chercher inlassablement le plaisir. Et s’il ne suffisait que de cela l’Homme serait joyeux mais c’est dans son plaisir qu’il s’abîme et qu’il souffre avec le plus de vivacité. Eternel rappel de sa faillibilité, l’hédoné absorbe de sa volupté les dernières onces d’humanité, d’espoir, qui habite sa proie. Celle-ci s’agite, elle s’arcboute sur soi-même, elle tente désespérément de faire ressurgir cette éclaircie morale qui illumine un temps l’âme de l’être mais retombe avec faiblesse dans de vils tourments infinis. Cet état de fatigue de l’âme est une maladie, une maladie contagieuse et éternelle qui ne connaît pas de remède. Que faut-il faire ?, faut-il rompre avec la fragile limite entre le plaisir et l’avilissement ?, ou bien alors combattre cet état de l’âme de toutes ses forces ? Finalement qu’elle est la nature réelle de l’Homme si ce n’est le jouet constant de ses envies démesurées que seule la raison, la conscience, dans des proportions différentes selon l’individu, peut tempérer par la blessure ? Purulente malformation de l’état d’âme ces rais de lumière font office de rappel insensé à une humanité présumée, à un état de conscience épris de remords quant aux attitudes ignobles de nature. L’être humain est finalement une pièce dans un jeu immense. Ce jeu cruel où les deux facettes d’une même pièce se haïssait mutuellement et tournent dans le vide en attendant de retomber lourdement sur le sol sur la tranche, équilibre fragile mais paradoxalement immuable. Quel chemin suivre : la tentation éternelle de sombrer dans le plaisir ou le regret de vivre une vie dissolue ?

Fumetsu finissait sa contemplation de la porte de l’auberge par un soupir peiné. Il aurait aimé, il le savait intimement, résister à ces plaisirs qui l’emportaient vers les rivages du non-retour, tel un marin lors de son dernier voyage. Evidemment, il était en retard mais ça, il s’en fichait. Evidemment, il allait attirer l’attention mais ça, ça l’arrangeait. Evidemment, il aimait recevoir une attention particulière. « Maudite hédoné, n’est-ce pas ? » ricanait-il intérieurement. Il poussait la lourde porte, s’époussetant d’un air distrait et faisant mine d’ignorer les regards qui se posaient alors sur lui. D’une aisance certaine et d’un pas confiant il se dirigeait vers l’arrière salle où se déroulait en ce moment même la réunion à laquelle il devait assister. En passant par le couloir chargé en tentures l’élégant jeune homme reprenait ses tribulations morales, motivées par la discussion qui l’attendait. « Assassiner, corrompre, soudoyer, ridiculiser. Mon âme souffre de tout ceci alors pourquoi faut-il continuer ?, pourquoi mon cœur ne se serre-t-il pas à la morsure de la lame ?, pourquoi ma conscience ne me réprouve-t-elle point lorsque j’éteins celle d’un autre ?, l’âme n’est-elle que la réminiscence de ses actes sans autre incidence sur la personne que de piètres remords ? » pensait-il avec amusement. Il possédait de toute évidence la réponse à tout ceci : « C’est tout cela, ma fatigue, ma monotonie. Cherchons le plaisir pour la taire. Comment ?, par l’excès ou par la repentance ? Imaginons le meilleur et prenons le pire, ce sera plus intéressant. »

Pénétrant enfin la salle lugubre où deux personnes siégeaient déjà, Fumetsu se permit une esquisse de pas de danse. Entrée théâtrale et hautement dramatique il interpellait ses complices avec une chaleur presque ironique compte tenu de la gravité de ce qui s’y passait. « Qui tuons-nous chère Shan Shun ? »

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Zhao Yu
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Wei pensait qu'il fallait commencer par le mineur. Il partageait tout à fait son avis. Cet homme était le plus à même de "disparaître" sans laisser de traces. Un accident dans la mine faisant tout à fait l'affaire. Elle lui demandait par la même occasion s'il avait des renseignements sur le dit mineur. Il avait un peu fait travailler les quelques informateurs qui étaient susceptibles de savoir quelque chose. Pas grand chose. Marié, deux enfants, la carrière bien sage et polie d'un homme du rang. Yu n'aimait pas tuer ces gens-là mais bon... Sa vie ne valait pas plus que celle d'un autre comme aurait pu le dire son grand-père. Sur ces entrefaites, Fumetsu venait de pointer le bout de son nez, signalant par sa présence la bonne réception du courrier que Yu lui avait fait adresser. Bien que le Kamiko ne soit pas, et de loin, l'individu le plus recommandable qui soit, le Zhao savait qu'il était un coéquipier plus que valable en termes de puissance de feu et d'efficacité. La preuve, il avait même blessé Wei, chose rare qui, à vrai dire, restait toujours un peu en travers de la gorge de Yu.

De quelques phrases, il présenta au Konohajin les cibles dont ils devaient s'occuper. Le topo classique en somme. Long She avait besoin de faire disparaître toute trace de "faction" autre que la leur dans ces terres. Et ils comptaient bien y parvenir rapidement. Sans échanger plus que cela, il leur signala ses intensions:

"Shiroe est une bonne première cible. La mine n'est qu'à quelques heures d'ici et nous aurons tout le loisir d'échafauder un plan en chemin. Ce ne sont pas les opportunités qui manquent d'ailleurs."

Oui, mineur n'avait jamais été un métier très sur. Et sa conviction se renforça quand il perçut l'ombre d'un sourire sur le visage du Kamiko à l'évocation du mot accident. Une chose était sûre, cet homme allait mourir dans la journée. Mais trêve de bavardages, le Zhao tendit à chacun un petit paquetage avec quelques rations de nourriture et de l'eau. De quoi tenir quelques jours en autonomie si besoin. Un peu superflu vu la hauteur de la tâche mais cela n'était pas idiot non plus.

Allez zou. En route. Les trois compagnons prirent le chemin de la mine.

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Semer les graines du désordre


Echizen était depuis longtemps une cité paisible. Bien que la région du Pic des Géants ne soit pas des plus riches, cet endroit avait toujours été quelque peu épargné grâce à la richesse de son sous-sol. L’extraction de pierres précieuses rendait l’économie locale plus que satisfaisante. Ce faisant, les habitants avaient de quoi importer nombre de denrées depuis l’étranger, comblant ainsi les lacunes du sol peu fertile des alentours. L’argent compensait l’absence de champs et la plupart des habitants de la région étaient divisés en trois catégories. Les premiers, les plus nombreux, étaient les mineurs. Leur vie était difficile et leur travail éreintant, mais c’étaient bien eux qui permettaient la pérennité de la cité marchande. Les seconds, plus riches et vivant mieux, étaient les artisans et les marchands. Grâce à leur travail, les matières premières prenaient de la valeur, ce qui faisait réellement tourner l’économie locale. Les derniers, enfin, n’étaient autre que les membres de la milice. Leur but était d’assurer la sécurité au sein de la mine et des rues d’Echizen. L’endroit étant un carrefour commercial, il fallait éviter au mieux les vols et attaques de bandits. Pour veiller sur le tout, un petit seigneur régnait de père en fils. Sous l’autorité du daimyo, il n’avait que peu de pouvoirs et n’était finalement rien de plus qu’un grand organisateur. Depuis quelques temps, une caserne avait également été mise construite, permettant de loger les miliciens et de stocker leur matériel. L’endroit avait été pris en charge par Sugimoto Yoshiro, un samouraï à la tête d’une équipe de trois autres épéistes qui n’étaient autre que ses propres fils.


La mine n’était pas directement dans la cité. Tous les jours, les mineurs devaient faire un kilomètre à l’aller et au retour. Toute la journée, des caravanes allaient et venaient entre Echizen et cette dernière. C’étaient là que les bandits attaquaient la plupart du temps et donc l’endroit où les patrouilles étaient les plus importantes. Depuis quelques temps, la situation s’aggravait, les attaques s’intensifiant. Malgré tout, Yoshiro tenait bon et menait la vie dure aux hors la loi.


Lorsque les trois shinobis approchèrent de la fameuse mine d’Echizen, ils purent d’emblée constater que l’endroit grouillait de vie. Les mineurs allaient et venaient, chargeant de gros sacs sur des chevaux qui partaient vers la ville pendant que leurs collègues trimaient sous terre. Non loin de l’entrée se trouvait une petite cabane modeste qui dénotait avec le reste du paysage et, à en croire les panneaux qui se trouvaient devant, il devait s’agir de la direction. Mamoru Shiroe s’y trouvait-il ? Probable. Tandis que les membres de l’organisation criminelle approchaient, un jeune milicien dans la vingtaine les remarqua. Alpaguant deux collègues, il vint à la rencontre du groupe.


« Défense de passer, vous n’êtes ni du coin ni des mineurs. La cité d’Echizen se trouve à un kilomètre à l’est. Par-là. » expliqua-t-il calmement en pointant une direction du doigt.


Le jeune homme ne témoignait d’aucune hostilité. Pour lui, il devait simplement s’agir de voyageurs ou de marchands qui s’étaient perdus en arrivant, ce qui n’était pas rare. Il n’avait pas l’air spécialement inquiet et tenait sa lance vers le haut, tout comme ses deux comparses. Pourtant, leur dégaine l’intriguait légèrement, mais pas assez pour qu’il ne s’affole. Les abattre ne serait qu’une formalité pour des shinobis, cela ne faisait aucun doute possible, mais pouvaient-ils se le permettre ? Rien n’était moins sûr.
 


         

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Jin Wei
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En plus du paquetage très basique que leur avait fourni Yu, la rouquine n’avait pris que son arsenal de base et quelques petites choses plutôt situationnelles, mais qui pourraient facilement se glisser dans les plis de son habit ou dans ses cheveux. Elle avait embarqué Kūnwú aussi, bien sûr, mais sous la forme (plus discrète) d’un kaiken qu’elle avait dissimulé dans son vêtement. De cette façon, elle avait l’air d’une jeune fille au regard un peu farouche mais pas bien dangereuse, et leur groupe très hétérogène en temps normal – un homme taciturne aux muscles saillants, une jeune femme exubérante armée jusqu’aux dents et un être dont la douceur n’avait d’égal que la perfidie – paraissait un peu plus harmonieux. Elle n’était pas encore certaine de savoir pour qui ils pourraient se faire passer exactement, mais rien que le fait qu’elle ait rangé ses armes avait considérablement amélioré leur image, c’était une certitude.

Cette hypothèse se confirma, alors que l’un des miliciens en charge de la sécurité de la mine d’Echizen leur demandait de rebrousser chemin, sans s’alerter outre-mesure de leur présence. C’était l’assurance que leur groupe ne représentait pas une menace, de prime abord.
En revanche, ils n’avaient pas anticipé l’omniprésence de la milice, qui semblait filtrer les allées et venues avec la précision d’un tamis. Réprimant un juron, Wei et ses compères prenaient la direction que leur indiquait l’homme, sans chercher à négocier leur passage, ni à éliminer le problème. Leur action se devait d’être discrète, n’alerter personne, or l’activité qui régnait au sein de la mine ne leur permettrait pas une telle discrétion s’ils se mettaient en tête de zigouiller les miliciens qui leur barraient le chemin. Elle n’était pas certaine du nombre de personnes qui avaient pu voir leurs visages aux abords de la mine, ni être témoin de leur échange avec les trois miliciens.

S’assurant d’être hors de la vue des hommes, Wei s’arrêta alors sur le chemin qui menait à Echizen – ville qu’ils avaient évitée à l’aller. Ils devaient faire le point sur ce qu’il s’était passé, sur ce qu’ils avaient pu voir de la mine déjà, et sur la façon dont ils allaient s’y prendre. Les poings sur les hanches, elle résuma sa pensée assez sobrement : « On est dans la merde. »
Ce n’était pas tellement que leurs visages soient connus des forces armées qui l’emmerdait, en réalité, sinon la simple présence de ces forces. Elle devait être honnête, elle ne s’était pas attendue à ce qu’il y ait autant de gardes pour une simple mine. Mais c’était peut-être la preuve que ce trou revêtait une importance capitale pour la cité et ses habitants. « Je crois qu’on a pas trop le choix, il faut se faire passer pour un des mecs qui travaillent là… Ou se faire recruter, nous aussi. » Et elle eut un petit rire. A vrai dire, elle ne se voyait pas trop casser du caillou à la mine, mais pour ce qui était de la milice… Elle était assez confiante : une fanatique des lames comme elle saurait se faire accepter. Elle ne se faisait pas trop de soucis pour Yu, également. Il avait le profil, il était un homme fort, et il avait un don incroyable pour disparaître des radars au moment opportun. Restait donc Fumetsu… Elle lui lançait un regard univoque, lèvres pincées. Lui, mineur ou milicien ? C’était impensable, à moins qu’il ne lui démontre sa capacité à se fondre dans la peau d’un autre sur-le-champ.

En tout cas, ce qui était certain, c’était que tout allait se jouer au cœur d’Echizen, finalement.




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Kamiko Fumetsu
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Semer les graines du désordre

« Si la notion du bien et du mal n’est que poreuse puisque sujette aux interprétations et non pas à une vérité universelle inflexible, on peut justifier ce que l’on veut pour un bien commun et ainsi taire sa conscience malade… Alors pourquoi n’avons-nous pas tué cet énergumène désagréable, sale et grossier. Il n’est d’utilité quelconque, simple travailleur à la mine grise et à la conscience abrutie par son labeur : ce serait lui rendre service que de séparer son âme de son corps et d’en faire un être incorporel ; il en serait déjà plus heureux. » Le Kamiko ne comprenait pas réellement pourquoi un seul homme fut un obstacle si dangereux pour le groupe, puissant ersatz d’autorité criminelle en devenir, qu’on l’avait laissé partir en bafouillant excuses et bassesses que son orgueil ne supportait que rarement – et cette fois-ci, il était contrarié, étrangement. Réfléchissant un temps, il comprit naturellement et haussa les épaules, chassant sa précédente humeur avec légèrement trop de facilité trahissant une inconstance morale et mentale qui l’effrayait lui-même parfois. Revenant, donc, à ses esprits, il écouta avec attention le discours succinct de la rousse qui lui faisait face. « On est dans la merde. Bien. Au moins on sait avec elle. »

Arborant un sourire ironique, il acquiesçait de la tête : il fallait se fondre dans la masse. Coup dur pour un orgueil aussi solide que le sien que de se salir volontairement mais si c’était le prix à payer, il s’en amuserait autant que possible. Conscient de la difficulté qu’il aurait à se faire passer pour un grand gaillard de milicien ou de mineur, il opta pour la troisième option la plus probable : un marchand. Finalement, il n’aurait pas à se salir autant qu’il le crut.

« Daigo Ishihara est notre cible, n’est-ce pas ? Un marchand prolifique et riche à foison tel que moi n’aurait pas de mal à l’intéresser je suppose. Laissez-moi me grimer et pénétrer les lieux, je pourrai peut-être bénéficier d’une aide, qui sait ? Ses concurrents voudraient peut-être s’en débarrasser, ou un ami froissé par sa politique et celle de la guilde. J’en doute mais ça vaut peut-être le coup de tenter. »

Tournant la tête vers le taciturne colosse, il attendait son avis d’expert en furtivité et autres joyeusetés silencieuses et perfides.


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Zhao Yu
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Echizen et sa fameuse mine. Un endroit plus fourmillant d'activité que n'aurait pu le croire Yu. En effet, ils vivaient dans les Montagnes Rocheuses et l'isolement relatif de celles-ci par rapport au reste du Sekai laissait à penser que la quiétude régnait sur ces terres. Que nenni, la mine d'Echizen devait rapporter gros à pas mal de personnes au vu du nombre de chargements de minerais qui en sortaient. Sans doute des notables du coin qui devaient se faire de l'argent sur le dur labeur des honnêtes gens. Le capitalisme à l'état le plus strict. Le peuple pouvait souffrir encore longtemps ainsi. Heureusement que Long She arrivait pour eux. Pour saisir l'opportunité. En créer de nouvelles. Renverser l'ordre établi.

Mais avant, ils allaient devoir se charger des quelques miliciens qui venait demander la raison de leur venue dans cet endroit. N'ayant pas pris la peine de se camoufler outre-mesure, ils devaient faire tâche au milieu du grouillot. Ou leurs têtes ne revenaient pas aux types qui se dirigeaient vers eux. Voyant Wei s'agiter, Yu passa en mode furtif, ne révélant pas plus de présence qu'un pauvre bougre baraqué. Le contrôle se déroula rapidement, accès barré, route indiquée. Rien d'étrange et ils reprirent la route d'Echizen. Ou pas. Ils devaient établir un plan tout d'abord.

Sa disciple parla en premier et proposa de se faire recruter pour accéder plus facilement à leurs cibles. C'était loin d'être idiot. C'était sans nul doute le meilleur choix en réalité. Chacun d'entre eux avait cependant une carrure et une posture bien différente des deux autres. Ils ne colleraient sans doute pas au même profil, leur seul point commun ici étant d'être de puissants shinobis. Ils se rendirent donc à Echizen et y entrèrent par une des rues les plus commerçantes. De nombreux étals ça et là, des logements plus loin. Le brassage de monde était idéal pour entreprendre leur recherche de renseignements.

"Je suis d'accord pour le recrutement. Fumetsu-dono, vous serez sans problème un affable marchand. Mais séparons-nous. Chacun d'entre nous aura une meilleure chance seul. Vous voyez cette taverne? Elle nous servira de point de rendez-vous en fin de journée. Trouvons un emploi ou des renseignements et on se retrouve ici."

Yu pointa du doigt l'entrée de l'établissement qu'il venait de désigner comme point de repère. Le temps que l'attention de ses deux compères se porte sur le lieu indiqué et il avait déjà fondu sa masse dans le flux de personnes autour d'eux, poussière au milieu d'un nuage de pollen. Cette mission allait être intéressante. Il ne la trouvait pas plus difficile que cela en réalité, ayant déjà accompli des choses similaires. Son intérêt se portait plutôt sur ce que Wei allait en tirer. Son entraînement arrivait presque à sa fin et la jeune kunoichi n'aurait bientôt plus rien à apprendre de lui à part quelques vieux tours.

Ses pas le menèrent dans une autre taverne, non loin des quartiers pauvres d'Echizen. Ici, il trouverait sans doute quelques opportunités. N'était-ce d'ailleurs pas un crieur de rues là-bas? Sans doute pourrait-il le renseigner pour quelques piécettes?

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Semer les graines du désordre
Rusé, avisé, les moustaches du dragon remuent, alors que ses ouailles évoluent à l’intérieur d’une Echizen prospère, égale à elle-même. Les rues, ni trop pauvres, ni trop riches, ne trahissent leur essor que par l’allée principale pleine à craquer qu’elles bordent. Les échoppes, de la plus miteuse à la plus extravagante se toisent parmi voyageurs et habitants, dédaignant leur visiteurs shinobis qui se séparent, à l’assaut de trois de leurs plus grandes figures...

Perdu dans les bicoques défraichis, dont certains toits rendaient timidement l’âme, Zhao Yu ne peut que contempler la face la moins reluisante d’Echizen. Les maisons, amoncelées dans un désordre complexe, respiraient la suie et la sueur des habitants aux métiers les moins propres. Çà et là, quelques âmes restaient assises dans la rue pour jouer aux cartes, crachant de temps à autre des glaires d’un noir peu rassurant dans les caniveaux. Les rires s’échappaient des fenêtres ouvertes d’un établissement branlant, dont l’enseigne, frappé des Kanji de la « Grue cendrée », avait connu des jours meilleurs. Des tonneaux, disposés en table extérieure, accueillaient une clientèle entièrement détournée du passage de la rue pour se concentrer sur un quatuor de joueur d’Hanafuda en pleine partie. Le serveur, lui déambule sereinement dans les rangs, avisant d’un œil expert les tables à vider et celle dont les verres méritent, à nouveau, un retour avisé d’une bouteille d’alcool dont la qualité baissait, silencieusement, à mesure que l’alcoolémie des clients crevait les plafonds.

Un peu plus loin, pourtant, un gamin debout sur une charrette vide et sans doute abandonnée, crie à qui veut l’entendre une histoire qu’il aurait entendu. Mythe, rumeur ou simple comptine, il récite, avec une certaine passion, le récit de Dame Izanami, dont le triste amour unilatéral lui aurait valu d’être enfermé quelque part dans les Pics des Géants. La vieille malédiction qui accompagnait la vengeance de la femme éplorée ne semblait, malheureusement, captiver personne, bien au contraire. Une poignée de minute plus tard, alors que l’enfant entamait le passage épicé de la trahison amoureuse, une bonne femme débonnaire franchit le pas de sa porte, balais en main.

« Encore toi ?! T’en a pas marre de nous péter les roustons avec ton mythe idiot ?! »

La matronne, armant son bras, tente d’asséner un coup de son horrible arme en paille fourbue, en vain. Le petit, vif comme l’éclair, saute de son perchoir et s’enfuit sans demander son reste, un étrange sourire moqueur sur les lèvres, semant derrière lui une menace bien vague mais suffisamment inquiétante pour quiconque aurait pris le temps d’écouter sa sombre histoire.

« Toi aussi ! Toi aussi ! Toi aussi ! Elle t’aura, la vieille Izanami ! »

La bonne femme perdit bien vite son enthousiasme à le poursuivre, s’appuyant sur le muret de son habitation en toussant grassement. La quinte de toux, brutale, dure une bonne paire de seconde et se tire dans un crachat soulagé, sa couleur noire contrastant nettement avec la terre poussiéreuse de l’allée résidentielle. Elle se tenait les côtés, douloureusement, mais semblait relativement en bonne santé, malgré que l’un des poivrots aient cru bon d’abandonner sa bière pour lui taper dans le dos. Elle ne put, malheureusement, pas passer ses nerfs sur le garnement qui l’avait planté là pour s’éclipser dans les rues, à l’abri de sa fureur et dut se contenter de la sollicitude avinée d’un homme qu’elle identifia bien vite comme son époux.

« T’es pas à la mine encore, bon à rien que tu es ? J’croyais que Mamoru-sama t’avais confié du boulot ! Qu’est-ce que t’attends, là, à t’noyer dans ton saké ? »

Le pauvre homme reçut alors un mauvais coup de balais, mais sans doute mérité, en lieu et place du gamin, avant que sa bonne femme ne se lasse de le houspiller. Elle regagne bientôt sa demeure, tenant son dos fatigué d’une main et son arme improvisée de l’autre, abandonnant son brave mari un peu sonné par la déculotté plus verbale que physique qu’elle venait de lui mettre. Penaud, il finit par regagner l’auberge, sous l’hilarité générale des autres mineurs qui l’attendait pour la prochaine tournée. Il ne restait donc à l’observateur de cette scène quotidienne, qu’à choisir son chemin et espérer obtenir ce qu’il cherchait.

*

Jin Wei, elle, n’avait guère l’embarras du choix regardant sa destination. La ville, bien que de taille honorable, ne disposait que d’un seul poste de garde. Le bâtiment, de bois et de chaux, ne contenait ni faste ni fioriture. La pointe de son toit rougeâtre lancée à l’assaut du ciel projetait une ombre rassurante sur le carrefour central de la cité d’Echizen, un peu plus renforcée par la silhouette dont on pouvait deviner les contours postés au sommet de la tour, dans un poste d’observation somme toute modeste mais qui pouvait sans doute expliquer leur efficacité. Peu nombreux, les miliciens, sous la houlette avisée de Yoshiro, maintenait la prospérité fragile de la bourgade d’une main de fer. Mais par quel moyen pouvait-on tenir en respect les malfaiteurs, lorsqu’on ne se trouvait être qu’une simple, minuscule, dérisoire poignée ? C’est là l’épineux problème auquel allait devoir répondre la femme aux milles lames et à la chevelure de feu.

En franchissant les battants, elle ne trouverait à l’entrée du poste de sécurité qu’une recrue timide, dont le jeune visage laissait douter jusqu’à la capacité à manier le minuscule tanto qu’il portait à la ceinture. Malgré tout, l’homme enfant face à elle tenait bon dans son poste d’accueil, fixant son regard sombre sur une arrivante de plus, dans sa bien longue journée. Le brouhaha des discussions et les quatre personnes devant elle, profiteraient à la jeune femme, pour peu qu’elle ait l’intention d’attendre son tour. L’apprenti Momiji, tel que la rousse pourrait apprendre son nom au détour des conversations, manageait pourtant une petite queue d’individus avec la patience et l’efficacité de l’habitude. Plaintes et réclamations s’éloignaient dans les pièces annexes sur sa gauche, tandis que le passage d’un duo de samouraï, encadrant un homme passablement éméché, se terminait sur sa droite, après un échange de regard entendu. Le soldat, houspillé par l’avant dernier plaignant de sa file d’attente, se retient visiblement de lever les yeux au ciel quand le vieil homme, accentuant encore la jeunesse de ses traits. Si l’on devait spéculer, l’absence de poil sur son menton et les rondeurs enfantines de son visage pointeraient sans doute sur une quinzaine d’année, peut-être un peu moins. Les mots fusent, mâchés par une bouche malhabile, déformés par un accent à couper au couteau, dans un flot nerveux et courroucé, au plus grand désespoir du gamin dont le regard las croise celui de Wei, l’espace d’une courte seconde. Chariot. Argent. Réparation. Incompétents. A l’aide, semblait pourtant glisser l’apprenti samouraï, empêtré dans la galère que représentant le vieux marchand mécontent.

« Shigen-sama, votre cargaison n’est pas perdue, pas plus que celle d’hier ni celle de demain. »

La voix pleine, assurée, du sauveur du pauvre réceptionniste, semble malgré tout agacer bien d’avantage celui à qui elle s’adresse. Le petit vieillard, jusque-là courbé sur sa canne, se redresse et apostrophe le samouraï qui vient d’arriver, comme s’il était responsable de tous ses malheurs.

« Votre petite fille sait-elle que vous êtes là, Shigen-sama ? »

Le vieil homme bredouille, s’emmêle, s’éteint. Non, bien sûr, elle l’ignore et la scène ridicule, semble quotidienne. Un témoignage triste, mais réaliste, d’un glorieux négociant dont la tête s’envole, à mesure que les années avancent. Alors seulement, le nouvel arrivant s’avance, posant une main réconfortante sur l’épaule défraichi de son accusateur, une amabilité lasse sur le visage. Le gradé, tout en armure, en imposait bien plus que son supérieur et son visage, à moitié mangé par son chapeau de paille, trahissait son retour à la caserne encore récent.

« Evitons que cette pauvre Atsuko ne se fasse déjà des cheveux blancs, voulez-vous, Shigen-sama ? Suivez donc Momiji, il va vous ramener. »

L’apprenti s’assombrit, une courte seconde, à la fois soulagé et ennuyé de quitter son poste de faction. Mais les ordres étant les ordres, il saute de son siège et contourne le comptoir pour saisir la main du vieillard dont la mine s’est brutalement vidée de sa présence. Absent, il hoche la tête, penaud, et suit bon gré mal gré l’énergique jeune homme à qui on vient de le confier. Alors seulement, l’attention du nouveau venu tombe sur la personne suivante, à qui il offre un visage dont les traits qui lui semblent étrangement familier.  

« Que puis-je, madame ? » fait-il donc, disposé à écouter la requête de sa visiteuse.

*

Ne restait donc plus, de ce trio mal intentionné, que l’étrange albinos à l’apparence soignée. Kamiko Fumetsu, dans tous le soin de son nouveau déguisement et d’un rôle qui lui était déjà familier, se prépare à se glisser dans ce monde feutré qu’il connait bien. Le quartier des marchands et sa Guilde n’étaient, de toute façon, guère discret : à mesure qu’on s’éloignait des résidences civiles, les bâtiments se couvraient, peu à peu, d’une richesse presque crasse. Par-ci par-là, les toits des habitations de haut standing tentaient de se différencier à grand coup de couleur de tuile, rendait brutalement arlequinesque la pauvre ville minière et sombre des grandes artères passantes. Pourtant, parmi le concours chatoyant de qui aurait la tuilerie la plus extravagante, un édifice se distinguait des autres, autant par sa couleur que par sa hauteur. Surplombant ses voisins de ses quatre étages, la Guilde se tenait debout, dans son grand vêtement de bois sombre et exotique, visible à un bon dix kilomètres à la ronde pour quiconque savait ce qu’il cherchait. Imposante, elle n’avait cependant rien à envier à la palette colorée qui s’étendait à ses pieds, tant l’éclat de son propre toit luisait jusqu’à en réverbérer le soleil.

Franchissant la porte lune qui séparait la rue de la cour intérieure de la bâtisse, le visiteur ne pouvait que tomber, nez à nez, avec deux gardes dont les uniformes dépareillés trahissaient leur embauche temporaire. L’un d’entre eux disposait même d’un étrange accent chantant inconnu, rendant son identité de mercenaire un peu plus évidente encore.

« Qui va là ?
- Si z’êtes pas z’invité par l’chef, z’avez pas le droit trainer ici. »

Tic et Tac ne se regardent qu’à peine mais dévisage méchamment l’intrus, peu aimable comme on le leur avait demandé. Derrière eux, la courette est pleine à craquer : plusieurs dizaines de caravanes attendent, patiemment, d’être étiqueté par un type avec un drôle de chapeau, alors que d’autres sont en cours de déchargement. Les denrées s’échangent, dans un joyeux brouhaha, ponctué de temps à autre par les hurlements de l’officier des comptes qui orientent les marchandises dans une chorégraphie parfaitement millimétrée. A ses côtés, quelques mercenaires lorgnaient sur les échanges depuis leur poste de garde, dans un zèle tout relatif lorsqu’on était grassement payé pour en disposer.

« Z’êtes zourd m’sieur ?
- Si vous n’êtes pas invité, patientez dans l’auberge comme les autres.
- Za viendra vous z’appeler. Z’inquiétez pas. »

Les deux gugus, en plus d’être fort peu aimable, n’étaient pas plus patients. L’un d’eux se dit même qu’il était avisé de pointer du doigt ladite auberge en question, dont la devanture sobre contrastait avec le gigantesque dragon qui ornait son entrée. La Bénédiction du Dragon se tenait fièrement face à son impressionnant voisin, ravissant les marchands dont on pouvait entendre les rires, les enchères et, surtout, les discussions animées sur le cours montant des joyaux extraits à la mine d’Echizen. Tout ce beau monde, réunit à l’intérieur d’une salle gigantesque sur deux étages, semblait partager un énorme repas fraternel, accompagné d’un orchestre de luth à la musique douce et délicate. Cette fois-ci, pas de mercenaire pour veiller sur les gras négociants mais un homme d’un certain âge, accompagnée de ses deux petites filles, les bras chargés de verre et de victuailles. L’ambiance, festive, laissait tout loisir à n’importe qui pour se mêler à la foule et, surtout, apprendre davantage de chose sous le couvert réjouissant de l’anniversaire de Ishina-sama, seule femme de la tablée qui dissimulait son expression amusée derrière un éventail en soie. A moins que notre valeureux Kamiko ne préfère la compagnie bourrue de Tic et Tac, dont il pouvait encore sentir le regard sur son dos, alors qu’il hésitait peut-être encore sur la marche à suivre.
 
Feat.
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Jin Wei
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Ils s’étaient donc séparés, au moins pour un temps, et Wei avait déambulé seule un moment dans les rues d’Echizen, avant de trouver son chemin jusqu’à l’unique poste de garde de la ville. Il n’était question que d’obtenir des renseignements et de se faire éventuellement accepter au sein de l’un des trois cercles, pas d’agir seul – même si elle ne doutait pas que si une bonne occasion se présentait, chacun saurait ce qu’il avait à faire –, et Yu leur avait indiqué un point de rendez-vous pour la fin de journée. La jeune femme avait acquiescé, tout en gardant à l’esprit qu’ils ne savaient pas de quoi serait fait l’avenir ; inutile de l’attendre toute la nuit si elle ne revenait pas, elle serait peut-être retenue ailleurs pour le bien de leur projet. Elle leur assurait, néanmoins, qu’elle trouverait une façon de les informer de la situation.

A l’intérieur de la guérite, elle découvrait Momiji, un garçon à l’air peu assuré, quoique visiblement fort d’une certaine expérience dans la gestion des plaintes. Tout en se demandant vaguement depuis combien de temps il était à ce poste, la shinobi se glissait en bout de file, sans faire d’esclandres. Elle n’était certes pas réputée pour sa patience, mais le jeu en valait la chandelle. Bras croisés, elle observait, l’air dégagé, les allées et venues des uns et des autres, prêtait une oreille indiscrète aux discussions ci et là, s’efforçant d’appliquer ce que Yu s’évertuait à lui enseigner : l’art de la discrétion.

Lorsque vint le tour du vieux monsieur qui la précédait dans la file d’attente, elle resta de marbre, indifférente au désespoir du jeune homme et à la détresse de l’aîné. L’âge de ce dernier lui avait fait perdre la tête, apprenait-elle tandis qu’un énième samouraï pénétrait les lieux. C’était malheureux pour lui, mais également pour sa famille – cette fameuse « petite fille » qui devait certainement s’occuper de lui, supporter le poids de cette responsabilité, de ce fardeau que la vie lui avait imposé. Oui, c’était la triste réalité de beaucoup de jeunes gens. Et pourtant, Wei ne sembla pas s’émouvoir de la scène. Il n’y avait rien à faire, à vrai dire.

« …madame ? » Elle leva les yeux subitement, s’arrachant à la contemplation du vieil homme et de Momiji, qui sortaient du poste de sécurité. Ah, voilà qui compliquerait légèrement sa tâche, peut-être. Elle avait espéré s’adresser au jeune à l’air un peu perdu, jouer de sa personnalité – et peut-être de ses charmes, aussi – pour lui soutirer quelques informations… Mais voilà qu’il ne restait plus que cet homme, l’un de ses supérieurs certainement, dont les traits ne la laissaient pas totalement indifférente d’ailleurs. S’étaient-ils déjà rencontrés ?
Tant pis, il lui faudrait faire avec la situation et s’adapter. Alors, sans sourciller, elle annonça la couleur : « Je souhaite intégrer la milice. »

Sans décroiser les bras, elle poursuivit : « Je sais me battre et manier une épée. On dit que les attaques se font de plus en plus nombreuses, sur la route qui mène à la mine. Je veux aider. Mon oncle travaille là-bas. » Elle avait les compétences et la motivation. A ses yeux, il ne pouvait lui opposer qu’un seul argument, celui du genre. Elle avait effectivement remarqué l’absence de femmes, au sein de la milice, que ce soit ici, dans le poste de garde, ou plus tôt, sur la route de la mine. Peut-être étaient-elles affectées à d’autres tâches, ou peut-être ces hommes estimaient-ils qu’elles n’étaient d’aucune utilité au sein d’un corps d’armée. Mais peu importait la raison, en réalité, elle savait déjà quoi répondre à ça : elle demanderait un combat singulier, pour prouver ses capacités.

N’oubliant pas à qui elle s’adressait cependant, elle ajouta, pour faire bonne mesure : « Je ferai honneur aux habitants d’Echizen, à la milice et à Sugimoto Yoshiro lui-même. » L’honneur… Voilà qui était ironique, pour la shinobi et membre de Long She qu’elle était.




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Zhao Yu
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Se séparer n'avait pas été la plus mauvaise des idées. Loin de là. Chacun d'entre eux allait pouvoir démontrer son talent et mener son bout de mission avec brio, à ne pas y douter. D'un pas lent, Yu venait de pénétrer dans l'auberge de la Grue Cendrée, témoin des paroles d'un enfant racontant des mythes, lui-même chassé par une femme d'âge consommé qui venait de houspiller son mari. En apparence, rien de plus banal que la vie d'une taverne de village. Pour le Zhao, c'était tout le contraire. Les élucubrations de l'enfant lui donnait un "mythe" auquel se référer s'il voulait faire disparaître des corps et semer le trouble dans la région et le mari grondé était un des travailleurs de la mine, un homme usé par les ans et l'alcool sans doute.

Penaud, ce dernier s'en était retourné dans le débit de boissons, raillé par les uns et les autres et bien disposé à payer ou se faire payer la prochaine tournée. Yu entra donc à sa suite, habitué de ces lieux festifs, se rappelant non sans un brin de nostalgie l'entrée en fanfare que lui et Wei avaient faite dans l'Auberge de la Grue Noire, devenue par la suite leur repaire. Ses habits lui donnaient l'air d'un travailleur de passage voire d'un paysan en recherche d'emploi. Un journalier sans le sou et en quête d'un job qui remplirait sa gamelle. C'est ainsi qu'il se présenta. Jiro Takabe, travailleur de passage. Il avait pour ainsi dire perdu beaucoup d'argent au jeu et, largué par sa famille, avait pris la route pour échapper à ses créanciers. Cette histoire reçut un crédit considérable dès le moment où, non sans avoir payé quelques verres aux oreilles les plus attentives, Yu versa une larme mensongère qui s'en alla taper le zinc du bar.

En l'espace de quelques dizaines de minutes, il venait de s'attirer la sympathie des quelques gars du coin, sans doute certains travaillant à la mine. Son objectif était simple, il voulait du "travail" ou du moins une raison valable de s'approcher de la mine sans éveiller les soupçons. Ses lamentations diminuèrent petit à petit au fur et à mesure que l'opportunité d'aller poser sa candidature à la mine s'approchait. Il posa donc quelques questions bien senties au sujet du boulot de mineur.

"Comment c'est organisé du coup? La mine est grande? Pas trop dangereux?"

De fil en aiguille, il allait sans doute remonter à des informations plus importantes. Qui dirigeait réellement la mine? Comment l'organisation était construite? Quels étaient les horaires de travail et les lieux à même d'être une scène d'accident? De nombreux scénarios étaient possibles et leur réalisation ne dépendait en soi que des réponses de ces pauvres hères qui n'avaient pas les moyens de voir le ninja en Yu. Vu de l'extérieur, ils étaient quelque peu responsables de ce qui allait se passer.
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Kamiko Fumetsu
Kamiko Fumetsu
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Semer les graines du désordre  
Habillé de sa blancheur, de son orgueil mesuré et de sa qualité d’esthète, le Kamiko se mouvait avec une grâce et un panache travaillé, déambulant dans cette cité aux traits grossiers et inharmonieux, ravi de quitter une vie de pérégrination en faveur d’un espace bien plus familier qui lui était plus accueillant malgré la manifeste condescendance, si ce n’est le mépris, qu’il affichait consciemment à la vue des débauches criardes des individualités sans style ni classe qui peuplait le pauvre hameau qui se surélevait d’orgueil par le terme simulacre de « ville ». Son dédain ne devant pas alerter les pauvres esprits aux regards vides, aussi vide que leur analphabétisme était flagrant, Fumetsu décida alors de revêtir l’un de ses innombrables costumes de bienséance et de bienveillance, deux qualités qu’il possédait naturellement, fut un temps. Arrivé au temple des tractations financières, des pots-de-vin contrôlés, des échanges commerciaux légaux et illégaux, des dogmes marchands et de la praxie capitaliste, le Kamiko se sentit chez lui, vide de joie mais empli d’excitation presque morbide. Il la sentait lovée, là, au creux de ses entrailles dans un frémissement d’adrénaline ; il revenait à son art : ruse intelligente, maniérisme outrancier, suavité et volupté dans les échanges.

Les deux mercenaires qui lui faisaient face confirmaient à eux-seuls toutes les théories et thèses physiognomoniste et phrénologiste : aussi abrutis qu’ils furent laids. Ce manque de beauté et d’esthétisme contrariait profondément le Kamiko, qui abandonnait, par là même, son habit de gentillesse, mais le confortait décidemment dans ses a priori, maintenant définitifs, sur les habitants des montagnes. Rabroué par le travail manifestement important de ces plantons malheureux et imbéciles, Fumestu préféra user de subtilité – pari probablement perdant – pour s’immiscer dans le paradis économique d’Echizen plutôt que d’accepter d’être éconduit comme un malpropre, ce que son orgueil n’aurait accepté. Il s’arma alors de sa voix doucereuse, presque menaçante pour celui qui saurait reconnaître l’inflexion pleine de promesse.

« Messieurs, merci pour votre incroyable vigilance mais j’ai effectivement rendez-vous auprès de Daigo Ishihara, expert ès joailleries. J’arrive de loin pour lui apporter affaires, missives et lettres de change, raison pour laquelle je suis ici ; alors, si vous auriez l’amabilité de me laisser passer, je ne demanderai pas que vous soyez limogés sur le champ. »

Souriant d’un air content, étirant son visage arachnéen et joli de traits violents et acerbes, voilé d’une sourde colère maîtrisée, il attendait. « Si ces consanguins sont aussi abrutis que je l’imagine, je vais avoir du mal à les intimider, les convaincre, ni même les persuader par la colère ou la tristesse. Voyons ce qu’ils répondent puis j’irai m’arranger dans la taverne si mes efforts ne donnent rien ici. Après tout, je peux tisser une toile lentement, très lentement. J’ai tout mon temps… »
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Semer les graines du désordre
L’ambiance à l’intérieur de l’auberge était cordiale et, tout aussi pitoresque que soit l’etablissement, relativement confortable. Les mineurs, visiblement habitués à ce qu’on les aborde, cessèrent très vite de dévisager leur nouveau camarade Jiro pour retourner à leur jeu de carte. L’échange entre les participant à la bataille d’Hanafuda était ponctué, de temps à autre, par un langage grossier, quelques rires gras ou encore des exclamations appréciatives de la foule de travailleur qui attendait patiemment son heure dans le giron crasseux de la Grue cendrée.

Le plus sociable d’entre eux, Echimaru, cède même une chaise, dans un emplacement stratégique pour observer les joueurs, à leur nouvel ami qui ne semblait pas lésiner sur ses faibles moyens. La tournée générale esquisse quelques sourires sur les visages les plus bourrus et l’aubergiste, ravi, se met à compter paisiblement les ryos sur son comptoir, tandis que sa femme navigue avec les verres pleins pour les déposer de table en table. L’agréable mineur, enjoué par sa boisson fraichement arrivée, tend un peu de tabac à chiquer à son interlocuteur.

Brun, les cheveux sales d’une poussière tenace qui s’était incrustée jusque sous ses ongles, le visage fatigué d’un homme dans la fleur de l’âge dévoilait de son sourire avenant des dents qui portaient les séquelles de quelques échauffourées sauvages entre les roches et les autres mineurs un peu trop saoul. Sa main tendue avec sa petite tabatière au bois griffé par l’usage sentait bon les herbes médicinales, sans doute utilisée pour réduire la douleur ou la fatigue de ces longues journées de labeur sous-terraine. Si Echimaru ne payait pas de mine, il avait cependant le corps de l’emploi : bien que plus petit que son interlocuteur, il n’en demeurait pas moins aussi, si ce n’était plus, large et tout autant musclé. Un détail d’ailleurs qui ne fait pas tiqué l’homme trop enivré qu’il est, devant un prétendument journaliste dont les mains devaient bien plus souvent tenir une lame qu’une plume.

« Oh tu sais, Takabe-kun, la mine, c’est pas super compliqué. On est en plusieurs équipes, qui roulent en fonction des horaires. Une série d’équipes le matin, une l’après-midi, une le soir. Nous, avec les gadjos, on est la cinquième équipe d’l’aprem’, sur une dizaine. J’sais pas trop combien ils sont de petits groupes sur les autres créneaux, mais pour sûr ils sont plusieurs. »

Echimaru ou Maru, comme le surnommait les autres, semblait être à minima important dans le regroupement, si ce n’est le plus important de tous : il avait, en effet, le droit de rapporter pour ses camarades, les problèmes à l’intérieur de la mine, lorsqu’il les voyait. Si la plupart des questions de Yu étaient pertinentes pour un journaliste fauché, d’autre firent bien vite rigoler son interlocuteur déjà bien imbibé. Il n’y avait, pour ainsi dire, à l’intérieur de la mine, aucune réelle organisation : les mineurs étaient répartis par équipe de quinze, dans un secteur qu’ils devaient creuser sur leur créneau d’environ cinq à six heures, jusqu’à ce que les crieurs relaient les ordres de sortie du contremaitre. Parfois, ils sortaient un peu avant, le temps de se débarbouiller pour mieux retourner creuser ou lorsque la terre, capricieuse, décidait qu’il était tant que les hommes qui la foule cessent de creuser ses entrailles. Les éboulements étaient courants, mais rarement mortels si les travailleurs surveillaient attentivement leurs arrières.

« Après, dangereux, franchement, j’ai vu pire. Tant qu’les coucous chantent et qu’cette satanée Izanami respire pas trop fort dans les conduits, la vie est sale, fatigante, mais belle. Ma femme et mes gosses mangent à leur faim et pour ça, on est tous reconnaissant à Shiroe-han, notre porte-parole à la mine. » Le mineur dépose son verre sur la table dans un bruit sonore, sa tête tournant vers les applaudissements de ses compagnons de travail dont l’un venait, enfin, de remporter la partie. L’heureux élu souriait comme un pacha, raflant goulument les mises sur la table avant de les enfoncer dans ses poches. « Tu l’verras forcément, vu qu’il est avec le contremaitre pour les papiers des p’tits nouveaux. C’t’un chic type, tu verras. »

Mamoru Shiroe. Tel était le nom du sauveur de ces hommes et de celui qui était destiné à mourir des mains de leur nouvelle connaissance. Maru, lui, ignorant et aviné, continuait de chanter les louanges de leur porte-parole et, à le voir sourire comme un idiot, ami. Shiroe-han ci, Shiroe-han ça… Parfois, les autres mineurs en rajoutaient un peu de leur commentaire, rajoutant une couche, déjà pourtant épaisse, de louange à celui qu’ils appelaient le petit maitre des profondeurs. A n’en pas douter, Mamoru pouvait très certainement leur demander n’importe quoi et ils s’exécuteraient sans y réfléchir à deux fois. Le respect, acquis, de ces hommes de dur labeur était demeurant bien moins impressionnant que cette étrange admiration presque religieuse qui se dégageaient d’eux à chaque fois qu’on parlait de leur saint homme. Shiroe était donc un homme entouré, compétent mais surtout aimé et voilà qui compliquait diablement la tâche du shinobi : sa disparition ne demeurerait pas silencieuse bien longtemps.
A moins, sans doute, qu’il ne réussisse à les convaincre que c’était dans leur intérêt.

« Bon. C’est pas tout ça Messieurs, mais on a du charbon qui nous attend. » Enchimaru se lève, sa boisson offerte maintenant vide, pour faire signe à ses gars. Quelques grognements s’échangent, bien vite, mais la majorité des mineurs se met à remballer ses affaires avec une tranquillité acquise avec l’habitude. « Merci Nana, le service était super. On s’revoit dans dix heures, le temps de gagner nos payes et de dormir un peu. » Il sert la main à l’épouse de l’aubergiste, qui, à demi-mot, après un regard levé vers le ciel pour toute expression de sa lassitude, lui souhaite bien du courage avant de repartir servir ses autres clients. « N’oubliez pas les gars, si en sortant vos femmes vous reconnaissent, c’est qu’vous minez comme un minaud ! »

Et ainsi s’en vont-ils, tous ensemble, bras dessus bras dessous pour certain, se tapant dans le dos avec de grands sourires en prenant le chemin vers la si célèbre mine d’Echizen. Quand à Zhao Yu, une foule d’option s’offrait à lui : il pouvait rester là et attendre, paisiblement, le groupe du soir dont son charmant compagnon de table lui avait annoncé l’arrivée prochaine, se rendre plus tard et seul à l’entrée de la mine pour y rejoindre le cortège de volontaire en quête d’un moyen légal de gagner quelques ryos pour manger le soir même ou suivre ses nouveaux amis au service de l’après-midi et espérer s’approcher, d’avantage, de sa cible qui semblait presque trop facile à atteindre…

*

Un haussement de sourcil répond à la jolie rousse et le samouraï reste coi quelques instants en considérant son interlocutrice. Elle était jeune, pimpante et, si la lueur de volonté qui brillait dans son regard pouvait sans douter enflammer les sentiments des plus sensibles, elle n’avait guère la tête de quelqu’un qui savait manier un katana. Sa bouille enfantine rend le dilemme interne du soldat encore un peu plus difficile mais il finit par céder, après deux bonnes minutes à dévisager et jauger silencieusement cette drôle de candidate. Il se retourne enfin, saisissant sur le comptoir d’accueil un bout de papier sur lequel il fait virevolter son pinceau. Lorsqu’il le tend à Wei, l’encre est encore fraiche mais elle peut aisément y déchiffrer les quelques mots que son interlocuteur vient d’y poser. Candidate, stade deux, oncle.

« Voilà pour vous. Si vous avancez un peu, il y a un escalier qui mène à la salle d’arme. Mon pèr… » Sa voix se suspend au milieu de sa phrase, alors qu’il paillonne du regard, sourcils froncés. Il corrige sa bévue presque aussitôt « Le capitaine vous y recevra. »

Le samouraï la congédie alors, adressant un « Suivant » tonitruant en faisant signe à la personne derrière la rousse d’avancer vers lui. Il jette, malgré tout, un œil à la silhouette de la jeune femme qui prend le chemin de l’étage, là où la soldatesque prend son repos. Il était impossible de s’égarer, puisque la volée de marche menait directement à l’intérieur de la fameuse salle d’arme. Comme convenue, cette dernière portait à merveille son nom : contre les murs, divers chevalets offraient à la vue des visiteurs, une multitude de katana, tantô et, plus surprenant, de quelques guan dao aux jolis couleurs vives. Il n’y avait, à cette heure de la journée, personne d’autre qu’un homme sans armure, assis dans un recoin de la pièce, sagement occupé à entretenir son arme. Le sol en pierre fait résonner les pas de la kunoichi qui arrive bientôt au centre du dallage circulaire, tirant la seule âme qui vive présente de son travail minutieux. Les cheveux bruns entrecoupé de quelques mèches blanches, le capitaine de la garde adresse un sourire chaleureux à sa visiteuse, qui est, à nouveau, prise de cette étrange sensation de déjà vu.

« Une nouvelle tête, tiens. » Détendu, il fait signe à la jeune femme de se rapproche, lui désignant l’une des chaises vides, non loin de là. « Si tu cherches ton petit ami, il est surement en service dehors, mais tu peux l’attendre là, si tu veux. »

Levant en l’air son katana, il en admire le tranchant, se désintéressant momentanément de son interlocutrice. Plissant les yeux, il finit par esquisser une étrange moue satisfaite, avant de ranger son arme dans son fourreau et de la glisser précautionneusement à sa ceinture. Ce court répit donne, finalement, le temps à Wei d’avoir le déclic : si les samouraïs qu’elle avait croisés jusqu’à présent lui semblait familier, c’était pour raison, somme toute, assez élémentaire. Ils avaient tous le même double menton, les mêmes pommettes saillantes et, surtout, cette même expression naturellement sèche : s’ils n’étaient pas tous les fils du capitaine, il était au moins indéniable que la garde était dirigée et majoritairement remplie par une seule et même famille. Restaient donc maintenant à savoir combien d’entre eux se trouvait là, et comment se débarrasser de l’avenant bonhomme à la tête de la sécurité locale. D’une main, ce dernier s’empare de la petite coupe de thé, encore fumant, posée devant lui et arque un sourcil en voyant brièvement le kanji qui ornait la pseudo-lettre de recommandation de son plus vieux garçon.

« Une recrue alors ? » L’homme ne peut s’empêcher de sourire en ricanant un peu bêtement. « Mon fils se ramollit, à laisser une petite tenter sa chance. M’enfin, qu’importe, si c’est ce que vous voulez tous les deux, moi ça me va. » Il tend la main vers le papier, pour finir d’en déchiffrer les derniers renseignements, abandonnant sa boisson au profit de son fourreau. « Alors comme ça tu sais manier une épée. Voilà qui est convénient, mais inattendu, pour une villageoise. Comment t’appelles-tu, jeune fille ? »

Le ton était paternel, bienveillant. Le visage lui, était déjà plissé dans la concentration si caractéristique d’un martialiste dans l’attente des premiers mouvements de son élève. Ses gestes, eux, étaient fluides, économes jusque dans sa prise en main des deux bokkens en bambou. Sugimoto Yoshiro ne semblait pas juger nécessaire de cacher qu’il était relativement compétent, peut-être même plus que son adversaire. Se dirigeant vers le centre de la salle d’entrainement, il se met en garde, invitant la petite recrue à la chevelure de feu à le rejoindre. Dans l’encadrement de la porte, une frimousse connue apparait, le regard curieux. Momiji était revenu de son escapade et, ravi de voir qu’un peu d’action allait avoir lieu, décida de se glisser dans un recoin de la pièce, pour ne pas en perdre une miette. Il eut même le plaisir de découvrir du thé encore chaud, abandonné à celui qui daignerait l’avaler.

« Et comment s’appelle ton oncle, dis-moi ? »

Yoshiro fait galamment signe à sa camarade d’entrainement de lancer le premier assaut. Il semble, toutefois, bien plus enclin à discuter qu’à se battre mais était-ce là une feinte ? Il n’y avait pas trente-six moyens pour Wei de le découvrir. Elle n’aurait peut-être d’occasion comme celle-ci de sitôt mais le risque en valait-il la chandelle ?

*

Les deux zozos, aussi désassortis qu’ils étaient, se jetèrent un regard silencieux en écoutant le brave livreur essayer, tant bien que mal, de gagner son droit de passage. S’ils n’étaient sans doute pas les plus dégourdis de tout leurs semblables embauchés, ils savaient au moins faire preuve de suffisamment de jugeote pour comprendre qu’il y avait une contradiction avec les ordres qu’ils avaient reçu.

« Daigo-san n’attend personne, aujourd’hui. »

Si son compagnon était persuadé de son bon droit en prononçant ses mots, le zozoteur lui, en était moins convaincu. Apporter du matériel et venir de loin semblait être des mots qu’il avait déjà entendus et, bien payé comme il l’était, il semblait tenir tout particulièrement à ce que ça continue. Filant un coup de coude à son compère, il lui murmure quelques mots à l’oreille avant de filer à l’intérieur de la cour, disparaissant presque aussitôt dans l’un des bâtiments attenant. L’autre garde, fidèle au poste, se décale pour se mettre en plein milieu de la jolie porte lune, nullement intimidé par la présence ni l’expression d’un Fumetsu qui détestait d’ors et déjà sa compagnie.

« Mon collègue vérifie quand même, histoire de. Si vous voulez bien attendre. »

Si la tentative semblait faire mouche, les deux hommes passèrent bien cinq minutes à se regarder dans les yeux, dans un silence lourd et désagréable. Le garde toujours en faction jouait, parfois, avec une baguette de chignon aux couleurs délavées, la faisant tourner et retourner entre ses doigts presque mécaniquement en scrutant les alentours du regard. Un tour, ses yeux se portent sur la rue. Deux tours, ils s’égarent un peu sur la façade de la Bénédiction du Dragon dont les bruits festifs parvenaient aisément jusqu’à leurs oreilles. Trois tours, ses deux prunelles se fixent à nouveaux vers l’étrange livreur de papier imprévus. Et ainsi de suite, le manège recommence, sans que le type semble se lasser de l’exercice.

A la fin de quelques longues minutes d’attente, la frimousse du zozoteur réapparait finalement, soulageant les deux hommes de leur silence pesant. Cliquetant un peu à cause de son armure, il revient à son poste en marchant, posant sa lance par terre pour attirer l’attention de son associé, auquel il adresse un non sommaire et fort peu discret de la tête.

« Z’on dit qui’z’attendait zonne-per d’pas zannoncé.
- Hein ? Qu’est-ce que tu dis ?
- ZONNE PER Z’TE DIS MON GARS. »
Les deux gugus se regardent, un instant, interdit, avant de reporter leur attention vers leur interlocuteur. « Du coup, z’attendez comme les zautres, M’sieur. Zi z’avez rendez-vous, zils viendront vous chercher. »

Une discrète lueur passe, dans le regard du zozoteur, alors que l’autre garde se met à râler sur son accent et sa diction difficile à déchiffrer. Il dévisage le faux facteur de manière fort peu délicate, comme s’il cherchait à ancrer l’image de celui-ci dans sa petite mémoire de mercenaire zélé. L’échange ne dure qu’une fraction de seconde, juste avant qu’il ne se décide à répondre à son désagréable compère de garde qui crache aux pieds de Fumetsu pour ponctuer son mécontentement. Pourtant, au milieu des zozotements pathétiques et des jurons las d’un homme dont la compagnie immédiate semblait profondément lui taper sur le système, le shinobi aurait pu jurer, sur cette courte poignée de seconde, avoir vu quelque chose qu’il n’aurait pas soupçonner chez un mercenaire de ce type : un soupçon, timide, d’intelligence.
 
Feat.
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Jin Wei
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Silencieuse et imperturbable, Wei observait l’homme se mouvoir avec une certaine tranquillité, au centre de la salle d’entraînement. Il était dans son élément ici, c’était évident. Quant à elle, elle avait fait le choix de se laisser porter ; prenez ça, allez là, elle avait suivi les ordres sans rechigner, jusqu’à se retrouver là, dans la salle d’arme. Un choix payant puisqu’elle avait à présent, face à elle, le fameux capitaine de la milice, Sugimoto Yoshiro.
Elle n’avait pas tout de suite compris, mais la ressemblance et le lapsus du soldat à l’accueil du poste de garde avaient fini par la mettre sur la piste. Le capitaine confirmait son doute dans la foulée : ils étaient de la même famille. Si elle ne savait pas encore quoi faire de cette information, la jeune femme ne doutait pas que cela prendrait toute son importance par la suite. Dans leurs plans, ce renseignement ne figurait nulle part. Ils pensaient n’avoir affaire qu’à un seul samouraï…

« Je m’appelle Wayu. Avec le kanji de la paix, et celui de l’aide. » avait-elle fini par répondre, lorsqu’il lui avait posé la question. Elle s’était alors inclinée. « Enchantée de faire votre connaissance. » Pourquoi ce prénom, pourquoi ne pas avoir gardé Wei ? Parce que la famille Jin n’était pas réputée pour ses choix de prénoms très traditionnels. Ils trouvaient leurs origines dans un vieux dialecte du Nord-Ouest et étaient peu répandus à travers le Sekai. Il était flagrant que son prénom attirerait l’attention. Elle avait simplement choisi un nom dont la sonorité n’était pas si éloignée, pour ne pas paraître trop surprise lorsqu’on l’appellerait. Wayu.

Il lui tendit alors un bokken, l’invitant à se placer face à lui, et elle s’exécuta. L’arme de bois était légère, bien plus que son arme habituelle. La soupesant avec précaution, elle fit la moue malgré elle. La rousse préférait le poids et la résilience du métal, elle avait l’impression qu’à tout moment ce "bâton" allait lui échapper des mains… Ou se briser au premier échange.
En relevant la tête, elle posa les yeux sur les hallebardes qu’elle avait vues en entrant dans la salle. De là, elles ressemblaient à des yǎnyuèdāo, les lames favorites de son père. Elle-même n’avait jamais manié de telles armes, trop lourdes pour une femme paraissait-il, mais elles étaient assez proches de la naginata avec laquelle Wei avait beaucoup d’affinité. Elle regrettait presque d’avoir spontanément mentionné sa maîtrise de l’épée. Qu’allait-elle faire avec un bâton aussi court, maintenant ?

Reportant son attention sur le capitaine, elle ignora la seconde question de l’homme, préférant se mettre en position, les jambes légèrement écartées, les deux mains sur la garde de son arme de fortune. Parler, c’était prendre le risque de se trahir. Les meilleurs mensonges étaient faits de peu de mots, peu de détails. Il valait mieux passer pour une idiote, une timide ou une muette, que d’essayer de noyer le poisson.
Alors, son visage se figea tout à fait et ses yeux s’agrandirent. Dans sa poitrine, les battements de son cœur s’accélérèrent. Combattre, c’était sa vie. Les armes, son amour. Pourtant, il n’y avait aucune animosité dans son regard. Aujourd’hui, elle ne se battrait pas pour tuer. Elle était curieuse – et excitée, elle devait l’avouer – de se mesurer à cet homme dont on vantait les mérites.

Et la mission ? En tournant le regard vers les hallebardes, la jeune femme avait noté la présence de Momiji. Etait-ce suffisant pour l’arrêter ? Non, bien sûr que non. Elle se contrefichait qu’il y ait des témoins, seule la mort de Shiroe devait passer pour un accident. Et puis, elle était confiante : si elle était capable d’éliminer le capitaine de la milice, cet enfant serait probablement une formalité.
Tout simplement, ce n’était pas le bon moment. Elle ne savait rien de son adversaire, et elle apprenait tout juste l’existence d’un fils, un étage plus bas. Deux samouraïs contre une Wei, ça ne semblait pas raisonnable, même pour la jeune impétueuse qu’elle était.

En réalité, l’exercice qu’il lui infligeait n’était pas aussi évident qu’il n’y paraissait. Elle ne devait pas se trahir. Avoir un usage du chakra limité, plausible, et ne surtout pas faire de ninjutsu… Quitte à ne faire qu’encaisser les coups, pour montrer sa résilience, s’il le fallait.
« Je commence, alors. » annonça-t-elle tout simplement. C’était nouveau, pour elle, de prévenir son adversaire, mais elle avait jugé que ça collerait à l’image qu’il semblait avoir d’elle.
D’un bond, elle réduisit la distance qui la séparait de l’homme. Sa taille serait un désavantage dans ce combat, il avait plus d’allonge qu’elle. Elle ne pourrait compter que sur son agilité. Alors, elle feignit une attaque frontale à deux mains, en direction de la gorge, pour finalement changer sa prise et réorienter sa lame à l’oblique, en direction d’un genou. Le faire plier et le mettre à sa hauteur… Elle enroula ensuite son épaule, profitant du mouvement pour le cueillir dans la descente.

Ne pas se trahir c’était une chose, mais elle n’était pas là pour échanger de banals coups toute la journée non plus. Elle voulait voir de quoi il était véritablement capable, et vite. « Ne te retiens pas. » songea-t-elle.




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Zhao Yu
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La foule de mineurs était bien plus loquace qu'il ne l'aurait cru. En quelques verres et parties d'hanafuda, il avait eu assez d'informations nécessaires au bon déroulement de sa mission. Il avait même pu creuser plus loin avec le dénommé Echimaru qui, porté sur la boisson et le travail, semblait tout sauf taiseux au sujet de la cible. Shiroe Mamoru. Les mineurs le considéraient comme une sorte de guide. Sa mort serait sans doute très mal accueillie. Même si c'était un accident. Le petit maître des profondeurs allait cependant devoir rester pour toujours au fond du gouffre semi-naturel qu'il exploitait avec ses camarades. Pour le bien de Long She.

Feignant d'être ivre, Yu continua à payer quelques verres pour se faire bien voir et se dirigea par la suite vers la taverne où ils avaient rendez-vous, Wei, Fumetsu et lui en fin de journée. Moyennant quelques pièces, la tenancière laisserait un message à ses deux acolytes selon lequel "Papa ne rentrerait que plus tard car il a trouvé un travail". Ce petit récit codé étant certain d'être transmis, il se dirigea ensuite avec le flot de journaliers qui voulaient aller travailler à la mine. Beaucoup d'entre eux semblaient être de pauvres hères désœuvrés. Honnêtement, Yu avait un peu pitié d'eux. Si ces hommes avaient eu un peu de rigueur dans leur vie, ils auraient pu être assez capables de leurs deux mains pour ne jamais avoir à courir les rues en quête de travail. C'était navrant. Il avait certainement de l'avance sur la prochaine embauche et pouvait donc patienter sagement devant la mine et observer le fonctionnement de celle-ci.

Au mot près, tout se déroulait exactement comme l'avait dit Echimaru. Des équipes assez réduites allant jusqu'à dix personnes qui descendaient dans la mine pour aller "au charbon" comme ils disaient. Shiroe Mamoru n'était pas visible pour le moment mais Yu ne perdait pas une miette du spectacle qui s'offrait à lui car il savait qu'il allait devoir se fondre tôt ou tard dans la peau d'un de ces hommes.

Au bout d'un temps assez diffus, les hommes commencèrent à se mettre en rang pour pouvoir se faire recruter. Yu étant sur place depuis un petit moment, il put se positionner très correctement au bon endroit et ainsi bénéficier d'une place de choix dans la file de recrutement. A vrai dire, il faisait partie des dix premiers. Il comprit très rapidement le recrutement. Quelques questions, un petit délit de faciès et deux trois tampons sur une feuille de recrutement. Rien de bien compliqué. Laissant passer les neuf gus devant lui et travaillant son speech, Yu s'avança d'un air penaud lorsque vint son tour et parla ainsi:

"Bonjour... Je... euh. Je cherche du travail. Maru-san m'a dit que je pourrais sans doute en trouver ici, fit-il de son air le plus pitoyable. Il m'a dit que Shiroe-san pouvait m'aider."

Et hop, sa ligne était lancée. Il ne restait plus qu'à voir si l'un des hommes en face de lui mordrait à l'hameçon, se désignant d'office comme la cible.
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Kamiko Fumetsu
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Il aurait tenté. Malgré la profonde déception qu’il ressentait au fur et à mesure que les zozotements intempestifs du débile scellaient sa stratégie d’homme important par un échec cuisant, elle n’arrivait pas à la hauteur du dégoût profond que Fumetsu ressentait en dévisageant les gardes. Comment deux hommes, que la nature a façonnés !, pouvaient-ils être aussi repoussants ?, ça relevait du mystère. Il s’en serait bien passé, finalement, mais il voulait comprendre : il voulait les passer au scalpel, découper leurs tendres visages congestionnés par leur alcoolisme congénital : deux frères en mocheté et en bêtise. « Ils mériteraient que l’on les tuent maintenant, insultes à la beauté qu’ils sont, insultes à la bienséance, au pouvoir et à la richesse. J’enrage de les voir souiller un tableau déjà bien piètre que cette bourgade laide. Maudit soient-ils, ils m’en font oublier mes priorités… » Réfléchissant rapidement, sans pause, il prit le masque de l’inquiet et du circonspect : le visage éclairé par un doute, les yeux mi-clos, la bouche entrouverte dans un sourire légèrement crispé.

« Oh ? Je me suis peut-être trompé de jour, avec le voyage, on perd le sens du temps, aussi futile et volatile soit-il. Veuillez m’excuser d’avoir voulu m’imposer, si je suis attendu, je me conformerai tout de même aux coutumes… locales. Il n’avait pas pu s’en empêcher, il fallait bien remettre à leur place des hommes aussi rustres. J’irai donc à la « Bénédiction du Dragon » attendre que l’on m’appelle. Merci pour votre vigilance, vous faites un bon travail… »

Dépité mais somme toute assez amusé, le Kamiko, le Pak Tse Sin de Long She, le marchand odieux et pressant se dirigeait vers cette taverne dont il sentait déjà les effluves alcoolisés, les relents de vomis et les éructations sauvages de la bande de soiffards atroces qui peuplait cette maudite cité. Il n’avait pas assez de qualificatifs péjoratifs pour décrire son animosité intérieure envers ce monde rural et sous-développé, bien que parfois riche au vu du quartier où les goûts et les couleurs se mélangeaient atrocement mal mais résultante flagrante d’un commerce fructueux – ce qui avait le don, il fallait l’avouer, d’atténuer son mépris. Mais en professionnel du déguisement, il savait cacher ce sentiment et puis, qui sait ?, peut-être changerait-il d’avis. Au fur et à mesure qu’il s’avançait vers la taverne, il pouvait apprécier les sons joyeux, la musique effrénée qui rythmait les discussions de marchand : il retrouvait cette ambiance presque mondaine qu’il affectionnait particulièrement, sans les mondanités. Quelque chose en lui résonnait du même air, bien qu’il préférât évidemment la compagnie à la fois sobre et outrancière de la noblesse à celle des marchands parvenus. Arrivé dans une taverne animée, il alla directement auprès d’un grand bonhomme, manifestement le dirigeant de l’établissement, pour s’enquérir des prochaines étapes. Il parlait avec une teinte de déférence, attitude radicalement opposée à celle qu’il s’était amusé à présenter aux rustres quelques minutes plus tôt, la voix assez forte pour que certains marchands attablés l’entendent, pas assez forte pour qu’elle paraisse fausse et forcée.

« Monsieur, les gardes de la Guilde m’ont enjoins à me joindre à vous pour attendre que l’on me convoque auprès des autorités marchandes, est-ce bien le cas ? Enfin, auriez-vous l’amabilité de me conseiller ?, j’avoue venir de loin et je ne suis guère familier avec vos coutumes et je ne veux pas jouer les trouble-fêtes. Je crois avoir déjà commis un impair auprès desdits gardes : il n’est pas bon d’être pressé visiblement. »

Et il partit dans un rire cristallin, doux et apaisant pour ceux qui l’entendait. Son beau visage avait cet effet parfois, on l’aimait et il le savait.

Récapitulatif combat:
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Semer les graines du désordre
La mine ne payait pas de mine : trou gigantesque et mal découpé dans un flanc de montagne à l’aspect peu accueillant, les environs grouillaient d’autant de monde que l’en avait laissé présumer les dires d’Echimaru. Allant et venant, les équipes évoluent dans un balais milimétré, entrant immaculés dans les entrailles de la terre pour en ressortir, des heures plus tard, couvert de poussière noire de la tête aux pieds. Instructions et chansons peuplaient l’air, épais, autour des travailleurs dont une partie mangeait avec appétit le contenu de gamelle aussi sale que leurs mains et leurs visages. Ici, la suie s’incrustait partout, jusque dans les poumons des quelques hommes courageux qui faisaient la queue paisiblement, sous le regard d’un ou deux gardes décontractés, pour obtenir de quoi mettre la patte à l’ouvrage à leur tour.

Autour de Yu, une dizaine de petite baraque, montées à l’arrache et rafistolées par endroit, lui coupait la vue sur les trajets des mineurs et sur le contenu exact des chariots qu’ils remontaient à intervalle régulier. Charbon ou joyaux, les charrettes coulissaient sur leurs rails dans un couinement presque ininterrompu, le temps de déverser leur contenu dans ce qui semblait être un hangar, un peu plus à l’ouest, avant de replonger. Ici et là, quelques mineurs se reposaient entre les allées, tandis que quelques âmes, dont les vêtements certes poussiéreux mais bien plus jolis, passaient à proximités, divers rouleaux en mains. Certains de ses lettrés portaient même un étrange – et quelque peu ridicule – chapeau conique de couleur vive, que le ninja finirait par identifier, au détour de quelques conversations volées, comme les représentants de la guilde des marchands détachés à l’inspection de la production.  

Profitant des neufs premiers passages pour préparer sa couverture, le shinobi découvre aussi que, bien loin d’être excessivement surveillé, le camp de mineur n’est presque pas traversé par des soldats. Il n’en avait, à vrai dire, vu passer qu’un seul d’entre eux, saluant au passage d’un hochement de tête l’officiel chargé d’évaluer les candidats mais ce dernier n’était pas reparu depuis un bon moment. Si Yu comptait bien, avec la petite dizaine postée aux portes et aux autres entrées du camp, l’effectif était réduit mais, surtout, très relâché. Une bonne nouvelle pour lui et ses sinistres projets, qu’il pouvait espérer être partagée par ses compagnons de Long She.

Quand vient finalement son tour, le jeune homme échange un regard avec un drôle de type au chapeau conique vert pomme, avant que celui-ci ne se mette à éternuer à plusieurs reprises pendant son petit discours.

« Foutue poussière ! » Grogne-t-il en essuyant son nez déjà rougi par les allergies, avant de se concentrer sur son interlocuteur. « Je reconnais bien là ce bon vieux Echimaru. Toujours en train de s’acoquiner avec tout le monde et de vanter Shiroe-san. Parfait. J’imagine qu’il vous a fait le topo sur comment ça se passe ici, du coup. » Un maigre sourire passe sur l’officiel et ses papiers d’enregistrement, alors qu’il chasse de sa table la poussière envahissante de la mine. Un court moment de flottement qui laisse au shinobi le temps de déchiffrer les trois cases les plus importantes du questionnaire auquel il va se soumettre. Magistrat. Travailleur. Inspecteur. Impossible, cependant, de savoir à quel secteur pouvait bien correspondre quel profil, mais sans doute que l’un des choix pourraient lui faciliter la tâche dans sa mission. « Gagnons du temps alors. Qu’est-ce que vous savez faire ? »

Sans s’embêter à nouer une quelconque conversation, il pose quelques questions à Yu, d’abord sur sa santé, puis ses capacités physiques, qu’il lui fait presque aussitôt prouver en lui demandant de soulever les poids à disposition près de son bureau de fortune ou encore sa vision qu’il teste avec divers échantillons de roche à examiner. Lecture, cuisine, connaissance générale … L’interrogatoire est éclectique et, à bien y réfléchir, presque étrange pour des types qu’on destine à se perdre dans les ténèbres et sans doute y mourir. L’homme continue, pourtant, son questionnaire de routine, bien loin de se formaliser sur les réponses qu’il obtient, positive comme négative. Finalement, une fois son papier rempli et donné, le magistrat au chapeau vert vif indique à Yu une maisonnette, proche de sa position.

« Donnez ceci, en arrivant chez le contremaitre. Je ne vous garantis pas que Shiroe-san y sera, mais c’est là que vous aurez le plus de chance de le voir. Sinon il vous faudra attendre le repas. Il le prend toujours avec tout le monde. Vous pourrez lui demander ce que vous avez à lui demander à ce moment-là. »


Aussitôt, l’homme se désintéresse de son interlocuteur pour se pencher sur le côté. Sa petite tête, bizarrement coiffée, émerge de la large silhouette de Yu, alors qu’il s’égosille pour appeler le suivant. Il n’avait, visiblement, ni l’ambition de se lier d’amitié avec le travailleur ni l’envie. Il pouvait, bien-sûr, se laisser guider vers la plus large d’entre elle, sans doute celle du contremaitre, pour qu’on vienne lui attribuer son poste mais la tentation de profiter de ce temps de libre arbitre était grande. C’était l’occasion, inespérée, de fureter un peu partout entre les baraques, puisque la sécurité laissait franchement à désirer, dans l’espoir de mettre la main sur sa cible.

*

Le silence de la jeune femme déclenche bien vite une micro expression chez Sugimoto Yoshiro, familière lorsqu’on avait grandi dans un environnement strict et peu chaleureux. Le froncement de sourcils, sans réel impact sur le visage de son interlocuteur, traduit les pensées du samouraï, alors que sa poigne se raffermit sur son bokken. Il cherchait un sens, derrière cette absence de réponse et, sans même vraiment y réfléchir, une question nait, dans l’esprit du gardien de la ville. Si un nom était trop difficile à laisser échapper, c’était sans doute que l’émotion liée n’avait rien d’anodine. Voulait-elle protéger ou se protéger de son oncle ? Soutenant le regard de la rousse à la recherche d’un indice, quelque chose pour orienter son étrange déduction…. En vain.

Un faible sourire vient faiblement soulever les commissures des lèvres de l’homme lorsqu’il remarque l’attention de sa compagne d’entrainement papillonner vers les alentours. Cherchait-elle quelque chose de plus adéquat qu’une épée en bois qu’elle était sensée savoir manier ? Yoshiro change de main, impatient, l’œil concentré sur les gestes de la jeune femme, une ride de concentration barrant son front. Plus menue, plus jeune, plus petite, il s’attendait à la voir fuser vers lui pour gagner les quelques centimètres qui lui manquait et combler la différence de force. C’est ce qu’il aurait fait, lui, à sa place. Mais en avait-elle seulement les capacités physiques ? Mako, son fils, avait toujours été plutôt bon pour jauger les gens, chose qui lui faisait souvent défaut malgré son âge avancé et son expérience des champs de batailles. Si Wayu se tenait là, maintenant, c’est qu’il avait jugé qu’elle avait quelque chose, sans croire important d’en notifier son vieux géniteur. Elle en était sans doute capable. Et peut-être même de bien plus.

La bouche du samouraï s’entrouvre, aspirant l’air environnant alors que ses appuis s’écartent en écho aux paroles de la jeune femme. Les poumons gonflés, Yoshiro tend son attention à son paroxysme et, une fois satisfait, se recentre à nouveau sur le combat, sa courte seconde d’égarement terminée. Alors qu’elle franchissait la distance la séparant de son adversaire, Wei est parcouru d’un frisson. Un égarement qui disparait bien vite, lorsque son sabre de bois fend les airs. Le chef de la garde accueille alors, bien vite, l’assaut minuté de la shinobi avec un grognement d’appréciation. Si la feinte était parfaitement orchestrée, elle ne pouvait tromper les sens aiguisés de l’homme de loi. Balayant l’épée d’un mouvement sec, il accueille le coup d’épaule et l’accompagne pendant quelques secondes avant de s’y soustraire comme par enchantement.

« Une connaissance du combat certaine, en effet. » Une main quitte la garde du bokken, passant sur les lèvres de Yoshiro avant de lui saisir le menton, signifiant que son attention, jusque-là concentrée sur la rousse, se relâchait. « La feinte était intéressante et bien orchestrée. Je pense qu’elle aurait cueilli une bonne partie de la caserne, j’aime beaucoup. » Tranquillement, le capitaine réinstalle la distance de départ de leur duel, progressant en demi-cercle prudent autour de celle qui se faisait appeler Wayu. Maintenant dos à Momiji, il ne pouvait voir celui-ci vider la tasse de thé négligemment abandonnée ni faire disparaitre les quelques sucreries amoureusement faite maison par son épouse et qu’il se réservait pour plus tard. Une fois son adversaire rétablit et de nouveau en garde, l’homme dans la fleur de l’âge qu’était le samouraï esquisse un sourire franc, relâchant sa mâchoire et le flux de ses pensées. « Voyons ce que tu vaux à la défense, maintenant. »

Le sifflement de l’air, une nouvelle fois inspiré, parvient jusqu’aux oreilles de Wei, alors que la main libre de Yoshiro tombe à nouveau sur la garde de son sabre d’entrainement. Pour peu, elle aurait presque senti le cuir du manche se serrer sous la poigne de l’homme aux cheveux grisonnants et, alors qu’il exécute le premier mouvement de son attaque, la kunoichi est, une nouvelle fois, prise de cet étrange frisson. L’impression, ni positive ni négative, lui file malgré tout la chair de poule, sans qu’elle réussisse à mettre le doigt sur ce qui la gênait pour autant. Et, elle n’avait, pour ainsi dire, pas réellement le temps de s’appesantir sur ce réflexe inconscient.

Le bois, lame au clair, fait chanter l’air qu’il fend alors que le samouraï comble la distance entre lui et Wei dans un élan. Le bokken soumis aux caprices de son manieur, décrit un arc de cercle en direction de l’estomac de la jeune femme à l’instant même où Yoshiro parvient au corps à corps, dans un coup de taille qui aurait été destiné à trancher en deux un véritable ennemi. Il était rapide, certes, mais pas plus qu’elle, de quoi la rassurer malgré l’attaque sans pitié qu’il venait de lui infliger. Il ne lui restait plus qu’à choisir, maintenant, si elle préférait l’encaisser ou bien se soumettre à l’exercice de parade qu’il lui imposait. Ou peut-être pouvait-elle simplement en profiter pour répliquer et profiter de l’ouverture temporaire de son flanc gauche ?

*

Loin de s’émouvoir de la fausse inquiétude de leur interlocuteur, les deux gardes campent sur leur position. Rien ni personne ne semblait autorisé à entrer à l’intérieur des locaux de la guilde marchande, pour le plus grand déplaisir du Konohajin. Et, alors qu’il s’enfonce dans les entrailles de la Bénédiction du Dragon, le faux messager est saisi par une multitudes d’informations.

Visuelles d’abord, alors qu’il peut enfin poser son regard sur le décor peint et décoré à la feuille d’or. Ici et là, nuages et dragons s’entrecroisent dans des schémas complexes et lyriques, à peine éclipsé par la séparation en deux étages de la salle. Les tables, en bois laqué sombre, sont ornés d’une vaisselle à motif identique à celui des murs, tout comme les escaliers dont la rambarde sculptée était en réalité un énième dragon de plus s’apprêtant à toucher terre, justifiant sans doute par là le nom de l’établissement. Les clients, bien moins discrets, profitent des lieux dans un bariolé de couleurs criard mais dont la richesse était indéniable. Bijou et tissu prisé flirtait avec les sourires cachés derrières quelques éventails et les rires gras d’hommes aux discussions désinhibées, dans un joyeux tintamarre de vie enjouée.

Olfactive ensuite, dans les entrecroisement d’effluves de parfum entêtante qui s’échappent des plats et des boissons, sans oublier des invités. Aujourd’hui, le repas phare envahissait l’air de son fumet de canard laqué sucré et, surtout, de son alcool de prune maison si prisé par les plus riches. Les serveuses, toute de sueurs et d’odeur d’encens, vont et viennent à bon rythme, semant derrière elle de nouveaux aromates dans l’air déjà saturé. Ici et là, les arômes sucrés disparaissent au profit de la fumée de quelques calumets aux contenus plus ou moins légaux mais dont l’intérêt médicinal rimait avec la décontraction et la bonne humeur ambiante. Visiblement, outre être un point d’attente, la Bénédiction était sans doute également le repère de fin – ou de début – de soirée mondaine débridée réservé à la clientèle de marchand de la guilde et de leur collaborateur.

Une impression bien vite corroborée par l’ambiance auditive de la salle. Les rires et les discussions, plus ou moins studieuse, fusent à divers endroits et, à mesure que Fumetsu franchit les tablées, il en capte quelques bribes. Parmi les plus intéressantes, les félicitations appuyées de la plus grande tablée à Ishina-sama, une marchande légèrement plus riche que la moyenne et qui aurait, parait-il, réussit l’exploit de s’emparer financièrement de la mine d’Echizen au nez et à la barbe du maitre de la guilde. Outre la bonne humeur entourant sa fête d’anniversaire, certains autres parlaient, à mot couvert, de l’inquiétante escorte de Daigo Ishihara, ou plutôt, plus exactement, son inquiétante discrétion. Tant et si bien que les deux marchands, dans leur confidence, venaient presque douter de leur existence.

Au-delà des clients, le Kamiko trouve bien vite, au milieu de cette ambiance mondaine familière, la frimousse bedonnante du propriétaire des lieux. Ce dernier, souriant malgré la cicatrice de griffes sinistre qui lui orne le visage, accueille et gratifie quelques personnes de banalités et de formules de politesses en poussant l’une des deux fillettes qui se cachent derrière lui. Ces dernières, absolument identiques si ce n’était leur couleur de cheveux inversée, jette un œil au grand et inquiétant Konohajin qui se rapproche d’eux avant de déguerpir, leurs petites mains serrées sur un bout de papier où leur père a inscrit l’ordre à faire parvenir à la cuisine.

« Mais bien sûr ! Bienvenu ! Bienvenu à la Bénédiction du dragon, mon ami, d’où que vous veniez ! Qu’est-ce que je vous sers ? » L’imposant bonhomme au visage peu gracieux écarte les bras, tout sourire, accueillant ce nouveau client avec courtoisie mais, surtout, dans un élan de voix très peu discret. Visiblement habitué à s’esclaffer bien plus qu’à parler, le tenancier couvre les discussions alentours de sa grosse voix de bariton, s’attirant quelques regards curieux avant qu’ils ne se reportent sur le contenu de leur table et leurs affaires en cours. « Vous savez, c’est rare que les marchands soient pressés d’entrer en ce moment. Le maitre de guilde est plutôt affairé et les rendez-vous ont du retard, sans parler de ceux qui sont plus enclin à avoir leur discussion ici plutôt que dans les locaux mais ne vous en faites pas. Si vous n’avez pas encore votre plaquette laissé-passé, on viendra vous la donner dans peu de temps maintenant qu’ils savent que vous êtes là. Profitez-en pour vous détendre et vous mêler un peu à la foule, ça vous donnera l’occasion de connaitre les gens que vous allez côtoyer dans les prochains jours. »

Le gérant de la Bénédiction embrasse sa salle, pleine à craquer du regard, dissimulant à peine sa fierté quant à l’identité des occupants de son établissement. Il aimait leur compagnie et, à en juger par les jolis kimonos flambant neuf des jumelles qui étaient revenues se dissimuler dans son ombre, certainement leur argent. En y regardant de plus près, le Kamiko eut même la charmante surprise de reconnaitre la coupe d’un modèle en vogue dans la noblesse du pays du feu et dont il connaissait personnellement l’instigateur de l’idée audacieuse de la coupe du vêtement. Les enfants aimaient les choses précieuses et exotiques, leur père, lui, semblait enclin à satisfaire leur caprice. Ces mêmes enfants, dont l’une avait décidé de se soustraire à son géniteur pour se rapprocher du ninja, ses deux grands yeux mordorés curieux noyés dans son doux sourire.

« Au menu du jour, nous avons du canard laqué ou à l’orange. »

Elle rosie, séduite par le visage agréable de son interlocuteur, avant de finir d’énumérer les subtilités de la carte, les alcools possibles et, surtout, les différents desserts disponibles. Insistant même sur cette partie, la jeune fille à la coupe carrée sombre conseille à son client le mystérieux tāngyuán, avant que sa jumelle ne vienne l’interrompre d’un coup de coude dans les côtes. L’une aux cheveux sombres, l’autre aux cheveux blancs, les deux petites se dévisage, une courte seconde, avant d’échanger un sourire de connivence et de saisir, comme un seul homme, les mains de l’albinos pour l’entrainer derrière elle sous le regard bienveillant de leur père. Le guidant jusqu’à l’escalier, les deux petites lui désigne une table vide, sur le rebord de l’étage ouvert.

« Ici, on entend tout, tous le temps, et on voit bien.
- Ça vous aidera peut-être à rentrer plus vite. »

Toutes deux relâchent le Kamiko, attendant patiemment un geste d’approbation ou de désintérêt de sa part avant de retourner à leur petite vie lassante de fillette perdue dans une auberge d’adulte ennuyeuse. Dans la salle, rien ne semble avoir véritablement évolué, les clients toujours tournés à leur fête privée et l’anniversaire monopolisant une bonne partie de l’établissement battait toujours son plein. L’invitée d’honneur, cachée derrière son éventail, présidait la table principale et admirait bien plus qu’elle ne participait à sa propre réception. Depuis la position de choix indiquée par les deux petites, le shinobi a alors le plaisir de se soustraire à une partie des odeurs entêtantes de nourriture et au bruit de fond des conversations.

L’étage, bien plus calme que le rez-de-chaussée, dispose d’une ambiance plus feutrée et discrète. La majorité des occupants, bien plus discrets que leur homologue au ras du sol, échange des rouleaux et des tampons en sirotant du thé ou, pour les plus valeureux, un alcool quelconque. Pendu à leur ceinture ou posé sur leur table, l’albinos découvre une nouveauté qu’il n’avait pas remarqué jusqu’alors, perdu dans la masse grouillante de la salle principale. Des plaquettes en bois, plus ou moins sombres, frappées d’une impression pyrogravée dont il devinait les symboles bien plus qu’il les reconnaissait, s’échangeaient entre les différents interlocuteurs en pleines négociations pour certains, semblaient-ils, ou retrouvaient leur place dans les poches des marchands dont les affaires venaient d’être conclues.

Soustrait à l’attention général que lui avait attiré sa courte discussion avec le tenancier, Fumetsu peut maintenant prendre ses aises et réfléchir. Il savait maintenant comment contourner les deux gugus à l’entrée. Sans doute que les nombreux objets de l’étage étaient les fameux laisser passer dont parlait le balafré de la Bénédiction du dragon, à moins que ce ne soit là que des tokens destinés à prouver leur identité à leurs différents interlocuteurs. Il n’en demeurait pas moins que mettre la main sur un des exemplaires à portée de son regard pouvait être intéressant, s’il souhaitait prendre l’identité du possesseur ou l’imiter pour s’en créer un de toute pièce. Cependant, l’exercice lui couterait peut-être les quelques informations qu’il pourrait sans doute grappiller, s’il se concentrait davantage sur l’assemblée autour de la sulfureuse et fameuse Ishida-san, dont les discussions déviaient, à mesure que l’alcool coulaient à flot, vers les rumeurs et les petits secrets honteux des négociants locaux. Il n’y avait alors plus qu’à, sans doute, cultiver leur alcoolémie à son avantage pour peut-être dénicher un peu plus d’informations sur sa cible et, peut-être, s’attirer les faveurs de la star de la fête dont les accomplissements semblaient personnellement destinés à s’opposer au chef de la guilde marchande ou à lui compliquer la vie de manière fort peu discrète.


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Jin Wei
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« Déjà ? » La jeune femme reprenait position, écoutant le samouraï d’une oreille attentive. Elle ne s’était pas attendue à ce qu’il interrompe le duel dès le premier assaut, elle avait cru qu’il y aurait un échange plus prolongé, un vrai faux combat en somme. Il avait une façon de jauger ses capacités, sur une seule offensive, un peu étrange, car elle ne voyait pas dans quel monde l’on se battait ainsi. Et elle, elle n’avait rien appris, si ce n’était qu’il savait esquiver – ce qui, à son sens, était la moindre des choses lorsqu’on se baladait avec autant de faits d’armes.
Accueillant le compliment avec un léger sourire et une inclinaison de la tête, elle dissimulait en réalité une frustration certaine. Grand bien lui fasse qu’il ait apprécié la feinte, de son côté elle n’accordait pas grande valeur à son jugement.

Elle se voyait donc déjà renvoyée chez elle ou à la caserne, après cette brève entrevue, et son esprit cherchait dès lors un nouveau plan, une nouvelle façon de parvenir à ses fins. Mais il n’en avait pas réellement terminé avec elle, découvrit-elle quelques instants plus tard, alors qu’ils s’étaient tous deux replacés. La défense ? Cette fois, elle eut un sourire sincère, qui sembla répondre à celui de l’homme. Elle hocha la tête, et il passa à l’attaque.

Wei devait admettre que le chef de la caserne était un homme vif – ce qui lui avait certainement permis d’esquiver aisément son assaut, quelques minutes auparavant. Mais lorsqu’elle lut l’intention dans son mouvement, elle eut l’assurance que, si elle le souhaitait, elle pouvait elle aussi se dérober à ses coups. Du moins, elle en aurait eu le temps. A la place, elle ancra d’autant plus fermement ses appuis sur le sol et gaina ses abdominaux, qui accueillirent dans la foulée le bokken adverse. Le bois, flexible, lui fouetta le ventre avec une force insoupçonnée. Pour autant, elle fit l’effort de ne rien laisser paraître. Elle avait également ignoré cette impression étrange qu’elle avait eue par deux fois, lorsque leurs corps se rapprochaient, imputant le frisson à l’excitation du moment.

A l’évidence, le coup faisait mal et elle comprenait, même sans avoir vu de techniques particulières, que son adversaire était peut-être plus aguerri qu’elle. Mais est-ce que cela faisait aussi mal que les fils d’un Kamiko autour de sa gorge ou que le poison d’un Zhao rongeant son corps de l’intérieur ? Elle eut un sourire indescriptible et, levant son bras armé, considéra un instant le bokken. « Ce ne sont que des bouts de bois. » constata-t-elle finalement, l’air de dire qu’elle en avait vu des pires. Mais elle ne faisait pas que se vanter ou raconter une triste réalité, elle tendait également une perche. S’il voulait voir ce qu’elle valait vraiment, peut-être devait-il lui mettre une lame entre les mains. Les véritables capacités se révélaient face au danger.

Reculant d’un pas, elle plongea son regard dans celui de Yoshiro, avant de reprendre la parole : « Si des bandits attaquent avec des bâtons, c’est ce que je ferai. Un adversaire qui encaisse, ça fait toujours plus peur qu’une esquive. Pas vrai ? » Elle passa la main sur son abdomen à l’endroit où le bambou l’avait frappé. Elle sentait son sang pulser sous sa peau ; il était certain qu’elle aurait une marque douloureuse quelques jours durant, mais elle croyait sérieusement que c’était un mal nécessaire. Elle poursuivit : « De toute façon, je ne crois pas que les bandits aient des armes d'entraînement… » Ce disant, la jeune fille coulait un regard en direction des armes, bien réelles, de la salle. Sa manœuvre était-elle trop voyante ? Derrière ses yeux brillants, la machine tournait à toute vitesse : il fallait passer à l’étape suivante, mais elle se voyait de plus en plus difficilement commettre son crime dans de telles circonstances. Elle eut une pensée pour Yu et Fumetsu. Qu’en était-il de leur côté ?




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Zhao Yu
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Le magistrat en charge du recrutement ne semblait pas des plus malins et la sécurité sur le lieu laissait à désirer. Une mine était pourtant un endroit des plus rentables et le manque de gardes sur le lieu indiquait soit la présence de nombreux bandits ailleurs soit une région assez paisible. Toujours est-il que cela faisait les affaires de Yu. Organiser un accident serait d'autant plus facile que peu de sécurité et contrôles d'accès seraient faits sur site. Bon. Toujours ça de pris. Conservant son meilleur air de représentant de la classe ouvrière, Yu se gonfle soudain plein d'espoir et, les yeux déterminés, fixe son regard dans celui du fonctionnaire.

"J'ai déjà travaillé sur des mines m'sieur. Même que j'ai reçu une formation pour inspecter les risques."

D'un air modeste, Yu ne manque pas de faire remarquer qu'il peut-être "plus" que le pécore lambda qui descend dans les tréfonds casser de la roche. Tous font sans doute cela mais il n'a pas de raison de s'en priver. Au contraire, pouvoir "inspecter" la mine lui laissera bien plus de possibilités pour organiser un accident. Pour le moment cependant, mieux valait trouver le dénommé Mamoru Shiroe. Se dirigeant vers la première des maisonnettes qui se présente à lui, Yu entre sans toquer.

"Bonjour, je cherche Mamoru Shiroe. Je suis nouveau ici et on m'a dit que je pourrais le trouver par ici. C'est l'un d'entre vous?"


Grattements de tête d'un côté, questions à la volée de l'autre. Sous couvert de chercher Mamoru Shiroe, Yu en profite pour glaner un maximum d'informations sur le contenu de chacune des baraques. L'idéal étant de trouver un plan de la mine et des différents accès. Voire même les boyaux les moins étayés et risquant l'effondrement. Chaque renseignement est bon à prendre et d'un regard avisé il mémorise les visages, les noms lancés à la volée, les tics de langage qu'il peut entendre. Tout, absolument tout ce qui pourra lui servir à se faire passer pour un gars du coin ou un saisonnier affecté ici. D'ailleurs, le papelard que lui a filé le type au chapeau est un ordre de recrutement donc en théorie il est là pour une bonne raison.

"Bonjour, je cherche Mamoru Shiroe. Je suis nouveau ici et on m'a dit que je pourrais le trouver par ici. C'est l'un d'entre vous?"

Dans chaque petite maisonnette les réponses sont les mêmes, mieux vaut aller voir le contremaître. Usant de cette excuse jusqu'à ce que les gens s'agacent, le Zhao finit pourtant par attirer la sympathie de certains bougres, certains voyant même en lui "le type envoyé par Echimaru", preuve que son jeu d'acteur a été convaincant. Certains lui proposent même un café et le félicitent pour son arrivée à la mine, en profitant pour jeter un œil au papier qu'il tient en main d'un air plus ou moins discret. Fouineurs. Bon an mal an, Yu se dirige donc vers l'individu auquel quasiment tous ses interlocuteurs le renvoient. Le contremaître. Niché dans une petite guérite un peu isolée, le contremaître est un homme à l'air sérieux et supérieur. Habillé comme un plouc cela dit. Comme quoi, les marqueurs sociaux ne s'effacent pas si facilement dans le monde ouvrier. Malgré ses frusques détestables, le bonhomme, désagréable à souhait, se fait un plaisir de prendre Yu de haut.

"V'là un nouveau hein? Files moi ton papier et..."


L'homme se fige de surprise, comme si ce qu'il y avait marqué sur le papier était surprenant. Yu hausse un sourcil. A vrai dire, lui même ne sait pas ce qu'il y a sur ce papier car il n'y a jeté qu'un rapide coup d'oeil avant d'aller fourrer son nez partout. Serait-ce le début des ennuis ou une bonne nouvelle fortuite? L'avenir le lui dirait.

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Kamiko Fumetsu
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Semer les graines du désordre  

C’est dans une ambiance colorée de bruits et de senteurs diverses et variés, souvent criardes, car tel était le standing de l’endroit, que Fumetsu, l’immortelle araignée de Long She, se faufilait afin de gagner la place de choix que les belles jumelles lui avait proposé. Encore une qui soupirait devant le visage arachnéen et pur du bel esthète… Une petite pensée perverse lui traversa l’esprit puis il reprenait le cours habituel de ses tribulations éclectiques : il n’y avait pas à dire, il s’amusait comme un petit fou. Et, c’était pour cette exacte raison qu’il souriait, non pas parce que l’établissement, et les jumelles, lui plaisait, mais parce qu’il baignait d’envie et d’orgueil. Ces deux voix silencieuses lui dictait d’agir comme une araignée dans sa toile gonflée de proies, de manger à sa faim, de se repaître de la corruption manifeste qui teintait les coins et recoins de l’auberge. Mais Fumetsu se contenait, l’échine frémissante d’excitation, le cœur pulsant d’une envie décuplée ; l’homme enveloppé de blanc continuait de regarder avec une amabilité feinte ceux qui l’entouraient malgré la sourde violence d’un artiste sur lequel la morale n’avait plus d’emprise. Tout pour l’art. L’art de séduire. L’art de mentir. L’art de succomber aux vices mondains.

Maintenant assis à sa table, les mains dans les manches de son shihakusho esquissant de belles œuvres seulement connues de lui-même, il regardait les occupants de l’étage en rêvassant. La dame à l’éventail faisait naître en lui un feu particulier, non pas par sa beauté, mais par les gestes précis avec lesquels elle s’éventait, comme un roseau qui se débattait, courbé par la pluie. Il lui sourit gentiment et prit le soin de sortir son propre éventail, blanc, afin d’imiter la dame, comme un petit jeu enfantin mais malicieux, quelque peu séducteur peut-être. A vrai dire, il savait bien que celle-ci ne résisterait pas à l’envie de l’interpeller. Elle semblait vaniteuse, en tous points comparables au Pak Tse Sin de Long She.

Attendant l’arrivée de sa nourriture, il avait commandé un repas du jour, il continuait de s’éventer, patient, laissant traîner ses oreilles, comme si de rien était. « Il était une fois, une araignée. Celle-ci était si belle que ses confrères et consœurs  la dévorèrent, jalouses… » Un sourire naquit sur ses lèvres fines, il avait faim.

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Semer les graines du désordre
- Tu sembles costaud. Tu vas aller avec l'équipe des porteurs. C’est pas le boulot le plus passionnant du monde, mais c’est celui qui paie le mieux ! Dit le contremaître en crachant un mollard aussi coloré que son couvre-chef. C’est par là que ça se passe ! Devant l’hésitation du mineur infiltré, il poursuivit. Tu as pas à t’inquiéter. Mamoru Shiroe viendra te payer à la fin de la journée. Plus tu livres de sacs, plus tes poches seront remplies. Tu ne fais que perdre du temps ! Hiroto ! Viens ici ! Cria le contremaître.

D’un pas lent mais assuré, un colosse s’approcha. Sa stature imposante semblait paradoxalement posée sur une mine déconfite et un regard de chien battu.

- Montre le chemin à notre nouvel ami ! Dit le contremaître sans même un regard pour le transporteur.

Celui-ci, qui aurait pu aisément arracher la tête et le chapeau ignoble de son supérieur, se contenta de s’incliner poliment avant de faire signe à Yu de le suivre.

L’entrée principale de la mine était tout aussi légèrement gardée que le reste. Régulièrement, un chariot de gravats semblait émerger du néant. Seuls les cris des mineurs qui poussaient le fardeau annonçaient leurs arrivées.

- Je s’appelle Goro. Dit le colosse avec un sourire un peu niais en direction de Yu.

Alors que celui-ci s’attendait sans doute à descendre directement dans les entrailles de la terre pour y commencer son labeur, Goro longea l’entrée en évitant les mineurs et les négociants avant de la dépasser.

- Nous, pas pousser, nous porter ! Dit le géant avec un entrain qui jurait avec la tâche ingrate qui les attendait.

Goro marcha ainsi pendant plusieurs minutes. De temps en temps, le duo passait devant des petites entrées, le plus souvent condamnées. Autant de témoins des anciens accès au trésor souterrain qui nourrissait les environs depuis des générations. Cette mine était à elle-seule un symbole de l’histoire de la région, et Yu allait bientôt se rendre compte qu’elle était aussi le centre névralgique de l’économie.

Au détour d’un large monticule de pierres fracassées, une entrée bien plus discrète se dévoila. Ici, il y avait bien deux gardes qui semblaient contrôler assidûment la sortie des mineurs. Plus encore, une fouille corporel semblait automatique et les porteurs s’y pliaient sans discuter avant de reprendre le sac scellé qu’il portait.

Goro entraina le membre-fondateur du Long Shé vers l'entrée et ils passèrent sans même soulever un regard.

Si elle était petite, elle débouchait sur une assez large caverne sculptée par l'homme. Le passage central était dégagé pour permettre aux porteurs de circuler librement, des comptoirs entouraient ce bal de va-et-vient incessant. Certains mineurs venaient y déposer des sacs sur d’immenses balances de cuivre. La trouvaille était ensuite acheminée vers d’autres comptoirs où la pierre était nettoyée. Enfin, des marchands dont la richesse de l’accoutrement transparaissait derrière la couche de poussière triaient et enfermaient les pierres dans un sac. Le bal semblait parfaitement orchestré par un homme qui criait ses ordres sans interruption d’une voix fluette.
Lorsqu’il aperçut Goro, il lui demanda de s’approcher directement.

- Goro, viens ici.

- Mamoru Shiroe. Dit simplement le colosse en s’inclinant devant le petit homme bedonnant.

La mine renfrognée et un peu sale du chef officieux des mineurs contrastait étrangement avec des habits de bonne facture, malgré la saleté évidente qui s'en dégageait. À n’en pas douter Mamoru Shiroe était un mineur particulier.

- Voici la prochaine livraison pour toi et ton… Qui c’est celui-ci ? Dit-il en regardant Yu. Les nouveaux ne sont que très rarement admis au cœur de la mine, mais au vu de ta carrure, tu devrais t’en sortir. J’imagine que tu as eu une très bonne note à ton entretien. Sois-en digne. Se tournant vers Goro, vraisemblablement plus confiant en son intelligence que celle de Yu, il révéla le travail qu’il avait pour eux. Il faut amener ces cinq sacs à la Bénédiction du Dragon, Daigo Ishihara vous y attend dans un salon privé. Bien entendu, interdiction d’ouvrir les sacs et vous devrez les défendre avec votre vie, si quelque chose ne tourne pas rond avec la commande de ce marchand, je devrai me déplacer en personne pour sauver vos petites miches. Je vous laisse, j’ai du pain sur la planche.

Sans un autre mot, Siroe s'éloigna en criant des ordres à quelques porteurs.

Yu est au milieu du “cœur de la mine” un marché plutôt discret qui rassemble les plus belles pierres minées. Personne ne le regarde. S’il peut tout à fait s'enquérir de la quête confiée par Shiroe, il ne sera pas difficile de convaincre Goro de continuer seul, aux risques que celui-ci ne parvienne pas à délivrer la commande. Yu peut donc tout aussi bien s'enfoncer dans les entrailles de la mine s’il le préfère ou continuer d'observer les alentours.
Ou bien, va-t-il tenter d’empoisonner sa cible directement ? Lui trancher la tête ? L’attirer dans un coin obscur de la mine ?


*

- Les bandits qui rôdent dans les environs sont bien plus coriaces que vous ne pouvez le croire. Il faut dire que si nos paysages ne sont pas les plus pittoresques, notre sol regorge de pierres qui feraient pâlir les ornements du plus noble étranger. Une majeure partie de l’économie de la région est dépendante de nos mines. Et sans routes sûres, aucun commerce n’est possible.


Sugimoto Yoshiro quitta sa posture de combat, comme pour signifier que l’exercice était terminé. La sensation désagréable que ressentait Wei depuis quelques instants disparut instantanément. Avec un sourire franc, le chef de la garde toisa la jeune femme du regard avant de s’adresser à celui qui l’avait habillé.

]b]- Cette jeune femme sait se battre, malgré sa stature. Elle sera parfaite pour protéger les marchandises les plus précieuses.[/b] Se tournant vers Wei, il fit un signe de la main afin qu’elle le suive.

À la suite du chef de la milice et de la jeune femme, une petite troupe se mit en marche. Ils traversèrent l'accueil, le samouraï saluant son fils d’un signe de la tête alors que celui-ci écoutait les lamentations d’un mineur qui prétendait avoir été floué par un riche marchand.
Le brouhaha se dissipa pourtant à la vue de Sugimoto Yoshiro. Dans les yeux des gardes, des aspirants, et des mineurs, on pouvait lire de l'admiration, du respect, mais aussi de la crainte. À tout égard, il était un milicien parfait. Aussi intègre et honnête qu'intransigeant avec les règles.

- Momoji, viens avec nous. Dit-il.

Trop content d’échapper à la corvée de l'accueil, l’adolescent les rejoint en courant, un grand sourire collé sur son visage rond.

Le chef de la garde prit les devants pour mener la jeune femme et son fils vers son bureau. Situé au fond de bâtiment, ils passèrent devant l’imposante armurerie et la salle de repos avant de pénétrer dans la pièce du chef de la milice.

D’une bonne taille, elle abritait les trophées de guerre du combattant. Épée, bouts d'armures, kunais et autres armes exotiques, Sugimoto Yoshiro semblait apprécier les souvenirs de ces combats passés. Sous chaque objet, une petite étiquette indiquait un nom et une date.

- Je vous en prie, Mettez-vous à l'aise. Dit-il en montrant un coussin à Wei.

Sur le mur en face d’elle, une l’arge épée courbée qui semblait faite d’un bronze particulièrement brillant reflétait la lumière des flammes de la cheminée. An 2 Kaigan Hisa indiquait l’écriteau gravé juste en dessous.

Remarquant l’intéret de la jeune femme pour la lame, le samourai ne put s’empecher de conter sa recnontre avec cette combattante paritciulierement acharnée. L'histoire fut assez longue pour que Wei puisse prendre ses aises. Mais, alors qu’il venait à peine de décrire la sensation de soulagement qu'il avait ressenti en voyant la tête de la kunoichi rouler à terre, il s’interrompit pour se placer en face de Wei.

- Tout ça semble vous intéresser. Mais pas plus que je ne le suis par vous. Les gardes qui viennent postuler pour notre milice ne savent pas utiliser le chakra. Et, chaque fois qu'un schinobi s'est présenté aux portes de notre communauté, c'était pour nous voler.
Qu'est-ce qu’une shinobi vient faire ici ? Avec une telle puissance, vous pourriez mettre votre oncle a l’abri. Pourquoi donc le laisser trimer au fond de cette mine ?


À peine perceptible, le cliquetis de la serrure se fit entendre. Momoji venait de fermer la porte du bureau de son père. Comprenant pourquoi il avait fait venir cette jeune femme à l’intérieur.

Sugimoto Yoshiro est un homme intelligent. L’usage du chakra n'est pas une chose très commune dans les environs, mais surtout, ceux qui le possèdent et l'utilisent pour voler. Il existe des exceptions, comme le chef de la milice en personne. Wei peut donc convaincre le chef de la garde et son fils qu’elle est une valeureuse combattante venue défendre la veuve, l'orphelin, et son oncle. Un jet de dé qui prendra en compte ton intelligence sera alors demandé. Elle peut aussi opter pour la baston ou tout autre chose sortie de ton imagination. Si tu veux intervenir avant, on peut en discuter et j’éditerai ma partie.


*

Alors que les conversations allaient bon train, l’Araignée gardait sa stature. Autour de toutes les tables, déjà, les habitués parlent de ce nouveau visage si particulier. Les plus observateurs ne manquaient pas de remarquer l’extraordinaire facture de son accoutrement, la délicatesse de ses gestes, le naturel charisme de sa prestance.

C’est que dans cette partie reculée du Sekai, il en fallait peu au gens pour s’emballer. Tout événement cassant la routine était bon à prendre. Alors quand cet événement prenait les traits nobles d’un inconnu aux manières douces mais assurées, c’était bien assez pour faire jaser toutes les langues aux environs.

Ishida-san elle aussi avait remarqué le bel éphèbe, et la rumeur enfant ne pouvait que la convaincre de l’aborder. C’était elle, après tout, la reine de la journée.

- Il est rare de voir des étrangers venir ici. Je suis certain que nous pouvons vous aider à combler la lassitude de votre voyage. D’où venez-vous ?

Dans le tumulte des conversations, l’Araignée perçut cependant un nom qui attira son attention.

…pour Daigo Ishihara, oui. Il attend une livraison du cœur de la mine. Tu ne le regardes pas dans les yeux et tu les laisses contrôler la nourriture.

- Vous pouvez vous joindre à notre petite fête.

…celle qui est juste derrière le comptoir. Allez, file. Dit la femme à la serveuse.

- Nous vous avons déjà fait une place. S’exclama Ishida avec force comme pour attirer l’attention du bel éphèbe.

La serveuse, elle, redescendit en portant son énorme plateau d’argent. Disparaissant bientôt dans la foule.

- Je suis Ishida Tsubomi, femme du régent de la Guilde des Mineurs&Joailliers. Je suis certaine que vous êtes ici pour faire des affaires. Si c’est le cas, je peux sans aucun doute vous aider. Autour d’elle, les courtisanes et les musiciens s’écartèrent pour laisser de la place à l’Aranéide.

Fumetsu, fin observateur, pouvait remarquer le désir brûler dans les yeux d’Ishida. Non pas un désir charnel, mais le désir de demeurer le centre d’attention de la pièce, alors même que cet étranger venait de la lui voler. Par ivresse du pouvoir, la femme était prête à consentir aux demandes du shinobi, pourvu qu’il reste un peu à ses côtés, la laissant briller pour continuer de vivre dans le regard des autres.

Fumetsu est décidément un homme charismatique. Tous les regards sont tournés vers lui. Va-t-il congédier Ishida, lui offrant par-là même une humiliation que cette petite cour improvisée n’oubliera pas de sitôt ? Va-t-il tenter de retrouver et suivre la serveuse qui semble avoir disparu dans un lieu encore plus secret au sein de l’auberge ?
Va-t-il utiliser les besoins futiles d’Ishida pour acquérir un laissez-passer ? Mais ces bouts de bois sont-ils réellement des laissez-passer ? Peut-être qu’en laissant la femme boire, elle pourra se laisser aller à des confidences ?
Ou bien Fumetsu va-t-il surprendre le narrateur avec une autre solution sortie de sa manche ?


 
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Jin Wei
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Yoshiro n’avait pas mordu à l’hameçon. A la place, il lui avait fait une leçon sur les tenants et aboutissants de la présence de bandits dans les parages. Elle avait eu un sourire un peu crispé, tout en feignant d’accepter son enseignement avec humilité, mais elle bouillonnait intérieurement. L’examen était déjà terminé du côté du chef de la milice, et elle n’avait pas l’impression d’avoir avancé d’un pouce dans sa quête de renseignements. Un instant, elle sentit ses muscles se bander et son corps se pencher, comme si elle allait lancer un assaut soudain, mais elle se retint finalement et suivit simplement le samouraï qui lui faisait un signe de la main. Ce n’était pas l’envie qui manquait, clairement, d’autant que la confrontation directe était plus dans son caractère… Mais il y avait trop d’enjeu, dans cette mission, pour qu’elle se permette la moindre erreur de jugement. Et, pour la première fois depuis qu’ils étaient arrivés à Echizen, elle sentit une pointe de stress lui saisir le ventre.

Le groupe composé de Yoshiro, Momiji et elle-même repassa rapidement par l’accueil, avant de continuer dans un coin du bâtiment que Wei n’avait pas exploré. D’un rapide coup d’œil, elle tentait de repérer les lieux, de mémoriser les salles, pour le cas où elle aurait à s’y faufiler.
Ils débouchèrent finalement sur ce qui ressemblait plus à une salle d’exposition qu’un bureau – mais elle comprit rapidement que c’était là que le chef de la garde travaillait au quotidien, lorsqu’il n’était pas sur le terrain. Il lui indiqua un endroit où s’asseoir et elle prit quelques instants pour contempler tout ce que la pièce renfermait. Il fallait dire que l’homme possédait une sacré collection – du moins, à l’image de ses faits d’arme. Son regard se posa finalement sur l’épée Kaigan qui trônait face à elle. « An 2… » Cela paraissait si lointain. Comment un homme tel que Yoshiro avait atterri dans un endroit si reculé ? Il n’y avait rien de glorieux à pourfendre des pilleurs de joyaux quelconques.

Il dut capter son regard, car il se lança soudainement dans une anecdote au sujet de la fameuse lame courbe, ne lui épargnant aucun détail sur la façon dont il s’était battu et avait vaincu sa précédente propriétaire. Wei devait l’admettre, il avait un don pour raconter les histoires, car elle se laissa prendre au jeu. Ne s’imaginait-elle pas dans la forêt figée de Takatorikozan, à échanger des coups acharnés  avec la redoutable Hisa ?

Et puis, il y eut le retour à la réalité. Après l’avoir fait voyager à travers le Sekai, les paroles Sugimoto Yoshiro lui firent l’effet d’une claque. Son corps se contracta sous l’effet de la surprise. D’un coup, elle eut l’impression que sa gorge s’était asséchée. Comment avait-il su ? Elle n’avait utilisé qu’une infime portion de chakra, juste de quoi alourdir l’impact – ce qui n’avait d’ailleurs servi à rien.
Dans sa poitrine, son cœur s’était mis à battre furieusement, tandis que Momiji verrouillait la porte du bureau. Le samouraï savait et il n’avait rien dit, il l’avait entrainée jusqu’ici pour lui tendre un piège…

Mais alors que l’esprit de la rousse travaillait à toute vitesse, cherchant une explication, quelque chose qui l’aurait trahi, toutes ses pensées convergèrent vers une même idée : il était senseur. Ce samouraï était un traitre à sa caste, il manipulait le chakra. Tout s’expliquait ! Notamment l’esquive si prompte, malgré sa feinte. Quel enfer… Les senseurs étaient la plaie des shinobis – sauf peut-être pour Yu qui savait se rendre parfaitement invisible à leurs yeux.
Dans son malheur, elle se félicita d’avoir retenu son geste, un peu plus tôt, alors qu’elle avait hésité à dégainer Kūnwú. Elle n’aurait eu aucune chance, alors qu’au contact de ses doigts la lame aurait irradié de chakra, trahissant ses intentions immédiatement. Maigre consolation cela dit…

Elle devait rattraper la situation. Tout n’était pas perdu, à vrai dire, car elle pouvait toujours trouver une explication logique. Elle n’avait plus rien à perdre de toute façon, et il lui offrait une chance de se justifier. Elle alors eut un sourire qui se voulait encourageant, mais qui servait surtout à cacher sa nervosité.
« Vous êtes entourés d’hommes, mais vous ne savez vraiment pas ce qu’ils pensent hein ? » Elle haussa les épaules, l’air dégagé. « Mon oncle est quelqu’un de fier, qui met un point d’honneur à faire les choses lui-même. Il estime que l’avenir de sa famille est de sa responsabilité. Et que ma place, elle est à la maison. » Cette problématique, elle l’avait déjà rencontré au sein de sa propre famille. Pour que la dynastie des Jin perdure, il fallait que chacun comprenne quelle était sa place et s’y tienne. C’était pour échapper à tout ça que Wei avait pris les armes. Pour ne pas être, comme sa tante, sacrifiée à un mariage arrangé.

« Bien sûr, il ne sait pas que je suis là, il ne sait pas que je sais me battre. Et je ne veux pas qu’il le sache. Parce que je veux qu’il soit fier de lui, en retrouvant sa famille à la fin de sa journée. Et je le veux vivant. » Elle avait plongé son regard dans celui du chef de la garde, reprenant contenance à mesure que son discours prenait forme, montrant plus d’aplomb tandis qu’elle tissait un nouveau mensonge, sur fond de vérité. « Je ne crois pas que ma maîtrise approximative du chakra fasse de moi un shinobi. Diriez-vous que vous en êtes un, vous ? Et sérieusement, voler ? Contrairement à mon oncle, je ne m’intéresse pas aux cailloux. »




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Rikudô Sennin
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Zhao Yu
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L'équipe des porteurs hein? C'était mieux que rien de s'y voir affecté. En réalité, cela permettrait à Yu d'effectuer des trajets au sein de la mine sans trop attirer l'attention. Un simplet du nom de Goro fut affecté à la présentation de la mine et du métier de porteur pour le Zhao. Ha. Ils avaient décidément bien peu de considération pour lui. Ou peu de personnel dédié à la formation tout simplement. C'était parfait. Yu avait les mains libres et ce "Goro" ne semblait pas pouvoir faire assez de connexions synaptiques à la minute pour le gêner dans son grand oeuvre. Amené dans une caverne, il put enfin faire la rencontre de sa cible, un homme ventripotent à la voix assez désagréable.

Le soustraire de ce monde serait une partie de plaisir. Ce type-là trainait des affaires louches. Surtout que leur demander d'amener des sacs spécifiques à un marchand du coin, lui aussi objet de leur mission, était on ne peut plus suspect. Malgré le rôle de tous ces hommes, extraire des sacs de leur côté était peut-être une manière de se faire un peu plus d'argent de manière officieuse. Le Zhao pourrait essayer de prendre plus d'informations à ce sujet une fois la mission terminée. Après tout, Daigo Ishihara serait mort tout comme Mamoru Shiroe. Long She pourrait peut-être même bénéficier de ces informations d'ailleurs. Histoire de savoir comment est organisée la gestion des ressources minières de la région.

Cela dit, l'heure n'était pas aux réflexions économiques sur le futur radieux de Long She. L'heure était à la mise en scène d'un accident minier. Et il pouvait très bien s'en charger tout en faisant autre chose. Prétextant une cheville foulée, il s'écarta de Goro un instant pour effectuer un clone d'ombre. Celui-ci était une réplique parfaite de Yu et savait ce qu'elle avait à faire. Yu rejoignit ensuite Goro et se dirigea avec lui en direction de la Bénédiction du Dragon. Ce qui se passerait dans la mine serait du ressort de son clone. Pour plus de sécurité, il plaça quand même un parchemin explosif dans le tunnel de sortie dans lequel il inséra juste assez de chakra pour que celui-ci n'explose qu'une dizaine de minutes après son départ.

*

Pendant ce temps dans la mine.

Le clone de Yu savait très bien ce qu'il avait à faire. Il se dirigea silencieusement vers le boyau d'où il avait été crée et observa le ballet des porteurs, marchands et autres âmes damnées de ce lieu. Il savait que le temps pressait. Un sac de jute fut rapidement récupéré tandis que le clone se repliait sur lui-même pour ne pas être vu. Il faudrait agir vite.

Soudain, le grand boum retentit. Yu lui avait expliqué qu'il venait de condamner la sortie. Ouf. Il aurait pu se sentir stressé de finir mort enterré s'il n'avait pas eu conscience d'être un clone. Sa mission était donc bien plus importante. Des cris agitèrent les gens dans la pièce et tous partirent en courant vers la sortie. Mamoru semblait également affolé et il récupéra quelques richesses avant de se mettre à courir lui aussi dans le boyau. Au vu de la cohue qui régnait, s'insérer dans la foule n'eut rien de difficile. Il se fondit dans la masse de gens qui cherchaient une issue en beuglant et se rapprocha de Mamoru qui criait, étouffé par le brouhaha ambiant. De quelques pas, il le poussa dans une anfractuosité rocheuse en train d'être creusée. Il l'avait vue en amont car les étais de ce coin-ci n'étaient pas encore terminés. La faute à pas de chance. Le marchand tomba lourdement au sol et, avant qu'il ne puisse comprendre ce qui lui arrivait, le clone de Yu sourit puis... explosa. Mamoru Shiroe n'eut même pas le temps d'afficher un air de surprise car une explosion bien plus puissante que celle qui s'était produite un peu plus tôt venait de faire effondrer une section de la mine sur elle-même, détruisant tous les renforcements en train d'être mis en place par les mineurs. La Terre reprenait ses enfants et ses trésors.

*

Sur le chemin de la Bénédiction du Dragon, Yu sourit. Le travail était fait.




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Kamiko Fumetsu
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Semer les graines du désordre  
Pour le jeune esthète drapé de blanc, tout ceci – cette entrevue mondaine et séductrice, les atours déployés tant discursif que physique – n’était qu’un jeu. Une sorte de jeu de rôle où les deux protagonistes s’évertuaient à découvrir les petits secrets filandreux de l’autre. Cet exercice requérait un doigté sublime…, le doigté d’un artiste tisserand, ou d’un sculpteur classique, voire même d’un musicien harpiste. Et, cet ensemble était bien ce qui constituait l’essence même du Kamiko. Ce que la narcissique et vaniteuse femme voyait devant elle n’était autre que la personnification des manières « à la mode », puisant dans les connaissances du monde pour paraître époustouflant, saisissant de beauté autant que de charme. Toutefois, dans ce charme résidait quelques teintes d’un je-ne-sais-quoi de sulfureux ; peut-être les battements de cils calculés entre virilisme et féminité assumée ou les mains graciles mais veineuses d’un artiste au métier décadent, presque sexuel. Entre esprit et corps, Fumetsu rayonnait à travers la pièce, bien décidé à souffler lentement la flamme de son allocutaire, l’étouffant petit à petit alors qu’il lui soutirait ses petits secrets comme on déshabillait une dame. Se levant alors, il la rejoignit avec une lenteur assumée, prenant son repas avec lui, souriant d’un air ravi et enjôleur.

« Vous me faites honneur, chère Ishida Tsubomi. Je ne pensais pas partager mon humble repas aux côtés d’une aussi noble dame. La femme du régent, vous dites ? Une telle position n’est que le gage de votre ingéniosité et de votre talent ! Nul doute qu’un homme d’affaire dans les métaux rares sache reconnaître le précieux, même chez une femme, et chez vous il semble flamboyant… »

L’esthète souriait tendrement, accompagnant ses mots par des gestes raffinés. Il ne touchait pas à sa nourriture, préférant se concentrer corps et âme sur sa cible. Il avait faim, bien sûr, mais une proie plus délicieuse encore s’était présentée à lui volontairement. Alors, il tissait, il tissait de sa voix chaude et agréable, presque envoûtante.

« Je viens de loin, près de l’archipel des trois sœurs. Peut-être connaissez-vous cet endroit merveilleux où un coquillage précieux se trouve, colorant la vie sous toutes ses déclinaisons ? Un peu comme vous le faites vous-même auprès de cette assemblée… »

Le Kamiko posait sa dextre sur la table, invitant la dame à joindre les mains, comme un couple mondain le ferait. Il souriait alors, d’un sourire éclatant. Il tissait, il tissait…


Récapitulatif combat:
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