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La vallée du Roi-Guerrier

Kamiko Fumetsu
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La vallée du Roi-Guerrier Ven 30 Aoû - 16:07
Kamiko Fumetsu
La vallée du Roi-Guerrier


Village caché de Suna

Pas un chat dans les rues. Très tôt le matin, je me glissais telle une ombre malicieuse, zigzaguant au beau milieu des quelques foyers de lumières éclairant l’artère principale de Suna. Seul avec mes pensées. L’intendant m’avait remis une mission qui revêtait de la plus haute importance. Une chasse au fantôme. Ou une mission suicide. Il était question de se rendre dans une vallée inexistante, ou merveilleuse, pour y déloger un « guerrier nimbé de lumière, immortel, plus vif que la foudre, plus puissant qu’un volcan », ou un délire de soldat mourant. Si menace il y avait, je doutais de l’existence d’un Roi-Singe dans cette vallée – si celle-ci existait -, voire même, d’un Dieu Guerrier. Les légendes étaient souvent tirées d’histoires vraies exagérées par des racontars ou des conteurs malhonnêtes. Le monde était rempli de ce genre de fables. Cependant, je ne pouvais ignorer la disparition de tous ces hommes, et le rouleau estampillé du Conseil attestait de l’importance de la mission. Quelque chose avait exterminé une troupe d’élite et cela ne devait pas rester impuni. Arrivé dans mon foyer, d’une froideur édifiante, je rassemblais mes quelques effets avant de quitter le village. Malgré mes doutes quant à la menace, j’étais résolu à prouver une nouvelle fois ma loyauté et mon efficacité. J’écrivais un message à l’intention de mon coéquipier, Shirogane Wataru, lui expliquant mon départ soudain et lui intimant de faire honneur à notre équipe lors des missions qui lui incomberont en mon absence. Un vide m’emplit un instant, m’appuyant sur le mur, je me pris la tête dans mes mains. J’inspirais et expirais lentement. Je ne devais pas échouer. C’était là ma destinée. Je prenais conscience de l’ampleur d’une telle assignation. Le moment tant attendu. Il y avait de fortes chances pour que je rencontre un ou plusieurs ennemis ayant les capacités réelles de me battre, de me tuer. Mourir en guerrier. Mourir au combat. La rejoindre. Je lâchais un faible rire presque dément tandis qu’un pleur léger mourrait sur ma joue. Me ressaisissant, je secouais la tête et refis le compte de mes affaires, de mes préparatifs. Cette mission avait un tout autre sens.

Sorti de Suna, je contemplais le désert qui s’étalait, telle une mer de sable, à perte de vue. Les dunes façonnaient un paysage vallonné et traîtreux. Quelques pousses glorieuses sortaient de terre comme défiant le soleil impitoyable de cette contrée. Malgré tout, j’observais d’un regard amoureux ce pays d’exil, il m’avait accueilli, protégé et nourri. Là, à l’Est, dans les plaines de Karawar, mon cœur était mort. Ici, à l’Ouest, le feu de mon âme s’était ravivé. Aujourd’hui, j’allais vers le Nord. Vers les montagnes dangereuses du massif de Guhiko. Sans un regard en arrière, je m’élançais vers les excroissances tectoniques, avec, en tête, la mission à accomplir. Je n’étais jamais allé au Nord de ce monde. Si je devais en croire les dires, il s’agissait d’étendues caillouteuses sans grands intérêts. D’où, certainement, le déploiement extensif de ressource humaine afin de découvrir – et contrôler - cette fameuse vallée fertile. Au-delà des considérations économiques d’un tel enjeu, il y avait un fort désir d’agrandissement du Pays du Vent. Les zones d’influences étaient nombreuses mais résistaient toujours à la politique d’annexion du Daimyo, soutenue par le Kazekage. Il fallait alors provoquer la compétitivité financière des nobles du Pays afin d’intéresser les clans étrangers, les appâter, leur faire miroiter des richesses et un avantage indéniable à perdre leur autonomie en faveur du seigneur du vent. Ainsi, la perte humaine des multiples expéditions dans cette infamante vallée, avait un impact bien supérieur qu’une simple déroute. C’était un échec retentissant, porteur de mauvais augures. La puissance et l’influence militaire de Suna était remise en cause. Ma mission était donc d’une importance capitale, il fallait restaurer un honneur bafoué. Me confier cette tâche était tout autant un honneur qu’une condamnation. Je n’avais pas le droit à l’erreur. Je devais revenir vainqueur ou mourir vainqueur. L'échec m'était interdit.

Le voyage me prit plus longtemps que je ne l’avais espéré. Je n’avais pas l’habitude des paysages montagneux et la traversée de quelques cols avaient été compliquées. J’arrivais au domaine du fameux Wasashi après une douzaine de jours de voyage. Fort d'une gentillesse inespérée, il m’avait laissé me reposer dans l’une des chambres d’amis, affrétée spécialement, et m’avait, suite à une nuit réparatrice, invité à deviser des raisons de ma visite sur une falaise aménagé par ses soins, tôt le matin. La majestuosité du point de vue m’en décrochait la mâchoire. Même le plus sceptique était forcé de reconnaître la beauté sans égale du panorama se déployant devant mes yeux. Du haut d’une des montagnes les plus grandes du massif rocheux, j’admirais s’étendre, face à moi, le Sekai tout entier. Je pouvais y distinguer chaque régions, comme si elles étaient apposées, telles quelles, sur une fine feuille de papier.

« Magnifique… N’est-ce pas ? Je ne m’en lasse jamais. Chaque fois que j’ai besoin de méditer, de réfléchir, ou même de solitude, je viens ici. Cela vous fais prendre conscience à quel point vous êtes minuscule dans ce monde.

- Incroyable, en effet. D’une beauté à couper le souffle. Je n'ai jamais vu quelque chose d'aussi merveilleux.

- J’étais sûr que ça vous plairais. Enfin, puisque vous êtes reposé, nous pouvons attaquer les choses sérieuses, vous et moi.

- Je n’en attendais pas moins. Je suis envoyé par le Conseil de Suna afin de traquer et d’abattre l’homme qui est responsable des débandades régulières qui ont lieux ici.

- Seul ? Veuillez excuser mon scepticisme mais il me semble qu’une équipe entière de shinobi entraîné n’ont pas été capable de vaincre ce qui se cache là-bas ! Alors vous, seul, pardonnez-moi mais vous courrez à votre perte.

- N’imaginez pas un instant, monsieur Wasashi, que le Conseil ne sait pas ce qu’il fait. S’il m’a envoyé, seul, ici, c’est qu’il me juge capable de réprimer les forces agissant dans cette contrée. Ne me sous-estimez pas, ne jugez pas mon apparence de vieillard aux cicatrices blanchies par les âges comme un signe de gloire passée. La guerre n’est pas loin derrière moi, elle est encore en face de moi et le sera toujours.

- Je ne doute pas de vos capacités ! Seulement, il ne s'agit pas là d'un shinobi doté d'une grande force. On parle d'un être supérieur ! D'une créature capable de réduire à néant des hordes de soldats !

- Laissez-moi m'occuper de ce monstre. J’aurais besoin des coordonnées précises de cette fameuse vallée et je partirais. Cette expédition ne vous retombera pas dessus. Seulement les bénéfices... »

Il me regardait avec des yeux malades, le genre de peur paralysante, le genre de terreur induite par un adversaire effrayant. Une peur irrationnelle. Il y avait bel et bien quelque chose de tapi au fin fond du Guhiko et je devais la traquer. J’attendais, alors, le rapport d’éclaireurs que Wasashi Atsushi avait commandé afin de savoir si les traces faites par les multiples expéditions étaient toujours visible ; il s’agissait d’encoches codifiées, assez simple, permettant de former un trajet balisé vers la fameuse vallée. Je remerciais, par ailleurs, le ciel pour cette initiative intelligente. Il fallut quelques heures encore pour que les hommes envoyés reviennent avec les précieuses informations. Le noble vint me voir avec un billet indiquant la direction à prendre et la signification des diverses balises. « Nord-Ouest. X – Pas par là. | - Par là. O – Danger. » Je ne savais pas ce qui m’attendait aux travers des cols, des forêts gelées, des neiges éternelles et dans une vallée mystérieuse au gardien divin mais le soleil était haut dans le ciel lorsque je m’élançais, solitaire, dans la nature hostile.

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Nombre de fables et autres contes tirés de l’imaginaire collectif avaient tendance à se perdre dans les méandres de la population, tantôt renforcées par les âges, tantôt oubliés. Aussi, pour l’heure, rien n’était sûr quant à la véritable existence d’un « Eldorado » dans le domaine du Massif de Guhiko. Bien sûr, moult expéditions avaient été lancées afin d’en vérifier l’exactitude. Hélas, aucune de ces escouade ne pouvait se targuer d’y avoir survécu ou d’être revenu entier. C’est pour cela que Wasahi, le commanditaire de la mission octroyée à Yamamoto Hidenori, avait fait appel aux forces du Désert ; celle-ci avait toujours été réputée comme peuplée de Ninjas féroces et avides de sang. Aucune chance pour eux de se faire occire !
Hélas, seul un homme était revenu de cette mission suicide, au grand dam de la politique en place. Si ce dernier avait été en mesure de faire un ultime rapport, les informations ainsi obtenues par les Dunes étaient bien trop moindres pour permettre au Vénérable de retrouver cette fameuse vallée pour le moins… paradisiaque.

A cet effet, le valeureux guerrier avait été convoqué pour aller enquêter et débarrasser le Sekai de cet être infâme qui avait osé détruire les forces de l’Oued.
Après presque deux semaines de marche à rythme décent, l’ancêtre était parvenu à rejoindre la montagne d’un noble, sieur Wasashi. Si ce dernier avait la propension à ne voir que les gains éventuels après avoir entendu parler de cette légende naturelle, il restait néanmoins frileux et dubitatif. Effrayé, même. Bah, qui serait assez fou pour tenter derechef une exploration au coeur de la Mort elle-même ?
Suna, cela allait sans dire. Et pourtant, le noble semblait bien avare en informations. Tout ce qu’il avait en sa possession ? La description du « dieu-guerrier », comme s’aimait à l’appeler la populace locale. Aussi, impossible pour Hidenori de connaître les réelles aptitudes du nouvel ennemi de la Sainte Patrie.
D’ailleurs, ce noble avait tout de même proposé l’asile au guerrier. S’il comptait effectivement s’attaquer seul à cette sente ténébreuse, il était préférable pour lui d’avoir la pleine possession de sa force et de son énergie. De plus, il ne s’agissait que d’un repas et d’une nuit… Autrement dit, ce n’était rien comparé à ce qu’il paierait en cas de réussit et, de toute façon, il se renflouerait bien assez vite s’il pouvait s’installer dans ce nouveau paradis.

« Les bénéfices… répéta Wasashi en contemplant une fois encore le panorama qui s’offrait aux deux hommes. Certes. Mais je ne saurai que vous conseiller de ne pas y aller seul. Le chemin est rude et fastidieux… Sans parler des éléments qui sont bien loin de ce dont vous pouvez avoir l’habitude au coeur du Pays du Vent ! Il se permit une courte pause, triturant nerveusement ses mains. Vous faites bien comme vous voulez, de toute façon, se ravisa-t-il. Mais j’insiste. On frappa à la porte, le noble se leva et prit ce qu’on venait de lui apporter. Même si vous avez le rapport et le code pour comprendre les balises, je doute qu’y aller seul soit une très bonne idée… Son regard se fit grave. Même pour Suna. »

Il avait raison : y aller seul c’était déjà accepter la mort, se résigner à s’ouvrir au terme. Malgré son âge avancé, le Yamamoto ne semblait pas spécialement prêt à l’accepter, même si son regard et le fond de ses yeux pouvaient en dire long sur ce qu’il pensait de tout cela. Même avec sa volonté indéfectible, se retrouver seul dans un climat aussi hostile et un paysage inconnu (était-il d’ailleurs hostile, lui aussi, ou plus amène ? Personne ne l’avait noté dans le rapport) pourrait lui causer préjudice. Pire encore, il pourrait bien mourir avant même d’avoir trouvé de quoi indiquer l’emplacement de la Vallée aux autres…
Si encore elle existait. Encore une fois, il ne s’agissait que de mythes qui n’avaient pas pu être vérifiés puisque tous ceux qui avaient essayés se sont fait détruire. Littéralement. Le noble revoyait encore les désastres des précédentes excursions. Sèchement, il déglutit et s’empressa de se servir un verre de saké, comme pour calmer la peur qui l’envahissait et les tremblements qui s’emparaient de son corps frêle et usé.

« Encore une fois, Yamamoto-dono, permettez-moi d’insister. Essayez au moins d’obtenir de l’aide de ma population et de mon domaine. Je ne peux pas les forcer à accepter, mais… peut-être pourriez-vous réussir à les convaincre ? Vous êtes quelqu’un de fort et puissant. Cela se voit. Cela se sent. Mais n’oubliez pas : même les plus puissants ont péri sous les coups ravageurs de ce soi-disant Dieu Guerrier... »         

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La vallée du Roi-Guerrier


Massif du Guhiko

Chaud. Froid. Venteux. Caillouteux. Désertique. Escarpé. Le paysage était en constante transformation, créant un sentiment de dépaysement total. Je n’étais parti qu’une journée et il m’avait déjà fallu me couvrir de vêtements, puis me dévêtir avant de me rhabiller. L’ondoyance de la température rendait l’effort plus important que n’importe quel entraînement violent. Ce, avec le manque d’oxygène constant provoquant des crises de paniques régulières où je happais violemment, le thorax en feu, la moindre brise d’air. L’exploration était un supplice. Le soleil frappait et se retirait, comme un adepte pernicieux d’une forme de guérilla encore plus sournoise et lente. La nuit n’allait pas tarder. Je n’avais pas voulu emporter des valeureux – ou de suicidaires – avec moi, malgré l’insistance craintive du nobliau, caché dans son château de pierre. Inutile de mettre en danger la vie d’individus trop traumatisés par une menace invisible, intangible. « Un bruit suspect du vent et ils se seraient sauvés aussitôt… » marmonnais-je dans ma barbe. La solitude, le trajet complexe et la raréfaction de l’oxygène engendrait toutes sortes de réactions ; je me mettais à parler tout seul, comme pour m’assurer de ma santé mentale. La nuit était tombée. Première nuit. Je dégotais une niche creusée dans la montagne, un repaire marqué d’une balise inconnue, pas référencée sur le bout de papier. Je m’asseyais, en tailleur, brûlait quelques brindilles et mangeait une portion de riz issu de mes rations. Il faisait froid. Enveloppé dans quelques couvertures, toujours assis, j’observais le panorama s’étalant devant mes yeux. La montagne écorchée sifflait une mélodie aux airs de requiem. Les quelques arbres meurtris par le vent tempétueux agitaient leurs branches tels des danseurs d’opéra. Cette vision avait quelque chose d’envoûtant. De féérique. De surréel. J’étais seul. Aucune compagnie. Je ne me souvenais pas d’avoir dormis mais je sursautais lorsque le soleil vint me caresser de sa chaleur réconfortante. Je grognais, les muscles endoloris. Deuxième jour. Ecrasé par la grandeur des paysages, je marchais la tête courbée, ne la relevant que de temps en temps, afin de me localiser grâce aux balises. Je ne faisais que monter jusqu’à atteindre une crête accidentée. De là-haut, je me sentais revivre, le rouge aux joues, les lèvres gercées par le vent, les couvertures empilées sur mes vêtements. Au Sud, je voyais s’étendre le monde que je connaissais, que je chérissais mais, derrière moi, je sentais me happer par le Nord ; le monde inconnu. Un monde blanc. Au-dessus de moi, encore plus haut que les nuages, s’élevait un pic rocheux majestueux, recouvert de neige pure. Plissant les yeux, je voyais un fin chemin, à quelques centaines de mètres à la verticale. Cherchant la balise, je la trouvais, sur une paroi abrupte. « | O ». Je me cherchais un autre endroit pour monter mais ne le trouvais pas, l’escalade restait le seul moyen. Jetant un rapide coup d’œil au soleil afin de m’assurer que j’avais le temps de grimper avant d’être envelopper par la nasse d’ombre et la chape de froid de la nuit, j’estimais pouvoir le faire. Cela ne devait prendre que quelques minutes, à condition de garder sa concentration suffisamment longtemps pour ne pas transformer l’exercice en calvaire. Expirant lentement, je commençais l’ascension. Si le début fut assez simple, le reste de la montée devenait un véritable exercice d’équilibriste. Mes mains glissaient parfois. Mes pieds manquaient de me faire chuter. Mes tripes s’entortillaient. Ma mâchoire serrée grinçait. Quinze minutes plus tard, je me hissais au sommet de ce qu’il semblait être un plateau aux promesses mirifiques. Un oasis, une chaleur soudaine, un espace de pure beauté. Je secouais la tête. Un mirage. Un mirage blanc. Il n’y avait rien. Seulement une balise, hâtivement griffonnée dans la roche, ainsi que des restes vieillis de campement. Là encore, je n’avais pas eu l’impression de dormir, pourtant, je sursautais. Troisième jour. Des gerçures commençaient à ouvrir lentement mes lèvres, protégées que faiblement par ma pilosité faciale. Les mains, aussi, se recouvraient d’un givre pernicieux aux allures jaunâtres. Je les frottais malgré la douleur vive. Mon souffle se résumait à un halètement, presque maladif, embué. « Je comprends mieux l’aspect inaccessible de cette vallée… C’est un miracle si je ne meurs pas avant. » Parler me réchauffait un peu, alors que je continuais à marmonner et grommeler dans ma barbe. La traversée du chemin fut plus délicate encore que grimper la paroi, il fallait faire preuve d’agilité et éviter de marcher dans des trous vicieux, n’attendant que votre pas malheureux pour vous emmener décorer le ravin s’étendant en-dessous. Je me frottais contre la montagne, déchirant mes couvertures, cisaillant mes vêtements. Le vent cinglait ma poitrine avec une puissance inouïe, éveillant mes sens à leurs maximums. Je voyais la fin du calvaire arriver avec la descente progressive du chemin. Avec celle-ci, venait la nuit. Je n’avais pas d’autre choix que de continuer, aucun moyen de camper au-dessus du vide, sur une corniche large de deux pieds. La lune me prêtait compagnie lorsque j’arrivais enfin à une grotte naturelle, l’air froid s’engouffrait à l’intérieur mais j’étais trop fatigué pour faire un feu. Je m’assis. J’inspirais. J’expirais. Quatrième jour. La matinée venait de commencer. Je m’élançais de nouveau, assaillis par les crampes, les douleurs et les hallucinations. Je commençais à comprendre. Je riais, nerveusement. Descendant la montagne, l’air se réchauffait ; le vent restait, dans un tourbillon rageur, au-dessus de moi, bloqué par les méandres d’un labyrinthe montagneux. « Ce dieu-guerrier n’est autre que la nature. Il n’y a pas plus puissant qu’elle. Terre-Mère, Ciel-Père. Montagne. Mer. Désert. Elle emporte les hommes à la Mort plus facilement que la Vie ne les met au monde. » Je déambulais au travers de paysage changeant, sans repos. Cinquième jour. J’avais marché sans m’arrêter, sans me reposer, clignant des yeux parfois, fixant une balise pendant plusieurs minutes pour m’assurer de ce que je voyais. Reprenant mes esprits dans un sursaut de conscience, je regardais autour de moi. Une forêt. Verdoyante. Dense. Me sentant repartir dans un état comateux, je cognais puissamment un arbre, m’enfonçant par ce biais quelques échardes dans la main droite. J’hurlais, non pas de douleur mais j’emmenais l’adrénaline à moi, comme une compagne. Je localisais bien assez tôt un endroit pour me reposer, non loin d’une balise encastrée dans un tronc à la circonférence gargantuesque. Je sombrais dans un repos profond.

« La nature est maîtresse de vie. Sens-la avec ton corps, ressens ce qu’elle t’enseigne. Tu ne grandiras pas tant que tu ne maîtriseras pas ce qu’elle a à te montrer. Elle peut te retirer à la vie alors que tu ne t’y attends pas. Elle est la foudre, elle est le feu, elle est l’air, elle est l’eau, elle est la terre. Tu n’es qu’une fourmi dans son étendue. C’est ta déesse. Apprends, regarde la, observe et un jour, tu ne la craindras plus car elle sera ton alliée. »

Je me réveillais, trempé. J’avais sué, beaucoup. Je compris avoir été victime d’un excès de fièvre. Je me remettais debout, un peu chancelant sous l’effort soudain. Levant les yeux au ciel, je remarquais l’astre éclairant le monde à son zénith. Sixième jour. Avec un peu plus de recul, je pouvais mieux cerner dans quel environnement je me trouvais. Loin d’être une forêt, il s’agissait plutôt d’une formation rocheuse complexe où trônait, au centre de ce qu’il semblait être un canyon, des piliers de pierre haut de plusieurs mètres. Là, une marque de main, de la roche brisée gisant sur le sol. Je portais ma main douloureuse à mon visage, intacte à mon grand soulagement, mais quelques morceaux étaient incrustés sous l’impact dans la chair, la faisant saigner faiblement. Rien de très grave, je nettoyais la blessure avec facilité. Par petits bouts, mon errance me revenait. Louant les cieux pour ne pas m’être perdu dans la nature hostile des environs, je me remettais en route avec comme seuls compagnons, des balises gravées, profanes. Je comprenais, maintenant, la telle insistance de Wasashi d’être accompagné. La folie et les maladies traînant dans ces contrées devaient tuer aussi bien que ce gardien à la puissance légendaire. Je traversais cette forêt de colonnades majestueuses jusqu’à arriver à la sortie de la crevasse gigantesque dans laquelle je me trouvais. Il m’avait fallu trois jours de plus afin de m’échapper de la monotonie de l’endroit. Monotone mais déboussolant. Je m’étais perdu plus de fois que je n’aimais le penser. Les balises aidant qu’à moitié, souvent griffonnées à la hâte avant d’être à demi-effacées ou refaites, preuve de l’errance certaine des explorateurs. La porte entre deux mondes. Un goulot d’étranglement entre deux parois rocheuses d’une centaine de mètres de haut. Un étroit passage presque trop petit pour un corps humain. Le soleil commençait à glisser, se couchant tendrement, fatigué. Je tentais d’apercevoir ce qu’il y avait au-delà mais les reflets des rayons m’aveuglaient avec une force inouïe. La balise indiquait bel et bien que c’était le bon chemin, mais avertissait aussi d’un danger imminent en plus d’autres signaux dont je ne pouvais pas comprendre la signification. J’inspirais. J’expirais. Je priais. Je posais mon sac, mes couvertures déchiquetées, mon insigne de Suna, mes rations. Je n’étais plus un ninja en mission, j’étais un apprenti. La nature m’avait humilié, je devais me comporter comme son élève. Sa dernière épreuve m’attendait. Je traversais la passe rocailleuse étroite.

Face à moi régnait la paix. Des rais de lumières venaient illuminer ce qui semblait être un paradis. Une forêt, non pas de hautes colonnes de roches cette fois-ci, mais d’arbres luxurieux, majestueux. Un lac se prélassait, au fond, dans une cuve alimentée par des montagnes blanches formant une ceinture protectrice, jalouse. Seule une sensation angoissante venait me brûler l’échine, comme si quelqu’un, ou quelque chose me regardait. Je tournais la tête. Un temple vétuste, comme façonné par les éléments trônait là, tel un poste de garde. Les têtes de lions garnissant le petit escalier menant à une esplanade de bois étaient couvertes de lierre. La porte était entrouverte, un panneau de papier au dessin ouvragé vieillot, usé par le temps. Je restais là, tant impressionné par le chef d’œuvre que par la découverte de ce fameux paradis sur terre. Un pleur mourut. Je tombais à genoux. Je sourirais.

« Où est donc la dernière épreuve, nature, cruelle déesse. »


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Malgré les moult mises en garde du nobliau Wasashi, force était de constater que Hidenori était dans l’élite des têtus. A cet effet, il avait décidé de partir seul dans ce périple, prêt à braver tous les changements climatiques et les sentes les plus rocailleuses et instables qui s’offriraient à lui. Bah, au moins le civil n’avait rien à se reprocher ; si la vieille branche venait à rencontrer quelques difficultés, il ne pourrait jamais se retourner contre lui. C’était toujours ça de gagné, non ?

Ainsi, par monts et par vaux, le Yamamoto entreprit cette route qui s’avéra être plus longue et périlleuse que prévue. Non content d’affronter le froid puis de grandes chaleurs, il lui avait également fallu ouvrir l’oeil afin de repérer les balises laissées lors des précédentes expéditions. Et Amaterasu savait combien certaines étaient difficiles à percevoir. Mais pourtant, la Barbe Florissante des Dunes s’en était plutôt bien sortie. Peut-être même un peu trop bien, malgré l’ampleur des obstacles. Pentes raides (même pour un Shinobi, les escalader n’était pas des plus évidents), ravins à traverser (encore une fois, même le plus élancé des ninjas ne saurait se targuer d’y arriver facilement), ponts de singe ô combien fragilisés… C’était une vraie épreuve de la nature courroucée qui semblait faire tout son possible pour qu’on ne parvînt pas à arriver à destination.
Après une semaine des plus épuisantes, le vieillard était ainsi parvenu à retrouver un paysage radieux, aux limites du fantasme visuel. Le climat y était doux, les rayons du soleil caressant son corps forgé par la guerre, la flore luxuriante… Un véritable paradis sur le Sekai, en somme. Néanmoins, il n’y avait rien qui pouvait effacer la fatigue qui assaillait le Doyen. D’ailleurs, était-il seulement certain de ne pas avoir sombré dans l’inconscience ? Peut-être que tout ce qui s’offrait à lui n’était là que le fruit de ses rêves les plus fous ? Puis il s’avachit sur un arbre, paume la première. Les quelques échardes lui confirmèrent qu’il ne s’agissait nullement d’une vision onirique. 

Après quelques minutes de ce qui semblait être un repos passager (et très sommaire), un râle d’adrénaline fut poussé par la montagne de muscles. S’aidant à l’aide de sa canne boisée, il s’aventura un peu plus profondément dans ce laissait penser à un fourré fort fourni. Puis l’apogée de son idylle se manifesta : de longs escaliers de marbre s’offrirent à lui, comme surveillés par deux statues aux allures majestueuses de lion. Nul besoin de dire que le vieillard ne se fit pas prier et s’empressa de gravir une à une ces magnifiques marches. Tout en haut se trouvaient deux lourdes portes entrouvertes, ainsi qu’un petit récipient… malheureusement vide. La nourriture se voulait également absente. De plus, la journée était passée bien rapidement et, si le climat s’était montré relativement clément, il n’allait vraiment pas tarder à faire un plus frais… un coup à mourir de froid ici bas. En effet, le temple se trouvait dans une cuvette naturelle où il y faisait très sec ; ainsi, la chaleur grimpait rapidement, mais le gel l’emportait très rapidement également.
Après quelques instants, l’on put entendre des bruits de pas. Des claquements, en fait. Probablement des getas. Après une rapide analyse du rythme et de la différence de son, Hidenori put réaliser qu’il allait avoir deux visiteurs… Autant dire que cela pouvait sembler louche pour une vallée qui se voulait secrète. Et s’il s’était trompé d’endroit ? Ce n’était pas impossible ; on lui avait parlé d’un temple en piteux état, pas d’une merveille pareille. Le binôme ne tarda pas à arriver à la hauteur du Sunajin parcouru de cicatrices. L’un des deux s’empara alors de son sceau et s’enquit de tremper sa « cuillère religieuse » avant de la présenter à l’inconnu.

« M-Monsieur ? Vous allez bien ? Demanda la jeune femme, quoique concernée par l’état de cet homme.
- Ne vous inquiétez pas, nous ne vous voulons aucun mal. Son comparse, plus âgé que la néophyte (cela se voyait de par ses cheveux grisonnants et sa tonsure évidente), rassura l’inconnu, si vraiment il s’était inquiété de leur présence. Son visage transpirait la joie et la bonne humeur. Son regard se montrait compatissant et son sourire, quant à lui, n’indiquait rien d’autre que la compassion. Je me prénomme Kyriosu, s’introduit-il en tirant la révérence.
- Et je suis Kana, enchantée ! Cette dernière ne semblait pas vraiment au fait des us et coutumes religieuses, mais au moins elle était polie. Vous ne devriez pas rester ici, monsieur. Il risque de faire très froid cette nuit !
- Elle a raison, reprit Kyriosu. Peut-être accepteriez-vous de vous joindre à notre monastère quelques jours ? Vous semblez avoir vécu moult aventures en très peu de temps… Je le vois à votre regard. »   

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La vallée du Roi-Guerrier

Zone inconnue, Nord-Ouest du massif de Guhiko

J’ouvrais les yeux comme si c’était la première fois depuis une éternité. Le voile sombre et fantasmagorique s’estompait devant moi. J’avais halluciné. J’avais pénétré dans le temple, dans le mauvais temple. Celui-ci était luxueux comparé à la description qui m’en avait été faite. Mon sourire s’effaçait de mon visage. Face à moi, une gamelle sur un piédestal, vide, trônait au centre de la pièce. Affaibli par les séquelles du voyage, je ne savais pas quoi penser, quoi faire. Inapte à réfléchir, je me laissais tomber sur le sol carrelé. Je tentais de me mettre en position pour méditer, essayer de ranger mon esprit, de mettre de l’ordre dans mes pensées, mais mes articulations refusaient de se plier à ce simple exercice. Assaillis de toutes parts par des images de mon périple, je cherchais à démêler le fantasme de la réalité. Je rampais un moment, tirant sur mes bras comme un forcené puisque mes jambes ne répondaient plus, sapées par les efforts terrifiants des derniers jours, afin de passer la tête au travers de la porte. Je voyais l’escalier gigantesque, puis le paysage s’ouvrait à moi ; une cuvette sèche, rien d’une vallée luxuriante aux milles promesses. Je martelais de frustration le sol tout en poussant des cris impuissants, tant de douleur que de rage. Poussé par cet énervement soudain, je me redressais, bien décidé à repartir de plus belle quand j’entendis des pas venir de l’escalier. Un frisson froid me parcourait l’échine, remontant ma colonne, provoquant une sensation que je ne me connaissais plus. J’étais terrifié. Mon cœur battait dans un rythme endiablé, emporté par l’inconnu. Deux personnes. Un lieu inconnu. Un temple à la sacralité transgressée. Je n’étais pas apte pour me battre, je le savais, je sentais la mort approcher au rythme de leur pas, résonnant à l’unisson. Les poings et la mâchoire serrés, j’attendais. Ils passaient la porte, une femme, un homme. Une jeune, un ancien. La surprise se lisait sur leurs visages, d’abord, puis l’inquiétude et enfin la compassion. Je relâchais la pression immédiatement, soulagé. Rapidement, la jeune novice ainsi que son maître s’enquièrent, non pas de ma présence ici, mais de mon état, ils me proposaient leur aide. Une cuillère d’eau. Un endroit où dormir. Où me reposer. J’hochais de la tête fébrilement, je tentais de parler mais je ne parvenais pas à modeler des mots intelligibles, compréhensibles. Ils comprirent tout de même mes intentions et m’assistèrent. Le voile du sommeil m’emportait de nouveau.

« Qu’est-ce que la nature, si ce n’est une déesse en colère ? Une déesse nourricière et vengeresse ? Elle donne et souhaite recevoir mais on ne lui offre rien. Elle punit, alors. Elle tourmente. »

Je sursautais, trempé de ma propre sueur au goût salé. J’étais nu, ma virilité exposée. Atteint d’un accès de pudeur, je me jetais sur la couverture rejetée au sol – certainement dans un moment d’humeur nocturne – et la revêtais comme un pagne rudimentaire. En quête de mes habits, j’examinais minutieusement la pièce dans laquelle j’avais dormi ; il s’agissait d’une petite case de pierre, de quelques pas de longs et de larges, assez grande pour y accueillir un lit et un coffre de bois. Ce-dernier était ouvert, révélant mes habits, pliés soigneusement ainsi que mon sac, fermé. Silencieusement, je m’habillais, tentant tant bien que mal de me remémorer chaque passage du périple. « Où… Où ai-je échoué ? Me suis-je trompé ? » Les sourcils froncés, la mine maussade, déjà découragé par cet échec, je sortais de la chambre, laissant le sac à sa place.

Une petite cour verdoyante, d’une dizaine de mètres, pavée de pierre, aux colonnes majestueuses assaillies de lierres grimpants vers le soleil, un point d’eau inutilisé depuis une éternité, l’herbe montant jusqu’aux genoux. Le contraste entre l’intérieur maussade et l’extérieur luxueux donnait le tournis. Je n’eus pas à aller bien loin, la jeune novice m’attendait, visiblement, sur un banc, un livre à la main. Elle me souriait, visiblement réjouie de me voir debout. Le souvenir honteux de ma faiblesse me revint à l’esprit et je rougissais, trait effacé par ma pilosité. Poussant un soupir, je passais ma dextre sur mon crâne dénué de cheveux afin de me calmer, de penser à autre chose. Puis, je me dirigeais vers mon hôte, qui n’attendait que cela, visiblement, son livre déjà plié sur ses genoux, une main en tant que marque-page, l’autre sur la couverture. Arrivé en quelques enjambées à ses côtés, j’entamais la discussion.

« Kana, c’est ça ? » Elle acquiesça d’un léger coup de tête. « Vous m’avez probablement sauvé la vie et je vous en suis redevable. D’où je viens, cela implique une dette considérable que je suis prêt à payer.
- Oh. Inutile d’être aussi dramatique, il est de notre plaisir que d’aider ceux dans le besoin tels que vous. Permettez-moi d’appeler mon maître afin de lui notifier de votre réveil ! »

Elle s’éloigna d’un pas bondissant, presque guilleret. Déboussolé par l’attitude de la jeune femme, je ne pouvais m’empêcher de comparer ce coin de paradis au village de sable. Il régnait un silence impérieux, un calme absolu, une verdure inégalée. Je m’installais sur le banc que la novice avait quitté un instant plus tôt, contemplant mes mains torturées. Les cicatrices bardant mes doigts, les coupures récentes à peine colmatées de mes paumes résonnaient en un concert annonçant une vie difficile, vécue et à vivre. Paradoxalement, je me sentais tiraillé par un sentiment de mal-être, je voulais rentrer chez moi. Pas à Suna, pas dans les plaines de Karawar, chez moi. Au domaine de mon père. Cette ambiance de plénitude, de confort me faisait fortement penser à mon enfance. « Qui sait… Peut-être qu’il existe encore, là-bas… » Des bruits de pas précipités me tirèrent hors de ma nostalgie, le tonsuré apparut, avec, dans ses talons, la néophyte. Son sourire de gentilhomme, son air afféré à ses tâches quotidiennes donnait une impression de bienheureux. Involontairement, son attitude m’apaisait. Je me levais du banc, poliment et observais mon interlocuteur aux cheveux grisonnants. Il était petit, à l’image de l’humanité, grassouillet sans être énorme, au teint rougeaud. Il émanait de l’affection. Ce genre de personne était rare.

« Notre invité est donc réveillé ! Quel plaisir de vous voir sur vos deux jambes, vous nous avez fait une peur bleue à vous effondrer comme ça, on a cru vous perdre. Enfin, peut-être pourriez-vous nous raconter vos périples ! Vous avez l’air d’avoir traversé le monde, et j’avoue être friand d’histoires. Comment vous appelez-vous ? Qui êtes-vous ? Racontez-nous tout !
- Je me nomme Yamamoto Hidenori, je suis un pèlerin qui cherche des rumeurs, une légende. Une vallée luxuriante au gardien de lumière… A mon âge, on cherche toutes les raisons du monde pour se donner un objectif, un but à suivre. Pour ne pas se sentir à part du monde. Je croyais être arrivé à terme de mon voyage mais il semblerait que je n’ai fait qu’halluciner. Cependant, ce monastère ne m’a pas l’air d’être un rêve de vieil homme sénile, que faîtes-vous ici, si loin de toute civilisation ? »

Epris d’une réelle curiosité, j’attendais sa réponse avec une avidité non-négligeable. Je ne m’étais pas attendu à rencontrer du monde sur mon chemin, encore moins des ermites à la vocation religieuse. Peut-être seront-ils capable de m’aider dans ma quête ?  
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The eyes of the Mountain


Si Kyriosu et Kana s’étaient principalement enquis de son état, il était vrai que la raison de la présence du vieux Yamamoto pouvait également sembler curieuse. Cela dit, moult pèlerins et autres voyageurs errants s’étaient, par le passé, retrouvés en son sein… Rien qui ne put les inquiéter outre mesure, en somme. De plus, ce temple là n’est nullement leur propriété et peut profiter à toute âme nécessitant repentir et repos éternel… ou simple confession anonyme. Qui étaient-ils pour juger ces pauvres personnes en paix ? Ils n’étaient qu’amour pour leur prochain.
A cet effet, le duo avait rapidement prodigué les politesses de base à leur « invité » et lui avaient proposé de l’eau, sans oublier de lui faire comprendre que rester seul ici, pour la nuit, n’était pas du tout une bonne idée. Si les cieux pouvaient être cléments, ce n’était pas le cas du fait de la saison en cours. Les nuits étaient fraîches et humides, aussi, au regard de son état, le laisser seul ici n’était pas envisageable. Ils ne pouvaient certes pas le forcer à les rejoindre en leur monastère, mais il était de leur devoir que de lui proposer leur gîte.
Doucement, et pour seule réponse, le Sunajin leur offrit un hochement de tête fébrile. Kana, très anxieuse généralement, sentit son coeur s’affoler lorsque la Barbe Scintillante du Désert chu. Elle se précipita alors à son chevet et prit instinctivement son pouls avant de poser sa main sur son front.

« Sa température est très élevée, Kyriosu. Donnez-moi un linge et de l’eau, vite ! S’exclama-t-elle, en proie avec ses inquiétudes.
- Ne t’en fais pas, répondit son maître d’une voix clame et sereine en trempant un bout de tissu blanc dans l’eau fraîche. Son corps est taillé pour la guerre, ce n’est pas une simple fièvre qui va l’emporter, sois-en sûre, ajouta-t-il en lui donna ce qu’elle avait demandé.
- Si vous le dites… Souffla-t-elle en appliquant la compresse sur le front de Hidenori. Nous devrions tout de même l’amener au monastère…
- Et le garder à l’oeil, la coupa le dégarni, afin de clore la conversation. »

Le duo religieux s’arrangea de sorte à porter convenablement la carcasse inerte du Shinobi des Sables afin de le conduire jusque chez eux. Si son gabarit pouvait être inconvénient, force était de constater qu’ils avaient la force et l’endurance nécessaires à le porter. Même pour des moines. De plus, ce lieu de culte n’était guère éloigné. Peut-être même que le Doyen l’avait aperçu de loin lors de ses récentes pérégrinations.
Quelques heures plus tard, et alors que le soleil commençait à se coucher, les trois personnes arrivèrent à bon port. Hidenori, qui n’avait eu de cesse de transpirer tout son soul, fut rapidement conduit dans une chambre cloîtrée et posé à même un doux matelas. L’ambiance était bien pieuse (rien de bien surprenant au regard des affiliations de ses sauveurs), rien n’était superflu. Seul le stricte nécessaire se trouvait à portée de chacun.
Dans une geste néanmoins plein de compassion, Kana décida qu’il était malvenu de le laisser ainsi dégouliner dans sa tenue typique. Aussi, les Kamis l’en gardent, prit-elle sur elle et sa foi pour retirer le moindre tissu susceptible de l’étouffer et de le rendre inconfortable. Sa virilité exposée, le vieillard allait pouvoir passer une nuit tranquille et, elle l’espérait, sereine. Aussi, pour éviter d’ajouter à sa gêne, glissa-t-elle une couverture près de lui.

Le lendemain matin, la jeune femme attendait sur un banc, livre en mains. Bien sûr, il lui avait été demandé de dormir mais elle en avait été incapable, bien trop inquiète pour le grand-père. Kyriosu, quoique exécré qu’elle n’en fît, encore une fois, qu’à sa tête, avait fini par abandonner l’idée de lui faire entendre raison et s’était rapidement replié dans ses appartements à faire ce que seule Amaterasu savait.
Au milieu de la matinée, le Sunajin avait fini par la rejoindre, ayant utilisé la couverture soigneusement léguée comme pagne afin de ne pas s’exposer encore un peu plus... avant d'opter pour le rhabillement. Il était civilisé, pour un Sunajin. En le voyant, son sourire s’étira, radieux, et elle le fixa de ses yeux pétillants, ravie de voir qu’il allait mieux. Livre plié sur ses cuisses, une main en guise de marque page, elle ne cessait de le fixer. Une fois ce dernier à ses côtés, une courte discussion (des banalités) s’instaura entre les deux jusqu’à ce qu’elle se décida à aller chercher son maître pour le prévenir du réveil de leur invité.
Quelques instants après, le duo iconique du monastère s’approcha de l’armoire à glace et le tonsuré prit la parole, ravi que son interlocuteur eût été capable de passer une bonne nuit et de se requinquer.

« Une vallée luxuriante au gardien de lumière ? Je ne sais guère d’où vous venez, mon frère, mais vous devez avoir d’excellents conteurs en vos contrées ! Son sourire était sincère et plein de bienveillance. Voudriez-vous bien nous en dire plus ? Demanda-t-il en guise de réponse. Si loin de toute civilisation… mais pourtant si proche ! Kana hocha la tête. Preuve en est, ajouta Kyriosu en désignant Hidenori de la tranche de la main, d’un geste lent mais mesuré, du haut vers le bas. Vous savez, chacun a ses propres convictions. Si notre monastère semble si éloigné… il ne s’agit là que d’une simple question logistique. Cela nous permet d’avoir nos propres cultures et terrains de chasse, sans pour autant causer de tort aux autres communautés. Nous vivons pieusement, loin du luxe et du matérialisme. 
- D’ailleurs, je ne vais pas pouvoir rester bien plus longtemps… Reprit Kana en s’inclinant légèrement. Frère Ken a, semble-t-il, besoin d’aide pour bêcher les champs ! 
- Soit. Tu peux disposer, Kana, accepta son mentor en la congédiant d’un geste de la main, celle-ci s’éclipsant en sautillant, guillerette. »

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La vallée du Roi-Guerrier


Zone inconnue, Nord-Ouest du massif de Guhiko

Le moine semblait très guilleret de m’entendre déblatérer mes inepties ; visiblement, il n’existait aucune vallée luxuriante, aucun gardien de lumière. Au fond de moi, je le savais, je savais que ces histoires étaient irréelles mais il y avait un fond de vérité, un fond concret : des morts. Après tout, n’avais-je pas été aux portes du néant, moi aussi ? N’avais-je pas été secouru par des moines aux mines bienveillantes ? Etait-ce la nature, dans son immense puissance, qui avait perpétré le massacre ? Le gardien de lumière, décrit par les observateurs, excédés des échecs, était-il simplement le gargantuesque monde qui nous englobait ? Elle m’avait humilié, brisé dans son antre alors que j’avais pénétré son domaine sacré avec une intention mauvaise, meurtrière, puis elle m’avait relevé, soigné par ses fervents défenseurs. Baissant les yeux, j’abandonnais l’once d’espoir d’une réussite tonitruante et levais les yeux au ciel, tout en prêtant oreille à l’échange entre le dénommé Kyriosu et la jeune Kana. « Bêcher les champs ? » Je me relevais avec un léger sursaut, tiré hors de mes pensées. Je regardais la nonne s’éloigner, l’air déterminé à apporter, comme à son habitude, certainement, de l’aide aux nécessiteux. Je pensais ces montagnes infertiles, meurtrières et traîtresses ; loin étais-je de m’imaginer qu’elles pouvaient être domptée pour y faire pousser quoi que ce soit autre que des cailloux ou des ronces empoisonnées grimpant sur des colonnes de granite. Animé par le désir de rendre pareille, de racheter ma dette de vie envers ceux qui m’avait recueilli dans cet édifice de culte et de retrait ; j’essayais de la rejoindre mais le regard insistant du moine tonsuré m’empêchais de formuler la demande. Du moins, pas maintenant. Il souhaitait des réponses, certainement, plus qu’une énigme basée sur des légendes. Déglutissant légèrement, je l’instruisais sur mon périple, omettant les détails liés à Suna, faisant passer mon voyage pour une aventure trépidante de fin de vie.

« Mon récit n’est rien d’autre que la triste vérité d’un homme dont la fin se manifeste déjà par des songes étranges. Les légendes ont fait parties de ma vie, elles ont rythmés chaque instant de mon existence ; dans la guerre, dans la paix, dans la vie et maintenant dans la mort. Les chansons de mon peuple, les récits de ma contrée parlent toutes d’une vallée luxuriante, aux milles cultures, aux milles animaux, aux milles lacs dont un gardien jaloux, lumineux tel le soleil, garde le secret. Je viens d’au-delà du désert, dans des plaines entre plusieurs nations violentes et agressives. Karawar. Peut-être que ce nom vous dira quelque chose, j’y ai vécu en paix depuis la fin de la guerre jusqu’à la mort de ma tendre et aimée épouse. Depuis, je voyage, au gré du vent, au gré des légendes… Toujours est-il que je vous dois la vie, ma survie et que pour cela, je me dois de vous rendre la pareille. Laissez-moi rejoindre votre acolyte et vous aider, au moins dans les champs, pour les travaux pénibles. »

Visiblement satisfait de ma réponse, le tonsuré hochait la tête et m’indiquait de le suivre, vers l’extérieur, selon toute vraisemblance. Nous traversâmes la cour intérieure pour passer dans un couloir aux pierres graniteuses, fendues par endroits, enserrées de lierres. Le plafond n’était pas si bas que ça mais la solennité de l’endroit me fit courber la tête, comme par déférence. Il n’y avait pas d’autres pièces attenantes, seulement cette aula féérique, tandis qu’à l’autre bout, se trouvait une salle donnant vers le monde, spacieuse, mais elle aussi rongée par ces racines envahissantes. L’endroit pouvait paraître rudimentaire, mal entretenu mais je lui trouvais un charme particulier, brut, dans sa facette la plus pure, la nature s’épanouissait. Les quelques fleurs germant au gré d’un rayon de soleil offrait une scène rarissime, unique en son genre ; je ne me lassais pas de la beauté. Je passais timidement la tête par l’ouverture du hall, celle-ci ne s’était pas fait naturellement, un éboulement avait condamné la porte initiale mais avait, aussi, causé un trou immense dans un mur. Assez vaste pour y passer à plusieurs sans en encombrer le passage, la trouée avait été aménagée afin de ne pas paraître abandonnée et le sol avait été aplati par endroit, comblé par des dalles trouvées ailleurs. Le retour dans le royaume de la nature, hors des méandres du vide d’un sommeil agité me faisait plaisir, me rendait joyeux. J’inspirais à pleins poumons l’air revigorant puis poussais un soupir plein de contentement. Je souriais. Je sortais du monastère.

Une cuvette luxuriante, bordée de montagnes gigantesques, plus hautes les unes que les autres, des champs s’étalaient à perte de vue au creux de la vallée minuscule, privée. Peut-être était-ce le paradis en question, peut-être était-ce cette communauté, repliée sur elle-même et xénophile, le sujet d’une légende merveilleuse. Mon guide s’aventurait déjà en contrebas, m’enjoignant de sa voix de le rejoindre au plus vite si je souhaitais y mettre de la patte. Je le suivais au travers de chemins taillés et pavés qui sinuaient entre les différentes strates de rizières jusqu’à arriver au fond de la cuvette ; aux champs. J’y voyais une vingtaine, au plus, de bonzes s’activer à bêcher, retourner la terre de quelques parcelles inutilisées – ou du moins, bientôt en utilisation. J’apercevais la jeune Kana, fière d’elle, souriante d’une oreille à l’autre, plongée dans l’effort. Des mélopées s’élevaient, s’entrecoupant harmonieusement, me transportant dans un univers de paix merveilleux, féérique. Je captais un chant triste, relatant l’épopée d’une déesse emprisonnée sur la terre de la mort après avoir consommé son fruit, aidée de ses proches pour en sortir mais à jamais condamnée à y rester. La mélodie se voulait joyeuse, contrastant avec le sens et chaque moine y ajoutait sa propre empreinte vocale, emportant avec leur voix, la pénibilité du travail. Emporté par un torrent d’émotion, tant par la musique que par son propos, je restais, là, devant ses champs et ses moines, admiratif. Une communauté comme celle-ci était si douce, si pacifique que cela pouvait vous adoucir le plus belliqueux des Hommes. Une vieille femme, sans un mot, souriante, m’apportait une bêche que je pris avec une déférence singulière, ne sachant que faire pour respecter les coutumes de ce que je considérais comme un peuple à part entière. Puis, elle me désigna un groupe, non loin, qui s’évertuait à meuler la terre comme des forcenés, peinant sur une strate trop caillouteuse. Elle n’avait dit mots : je n’en avais pas eu besoin et me dirigeais vers la tâche qui m’attendait.

Plonger. Soulever. Ecraser. Décompacter. Plonger. Soulever. Ecraser. Décompacter. Le soleil commençait à décliner doucement dans le ciel, laissant progressivement place, une énième fois, à l’obscurité qui laissera sa place à la noirceur. Plonger. Soulever. Ecraser. Décompacter. Les cailloux se fracturaient, parfois, sous mes efforts. D’autres, cependant, étaient trop gros pour être simplement déloger et retirer, je les brisais sans effort de mes mains, m’attirant l’admiration non feinte des maigrelets moines autour de moi. Je suais à grosses gouttes, ruisselantes sur mon torse nu, mais j’étais heureux ; j’étais utile. Plein d’entrain, je chantais avec eux, d’une voix grave, peu mélodieuse mais qui avait le mérite de sonner juste. Je les avais appris par cœur, à forcer de répéter les mêmes gestes, de répéter les mêmes paroles, d’influer ma voix au même rythme que je plantais ma fourche-bêche dans le sol caillouteux. La monotonie de l’effort de me gênait nullement, la camaraderie de l’instant comblant les difficultés et la fatigue. Plonger. Soulever. Ecraser. Décompacter. Un grand gong retentissait dans la vallée, appelant chaque moine à arrêter le labeur. Je me relevais, non sans difficulté, chassant avec douleur une courbature assassine qui s’était installé dans le bas de mon dos. Grimaçant, j’admirais mes confrères se redresser sans aucun mal ; ceux que je prenais pour des maigrelets étaient, en réalité, secs, musclés finement et discrètement. Un second coup rappelait tout le monde au monastère. D’un seul homme, nous retournions gravir la pente remplie de rizière pour rejoindre le rustique bâtiment. J’avais peu discuté, absorbé par mon travail mais ma langue se déliait progressivement, conversant avec un bonze ayant travaillé avec moi ; j’appris quelles cultures étaient entretenues dans un tel climat et dans un tel environnement, des légumes, surtout, quelques céréales, aussi, des fruits, rarement. Le temps de parler de cela, nous avions rejoint une sorte de grande tablée, où chacun se servait dans plusieurs marmites concoctées par d’autres moines, jusque-là inaperçus. Après avoir cherché ma gamelle, les avoir remerciés longuement, je cherchais une place à cette immense table de pierre, abritée par une sorte de préau de bois ancien, je remarquais la jeune Kana en discussion avec d’autres femmes et décidais de ne pas l’importuner outre-mesure. Je me dirigeais alors vers mes camarades de la journée et m’installais à leurs côtés, profitant d’une place libérée rien que pour moi.

« Dure journée mais ô combien satisfaisant de travailler autant, ça libère l’esprit, n’est-ce pas ?! »

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Penitence


Si Kyriosu s’était montré aussi méfiant que bienveillant envers l’Etincelante Barbiche des Ergs, il n’en restait pas moins curieux de savoir ce qui l’avait véritablement mené aussi loin de chez lui. Non pas qu’il put affirmer avec exactitude son origine, mais quelque chose lui disait solennellement qu’il n’était guère habitué aux climats changeants de cette Montagne ; aussi aimerait-il en savoir un peu plus, connaître ses motivations, le réel but de ce qui pourrait être assimilé au repentir d’un vieil, mais pourtant émérite, pèlerin. Mais las, il se devait d’être méfiant. Arriver aussi loin dans le seul but de trouver cette vallée luxuriante… Voilà qui voulait le laisser dubitatif. Hidenori n’était pas le premier à avoir été sauvé par le tonsuré, quand bien même il ne semblait guère y avoir d’autres ninjas à proximité. Peut-être n’était-ce là qu’un hasard, mais le moine n’y croyait guère. Pour lui,  rien n’était hasardeux. Tout avait toujours eu un but, une véritable raison ; la présence du héraut chancelant n’y dérogerait donc pas.
Alors que le bienveillant religieux s’était enquis d’en apprendre un peu plus, il ne lui fallu guère plus de temps pour comprendre que son interlocuteur était perdu dans les tribulations de son esprit, probablement à la recherche de la clé qui lui permettrait de comprendre les mystères entourant aussi bien sa présence en ce lieu que l’existence même d’icelui. Néanmoins, son attention sembla de nouveau captivée lorsque Kana, la plus jeune, eût indiqué devoir s’éclipser pour aider à bêcher les champs. Ce changement de comportement n’échappa guère à l’oeil avisé du gentilhomme à lunettes qui, pourtant, laissait planer son regard insistant sur le Sunajin.
Il ne fallut guère plus de signes à la Montagne pour comprendre ce qu’il avait à faire. De fait, il déglutit et reprit la parole, instruisant et introduisant une partie de sa vie, ne se gênant guère d’occulter et omettre quelques détails… Comme sa véritable appartenance. Certes, il semblait être d’origine des plaines de Karawar… Mais, si le moine ne s’intéressait guère à tout ceci, le teint bruiné par le sable et le soleil aurait pu lui mettre la puce à l’oreille. Pourtant, il n’en fit rien et se contenta de hocher la tête, satisfait de la réponse de son homologue, avant de l’inviter à le suivre d’un geste de la main.

« Karawar, vous dites… Il marqua une courte pause avant d’ouvrir les portes menant à l’extérieur. J’ai été contraint d’y aller à moult reprises, alors que je n’étais encore qu’un simple initié. Un néophyte. J’étais tout sauf le Moine Émérite qui se trouve face à vous, sourit-il. Vous dites avoir fait la guerre, mais y étiez-vous seulement obligé ? Ne vous inquiétez pas, il ne s’agit nullement d’un jugement de ma part. J’ai vite perçu la sagesse qui vous entoure et vous englobe de tout son être. De plus, j’ai pu voir, à votre seul regard, combien la vie a pu être hargneuse et compliquée avec vous. Peu de personnes peuvent porter ces pupilles et, pourtant, se montrer aussi sage et pieux, mon ami. Le duo parvint à l’extérieur. Entre deux flancs de montagne austères et érodés par le temps se trouvaient une pléthore, une palanquée de champs. Des rizières, des potagers, de cultures qui ne demandaient qu’à être retournées, bêchées ou encore meulées… Il y avait une masse de travail à accomplir. Un sourire en coin se dessina sur Kyriosu, qui se trouvait toujours dos au Yamamoto. Hidenori, je pense que vous êtes la personne parfaite pour abattre ce travail de titan ! Scanda-t-il en se retournant, plein d’entrain et de joie. Grâce à vous, mes biens chers frères et mes biens chères sœurs pourront se reposer un peu, cela ne leur fera point de mal. »

A présent livré dans cette cuvette luxuriante, le guide de la force Sunajin ne l’avait pas attendu pour continuer son périple en contrebas. Mais, remarquant que le vieillard ne l’avait pas suivi de son plein gré, il n’eut d’autre choix que de lui demander de le suivre s’il voulait effectivement se rendre utile auprès des Moines. Inconsciemment, le Vénérable pouvait se douter qu’il avait tout à gagner à aider la communauté. Qui sait, les Kamis lui rendraient probablement la faveur…
Hidenori s’exécuta alors et descendit la longue pente avant de terminer sur les quelques sentes qui sinuaient entre les rizières avant d’arriver au fin fond de la cuvette. Là se trouvaient des champs à perte de vue, de quoi contraster avec tout le décor qu’il avait pu observer, admirer, lors de son périple… avant de perdre tout simplement connaissance. Une vingtaine de moine se trouvait également là, tous déjà attelés à la tâche, prêts à venir à bout du moindre monticule, de la moindre parcelle de terre. La fatigue semblait déjà prendre le pas sur certains, mais pourtant tous travaillaient dans la joie et la bonne humeur, probablement grâce à quelques chants dont seuls les fidèles avaient le secret.

Sans piper mot, une femme à la vieillesse apparente s’approcha du Sunajin et lui tendit une bêche. Un instrument modeste et qui, pourtant, se révélerait être des plus utiles pour la Barbe Longuette du Désert. Un sourire franc et sobre aux lèvres, elle restait murée dans son silence et indiqua un groupe non loin d’eux. Tous s’évertuaient à meuler la terre à bout de bras. Le crâne luisant comprit rapidement et s’empressa de rejoindre son nouveau groupe, sa nouvelle communauté.
La journée passa rapidement. En joie et en chants, tous travaillèrent d’arrache-pied et à l’unisson pour venir à bout de cette déesse aussi douce que cruelle. Puis, finalement, le gong sonna son premier coup. Tous arrêtèrent leur labeur et, Hidenori, qui était pris d’une douleur pernicieuse au bas du dos, singea leurs habitudes. Le second coup retentit et tous furent rappelés au monastère. Comme une seule entité, les quelques vingt-et-une personnes présentes dans les champs se retournèrent et, chacun leur tour, allèrent chercher de quoi se sustenter après pareille journée. Le vieillard semblait chercher quelqu’un qu’il connaissait du regard et, après avoir conversé avec un bonze qui lui apprit les bases de leurs champs, croisa le regard de Kana, affairée à quelque discussion qu’il n’aurait su entendre. Naturellement, Hidenori s’était allé rejoindre ses camarades de la journée, prenant la place qui lui avait été banalement réservée.

« Je ne vous le fais pas dire ! Surenchérit un de ses collègues de jour.
- Mais dites-moi… D’où venez-vous ? Si, bien sûr, ma question n’est guère indiscrète. Non pas que vous soyez le premier à être sauvé par Père Kyriosu, bien au contraire…
- Bah, à croire que les Ninjas, trop habitués à leurs arts mystiques, en ont perdu le sens de l’orientation ! Blagua un troisième. Puis, comme pour attester de son humour, il vint tapoter doucement l’épaule du Sunajin. Cela dit, il a raison. Vous n’êtes pas le premier ninja à avoir été sauvé… Il n’y a pas si longtemps que ça, nous avions retrouvé un de ces félins, peu loin d’ici… Il disait venir de par-delà les dunes…
- De Suna, reprit le premier. Il disait être un fier Sunajin. »

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Kamiko Fumetsu
La vallée du Roi-Guerrier


Zone inconnue, Nord-Ouest du massif de Guhiko

Le ragoût était riche et délicieux, justement ce qu’il fallait pour égayer une journée difficile et laborieuse. Le liquide filandreux glissait naturellement le long de mon gosier, presqu’assez chaud pour causer un inconfort néanmoins d’une température idéale pour réchauffer immédiatement. Les moines s’amusaient, chantaient et buvaient dans une ambiance des plus agréables, certains s’intéressant plus à moi qu’à leurs propres plats. Ayant pris la parole en premier, j’aurais dû m’attendre à une inquisition de la sorte mais cela me surpris tout autant. Dans ce flot de parole, je ne percevais aucune malignité, aucune mauvaise intention sinon de la curiosité presque maladive. Ils semblaient très intéressés par le récent afflux de shinobis dans la région, certains d’entre eux, visiblement, avait été recueillis par le même tonsuré que moi. « Suna. Un fier Sunajin. » Un tremblement imperceptible vint me chatouiller la colonne. Un sentiment de vide, de coup de poing me coupait le souffle ; je toussotais un peu, m’essuyais avec mon avant-bras, manquant de grâce et posais mes yeux sur mes trois interlocuteurs. Ils semblaient heureux, ravis d’avoir un étranger à qui parler, découvrir des choses hors de ce monde-là. Manifestement, ils ne semblaient pas me vouloir de mal, usant d’humour pour agrémenter ce repas d’une touche amusante. Malgré le malaise que je ressentais dans les tréfonds de mon âme, assis, là, au même endroit que d’autres ninjas de ma patrie d’adoption, à festoyer, je m’efforçais de répondre aux questions et remarques amusées de mes compagnons.  


« J’avoue ne pas être très conscient de mon propre statut de ninja, j’ai passé le plus clair de ma vie comme drapier, boutiquier dans un petit village de Karawar, alors j’ai tendance à en oublier le fait que je suis un shinobi maintenant. Mes talents en orientation m’ont été retirés par le manque d’oxygène de ses montagnes, elles me font voir des choses inimaginables. » Je me permettais un léger rire et une nouvelle cuillérée du ragoût tandis qu’ils m’écoutaient et esquissaient, pour certains, un sourire compréhensif, peut-être moqueur. Je reprenais la parole, après avoir siroté de l’eau gazeuse au goût différent de ce que je connaissais d’habitude mais néanmoins appréciable. « Sur une note moins amusante, je cherche justement ce Sunajin – et même une flopée d’entre eux – ayant disparu dans cette contrée. J’ai été envoyé par mon village pour les retrouver. Je suppose que le conseil de Suna a considéré mon aspect de baroudeur comme une force et m’a envoyé en mission pensant bien faire. Malheureusement, ou peut-être heureusement, j’ai dû être sauvé par le Père Kyriosu dans une contrée où je ne pensais rencontrer personne. De plus, vous me dîtes qu’il a déjà récupéré un des nôtres, je prends cela pour une bénédiction et une chance insolente. J’en loue le ciel. Auriez-vous des informations quant à leurs passages, itinéraires ou tous autres indices me permettant de les retrouver, sains et saufs, j’espère… » Je laissais mourir ma voix sur le dernier mot, le regard perdu dans les veines de la table en pierre, pensant à une dizaine de Sunajins, ployant sous la force titanesque de mère-nature, défait par les mêmes forces qui m’avaient mis en déroute. Silencieux, ils me regardaient avec intensité, n’osant parler, attendant une reprise, un trait d’humour peut-être, histoire de détendre l’atmosphère. Je finissais mon plat, un air triste plaqué sur mon visage, l’estomac en vrac, ne sachant que trop penser. Frappant du plat de ma dextre sur la table, je m’exclamais, un sourire forcé aux lèvres, un ton faussement joyeux : « Enfin, je resterais ici le temps nécessaire ; j’ai une dette de vie à rembourser et des ragoût délicieux à manger ! »

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We all died for honor


Le périple avait été dur, laborieux, difficile et ô combien compliqué pour le Doyen Reluisant de la Dune Décrépie de Suna. Déjà, il lui avait fallu composer avec les peurs, craintes et autres états d’âme du noble qui avait dépêché la nation militariste. Par après, il lui avait fallu trouver un temple qui, soi-disant, pouvait mener à la vallée… Hélas pris d’une fièvre carabinée qui affecta plus que de raison son sens de l’orientation et de la logique, le Yamamoto ne put guère trouver ce qu’il cherchait depuis déjà quelques jours. Aussi finit-il par s’effondrer au sein d’un lieu de culte… Qui, vraisemblablement, n’était pas le bon. Mais si la Nature n’avait pas été de son côté en lui faisant rencontrer moult épreuves, le Doigt Taquin du Destin s’était montré, lui, clément, mettant ainsi un duo de moines sur la route du grand-père (sans descendance, quelle ironie) qui s’empressa de le sauver… quitte à le mettre à nu. Littéralement.
Au petit matin, il s’était par ailleurs enquis de remercier l’une de ses sauveuses, Kana. Une jeune femme pleine de bonne volonté mais qui, pourtant, avait encore tant à apprendre de son maître émérite, Kyriosu. Ce dernier avait d’ailleurs tenu à s’entretenir quelque peu avec l’âme égarée avant de l’emmener aux champs afin d’aider les autres bonzes dans leur dur labeur. La journée, au moins, fila à grande vitesse, si bien que le gong du repas sonna comme la pénitence et le repentir que tous attendaient.

Si Hidenori avait lancé lui-même la discussion, il n’en resta pas moins surpris qu’on s’intéressât à lui avec une telle intensité. Une curiosité mal placée, presque maladive, s’était ainsi instillée en ses quelques interlocuteurs qui en oublièrent, l’espace de quelques instants, de toucher à leur délicieux ragoût. Il était néanmoins trop tard pour reculer. Malgré le malaise qu’il ressentait, la Montagne Bardée du Désert ne laissa rien transparaître et se permit, à son tour, un brin d’humour… Peut-être même pour masquer sa gêne, justement. En tous les cas, cette note légère fut bien accueillie par ses nouveaux alliés qui rirent à la cantonade à leur tour. En tout cas, si le vieil homme était effectivement un ninja, force était de constater que ceux qui se trouvaient à sa table n’avaient rien de mystique, si ce n’étaient leurs croyances. Une légère pause s’instaura néanmoins entre eux. Le plus large et massif en profita d’ailleurs pour terminer son auge et boire son verre, clôturant cette action par un bruyant souffle de contentement. C’est qu’il en avait bien eu besoin après cette dure journée de labeur !
Cela dit, celui qui avait mentionné le « fier Sunajin » semblait regretter ses paroles. Lui qui n’était guère au courant des desseins du Titan commençait à s’en vouloir de lui avoir, éventuellement, redonner espoir. Les faux espoirs étaient une arme redoutable et il avait une véritable horreur de les instiller en des personnes qu’il pouvait juger comme méritantes. Son teint devint blême, blafard. Un nœud à l’estomac le frappa de plein fouet, le forçant à se recroqueviller sur lui-même. Empli de remord, il dût être aidé par le plus costaud pour être emmené dans un endroit plus calme, où il pourrait sans doute se repentir et se reposer.

« Veuillez nous excuser, il a quelques problèmes digestifs en ce moment, s’excusa le premier bonze, prenant l’autre bras par-dessus par-dessous ses épaules. Allez viens, tu as besoin de te reposer, souffla-t-il sous l’effort d’une voix, malgré tout, calme et apaisante (ce qui dénotait clairement avec son physique imposant).
- Malheureusement, nous ne savons rien de ce qui a pu arriver à ce noble félin, reprit le plus frêle de la troupe. Il était d’ailleurs probablement le plus intelligent et lucide du groupe. Nous avons simplement entendu quelques ragots, des bruits de couloirs comme on dit. Bien sûr, jamais nous ne remettrions en doute la parole et l’abnégation de Père Kyriosu.
- Jamais ! Surenchérit le troisième.
- Hélas, vous me voyez désolé des faux espoirs qui ont pu germer suite à l’intervention de notre frère, s’excusa-t-il, la mine triste mais sincère. Tout ce que je peux vous dire, et de source sûre,c ‘est qu’il a bel et bien été sauvé par notre Emerite. De fait, je pense qu’il est bien le seul à pouvoir vous renseigner. Une légère pause s’installa alors entre eux, jusqu’à ce que le Vénérable ne reprît la parole, contrastant avec l’air morne qui s’était plaqué sur sa trogne ridée et burinée par le sable.
- En tout cas, j’espère pour vous que vous ne goûterez pas seulement nos ragoûts ! Ils sont, certes, goûteux, mais nous avons un cuistot qui a de quoi épater l’entièreté de ce monde… et je pèse mes mots ! Embraya le gourmand (à l’air benêt tout de même). »

Le temps continuait de passer, bon gré, mal gré, au rythme de la discussion et des bonzes qui, braves, tentaient d’aller chercher un peu de rab auprès de la cuisinière. Si les premiers avaient pu être servis, il semblerait que certaines étaient réputés pour « tricher ». De ce fait, ils furent tout bonnement renvoyés… Tantôt gentiment, tantôt par… des coups de spatules et autres grosses cuillères en bois. Chose qui faisait souvent rire la joyeuse compagnie !
Les verres d’eau ne cessaient d’être servis. A cet effet, Papy ne risquait certainement pas de mourir de soif… c’est que beaucoup s’inquiétaient de la fièvre qui s’était éprise de lui un peu plus tôt, aussi veillaient-ils tous au grain, autant que faire se pouvait. Finalement, le tonsuré ne tarda pas à revenir et demanda tendrement au Shinobi de le suivre, d’un mouvement de l’index empli de dextérité. Ce dernier accepta et se mit à le suivre, en silence. Aucun des deux n’ouvrit la parole jusqu’à ce qu’ils arrivassent dans le long couloir (ou dédale) qui menait à la cour intérieure, là où il avait pu discutailler quelques mots avec la jeune blondinette.

« De ce que je vois et de ce que l’on a pu me rapporter, vous me semblez être valeureux et méritant, Hidenori-dono, commença Kyriosu. Aussi ai-je bien réfléchi et souhaiterai vous montrer une pièce réservée à… quelques élus, ajouta-t-il, un sourire bienveillant aux lèvres. Seuls les plus dignes de ce monde y ont accès, aussi ai-je foi en pensant que vous en serez honoré ! Il continua de guider le Guerrier du Désert à travers ce long couloir et, plutôt que de prendre la porte par laquelle ils étaient passés plus tôt, poussa quelques pierres sur leur droite, dévoilant une sorte de passage secret. Là, l’ambiance se fit plus sombre, mais aussi plus solennelle. Il n’y avait que quelques torches qui permettaient tout juste de voir où ils mettaient les pieds, ainsi que quelques tableaux aux représentations diverses et variées. Puis, après quelques pas, ils tombèrent face à une grande porte blanche. Implacable et insurmontable, le moine dégarni dut user de toute sa force pour l’ouvrir avant de se poster à l’extérieur de la pièce qui s’était ouverte au Sunajin. Maintenant, si vous le voulez bien, je vous laisserai entrer et… prendre conscience de certaines choses. Puissiez-vous me donner raison, ajouta-t-il en refermant la porte derrière le vieillard, avant de finalement la barricader. »

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Zone inconnue, Nord-Ouest du massif de Guhiko

La ripaille, tout autour de nous, continuait dans la même ambiance festive, saluant avec entrain la fin de journée. Cependant, à ma table, nous n’étions que peu à réellement rire ou s’amuser, voire sourire. Le poids de mes paroles me vint à l’esprit ; j’y avais instillé, sans le vouloir, un espoir tremblant, fragile mais concret, tangible. Le moine m’ayant fait, malgré lui, part de la rescousse d’un de mes pairs par le même Père, se sentait mal, visiblement atteint d’une crampe à l’estomac ou tourmenté par un remord terrible. Ses camarades, cependant, semblaient très peu soucieux de sa santé, sauf un gaillard plutôt costaud, bien bâti qui s’empressait de le soutenir et de l’excuser avant de le transporter hors de ma vue. La discussion reprit sous des airs de confidence, à voix basse, sans même le vouloir. L’un des moines, le plus fragile d’entre eux -  mais le plus vif d’esprit -, m’offrait ses conseils et indications tandis que tout autour s’agitaient, tels des enfants, quelques bonzes dans des jeux de toutes formes. Elevant la voix, un de ses collègues, gourmand comme une mule et tout aussi bête, certainement, m’enjoignait à goûter aux délices d’un cuistot dont je ne connaissais pas encore l’existence. Haussant les sourcils, je ne voyais pas comment un tel ouvrier de qualité aurait pu se cacher parmi tout le monde autour de moi, ni ne comprenait pourquoi il n’était pas au service de ce soir. Ma curiosité semblait ravir le bêta qui me promettait monts et marées, délices et délicatesses, beignets et viandes salées. La conversation s’orientait sur les plats du monde, me permettant, aussi, de faire part de mes péripéties aventurières et aventureuses dans le Sekai ainsi que par-delà les montagnes pour arriver ici, omettant quelques détails parfois, pour éviter d’effrayer mes interlocuteurs. Parallèlement, se développait une course effréné à celui qui obtiendra le plus de ragoût supplémentaire, mon partenaire, de temps en temps, se levait pour tenter de récupérer les quelques louches traînantes dans la marmite énorme mais se faisait rabrouer plus qu’il ne réussissait. Les éclats de rires emplissaient le monastère, faisant courir les zygomatiques tel un roulis de navire. Rougeur, gaieté, simplicité. Je buvais au rythme que l’on m’avait imposé, mes camarades étaient soucieux de me voir défaillir et, pour leur faire plaisir, je jouais le jeu, au risque de me faire exploser la vessie. Cette ambiance m’avait manqué, il fallait l’avouer. Camaraderie, esprit d’entraide. Cette nostalgie des campements rustiques, des rigolades après des journées sanglantes charriait avec elle des souvenirs terribles, empreints de violences et de puanteur sordide. Mes cicatrices pulsaient au fur et à mesure de mes tribulations, me happant progressivement vers un état de tristesse tant par le bonheur passé que par le malheur de ces années-là.

L’apparition du Père Kyriosu, devant moi, mis un terme aux pensées scabreuses de mon esprit et me rappela à la réalité. Il m’appelait de son index courbé, un air secret sur le visage, le rendant encore plus laid et inquiétant qu’il ne l’était vraiment. Etonné de le voir m’inciter à le suivre, je décidais de m’excuser auprès de mes amis de la soirée et le rejoignais, intrigué. Le visage grave, le tonsuré semblait avare de parole, sauvegardant ses explications pour plus tard, certainement. Il m’emmenait au travers du même couloir que j’avais pris à l’aller, que j’avais pris pour bêcher inlassablement dans les champs du monastère. Les lierres, toujours imbriqués dans la pierre, faisaient office de barrière naturelle, supportant le poids du monument, tout en offrant un appui pour les nécessiteux. Arrivé devant la porte, il se mit à parler, d’une voix tendre, empreinte de bonté et de bienveillance. Ses propos éveillaient chez moi une crainte sous-jacente, un sentiment d’inconfort ; involontairement, je restais sur mes gardes. Malgré tout, curieux comme je l’étais, je le laissais parler et hochais bien bas la tête afin de lui faire comprendre que j’étais honoré d’une telle décision de sa part. Me guidant au travers du dédale de pierre et de lierre, il s’activait sur un ensemble rocailleux qui s’ouvrit dans un raclement caverneux, permettant à un filet d’air chaud de s’échapper. L’obscurité était maîtresse dans ce passage scabreux même si quelques vaillantes torches brûlaient vaille que vaille afin d’écarter l’étau de la noirceur. Je voyais peu de choses, devinais quelques formes mais rien de concret, surtout sujet à mon imagination plutôt qu’à la réalité – un élément qui avait failli me mener à ma perte. Quelques tableaux pendaient sur les murs sans vie, représentant des figures mythologiques m’étant inconnues, dépeignant des scènes glorieuses mais aussi des moments de paix presque surnaturels. Je ne pouvais m’attarder sur ces chefs-d’œuvre cachés à la vue de tous, comme si un dieu jaloux les conservait pour son propre plaisir, puisqu’une porte lumineuse, blanche d’une lueur éclatante trônait au fond de la pièce. Mon guide s’y dirigeait d’un pas sûr et alerte, il s’acharnait, bientôt, à l’ouvrir, serrant les dents sous un effort presqu’insurmontable. M’invitant à y pénétrer, ses propos étaient pleins de secrets et de sous-entendus. « Que veux-t-il me montrer qui est si secret, si important dans un monastère pour être caché aux yeux de tous ? » Intrigué, j’hochais de la tête, serrant involontairement ma dextre, me préparant à toutes les éventualités ; je pénétrais la pièce.

Noir. Un noir abyssal, insondable. Silence. Un silence absolu, intouché. Je voyais au travers des yeux d’un aveugle. J’écoutais au travers des oreilles d’un sourd. Faisant volte-face, je ne voyais pas la porte, elle s’était refermée derrière moi. « Une cellule ? Un piège ? » Evitant la panique, je me laissais tomber sur le sol ; la consistance de celui-ci avait changé, il était poli, travaillé. J’inspirais, expirais, en tailleur, afin de réguler l’afflux sanguin et de chasser de mes pensées les songes inutiles, anxiogènes. Contrôlant mon corps, je méditais, laissant mes sens s’aiguiser et attendant. Il n’y avait rien à faire. J’ouvrais les yeux.

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Tortured Heart


Le Vénérable Gardien à la Pilosité Farouche des Dunes s’était donc retrouvé seul dans une pièce enfermée de laquelle il n’avait aucune issue apparente. Le sol était lisse ; une dalle, simple, sans disparité ni singularité. Avant d’être pris d’un élan de panique, le roué Sunajin s’était assis, en tailleurs, et frottait le sol de ses mains travaillées et abîmées (tant par l’âge que par le climat hostile de sa contrée). Comme prisonnier du corps d’un aveugle, il n’avait guère que son toucher, son odorat (inutile en l’occurrence) et ses oreilles pour tenter de se repérer dans cette effroyable nébuleuse.
Bien sûr, moult questions lui vinrent en tête. Pourquoi l’enfermer ici ? Etait-ce un piège ? Une cellule ? Il avait pourtant aidé les moines sans broncher et aurait été prêt à continuer encore quelques jours… jusqu’à ce que sa dette de vie fut enfin rachetée. Alors pourquoi lui infliger tout ceci ? L’espace d’un instant, il se mit à penser qu’il s’agissait là d’une épreuve. Une épreuve, oui, mais pourquoi ? Il lui faudrait se remémorer les quelques paroles prononcées par Kyriosu : il s’agit d’une pièce réservée aux plus méritants, aux élus. Mais qu’est-ce qui pouvait bien faire de lui une personne de cet acabit ?
C’était ce qu’il allait bientôt découvrir.

Les yeux ouverts, Hidenori n’avait de cesse de se confronter à la pénombre abyssale qui l’entourait. Il n’avait rien à faire, rien à toucher (si ce n’était la dalle lisse, polie et travaillée) et rien à voir. Par contre, il pouvait entendre quelques sons… Sa respiration qui se faisait un peu plus lourde à mesure que les heures passaient, les battements de son coeur qui semblaient être amplifiés, comme si un tambour retentissait tout proche de lui. Le vieillard resta ainsi des heures durant, se concentrant sur la seule chose qui parvenait encore à le calmer et à le rassurer : méditer. Ainsi enfermé dans son propre monde, dans les tribulations de l’esprit, qui pouvait bien dire ce à quoi il pensait ? Ce qu’il imaginait ? Ce qui lui procurait une espèce de bien-être qui lui était propre ? Il était bien le seul maître de cette prison mentale, psychique.
A la fois prisonnier et liberté, gardien et prisonnier, Papy semblait ne pas encore perdre la tête. En revanche, qu’en était-il de la notion du temps ? Depuis quand était-il enfermé ? Des minutes ? Des heures ? Des jours ? Il ne pouvait le savoir, il ne pouvait en être sûr. Même émettre des hypothèses serait bien plus compliqué au regard de sa situation ô combien particulière. Mais heureusement, il n’était pas de ceux qui perdaient leur sang-froid rapidement. Là, quelque chose lui fit comprendre que la moindre erreur ne saurait lui être permise…
Pourquoi ?

Tout ceci dura quelques temps. Une semaine, tout au plus. Une semaine durant laquelle il ne put ni boire, ni manger. Ainsi confronté à ses éventuels démons, toute cette mise en scène semblait bien être une épreuve. Une épreuve permettant de juger et vérifier l’idée que s’était faite l’Emérite de lui… Une épreuve qui lui ouvrirait, pensait l’Ancien, bien des portes.
A mesure que le temps passait (toujours sans parvenir à mettre une véritable quantité sur cette durée), il put également remarquer que la pièce gagnait en chaleur. Si bien que ses paumes en étaient devenues moites et que quelques gouttes de sueur perlaient tant sur son corps que sur sa fière barbe. Là, d’un coup d’un seul, deux lueurs carmines s’éveillèrent au fond de la pièce, face à lui. Malheureusement, il était pris au piège et, même s’il tentait de bouger, il serait bien incapable de les atteindre. Ces deux faisceaux lui donneraient l’impression de le transpercer, comme s’ils analysaient la moindre particule de son âme, de son être… de ses souvenirs. Puis une torche s’alluma dans le coin juste à sa droite. De quoi lui donner un peu de clarté – mais pas trop, c’est qu’il s’était habitué à la pénombre et il aurait été fort dommageable de lui détruire la rétine. Ainsi, il pourrait remarquer qu’il n’était pas forcément pris au piège, mais véritablement jugé et jaugé. De fines calligraphies se trouvaient son séant, mais le Sunajin était bien incapable de comprendre ce qu’elles signifiaient. En regardant face à lui, il découvrirait également que les deux lueurs étaient, en fait, les yeux d’un Bouddha au sourire taquin, presque espiègle, comme s’il se moquait de sa condition et des malheurs qu’il a pu vivre ou expérimenter durant tout ce temps.

Enfin, la lueur vacillante se fit plus forte et s’amplifia d’un coup. Le décrépi sentirait bientôt la sensation que l’on pouvait ressentir en se faisant marteler à coups de faisceaux. Puis, à nouveau, la pénombre. De nouveau enfermé dans tout ceci, il n’avait pu remarquer quelques écritures sur son bras (il pourrait, s’il les touche, les sentir et tenter de deviner les kanjis ainsi formés : amour). Puis une autre lueur accapara son intention. Une lueur blanche, divine. Symbole de pureté, de renouveau. L’équivalent de l’espoir, peut-être. Bref, il eut tout le loisir de l’interpréter avant que cette dernière ne se rapprocha de lui, flottant dans l’air tel un farfadet du désert. Puis la lueur toucha son front trempé et dégoulinant, avant de s’emparer de lui et de le faire véritablement léviter… sans pour autant l’autoriser à se mouvoir comme il l’entendant.
Avec stupeur, le Yamamoto réalisa que sa femme se trouvait, à présent, face à lui. Un sourire bienveillant aux lèvres, elle le regardait amoureusement avant de venir se blottir contre lui. Pour la première fois depuis des éons, le dégarni pouvait à nouveau sentir son parfum, la chaleur et le bien être qu’était d’avoir sa femme contre lui.

« Bonjour, mon lys, murmura-t-elle. Par quoi as-tu seulement pu passer depuis mon trépas ? Quelles sont les épreuves que la tempétueuse Nature t’a infligées ? Toi qui es pourtant si combattant, tu sembles avoir subi ces récents événements plutôt que tu ne les as anticipés et domptés… Cela ne te ressemble pas, Hide. Elle marqua une courte pause pour déposer un doux baiser sur le front de son époux. Pourtant fougueux dans ta jeunesse, tu devrais savoir que tu n’avanceras jamais dans ta quête si tu ne bouges pas, si tu ne prends pas de risque… n’est-ce pas, mon lys ? »

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Salle inconnue

Les yeux ouverts, aveugles, je regardais au plus profond du noir m’enveloppant. Rien. Cette désagréable sensation vint me brûler les entrailles : je ne sentais aucune présence, aucune profondeur, aucune hauteur, alors je restais, là, assis.  Inspirant, expirant doucement, contrôlant mes émotions. Je ne souhaitais pas céder à la facilité, l’énervement, la peur ou la supplication. Toujours assis en tailleur, mes mains chacune posées sur un genou, j’inhalais et exhalais l’air chargé de l’endroit. L’odeur ne me donnait aucune indication sur l’endroit ; ni sensation d’étouffement liée à la poussière, ni empreinte de matériaux tels que le bois. Les heures passant, j’étais maintenant convaincu que j’étais seul, un ennemi ne mettrait pas autant de temps avant de passer à l’acte, si mal, il me souhaitait. Aucun son ne me parvenait, j’étais sourd. De temps en temps, je contractais les muscles, chassant les crampes sournoises. Je n’émettais aucun son, prenant sur moi, détendu. Seul dans ma prison en dessous de la montagne, dans l’abysse rocheux, je méditais, confondant rêves et réalités. Je me revoyais jeune, fougueux, fier de ma puissance. Je me revoyais amoureux, fougueux, fier de ma femme. Je me revoyais aujourd’hui, triste, fier de rien. Les visages de ma vie passaient devant mes yeux aveugles, agressant mes souvenirs de leur vivacité. Aucuns d’entre eux ne me parlaient mais me jugeaient, d’un regard impérieux, violent, reprochant leurs morts, souhaitant la mienne. Puis, ma vie de guerrier s’estompait, remplacée par une vie sédentaire, joyeuse mais dont je n’étais capable de voir autre chose qu’une femme, la mienne. Son visage éclipsait celui des autres, m’observait avec amour mais inquiète, attendant quelque chose, se languissant d’une chose. Une larme coulait sur ma joue, le cœur serré, je savais ce qu’elle souhaitait, je savais ce dont elle avait envie, ce dont elle rêvait dans son sommeil froid. « Je ne peux te rejoindre… ». J’avais murmuré dans le noir abyssal mais les mots résonnaient dans la pièce, m’enveloppant, me berçant, martelant cette fatalité jusqu’à mon épuisement, mental comme physique. La position commençait à devenir insupportable à tenir, le dos meurtri, convulsant de temps en temps, les jambes tétanisées, les bras immobilisés par les crispations soudaines, le ventre secoué de spasmes. Cependant, j’arrivais à dormir, parfois. J’avais entièrement perdu le sens du temps, englobé dans la noirceur, avalé dans cette pièce hors du monde. Je ne savais s’il s’était passé un jour, deux, voire une semaine ou un mois ; sans repère solaire, mon organisme avait ralenti, s’accommodant à l’obscurité, au manque de nourriture et d’eau puis à la chaleur grimpante. Celle-ci était pernicieuse, brûlant ma peau, asséchant ma chair, provoquant une sudation dangereuse – manquant déjà d’eau. Mes lèvres de parchemin se fendillaient, je tentais de les humidifier avec un peu de salive mais même celle-ci me fuyait, glissant dans ma gorge sèche. Usant de ma barbe comme récupérateur, je parvenais à l’essorer directement dans ma bouche pour survivre. Toujours assis, crispé, serrant les dents, j’attendais, vibrant de tout mon corps. Les pensées fusaient dans ma tête mêlant crainte, peur, résignation, patience. Etrangement, je ne me sentais nullement rageur, nullement furieux contre le patriarche du monastère m’ayant emprisonné dans cette salle de mort. J’étais en paix, seule ma mort ne le serait pas.

Endormi, une lumière rouge, puissante, me réveilla. Une deuxième, me transperçait, de concert avec la première ; je ne sentais aucune chaleur, aucun heurt alors je restais immobile, les yeux grands ouverts, comme avide de cette soudaine source de luminosité, tout en brûlant mes yeux, plus accommodés par tant de lumière. Après un court moment, une torche s’illuminait soudainement, comme si un mécanisme l’avait activé. L’obscurité avait reculée, toujours présente dans les coins de la pièce, tel un animal prêt à bondir. Observant le recul de la noirceur, je voyais apparaître dans son ensemble la salle majestueuse ; des inscriptions pavant le sol, dans une langue inconnue, tandis que, me faisant face, un bouddha aux allures titanesques m’observait, un rictus amusé plaqué sur son visage. Machinalement, je me relevais, presque révérencieusement, respectueusement ; je n’osais croiser le regard perçant et magique de la statue dorée. Pourtant, celui-ci se faisait de plus en plus lourd, plus impactant, presque me martelant de sa lumière. Aussi soudainement qu’il était apparu, il disparut me laissant plongé dans les abîmes, encore. Poussant un soupir contrit, j’allais me rassoir qu’une autre lueur blanche se manifestait, dans un coin de la pièce. Pensant d’abord à la porte s’ouvrant, je me tournais mais ne voyait qu’une sphère, unique, flottant dans la pièce avec entrain, dans un ballet aérien. La boule se dirigeait vers moi, décrivant dans les airs des cercles hypnotisant. Elle me touchait le front, m’emportant avec elle, me soulevant, me faisant léviter. Bouche bée, je regardais se matérialiser, face à moi, une figure féminine, une figure tant connue. Murmurant son nom, je l’appelais dans un souffle mort, inintelligible. Mon cœur frappait furieusement ma poitrine, mes entrailles s’enflammaient à sa vue, des larmes perlaient, seules, mon visage se crispait dans une douleur joyeuse. Finalement, je la rejoignais. Nous étions réunis. Lovée contre moi, caressant paresseusement mon torse, elle me parlait d’une voix éthérée, irréelle.

« Bonjour, mon lys. Par quoi as-tu seulement pu passer depuis mon trépas ? Quelles sont les épreuves que la tempétueuse Nature t’a infligées ? Toi qui es pourtant si combattant, tu sembles avoir subi ces récents événements plutôt que tu ne les as anticipés et domptés… Cela ne te ressemble pas, Hide. Pourtant fougueux dans ta jeunesse, tu devrais savoir que tu n’avanceras jamais dans ta quête si tu ne bouges pas, si tu ne prends pas de risque… n’est-ce pas, mon lys ? »

Abrutis, je balbutiais quelques mots incompréhensibles, suppliciant ma gorge asséchée. Mes pensées étaient bloquées par la vision de rêve, je ne savais s’il s’agissait d’une illusion, un sort fourbe lancé par le bouddha aux yeux carmin. Au fond de moi, elle était concrète, réelle ; je la tenais dans mes bras, je sentais son parfum, je pouvais sentir sa peau contre la mienne, ses cheveux agresser mon visage, son baiser sur mon front. Je pleurais tendrement, ne sachant pas quoi dire, quoi faire, quoi penser ; j’étais perdu sans elle, incapable d’agir avec elle. Lui caressant la joue, je me fis violence et parlais.

« Quel bonheur de te voir. Tu m’as manqué… Toutes ces années, tous ces jours sans toi ont été un calvaire, une horreur sans nom, un vide terrifiant. Tu es ma guide, ma ligne de vie alors comment faire sans toi ? Je n’aurai pas dû retourner sur la voie dont tu m’avais détourné, mais je ne savais faire que cela. Ce que tu dis est vrai, je subis. Je subis la vie plus que je ne la vis. Comment faire autrement ? Comment trouver un autre sens à la vie si tu n’es plus là pour la partager ? Quel objectif m’offrir alors que tu ne seras pas là pour le voir ? Mon cœur est déjà souffrant de te savoir absente, mon esprit sans cesse tourné vers le passé et mon corps va vers l’avant. Mon âme est scindée en deux ; une partie m’a été retirée lorsque tu m’as quitté. J’ai toujours pris des risques, quelles que soient les missions, pour te rejoindre. Mais j’ai été honnête, je ne me suis pas offert à la mort, je sais bien que tu me l’aurais reproché. Alors dit moi, que veux-tu que je fasse ? Je le ferai, pour toi. »

Étreignant ma femme, je déballais mes peurs, mes craintes et mes tourments, me libérant d’un poids ignoble, m’ayant paralysé pendant si longtemps. Au fur et à mesure, je me sentais plus léger, mon cœur s’apaisant.

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Enchantress


Si le vieillard s’était retrouvé assis, là, des temps durant sans même avoir une goutte à boir ou un grain à manger, c’était bien pour une seule et unique raison… qu’il ne tarderait probablement pas à découvrir. En effet, le moine émérite cherchait simplement à jauger encore un peu plus le Sunajin, le sachant pertinemment Ninja, et voulait s’assurer qu’il ne commettrait pas la moindre once d’esbroufe. Et même si ses buts n’étaient pas clairs, le simple fait de mentionner la vallée « contée » par les légendes du Sable avait pu mettre la puce à l’oreille de Kyriosu. Bienveillant et plein d’empathie, il ne pouvait décemment pas se résoudre à laisser cet homme, bien plus proche de la mort qu’il ne le serait jamais, continuer plus longtemps de se heurter aux murs invisibles que représentaient les Gardiens du Secret… dont il faisait partie depuis bien des années, maintenant.
Ainsi, la moindre action du Yamamoto serait analysée et archivée auprès du Bouddha par un puissant Fûinjutsu. Mais ça, encore une fois, la pauvre victime n’en saurait probablement jamais rien…
Toujours est-il qu’après une semaine sans s’être vraiment mû, il avait été décidé de passer à l’étape supérieure. Si la solitude et le manque absolu de sensations, de vision ou de son ne l’avait pas rendu fou, il y avait tout de même fort à parier pour que revoir l’être qui lui tenait le plus à coeur (et qui, malheureusement, n’était plus de ce monde) parvînt à l’achever. Néanmoins, s’il parvenait à passer cette étape comme il avait passé les précédentes, alors des portes lui seraient ouvertes…

C’est pour cela que la Puissante Barbiche des Dunes avait pu rencontrer à nouveau sa femme. S’il pouvait se douter que ce n’était là qu’un artifice, une technique d’un Ninjutsu ancestral, il ne semblait en avoir cure, profitant simplement de pouvoir la serrer une nouvelle (et dernière) fois. Pouvoir sentir son parfum, ses lèvres se poser sur son front… Entendre sa voix.
Le but, au-delà de simplement tester ses limites, était aussi de lui faire prendre conscience de certaines choses. Son manque d’initiative, par exemple. Être dans l’attente plutôt que dans l’action… Ce n’était pas ce qu’on attendait d’un homme qui devait régler son compte à une quelconque force de la nature qui avait mis en péril plusieurs expéditions… dont des Sunajins ! Mais pour le coup, c’était quelque chose qui était allé à l’encontre des préceptes du pieux religieux qui ne se doutait pas de l’étendue de ces pouvoirs ancestraux. En tout état de cause, le tonsuré n’avait pour autant pas cessé ses activités habituelles, passant simplement ponctuellement s’enquérir de l’état de Hidenori… ou de la pièce, allez savoir.

« Je le sais, je le lis en toi et sur ton visage, mon Lys, répondit tendrement la femme du Vénérable en apposant ses douces mains sur son torse musclé et détrempé. Il ne faut pas que tu restes enfermé dans des carcans que tu te fixes toi-même, Hide. Aller de l’avant… mais pas seulement physiquement. Ton coeur et ton esprit doivent également l’accompagner, autrement… à quoi bon faire tous ces efforts ? N’as-tu pas d’autres buts à accomplir ? N’as-tu pas reçu d’autres objectifs ? Elle marqua une courte pause, un sourire en coin aux lèvres. Il me semble pourtant que tu te trouves à Suna… Ils prennent soin de toi, non ? Ils te font confiance et tu leur fais confiance. Je le sais, je le sens. Je le vois. Ses mains vinrent essorer la barbe humide de son ancien amant. Ils te font suffisamment confiance pour t’envoyer, seul, te battre auprès d’un Gardien de Lumière. Seulement, toi… Tu restes là, dans l’attente, à bêcher, attendant probablement qu’on ne vienne te dire quoi faire. Tu sais que cela ne se passe pas comme cela, toi qui as fvécu la guerre… et pas des moindres ! Alors va, mon Lys. Accomplis ta destinée et sois galvanisé par tout ce que l’on a à t’apporter, même si tu ne réalises pas encore leur impact ! Prends des initiatives, prends des risques… mais ne me rejoins pas. Pas encore. D’accord ? Tu as encore tant de choses à vivre... »

L’esprit de la femme persista encore quelques instants après cela avant de s’aventurer au loin, toujours dans le champ de vision du Yamamoto, pour enfin s’estomper, petit à petit, puis disparaître totalement. Le Bouddha moqueur, lui, perdit à son tour de son éclat. Durant quelques temps supplémentaires, le vieillard se retrouva de nouveau seul, enfermé dans cette pièce sombre sans rien avoir à boire, ni manger. Mais s’il tentait de bouger, alors il pourrait remarquer que les entraves avaient disparu avec la lueur carmine de la statue.
Enfin, un cliquetis retentit derrière lui et l’imposante porte blanche crissa dans un bruit sourd, presque démoniaque. Bien sûr, il n’y avait pas la moindre lumière (il serait malvenu de lui brûler la rétine après s’être retrouvé dans cette position pendant plus d’une semaine). Hidenori put néanmoins reconnaître le pas typique de l’émérite, et le ses sauts guillerets de Kana qui s’empressa de se jeter à son cou et de lui plaquer des lunettes aux verres noirs, teintés, pour qu’il parvînt, après, à se réhabituer peu à peu à la lueur du jour.

« Vous avez réussi, papy ! S’exclama la plus jeune.
- En effet, et je tiens personnellement à vous féliciter, Hidenori-dono, ajouta Kyriosu. Je tiens également à vous présenter mes plus plates excuses pour vous avoir infligé… ceci.
- Vous auriez pu le prévenir, quand même… souffla la jeunette, une moue boudeuse au visage.
- Auquel cas, cela n’aurait eu d’une épreuve, coupa sec l’homme aux fines lunettes. Voudriez-vous bien me suivre, à présent ? Que vous puissiez vous nourrir et vous reposer avant de passer à la suite... »

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La vallée du Roi-Guerrier


Zone inconnue, Nord-Ouest du massif de Guhiko

Elle s’était évaporée aussi surnaturellement qu’elle était apparue - un visage du passé hantant chaque souvenir d’un vieil homme amoureux, transi de sentiments. Des larmes chaudes coulaient, sans interruption, sans honte ; il ne s’agissait pas d’un aveu de faiblesse, nul doute que les derniers souvenirs joyeux s’échappaient tendrement d’un cœur trop chargé pour tous les contenir – faute aussi d’une mémoire défaillante d’un vieillard en fin de vie. Agenouillé, perdu, seul dans une pièce aveugle, je pleurais. Elle était partie, pour toujours, elle ne reviendrait pas, pas cette fois-ci, un sourire éblouissant sur son si beau visage, sa démarche si singulière, se détachant d’une foule par sa simple présence. Je fus chanceux, autrefois, de partager sa vie, d’avoir été à ses côtés, de l’aimer. Aujourd’hui, seul, je devais avancer. Ne pas la rejoindre. Un but, un objectif, une mission. Me faisant violence, je me relevais à l’unisson de l’ouverture de ma geôle ; un grincement long, horrible à entendre mais dont le son ne parvenait pas réellement à mes oreilles – encore détaché du monde réel, presque aveugle et profondément assourdi par mon dernier dialogue avec elle. C’est donc sans résistance que je sortais de la pièce, sourd aux deux moines. Serrant les dents, la mâchoire crispée, mon esprit vagabondait dans le néant, happé par un flot incessant de souvenirs et de pensées abjectes. Hagard, je semblais hors de mon propre corps, comme étouffé par un fantôme du passé souhaitant à tout prix retrouver sa liberté par le biais d’un hôte vivant. Je marmonnais des paroles incompréhensibles, diffuses dans ma barbe, appelant ma femme. Un vide s’était creusé dans mon âme comme si je venais de réaliser, maintenant, qu’elle ne faisait plus partie de ma vie. Des regrets ? Aucun. Pourtant, un pincement terrifiant paralysait chaque mouvement, chaque tribulation ; je n’avais pas fait assez. Faiblesse. Remord. Aurais-je pu être meilleur ? Aurais-je pu la sauver ? Aurais-je pu nous sauver ? Toutes ces questions sans réponses, sans personne à qui les poser, sans personne pouvant me répondre, j’étais seul. Entouré, mais seul. Ma volonté, mon cœur, mon âme étaient tous froissés par cette épreuve, comme exsangue de sensations, de sentiments tout en étant submergé par ces-derniers. Sans aucun souvenir du comment, j’étais assis, dehors, à contempler une lune mirifique étirant sa pâle lumière sur mon monde, sur son monde. Un amour immarcescible s’étiolant finalement dans une évaporation hallucinante ; cette réalisation poignardait durement ce cœur qui avait battu si longtemps, souvent pour elle. « Aller de l’avant. » Lâchant un rire aigre, je commençais à reprendre conscience de mon alentour ; les champs s’étendaient en contrebas, un chemin et ses ramifications tortueuses et scabreuses éclairés par des torches allumées parsemaient le paysage tandis que le couple de moine attendaient, silencieusement, respectueux certainement de ma faiblesse et de ma vive tristesse. Je respirais plus lentement, de manière contrôlée, ignorant les derniers signaux de détresse de mon âme, cherchant à trouver une paix intérieure nécessaire à mon fonctionnement. Progressivement, les pensées s’échappaient en bande, laissant place à un monstre insatiable se nourrissant de mon malheur ; la raison. Un sourire. Mes réflexions se faisaient plus sages, plus sincères moins dans un instantané corrompu et vil ; même ainsi, la torture était pénible, rappelant sans cesse de tristes souvenirs. Je laissais échapper un râle d’entre mes dents, un juron coloré puis je me levais. Je ne pouvais me laisser abattre, je ne pouvais continuer ainsi ; cette apparition, finalement, avait été une bénédiction. Plus jamais le passé, plus jamais la nostalgie d’un monde révolu. « Aller de l’avant. » Je me tournais vers les deux aux visages inquiets, un sourire peiné sur mon visage de vieillard et je plaisantais.

« C’est plus de mon âge ces conneries. »

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Le périple de la Dune Étincelante de Suna n’avait certainement pas été de tout repos. Déjà, convaincre le noble de le laisser partir tout seul avait demandé moult négociations de sa part. S’en suivirent ensuite plusieurs (longs) périples durant lesquels il lui fallut s’armer de patience. Beaucoup de patience. Enfin, la rédemption… croyait-il. Il avait effectivement pu trouver un temple tout de lierre vêtu. Malheureusement pour lui, la Nature, la hauteur et la maladie avaient quelque peu atténués ses sens et sa raison… Ce n’était pas le temps vétuste conté dans quelque légende qui fut. Plus encore… Il n’y avait là aucun cadavre. Pas un seul crâne, pas un seul os, sinon des pierres craquelées et un puits érodé. Rien de plus. Ainsi attaqué par la fièvre, Hidenori finit par sombrer dans les affres de l’inconscience… néanmoins heureux dans son malheur, il fut sauvé par deux pieux religieux( (Kana et Kyriosu) qui se précipitèrent de lui donner de l’eau et de le transporter chez eux, en plein centre de la montagne, dans leur monastère.
Conscient de leur devoir une dette de vie, le barbu proposa promptement son aide et passa une journée complète à bêcher les quelques luxurieux champs qui composaient le véritable cœur du monastère. Le Yamamoto parvint également à se lier d’amitié avec quelques uns des participants et put aussi apprendre qu’il n’était pas le seul membre du Désert à avoir été sauvé d’une mort certaine.

Ayant ainsi prouvé sa valeur et (en partie) la pureté de son âme, l’éminent consentit à lui donner ce qu’il cherchait (mais qu’il ne souhaitait admettre, sinon être féru de voyages et de légendes). Mais cela avait un coût et, derechef, le surnommé Papychou dut être mis à l’épreuve, confirmant ainsi au tonsuré qu’il méritait son droit de passage. Cela aussi ne fut guère de tout repos. Esseulé et somme toute privé de ses sens, assis dans le noir le plus complet et entravé, il passa une semaine confronté à ses démons, privé de nourriture et d’eau, ne pouvant se sustenter qu’à l’aide de la sueur qui s’accumulait bon gré mal gré dans sa barbe soyeuse.
Le grand-père était une véritable force de la nature, un homme taillé et bâti pour la guerre et qui en avait vécu moult, à en croire toutes les cicatrices parsemées sur son corps vieilli. S’il s’était pourtant montré calme et respectueux durant tout son « séjour », le moine possédait encore quelques doutes quant à ses potentielles réactions. Ainsi avait-il été passé au crible de puissants Fûinjutsu afin d’être sondé en profondeur.
Cela fit alors resurgir de douloureux souvenirs mais qui en valurent la peine. Ayant été capable de retrouver ce qu’il avait perdu et qui, pourtant, comptait plus que tout au monde, il parvint à se montrer toujours aussi calme et respectueux. A aucun moment la folie n’a su s’emparer de son esprit, et c’est ce qui rassura le chef des lieux. Ainsi était-il venu ouvrir la porte de la prison mentale du Vénérable, accompagné de son acolyte, qui s’empressa de se jeter dans ses bras pour le féliciter. Cette dernière était néanmoins inquiète et concernée par l’état de santé de ce dernier.

S’il était encore suffisamment en forme pour lâcher une plaisanterie, celle-ci restait emplie de vérité. Au vu de son âge avancé, participer à ce genre d’épreuve pouvait se montrer fatal… Aussi tenta-t-elle de de négocier avec Kyriosu pour lui offrir une dernière nuit en leur sein. Après réflexion, il acquiesça et opina du chef avant de le mener chez eux, loin des autres moines. Hidenori était fatigué et sur les rotules. Cela se voyait et cela se sentait (il avait d’ailleurs besoin d’un bon bain), aussi souhait-il éviter toute question intrusives de la part de ses fidèles. Kana le mena alors vers la salle d’eau et lui indiqua où se trouvaient les quelques commodités nécessaires à son hygiène, lui laissant une serviette en quittant la salle.
Une fois que le Sunajin fut propre comme un sou neuf, il rejoint silencieusement ses deux hôtes et sauveurs pour partager un unique repas à leurs côtés. Quelques banalités s’échangèrent. Rien de bien transcendant. Puis, enfin, il fut convié à rejoindre sa chambre, celle-là même dans laquelle il s’était réveillé une semaine plus tôt.
Au petit matin, il fut accueilli de ses deux compères. Là, le plus pieux remercia la néophyte qui retourna dans les champs, comme à son habitude, et guida à nouveau le Yamamoto dans un dédale secret et caché (il le rassura tout de même qu’il ne s’agissait plus d’une épreuve, cette fois-ci, et que la voie lui était ouverte). Après quelques sinueuses et tortueuses, les deux arrivèrent devant un temple vétuste, presque démoli et visiblement affranchi de la piété des Seigneurs. Hidenori resta néanmoins bouche-bée devant pareil spectacle et sentit de légers frissons lui parcourir la colonne : il faisait étonnamment froid. Alors qu’il tenta de s’emmitoufler dans ce qui ressemblait à une couverture de survie (probablement un cadeau de sa nouvelle fan), il put sentir un léger courant d’air chaud qui lui léchant les poils, suivi d’une odeur légèrement soufrée.

Un malin sourire se dessina sur Kyriosu qui autorisa alors l’âme égarée à s’aventurer plus en profondeur du temple. Il le présenta à un Bouddha dédaigneux qui narguait les quelques cadavres disséminés ci et là. Probablement des victimes du guerrier de lumière, put penser le combattant. Pourtant, il ne se sentit pas en danger et rien d’hostile ne saurait avoir été perçu. En s’approchant un peu plus de la statue, il put remarquer une couleur orangée et fluide, bien qu’ondoyant légèrement. Des coulées de lave ? Il le saurait très bientôt… Si toutefois il l’acceptait. En effet, le religieux lui laissait tout de même le choix. Et à cet effet, il lui proposa deux options : soit il se servait d’une technique pour briser ce qui bloquait le chemin, soit il la déplaçait à l’aide de sa seule force. C’était à son bon vouloir.
Ne voulant avoir à subir le courroux du seigneur pour avoir assisté à l’éventuelle destruction du symbole théologique, l’homme aux fines lunettes leur tourna le dos et commença à s’éclipser, un sourire satisfait aux lèvres. Il avait fait sa part des choses. Il incombait maintenant à son invité de prendre les rennes et d’effectuer ce que voudrait bien lui dicter son coeur…

Une fois son choix fait (donc quand il aurait détruit ou déplacé la statue), légèrement rebuté tout de même, il s’avança dans les ténèbres, empruntant les seuls escaliers. Une descente aux Enfers, se mit-il à penser. Mais rien qui ne saurait ébranler cette montagne. Si plutôt une légère brise chaude et soufrée l’avait chatouillé, là il s’agissait d’un véritable vent, d’une bise encore plus chaude qui venait sécher sa peau burinée par l’âge et martelée par la guerre. Prestement, le grand-père se rendit compte qu’il y avait différents lacs de lave en contre-bas, donnant alors raison à sa précédente hypothèse.
Le passage secret finit par déboucher sur un véritable labyrinthe duquel il serait difficile de sortir. Il ne s’agissait plus là d’un jeu de piste comme celui auquel il avait été confronté dans les montagnes enneigées et glaciales qui le guidèrent jusqu’au mauvais temple. Là, il allait devoir user de tout son intellect et de toute son expérience pour tenter de se frayer un chemin, devant deviner quel serait le bon chemin, espérant ainsi ne pas errer pendant encore des jours, voire des semaines. Et pour seule aide se trouvaient différentes statues de Bouddha aux mains disposées de telle ou telle manière.

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La vallée du Roi-Guerrier

Zone inconnue, Nord-Ouest du massif de Guhiko

Me laissant agréablement mener aux bains, au repas puis au repos, je ne pensais à rien – ni même rêvais de rien. Une certaine délivrance, en somme, de pouvoir se défaire de toutes émotions, sentiments et même songes pendant un temps. Un gain de vitalité extrême, de fait, me vivifiait le corps, le rendant plus fort, plus agile, plus souple, plus jeune dans son ressenti. Se sentir de nouveau tel le guerrier que je fus me ravissais, plaquant un sourire jovial sur mon visage ridé et barbu. Exalté, riant quelques fois pour des banalités, je retrouvais le couple de moines qui se séparèrent tout deux vers leurs occupations respectives, dont l’une me concernait étroitement puisque le tonsuré devait me mener à la suite des festivités – tout en me promettant qu’il ne s’agissait pas, cette fois, d’une épreuve. Puis, même si cela avait été le cas, j’aurai été, dans mon état actuel, ravi de la passer, certain de mes capacités. Etrange, était l’effet qu’un sommeil privé de rêve et de torture. Le dédale se faisait étroit par endroit, scabreux par d’autres mais globalement aisé d’accès ; seulement pour une personne ayant parfaite connaissance des tours et détours de l’endroit, cependant. Quelque peu curieux, j’observais les parois du chemin. Celles-ci ne différenciaient pas des autres, toujours dans la même roche usée et enserrée de lianes touffues, rongeant les pierres petit à petit. Le seul point changeant était la sensation de profondeur, comme si nous descendions dans les entrailles de la terre, vers un point gelé et chaud en constante fusion. L’arrivée solennelle se fit dans le silence, observant calmement l’endroit sinistré par les âges – à l’image de celui qui souhaitait y pénétrer. Le temple était majestueux dans son malheur, délabré, comme jeté à bas d’une montagne céleste, frappé par le courroux d’un être divin laissant, par-ci, par-là, les cadavres de ceux qui ont osés le redresser. Arrivé dans une salle gouvernée par un Bouddha au sourire moqueur, Kyriosu, mon guide, me donna les instructions et s’en allait, son travail étant terminé. Seul face à mes choix, je me contentais d’observer cette statue à la stature imposante, aux reflets magmatiques et dorés, tentant de déterminer s’il valait mieux la réduire à l’état de poussière, au risque de fragiliser la structure du temple, déjà condamné, ou de simplement la déplacer pour ne pas offenser les dieux qui surveillaient cet endroit. L’œuvre d’art avait son importance ; plus je l’admirais, plus je me refusais de la détruire, préférant la déposer avec révérence, évitant tout accroc et dégâts que ma force aurait pu causer. Je libérais, alors, un passage vers les entrailles de la terre.  

Inspiration. Expiration. Ma mission m’avait amené dans une région inconnue, mon cœur m’avait inspiré à continuer, ma raison me poussait à persévérer. Resserrant le plaid posé sur mes épaules, je m’aventurais dans le noir, vers les profondeurs abyssales de ce monde, avec pour seul guide un escalier aux pierres refroidies. La chaleur montait vicieusement par le biais d’un vent chaud caressant ma peau, asséchant les pores assoiffés. Rapidement, mes craintes se confirmèrent ; cette bise venait d’un conglomérat terrifiant de lacs en feu, magmatique. Arrivé en bas des escaliers, un aspect redoutable m’attendait, une impression de déjà-vu malsaine presque sadique. Ravivant des douleurs inscrites dans ma peau, fièvres hallucinogènes, sueurs froides assassines et faiblesse honnie, je déglutissais avec un sourire partagé ; le rire qui s’en suivit était tout aussi ironique. « Il faut que ce soit toujours un labyrinthe, qu’il soit à ciel ouvert ou sous terre. Mère Nature, pourquoi es-tu si cruelle avec moi ? Ai-je été un si mauvais serviteur ? Ne t’ai-je jamais abreuvé par mon sang ? Ne t’ai-je pas donné mon âme lorsque je n’en avais plus ? Tes épreuves fatiguent mon cœur mais je les accepte. Serait-ce par amour ? » L’entrée du majestueux labyrinthe était couronnée par un Bouddha au sourire facétieux, aux mains jointes, surplombant la trouée sinistre. Sans plus attendre, je pénétrais l’antre du dédale gargantuesque avec un simple espoir illuminant mon cœur : trouver l’objet de mes épreuves.  

Le labyrinthe théséen était fait de pierre dure et chaude, y laisser une main contre la paroi revenait à se brûler la paume progressivement jusqu’à l’os. Etrangement, il ne s’y dégageait pas, ou très peu, de chaleur. L’air, quant à lui, était respirable mais était empreint d’une légère odeur de soufre. L’architecture d’un tel lieu était aux antipodes de la vétusté du précédent temple, contraste édifiant, enseignant avec efficacité la tromperie des apparences. Marchant tout en longeant le côté droit du mur, je me rendais bientôt compte de la perte de temps que cela représentait. Malgré l’intelligence du geste, il était difficile de ne pas succomber à l’impatience à cause de la chronophagie de la stratégie. De même, il devait y avoir un moyen plus simple d’accéder à la sortie. Me posant un instant, j’observais les alentours avec attention, mettant en route une matière grise diminuée par les âges. Les Bouddhas dorés semblaient me narguer d’en haut, me pointant du doigt, riant et se délectant de mes préoccupations si mortelles. Je continuais mon chemin, plus lentement, parfois m’arrêtant simplement, écoutant. Mon regard était attiré trop souvent vers ces statuettes dorées qui marquaient chaque étape de mes échecs, chaque cul-de-sac, chaque déception. Il me fallut plus de temps que je ne devais l’admettre pour enfin comprendre ce qu’elles signifiaient. Tout d’abord avec une certaine réticence, puis avec certitude, je les suivais ; elles ne me pointaient pas du doigt, elles pointaient un chemin, tracé par cet ensemble rieur et joyeux lorsqu’il s’agissait du bon, moqueur lorsque c’était le mauvais. Taisant de sourdes craintes, je continuais, les sens déployés. Le dédale était comme un organisme vivant, un gigantesque serpent constricteur, resserrant ses anneaux – ici, des tours, détours et autres impasses – sur ses victimes. Ignorant la peur, j’avançais. La traversée prenait des heures, peut-être des jours, les Bouddhas se faisaient plus rieur, plus joyeux, plus heureux, plus extatiques au fur et à mesure que je marchais vers la fin. Lorsque celle-ci apparut, non discrètement puisqu’elle rayonnait d’une lumière chaleureuse mais douce, je me surpris à ne pas me précipiter, retenu par la possibilité qu’il s’agisse d’une énième hallucination. Hésitant, alors, je prenais mon temps, respirant longuement, par grandes inspirations et expirations. Puis, j’entrais dans la lumière.

C’était Elle. Mère Nature.

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Makar's prayer


Les Moustaches Indéfectibles de la Dune Lustrée du Vent avaient toujours possédé une certaine connaissance et éducation religieuses. De fait, la reconnaissance du Yamamoto et le pieux respect qu’il vouait à chaque signe ostentatoire dictaient ses choix… en bien. Notamment dans son cas. Si le tonsuré lui avait laissé le choix de détruire ou simplement déplacer le Bouddha qui lui barrait la route, il devait bien avouer préféré qu’on ne brisât guère ces statues à forte valeur. C’est que le monastère n’était pas riche et, plus encore, les sculpteurs émérites ne courraient pas forcément les rues ! Aussi préférait-il, en général, éviter de débourser le moindre Ryô du fait des frasques de certaines personnes zélées.
Kyriosu fut donc rassuré lorsqu’il entendit le crissement de la statue qui frôlait les dalles vétustes de la pièce délabrée plutôt que des éclats de pierre. Souriant et dissimulé dans les quelques buissons qui bordaient le pourtour du temple, il finit par envoyer toute sa bonne augure au Sunajin et s’en alla définitivement.

Là, Hidenori entreprit une nouvelle excursion. A peine eut-il terminé de descendre ces quelques marches qu’il constata qu’il s’agissait derechef d’un labyrinthe. Frustration et mélancolie se mélangèrent à ses autres sentiments alors qu’il arpentait ce dédale presque diabolique et dédaigneux.
Moult statues se trouvaient néanmoins sur son passage, notamment pour le guider et lui indiquer quel tunnel emprunté. Hélas, au début, il n’en fit rien et se contenta de suivre son instinct. Encore une fois, cela ne fut guère fructueux ou productif. Bah, au moins, il avait pu visiter un peu et se rendre compte de la misère qui l’attendait s’il venait à vraiment se perdre ici bas. Rien de bien attractif, en somme. Le chauve put aussi comprendre d’où venait cette odeur soufrée et la chaleur qui enveloppait les quelques courants d’airs qui venaient lécher sa peau abîmée par l’âge et les guerres : plusieurs lacs de lave se trouvaient tantôt en contrebas, tantôt face à lui. Mère Nature surveillait et se protégeait comme elle le pouvait ; après tout, personne n’était supposé trouver cette vallée qui se voulait imaginaire.

Après quelques temps à se perdre entre tour, détour et impasse, le vieillard finit par comprendre ce qu’il devait faire. Ou plutôt eut-il l’instinct nécessaire à la bonne compréhension de cette énigme. Si, de prime abord, le félin des Sables se sentait attaqué et moqué par les statues, il n’en était rien. Mais heureusement pour lui, son regard avait presque toujours été attiré par ces constructions dorées aux visages expressifs divers et variés. Tantôt moqueurs, tantôt bienveillants, Papy parvint à comprendre après s’être arrêté face à l’une d’entre elles : il fallait les suivre. Ce faisant, il se rendit compte qu’il ne s’agissait là nullement d’une moquerie. Le sourire était franc ? Il fallait lui faire confiance. Il se moquait ? Il fallait prendre l’inverse. Ce n’était rien de très compliqué dans l’absolu, mais un minimum de jugeote semblait nécessaire à la résolution de cette énigme cryptique.
Enfin rassuré et outrepassant la peur que pouvait instiller cette caverne, le féru du combat fit son bonhomme de chemin jusqu’à la sorte. Une lumière chaleureuse vint alors le frapper en plein visage. Réticent au début (le vieillard avait l’habitude des mirages causés par les Oasis de son pays), il se posa quelques secondes (voire minutes) et respira longtemps. Faisant agir sa respiration abdominale pour le détendre et le décrisper, il se laissa tenter par cette lumière sacrée et s’y baigna tout entier.

Un décor aux exactes antipodes de ce qu’il venait de traverser s’offrit à lui. La végétation y était luxuriante, la lumière radieuse, presque enjôleuse. Le climat se voulait doux et chaleureux, quelque chose qui détonait grandement avec le froid enduré lors de la traversée des pics vertigineux, le soleil de plomb de Suna ou encore la chaleur soufrée du labyrinthe qu’il venait de traverser.
Admiratif et contemplatif, il s’octroya quelques longues mais précieuses minutes pour se satisfaire du moindre détail de ce magnifique spectacle. La Nature pouvait se montrer mirifique, quand elle le voulait.
La vallée (ENFIN celle qu’il cherchait depuis maintenant des semaines) était encaissée entre les montagnes – entre leurs flancs pour être précis. Les arbres étaient rassurants et rien en ce lieu ne saurait faire montre d’une quelconque hostilité ou dangerosité. Et ça, Hidenori le ressentait au plus profond de son âme.
Il n’y avait, cependant, qu’un seul chemin à emprunter. Bien sûr, il aurait pu se montrer aventureux et aller visiter le moindre recoin de la forêt, mais il savait qu’il avait une mission à accomplir. Il devait retrouver le vil faquin qui avait osé défaire un convoi Sunajin, les annihilant presque tous. Il se devait de rétablir l’honneur de la Sainte Patrie et, surtout, il se devait de montrer la Vérité au monde.

Continuant sa formidable épopée sur la sente rocailleuse mais pourtant agréable, le Vénérable Sunajin finit par déboucher sur un village. Ou plutôt, un hameau. Tout était simple ici, de l’attitude des quelques habitants (qui ne l’avaient pas encore remarqué) au maisonnettes qui faisaient tout le charme de l’endroit. Le Yamamoto finit par en apercevoir d’autres de plus près. Ils avaient tout du paysan typique ou du bonze à la sainteté exacerbée. Finalement, l’un de ces pécores, pourtant au regard bienveillant, prit littéralement peur en voyant la Force de la Nature et prit les jambes à son cou, braillant et pleurnichant des mots incompréhensibles. Qu’allait pouvoir faire le Sunajin ? Interroger (enfin, essayer) la populace ou bien serait-il naturellement attiré par le temple siégeant au fond de la vallée ?

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La vallée du Roi-Guerrier

Vallée

Une vision enchanteresse s’ouvrait à moi, dévoilant, dans son voile rempli d’illusions, la fameuse vallée aux allures imaginaires et fantasmée par un esprit littéraire et poète d’un ancien temps. Aucun mots ne pouvaient décrire la beauté qui me faisait face, un chef d’œuvre d’une divinité oubliée, le paradis après l’enfer. Etais-je mort dans cette salle au Bouddha inquisiteur ? Ou, peut-être, dans ce labyrinthe aux milles impasses ? Le sentiment de paix qui m’envahissait était semblable à ce que des écrits religieux pouvaient décrire lorsqu’ils débattaient de la possibilité d’un au-delà ; certains parlaient de halls de guerriers, d’autres de champs cendreux où les âmes erraient mais surtout, un espace luxuriant où chacun était à sa place, dans l’amour, la joie, réunis avec ceux qui leurs étaient chers. Aucuns dieux n’étaient assez cruels pour me réunir, maintenant, avec feu ma femme alors que j’allais de l’avant, enfin. Secouant la tête, j’inspirais à grande goulée l’air qui s’échappait de la merveilleuse vallée. Reposé, heureux et enchanté d’une telle vision, j’étais arrivé, je le savais, je le sentais, à destination ; ma mission pouvait commencer, même si celle-ci me paraissait déjà loin, si insignifiante face au monde qui se déployait face à moi. Ce-dernier se cachait au travers de tellement d’épreuves qu’il me semblait presque naturel qu’autant de sunajins aient perdus la vie en tentant de s’en emparer ; une divinité devait protéger l’endroit. Etrangement, je n’étais nullement affecté par une telle pensée, presque ravi de pouvoir rencontrer un guerrier capable de telles prouesses.

Il n’y avait qu’un seul chemin pour descendre dans la vallée bordée d’une forêt aux teintes continentales et à la richesse tropicale. Inutile de s’aventurer plus loin, apercevant, en contrebas, un village à l’aspect paisible – tout reflétait la paix -, je m’élançais, d’un pas lent, appréciant quelque peu le paysage s’étalant face à moi. Je pénétrais ce qui semblait être un sanctuaire alors je marquais mon respect en admirant son architecture, à défaut de pouvoir admirer son architecte. Cela avait un air de promenade, de vagabondage tranquille, dégourdissant mes jambes, m’amusant d’une nature immarcescible, observant et m’abreuvant des multiples détails parsemés dans ce paradis terrestre. Faune et flore dansaient joyeusement dans une harmonie complète, presque complice, comme animée d’une essence différente, d’une pureté d’âme supérieure à leurs confrères de la surface. Du moins, étions-nous à la surface ? Ce ciel était-il réel ? Les questions se bousculaient dans mon esprit, créant un capharnaüm, cette fois supportable, étonnement, auquel il était impossible de répondre. Je ne trouvais aucune réponse, alors j’espérais rencontrer le propriétaire de ces lieux afin de lui demander. Ma curiosité s’était éveillée malgré moi, ne me permettant pas de me concentrer sur mes objectifs, préférant m’égarer volontairement dans ce qui semblait être un rêve éveillé. C’est donc sans motivation guerrière que je descendais la pente rocailleuse menant au hameau. Les habitants ne m’avaient pas remarqué, et je n’osais les troubler dans leur quiétude alors qu’ils s’affairaient à leurs tâches quotidiennes. Les observant sans me cacher, tout chez moi indiquait le pacifisme – malgré l’aspect imposant de mon physique -, je décelais chez eux une tranquillité à toutes épreuves. Difficile d’imaginer que quoi que ce soit de violent, de dangereux ou d’illégal soit commis, ici, sur une terre si parfaite. Evidemment, les apparences pouvaient parfois être trompeuse mais j’étais intimement convaincu, ou persuadé, qu’il n’en était rien.

Alors que je m’approchais, finalement, curieux et au moult questionnement, d’un des leurs, celui-ci pris la fuite, le visage plaqué par l’horreur, effrayé par ma présence. Balbutiant des premières excuses, je n’eus pas le temps de le retenir alors qu’il courrait, laissant sandales miteuses et dignité sur le sol terreux, loin de moi, marmonnant des paroles, lui aussi inintelligibles. Bouche bée, un peu désemparé par sa réaction, je me tournais vers d’autres badauds qui regardaient la scène, un air abruti sur le visage. En-deçà, la surprise jouait beaucoup, leur donnant cet air pathétique. La simplicité de la population qui m’entourait avait plus à voir avec leur activité que leur intelligence. Puis, comme ils n’avaient pas suivi le mouvement, je m’avançais vers eux, me permettant quelques questions.  

« Bonjour mesdames et messieurs. Où sommes-nous, exactement ? La traversée ne fut pas des plus aisées et je me retrouve, face à vous, avec plus de questions que de réponses. Est-ce réel ? Tout ça ? » Je pointais vaguement autour de nous, pour montrer la vallée enchâssée, inaccessible.

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Durant des semaines durant, la force de la nature avait traversé moult épreuves, toutes plus horribles les unes que les autres. La Nature pouvait se montrer cruelle, tant par ses climats changeants que ses environnements escarpés et presque impraticables… Mais le Destin et le Karma semblaient s’être également alliés pour lui en faire voir de toutes les couleurs.
De fait, l’environnement chaleureux, féerique et à la limite du fantasme qui s’offrait à lui était semblable à une vallée imaginaire. Si, dans les contes et autres légendes du Désert, cette vallée pouvait être dépeinte comme le théâtre morbide d’un Guerrier nimbé de lumière décimant des peuples entiers, la vérité était bien différente. Ici bas ne saurait régner la mort ou l’hostilité. Plus encore, Hidenori se sentait ici comme chez lui. Vérité ou bien vision onirique ? Il ne saurait trop le dire. Bien sûr, son instinct et sa lucidité lui indiquaient que tout ceci était vrai, qu’il ne rêvait point. Mais au vu de toutes les épreuves qu’il venait de traverser, il en venait à douter de ce qui faisait toute son intégrité.

Légèrement perdu et laissant libre cours aux tribulations de son esprit, il prit le temps de s’accoutumer à cette autre face de la Nature, admirant le moindre recoin et jouissant du moindre sentiment qu’elle pouvait lui apporter. Jusqu’alors seul, il finit par comprendre que ce n’était pas le cas : l’endroit, aussi enchanteur et paisible pouvait-il être, était tout de même habité par quelque hameau. Un cercle simple, rappelant l’hémicycle et autres salles de conférences de Suna, peuplé de quelques bâtisses primaires, se dressait en contre bas.
En s’approchant, le vénérable put contempler les quelques vaillants habitants vaquer à leurs occupations quotidiennes : dépeçage, cuisine, coupe de bois… Une vie simple et modeste, en somme.
Mais si ces derniers n’avaient pas encore remarqué la montagne, un chétif pécore, lui, y fut confronté. Son visage se crispa et il prit les jambes à son cou, balbutiant quelque inaudible parole. Etait-ce là simplement un simple cumul de syllabes suscité par la peur ou bien un dialecte que le Sunajin n’était pas en mesure de déchiffrer ? Allez savoir… En tous les cas, d’autres villageois contemplaient la scène, apeurés et effarés eux aussi. Médusés, aucun mot, aucun son ne sortit de leurs maigres lèvres. Si le grand-père constata qu’ils n’avaient pas bougé (et pour cause ! Ils étaient complètement tétanisés, les pauvres), il s’avança vers eux, en proie à moult questions qui demeuraient, pour l’instant sans réponse.
Tremblant comme des philosophes, les pécores le regardèrent de leurs yeux ahuris, entendant déjà leur glas sonner. Mais il n’en était pas question : le Yamamoto n’était pas un de ces Shinobi amoraux et impitoyables, contrairement à quelques légendes qui pouvaient se raconter depuis les Plaines Fertiles.
Hélas, encore confronté au contraste entre les épreuves subies et la nature enchanteresse qui s’était offerte à lui, son choix de mots ne fut guère… approprié aux plébéiens face à lui. En un sens, cette totale désillusion vint les sortir de leur pétrification, mais cela ne leur donna certainement pas envie de tailler la bavette au barbu.
Derrière eux vinrent alors s’illuminer une paire d’yeux. Emplis d’espièglerie et de malice, ils tirèrent (comme des canons) quelques doux rires cristallins et pourtant moqueurs. Comment ça, est-ce que tout ceci était vrai ? Il devait être complètement cinglé et sénile, le vieux ! Et pourtant, aucune bribe ne fut prononcée.

Ou presque.
Non loin de la troupe, un rire gras se fit entendre, tranchant avec l’atmosphère particulière qui se dégageait entre la montagne et le groupe de joyeux lurons. Un homme, visiblement d’un âge assez avancé (mais pas au même stade que le félin des Sables, n’exagérons rien) et au nez boursouflé et rougi (chaleur ou alcool) finit par se relever… non sans peine. Manquant de se vautrer lâchement à même le sol, il donna tout ce qu’il avait dans ses tripes pour tenir sur ses deux pattes et, bouteille aux trois-quarts vides, s’avança vers tout ce beau monde. Ou plutôt tituba-t-il. Vraisemblablement éméché (pour ne pas dire complètement rôti), il parcouru bon gré, mal gré, les quelques mètres qui le séparaient du formidable Papychou et apposa une main frêle et mollassonne sur son épaule droite.

« Bah, z’êtes clairement pas d’ici vous. V’savez, z’ont toujours vécu ici c‘gaillards, alors vot’ question peut sembler… comment qu’on dit d’jà… impertinente ? Nan ? ‘fin vous voyez, quoi… Il souffla lourdement et prit une énième rasade de son breuvage « exquis ». Forcément qu’ici c’réel, mais j’peux bien comprend’ vot’ tronche désemparée. J’sais pas comment qu’vous êtes arrivés ici, mais j’sûr qu’z’êtes un dur et qu’ça a pas été facile tous les jours. Il se caressa la panse et se bidonna. Alala, sacré Kyriosu ! Rit-il, surtout pour lui-même. M’enfin, moi qu’pensais qu’les types com’ vous étaient tous morts… m’v’là ben surpris, vain rat ! S’exclama-t-il derechef. Aussi près, le combattant sentit combien il empestait l’alcool, l’obligeant à ravaler un haut-le-coeur. M’enfin, qu’est-ce’ v’pouvez b’en fout’ là, l’vioc ? »

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Vallée

Si l’aspect irréel d’une telle vallée avait été le vecteur principal de mes questions incongrues, il fallait reconnaître que pour ses habitants, je passais pour un vieux fou. Le retour ne fut pas celui espéré et le mutisme des paysans et autres laboureurs me décourageait presque de continuer. Comment osaient-ils ne pas se rendre compte de l’aspect surnaturel d’une telle vallée ? Réfléchissant afin de reformuler mes questions, je fus arrêté par les élucubrations d’un homme titubant au regard hagard et au teint rougeaud. Visiblement, la joie trouvée dans l’alcool – ou le courage -, il s’adressait à moi de toutes ses forces, apportant réponses et mystères. Ecoutant avec attention ce qu’il avait à dire, imprégné du dicton in vino veritas, je décelais quelques brides de vérités cachées. Ainsi, cette vallée avait été habitée depuis des âges par ce peuple, expliquant certainement les airs abrutis de consanguinité et la crainte de l’étranger. La mention du nom du tonsuré me fit presque bondir si je ne m’y étais pas attendu ; après tout, il devait bien rester quelques « élus », dispersé dans ce gigantesque espace. Je n’avais pas été le seul à y accéder, je le savais, alors c’est avec un autre regard que je détaillais l’homme. Beaucoup de suppositions se bousculaient dans mon esprit, essayant, sans desceller mes lèvres, de comprendre qui était mon interlocuteur : les seules personnes ayant été aidées par Kyriosu étant des sunajins, ou peut-être d’autres shinobis. L’aviné devait cacher son jeu, certainement, ou alors était traumatisé d’une épreuve de trop, peut-être de sa rencontre avec le fameux guerrier légendaire habitant cet endroit de rêve. Le contrecoup l’avait certainement affaibli au point de s’oublier, lui et ses songes, dans le voile comatique de l’alcool. Nombres de mes connaissances du passé s’étaient effondrés des suites de la guerre dans les affres de la boisson, hantés par des souvenirs tortueux, vilains et ignobles. Une tendance commune, dangereuse et pitoyable mais ô combien compréhensible ; vouloir se défaire d’une réalité si dure, si violente, d’expériences innommables de brutalités semblaient si noble et si facile par ce biais. Malheureusement, l’abrutissement et l’infantilisation produite par ce même biais rendait la personne inutile, avilie et plus meurtrie encore qu’elle ne l’était auparavant. Les remords venaient derechef, plus fort qu’avant, y ajoutant les actes amoraux de la consommation excessive, amplifiant les sentiments d’autodestruction. Les soirées s’empilant, un homme de toute simplicité – un serf, par exemple -, un grand guerrier, un noble se ressemblait étrangement, malgré la différence évidente de sang, lorsque ceux-ci roulaient sous les tables, avinés et abrutis par l’alcool. Cela ne m’étonnait donc pas qu’il ressemblait à n’importe quel de ses compatriotes du jour, affalés dans l’ombre d’une bâtisse primaire, à attendre que la mort vienne le libérer de ses songes. Peut-être que ma rencontre lui redorerait son blason, lui redonnerait une fierté particulière le sauvant des excès ? J’espérais. Ou alors, mes suppositions étaient vaines et il s’agissait là d’un simple paysan à l’esprit fatigué par sa consommation, se séparant de lui-même d’une communauté soudée.

« Ceci explique cela. J’avoue avoir été transporté par les sentiments à l’instant où j’ai pénétré cette vallée, ma fougue juvénile a repris le pas sur le calme de la vieillesse. Il faut avouer qu’il s’agit là d’un joyau de la nature, un tel paradis terrestre, si bien caché au travers d’épreuves élisant les quelques chanceux pouvant y parvenir. » Je marquais une pause, mes yeux se perdant dans les alentours, détaillant encore une fois les alentours, espérant perdre mon âme aux travers de ces feuilles, de ces arbres, cette faune ; vivre éternellement dans une harmonie complète, si paisible. Après quelques temps, je repris la parole, les yeux toujours perdus dans le vide. « Je suis ici parce que j’ai trouvé la paix. Au fond de moi je sais ce que je dois faire, je sais où aller ; la mort m’attend au bout du chemin mais je partirai avec un sourire. Quoi de plus beau que d’entrer dans l’au-delà dans un endroit qui y ressemble déjà fortement. On m’a demandé l’impossible, on m’a demandé un sacrifice ultime, j’ai accepté en connaissance de cause. Peut-être pouvez-vous comprendre ? » Je regardais l’adulte, maintenant, avec un sourire bienveillant, puis je m’enquis auprès d’un de ses compères d’un séant, qu’il me donnait avec un air presque dégoûté et méprisant, caché derrière un sourire qui se voulait gentil mais reflétait la moquerie. Je m’asseyais alors, sur un rondin de bois fraîchement coupé, à l’ombre d’une demeure et contemplais le monde qui s’étalait devant moi, accompagné de l’ivrogne. « Quelle est votre histoire ? Vous qui avez habité ici depuis votre naissance ? Avez-vous connu la guerre, les famines, enfin, les malheurs du monde ? Qu’est-ce qui justifie autant de méfiance envers l’étranger ? Je ne vous veux aucun mal, au contraire, j’ai récemment appris à bêcher, voyez-vous. » Je terminais avec un léger rire voué à détendre les quelques personnes m’entourant.

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Re: La vallée du Roi-Guerrier Sam 15 Fév - 19:17
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Si, en pénétrant dans cette vallée fantasmagorique, le Doyen des Dunes ensablées s’était presque mépris et avait failli croire à un rêve éveillé, les élucubrations de l’alcoolique (bah, pour boire à cette heure de la journée – même si la Montagne avait perdu toute notion du temps – il fallait forcément avoir une certaine attache à la bouteille) lui firent décemment comprendre que tout ceci était bien réel. Et pourtant, une partie de lui, aussi infime fût-elle, continuait d’y croire, comme si elle lui refusait l’entièreté de la vérité qui défilait sous ses yeux.
Alors qu’il l’écoutait (et se retenait de ne pas rendre face à son haleine épouvantable), le grand-père (probablement fertile, au final) décela des bribes de vérité sous-entendues, ou alors dites à mots couverts. C’est que le type n’avait plus vraiment toute sa tête, complètement rogné (et ce, depuis plusieurs années, c’était indéniable) et abruti par ses différentes mélasses. Mais même si son discours était hasardeux et son regard hagard, il semblait comprendre d’où venait son interlocuteur. Plus encore, il faisait état de la scission entre le peuple de la vallée fantasmagorique et le reste du Sekai.
Il savait ce qu’il en était, tout comme il savait pertinemment que sa communauté ne pourrait jamais faire confiance à sa barbe soyeuse. Mais bien qu’alcoolisé et éméché, il n’en restait pas moins un homme tendre au coeur sur la main. Bien sûr, il s’était gentiment moqué de l’inconnu mais rien de méchant ; l’alcool le rendait taquin. Toujours est-il que le poivrot s’essayait à être entremetteur, afin d’empêcher l’irréparable mais, surtout, de rendre son peuple plus amène. Du moins, pour quelques temps. Il avait déjà vécu une situation similaire et il savait très bien comment cela allait finir…
Lui aussi avait été à cette place, plusieurs décennies auparavant… Mais, ça, personne ne le saurait jamais.

Bref, le vieillard reprit la parole et, derechef, opta pour un discours sentimentaliste au possible. Rien qui ne pût affecter le saoulard. Et ça, Hidenori le savait au plus profond de lui. Mais il était comme ça. Bienveillant et altruiste au possible, lui aussi, il pensait pouvoir toujours sauver son prochain… Sa bonté le perdrait un jour, vraiment. Puis il marqua une courte pause alors que son regard se perdait à nouveau dans le sublime décor qui s’était offert à lui.
Finalement, son interlocuteur à lui n’en avait pas profité pour rajouter quoi que ce soit. En fait, il avait vu cette pause comme une bénédiction pour tenter de se rabibocher avec les lois suprêmes de la physique et s’était arrangé dans une position des plus atypiques pour tenter de ne pas tomber. Ainsi, presque accoudé à la force de la Nature, il semblait narguer le sol en faisant virevolter la bouteille entre ses mains, prenant une lampée de temps à autres. Mais alors que le Sunajin reprit la parole et fit un véritable speech sur son ouverture au terme, l’autre vieux avait sorti un paquet de cigarettes et en avait logé une dans la barbe du Yamamoto avant de s’en allumer une. Puis il lui tendit ses allumettes, attendant de voir s’il acceptait ou non son présent. Néanmoins, pour seule réponse à son monologue, le dégarni fut gratifié d’un vulgaire hochement de tête. Bah, c’était toujours mieux que rien, dans le fond.
La bienveillance du Vénérable filtra de son regard jusqu’à ses lèvres alors qu’il fixait le titubant. Pour une fois qu’il n’était pas jugé pour sa consommation, il allait sans dire qu’il allait se lier à lui, pour sûr ! Pour ce faire, il lui offrit son plus grand sourire (édenté) et pressa les quelques enfants présents afin qu’ils allassent lui chercher ce qu’il demandait. Ce ne fut pas un acte empli de sincérité ou de gentillesse mais, au moins, le voilà capable de poser son seyant séant sur quelque chose, soulageant ses jambes usées tant par l’âge que la rudesse du parcours.

Réalisant qu’il n’allait plus pouvoir se tenir au félin du Désert, l’ivrogne soupira, haussa les épaules et roula des yeux avant de se résigner. Là, il arrêta tout ce qu’il était en train de faire et… se laissa littéralement tomber. Par chance, il tomba sur son postérieur (manquant de tomber, ensuite, en avant). Tenir assis dans cette position lui demandait un effort considérable, mais il semblait au moins encore en état de le faire.
Il continuait néanmoins d’écouter Papychou, guettant ponctuellement derrière sa propre épaule… de là où, vraisemblablement, quelqu’un devait arriver. L’illustre Doyen remarqua, d’ailleurs, que c’était exactement par là qu’avait fui son premier contact avec cette civilisation déconnectée du Sekai. Bien sûr, des questions supplémentaires s’ajoutèrent à sa (déjà) longue liste, mais il n’en fit rien.

« Mon histoire, hein ? Baaaaaah ! Il tira la langue et termina le restant de sa bouteille. J’clairement pas assez bu pour en parler… Et pourtant, l’kamis savent c’qu’j’m’suis d’jà enquillé, con de dieu ! Complètement déchenillé, il s'esclaffa seul et tendit la main vers le groupe. Un enfant lui tendit une autre bouteille qu’il s’empressa d’ouvrir avant de se fourrer le goulet entre les lèvres. M’enfin, si j’peux pas vraiment t’dire qui j’suis, j’peux au moins r’pond’ à tes questions… Qu’Dieu m’en garde, d’ailleurs, soupira-t-il encore. Ouaip’, j’connu la guerre et la famine. Ça, eux, y connaissent pas. Ben sûr qu’’z’ont eu la chance d’naître ici t’sais, connaissent pas l’monde extérieur. Puis il s’approcha de l’oreille de Hidenori. Mais moi, ouais. Et pas qu’un peu… Chuchota-t-il si bas que même le disposé à la conversation dût tendre l’oreille pour comprendre ce qu’il racontait. J’pas ici par choix, crois-moi… C’te vallée a p’tête l’air magique ou qu’sais-je encore, mais c’t’un lieu maudit ! Fais pas l’con, mon gars. F’clairement pas l’con… Y a des trucs pas nets qui s’trament ici et… J’espère pour toi qu’t’es pô v’nu r’cupérer les corps d’ceux qu’sont arrivés avant toi… Continua-t-il sur le même ton. »

Il commençait à se livrer et était prêt à mettre davantage en garde le Shinobi quand des bruits de pas se firent entendre un peu plus loin derrière eux. Pile là où il avait guetté peu de temps auparavant. Là, un être d’apparence tout à fait juvénile s’était approché, suivi de près par le couard fuyard qu’avait rencontré le moustachu en premier. Avant qu’il ne tentât la moindre once de politesse, le bambin lui avait fait signe de rester assis, lui faisant ainsi savoir qu’il comprenait combien il devait être exténué.
Espiègle, l’androgyne (bien que des traits féminins soient plus marqués que d’autres), regardait l’inconnu d’un regard empli de malice et d’étoiles. Il courba ensuite l’échine face à Hidenori et fit de même face à la troupe, leur demandant (et s’excusant aussi) de partir, afin de les laisser seul. Il se doutait que tout ceci avait pu mettre l’invité (forcé) légèrement mal à l’aise.

« Alors c’est vous qui êtes arrivé récemment, c’est ça ? Demanda-t-il d‘une voix enjouée. Moi, c’est Hanabusa ! Ravi de vous rencontrer ! S’exclama-t-il en souriant jusqu’aux oreilles. Veuillez pardonner mes cousins, ils ont pas vraiment l’habitude de voir des étrangers… Pas comme nous ! Se targua-t-il en pointant du doigt son propre torse ainsi que le poivrot. Puis il se tourna vers ce dernier : Tu veux bien nous laisser seul aussi, s’il te plaît ? C’est que notre inconnu doit avoir grand besoin de repos… Après tout, il a dû en faire du chemin pour arriver jusqu’ici ! Termina l’enfant alors que la poche à vin (ou quoi que ce fût d’autre) prit ses cliques et ses claques et suivit le reste de la troupe. »

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Re: La vallée du Roi-Guerrier Sam 15 Fév - 21:01
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La vallée du Roi-Guerrier

Vallée

Discuter avec un ivrogne semblait tout aussi difficile que discuter avec un mur, seulement, celui-ci pouvait tenir debout sans aide. Il ne décrochait pas un mot, préférant zieuter gracieusement le vide métaphorique de son outre tout en s’exprimant par des gestes grandiloquents pour en commander une autre, ou d’autres, auprès de la jeunesse de la vallée. La discussion était devenue un monologue triste – presqu’une introspection face à un public -, mais j’espérais tout de même une réponse, réellement curieux du chemin qui avait mené cet homme tant dans cet endroit que vers l’alcoolisme. Finalement, c’est après quelques pitreries qui ne firent rire que lui, et quelques lampées qui auraient fait rougir charybde,  qu’il décidait de décrocher, enfin, quelques mots. Ce qui commençait comme des banalités de saoulard finissaient par une confession qui me glaçait le sang, soudainement, sa voix s’affirmant, justifiant, étrangement, son ivrognerie. Les phrases débitaient avec une vitesse folle, m’enveloppant de son haleine avinée : avertissement résonnant dans ma tête avec la puissance d’un marteau frappant une enclume. Les oreilles sifflantes, j’observais alors les alentours, d’un regard nouveau, tentant de percer cette malédiction – si celle-ci existait vraiment -, ces choses « pas nettes ». Puis, après cet accès de paranoïa, je secouais la tête, pris d’un sourire ; j’avais commencé à croire aux propos d’un homme pour qui l’imagination était sa réalité. Je n’eus le temps de me moquer gentiment de lui qu’un être à l’aspect étonnant se présentait à moi, aux côtés de l’habitant ayant pris la fuite auparavant, surgissant de la route. Sa majestuosité transpirait dans ses gestes, ou était-ce un reflet de son physique hypnotisant, si étrange ? Son sourire cachait une intelligence certaine et son regard semblait vide, voile d’une profondeur abyssale. Les traits androgynes alliaient masculinité et féminité dans un ensemble déroutant – non que je n’avais jamais vu d’androgynes auparavant mais son corps ressemblait réellement à un mélange savant et surnaturel des deux genres. Il s’agissait là d’un homme important, certainement. Confortablement assis à l’ombre de la bâtisse, je lui superposais l’image d’un guerrier frappé de lumière, assassinant mes camarades. Nul doute qu’il ne s’agissait pas de cet homme au physique ambigüe, cependant, je restais sur mes gardes ; l’habit ne fait pas le moine, j’en étais un exemple vivant. De fait, j’arrêtais rapidement de tenter de percevoir quoi que ce soit chez ce seigneur infantile et pris la parole. « Je m’appelle Yamamoto Hidenori. Je suppose que vous êtes un homme de grandes responsabilités par ici pour qu’on vienne vous chercher alors qu’un étranger pénètre cette vallée aux multiples bienfaits ? Je vous avoue que je suis enchanté par la beauté de l’endroit, les écrits et dires ne mentaient pas, ce mythe existe bel et bien. Qu’en es-t-il, si je puis me permettre, de cette divinité capable d’écraser des armées par sa simple présence ? » Prenant une pause, j’observais sa réaction, sans malice ni mauvaises intentions ; j’en avais seulement marre des faux-semblants et souhaitais, pour la paix de mon âme, en finir. Je me redressais un peu, soupirais bruyamment, caressant par la même ma barbe de ma dextre, y délogeant une cigarette emprisonnée par les poils, tandis que j’appuyais ma tête sur ma senestre. « Cher Hanabusa. Je ne sais qui vous êtes et je ne vous veux aucun mal, ni même à quiconque, en réalité. Je cherche la vérité, je cherche la paix. Cette vallée est un aimant meurtrier pour mon village où des dizaines de jeunes y trouvent la mort, mystérieusement. Ce que je veux, c’est faire oublier ce mythe à mes supérieurs, trop de braves sont morts pour rien. Les velléités de faire la guerre sont nombreuses et ce n’est pas un endroit que je veux voir souillé, plus maintenant, du moins. Mon pèlerinage, mon errance dans la nature y sont pour beaucoup dans ce raisonnement ; un tel paradis terrestre n’est pas à conquérir, il doit être conservé. Pour ceci, laissez-moi rencontrer votre champion, offrez-moi l’opportunité de me mesurer à lui : je mourrais avec les honneurs sans avoir à trahir mon village et les morts qui m’ont conduits jusqu’ici. » Les yeux rivés vers les forêts lointaines, les montagnes gargantuesques, les hautes herbes si vertes, j’admirais ce paysage où vie et mort se rejoignait dans un cycle parfait : peut-être que mourir ici était une bénédiction pour une vie dédiée à la souffrance. Je n’avais fait que donner la mort comme cadeau à la nature, j’avais été dans l’incapacité à lui offrir la vie, cruelle ironie. J’avais vécu tributaire, je voulais, bravement, concéder à Mère Nature la dernière chose que je pouvais lui accorder : ma vie. Plongeant mon regard dans celui de l’androgyne, j’attendais sa réponse.

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Birth of a Hero


Il n’était guère très étonnant que Hidenori ne crût pas un traître mot de l’ivrogne qui n’avait eu de cesse de se la donner depuis son arrivée. Seulement aurait-il dû au moins y prêter un semblent d’attention plutôt que de simplement vouloir le railler, aussi gentiment put-il. Néanmoins, le vieillard fut rapidement coupé dans son élan lorsque, accompagné de quelque pleutre qui habitait là, un androgyne se montra au Sunajin. L’espace d’un temps, la force de la nature l’observa, presque contemplatif. Cela dit, malgré l’aspect enfantin de la personne et son innocence, il n’en restait pas moins méfiant envers cet être d’un tout nouveau genre (et ce, sans mauvais jeu de mots). Enfin, il arrêta de vouloir percer à travers son âme pour prendre la parole et répondre à Hanabusa, l’enfant de la Vallée.
Rapidement, l’ancêtre se présenta à son tour, probablement en guise de politesse et commença à émettre de vive voix ses suppositions et hypothèses. Un homme de grandes personnalités ? L’assujetti n’aurait pas forcément employé ce terme, même s’il avait effectivement une certaine importance dans la vie de ce hameau et de cette contrée mythique, légendaire, surnaturelle. Mais s’il avait eu la preuve de l’existence de cet endroit, Hidenori avait toujours quelque doute quant au guerrier nimbé de lumière. Un sourire malicieux se dessina sur les lèvres du jeunot et haussa les épaules : le grand-père voulait savoir. Mais lui donnerait-il satisfaction ? Non. Ou, du moins, pas dans l’immédiat.

Hanabusa se doutait bien que ne pas répondre allait provoquer une courte pause, un blanc en d’autres termes, et il s’amusa à analyser lui-même les réactions du Sunajin. Amusé, il se retint de rire en constatant que son interlocuteur jouait au même jeu et le fit comprendre, tant par son regard brillant d’intelligence que par son petit sourire narquois, espiègle. Ah, de l’espièglerie, il en était pourvu. Pas comme tous les autres benêts qui avaient croisé la route de Sa Sainte Barbe.
Se redressant en soupirant, le Yamamoto caressa sa barbe et délogea la cigarette « offerte » par l’alcoolique un peu plus tôt. Puis, appuyant sa tête contre sa main, finit par prendre derechef la parole. S’il y avait bien une chose qu’on ne pouvait lui parler, c’était qu’il n’était clairement pas avide de paroles. Ah ça non. A vrai dire, il avait même plutôt tendance à perdre qui l’entendant à force de faire montre des tribulations de son esprit ô combien tourmenté. Mais c’était aussi pour cela que tous, sans exception, finissaient par l’apprécier.
Concentrant son regard sur le félin (ridé) des sables, le jeune garçon continuait de le sonder. Il avait, en quelque sorte, un don spécial… Un don qui lui permettait tout simplement de déceler la vérité chez quiconque lui parlait. Et ça, il comptait bien le mettre à profit. Ainsi comprit-il rapidement que, malgré l’apparence brusque du Vénérable, il restait quelqu’un de calme et attaché à la vie. Cela n’effaçait cependant pas les meurtres qu’il avait commis lors de différentes guerres ; une notion totalement abstraite pour Hanabusa ; quand bien même l’âme errante semblait se racheter en bêchant pour quelques pieuses personnes qu’il connaissait bien : les fidèles de Kyriosu… ses fidèles, en fin de compte.

« Vous me semblez être un homme de paroles, Hidenori... » convint à répondre l’enfant. « Je ressens tout de même une certaine amertume et aigreur, en vous. Est-ce de vous dont vous faites le reflet dans vos paroles, lorsque vous parlez de souillure ? Je peux le comprendre... » Ajouta-t-il, plus doucement. Souriant, il s’approcha de ce dernier et apposa sa paume sur son front étincelant. « Je voulais, d’abord, vous tester et vous jauger. Mais ce que je vois en vous m’a convaincu. » accepta-t-il, opinant du chef pour ponctuer sa parole. « Mais même si cette Vallée était à conquérir, j’ai peur que personne sur cette terre n’en soit encore capable… Les dieux l’ont bénite et nous offrons notre vie pour cette dernière... » expliqua Hanabusa d’un ton neutre, presque religieux. « Tout comme vous êtes ici car vous l’avez voulu. Ces mêmes entités vous ont accordé leur absolution la plus totale, vous permettant d’y accéder. C’est un véritable cadeau que voici, un présent divin ! » S’exclama-t-il, sa voix bien plus puissante que précédemment.
Il se recula légèrement et fit un geste aux quelques pécores qui étaient restés là, tapis dans l’ombre, épris d’une curiosité maladive qui les avait contraints à rester. D’un geste, tous fermèrent portes et volets, de concert. D’autres empruntèrent quelques sentent, pénétrant dans la forêt, comme pour rejoindre un endroit inaccessible. « Cela dit, je peux vous assurer que votre nation n’a pas été la seule à avoir subi les conséquences vengeresse de leur avidité. » reprit-il. « Suna n’est certainement pas la seule à avoir eu vent de cet endroit et, en tout état de cause, elle n’est pas la seule à avoir perdu nombre d’expéditions. » Il s’agenouilla et baissa la tête. « En tant que Gardien Protecteur, j’ai dû protéger les miens, ainsi que notre secret. J’espère que vous comprendrez. » Puis il se releva et se tint à distance respectable du guerrier intemporel. « Aussi, j’accepte de vous présenter notre champion. » concéda-t-il.
Hanabusa se concentra, fermant les yeux. Les mains jointes face à lui (il formait un mudra secret que le Yamamoto ne serait comprendre comme tel), il continuait de sourire, malicieux mais, en même temps, mystérieux et le fixait de son regard agile, perçant à travers même son âme. « AKE YASUI ! » Scanda le Dieu-Guerrier. Là, tout le monde eut l’impression que la matrice eût été brisée, renversée, annihilée. D’un coup d’un seul, une quantité phénoménale de chakra survint autour du bambin. Diverses contorsions se manifestèrent et Hidenori put aisément sentir la puissance qui s’emparait de l’âme du Gardien. Lui qui n’avait jamais rien connu que le corps à corps pouvait aisément comprendre qu’il s’agissait là de techniques inouïes, pour ne pas dire divines. A analyser les muscles de son adversaire, il comprit également combien la force, la vitesse et l’endurance du guerrier étaient différentes et gargantuesques. En vérité, il venait d’ouvrir toutes les Portes Célestes… sauf une ; celle de la mort. Ainsi jouissait-il d’une puisse incommensurable et que personne, si ce n’était le Shinobi, ne serait à même de comprendre. Toutefois, fallait-il encore que l’Ancêtre acceptât de se battre et de se mesurer face au Champion. « Venez, Hidenori. Confrontez-vous à la grâce divine, affrontez le Saint du Roi-Guerrier ! »

Récapitulatif combat:

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Re: La vallée du Roi-Guerrier Sam 22 Fév - 20:34
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Vallée

Mon interlocuteur aux traits d’enfants s’exprimait avec une fluidité étonnante, jurant, presque, avec son physique insolite. La sagesse qui transparaissait dans ses propos avait une justesse rare, l’auréolant d’une aura irréelle. Je comprenais, lentement, au travers de son discours, la nature exacte de cette vallée et ce qu’il était réellement. Il amplifiait sa voix au fur et à mesure, commandait au doigt et à l’œil les pauvres hères de la vallée : il était le guerrier lumineux des légendes. Il était le commencement et la fin. Ma fin. Je n’écoutais plus ce qu’il disait, obnubilé par sa stature, son corps, sa présence. Il occupait l’espace, tout en étant si frêle. Il dominait le monde, tout en étant si petit. Des mots inaudibles déchiraient le temps, la création même, il se transfigurait. Je ne bougeais pas, toujours assis, à contempler l’avènement d’une divinité, un sourire heureux sur mon visage. Toute ma vie, je l’avais cherché, cet homme, cette légende, ce guerrier invincible au pouvoir infini. Mon corps brûlait intérieurement, ma peau s’hérissait de poils, mes entrailles se liquéfiaient, mon cœur avait cessé de battre. Aucun battement. Mes yeux rivés sur ce dieu vivant, j’admirais la force déployée. Nulles larmes, nul hoquet de douleur, nulle peur. Aucun battement. Je pouvais sentir la puissance éternelle de son corps. Son exhortation au combat résonnait comme l’ultime défi de ma vie : ma dernière guerre. Aucun battement. Mon corps fatigué, marqué par les âges, ne suivait plus, depuis quelques années, tandis que mon esprit s’amusait à me torturer de remords, de peines ignobles et autres tribulations internes. Aucun battement. Ses yeux effrayants avaient comme disparu sous la tension extrême de son art, un art que je connaissais que trop bien, un taijutsu si pur qu’il dépassait l’entendement. Je me levais, résigné mais heureux. Aucun battement. J’avançais vers l’Hanabusa, l’androgyne récipient d’un dieu, s’il ne l’était lui-même. Aucun battement. En cet instant, mon désir réel s’exprimait limpidement, dans mon esprit comme dans mon âme : je veux la rejoindre, la chérir éternellement. Là où la guerre m’a laissé des cicatrices immondes, elle a laissé des joies éternelles. Aucun battement.

« Mon temps est venu. »

Cruel monde de m’arracher à la contemplation d’une divinité mais chaque chose à son prix, aussi coûteux soit-il. Heureusement, je la vois, elle. Elle m’attend, derrière lui, dans une lumière plus blanche que la blancheur matinale d’une nuit d’hiver. Mon voyage touche à sa fin dans une joie étrange : la joie du combat, la joie d’avoir été surpassé. Mon corps s’effondre, touché en son cœur, foudroyé. Mon âme s’élève. Ses yeux me regarde, rieurs. Un sourire mesquin sur les lèvres. Une main tendue que je prends, sans regard en arrière. Enfin.

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