Un ninja, c'est pas qu'un monstre assoifé de sang | feat Fujimoto Chiaki

Un ninja, c'est pas qu'un monstre assoiffé de sang

Pour ne pas partir en mission, j'étais prête à tous, chaque chose qui pouvait m'éloigner un tant soit peu de l'enfer de l'existence d'un shinobi, je sautais dessus, sans réfléchir. Il faut dire que je répudiais à devoir et mettre ma vie en jeu pour quelque chose dont j'étais imperméable et encore plus si je devais retirer la vie des gens, je refusais ce mode de vie autant que je le pouvais. Mais, j'étais servile, faible, manipulable, ainsi je ne pouvais rien faire contre mon géniteur, qui me fascinait et m'effrayait autant que je détestais. Pour espérer faire faux bond à mes immondes obligations, cette fois-ci, c'était pour donner un cours à des élèves de l'académie, en y réfléchissant, cela ne faisait pas si longtemps que j'avais quittée l'académie, à peine quelques mois, tout au plus… Je regrettais cette vie simple où je n'étais pas obligée d'être entraîné pour devenir une arme… Encore plus, j'étais nostalgique comme toujours de cette liberté que mon exarque de père m'avait amputé. Revenir aux sources d'avant mon existence infâme à mes prunelles pour fuir cette vie que j'avais désormais ces derniers temps, c'était quelque chose de... magique ? J'espérais oublier ma pitoyable existence.

Tout cela pour dire que nous devions présenter la vie de jeune shinobi. Nous? En effet je n'avais pas été assignée seule à cette tâche, une autre fille dont je n'avais pas retenu le nom devait venir m'aider ! Si j'en suivais la missive qui m'avait été assignée, nous avions une demi-heure pour préparer notre intervention. Ainsi, j'attendais dans une salle vide de l'académie, transporté trois mois auparavant lorsque je n'étais pas encore une shinobi. C'était une mission simple, je m'étais même proposée, mais pour une kunoichi aussi faignante et lâche que moi, c'était paradoxale d'espérer enseigner la réalité de l'existence d'un ninja du pays du sable, parce que je ne me sentais ni ninja, ni membre du pays du sable. Le kazekage me dégoûtait, il n'avait aucun ordre à me donner, le seul que j'écoutais et qui était légitime pour m'ordonner quelque chose, c'était mon père à point c'est tout… Ma présence dans ce village qui m'avait pris mes frères, était uniquement l'œuvre de mon père, s'il n'avait jamais pris cette décision, alors, j'osais espérer que je n'aurais jamais eu à mettre les pieds ici et être asservis par un système.

Je frissonnais en pensant à ce que mon père penserait de moi s’il me voyait ici, nul doute qu’il le verrait d’un très mauvais œil, lui qui voulait que je devienne une femme forte… Moi, je ne le voulais, une existence simple, mais guidé me suffisait, tant que je n’avais pas à mettre ma vie en jeu. Mon père en avait décidé autrement d’où ma présence ici, ici dans le village, pas dans cette salle de l’académie. Si jamais il apprenait que j’étais dans cette salle à ne pas m’entrainer encore une fois, je préférai ne pas y penser, ce n’était pas la peine, cela ne me ferait que souffrir et craindre inutilement. Pour m’éviter souffrance et douleur, je devais faire fi de cette crainte qui me rongeait les entrailles, après tout, montrer que je n’avais pas peur devant mon père qui me terrifiait, c’était mon quotidien. On pourrait penser au vu de mon tempérament et de ma haine du pays du sable que je dénigrerai la profession de ninja et de sunajin devant les enfants. Mais ce n’était pas ce que je voulais faire. Disons que je voulais plutôt partager mon expérience, ma maigre et ridicule expérience. Je voulais prouver qu’on pouvait être shinobi sans être un monstre assoiffé de sang. Qu’on pouvait essayer de fuir la fatalité de ce village cruel, ne pas créer des monstres comme le Haut Conseiller ou le Kazekage. Enfin, on me répondra, qu’est-ce que j’en savais de la vie de Shinobi, de mon propre aveux, je n’étais qu’une fuyarde, je n’étais pas légitime à en parler. Et c’était vrai, après tout, je n’étais qu’une Genin, je ne connaissais rien de la vie d’un vrai shinobi. J’étais très différente des personnes qu’on pouvait trouver ici, dans ce village. Je n’étais pas à ma place ici, j’étais une intruse.

En me basant sur les personnes que j'avais côtoyées j'espérais que la camarade avec qui j'allais devoir présenter n'était pas du tempérament flippant d'Ena, ni sanglant comme le porte notre seigneur suprême, le Kazekage. J'avais peur de savoir sur qui j'allais tomber, car encore une fois, personne ne me ressemblait dans ce village, tous n'étaient que des tarés et des monstres.

Bref, patientant tranquillement, j'attendais de voir quel type de personne allait apparaître par le pas de la porte. J'attendais de voir si j'allais devoir me soumettre à quelqu'un au caractère bien plus marqué que le mien.

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Le rôle d'un ninja ✘ ft Takeda Kyou ✘ N'est pas que combatif

Aujourd'hui, je vais retourner à l'académie. Ce n'est pas parce que j'ai été recalé, c'est parce que je dois animer un cours pour des enfants. Il paraît que nous serons 2 personnes pour ce faire. J'ai hâte de savoir qui travaillera avec moi sur ce coup là. Le dossier qu'on devra traiter avec les petits doit être sur place. Habillée de mon seifuku noir et blanc, je suis parée pour aller sur ce lieu de travail qui me rappelle mon enfance.

J'espère que ce ne sera pas une animation sur la guerre ou tout ce qui touche à la violence. En effet, bien que notre village est composé de shinobis brutes et durs, je ne pense pas que le rôle d'un ninja se limite juste à cet aspect. Je croise les doigts pour que mon camarade soit du même avis que moi. À voir quand j'y serai. En attendant je marche et je me dirige vers cette salle dans laquelle je dois me rendre. J'aurai une demi heure à travailler la présentation avec cette personne que je rencontrerai. Ça devrait suffire.

J'entre donc dans la salle de classe en saluant poliment une jeune femme. C'était donc elle ma collègue. Je suis souriante et droite.

Chiaki • Bonjour, Fujimoto Chiaki, enchantée !

Je suis toujours un peu enjouée de rencontrer des camarades, ça me donne une source de motivation dans ce rôle de kunoichi qui m'a été attribué le jour durant lequel j'ai été diplômée. J'espère ne pas faire peur avec mon tempérament gentillet, ce n'est pas le but.

Un ninja, c'est pas qu'un monstre assoiffé de sang

La jeune fille qui pénétra dans la salle était de plusieurs années ma cadette, elle devait avoir dix-huit-ans maximum. En pénétrant dans la salle, celle-ci me salua avec chaleur. J’appris donc que celle-ci s’appelait Fujimoto Chiaki. Elle semblait gentille, pleine de tendresse, si éloignée des standard qu’on avait qu’un shinobi du village caché du sable. Je m’étais préparée à voir un être de la trempe de mon géniteur ou du conseiller entrée, mais j’étais bien plus heureuse de voir une jeune femme. Enfin, je ne pouvais pas me faire une idée sur elle rien qu’en la regardant. En déglutissant, je repensais à Ena, véritable brute aux airs angéliques. J’espérais sincèrement que cette Chiaki n’était pas comme Ena, sinon je serai obligée de me soumettre à sa vision et sa volonté. Je me sentais trop faible pour espérer m’imposer devant elle, je n’en avais même pas envie, je préférais fuir mes responsabilités, c’était mieux comme ça. Après tout, je ne voulais pas non plus me faire remarquer.

Je m’inclinai face à la jeune fille, avec bienveillance, gentillesse et chaleureusement, la salua avec respect :

« Takeda Kyou, heureuse de te rencontrer ! »

J’invitai la jeune fille à me rejoindre autour d’une table, pour que nous puissions préparer ce que nous allions dire aux enfants. Je comptais bien me laisser intégralement guidé par celle-ci. Puis, posant ma tête sur ma main, regardant la jeune femme, je lui demandais alors :

« Quel est ta conception d’un shinobi ? Que veux-tu transmettre aux jeunes ?»

Je me devais de le savoir, de toute manière, il était hors de question de prenne l’initiative de montrer qu’est-ce qu’était un shinobi à mes yeux, je détestais les shinobis, ce monde de violence, de guerre, de haine, tout cela me dégoutait. Risquer sa vie était ridicule, cela n’en valait pas la peine. Mais, je n’étais pas stupide, je préférais me soumettre plutôt que de risquer de me faire écraser pour mes conceptions. J’étais habituée à me soumettre devant mon géniteur, devant n’importe qui était tout aussi simple, c’était presque naturelle pour moi. Ne pas prendre de risque, telle était ma maxime de vie et tout ce que j’avais fait depuis aujourd’hui correspondait à cela, ne pas aller en mission, ne pas mettre en avant mes pensées agressives envers le système qui m’abritait. Je pouvais me faire passer pour n’importe qui, tant qu’on m’épargnait.

Je restai donc là, assise à ne rien faire, tranquillement, à attendre la réaction de la jeune Chiaki, je n’étais pas réellement sereine, j’en étais même loin. Mais, je devais le faire, c’était mon existence de fuite, pour préserver ma vie, je mentais, je trahissais, je fuyais. Risquer son existence ne valait pas le coup, rien de tout cela ne valait le coup. A la fin, il fallait survivre et vivre en paix, par tous les moyens possibles, même si pour cela, je devais me soumettre intégralement à certaines personnes. Ma liberté n’était qu’un petit poids à sacrifier pour ma liberté…

Enfin, je disais cela, mais je n’aspirais qu’à faire du cheval dans le désert, je n’aspirais qu’à fuir les responsabilités de mon existence dans la seule chose que je savais faire, galoper, sans penser à rien d’autre… Ma liberté me manquait quand même, quoi que je puisse en dire.

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Un ninja, c'est pas qu'un monstre assoiffé de sang

La jeune femme sembla hésiter quelques instants. Ainsi donc, je n’étais pas la seule mal à l’aise avec l’idée de parler en première, à partager mes idées. Je comprenais de manière intense ce que ressentait cette jeune femme, car j’avais l’impression de me tenir devant un miroir, devant mon propre reflet, incapable d’accepter et d’assumer mes pensées. J’étais lâche, osée dire que le système shinobi n’était que foutaise à mes yeux, qu’un bain de sang inutile. Oser dire cela dans ce village militariste était ce qui se rapprochait le plus d’un suicide en bonne et due forme. Je ne voulais pas mourir, mon instinct de survie et de conservation était trop fort pour cela, j’étais prête à tout, y compris renié mes propres idéaux. De toute manière, les idéaux n’étaient qu’un moyen de se faire mal voir. Rien ne valait sa propre survie.

Je restai là à scruter la jeune femme, à essayer de lire la moindre trace, le moindre signe qui me permettrait de savoir vers quel direction elle allait penchée, entre militariste, supermilitariste et supramilitariste. Je ne me faisais pas d’illusion, tout le monde ici étaient des monstres assoiffés de sang, le tout était de savoir à quel degré ils l’étaient. Ainsi donc, au vu de l’apparence de la jeune fille, j’en déduisis qu’elle était probablement simplement militariste et belliqueuse, avec son apparence, on n’aurait pas dit que c’était une violente shinobi. Mais, lorsqu’elle commença à parler, je tombai des nues, non pas que c’était une supramilitariste qui ne songeait qu’a l’annexion du monde sous la coupe de Suna, non, c’était bien mieux à mes yeux. Cette douceur dans ses paroles, dans son être, tout cela n’était pas feint, elle était véritablement pour la paix, elle était pour des shinobis qui aidaient la population et non des monstres assoiffés de sang qui combattaient à mort. J’eu du mal à cacher ma surprise et mes sourcils s’haussèrent, intriguée par l’étrange personnage devant moi. Si on m’avait dit que je rencontrerai quelqu’un de non-belliqueuse ici, je n’y aurais pas crus et pour cause, c’était tout bonnement improbable.

Je m’essuyais une larme qui commençait à couler du coin de mon œil, après tout, je ne cachais mes véritables pensées que par obligation, aucune conception personnelle ne m’y obligeait, juste mon formidable instinct de survie. J’étais heureuse de pouvoir échangée avec quelqu’un d’aussi proche de ma propre conception du métier de shinobi. Enfin, elle restait toutefois plus radicale que moi, car j’étais moi, complètement contre ce système, comme contre la guerre, la violence ou n’importe quelle autre forme de violence. Mais, j’étais toujours trop en inadéquation avec le village, je ne pouvais pas clamer ces pensées haut et fort, de toute manière, je n’en avais pas envie, clamer ce genre de pensé, ne ferait qu’envenimer les choses. Non, j’allais me calquer sur les idées de Chiaki, dire que pensais comme elle et ça allait être bon. Et même si on m’en tenait rigueur, je pouvais toujours rejeter la faute sur la jeune fille, après tout, jouer le rôle de la jeune fille faible, infiniment faible ne me gênait pas, car d’une certaine manière, j’étais faible.

Je me laissais néanmoins aller à un léger sourire, car après tout, j’étais heureuse de ne pas devoir m’écraser complètement. La soumission n’était pas quelque chose que j’appréciais nécessairement, elle était juste l’image que prenais le plus souvent ma fuite, à point, c’est tout. Lorsque Fujimoto Chiaki me demanda quelle était ma propre conception d’un shinobi, prenant un air pensif, je fis mine de réfléchir, puis prenant une voix enjouée, à peine forcée, de ma voix douce et maternelle, déclarai :

« Je pense aussi qu’un ninja n’est pas qu’un monstre assoiffé de sang qui ne vit que pour se battre. Je pense qu’un shinobi doit avant tout protéger ceux qui n’ont pas le force de se protéger, ni le tempérament… Les ninjas devraient être le dernier rempart contre la violence. Après tout, tout le monde ne veut pas une existence de violence et de haine, certaine personne veulent juste une vie tranquille, sans rien demander. Un ninja est l’allégorie de ce que le commun des mortels ne sait pas faire. »

J’avais parlé assez franchement, après tout, si j’étais aussi agressive au système, c’est parce que j’étais enfermé dedans, sinon, j’ n’y étais pas fondamentalement opposée, j’étais  juste opposée au fait de mettre ma vie en jeu. Mais, après tout, il ne servait pas rien de pensé à cela, car je pouvais me détendre, car la jeune fille devant moi n’était pas une monstre assoiffée de sang, la journée d’aujourd’hui s’annonce moins pénible que je le pensais. C’était au moins une petite victoire, mais j’étais si habituée à vivre des enfers et à échouer que pour une fois, cette infime victoire me mettait le baume au cœur.

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