Il était de notoriété commune que le jeune Tadake passait son temps à bouger, incapable de songer à l'idée de ralentir ne serait-ce qu'un instant, aussi passait-il le plus clair de son temps sur le terrain d'entraînement de Konoha. Pendant combien de temps avait-il fui ce lieu, à la recherche de calme et de solitude ? Pendant trop longtemps, lui semblait-il, mais c'était sans doute depuis sa résurrection, depuis cette nouvelle vie qu'il avait pris pleine conscience de l'importance de ces connexions humaines. N'était-ce pas paradoxal pour lui, si solaire, que de fuir le contact des autres quand il s'agissait de cette éternelle course au perfectionnement ? Cela l'était pour qui ne le connaissait pas, mais parfaitement compréhensible pour tous ceux au fait du complexe d'infériorité qui l'habitait depuis toujours.
C'était de ce complexe que tout avait commencé, que toute son énergie était née et, même s'il largement dominé cette sensation durant ces derniers mois, jamais il ne serait totalement confiant quant à ses propres capacités martiales. Après tout n'était-il pas qu'une moitié d'homme ? Qu'un produit à demi fini ? Il l'était, peu importait ce qu'on pouvait lui dire à ce sujet et cela lui allait très bien, car cette différence était à la base de sa détermination et de sa force.
Depuis quelques longues semaines le jeune homme était de nouveau hanté par ses démons du passé et surtout par ses craintes du futures, par l'incertitude, par l'inconnu dans lequel il s'apprêtait à plonger. Ainsi, dés les premières lueurs de cette aube ténébreuse, le jeune homme se plongea à corps perdu dans ses entraînements, redoublant d'efforts en espérant que la fatigue fasse le ménage de son esprit, mais cette tentative fut aussi vaine qu'illusoire. Pourquoi ? Pourquoi alors que cela avait toujours marché jusqu'à présent ? Peut-être quelque chose avait-il été changé en lui ? Ce fut avec ce questionnement en tête que le jeune homme redoubla encore une fois d'efforts, poussant son corps bien au-delà des limites du raisonnable. Il aurait même été encore plus loin si une demande particulière ne lui avait pas été faite, par l'intermédiaire de sa sœur, pour le compte d'un de ses élèves. À quand remontait la dernière fois où quelqu'un l'avait demandé, lui, spécifiquement ? Trop longtemps sans doute, mais cela n'avait rien d'étonnant à ses yeux.
D'autres auraient demandé des explications avant d'accepter cette rencontre, mais Kyoshiro avait assez confiance en sa sœur pour accepter sans détour. Mieux encore, il refusa toute explication préalable, préférant se faire sa propre opinion de cette personne et de sa demande sans à priori particulier. N'était-ce pas mieux, ainsi ? Il donna donc rendez-vous à ce jeune Shishio dans l'endroit qui fut son sanctuaire pendant de nombreuses années, au sein même de la forêt qui bordait le village, là où ils seraient tranquilles pour discuter sans crainte d'être dérangé.
Ainsi, assis au milieu d'une plaine clairsemée, les mains sur les genoux et les yeux fermés, le jeune homme se força à méditer depuis bien avant que le soleil ne se lève. Cela pouvait sembler ridicule comme exercice mais, pour un homme aussi énergique que lui, c'était une véritable torture que de se forcer à un tel immobilisme. Les mains sur ses genoux, prenant de profondes inspirations, laissant ses sens en alerte, le Tadake resta parfaitement immobile jusqu'à ce que finalement une présence ne se fasse sentir.
« Shishio-san, je présume ? »
Qui d'autre cela pouvait-il être, de toute façon ? Le shinobi n'avait besoin ni de globes oculaires fonctionnels ni de connaître le chakra de son invité pour savoir que c'était lui, car personne ne venait jamais aussi profondément dans la forêt. Personne d'autre que lui, en tout cas, et c'était précisément le but de cet endroit. Se redressant en sentant son invité arriver, simplement vêtu d'un pantalon noir et d'un t-shirt bordeaux, le jeune aveugle s'approcha du jeune Uchiha avant de lui tendre une main ferme accompagnée d'un franc sourire.
« Ravi de te rencontrer. Je t'avoue avoir été surpris par ta demande, en tout cas. »
Certes il avait pour réputation d'être un acharné de l'entraînement et un camarade fidèle, un être généreux avec une facilité déconcertante pour donner le sourire, et pourtant il n'était pas le premier vers qui on se tournait en cas de besoin. Pourquoi ? Trop dans son monde peut-être bien, pas assez complet ou pas...assez, tout simplement. Mais cela importait peu, chaque demande était toujours la bienvenue.
Ainsi, d'un mouvement de main, le jeune Tadake invita son interlocuteur du jour à s'asseoir à côté de lui, sur un tronc couché non loin de là, avant d'entrer dans le vif du sujet.
« Dis-moi, en quoi puis-je t'aider ? »
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