tenter de percer les obscurités des cœurs [pv Hyuga Yume]

Décidément… Mon sensei avait beaucoup de chose à me dire… Rendez-vous au salon de thé, j’allais devenir spécialiste du thé. Mmmh. J’observais les plans pour la salle du mariage ainsi que la longue liste des invités, c’était sans fin j’avais l’impression, une grande majorité du clan Hyûga bien sûr, des Senju, Daiki-sensei, Haruka-sama… Hako et sa famille, quelques Uchiha les familles de Kaori et bien sûr Akira-kun. Il y avait mes amis tout cela. Mais c’était tellement un mariage politique que l’ambiance allait être… Sympathique. Long, pesant. Je caressais doucement la liste sans rien dire avant d’embrasser le front de ma sœur avant de me lever et de ranger les papiers.

Je pris mon temps pour venir en observant autour de moi, mon père était encore plus insupportable en ce moment. Il… Je soupirai longuement en continuant ma route et en observant Konoha. C’était étrange cette sensation au creux de mon ventre, l’examen était passé… et maintenant tout cela devenait beaucoup plus réel autour de moi… Le mariage, les fiançailles… Naoshige… Bientôt je serais son épouse, et il avait gentil. Que faire et que dire ? Obéir, par habitude, mais lui affirmait que je devais déployer mes ailes, mais avais-je encore des ailes ? Ou mon clan les avait coupés à ma naissance ? Je ne savais pas… Je ne savais plus. Le sceau pouvait bien sûr être vu comme un honneur, mais beaucoup de jeunes le voyaient comme une prison… Nous ne pouvions choisir notre destin. Obéir, protéger et mourir. Je passais mes doigts dans mes cheveux en silence et levai les yeux vers le ciel. Qu’est-ce que cela faisait de voler ?

J’arrivai au salon de thé, inspirai profondément, et ouvris la porte. Daiki-sensei était déjà là, assit à une table. J’étais en retard ? Non, juste à l’heure me disait l’horloge. Il était donc en avance. Je saluai la femme et pris un thé du poète solitaire avant de m’avancer vers mon maître. Je posais ma tasse sur la table et m’inclinais.

« Daiki-sensei, vous vouliez me voir ? »

Avait-il déjà eu les résultats de l’examen ? Mais pourquoi me voir seule dans ce cas ? Aucune idée. Je m’assis souplement en face de lui et fis un doux sourire à son attention avant de froncer les sourcils. Il avait l’air mortellement triste, quelque chose le rongeait… Je mordis mes joues, quelqu’un de sa famille était mort ?

Le Sensei n’allait pas bien. Pas bien du tout. Je soutiens son regard avant de hocher la tête.

« Bien, merci et vous ? Vous semblez épuiser… »

Et sur les nerfs, mais c’était autre chose. Je laissais le silence s’installer en regardant toujours mon sensei droit dans les yeux. Je retiens un long soupir. J’aurais pu le parier que cela allait venir sur le tapis. Je baissai les yeux sur ma tasse de thé, la manière dont il avait prononcé le nom de Naoshige indiquait surtout qu’il rêvait de lui tordre le cou plus que de le laisser m’approcher ou me serrer dans ses bras. Je bus une gorgée de thé pour me laisser le temps de répondre. J’en avais assez qu’on me parle en permanence de mon mariage. À la maison, avec Hako, avec tout le monde. J’étais fatiguée de devoir toujours en parler, de toujours devoir me justifier. Je préférais prendre mon temps.

« Oui, c’est vrai, je m’entraîne tous les jours avec le camp qu’à fait Cho-sama avec les autres genins, avec Hako et Kaori. Mais j’ai fait quelques missions avec Akira-kun pour garder la main. »

Je bus une nouvelle gorgée de thé avant de retenir un soupir.

« Concernant Naoshige-san, je n’ai aucun problème avec lui, il se montre prévenant envers moi, aimable et n’a aucun geste déplacé, j’ai partagé quelques repas avec lui ainsi qu’un entraînement, même lorsque nous étions seuls il n’a fait aucun geste étrange ou quoi que ce soit. Il se montre très courtois. »

J’essayais de le rassurer, montrer que Naoshige-san n’était pas méchant avec moi. Je jetais un œil à mes mains, elles ne tremblaient pas. De toute manière tout était scellé. Après l’examen… Naoshige m’épouserait. Autant continuer sur ma lancée, je roulais mes épaules pour les détendre un peu.

« Nous avons eut plusieurs conversations et je pourrais continuer ma carrière de ninja si c’est cela qui vous inquiète. Il n’a pas l’intention de m’enfermer. Vous auriez presque pu y assister puisque c’était dans l’enceinte du clan Senju. J’ai cru d’ailleurs que c’était vous qui lui aviez parlé de moi au début. »

Je parlais d’une voix très douce, très calme, comme-ci la situation était des plus normal. Je baissais à nouveau les yeux sur mon thé avant de les relever sur Daiki-sensei.

« Vais-je encore avoir une conversation du type « Je suis contre ce mariage arrangé, tu es trop jeune Yume. » ? »

Je n’en pouvais plus d’en parler à chaque fois c’était ce refrain ou le « Fait honneur à ton clan ! Ou il t’en coûtera ». L’un ou l’autre devenait lassant.

J’observais mon sensei sans rien dire face à ses déclarations. À cet instant, il ressemble plus à un père qu’autre chose. Je le sens sur ma peau, dans mes veines, il a quitté son rôle de sensei, il a prit celui d’un père. Il ne me voit plus comme une élève, mais comme sa fille. Ou quelque chose qui s’en rapproche. Je me rendis compte que je ne connaissais pas tant que ça Daiki-sensei, je parlais de sa vie privée. C’était un homme bon, mais intimement je ne le connaissais pas. Nous coopérions, nous nous entendions sur le terrain, mais est-ce qu’on pouvait dire que je connaissais très bien sa vie ? Non, clairement pas. Je soutiens son regard avant de baisser à nouveau les yeux sur mon thé en l’écoutant.

Je relevais les yeux en l’écoutant. Comment ça « J’ai pris ma décision » ? On m’avait imposé une décision. Je n’avais pas eu mon mot à dire… Comme d’habitude avec les alliances et les mariages arrangés. On imposait à un, ou les deux, parti et ensuite c’était « Débrouillez-vous ». Daiki-sensei ne semblait pas connaître. Cela serait mentir de dire que l’amour ne pouvait exister, mais je n’étais pas stupide. Quand on était d’un clan on pensait à un clan avant tout, le reste… On regardait après. Je soupirais en détournant les yeux. Comment je le vois ? Ce mariage… C’était une manière de faire pour sortir d’une prison, me permettre d’évoluer, de grandir également… En réalité… Je le sentais bien ce mariage… Il me permettrait de quitter enfin les Hyûga et l’atmosphère là-bas. Je souris à mon Sensei et posais une main sur son bras.

« Entre vous et Akira-kun, Hako-chan il va avoir beaucoup de monde sur le dos. Je sais que je peux compter sur vous. »

Je serrais doucement son poignet avant de boire une gorgée de thé avant de lever les yeux vers le plafond en réfléchissant, je finis par soupirer longuement avant de répondre d’une voix douce :

« Et bien, ce n’est pas la première fois que je suis fiancée. Le premier était de mon clan, il devait être un peu plus vieux que Naoshige-san. Là, au vu de l’homme, je vous aurais demandé de l’aide. Il me terrifiait. Il y a un peu moins d’années d’écart avec Naoshige-san, je pense que ça peut très bien se passer. Je sais également que je ne suis qu’un pion sur l’échiquier des clans. Alors vous vous doutez bien que je n’ai pas choisis, mais Naoshige-san, lui m’a offert le choix, que mon propre clan me refuse. Alors, rien que pour ça, je me dis que ce mariage serait plus une libération qu’autre chose. Je vais quitter les Hyûga et le quartier, ma famille, ma sœur et mon père, m’accompagnent si tout va bien, alors je crois que j’aurais l’esprit tranquille et que je serais peut-être pour la première fois… libre. »

Cela me donnait envie… Même si c’était aussi très complexe à gérer. Je souris à mon sensei sans rien dire de plus. Il ne connaissait pas le fonctionnement des Hyûga, et si beaucoup de vieux le trouvaient supers… Beaucoup de jeunes l’aimaient beaucoup moins.

Je soupirais à nouveau longuement face à mon sensei avant de boire une gorgée de mon thé. C’était une situation complexe surtout pour moi. Et encore plus depuis que tout le monde y allait de son petit commentaire. J’avais bien compris qu’à part nos clans, et encore, personne ne voulait ce mariage. Trop de différences d’âge ou je ne sais quoi. Pourtant ça se faisait partout dans le monde, mais puisque c’était moi, là tout le monde s’horrifiait. Comme-ci c’était nouveau. Je ne disais pas que c’était normal et qu’on ne devait pas le changer, à l’inverse même, mais c’était ainsi. Et j’avais de plus en plus de mal à accepter qu’on se mêle de cela. J’avais déjà mon clan sur le dos… Mais je savais bien que mon Sensei s’inquiétait simplement pour moi. Je préférais hausser les épaules sans répondre plus que cela à sa remarque pertinente. Je devais moi-même me convaincre que je le voulais absolument. Mais le visage de Hako flottait trop souvent devant mes yeux pour que je l’accepte sans broncher. Je savais que je n’aurais jamais dû tomber amoureuse de ma coéquipière. Jamais je n’aurais dû. Putain de destin.

Sa question me fit m’arrêter et fixer le thé dans ma tasse en terre cuite pendant un moment. Si j’avais vraiment eu le choix… Avec tout ce qu’il m’offrait. Si je n’avais pas eu le poids derrière moi du clan… Si j’avais été seule, si je ne portais pas, du moins c’était mon impression, la moitié du clan sur mes épaules… Je n’arrivais pas à me l’imaginer. Je me frottais la nuque avec un nouveau long soupir. S’il n’y avait pas eut de clan, Naoshige-San ne se serait pas intéressé à moi. Je le savais bien. Et s’il n’y avait pas eut les clans… Moi non plus je ne l’aurais pas regardé. Je finis par secouer la tête.

« Non Daiki-sensei. Si j’avais eu le choix, si nous deux avions eu le choix, aucun de nous deux ne se serait marié maintenant. J’en suis persuadée. S’il n’y avait pas eu des pressions de clans des deux côtés aucun de nous deux ne se serait approché de l’autre. C’est une obligation des deux côtés. Ne voyez pas Naoshige-san comme un grand méchant dans l’histoire. Lui non plus ne m’a pas choisi. »

Nous étions tout deux prisonniers d’un mariage, mais nous allions tout faire pour rendre cela agréable et peut-être nous en sortir libre et trouver quelque chose au-delà de l’obligation. C’était une espérance que je voulais voir devenir vraie. Je bus une gorgée de thé.

« C’est drôle… Vous êtes bien le seul adulte autour de moi à me poser ainsi des questions… Mon père… c’est plus… Si je serais à la hauteur du chef de clan, si le saurais faire mes devoirs « d’épouse » ou ce genre de chose… Je ne vous raconte pas la tête des discussions le soir autour de repas. »

Le pire étant qu’il était passé à deux doigts de me demander si j’étais vierge. Dommage, c’était Hako qui l’avait prise… Mais en attendant, Daiki-Sensei se rapprochait plus d’un père que le mien propre..