[TRAINING] A plein poumon!

J'étais à deux doigts de me convaincre de rester chez moi, jusqu'à ce que mon père passa pour m'engueuler de trop trainer. Il me fit une bonne leçon de morale pour me rappeler que j'étais pas en âge ni en position de jouer les flemmardes. Je devais avouer que je saisissais pas pourquoi il s'inquiétait autant de l'image que je pouvais donner. Personnellement, je m'en foutais royalement. Maintenant, si c'était pour le clan... mais je faisais toujours en sorte de pas leur foutre trop la honte en agitant ma marionnette. Les vieux devraient être content, non? Sauf que voilà. J'ai une fille à papa et j'écoutais mon père. Ouais... trente ans et j'écoutais encore mon vieux. Que voulez-vous? Si je lui cédais si facilement, c'était parce que je savais qu'il avait raison. En me rendant capable de jour en jour, on finirait par me lâcher la grappe.

C'était à cause de ça que je me retrouvais sur un de nos terrains d'entrainement et comme à son habitude, le coin était blindé de gens. Quand je vis ça, ça me fit marrer. Impressionnant le nombres de types si sérieux dans ce village. Je devrais sans doute prendre exemple? Je me cherchais un petit coin tranquille où poser mes affaires et finis par me saisir d'un parchemin que j'avais emmené. Cela allait peut-être vous étonner, mais quand je le voulais, je m'y mettais. Fallait juste trouver la motivation. Mon ambition du jour serait d'apprendre une nouvelle technique que l'on appelait "le vent divin". Alors soyons clair, je vous mentirais pas. C'était le nom qui m'avait attiré. Je le trouvais plutôt engageant alors je m'étais dit "pourquoi pas?". Je trouvais ça comique de pouvoir me dire que j'allais balancer mon vent divin dans la tronche de quelques cons. Si j'avais pu parlé, j'étais certaine que j'aurais trouvé quelques blagues débiles à balancer sur le sujet. Du coup... je les garderais pour moi. Dommage pour les autres.

Je dépliais le parchemin explicatif devant moi. Dans les grandes lignes, le but était de faire naître de grande colonne d'air qui pourrait me protéger ou à contrario repousser des attaques de puissance équivalente, hormis tout ce qui touchait aux flammes, bien entendu. Comme ça, cela avait l'air facile, surtout pour une manipulatrice de futon.... mais rien ne l'était vraiment. La vie me l'avait bien prouvé. Je jetais négligemment mon papier sur mes affaires et je me mis en place pour m'atteler.

Je me concentrais quelques instants afin de pouvoir libérer une rafale de vent. Là, je relâcha mon chakra qui prit forme et fît apparaître dans un premier temps un petit tourbillon qui souleva le semble du terrain mais rien de plus. Cette déception. Je reprenais ma pause et je repris une nouvelle fois. Ma nouvelle tentative donna quelque chose de mieux, ou tout du moins, cela ressemblait un peu plus à une colonne d'air... miniature. Déception numéro deux. Je me dirigeais à nouveau vers mon parchemin et commença à le relire pour voir si j'avais pas loupé un truc.

Je recommençais mon entreprise en faisant un peu plus d'effort - c'était pas que j'en faisais pas avant mais bon.  Là, je libérais une nouvelle rafale mais je ne relâcha mon attention. Petit à petit, je voyais mon tourbillon se renforcer. Je continuais sans me défaire de mon chakra, je faisais tourbillonner encore et encore mon vent qui grandissait petit à petit. J'affichais alors un petit sourire de satisfaction mais ce fut une erreur. Le vent se dissipa. Fais chier.

Je pouvais pas abandonner déjà. C'était pas tellement dans mon tempérament. Je pestais un bon coup et je m'y remis une nouvelle fois. Et encore. Et encore. Et encore. Au bout de bien une dizaine d'essai, je parvins à obtenir une colonne d'air convenable et j'arrivais à la maintenir. C'était pas encore totalement ça. Je sentais que j'étais pas à fond dans la puissance du vent mais pour le moment, c'était pas mal. Par ailleurs, mon parchemin m'indiquait que je devais pas me contenter d'une colonne... mais plusieurs mini-tornade. Et ils osaient qualifier ça de technique de rang C? Les enfoirés. C'était la galère déjà avec une, alors plusieurs.

Mais alors que je m'apprêtais à recommencer, je vis une silhouette s'approcher de moi. Papounet? Bingo. Le vieux était venu vérifier si je bossais comme il faut. Sérieux? J'avais pas dix ans. Le regard que je lui adressais affichait clairement mon interrogation, et signifiait "qu'est-ce que tu fous là?".

" Quoi? Un père peut pas venir soutenir sa fille? Fais pas cette tronche, gamine. "

Brusquement, il me jeta une bouteille d'eau que j'attrapais au vol.

" Tu t'en sors? "

Je lui fis un signe.

" A peu près. Cela pourrait être pire. "

" Ouais... bon... ok.... je repars. "

Non, mais t'es sérieux le vieux? Le pire était qu'il se barrait aussi bizarrement qu'il était venu. Sans déconner. Il avait un problème. J'aimais mon père mais fallait vraiment qu'il prît du recul par rapport à ma situation ou bien il me cachait encore un truc. Je l'avais vu reluquer les environs comme s'il cherchait quelqu'un d'autres. A tous les coups, il venait vérifier qui était dans le coin. Laissant tomber le comportement du vieux, je m'attelais à reprendre mes exercices.

Je passais donc le reste de mon après-midi à enchainer mes rafales et les renforcer tour à tour. Si au début, je m'en sortais tranquillement avec une colonne d'air, je réussis à en faire naître trois à la fin de la journée. J'aurais pu largement continuer une heure ou deux mais j'avais fini par saisir que j'emmerdais les autres shinobis qui s'entrainaient. Apparemment, il y en avait qui s'entrainait aux lancers de shurikens et manque de bol, avec mes petites brises divines, je leur faisais foirer leur envoi. Balot.

Après ma première expérience avec le vent divin, j'étais revenue deux ou trois fois de plus sur le terrain. Je cherchais surtout à apprendre à modérer mes rafales et à les contenir afin de faire ce que j'avais à eu près envie de faire. Mais fallait pas se leurrer, j'étais une shinobi pas le maître du vent. Cependant, je pouvais au moins me vanter de pas trop mal m'en sortir pour une ancienne comateuse et depuis que j'avais quitté les bancs des hôpitaux, je commençais à rattraper mon retard plus efficacement. D'un autre côté, peut-être aussi qu'autrefois, je la maîtrisais cette technique mais mon père se refusait à me dire avec exactitude mon niveau d'avant, ni même le listing de ce que je connaissais. Pourquoi? Parce que ce vieux bougre pensait que j'allais faire un complexe. Il croyait quoi, que j'avais quinze ans? J'allais pas me rendre malade parce que j'avais été plus forte et que c'était plus le cas. J'étais pas une chouineuse ni une dingo de la puissance, sans compter que j'étais assez réaliste sur ma condition physique actuelle. C'était pas encore glorieux en somme.

Du coup, avec le temps, j'avais laissé tombé et je cherchais plus à savoir. Cependant, parfois, j'avais l'impression que ça me parlait donc je supputais que dans mon autre vie, je gérais un peu le truc. J'avais un peu cette sensation avec le vent divin. Enfin bref. Me voilà à nouveau dans la place et sur le terrain d'entrainements, et je sentais - bizarrement - une forme d'hostilité à ma présence. Vous auriez dû voir la gueule des mecs? Ils étaient plus blasés que moi qui se rendaient à la boulangerie pour entendre qu'il n'y avait plus de beignets. Il fallait dire que ça allait faire trois jours que je les emmerdais à coup de rafales. Ils avaient les boules. Je comprenais.... mais je m'en foutais aussi.

Je m'installais comme j'avais pris mes petites habitudes et commençais mon échauffement. J'étais sympas, je fis les choses avec délicatesse. Je m'attelais à ne créer qu'une colonne d'air en premier et alors que je l'observais, je me demandais si j'avais assez de puissance pour y fourrer quelqu'un. Je préfère préciser que c'était uniquement dans le but de savoir si je pouvais maintenir un adversaire gênant un peu loin de moi. Je haussais les épaules. J'allais pas pouvoir expérimenter le truc sans cobaye. Dommage.

Par conséquent, je repris les choses à zéro pour multiplier le nombre de mes petites tornades. C'était clairement pas évident de maintenir le truc. Cela me bouffait pas mal de chakra et le problème avec un élément comme le vent était clairement son manque de consistance. C'était invisible, imprévisible et aléatoire. Comment vous voulez gérer un truc aussi impalpable? En se montrant bon. J'étais bonne. C'est tout. Fallait bien s'envoyer quelques fleurs de temps en temps. Alors que je contemplais mon œuvre, j'entendis brusquement un sifflement. A quelques centimètres près, un putain de kunaï se serait planter dans mon bras.

" Hey! Tu peux pas aller t'entrainer ailleurs? On peut pas bosser sérieusement avec ton truc. Vas souffler sur un autre terrain ou bien à l'extérieur où t'emmerdera personne. "

Là, je pointais mes yeux améthystes sur le gugus qui venait de m'adresser la parole. C'était sans doute un gamin de dix-sept ans, un peu trop grande gueule à mon goût, qui me toisa avec une forme de vanité qui me fit bizarrement... chier. Je fis la grimace.

" Quoi? Tu veux ma photo? "

Je lui fis un doigt d'honneur. C'était puéril. C'était gratuit mais c'était tout ce qu'il m'inspira. Aussitôt, le gamin me prouva qu'il avait le sang un peu trop chaud et me lança des shurikens. Ce fut à ce moment-là, qu'ironiquement, je lançais une rafale de vent divin. Le tourbillon qui naquit stoppa son attaque et renvoya ses armes de jet dans sa direction. Finalement, j'avais peut-être trouvé mon bonhomme pour tester mon apprentissage?

Rageux, le gamin recommença alors que ses camarades tentèrent de le calmer en disant que ça servait à rien de s'énerver. S'il avait été malin, il les aurait écouté mais... pas de bol. Il recommença la manoeuvre en essayant de balancer son matos dans des directions différentes mais ce qu'il y avait de bien avec ce que j'apprenais c'était que je pouvais créer plusieurs colonnes. D'un mouvement et en me consacrant sur la manipulation de mon chakra, je cherchais à maîtriser les tourbillons afin qu'il aille dans la bonne direction. C'était presque parfait. Presque. Parce que je sentis une lame m'effleurer. L'autre crétin se mit à rire alors que je portais un œil dégoûté à mon T-shirt. Le voilà déchiré. Il voulait jouer au con? Parfait.

Je m'avançais d'un pas décidé dans sa direction, le regard plutôt irrité. Bizarrement, son comportement à lui commença à changer. Il semblait faire moins le fier quand je lui lançai à nouveau un coup de Kamikaze. Cependant, cette fois je cherchais pas la parade, je cherchais l'immobilisation. Mon premier lancé passa à côté et lui commença à reculer. Mon second à nouveau pas loin. Et merde. Mais le troisième... Oh le troisième le bouffa tout cru. Mon tourbillon l'enferma et tourna avec une si grande violence qu'il cria comme un gros demeuré. Et je le regardais, tourner, encore et encore...

" Madame! S'il vous plaît! Vous pouvez arrêter? C'est un idiot. Il s'excuse. "

Je baissais mes yeux. C'était une jeune femme qui semblait implorer le sort du crétin et je me tromperais pas en disant qu'elle devait en pincer pour lui. Son regard ne mentait pas. Je devais être une romantique parce que j'eus pitié et je laissais tomber l'affaire. Je fis un signe de main comme pour dire que ça m'emmerdait et je m'en allais vers mes affaires en leur tournant de dos. Les gamins d'aujourd'hui craignait. A vrai dire, j'avais surtout plus rien à faire ici. Ce crétin avait eu son utilité. Il m'avait permis d'exploiter ma nouvelle technique de deux façons différentes. J'avais encore un peu de boulot pour améliorer la maîtrise mais au moins, je gérais les bases. J'allais pouvoir me la péter auprès de mon vieux.... et me faire engueuler parce que j'avais martyrisé un mioche. Trop dur la vie de sunajin.