A scalpels dansants [Entraînement solo]

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Technique :

Dans le temps, la Sorcière n'était pas uniquement connue pour son instinct de découverte et ses talents de médecin tirant sur le macabre. Non, elle était également renommée sur le champ de bataille pour son style de combat qui se détachait du lot. Fière combattante au milieu de ce monde d'hommes, elle semblait danser sur les terres sanglantes avec la grâce d'un ange – et en laissant derrière elle une traînée de cadavres aux visages affolés. Elle dansait, oui, mais surtout elle tranchait, plantait. Son arme de prédilection était le scalpel, qui représentait bien plus qu'un simple outil de guérison pour elle. Un dans chaque main, une maîtrise du chakra affutée et cela en faisait des armes au moins aussi redoutables que des couteaux. Discrets, élégants, c'était là la plus belle mort qu'elle pouvait offrir à ses ennemis. Avec son petit gabarie et sa vitesse étonnante, elle parvenait à slalomer entre les dangers et semer la terreur comme personne.

Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas combattu. Pourtant, elle était persuadée d'avoir su maintenir son niveau. Mettez-lui des scalpels dans les mains et la première chose à laquelle elle pensait n'était pas une opération, mais bien à la mort qu'elle offrait en cadeau aux imprudents. Ces derniers temps, son envie de combattre s'était réanimée en même temps que sa soif de découverte : comme si ces deux penchants infâmes étaient intimement liés. Tout cela avait été déclenché par les récentes rencontres qu'elle avait faites, en particulier celles de la jeune Hatsumomo et du petit libraire. Elle retombait progressivement dans ses vieux travers, c'est pourquoi elle se retrouvait là cette nuit, seule sur ce terrain d'entraînement, avec, pour la première fois depuis de longues années, un scalpel entre le creux de chaque main. Elle se tenait face à des piliers de bois sur lesquels des enfants avaient grossièrement dessiné l'anatomie d'un homme, en insistant de trop sur ses parties intimes. Elle pouvait s'imaginer leurs rires puérils en le faisant.

Grâce au travail de ces gosses, elle pouvait visualiser une cible et, quand bien même il ne s'agissait que d'un dessin fait à la hâte, elle ne pouvait s'empêcher de repérer les potentiels points vitaux de cet homme imaginaire. En observant le bois, elle savait où frapper pour le faire céder, avec quelle inclinaison et à quelle vitesse. C'était là que reposait son savoir-faire, dans sa précision chirurgicale.

Par pudeur ou peut-être par appréhension, elle souhaitait prendre les choses lentement. Elle n'était pas venue ici pour apprendre à se battre où pour s'entraîner comme elle le faisait quand elle n'avait que vingt ans. Avant de combattre, elle l'avait appris de la mauvaise manière à de bien trop nombreuses reprises, il fallait déjà atteindre le corps-à-corps. C'était la zone où l'adversaire était en difficulté, où il avait beau essayer de fuir, le moindre mouvement – presque félin – effectué par l'assaillante écrasait ses plus maigres espoirs. Ce n'était pas toujours simple d'y parvenir. C'était en réalité une entreprise très dangereuse si effectuée bêtement. Bien sûr, ce simple homme de bois ne pourrait pas l'attaquer, il lui faudra pourtant se comporter comme si c'était le cas : esquivant le moindre projectile et, surtout, se déplaçant en un éclair.

Elle se souvenait d'un de ses proches, à l'époque des conflits claniques, qui avait cette technique très spéciale pour augmenter sa vitesse. Il se servait de la force créée par sa rotation et ainsi de la puissance conférée par chaque appui pour s'approcher de l'adversaire en ce qui semblait être une tornade. Ce n'était certainement pas une technique furtive mais, si elle parvenait à coupler à cela l'utilisation de ses scalpels, elle pourrait même peut-être en tirer un usage supplémentaire. Elle espérait que cela lui permettrait de dissuader l'ennemi de l'attaquer pendant sa course endiablée.


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Technique :

L'ancienne allait alors commencer l'entraînement par l'étape qui représentait le fondement même de la technique : tournoyer, pour accélérer. Rapide, ça elle l'était. Mais elle pouvait l'être encore plus. Ne sachant pas réellement comment s'y prendre pour pratiquer, elle se contentait au commencement par sauter d'un pied à l'autre à un angle d'environ 120 degrés, permettant à la fois de tournoyer mais également de se rapprocher. Après quelques minutes à répéter ce mouvement insensé, elle n'avait gagné qu'une immonde envie de rendre son dîner et un début d'ampoule aux pieds.

Elle décida alors de changer de stratégie. Insufflant du chakra dans la plante de ses pieds, elle parvenait à faire des impulsions impressionnantes, parcourant les quelques trente mètres qui la séparaient de ses cibles en à peine trois secondes. Elle souhaitait toutefois au moins réduire ce temps de moitié. Après chaque impulsion, lorsqu'elle retombait sur son pied droit, elle tournait celui-ci radicalement pour faire un tour sur elle-même avant de donner l'impulsion suivante. Si elle eut d'abord l'impression – compréhensible – qu'une telle action était en fait en train de la ralentir, elle compris, une fois avoir pris le coup de main, qu'en faisait ça à chaque fois elle gagnait en fait de précieuses fractions de secondes. Lorsqu'elle tournait sur elle-même, elle projetait par la même occasion son buste vers l'avant ce qui, ajouté à la force créée par le virage si elle effectuait sa nouvelle impulsion au bon moment, lui faisait gagner de la vitesse en lui donnant de l'élan.

C'était une heureuse découverte, elle avait percé le mystère de la technique. Il lui fallait maintenant appliquer la même règle en réduisant l'intervalle entre les impulsions. Si elle réussissait à maintenir la même chose mais à plus petite échelle et donc avec un plus grand nombre d'impulsions, elle pourrait réellement engendrer une rotation qui la pousserait en avant presque malgré elle. Alors seulement elle serait capable de déclencher cette fameuse tornade qui la mènerait jusqu'à sa cible et alors seulement elle pourrait lui trancher la gorge.

C'est donc ce qu'elle chercha à faire, ne s'accordant pas la moindre pause. C'était sa rigueur qui l'avait toujours poussée en avant, rigueur qui se transmettait de générations en générations dans le clan des médecins. C'est bien la seule chose qui changera jamais, pensa-t-elle, amère face aux changements récents orchestrés par l'auto-proclamée élite Omura.

Elle répéta les mêmes mouvements dans ce qui lui semblait être une course sans fin. Elle sentait ses intestins tourner et son cœur bondir à chacune de ses impulsions. Elle dût s'empêcher de déglutir plusieurs fois, mais il semblait y avoir du progrès. Elle devenait plus agile, calculant avec précision le moment parfait pour donner une nouvelle impulsion, l'angle de ses jambes lorsqu'elle fléchissait les genoux, la direction dans laquelle elle devait tourner sa taille et même la position de ses bras pour apporter un meilleur équilibre.

Petit à petit, elle parvenait à réduire l'intervalle de temps entre ses bonds et à augmenter sa vitesse. Elle s'habituait même à l'idée de tournoyer et, s'il était évident qu'elle ne pourrait jamais tenir cela sur une longue distance, la technique avait ses avantages. Elle était impressionnante mais pourtant simple et efficace. Après deux ou trois bonnes heures à bondir de partout – elle-même commençait à perdre la notion du temps – l'image de la tornade commençait à se concrétiser. En l'observant, on aurait dit un tourbillon inarrêtable jusqu'à ce qu'elle n'atteigne sa cible, à la condition que celle-ci se trouve dans une trajectoire relativement rectiligne.

Maintenant qu'elle sentait avoir toutes les cartes en main, elle continua la répétition des mouvements en prenant plus de soin à maintenir une direction stable. Elle se savait engourdie mais ne sentait plus la douleur dans ses pieds. Ses chevilles étaient à deux doigts de lâcher et pourtant cette danse rythmée lui devenait graduellement plus naturelle. Elle ne voyait même plus le monde bouger autour d'elle. Ses yeux étaient uniquement rivés sur sa cible et son cerveau suivaient ses pas qui semblaient maintenant dessiner une mélodie apaisante. Ce qui était il y a trois heures de cela un énorme effort était maintenant une évidence.

Fière de ce constat, elle arrêta la séance pour la nuit. On l'attendait à l'hôpital demain matin. Elle reviendrait le soir pour s'entraîner avec ses armes.


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Technique :

Elle ne l'avait pas réalisé, mais sa frénésie de la veille lui avait laissé de terribles contusions sur les pieds. Gonflés et colorés, ils ressemblaient maintenant bien plus à des sabots. Elle sentait qu'elle avait beaucoup trop forcé sur ses pointes et elle ressentait la douleur à chacun de ses pas. Ce n'était toutefois pas suffisant pour mettre une femme telle que l'ancienne à terre. Elle passa alors la journée comme si de rien était, contenant difficilement sa douleur en public pour ne montrer aucun signe de faiblesse.

Quand le soir arriva, elle dût admettre qu'elle n'était pas en état de remettre ça tout de suite. Le lendemain, rebelote. Elle profita de ces deux nuits de sommeil pour mettre ses pieds et chevilles au repos et, le troisième soir, elle ne sentait plus qu'un léger picotement entre les orteils. Elle était à nouveau opérationnelle et ne comptait pas gâcher une journée de plus avant de mettre au point cette technique qui aurait pourtant due être d'une facilité déconcertante pour une femme de son expérience. C'est dans ces moments-là qu'elle se rendait compte qu'elle avait vieilli malgré elle et que, même si elle vivait dans un – des – corps jeunes, l'opération ne lui avait pas rendu toutes ses facultés. Si seulement elle pouvait mettre au point cette technique qui lui accorderait la vie éternelle sans le moindre contrecoup physique…
Le temps lui était compté et, si elle avait abandonné cette quête au cours des dix dernières années, elle sentait au fond d'elle qu'elle y arriverait. Elle ne le ferait peut-être pas toute seule mais, lorsqu'elle aura réuni suffisamment d'alliés, la voie du progressisme ne paraîtra plus comme une infamie auprès des villageois et des autres Omura. Elle avait soif de puissance et de progrès.

Sur le terrain d'entraînement, ses scalpels bien en mains, la Sorcière affichait un sourire carnassier à cette perspective. La route était très longue, mais plus elle gagnait en puissance et en influence, plus elle se rapprochait de son objectif qu'elle ne parvenait pas encore à s'avouer, bien qu'il était là inconsciemment.

Elle effectua quelques fois le même exercice que précédemment pour voir si son corps s'était habitué à cette technique. Sans surprise à ses yeux, ce fut le cas. Elle était maintenant en mesure de passer à la seconde partie de l'objectif. Le mouvement de ses jambes étant devenu presque naturel, lui conférant une accélération impressionnante, elle n'avait plus qu'à se concentrer sur la coordination des bras. Il était difficile de s'entraîner au renvoi de projectiles face à une cible immobile et inoffensive, mais quand elle réussirait à obtenir une totale liberté dans les mouvements du haut de son corps sans entraver ceux de ses jambes, c'est qu'elle aurait réussi.

Elle essaya. Pour sa première tentative, elle oublia totalement le mouvement de ses jambes pour se concentrer sur ses bras. Ce fut un échec cuisant. L'ancêtre mis un temps fou à rejoindre sa cible et ce, pour quelques mouvements de bras fébriles qui ne suffiraient même pas à effrayer un élève de l'académie. Au vu de l'estime qu'elle avait pour la jeunesse du village caché du tourbillon, cela exprimait toute l'ampleur de sa déception.

Elle recommença, encore et encore, pour un succès de moins en moins médiocre, mais toujours largement insuffisant. Elle ne comprenait pas comment elle, une femme qui excellait dans la maîtrise du chakra – discipline impliquant pourtant une énorme concentration – ne parvenait pas à coordonner parfaitement ses bras et ses jambes. Après une bonne demi-heure d'échecs, elle se rendit compte que c'était lorsqu'elle avait une chute de concentration qu'elle obtenait les meilleurs résultats. Voulant trop bien faire, elle ne parvenait pas à lâcher prise et écouter les mouvements de son corps, alors que c'était pourtant ce qu'il fallait faire.
Elle s'allongea quelques minutes et but de l'eau pour se ressourcer. Ce n'était pas son genre de perdre patience – ou en tout cas pas contre elle-même – et savait qu'elle finirait par y arriver. Elle avait juste besoin d'un petit moment de calme pour analyser la situation et comprendre ce qu'elle devait changer.

Elle comprit d'abord qu'elle devait faire confiance à son instinct, mais pas uniquement pour ses jambes comme elle le pensait avant. Elle avait également l'habitude de repousser des projectiles avec des kunais. La tâche était légèrement difficile avec des scalpels puisqu'il fallait prendre en compte la petite taille de ces objets ainsi que leur plus faible solidité mais, grâce à la vitesse que lui conférait sa course, elle compenserait largement ce défaut au niveau de la masse.

Ayant soufflé un bon coup, elle recommença. Calmement, prenant de plus longues pauses entre chaque tentative, elle sentait ses efforts payer. Elle progressait. Elle s'arrêtait toutes les cinq ou dix minutes le temps de reprendre son souffle et de s'allonger. A force de tournoyer, elle voyait les étoiles en double voire en triple, ce qui était étonnamment beau aux yeux d'une femme aussi rationnelle.

Enfin, elle semblait aboutir quelque part. En fermant les yeux, elle parvenait maintenant à atteindre sa cible en un laps de temps raccourcit. Ses bras bougeaient de plus en plus librement et elle sentait qu'elle pourrait parer à un danger s'il se présentait sous la forme d'une arme blanche. Parfait, c'était là l'objectif qu'elle s'était fixée. Elle continua ainsi encore une bonne heure, perfectionnant à chaque tentative sa technique, jusqu'à ce qu'elle n'estime ne plus pouvoir s'améliorer.

Elle rentra alors dans ses appartements, les chaussures en miettes et les pieds en sang, mais confiante face à l'avenir qui se traçait devant elle.


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