[MISSION C] Suna Asylum

" Quand on a pas les bras, on a la tête. " Mon vieux adorait répéter cette rengaine pour me faire comprendre que si je ne possédais pas de force brute, je devais juste me montrer plus maline que les autres. C'était bien joli quand on était gosse, mais aujourd'hui, je trouvais ça frustrant de pas posséder les deux... à défaut de ne posséder aucune de ses qualités. Mais soyons clair, ce n'était pas parce que j'avais conscience que je ne serais jamais le génie de notre siècle que j'étais complètement stupide. Et ce n'était pas parce que je ne avais pas les biceps les plus saillants que je ne pouvais pas infliger une bonne tarte dans la tronche. D'ailleurs, si ma présence était requise dans notre belle prison de Suna, ce n'était pas pour que j'y fis de la figuration mais que je mis la main sur un de mes compadre qui avait décidé de tenter de prendre la poudre d'escampette plutôt que d'assumer ces conneries.

Après avoir reçu mon rouleau de mission pour officialiser les choses, je m'étais directement pointée devant les grandes geôles et je pouvais vous dire que même de l'extérieur, on entendait un boucan d'enfer. On discernait des beuglements haineux, parfois des cris qui ressemblaient à des signes de victoires avant de s'enchaîner par des gars qui conspuaient sur d'autres.  On ne m'avait pas fourni tous les détails mais je savais qu'un Shirogane était impliqué et je voulais pas que cet idiot souillât trop longtemps notre nom. Alors me voilà, moi la grande Zoa avec ma grosse épée. J'avais fait le choix volontaire de pas emmener ma marionnette pour paraître moins visible, bien que le katana que j’arborais à ma ceinture et mon absence d'uniforme trahirait facilement que j'étais pas une prisonnière.

Je fus accueillie par un policier en nage et dès qu'il me vit, il parut subitement soulager et ne manqua pas de me le faire savoir. Visiblement, ça partait véritablement en sucette là-dedans et il referma rapidement derrière moi. A peine avais-je foutu les pieds que les hurlements des émeutiers me paraissaient plus intenses et je pus même entrapercevoir d'autres flics courir dans tous les sens à l'autre bout du couloir qui se déroulait devant moi qui me séparait de ses messieurs par un nombre incalculable de grilles.

" Ha! Enfin! On commençait à désespérer! C'est de la folie ici! On a du mal à contenir tout le monde. "

J'arquais un sourcil parce que d'un point de vue technique, cela ne me concernait pas. Chacun son boulot.

" Infos.... Koobi. "

Flemme de sortir mon calepin. Je parlerais comme une sauvage même si ça me faisait un mal de chien.

" Oh! Oui! C'est à cause de lui tout ce souk! On a pas réussi à le retrouver et on est trop débordé avec les autres détenus. Tenez, il ressemble à ça. "

A ces mots, il me sortit une photographie du type d'un dossier qu'il tenait sous le bras.


Pas dégueu mais pas mon genre. En attendant, ce petit malin nous foutait bien dans la merde mais apparemment, il n'avait pas été trop stupide pour libérer des shinobis plus expérimentés que lui, ni même de gros barges. Par contre, ce qui m'étonnait le plus était qu'il avait réussi à quitter l'étage de la prison réservé aux shinobis pour se rendre à celui des prisonniers lambdas. Sur le principe, je comprenais sa stratégie. Il prenait pas le risque de se mettre en danger parce qu'il était pas puissant mais créait une diversion assez conséquente pour que la sécurité soit moindre. Par contre, je m'étonnais qu'il eut penser que personne n'allait intervenir pour le stopper.

Là, j'agitais la photo devant le nez du gardien pour dire que je la conservais avant de la ranger dans mon veston. Je lui fis rapidement signe pour me faire entrer. Il était peu probable qu'il eut déjà réussi à s'échapper et je devais me placer dans sa tête pour savoir à quoi il pensait. Encore une histoire de galérien. Du coup, si j'étais dans sa position, la première chose que je chercherais serait éventuellement de mettre la main sur des armes ou quoique se soit qui puisse y ressembler. Alors que je me tenais aux côtés du gardien, je lui fis un signe pour l'interpeler.

" Armes... dans prison? "

Il me regarda avec un air étonné.

" On a du matériel de matons comme des menottes et quelques matraques. Rien de sophistiqué, si ce n'est ce que l'on porte sur nous. On ne laisse rien traîner. Après... je surveille pas mes collègues mais je sais que certains ramènent des trucs qu'ils cachent dans leurs vestiaires. "

Super.

" Vestiaire. "

Cela sonnait comme un ordre et peut-être que cela en était un. En tout cas, mon regard lui laissait comprendre qu'il devait m'y emmener ou à défaut m'indiquer le chemin, bien que honnêtement, vue les perles de sueur qu'il y avait sur son front, j'étais pas certaine que c'était dans ces projets de base. Si mon instinct pensait vrai, la plupart des gardiens avaient dû déserter la zone pour s'occuper de l'émeute, ce qui lui laissait le champ libre pour farfouiller et se servir. Si tel était le cas, j'allais sans doute devoir taper du Shirogane.

Finalement le gardien paraissait avoir retrouver un semblant de courage car jusqu'au dernier moment, j'étais persuadée qu'il allait se débiner pour me laisser trouver ma route seule dans le dédale de cette taule moisie. Mais en réfléchissant, je me disais qu'il avait sans doute penser qu'il serait plus tranquille et à l'abri en ma compagnie qu'avec ses potes qui s'en prenaient plein la tronche par les détenus. Je n'en avais rien à cirer tant que je parvenais à mon but et qu'il traînait pas dans mes pattes.

Il ouvrit donc la première grille, bien qu'il galéra pas mal pour trouver la bonne clef sur son trousseau. Ses mains paraissaient moites et je ne pus m'empêcher de faire une grimace un peu dégoutée. Une fois passée, je le suivais d'un pas nonchalant avec, déjà, la furieuse envie de ma grille une. Fallait dire que j'étais complètement addict de la nicotine, et j'avais l'impression que c'était pire ces temps-ci. Peut-être que c'était aussi le stress inconscient de devoir choper un type de mon clan? Naaaaaaan. Je n'en avais rien à faire. Cela me faisait un peu chier, certes, mais uniquement pour le principe.

En attendant, je pus m'empêcher de reluquer les lieux. C'était vraiment naze de chez naze mais fallait pas s'attendre à venir dans un hôtel après tout. Et dire que je pourrais me retrouver à pourrir ici s'il ne m'avait pas cru amnésique. La grosse merde. Je me serais sans doute pendue à un barreau. On passa une nouvelle grille, puis encore une autre. Au bout du couloir, je pouvais entendre la gueulante que poussait les détenus plus clairement qu'à l'entrée. C'était vraiment une sacrée chienlit. Combien de bonhommes Koobi avait réussi à libérer? Je tapota sur l'épaule de mon guide qui sursauta. Il était tendu le mec.

" Prisonnier... combien? "

Il se gratta la tête avant de reprendre la marche.

" Ouf... euh... apparemment une dizaine. Mais ils ne sont pas les plus amicaux. Pas les plus dangereux non plus mais... difficile à contenir. "

Il tourna sur la gauche au détour d'un nouveau couloir. Il y avait des portes un peu partout. Pour moi, elle se ressemblait un peu toute. Mais il finit par me désigner de son doigt boudiné et en sueur que les vestiaires se trouvaient être l'avant derrière porte sur ma droite. J'arquais un nouveau sourcil.

" Je... je vais vous attendre là. Je... je ne voudrais pas vous gêner. "

Mais bien sûr mon cochon. Je le regardais d'un œil blasé en secouant la tête négativement avant de tracer mon chemin. Comment un type aussi flippé pouvait bosser dans une prison? Noter que si je l'avais pas indiqué, je marchais discrètement pour tendre l'oreille au moindre bruit suspect. Et vous savez quoi? Plus je me rapprochais, plus j'entendais quelqu'un farfouiller. Et dire que je pensais le type intelligent... Non pas que j'aimais pas avoir raison, mais là... Je sortis lentement mon katana et j'espérais la jouer à l'intimidation. La porte des vestiaires était entrouverte. Je me postais devant, sagement, avant de me faire craquer le cou et donner un violent coup de pied pour le prendre par surprise.

Là, je vis mon bonhomme sursauter d'un coup. Il tenait dans les mains une matraque et des menottes dans l'autre. Si je devais décrire sa tronche, je dirais qu'il donnait l'impression d'avoir été pris en flagrant délit d'adultère. C'était comique... puis sa tronche changea pour afficher de la colère.

" Une putain de shinobi? Les enfoirés. "

Je haussais les épaules comme pour lui signifier un "désolé mon gars, ton plan était trop foireux de toutes manières".

" Rend-toi. "

Il fit une grimace plus dédaigneuse.

" Ouais c'est ça... et puis quoi encore? "

Là, je pointais mon katana dans sa direction pour lui faire comprendre que je rigolais pas et c'était pas son jouet de gardien qui allait m'arrêter. Sauf que dans mon plan j'avais oublié une bricole. Il portait plus ses menottes à lui l'enfoiré et il pouvait utiliser ses mudras. A peine allais-je foncer sur lui qu'il me balança un éclair de raiton. Je sentis la décharge m'envahir désagréablement et m'engourdit les membres. J'allais répliquer mais il profita de ce petit instant de faiblesse pour me pousser violemment contre le mur et s'échapper comme un lapin. J'espérais que le gardien qui m'attendait dans le couloir allait faire un truc mais que dalle! Le morveux s'écrasa contre le mur en fermant les yeux. Mais quel nul!

Reprenant mes esprits, je me mis à le courser comme une dératée, et non sans pester. Je détestais les éclairs. Trop de bruit. Trop lumineux. Trop chiant quoi. Heureusement pour moi, dans une prison, il n'y avait pas cinquante chemins et il se dirigea vers la zone d'émeute ( les cris devenaient de plus en plus forts). C'était bien ma vaine ça. Il pouvait pas se tenir tranquille? Pfff... le jour où ma bonne étoile se mettrait enfin à briller, je rentrerais peut-être dans le rang ou j'épouserais le premier con venu qui oserait me poser la question. La blague. Alors que je pensais avoir réussi à le rattraper, je me retrouvais dans une immense salle. Sans doute la cantine parce que c'était le bordel et il y avait des mecs qui gesticulaient sur des tables alors que des policiers essayaient de les faire descendre. A la place, ils se mangeaient des coups dans la tronche. Pour les autres... ils se bagarraient et mon type, il était planqué dans ce foutoir. Super.

Je me serais crue dans une bagarre d'ivrognes dans un bar, pas une prison. C'était un véritable foutoir et tout ça, c'était causé par un seul pauvre mec. Quel merdier. M'enfin, c'était pour moi l'occasion de me dérouiller un peu et montrer au grand ponte que je pouvais gérer ce genre de truc... et même s'il s'agissait d'un mec de mon clan. En plus, il m'avait donné carte blanche et j'étais certaine que c'était pas totalement innocent. Si c'était un défi, pas de problème. J'allais faire du bon boulot pour éblouir tes jolies petits yeux, Blondinet-sama.

Bon. De ce que je savais, cet idiot de Koobi n'avait libéré que des prisonniers lambdas. Cela signifiait qu'aucun de ses pignoufs ne devaient manier les arts shinobis. Du coup, pour me nettoyer le chemin, ça me donnait une idée mais ça risquait de piquer un peu, même pour les flics présents. Mais moi, ma priorité, c'était pas l'autorité, c'était le prisonnier. On m'en voudrait pas si j'utilisais une méthode un peu forte, non? Je laissais pousser un soupir et je ramenais mes mains vers moi. Je concentrais mon chakra avant d'expulser une violente bourrasque de vent. Il n'y avait pas à dire, la technique du Reppusho avait son petit charme. Bon, vous allez demander à quoi cela pourrait bien servir à part foutre plus de bordel? La manoeuvre était simple pourtant, même pour un genin. Si parmi la foule il y avait un shinobi, il serait le seul à être capable de rester debout... enfin... si c'était pas un gros naze.

Alors que je soufflais de tous mes petits poumons, je vis les idiots qui étaient sur les tables se faire renverser en deux deux. Les flics, eux, tentaient de maintenir leur casquette sur le crâne mais finirent quand même par se casser la binette. Et là, O miracle, par la sainte foi d'Ichibi, j'avais mon bonhomme qui s'était accroché comme j'avais pu l'espérer, le seul mec capable de s'implanter dans le sol avec un peu de chakra. Tu parlais d'un génie. Et pour la première fois, je poussais un peu plus sur mes cordes vocales pour tenter de brailler quelque chose d'audible en pointant à nouveau mon katana dans sa direction.

" Hey! Du con! "

Je vis sa trogne changer de couleur quand il me vit, et tenta une nouvelle fois un petit coup d'éclair que j'esquivais. Il allait pas m'y prendre deux fois le connard. Je l'entendis une nouvelle fois pester alors que les autres prisonniers commençaient à se relever. Fallait que je me grouillasse. Comme j'avais les boules, j'allais utiliser les grands moyens. Pointant mes yeux sévères dans sa direction, il comprit que cela allait chauffer pour lui et tenta une nouvelle fois de m'échapper. Pas cette fois mon gars. Je pris une gande inspiration avant de prendre une grande accélération pour foncer sur lui. Là, mon katana en main, je lui portais un coup d'épée.

" Yôjimbo. "

Je l'entendis brailler de douleur alors qu'il s'effondra, lâchant les affaires qu'il avait emporté du vestiaire, pour porter une main sur ses flancs.

" Putain! Saloperie! "

Je te le fais pas dire. Là, alors qu'il était à genoux sur le sol, je lui donnai un grand coup de pied dans le bide pour qu'il tomba en arrière et sur le dos. Il se plia en deux alors que je ramassais les menottes. Quant à mon katana, je le tenais toujours en main et coupa en deux la matraque, juste pour la rendre inutilisable. Je m'approchais de ma cible, avant de tenir mon épée dans la bouche par le manche. Je m'assis à califourchon sur ce dernier qui brailla de nouveau et lui passa les liens au-dessus de la tête, lui retirant tout moyen de gérer sa douleur. Sans scrupule, je restais assise sur lui et reprit mon arme en le regardant avec un air sévère.

" Chienne! "

Il se tourna vers moi pour me cracher à la figure. C'était de bonne guerre. Je ne pris pas la peine de m'essuyer immédiatement le visage mais je commençais à refermer mes cuisses sur lui pour appuyer sur sa blessure. Il lâcha un hurlement qui aurait pu faire trembler des vitraux.

" Mauvais garçon. "

" Je t'emmerde! "

Ok. Je me saisis de mon lame et lui planta dans l'une de ses mains. Il hurla à nouveau comme un cochon qu'on égorgeait.

" HAaaaaaaaaaa!! Ok!!!! Ok!!!! Je vous en supplie arrêter!!!! Je... je veux pas crever! Je me tiendrais à carreau! Haaaaaaaaaa! "

Mieux. Je retirais à nouveau mon katana avant de prendre le temps d'essuyer la lame sur ses fringues et de le ranger à nouveau dans son fourreau. Il cria à nouveau de douleur alors que je le toisais avec, je devais le dire, une certaine forme de dédain. Et dire que c'était un Shirogane. Quelle honte. Je finis par me relever et une fois debout, je lui crachais dessus à mon tour. C'était le retour de bâton. Je le choppais après par les menottes et je commençais à le traîner par terre.

Mais là, je me rendis compte que j'entendais plus gueuler dans la salle. Tout le monde me regardait avec un air bizarre. Quoi? Ils avaient jamais vu de shinobi en action? Ils avaient cru quoi les mecs, qu'on agissait comme des saints? Je passais devant un prisonnier qui me regarda avec des yeux de merlan frit alors que je trainais mon prisonnier qui continuait à brailler. Mes yeux se posèrent sur lui, je le jaugeais de haut en bas avant de le tirer par sa chemise. Je la lui relevais légèrement et m'essuya le visage avant de reprendre mon chemin. Il bougea pas d'un cil et il faisait bien. Pas sûr que je lui réservasse un aussi bon sort que celui que je trainais.

En tout cas, les flics profitèrent de cette interlude pour chopper tout le monde alors que moi je me dirigeais vers mon guide qui avait enfin décidé de se bouger. Là, je lui déposais gentiment Koobi devant les pieds.

" Travail.... fini.... "

Vu le regard que je lui lançais, il comprit qu'il avait pas à moufeter. Il avait fait de la merde en se montrant incompétent. A charge maintenant de reprendre un peu de dignité en le remettant dans sa cellule. Je repris donc le chemin de la sortie, avec ce même élan nonchalant qui m'y avait amené. Une fois dehors, j'allais pouvoir m'en rouler une. Ma récompense pour un travail accompli.