La Cité d'Émeraude était l'une des plus grandes villes de la région des Montagne Rocheuses. Avec le commerce florissant des pierres précieuses et des métaux rares, elle avait vu sa population tripler en deux générations, attirant les commerçants aisés, les paysans venus chercher une meilleure paye au fond des mines, et les bandits des alentours.
Les allées principales de la ville étaient parfaitement entretenues et les façades avaient ce quelque chose de grandiloquent qui illustrait parfaitement le statut de “nouveau riche” de la cité.
Le quartier des mineurs, lui, n’avait pas grand-chose à voir avec le reste. Situé à la lisière nord, sur le flanc de la montagne principale qui dominait les environs, il était majoritairement composé de maisons de fortune fabriquées avec des pierres et de la boue. Les chemins peu praticables et parsemés de pierres sentaient l’urine et les latrines consistaient en de simples trous çà et là entre les habitations.
Très peu fréquenté par la haute sphère qui vivait paradoxalement en contrebas, “la colline aux mille yeux”, comme l’appelaient les bourgeois d’un air apeuré, était aussi le quartier général de la majorité des voyous de la ville.
La plupart s'adonnaient au vol de convoi de pierres précieuses ou à des petits larcins sans grande importance pour l’Uzujin qui n’était pas là pour faire la police, lui qui ne portait que très peu d’estime pour les gardes Miyamoto de son propre village.
Selon les informations qu’il avait réussi à glaner en quelques jours, l’un des gros-bras de la cité était en convalescence chez une guérisseuse, sur la colline aux mille yeux. Le pauvre bougre, pourtant considéré comme un des hommes les plus forts des environs avait été vraisemblablement battu par une étrangère d’une taille comparable à la sienne. Le combat entre ces deux forces de la nature avait littéralement détruit l’intérieur d’une auberge, au grand dam de son propriétaire qui n’hésitait pas à raconter cette altercation à tous les nouveaux clients pour justifier l’état de son commerce. Si la piste était fine, c’était bien la seule qu’il avait. Il se devait donc d’aller interroger ce truand.
La maison de la guérisseuse ne semblait pas plus solide que les autres. D’une taille légèrement supérieure, elle se distinguait surtout par le parterre de plantes et de fleurs qui l’entouraient. Si la terre ne semblait pas fertile et peu abondante dans cette région montagneuse, le purin produit par les animaux comme les hommes produisaient les conditions nécessaires pour cultiver ces plantes médicinales.
Ainsi décorée, la maison semblait plus chaleureuse, malgré l’odeur insupportable qui grandissait à mesure que Sanada s’approchait de la porte. Il alluma sa pipe à herbes pour masquer l’odeur qui lui piquait les narines et frappa trois fois à la porte.
Quelques secondes plus tard, une minuscule femme se présenta devant lui..
- J’ai quelques questions à poser à Toru-san. Dit Sanada en s’inclinant légèrement. Je ne serais pas long.
D’un geste ferme, il poussa la porte, ne laissant que peu de choix à la guérisseuse.
- La colline aux mille yeux à des règles. Pas de règlement de compte chez moi. Même les étrangers devraient le savoir !- Et bien, maintenant, je le sais. Dit Sanada en ouvrant les portes du couloir principal une à une.
Dans la première, une femme enceinte gémissait. Elle croisa une seconde le regard de Sanada qui se détourna immédiatement. Dans la seconde, le shinobi aperçut des enfants fiévreux qui dormaient profondément. La troisième, elle, semblait remplie de mineurs qui avaient eu un accident. À en juger par les membres écrasés et cassés, ils avaient probablement été victimes d’un éboulement. C’est au fond que Sanada trouva Toru. D’une taille admirable, le géant était allongé sur un tas de paille, les futons de la guérisseuse étant sans doute trop petits pour sa corpulence exceptionnelle.
L’homme d’une cinquantaine d'années tourna la tête et regarda Sanada de haut en bas d’un air mauvais.
- Qu'est-ce que tu me veux sac à merde ?Sanada referma la porte doucement et posa sa besace.
- Réponds petit con !- Kanashibari. chuchota Sanada dans un souffle après avoir composé des mudras.
Le géant se figea instantanément, ne laissant que la peur altérer son visage paralysé.
Sanada vida sa pipe à herbes, puis la remplit avec soin des fleurs qu’il avait apportées d’Uzushiogakure. Enfin, il alluma son briquet d’amadou et enflamma la substance psychotrope, avant de s’asseoir à côté de Toru.
Il prit quelques taffes en inspirant longuement, brisant le silence artificiel qu’il venait de créer avec une technique de ninjutsu.
Puis, soudain, avec une force et une vitesse qui juraient avec son comportement initial, il attrapa le chiffon qui servait à éponger la sueur du blessé et l'enfonça violemment dans la bouche du malheureux.
- Bonjour Toru. Dit Sanada en regardant le blessé pour la première fois dans les yeux.
Tu sais pourquoi je suis ici. Je n’aurais donc que deux questions…Toru eut plusieurs haut-le-cœur alors qu’il respirait de plus en plus fort par le nez. Imperturbable, Sanada continua son monologue d’une voix calme et posée.
- ..Où est son corps ? Où est son arme ?D’un geste presque tendre, Sanada caressa la joue de Toru, avant de lui arracher le bout de tissu de la bouche. D’un mudra, il annula sa propre technique et attendit une réponse.
- Je ne sais..- Mauvaise réponse. Dit simplement Sanada en enfonçant le tissu imbibé de sueur, cassant quelques dents au passage.
Cette nuit-là, les complaintes de Toru résonnèrent tout autour de la colline, glaçant d’effroi les adultes et traumatisant les plus petits, qui refusaient de se rendormir au rythme de cette mélodie de la souffrance. Heureusement, cela ne dura pas et le bruit du vent frappant la colline aux mille yeux reprit très vite l’ascendant.
Toru n'avait pas tenu très longtemps.
Sans doute grâce au reliquat de l'éducation martiale du soldat des Cinq, dont les techniques de torture héritées d’Omura Mifuyu, la légendaire Sorcière d'Uzushiogakure.
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Le soleil inondait la Cité d'Émeraude en ce matin. Comme chaque jour, Kei installait sa petite échoppe de pierre semi-précieuses. Les tables d’abord, puis la chaise sur laquelle elle passait le plus clair de son temps. Enfin, pour son confort comme celui des clients, elle dressait une toile pour se prémunir des rayons du soleil.
Une fois l'installation terminée, elle allait chercher un thé bien chaud pour elle et son voisin, Ashigaka Hiroto, avant de retourner attendre les premiers clients sur son stand.
La matinée touchait à sa fin, Kei s'apprêtait à prendre sa soupe miso dans la réserve quand le ciel s’assombrit soudainement.
La jeune femme se figea, regardant le bleu intense disparaître sous les nuages les plus noirs et les plus épais qu’elle n’avait jamais vus. Comme si la main de Jashin en personne s'abattait, l’ombre avala le quartier en quelques instants, jetant dans la pénombre les rues, les bâtiments, et les passants, devenus silhouettes sombres dans une nuit artificielle.
Alors que des éclats de stupeur et d'incompréhension jaillissaient de la pénombre, Kei cru apercevoir une silhouette marcher tranquillement vers son stand. Pendant une seconde, elle sentit son cœur s'arrêter. L’ombre se rapprochait. Maintenant que ses yeux s’étaient un peu habitués à la pénombre, elle distinguait un homme assez grand et fin, le visage caché derrière une capuche.
Les yeux écarquillés, elle pria en silence la protection des dieux qui l’écoutèrent.
L’ombre, en effet, venait de passer devant son échoppe pour pénétrer dans celle de son voisin, Ashigaka Hiroto.
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Le marchand ne mangeait plus depuis des jours. Devenu paranoïaque, il était persuadé qu’un membre de Long She le suivait en permanence, prêt à lui faire la peau quand il s’y attendait le moins. Alors, quand sa boutique déjà peu réceptive à la lumière fut plongée dans le noir en quelques secondes, Hiroto se précipita vers une lanterne. Ses mains étaient tellement tremblantes qu’il dut s’y reprendre à deux fois pour l’allumer.
Recroquevillé derrière son comptoir, il entendit la porte de sa boutique s'ouvrir et la clochette qui annonçait la venue d’un client résonner.
- Bonjour. Ou devrais-je dire, bonsoir ?La voix semblait calme, presque détachée de la situation extraordinaire que vivait tout le quartier.
- Qui êtes-vous ? Murmura Hiroto, la voix tremblante et le corps toujours recroquevillé dans un coin.
- Je cherche une personne. Il se fait appeler Isamu. Cette personne a volé un objet qui ne lui appartient pas.- Mais quel est le rapport avec moi ? Dit Hiroto en tremblant littéralement de la tête aux pieds.
- Il semble qu’il aime passer du temps ici, je me trompe ? Dit simplement Sanada.
- Je ne sais pas où il est, il a dû partir avec l’objet s'il a volé quelque chose !- Où ça ?- Mais je ne sais pas ! S’il vous plait, je peux vous payer. Dit Hiroto, à genoux.
- L’argent ne m’intéresse pas. Mais je suis certain que vous pourrez utiliser votre richesse pour acquérir les informations dont j’ai besoin. Dit Sanada calmement avant de s’éloigner.
Je repasserai demain.La nuit resta quelques instants après le tintement de la sonnette, mais elle disparut aussi vite qu’elle était apparue pour laisser le soleil embrasser de nouveau le quartier.
Presque ébloui par ce nouveau changement soudain de luminosité, Kei se précipita vers le magasin d’Hiroto. Celui-ci, blême, ne parla pas et insista pour rester seul un moment.
Quand il quitta sa boutique quelques minutes plus tard pour se précipiter vers le centre de la ville, elle avait un mauvais pressentiment et un goût amer dans la bouche.
- Technique:
Kurai Jikan
【Heures Sombres】
DOMAINE :
Ranton
RANG :
D
PORTÉE :
Grande
CHAMP D'ACTION :
Grand
DESCRIPTION :
L'utilisateur compose une série de mudra et lève les bras au ciel, convoquant une épaisse couche de nuages noirs qui recouvrent les cieux.
La luminosité équivaut alors à celle de la nuit, ce qui permet à l'utilisateur et à ses alliés de se dissimuler plus facilement.
Cette technique peut être maintenue en redépensant son coût en chakra, sans que cela compte comme une technique.
De plus, les nuages présent peuvent être transformés aisément en Nuages de Pluie ou Nuages d'Orage : le coût en chakra des techniques correspondante est réduit d'un rang. La transformation de ces nuages ramène une luminosité normale dans la zone.
CONSOMMATION DE CHAKRA :
Faible