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Boshi Kita [Feat Jin Wei]

Masamune Sanada
Masamune Sanada
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Boshi Kita [Feat Jin Wei] Lun 4 Sep - 21:56
Masamune Sanada
Boshi Kita


Disclaimer:

- Crève-moi fils de pute, je ne dirais jamais rien.
- Ah, te voilà moins bavarde d’un coup ?

En reniflant toutes les glaires qui trônaient dans ses poumons de fumeuse, Kazu cracha au visage de son bourreau au moment même où il enfonçait une lame imbibée d'excréments d’animaux dans son bas-ventre.


*********

Fuma Kazu avait toujours été une élève un peu perturbée. Elle n’aimait pas beaucoup la théorie et préférait de loin l’exercice physique. Il faut dire que, du haut de ses deux mètres, la colosse avait été gâtée par Dame Nature. Héritière d’une grande famille de forgerons au sein du clan, elle avait toujours joui d’un statut particulier, grâce à sa taille surhumaine et ses ancêtres. Elle avait ainsi passé une scolarité plutôt calme à l’académie d’Uzushiogakure, passant un à un les examens et les grades jusqu'à celui de Chunnin.

En récompense de ce titre, sa famille lui avait confié l’arme de la famille, un Fuma shuriken d’une taille encore plus impressionnante que les modèles standards du clan. Boshi Kita était une arme qu’on disait aussi presque aussi vieille que le légendaire d’artisans. Selon la légende, son poids était tel que seul un Fuma qui faisait trois fois la taille de cette arme pouvait la soulever. Kazu était de ces Fuma, et même la seule de cette taille. Naturellement, elle avait donc passé des années avec l’ancien propriétaire de l’arme afin d’en apprendre ses rouages et adapter les techniques Fuma à ce mastodonte.

Depuis, elle s’était forgée une solide réputation dans les hautes instances du village. Le pouvoir de destruction de Kazu était immense, et pour ne pas gâcher le portrait, elle possédait un esprit vif et perspicace. Sa seule grande faiblesse résidait dans son incapacité à rester silencieuse. Quelle que soit la situation, la jeune femme débitait un flot de paroles continue qui avait tendance à désorienter les alliés comme les ennemis, ce qui amoidirssait sa valeur en tant que ninja, nullement en tant que guerrière.

À cause de ce trait de personnalité assez handicapant pour un shinobi, la jeune femme était souvent envoyé dans des missions de destruction ou de défense. Mais les temps étaient différents et les autorités du village de Tourbillon semblaient envoyer la majorité de leurs troupes à travers le Sekai. Alors, quand la Ligue Somei frappa à la porte du Senkage pour demander une escouade pour enquêter sur des pertes significatives dans la région du Pic des Géants, le chef militaire n’avait plus beaucoup d'options pour porter main forte à des alliés aussi précieux qu’ils étaient nouveaux. Ne pouvant laisser cette requête en attente, il demanda une affectation immédiate, ce que le secrétaire chargé de la coordination des missions exécuta sans tarder.

À l’aide d’un jutsu Kudo de sa propre invention, il rédigea deux actes de missions à être livrés sans tarder. Le Premier s'adressait Fuma Kazu et l'invitait à rendre ses affaires de missions et à se présenter devant l’Atarashi au plus vite. Le second ordonnait à Masamune Sanada de ne pas escorter Dame Junko et Omura Hana vers Daifune avant d'avoir déposé Fuma Kazu au nord du territoire des Doigts de l’Océan.

Le shinobi affecté à la livraison des messages urgents salua brièvement le secrétaire avant de disparaître dans un shunshin.

À peine deux heures plus tard, Masamune Sanada et Fuma Kazu étaient tous deux sortis du port d’Uzushiogakure, avec pour cap l'extrémité nord de la région qui servait de frontière entre la mer du Sud et le Continent.

Pendant la majorité du trajet, Sanada se contenta d’écouter le monologue sans fin de la Fuma, n’osant trop la réprimander, au vu de sa carrure imposante qui aurait pu faire tanguer le monocoque à la moindre poussée de colère.

- Je pars pour le Pic des Géants, c’est la Ligue Somei qui m’envoie. Leurs intermédiaires disparaissent un peu trop ces derniers temps. Et, pour une raison qu’ils ignorent, les marchandises en provenance de cette région se font plus rares, et donc plus chères. Je suis certaine qu’une petite bande terrorise la région pour court-circuiter le commerce lucratif de la Ligue Somei. Je vais donc les annihiler jusqu’au dernier...

Sanada haussa les sourcils d’un air faussement intéressé, il n’avait qu'une hâte, rejoindre Dame Junko et Hana à Daifune. Les deux n’avaient pas la moitié du flot de paroles de la Fuma et rien que pour cela, cette mission valait le coup.

L’Atarashi atteint sa destination en début d'après-midi. Sanada aida la Fuma à débarquer avec plaisir. Le bateau aussi semblait soulagé, gagnant quelques centimètres de hauteur sans le poids de la Fuma et de son arme légendaire.

- J’imagine que c’est toi qui vas venir me rechercher. Dit-elle en plaçant non sans difficulté son arme dans le dos.

Sanada se contenta d’hausser les épaules avant de laisser son bateau faire demi-tour, dans un silence qui n’avait jamais paru aussi savoureux au soldat des Cinq.

**********

Sanada tentait d'appréhender toutes les conséquences des événements qu’il venait de vivre avec Junko et Hana quand il fut réveillé par un messager uzujin.

L’ordre de mission qu’il lui tendit était encore scellé, ce qui signifiait que c’était la sienne.

En quelques mots, il comprit. Fuma Kazu, la shinobi envoyée pour enquêter sur les pertes de la Ligue Somei dans la région du Pic des Géants ne rendait plus aucun rapport auprès des contacts locaux. Pire encore, selon les rumeurs, elle était déjà morte depuis longtemps.
Pour autant, une chunnin morte au combat ne méritait aucunement une mission de rapatriement, et l’ordre de mission parlait plutôt de son arme, Boshi Kita, l’étoile du Nord, l’une des armes légendaires du clan Fuma.

Renfermant le rouleau, Sanada se prépara et repartit sur son bateau, en direction du Pic des Géants. Il passa derrière l’île d’Uzushiogakure en direction du marais de Kobie. De là, il laissa son bateau, attrapa sa gourde d’eau et ses affaires de voyage pour longer la territoire de l’Empire Tetsu. Il traversa la vallée d’Inokizu avant d’enfin toucher au but, la cité d’émeraude, réputée pour ses pierres précieuses et son commerce florissant. Nul doute que si la rumeur de la vente d’une arme légendaire avait parcouru la région, elle était passée par ici.

Boshi Kita [Feat Jin Wei] Scq1
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Jin Wei
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Pic des Géants
Arrière-salle de l’auberge de la Grue Noire


En poussant la lourde porte, Wei ne savait à quoi s’attendre et se prépara au pire. Elle assistait rarement à ce genre de scènes. Bien qu’habituée à la vue du sang, Yu avait tendance à l’en préserver. Il était le Bâton Rouge, elle était le Maître de la Montagne ; deux rôles bien distincts. Pourtant, ce jour-là, elle n’avait pas le choix que d’être présente. L’enjeu était trop grand, le risque également.
Alors, après une profonde inspiration, la jeune femme s’engouffra dans l’ouverture et se glissa dans l’ombre d’un mur, sans un bruit. Au centre de la pièce faiblement éclairée par quelques torches, un homme se tenait, suspendu par les bras à un chevalet. Face à lui, Yu s’essuyait les mains avec un torchon délavé qu’il jetait finalement dans le seau à ses pieds.

« Qui d’autre est au courant ? » La voix du Zhao avait un timbre particulier ; grave, sérieux, professionnel. De tous les membres de Long She, il était peut-être le plus indiqué pour ce boulot. Il ne prenait aucun plaisir, il ne tirait aucune satisfaction malsaine de la souffrance des autres. Il avait une tâche difficile à accomplir et il faisait le nécessaire pour la mener à bien.
L’homme attaché ouvrit la bouche, mais il n’en sortit qu’un gargouillis infâme, mélange de sang, de salive et de vomi. Wei retint un haut-le-cœur ; lui-même eut l’air surpris de ce que son corps expectorait. Mais le pauvre ne semblait plus rien maîtriser. Epuisé, ses jambes pendaient sans le soutenir. De la bave rougeâtre s’écoulait continuellement de sa bouche. Et à en croire les taches violacées sur son corps, Yu lui avait brisé quelques côtes. Ce dernier reprit, patient : « Un nom. »

Quelques heures plus tard
Cité d’Emeraude


« Bonjour Hiroto… Comment tu vas ? »

Un échange de regards suffit. Wei lui sourit, il hésita une fraction de seconde avant de retourner la politesse. Le sourire de la jeune femme s’agrandit d’autant plus. Comme elle s’en doutait, il n’était pas content de la voir. Et il avait certainement raison, car si la demoiselle avait fait le déplacement du monastère jusqu’à la cité d’émeraude, cela signifiait qu’Isamu croupissait dans une salle d’interrogatoire, aux mains du Hung Kwan. « Très chère Shan Shu ! Quel bon vent vous amène ? » répliqua-t-il malgré tout plein d’entrain, dissimulant sa nervosité derrière un faux affairement. Quittant son comptoir, il s’empressa de tourner l’écriteau accroché à la porte de sa boutique et qui indiquait à présent « fermé », non sans jeter un regard inquiet vers l’extérieur. Est-ce que quelqu’un avait vu la rouquine entrer ?

Ashigaka Hiroto était un marchand réputé dans la cité. Il avait récemment fait fortune dans le minerai, profitant de la toute nouvelle influence de sa famille auprès de proches du Daimyo pour obtenir des contrats de distribution avantageux. Pour autant, il n’avait pas toujours connu une telle richesse ; sa toute petite boutique témoignait encore d’une époque difficile. Pourquoi ne pas avoir changé d’endroit ? Wei parcourut du regard les babioles qu’il exposait avant de répondre : « Pas grand-chose, à vrai dire. Je passais voir comment tu allais. Tu sais qu’on aime prendre soin de nos clients. Comment vont les affaires ? » Elle plongea son regard dans le sien. Elle savait pourquoi il conservait encore cet endroit miteux. Il déglutit. « Très bien, très bien. Merci… » Sans se dépêtrer de son sourire, la rouquine posa une main sur l’épaule du marchand. « Ça me fait plaisir de l’entendre, Hiroto, vraiment. Moi ça ne va pas fort, à vrai dire. Je crois que j’ai des troubles de la mémoire… Vois-tu, on m’a dit qu’il y avait une vente aux enchères bientôt, mais je n’ai pas souvenir qu’on t’ait livré… »

Elle le vit blêmir et se mettre à suer. Alors, elle fit pression avec sa main sur l’épaule du pauvre. « Je… Je suis désolé. » balbultia-t-il. « Isamu est venu me voir… Je savais pas. Je te le jure. Si j’avais su qu’il voulait vous doubler, j’aurais refusé. »
La jeune femme ne put s’empêcher de rire. Hiroto n’était pas méchant, il cédait trop facilement à la pression. Elle desserra son étreinte et lui flanqua une tape dans le dos. Elle voulait bien le croire. Après tout, c’était le genre d’Isamu de raconter des histoires. Il devait s’en mordre les doigts, à présent. Prenant ses aises, elle s’assit derrière le comptoir. « Malheureusement pour lui, il n’a pas fait que nous doubler… » Si ça n’avait été que ça, Wei ne lui en aurait pas voulu de se prendre une commission au passage. Mais ce connard s’était bien gardé de leur dire qu’une kunoichi d’Uzushio était impliquée cette fois. Quel merdier… Wei devait nettoyer derrière lui, et elle détestait ça. Enfin, aux yeux de ce pauvre Hiroto, tout ça n’était qu’une affaire d’argent, sûrement. Elle le considéra un moment, réfléchissant visiblement à son avenir, et il n’osa pas intervenir de peur d’aggraver la situation. Mais la Jin n’avait aucune intention de se débarrasser du pion qu’elle avait placé auprès du Daimyo. Et puis, ces fameuses ventes aux enchères étaient bien trop lucratives. Elle se releva finalement.

« Bon, arrange-moi une rencontre avec ton commissaire-priseur, je veux récupérer l’arme. Si quelqu’un d’autre vient te voir à ce sujet, je veux en être immédiatement informée. Je serai à l’auberge habituelle. » Ouvrant alors la porte de l’échoppe, elle fit un pas vers l’extérieur avant de se retourner. « Au fait, salue ton aîné pour moi. Ça fait longtemps que je ne l’ai pas vu… » Et sur ces derniers mots, elle s’engouffra dans la rue commerçante.


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Masamune Sanada
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Masamune Sanada
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La Cité d'Émeraude était l'une des plus grandes villes de la région des Montagne Rocheuses. Avec le commerce florissant des pierres précieuses et des métaux rares, elle avait vu sa population tripler en deux générations, attirant les commerçants aisés, les paysans venus chercher une meilleure paye au fond des mines, et les bandits des alentours.

Les allées principales de la ville étaient parfaitement entretenues et les façades avaient ce quelque chose de grandiloquent qui illustrait parfaitement le statut de “nouveau riche” de la cité.

Le quartier des mineurs, lui, n’avait pas grand-chose à voir avec le reste. Situé à la lisière nord, sur le flanc de la montagne principale qui dominait les environs, il était majoritairement composé de maisons de fortune fabriquées avec des pierres et de la boue. Les chemins peu praticables et parsemés de pierres sentaient l’urine et les latrines consistaient en de simples trous çà et là entre les habitations.

Très peu fréquenté par la haute sphère qui vivait paradoxalement en contrebas, “la colline aux mille yeux”, comme l’appelaient les bourgeois d’un air apeuré, était aussi le quartier général de la majorité des voyous de la ville.

La plupart s'adonnaient au vol de convoi de pierres précieuses ou à des petits larcins sans grande importance pour l’Uzujin qui n’était pas là pour faire la police, lui qui ne portait que très peu d’estime pour les gardes Miyamoto de son propre village.

Selon les informations qu’il avait réussi à glaner en quelques jours, l’un des gros-bras de la cité était en convalescence chez une guérisseuse, sur la colline aux mille yeux. Le pauvre bougre, pourtant considéré comme un des hommes les plus forts des environs avait été vraisemblablement battu par une étrangère d’une taille comparable à la sienne. Le combat entre ces deux forces de la nature avait littéralement détruit l’intérieur d’une auberge, au grand dam de son propriétaire qui n’hésitait pas à raconter cette altercation à tous les nouveaux clients pour justifier l’état de son commerce. Si la piste était fine, c’était bien la seule qu’il avait. Il se devait donc d’aller interroger ce truand.

La maison de la guérisseuse ne semblait pas plus solide que les autres. D’une taille légèrement supérieure, elle se distinguait surtout par le parterre de plantes et de fleurs qui l’entouraient. Si la terre ne semblait pas fertile et peu abondante dans cette région montagneuse, le purin produit par les animaux comme les hommes produisaient les conditions nécessaires pour cultiver ces plantes médicinales.

Ainsi décorée, la maison semblait plus chaleureuse, malgré l’odeur insupportable qui grandissait à mesure que Sanada s’approchait de la porte. Il alluma sa pipe à herbes pour masquer l’odeur qui lui piquait les narines et frappa trois fois à la porte.

Quelques secondes plus tard, une minuscule femme se présenta devant lui..

- J’ai quelques questions à poser à Toru-san. Dit Sanada en s’inclinant légèrement. Je ne serais pas long.

D’un geste ferme, il poussa la porte, ne laissant que peu de choix à la guérisseuse.

- La colline aux mille yeux à des règles. Pas de règlement de compte chez moi. Même les étrangers devraient le savoir !

- Et bien, maintenant, je le sais. Dit Sanada en ouvrant les portes du couloir principal une à une.

Dans la première, une femme enceinte gémissait. Elle croisa une seconde le regard de Sanada qui se détourna immédiatement. Dans la seconde, le shinobi aperçut des enfants fiévreux qui dormaient profondément. La troisième, elle, semblait remplie de mineurs qui avaient eu un accident. À en juger par les membres écrasés et cassés, ils avaient probablement été victimes d’un éboulement. C’est au fond que Sanada trouva Toru. D’une taille admirable, le géant était allongé sur un tas de paille, les futons de la guérisseuse étant sans doute trop petits pour sa corpulence exceptionnelle.

L’homme d’une cinquantaine d'années tourna la tête et regarda Sanada de haut en bas d’un air mauvais.

- Qu'est-ce que tu me veux sac à merde ?

Sanada referma la porte doucement et posa sa besace.

- Réponds petit con !

- Kanashibari. chuchota Sanada dans un souffle après avoir composé des mudras.

Le géant se figea instantanément, ne laissant que la peur altérer son visage paralysé.

Sanada vida sa pipe à herbes, puis la remplit avec soin des fleurs qu’il avait apportées d’Uzushiogakure. Enfin, il alluma son briquet d’amadou et enflamma la substance psychotrope, avant de s’asseoir à côté de Toru.

Il prit quelques taffes en inspirant longuement, brisant le silence artificiel qu’il venait de créer avec une technique de ninjutsu.

Puis, soudain, avec une force et une vitesse qui juraient avec son comportement initial, il attrapa le chiffon qui servait à éponger la sueur du blessé et l'enfonça violemment dans la bouche du malheureux.

- Bonjour Toru. Dit Sanada en regardant le blessé pour la première fois dans les yeux. Tu sais pourquoi je suis ici. Je n’aurais donc que deux questions…

Toru eut plusieurs haut-le-cœur alors qu’il respirait de plus en plus fort par le nez. Imperturbable, Sanada continua son monologue d’une voix calme et posée.

- ..Où est son corps ? Où est son arme ?

D’un geste presque tendre, Sanada caressa la joue de Toru, avant de lui arracher le bout de tissu de la bouche. D’un mudra, il annula sa propre technique et attendit une réponse.

- Je ne sais..

- Mauvaise réponse. Dit simplement Sanada en enfonçant le tissu imbibé de sueur, cassant quelques dents au passage.

Cette nuit-là, les complaintes de Toru résonnèrent tout autour de la colline, glaçant d’effroi les adultes et traumatisant les plus petits, qui refusaient de se rendormir au rythme de cette mélodie de la souffrance. Heureusement, cela ne dura pas et le bruit du vent frappant la colline aux mille yeux reprit très vite l’ascendant.

Toru n'avait pas tenu très longtemps.

Sans doute grâce au reliquat de l'éducation martiale du soldat des Cinq, dont les techniques de torture héritées d’Omura Mifuyu, la légendaire Sorcière d'Uzushiogakure.

********************

Le soleil inondait la Cité d'Émeraude en ce matin. Comme chaque jour, Kei installait sa petite échoppe de pierre semi-précieuses. Les tables d’abord, puis la chaise sur laquelle elle passait le plus clair de son temps. Enfin, pour son confort comme celui des clients, elle dressait une toile pour se prémunir des rayons du soleil.

Une fois l'installation terminée, elle allait chercher un thé bien chaud pour elle et son voisin, Ashigaka Hiroto, avant de retourner attendre les premiers clients sur son stand.

La matinée touchait à sa fin, Kei s'apprêtait à prendre sa soupe miso dans la réserve quand le ciel s’assombrit soudainement.

La jeune femme se figea, regardant le bleu intense disparaître sous les nuages les plus noirs et les plus épais qu’elle n’avait jamais vus. Comme si la main de Jashin en personne s'abattait, l’ombre avala le quartier en quelques instants, jetant dans la pénombre les rues, les bâtiments, et les passants, devenus silhouettes sombres dans une nuit artificielle.

Alors que des éclats de stupeur et d'incompréhension jaillissaient de la pénombre, Kei cru apercevoir une silhouette marcher tranquillement vers son stand. Pendant une seconde, elle sentit son cœur s'arrêter. L’ombre se rapprochait. Maintenant que ses yeux s’étaient un peu habitués à la pénombre, elle distinguait un homme assez grand et fin, le visage caché derrière une capuche.

Les yeux écarquillés, elle pria en silence la protection des dieux qui l’écoutèrent.

L’ombre, en effet, venait de passer devant son échoppe pour pénétrer dans celle de son voisin, Ashigaka Hiroto.

****************

Le marchand ne mangeait plus depuis des jours. Devenu paranoïaque, il était persuadé qu’un membre de Long She le suivait en permanence, prêt à lui faire la peau quand il s’y attendait le moins. Alors, quand sa boutique déjà peu réceptive à la lumière fut plongée dans le noir en quelques secondes, Hiroto se précipita vers une lanterne. Ses mains étaient tellement tremblantes qu’il dut s’y reprendre à deux fois pour l’allumer.

Recroquevillé derrière son comptoir, il entendit la porte de sa boutique s'ouvrir et la clochette qui annonçait la venue d’un client résonner.

- Bonjour. Ou devrais-je dire, bonsoir ?

La voix semblait calme, presque détachée de la situation extraordinaire que vivait tout le quartier.

- Qui êtes-vous ? Murmura Hiroto, la voix tremblante et le corps toujours recroquevillé dans un coin.

- Je cherche une personne. Il se fait appeler Isamu. Cette personne a volé un objet qui ne lui appartient pas.

- Mais quel est le rapport avec moi ? Dit Hiroto en tremblant littéralement de la tête aux pieds.

- Il semble qu’il aime passer du temps ici, je me trompe ? Dit simplement Sanada.

- Je ne sais pas où il est, il a dû partir avec l’objet s'il a volé quelque chose !

- Où ça ?

- Mais je ne sais pas ! S’il vous plait, je peux vous payer. Dit Hiroto, à genoux.

- L’argent ne m’intéresse pas. Mais je suis certain que vous pourrez utiliser votre richesse pour acquérir les informations dont j’ai besoin. Dit Sanada calmement avant de s’éloigner. Je repasserai demain.

La nuit resta quelques instants après le tintement de la sonnette, mais elle disparut aussi vite qu’elle était apparue pour laisser le soleil embrasser de nouveau le quartier.

Presque ébloui par ce nouveau changement soudain de luminosité, Kei se précipita vers le magasin d’Hiroto. Celui-ci, blême, ne parla pas et insista pour rester seul un moment.

Quand il quitta sa boutique quelques minutes plus tard pour se précipiter vers le centre de la ville, elle avait un mauvais pressentiment et un goût amer dans la bouche.

Technique:

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