Adjugé...Hadjimé ! [Entraînement]

Adjugé...Hadjimé !

Le plus grand port des mers du sud ne s'arrêtait pas de croître. Toujours plus de quais, toujours plus d'échoppes et de marchandises en tout genre. La grande place de marché qui, autrefois, semblait le cœur vivant de l'économie d'Uzushiogakure et qui s'étoffait de jour en jour ne pouvait pourtant plus rivaliser avec l'immense monument qui avait été bâti juste à côté, faisant la jonction entre le marché et le port : le quartier général de la Ligue Somei.

Sa splendeur rendait la baie encore plus impressionnante, et du toit où il avait élu domicile, Sanada pouvait maintenant voir les échoppes et les entrepôts ajouter à l'effervescence permanente qui agitait la cité commerciale.

Ce matin-là, il savourait son thé et son calumet en observant d'un nouvel œil l'admirable bâtisse. Il avait reçu une convocation pour une vente aux enchères dans un des salons principaux de la ligue.
Le mot était signé Yasunari, le professeur spécialiste du ninjutsu.
Même s'il craignait quelque peu ce qui l'attendait, les entraînements du professeur n'avaient rien à voir avec les épreuves de la Sorcière où la moindre erreur pouvait coûter des semaines de convalescence.

C'est donc avec l'esprit assez léger qu'il pénétra ce matin-là les deux immenses portes qui donnaient accès aux salons huppés du bâtiment. Assis sur le rebord d'une fontaine en marbre représentant un navire marchand cassant des vagues, le professeur Yasunari attendait, la bedaine dépassant légèrement de ses habits rapiécés.
Voir l'enseignant brillant esprit et fin manipulateur des éléments déteindre comme cela avec le décor ostensiblement onéreux avait quelque chose de comique. Yasunari n'avait pas la classe de dame Junko, où l'assurance de Mifuyu, il n'avait pas l'adaptabilité de Haruka ou l'autorité naturelle du Senkage.
Et pourtant, lui ne semblait pas gêné le moins du monde par sa tenue déchirée et tachée, il n'était pas le genre d'homme à s'attarder sur les artifices, au contraire, il était tout autant imperméable au luxe qu'à la critique sur son accoutrement.

Il n'avait pas de temps à perdre en belle tenue. Il était un chercheur, non un diplomate.

- Bienvenue dans le temple de l'or et des pierres précieuses jeune homme ! Dit Yasunari en écartant les bras. Si les étrangers ne savaient pas qu'Uzushio était une ville riche, je crois que l'erreur est réparée ! Dit-il en laissant son regard malicieux balayer le splendide patio végétal.

- Bonjour professeur, je suis désolé d'être aussi direct, mais qu'est-ce que je fais là ?

- Très bonne question Sanada, tu as raison, ne laissons pas l'éclat des lieux nous aveugler.

- ...

- Comme tu le sais, notre village entretient d'excellentes relations avec le clan Gurain. Ce clan réside...

- Nous ne sommes pas à l'académie professeur.

- Tu as raison ! Dit-il. Allons droit au but. Le clan Gurain va vendre des vieux rouleaux de techniques aux enchères. Juichi Izuku est un des plus grands collectionneurs du Sekai de parchemin de ninjutsu. Il est surtout passionné par un domaine, les godais....

- Du ranton ? Dit Sanada soudain surexcité.

- Oui, du ranton. C'est assez simple en vérité. Ce Juichi veut voir ce que les techniques donnent de ses propres yeux. Il n'a jamais vu de ranton et semble assez pressé d'assister à ce spectacle. En échange de cela, il s'engage à remporter les enchères en payer une somme non-négligeable à la Ligue Somei qui paiera à son tour le clan Gurain. En ce qui nous concerne, si tu maîtrises la technique en question, un scribe Uzumaki pourra aisément nous en faire un parchemin. Tout le monde est gagnant. Comme tu es le seul manipulateur de ce godai pour le moment dans le village, c'est toi qui t'y colles !

Sanada n'avait qu'une hâte, commencer. Il suivit donc son professeur sans vraiment trop regarder la magnificence qui s'étalait devant ses yeux à chaque détour de sa visite.

Guidés par un des employés des lieux, ils furent invités à s'asseoir dans un salon cosy, une tasse de thé bien chaude attendant sur une table de bois laqué.
Nous attendons la représentante du clan Gurain. Dit l'employé d'un ton neutre avant de quitter la salle.

Sanada n'avait pas envie d'assister à une discussion sérieuse et grimée du masque de la diplomatie. Il s'attendait à voir débarquer une de ses dames en kimono soyeux mais si grandiloquent qu'il devait être porté par deux servantes. Pourtant, quand la porte s'ouvrit, le soldat des Cinq resta interdit.

Gurain Tae n'avait rien d'une aristocrate.

Adjugé...Hadjimé !

Assez grande et élancée, le visage harmonieux de la kunoichi était bardé de maquillage de camouflage.
Ses cheveux semblaient n'avoir pas été lavés à l'eau claire depuis des lustres, quant à sa tenue, elle n'avait aucun artifice.
D'une couleur verte qui devait se fondre parfaitement avec la jungle recouvrant une grande partie des îles, l'étoffe semblait souple et solide, le corset de cuir était finement ciselé, l'arc qu'elle portait en bandoulière enfin, presque aussi grand qu'elle, était gravé de symboles inconnus au genin.


La Gurain sembla déceler la surprise dans le regard du jeune garçon puisque pour seul bonjour, elle siffla. Le son était presque imperceptible, mais l'instant d'après, un magnifique lynx fit son apparition, marchant de son pas félin en direction de la jeune femme avant de s'arrêter à ses pieds. Ses iris presque jaune fixaient Sanada qui ne savait pas vraiment comment réagir.

Au bout d'un moment qui parut interminable où les trois parties tentaient de rendre tout ce qui était possible de regarder intéressant, mis à part le lynx qui fixait toujours le jeune homme, l'employé qui les avait guidés jusqu'à ce salon fit son entrée accompagné, cette fois-ci, du fameux noble.

Et là, Sanada n'aurait pas pu se tromper. Le riche collectionneur semblait mettre un honneur à exposer sa richesse ostensiblement, même s'il faisait tout de même pâle figure face à la beauté des lieux.

- Messieurs... Dame. Dit l'employée d'un ton cérémonieux. En prévision de la vente aux enchères, monsieur Juichi a désiré voir le ranton de ses propres yeux. Dame Gurain, ici présente, est la propriétaire des rouleaux, les ayant trouvés sur une île au large des Trois Soeurs si je ne m'abuse...

- Hmmmm. Se contenta de rétorquer la kunoichi qui semblait agacée par tout ce protocole.

- En tant que gardienne du rouleau tant qu'il n'a pas été vendu, la ligue ne servant que d'intermédiaire dans cet échange, elle gardera les parchemins mystiques avec elle en assistant le ninja comme il a été convenu avec le clan.

- Pardon ? Je n'ai pas besoin d'aide pour étudier un parchemin ranton, surtout si la concernée ne maîtrise pas le domaine. Si elle connaît la voie des nuages, alors je ne vois pas ce que je fais ici. Dit Sanada en se levant.

- Assieds-toi. Chuchota calmement Yasunari à son élève. Le professeur était un homme gentil, toujours pondéré. Un calme apaisant irradiait de son corps, avec un sourire et un geste, il parvint à faire obéir le soldat des Cinq. Nous acceptons bien évidemment les termes de ce marché.

- Parfait ! S'exclama l'employé pour couper court à toutes nouvelles disputes. Mademoiselle Tae sera logée à nos frais dans l'aile réservée aux invités de la Ligue. Je vous laisse vous arranger pour les rendez-vous. Oh, et oui, j'allais oublier. Dit-il alors qu'il avait déjà ouvert la porte coulissante de bois précieux. Vous avez deux jours avant la vente aux enchères jeune homme. La démonstration, doit bien entendu se faire en privé. J'organiserais ce spectacle dans un jardin extérieur. Revenez quand vous serez prêt. Monsieur Jichui est aussi notre honorable invité.

Adjugé...Hadjimé !

Technique à apprendre 1/2:

Avec la fin de l'entrevue et conscient qu'il ne serait pas d'une grande aide pour le genin, Yasunari le laissa seul avec la Gurain et son énorme chat. Sanada se serait bien passé de sa présence, mais la chasseuse de trésor semblait prendre sa mission à la lettre et refusait de laisser les parchemins jaunis à moins de deux mètres de sa personne.

- Vous savez que je n'ai pas besoin de vous. Dit-il alors qu'il prenait la direction de la grande bibliothèque de l'académie pour commencer ses recherches.

- Je me fous de ton avis, et arrête de faire le péteux comme les coincés du cul des salons qui fouettent la merde planquée derrière une couche de dorure. Pas besoin de me vouvoyer.

- Les animaux ne sont pas admis dans la bibliothèque, tu devras attendre devant ma vieille.

- La vieille, elle t'emmerde. Rétorqua la jeune fille en crachant par terre.

Sanada bluffait. Si les animaux n'étaient effectivement pas les meilleurs amis des ouvrages rares et anciens, une exception était naturellement faite pour les animaux shinobis. À son grand désarroi, la bibliothécaire en charge de la section ninjutsu qui connaissait bien le soldat des Cinq était devant le grand bâtiment à leur arrivée. La Gurain fut donc chaleureusement invitée à suivre le genin qui fulminait derrière un épais nuage de fumée.

- Wouah ! Elle en jette votre salle de suicide ! Dit Tae en sifflant bruyamment, ce qui fit lever plusieurs têtes peu habituées à autant de bruit en ce lieu.

Sanada marcha le plus vite possible pour ne pas trop être vu avec cette fille qui semblait sortir d'une cabane au fond d'une forêt. Peine perdue. Le magnifique animal qui accompagnait le duo ne passa pas inaperçu et en quelques secondes à peine, une horde de jeunes élèves se pressaient autour du félin, le caressant avec frénésie, ce qui ne semblait pas lui déplaire.

Quand enfin Sanada fut installé, Tae ne sembla pas d'humeur studieuse et le bombarda de questions concernant le village, les clans, les quartiers, tout ce qui lui passait par la tête. Sa curiosité semblait insatiable et s'il avait cru voir une fille taciturne et sauvage durant leur première rencontre, il avait maintenant devant lui une fille plus bavarde que lui. Tout en ayant gardé une certaine sauvagerie.

Les pieds sur une des tables de bois sculpté, l'archère dégustait bruyamment une pomme, ignorant les regards réprobateurs qui se tournaient vers elle, et, inévitablement, sur le genin qui l'accompagnait.
Malgré tout cela, Sanada tenta de travailler, cherchant les symboles du parchemin sur des livres d'art. Il avait remarqué que bon nombre de techniques de ninjutsu avaient été peintes, illustrant les textes parfois bien confus des sages qui avaient rédigé ces incantations.

Au bout d'une heure et d'une bonne dizaine de réponse à Tae, il tomba sur une suite de gravures qui trônaient selon la légende, dans une villa noble des Plaines Verdoyantes. On pouvait y voir deux combattants de faire face, sûrement des représentations de seigneurs. Les nobles aimaient en effet se voir immortaliser en tant que grand shinobi élève du Sage Des Six Chemins. Le ninja en kimono bleu semblait attaquer dans la première gravure, tandis que l'autre composait des mudras.
La seconde mettait en scène l'assaillant s'arrêtant devant un nuage noir qui avait remplacé l'invocateur. Finalement, une sorte de colonne nuageuse semblait sortir du nuage stagnant pour se jeter sur sa cible.

- Et les quais ? Il y a combien de quais dans votre port ?

- Je crois qu'il s'agit d'une technique et d'une sorte de variante. Peut-être peut-on allier les deux, c'est ce que semble indiquer les gravures.

- Quoi?

- Hein ?

Prenant le maximum de notes possible. Sanada décida de travailler sur son toit. Allongé sur son hamac, il allait pouvoir commencer la pratique des mudras confortablement, comme il en avait l'habitude.

- Je vais travailler de chez moi, mais j'ai besoin des rouleaux, je te les ramène demain.

- Non, ils restent avec moi.

- Je ne peux pas avancer sans !

- Alors je te laisse Oboreta.

- Oboreta ca veut dire noyé non ?

- Oui.

- Pourquoi ce nom ?

- Je l'ai trouvé en pleine mer. C'est une blague entre nous depuis. Alors tu le prends ? Lui dit-elle tandis que l'imposant animal s'avançait fièrement vers le genin en le fixant toujours de ses grands yeux.

- J'ai un hamac, je dors à la belle étoile, je n'aime pas les murs.

- Tu m'as vu bouffi ? Je suis l'incarnation de la vie en plein air.

- Tu utilises des expressions qui datent de ma fringante jeunesse. Dit-il en souriant légèrement

- C'est ça de vivre loin de vos rues puantes mon vieux, la mode, elle arrive avec quelques années de retard !

Le restant de la soirée, Sanada pratiqua les mudras en silence. Tae s'était effondrée sur le hamac et ronflait depuis déjà plusieurs heures. Le lynx lui semblait occupé à chasser les papillons de nuit qui volaient autour de la grande lanterne. Persuadé qu'il connaissaitassez bien les mudras  pour tenter un premier essai, il se leva doucement et se mit de l'autre côté du jardin suspendu.

Le premier essai fut complètement infructueux. Malgré l'exécution parfaite des mudras, rien de notable ne se passa. Ce fut la même chose pour les essais suivants. Enfin, au bout de plus d'une heure, le soldat des Cinq parvint à faire apparaître une fine sphère nuageuse autour de lui qui ressemblait bien plus à un voile un peu sombre qu'à un nuage dense et épais comme il savait en invoquer en temps normal.

Frustré par son manque d'efficacité, le jeune homme s'endormit avec la boule au ventre, il n'avait pas beaucoup de temps pour maîtriser la technique et son évolution. Si la technique de base était difficile à maîtriser, il allait logiquement avoir plus de mal avec l'autre. Et s'il n'était pas prêt à temps ? Sur cette interrogation angoissante, il trouva un sommeil agité et de ce fait, peu réparateur.

Adjugé...Hadjimé !

Technique à apprendre 2/2:

Les ronronnements du lynx réveillèrent le soldat des Cinq à l'aube. Celui-ci se glissa discrètement dans le logement qu'on lui avait attribué et qui servait de temple personnel. Seule Mifuyu connaissait l'existence de cet endroit parsemé d'autel à la gloire de ses victimes et de la Pythies. Après ses rites, il prit sa toilette sur le toit, se servant des sceaux qu'il remplissait avec ses nuages de pluie.

Oboreta semblait aimer l'eau et joua un temps avec le jeune homme qui oublia sa mission du jour un court instant.

C'est pendant qu'il prenait son petit-déjeuner que Tae se réveilla enfin, se frottant les yeux avec la paume des mains.

- On va au large aujourd'hui. C'est là que je m'entraîne le mieux. Dit Sanada sans regarder la Gurain qui venait de se dévêtir comme si c'était la chose la plus naturelle du monde à faire.

Sans lui répondre, elle entra dans la petite pièce sans toit composé de tiges de bambou recouvertes de plantes grimpantes qui camouflaient la bassine à ablutions.

- Ça fait des lustres que j'ai pas pris une douche moi ! Dit-elle comme si elle n'avait rien entendu.

- Tu sais que QG de la ligue, tu aurais une salle de bain privative en marbre avec de l'eau chaude et des mousses des Sources Chaudes pour les parfums.

- Je me fous de tout ça. De la Flotte, et ça me suffit. En plus, celle-ci est claire, que demander de plus pour le peuple ! S'écria-t-elle avant de chanter une chanson Gurain avec autant de ferveur que de fausses notes.

Si apprendre une technique ranton avec un parchemin et sans explication était une chose difficile, Tae rendait l'exercice encore plus périlleux par le bruit incessant qu'elle produisait. Le jeune homme ignorait tout de ses compétences.

Que son surnom "La Flèche Invisible" venait d'une discrétion et d'une furtivité qui forçait l'admiration. La légende au sein des Gurain disait que si l'on voyait sa flèche filer dans le ciel, il était déjà trop tard. La jeune femme était aussi bourrue et expressive en ville, qu'une ombre silencieuse et insaisissable dans la nature.
Mais ce pan de la vie de Tae demeurait inconnu du soldat des Cinq.

Quand elle fut partiellement rhabillée, Sanada prépara les affaires afin de passer la journée en mer et guida la gardienne des techniques vers le petit quai réservé aux embarcations de l'académie.

Là, ils empruntèrent l'optimist fétiche du jeune homme qui l'avait quelque peu modifié. Une voile plus large, une écoute tendue, une dérive plus courte, la petite embarcation avait été transformée au fil des mois en un bateau pouvant rivaliser avec les immenses navires marin en vitesse. Le confort y était plus sommaire, mais pour celui qui considérait le large comme sa véritable maison, c'était un sacrifice qui valait le coup.

Sanada guida son gouvernail jusqu'à un petit lagon entre deux minuscules îlots au nord-est du port.

Après avoir concentré du chakra dans ses pieds pour pouvoir s'entraîner sur l'eau, il répéta les mudras qu'il avait appris la veille en tentant de visualiser les effets de ce nuage sombre qui camouflait le lanceur. Le souvenir du combat entre Hako et Yume revint à sa mémoire, la redoutable Aburame avait usé d'une bombe fumigène, un artifice qui avait été déterminant dans sa victoire. Il mêla donc son imagination avec le souvenir du fumigène du tournoi de l'examen pour visualiser ce qu'il voulait produire. Une boule d'orage l'entourant pour pouvoir se soustraire à la vue de l'adversaire. Selon les gravures, c'était l'objectif même de cette première technique.

Les mudras furent effectués avec précision et il dosa son chakra pour en relâcher un peu moins que les fois précédentes.
Le ranton était un art délicat, il impliquait un équilibre parfait dans la structure crée par le flux divin. Si le chakra raiton était trop fort, sa puissance dissipait le suiton et la matière nuageuse qu'il formait. Si le suiton était prédominant, le nuage était trop compact et ne tenait pas en lévitation.
Après d'innombrables essais, il parvint à équilibrer sa dépense chakratique. Plus il pratiquait, plus le nuage se faisait massif, bientôt, il atteint plusieurs mètres de diamètres. Sanada au cœur de ce brouillard électrique, ne voyait plus Tae ou le lynx qui l'accompagnait, il marcha donc tout droit jusqu'à sortir de la zone brumeuse.
Regardant ce qu'il venait de créer, il fit le tour de qui pouvait servir de dissimulation ou de piège afin de couvrir une fuite. Il recommença plusieurs fois en notant à chaque fois ses observations dans son carnet personnel. Le jeune homme avait pour ambition d'imiter Fukio Kenichi le célèbre auteur et arpenteur en écrivant son propre essai sur le ninjutsu, et plus particulièrement, le ranton. Il était loin d'être un expert dans le domaine, mais il y travaillait quotidiennement.

Alors que la soirée tombait sur la baie, Tae n'avait pas décollé de la petite embarcation, alternant les collations et les siestes avec une continuité qui forçait le respect.

- Debout ! Tu vas m'aider à tester la technique ! Dit Sanada en balançant une gerbe d'eau avec son pied en direction de la Gurain.

Celle-ci se leva et attrapa son arc.

- Vas-y je t'attends.

Sanada composa les mudras le plus rapidement possible et invoqua le brouillard d'orage qui l'entoura, cachant sa vision et son existence aux yeux du monde.

- Allez ! Tente de me viser ! Dit Sanada pas peu fier d'avoir réussi la technique sans trop de difficultés.

Sa satisfaction fut brisée quand une flèche vint lui érafler la joue, traçant une ligne de sang presque parfaite.

- Je suis senseur et j'ai une très bonne vue, alors je peux te dire, que je te sens et te vois comme s'il n'y avait rien. Mais sans cela, tu es introuvable. Mais toi, tu y vois ?

- Non. Répondit Sanada quelque peu déçu.

- Alors quel intérêt à part le camouflage partiel ? Dit la jeune femme en s'approchant pour entrer dans l'espace nuageux.À peine avait-elle fait quelques pas qu'elle comprit l'utilité de cet étrange brouillard.Putain de bordel ! Ca pique ta merde ! Dit-elle en se précipitant hors de la brume électrique.

- Ah, je ne sens rien, ce doit être aussi ça.

- C'est pas mal. Dit-elle en rangeant son arc avant de s'affaler à nouveau. Bon, on rentre, j'ai faim, et j'ai envie de dormir sur ton hamac.

- Quoi ? Mais tu as dormi toute la journée ! Dit Sanada qui était plus jaloux qu'excédé par un tel comportement.

- Et alors ? On rentre, tu as encore une technique à apprendre coco !

Sanada soupira, la nuit risquait d'être très longue.

Adjugé...Hadjimé !

Technique à apprendre 1/3:

L'académie d'Uzushiogakure avait la réputation d'être une bâtisse dédiée à l'étude théorique des arts ninjas. Bien que la puissance militaire avait été prouvée notamment durant les sanglants épisodes de Baransu, la connaissance et le savoir étaient toujours les priorités de l'enseignement quand il s'agissait de débutant.
Sanada se rappelait les mois passé sur une chaise pas très confortable, à écouter Yasunari débité l'histoire du ninjutsu et ses créateurs. Si au début, il n'avait pas compris cette orientation, il savait maintenant que la pratique allait de pair avec la réflexion sur celle-ci. L'art de fuinjutsu des Uzumaki ou les spécialistes de genjutsu avaient besoin plus que d'autres d'une accessibilité permanente au savoir des anciens. La bibliothèque était donc ouverte jours et nuits durant cette période d'examen.

Enchanté de ne pas satisfaire les volontés de son pot-de-colle qui gardait les rouleaux à sa ceinture, il se dirigea donc vers la grande bibliothèque pour y faire des recherches.

Il avait déjà compris que, plus qu'une évolution simple de la technique comme il en connaissait pour l'éclair de foudre ou les nuages, la seconde technique plus complète était un moyen offensif de détourner ce brouillard d'orage.

Il chercha un long moment dans les immenses étagères de l'édifice, il devait bien y avoir un livre expliquant une technique similaire, fut-elle d'un autre domaine. Mais il ne trouva rien.

C'est en regardant un essai sur le chakra et les affinités qu'il put enfin découvrir un paragraphe qui allait se révéler déterminant dans la compréhension du front orageux.


- Qu'est-ce que c'est chiant ! Dit Tae qui lisait par-dessus l'épaule du jeune homme depuis un moment.

- C'est peut-être chiant, mais ça aide. Enfin, je crois. J'ai pas tout compris, c'est sûr, mais je pense qu'il veut dire que si deux techniques emplois la même base, on peut additionner les effets, et ce, sans composer les mudras des deux techniques.

- Ouais, ouais, je m'en fous. Allez, on rentre.

Sanada, allongé face à la mer et au grand port qui ne dormait jamais, révisait les nouveaux mudras de la technique. Selon les gravures qu'il avait emportées avec lui pour les étudier, il s'agissait d'une sorte de colonne de nuage qui semblait en mouvement pour se diriger vers l'ennemi.
Si les créateurs de ces techniques avaient une once d'expérience du combat, son utilité paraissait évidente. S'il pouvait se camoufler dans le brouillard d'orage, mais qu'il n'y voyait pas. Si ce même brouillard blessait les intrus des cieux, alors la colonne allait blesser et aveugler celui qui se retrouverait à l'intérieur.

C'est avec ces conclusions que le jeune homme s'endormit. Bercé par les bruits du port et pour une fois, les ronflements d'un lynx.

Adjugé...Hadjimé !

Technique à apprendre 2/3:

Malgré les moqueries de Tae, la stratégie se révéla payante pour Sanada. Ayant ainsi théorisé ce que le front orageux devrait être, il n'eut pas de mal à transformer la sphère de brouillard en une colonne. Le seul problème était que cela lui prenait plusieurs minutes et que, à l'image de la boule de nuage opaque, la colonne ne bougeait pas d'un iota.

- Ah, elle est belle ta colonne, mais un escargot pourrait l'éviter. Je sais pas si ça te sera super utile. Dit la Gurain d'un ton médisant.

- Si j'arrive à la faire bouger, ce sera plus simple.

- Si mosieur le grand lecteur de conneries écrites par des gros lards qui n'ont jamais lancé un kawarimi veut bien m'écouter, je pense que lancer un nuage en mouvement serait bien plus simple et efficace que de créer un brouillard d'orage puis de le lancer. Déjà, dans le mouvement vers l'avant, tu pourras retenir une partie de ce "front orageux" pour en faire ton brouillard. Comme ça non seulement, tu ne te fais pas chier à faire deux techniques à chaque fois même si blablabla selon la théorie.. Mais en plus, tu peux décider de faire les deux ou pas.

- Mmmm. Dit Sanada qui ne pouvait contester la logique de l'archère même si ça lui faisait mal au coeur de l'admettre.

Il pratiqua donc la création d'un nuage noir et opaque parsemé d'éclairs qui prenait, chose inhabituelle, une teinte or plus que bleutée. Au fur et à mesure des essais, la colonne s'agrandissait légèrement, elle filait à une allure plus que respectable vers la petite cible en bois qu'il avait installé sur son toit, mais s'estompait très rapidement.

Le lynx regardait avec la nonchalance caractéristique des félins le soldat des Cinq se démener pour créer une colonne digne de ce nom. En vain.

Il déjeuna sans faim, la frustration gâchant le thon pourtant excellent qu'ils avaient acheté dans un petit restaurant au coin de la rue.

- Ta méthodologie est la bonne, mais j'y arrive pas. Je mets pourtant exactement la même dose de chakra que pour le brouillard.

- Oui, on ressent la même douleur, elle est gênante, mais ce n'est pas très puissant. Tu crois pas que pour une technique offensive, il faudrait plus de chakra pour augmenter sa puissance ? Pour être efficace la colonne doit être massive et rapide. Tu es trop timide. Mange et on y ira sur les terrains. Je suis certaine que dans le combat, tu vas savoir faire ce qu'il faut.

Après des heures de pratique à l'ombre d'un gigantesque ceiba, Sanada se sentait prêt à faire face à la Gurain.

C'est elle qui engagea les hostilités en lançant une salve de senbons dans la direction du jeune homme alors que le félin se précipitait à la suite des aiguilles pour attaquer le soldat des cinq.

Celui-ci effectua des mudras et s'abaissa juste à temps pour éviter les senbons. Dans le même mouvement, il posa les mains au sol, invoquant une vague de foudre qui déferla sur le sol, frappant l'animal qui fut stoppé net.
Celui-ci eut un cri de douleur, mais reprit une position de combat instantanément. Pendant ce temps, Tae avait eu le temps de bander son arc. La flèche traqueuse fendit l'air. Sanada avait été négligent, bien sûr l'attaque d'Oboreta et les senbons étaient des diversions pour laisser du temps à la Gurain de préparer son assaut en toute tranquillité.

Malgré les pirouettes et les sauts qu'il enchaînait, la flèche le suivait, contournant les arbres, passant à travers les branches et les affaires des élèves des terrains d'à côté. Du coin de l'œil, Sanada voyait Tae, toujours immobile et tranquille, qui semblait se concentrer sur un point. Quand il fit un énième salto pour éviter la flèche traqueuse, la jeune femme qui, à l'aide de sa vue surdéveloppée avait calculé le point parfait pour que ses flèches touchent ensemble, tira une rafale de projectiles. Sanada se retrouva coincé, s'il évitait la flèche traqueuse, il allait se prendre la pluie d'acier, s'il évitait la pluie, il allait se faire toucher par la flèche à tête chercheuse. Il composa promptement quelques mudras et s'immobilisa.

Tae eut un sourire, comme toujours, elle avait fait mouche. Pourtant, ses yeux s'écarquillèrent quand elle vit le petit-bourgeois-rat-de-bibliothèque se changer en une silhouette bleutée qui semblait avoir la douceur des nuages. La flèche traqueuse perça l'abdomen de cette silhouette tandis que la pluie de lames se chargeait du reste du corps. Les attaques pénétrèrent sans mal la formation nuageuse, mais elles semblèrent ne faire que traverser, finissant leur course dans le sol où les petits murets qui entouraient le terrain.

- Wouah, joli, c'est quoi ? Demanda Tae en abaissant son arc.

Sanada redevint lui-même, la technique était fugace, le timing était primordial pour ne pas se faire transpercer par inadvertance.

- Le corps de l'orage. Une technique ranton bien utile. Je peux devenir intangible un court instant. Le ranton est un art plus complet qu'il ne peut paraître ! S'exclama-t-il en composant des mudras.

Cette fois, il y mettait tout ce qu'il pouvait. Concentrant le pouvoir des nuages sombres, il laissa les éclairs d'or charger dans ses paumes et expulsa le front orageux devant lui. La colonne n'était pas encore à la taille optimale, mais la vitesse du nuage fut plus que satisfaisante et avec le peu de mudras qu'il avait à faire, il allait sans doute pouvoir utiliser cette technique au corps-à-corps, un avantage non négligeable pour le spécialiste de ninjutsu.

Tae fut engloutie par l'attaque, disparaissant derrière le brouillard d'orage offensif. Elle en sorti d'un habile saut une seconde plus tard. Sanada avait légèrement bougé, et le temps qu'elle le repère, il était déjà en train de lancer une toile de foudre pour l'immobiliser. Juste avant de refermer ses paumes après le dernier mudras, il sentit son bras droit ne plus lui obéir et bouger dans tous les sens.
En plus, une douleur lancinante lui traversa le membre. Le lynx avait la mâchoire bien accrochée sur le poignet de Sanada qui avait oublié que la Gurain ne combattait pas seule.

Un sifflement plus tard, Oboreta lâcha sa prise, laissant Sanada s'asseoir, la main serrant son poignet pour ne pas perdre trop de sang.

- Bon, c'est pas mal, je pense que tu seras prêt pour demain, si tu t'entraînes encore.

- Je suis exténué et blessé ! Tu es aveugle ? Dit Sanada en tendant son poignet ensanglanté.

- Les Omura sont chez vous non ? Bon ben tu vas te faire soigner et on rentre, j'ai faim.

Un cri excédé précéda le départ du jeune homme qui emporta sa besace et son poncho avant de rejoindre l'hôpital du village le pas rythmé par sa colère.

Après une légère attente, il fut ausculté par un vieux médecin qui estompa une partie des blessures avec son chakra puis recouvrit la plaie d'onguent avant d'enfermer le poignet dans un solide bandage.

- Voilà jeune homme. Du repos et dans quelques jours, tu n'auras plus rien.

- Et je peux m'entraîner ?

- Je te déconseille de faire subir des chocs à ton poignet, tu peux faire des mudras, c'est tout.

La mort dans l'âme et quelque peu paniqué, Sanada décida de retourner directement vers les terrains d'entraînement.

Il ne pouvait se permettre d'échouer. Pas encore une fois. Contre des adversaires, même Konohajin, il n'avait eu aucun mal à perdre, il n'aimait pas la compétition. Mais contre lui-même, c'était différent. Il aimait se battre, pouvoir se dire en s'endormant qu'il était un meilleur combattant que son lui du matin. Qu'importe les autres mortels, il fallait qu'il grandisse.
Grandir pour devenir le digne serviteur des cieux.

Eux seuls avaient placé sa limite, et, dans son arrogance folle, il la voyait bien au-dessus des humains.

Adjugé...Hadjimé !

Technique à apprendre 3/3:

Les yeux cernés par de grosses cernes, le soldat des Cinq buvait son thé pour tenter de ne pas s'endormir assis à la terrasse du restaurant de Kaede, son repère quand il n'était pas sur son toit ou sur les marches surplombant le marché principal. Loin de pouvoir s'adonner à un de ses passe-temps favoris, admirer les étrangers qui passaient sans cesse entre les quais de l'immense port de commerce, le jeune étudiant du ninjutsu relisait ses notes concernant le brouillard d'orage et le front orageux. Deux techniques ayant la même empreinte chakratique. Depuis quelques heures, il avait fait le choix de ne plus pratiquer pour pouvoir refaire légèrement ses réserves de chakra.
Il ne se voyait pas tomber dans les pommes devant le noble. Plus que pour lui, il avait conscience que la réputation de l'académie du village et de la ligue Somei reposait sur sa performance. Le riche Jichui Izuku allait parler de cela à ses pairs à n'en pas douter. Et avec la richesse qu'il avait, il valait mieux qu'il vante les mérites des shinobis à même de protéger les richesses du Sekai plutôt qu'il narre l'échec d'un élève pourtant en âge de se marier.

Tae attendait devant l'entrée de l'imposant bâtiment de la Ligue. L'air quelque peu déçue.

- Qu'est-ce que tu foutais ? J'ai même fait à bouffer hier, et tout ça pour rien.

- Je devais m'entraîner. Agrandir le diamètre de ma colonne orageuse. Je suis presque sûr de pouvoir réussir.

Sanada doutait réellement de sa capacité à reproduire cette technique en réalité. Quand ils furent introduits dans un jardin privé aussi somptueux que cosy, il n'entendit pas les formules d'usage que les marchands s'échangeaient, le bruit de son cœur accaparant son ouïe. Pour ne pas céder à la panique, il décida d'observer les alentours le temps qu'ils se décident à lui demander de faire son petit spectacle pour satisfaire le collectionneur.

Entièrement entouré de bambou sacré, l'espace vert regorgeait de plantes tropicales, de statues et de fontaines. La Ligue était dans la démesure concernant la richesse de leur quartier et le jardin en était une nouvelle illustration.

- Bienvenue. Nous allons procéder à la démonstration Izuku-sama.

- Parfait ! Gamin, tu peux me raconter comment tu t'y es pris pour maîtriser les techniques ? Comment ça marche ? Tu sais lire les symboles et tu les récites ou il y a d'autres choses à faire ?

Yasunari, le professeur de Sanada et accessoirement chûnin du village s'éclaircit la gorge afin de prendre la parole.

- Tout d'abord, Masamune Sanada est un genin du village, ce grade démontre une certaine aisance dans le combat et une maturité certaine. Il faut donc l'appeler par son grade, et non "gamin". Nous sommes ici pour remplir notre part du marché. Ne vous méprenez pas Izuku-san, ce garçon pourrait aisément faire griller tous vos gardes en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Il représente le village, et je suis sûr que vous ne voudriez pas nous manquer de respect.

Un silence gêné suivit l'intervention de Yasunari. Sanada, lui, tenta de camoufler son sourire derrière le nuage de fumée qu'il recrachait régulièrement. Enfin, l'employée de la Ligue Somei reprit un ton mielleux pour s'adresser au noble.

- Nous allons donc commencer...

- Je veux d'abord savoir ce que le genin du village sait sur ces techniques, il faut bien me convaincre de les acheter.

- Mais nous avions un accord pour...

- Je veux entendre l'histoire du garçon.

Sanada regarda avec désespoir son professeur, il avait envie de partir, de balancer un éclair dans la tête de ce noble aussi, mais il ne pouvait rien faire et sous les encouragements à peine camouflés de Tae qui semblait pressé de recevoir sa part du gâteau, il prit la parole.

- D'abord, les symboles écrits correspondent en fait à des positions des mains. Des positions pour méditer, mais aussi manipuler le chakra. Chaque individu à un chakra avec une affinité. Certains ont une affinité double. Si vous prenez un shinobi avec une affinité suiton, eau, et futon, vent, elle sera capable de produire un chakra glacé. Pour le ranton, c'est le même principe. Sauf que mon chakra est un mélange de suiton, l'eau comme je l'ai déjà dit, et de raiton, la foudre. Le tout me permet de manipuler les nuages par exemple.

À ses mots, il invoqua des nuages sombres, faisant tomber une nuit presque totale sur le jardin.
Magnifique, s'exclama le noble qui applaudissait en regardant le ciel se couvrir de nuages noirs bien plus rapidement qu'à l'accoutumé.
Les employés eux, couraient dans tous les sens pour allumer d'énormes bougies afin que l'acheteur ne manque pas une seconde de la démonstration organisée pour lui.

- Une fois les symboles analysés, je recherche des informations sur les techniques en question, des gravures, des textes anciens qui en parlent, n'importe quoi. En dernier, je pratique sans relâche. Pour la première technique que vous allez acquérir, elle est un peu plus ancienne que la deuxième. Je le sais simplement, car la deuxième technique peut produire la première, c'est donc une sorte d'évolution.

- Montre-moi donc.

Sanada composa les mudras du brouillard d'orage, il n'avait pas trop peur pour cette technique, elle était moins difficile à maîtriser que le front orageux et de par sa nature stable était bien moins dangereuse dans son invocation. Conscient que la taille du brouillard n'était pas si petite, le genin s'éloigna un peu des gardes et du noble et invoqua l'épais nuage statique.

- Wouah ! Dit Jichui en se levant ! Je peux toucher ?

- Je ne vous conseille pas. C'est agressif et vous allez prendre un éclair.

Jichui Izuku était un homme riche de naissance, et de ce fait, il considérait comme normal que ses serviteurs fassent ce qu'il demandait, quelles que soient les circonstances. Effrayé à l'idée de mourir de sa curiosité, il envoya un de ses gardes vers le brouillard. Celui-ci était habillé d'une épaisse armure de cuir et de métal. Sanada savait que cela pouvait se révéler plus douloureux de toucher son clone d'orage avec une lame de métal plutôt qu'avec les mains, il se rendit compte au moment où le garde entrait enfin que c'était la même chose avec le brouillard.

Aussitôt, dans la brume, les éclairs se firent plus intenses, Sanada voyait le métal attirer la foudre comme si du sang venait de pénétrer dans une eau infestée de requins.

D'un saut, il tacla le garde pour l'emporter en dehors de la brume électrique.

- Merveilleux ! Merveilleux ! S'exclama Jichui sans un regard vers son garde toujours choqué et meurtri.

Sanada tenta de garder son calme, il n'avait qu'une hâte, pouvoir en finir.

- Comme l'eau, le métal est conducteur, c'est pour cela que votre garde a été plus touché que je ne l'aurais cru. Je ne connaissais pas cet aspect du brouillard. Concernant le front orageux, c'est un peu la même chose, mais c'est une attaque. Donc je vais produire une sorte de cône nuageux parsemé d'éclairs. Une fois à l'intérieur, l'ennemi ne pourra rien voir et il sera électrocuté comme cet homme juste avant.

- Je veux voir ça ! Toi ! Vas-y ! Dit-il à un autre de ses gardes, qui n'avait vraisemblablement pas envie d'écouter son maître. C'est un ordre ! Beugla-t-il en assénant un coup de sa canne d'ivoire sur le crâne du jeune garçon à peine en âge de porter les armes.

Sanada, face à un adolescent sans la moindre expérience du chakra n'avait pas envie de lui faire subir une technique aussi puissante que le front orageux. Il savait que cette technique n'était pas mortelle, mais un corps peu entraîné à ce genre de coup pouvait être blessé durant de nombreux mois après une telle expérience.

Quand il lança le front orageux, la colonne fut aussi large que durant ses derniers essais. La grandeur de l'émanation orageuse avait l'avantage de rendre la technique difficile à esquiver quand on était très proche, mais le genin avait mis une certaine distance entre lui et son cobaye. De plus, il avait limité son chakra pour ne pas faire trop mal. Le résultat fut différent. Le front orageux se déplaça lentement vers sa cible, mais s'estompa juste avant de la toucher.

Face à la gêne de tous et à l'incompréhension du noble, Tae prit la parole pour tenter de sauver la face de Sanada.

Adjugé...Hadjimé !

Technique à apprendre 3/3(bis):

- Je crois que vous devriez tester de première main Izuku-sama. Pouvoir raconter que l'on a été victime d'une technique ranton en réussissant à survivre n'est pas donné au premier seigneur venu. Nous pourrons demander la venue d'un artiste de la Ligue pour immortaliser ce moment si vous voulez.

- Quelle merveilleuse idée dame Gurain! S'exclama le riche en caressant son ventre rond. Le bougre se voyait déjà en train de conter son combat héroïque contre un uzujun gradé, une toile de maître signé du sceau du village pour en attester.

- Avant, je crois qu'il est mieux que tout le monde signent les accords de vente. Intervint l'employée de la Ligue Somei qui comprenait très bien où tout cela allait mener.

- Signons donc et ensuite, peut être allez-vous pouvoir m'apprendre une ou deux choses jeune homme ! Dit Jichui de façon enthousiaste.

Son épée d'or brandit en l'air, le noble semblait croire que Sanada allait réellement combattre. Le peintre était en place et tous les contrats étaient scellés au fond d'un coffre de la Ligue, là où personne ne pouvait les voler ou les changer.

Pendant quelques minutes, Sanada laissa le noble lancer son arme contre l'air, il faisait toujours en sorte d'éviter le coup au dernier moment, laissant croire à son adversaire qu'il avait une vitesse décente. Lui se croyait rapide comme la foudre, demandant sans cesse si le peintre avait bien saisi le mouvement de son "art martial personnel".
Le genin sourit intérieurement, lui qui avait l'habitude de s'entraîner avec la Sorcière, l'être le plus rapide et agile qu'il connaissait, avait l'impression de faire face à un escargot persuadé d'être une panthère. La noblesse et ses artifices semblaient avoir le pouvoir de convaincre les médiocres que leurs richesses innées étaient dues à leur supériorité.
Et comme tout dans le monde les laissait croire une telle chose, il finissait par se penser aussi puissant qu'un dieu, aussi fort qu'un Kage. Mais il en était rien. L'inné ne suffisait pas, surtout dans l'art du combat.

Sanada composa le plus rapidement possible les mudras alors que le bras de son adversaire prenait de l'élan pour frapper. Une imposant colonne noire fut projeté vers Jichui Izuku qui fut immédiatement happé et disparut dans les nuages parsemés d'éclairs d'or.

Son cri résonna tandis que Sanada attrapait une partie du front pour créer un brouillard d'orage autour de lui. Il en sorti ravi en fixant Tae.

- T'as vu ? J'ai réussi à transformer le front ! Et...

- Sanada ! Le gros ! Cria Tae.

Si le soldat des Cinq pensait que sortir d'un lieu qui faisait mal et aveuglait aurait été un réflexe, il semblait que ce n'était pas le cas pour le noble qui était vraisemblablement encore dans le front nuageux.

Sanada le sorti donc sans trop se presser.

Jichui Izuku resta silencieux jusqu'à ce que Sanada reparte. Le noble semblait traumatisé par ce qu'il venait de vivre et ne regarda même pas le coffre de bois précieux qui contenait les rouleaux de techniques maintenant à lui.

Sanada et Tae quittèrent le bâtiment en pleurant de rire. Non seulement, ils avaient eu ce qu'ils voulaient. Des techniques pour Sanada et des fonds pour Tae et son clan, mais en plus, il avait pu rabattre le caquet à un noble qui n'avait jamais connu la violence en tant que victime.

Ils allèrent en chantant vers le restaurant de Kaede.
La soirée fut merveilleuse. Qui aurait pu croire en ce soir doux et animé qu'Uzushiogakure était un village militaire ? Il faisait bon vivre sur les îles du sud, il ne manquait de rien.

Les dieux étaient cléments avec cette partie du monde, pour le moment.

Ocean:

Adjugé...Hadjimé !

- On le reconnaît quand même.

- Le pauvre.

- Le pauvre ? Vouloir affronter un ninja, quelle idée !

En cette soirée, les nobles des plaines verdoyantes s'étaient réunis pour une fête au château d'Izuku Jichui. Le noble avait, selon les rumeurs, perdu un peu la tête depuis sa visite au QG de la Ligue Somei. Plus joyeux et loufoque qu'auparavant, il était maintenant persuadé d'être doté de pouvoirs "extraordinaires" lui permettant de résister aux techniques mortels des ninjas.

Sa famille, qui voulait le protéger, l'enfermait donc dans son magnifique manoir. Et pour la première fois, il avait eu le droit d'inviter du monde.

Pourtant, si les gens étaient venus, ce n'était pas pour voir celui qui se prenait pour un kage. Un tableau relatant son combat contre le shinobi des îles venaient d'arriver.
Ce tableau, d'un peintre très connu, était le seul véritable témoin de ce qui s'était vraiment passé, tout le monde voulait donc le voir de leurs propres yeux pour ensuite se vanter de connaître la rumeur de première main.

Chaque fois que les invités passaient devant la toile, ils ne pouvaient s'empêcher de rire.

Loin de capturer un mouvement épique dans le combat. Le peintre avait pris la décision artistique de faire un portrait de l'homme après le front orageux. Le visage brunit, les chevaux hérissés sur la tête, les habits brûlés, le gras et les défauts de l'homme avaient été accentué à outrance, faisant de lui une sorte de symbole caricaturale de l'arrogance des nobles qui ne daignaient pas faire cent pas, mais se prenaient pour des combattants hors-pair.


Le tableau fut détruit par la famille, même si certains prétendent que "Le noble et le ranton" est caché quelque part, au fond d'un grenier de collectionneur ou dans la cave d'un marchand. Mais ça, c'est une autre histoire.