Lame contre lame. [Pv Hitagi]

Qui a le plus grosse ? 

Devant moi, l’homme s’effondra d’un coup de fourreau dans la caboche à même de lui faire voir trente-sept chandelles incandescentes. L’affrontement était presque trop facile, cela n’avait pas été trop dur d’arriver jusqu’ou j’en étais arrivée, personne ici n’avait le talent de me résister et s’en était presque décevant, moi qui avais espéré un peu de difficulté, l’histoire de me faire passer ma frustration, ça avait été raté… J’avais triompher sans péril, vu qu’aucun de mes adversaires n’avaient réussis à me toucher une seule fois. Mais à vaincre sans péril, on triomphait sans gloire et j’étais plus ou moins persuadée d’avoir perdu mon temps ici. Et alors que j’étais prête à prendre mes affaires et repartir, le son de l’acier tranchant la chaire arriva à mes oreilles et en me retournant, je vis une cette jeune femme. Plus petite que moi, probablement légèrement plus âgée, elle arborant un sourire qui mettait en valeur ses dents trop pointu, sa face comptait quelques légères cicatrices blanchis, mais surtout son regard avait quelque chose de perturbant, comme dénuée d’une part d’humanité. A m’y méprendre à part la longue crinière blanche qui pendant derrière ses oreilles, cette jeune femme me ressemblait dans ses manières d’êtres et d’agir. D’un seul coup, j’avais l’impression de me voir devant un miroir : j’avais été comme elle, à me réjouir de chaque victoire sanglante. J’avais devant moi, ce que j’avais été et cette image de violence dénuée d’empathie me fis légèrement frissonner, alors même que j’avais déjà fait bien pire.

Pourtant, avant même que mon choix de l’affronter ne sois fait, j’étais déjà sur l’arène, entourée de tous ces gens, l’œil dans le vague. Pourquoi mon corps avait-il réagis tout seul ? Pourquoi voulais-je me confronter à quelqu’un qui était si semblable à moi ? Pour savoir si j’avais fait le bon choix, si le chemin de la liberté, de l’émancipation, était le bon et pouvait me permettre de sauver tout le clan de mes seules mains, pour savoir si j’étais capable à moi seul, d’influer le cours du monde par mes seules actes. Peut-être voulais-je aussi me défouler avec quelqu’un qui avait l’air d’être forte, ou bien juste montrer que la violence extrême n’était pas le seul recours possible et qu’il était possible de se battre pour le mieux, sans faire souffrir l’autre inutilement… C’était motivée par toutes ces pensées, toutes ces raisons que mon corps avait réagis et que je me trouvais devant cette jeune femme désormais, qui salua mes capacités à me battre, d’un battement d’yeux, je revins à moi, puis haussa les épaules :

« Merci, je n’ai pas grand mérite, c’était facile… Tu ne te bats pas mal non plus… »

Les règles de l’affrontement furent énoncées, toujours les mêmes que dans ce tournois amical pour calmer les agressifs brigands qui trainaillaient sur l’île, qui se battaient pour savoir qui était le meilleur sabreur. Cette querelle était pathétique, parce que c’était moi, à point c’est tout. Un regard sur le côté, me permis de revoir, le médecin qui assistait à l’affrontement, prêt à sauver la vie des combattants en cas de blessures mortelles. Il n’y avait que peu de chance que j’eusse besoin de ces talents, après tout, j’étais solide. Le signal fut lancer, alors que la sabreuse se lança sur moi, le sabre à la main.

Pour moi, il était difficile de se rendre compte de ce qui se passait là maintenant, je n’avais pas du tout prévu de passer ma fin d’après-midi à me battre au sabre avec des saoulards et des brigands de secondes zones, après tout, mon ambition réelle était toute autre. Je me demandais même comment j’en étais arrivée là.

Tout avait commencé à cause de mes nouvelles responsabilités qui amenaient mes pattes à se déplacer et rencontrer certaines personnes et à devoir faire de la politique.  Moi l’imbécile un peu ingénue, je faisais désormais de la politique, je parlais, essayant de vendre mon clan, nos forces, nos projets, pour espérer trouver du travail et des soutiens. Autant donner un coup de sabre dans la flotte… Partout où j’allais, le mépris et la peur guidait les réactions des gens : une réputation sanglante nous suivaient C’était là, les échos désastreux du massacre n’arrangeaient pas notre nom et nous donnait l’air d’être des revenants, des êtres d’un autre monde, revenu pour hanter les vivants. L’ampleur de la tâche qui m’incombait était titanesque et tel Atlas, le poids que je portais sur mes épaules, manquait parfois de me faire tomber. Mais je comprenais alors dans ces instants-là, un peu plus Etsu, elle qui avait toujours fait de son mieux, donnant toute sa force, toute son énergie dans une cause presque perdue. Nous étions une cause presque perdue, mais pour autant, je ne souhaitais pas abandonner, pas après toutes ces morts, tout ces efforts d’Etsu, ce n’était pas possible.

Cette fois-ci, mon apprentissage de cette nouvelle vie m’avait directement mené dans les îles brumeuses, pour essayer de voir des déboucher pour de la vente de fourrure avec un marchand local qui de passage dans l’isthme avait été obsédé par les dîtes fourrure. Toute occasion était bonne à prendre pour essayer de ne pas mourir de faim dès le prochain hiver venue, sur conseil de Fuyu, j’avais donc essayé de rassembler un petit stock de ces fourrures d’ours à bas prix, vendant mes talents et ceux du clan aux habitants du coin pour une petite ristourne et essayer de faire le plus de bénéfice, en plus de se faire aimer des habitants. Le but était désormais, accompagné de Fuyu, d’aller négocier un bon prix et essayer d’empocher quelques ryos en allant voir le marchand qui nous avait promis monts et merveilles pour nous.

Malheureusement pour nous, en arrivant sur l’île du dit marchand, nous apprîmes la nouvelle, il était mort en mer peu de temps, juste avant que nous arrivions. Nous étions de nouveaux à la case départ et je restai coi quelques secondes, avant que Fuyu ne déclare :

« Parfois, c’est comme cela que ça marche la vie, tout ne se passe pas comme prévu. Cela ne veut pas dire que cela n’a servis à rien, peut-être trouverons-nous un autre moyen de vendre nos fourrures ? »

J’hochais la tête, reprenant de l’espoir, Fuyu avait raison, tout n’était pas perdu et avec les autres Chinoike qui nous accompagnaient, nous nous séparâmes à la recherche de marchands prêt à acheter nos peaux d’ours. Mais patience et moi faisaient deux et après plusieurs heures à chercher des marchands, sans succès, frustrée de mes échecs et surtout de la mort de l’autre, vu que cela compliquait tout ce qui était prévu, je me résignais à aller faire le tour dans un auberge, l’histoire de me poser quelques minutes avant de reprendre les recherches. Mais je n’étais même pas entrée que déjà sortais en trombe un type qui hurla partout :

« GRAND TOURNOIS DE SABRE EN PREPARATION, INSCRIVEZ-VOUS ! »

Dans un élan de faiblesse, sans presque m’en rendre compte, mon nom fut déjà écrit sur le registre, j’étais inscrit, je ne pouvais malheureusement plus rien y faire, quel dommage. J’eu une pensée pour Fuyu, j’espérais de tout cœur qu’elle ne se rende pas compte de ce que je faisais, sinon je me prendrai un sale savon qui me ferait mal. J’avais cependant pensé tout le tournois à l’excuse que je pourrais sortir si je me faisais prendre, sans réel succès.

Voilà comment je m’étais retrouvée dans cette situation, avec désormais cette sabreuse qui sautait sur moi, prête à me trancher la gorge. Le temps sembla ralentir pour moi, alors que derrière la crinière blanche de mon adversaire, je vis le regard désapprobateur de Fuyu… j’étais dans la merde. C’est à ce moment-là, dos au mur, persuadée de me faire disputer et de me faire trancher que mon corps comme mon esprit s’éveilla et s’éclaircis, en un instant, tout devint clair. Si je gagnais le tournois, ça ferait parler de moi et surement que je trouverais quelqu’un à vendre mes peaux d’ours. Putain, ça c’était de la bête d’idée ! Je me sentais trop fière de ma trouvaille, encore fallait-il triompher désormais. Si je voulais éviter de me faire mal voir, je devais écraser la sabreuse devant moi, la réussite de la vente de mes peaux d’ours et de cette opération commerciale dépendait de ma victoire : je ne pouvais pas faire de cadeaux à l’autre.

En un instant, alors que sa lame se dirigea vers moi, tentant de me faucher pour me faire tomber au sol, dommage pour elle, j’avais l’avantage de l’allonge, je dégainais mon nodachi en une fraction de secondes alors que d’un mouvement ascendant, avant que sa lame ne me touche mon propre nodachi traversa toute sa garde, tel le vent à travers les branches d’un sapin, en direction de sa gorge, prête à frapper fort. Si elle ne voulait pas perdre sa tête, elle avait intérêt à réagir. Un léger sourire se dessina sur mes lèvres, je prenais plaisir à combattre comme à vaincre, encore plus le reflet de là moi d’avant que je lisais en elle. Puis sans attendre, profitant du mince instant, ou elle était déconcentrée par mon attaque, je levais mon sabre, puis me mis à lancer une série d’attaque, dans le but d’acculer mon adversaire, je ne voulais lui laisser aucune chance et gagner sans accrocs ! Il ne me restait donc plus qu’à voir de quoi elle était capable et si elle avait la capacité de sortir de cette désagréable situation dans laquelle je l’avais mise ! J’étais curieuse d’observer la suite de l’affrontement !



   

Qui a le plus grosse ? 

Contre toute attente, la kunoichi s’extirpa du tranchant de ma lame, sans que celle-ci ne morde froidement la moindre parcelle de chaire, ni que mon assaut ne fasse mouche. Et avant même que je percute ce qui se passait, la crinière blanche était déjà passée derrière moi, je n’avais pas le temps de faire demi-tour, la morsure glacée de l’acier allait suivre avant même que je cligne des yeux. Je n’avais pu que passablement la suivre du regard. Elle qui avait plus l’air d’un animal à qui on avait donné un sabre plutôt qu’a une sabreuse, elle manquait cruellement de goût et de technique : le reflet qui apparaissait derrière mes prunelles pourpre ne faisait que me rappeler la manière dont je me battais moi il y a quelques années… c’était une terrifiante coïncidence. Une coïncidence qui faisait toujours monter plus en moi une certaine colère !

Une colère qui n’était tournée que vers moi et mes erreurs du passé, mais qui poussera inlassablement à vouloir écraser chaque ersatz de mes échecs. Malheureusement pour la brigande, elle devait payer d’être si sotte et bestiale dans sa manière de se battre, insultant tout ce qu’il était possible de faire avec un sabre et tout ce qu’on devait faire lorsqu’on prenait les armes. A se battre comme un animal, elle laissait de côté son humanité et tout ce que quelqu’un avec un sabre fait, défendre ses convictions et sa philosophie de vie. Il était temps de démontrer ma supériorité philosophique et spirituel sur cette vulgaire bretteuse, ma voie du sabre était supérieure à toutes les autres.

L’infime instant se termina lorsque l’acier mordit ma chair, au niveau du bas de mon dos, alors même qu’ayant fait un quart de tour, j’avais réussi à éviter le gros de l’attaque et que cependant, aux yeux de la brigande, son sabre affûté n’avait fait que caresser ma peau, ne laissant aucune marque. Profitant de l’instant de stupéfaction de la jeune femme, je lui fauchais la jambe, pour la déstabiliser avant de lui envoyer un énorme coup de nodachi vers la gorge, espérant bien lui faire payer sa vaine tentative de prendre l’avantage sur moi. Elle devait comprendre qu’elle s’attaquait là à un quelqu’un qui ne pouvait pas être touché ou déstabilisée, j’étais invulnérable et invincible.

J’étais Chinoike Hitagi, la sabreuse la plus puissante de tout l’isthme du gel et personne, personne ne m’arrivait à la cheville et cela, parce que j’étais prête à fouler le monde entier du pied pour donner vie à mes ambitions et ce n’était pas un fantôme de mon passé, incapable de comprendre les subtilités de l’art du sabre qui pourra me vaincre. Et pour bien appuyer cela, j’allais l’écraser ici et maintenant, lui faire le cadeau de la réduire en poussière, pour la faire grandir et comprendre que ce n’était pas en restant comme elle était qu’elle pourra grandir ni devenir meilleure. C’était un cadeau que je lui faisais, autant que je me rassurais, je voulais croire que tous mes efforts n’avaient pas été vain et que j’étais désormais a même de faire ce que j’ambitionnais, mais aussi de faire grandir et d’aider les autres comme Etsu. La crinière blanche avait du potentiel, cela se voyait, elle était rapide et forte, mais elle restait encore brouillonne et chaotique, l’art du sabre n’était pas chaos et brouillon, ce n’était pas taper bêtement, l’art du sabre, c’était comprendre la lame comme la continuation de son bras, comme un membre à part entière et pas comme un outil. Je devais l’écraser comme un insecte, c’était mon devoir pour lui permettre de grandir, parce qu’elle me ressemblait trop et que je savais qu’on ne pouvait pas être heureux en étant comme cela, en se battant comme cela. La violence à outrance n’était qu’un exutoire au mal être qui dévorait l’intérieur. Parce que c’était mon reflet que je voyais, je me sentais obligée de l’aider.



   

Qui a le plus grosse ? 

La crinière blanche pouvait fuir autant qu’elle le pouvait, rouler sur le sol pour éviter le gros de mes attaques, elle n’en restait pas moins incapable de faire le poids contre moi, ces assauts étaient vains et faibles, tant elle n’utilisait de chakra. Mon énergie à moi était encore au plus haut, je débordais d’énergie, assez pour massacrer en un instant la jeune femme devant moi. Je devais m’avouer déçue, car sa force n’était pas très impressionnante, elle ne représentait pas un véritable danger pour moi, j’avais connu des entraînements plus dangereux que ce combat. C’en était presque ennuyeux, pas de force brute comme avec Ryuku, pas de feinte comme avec Tsumi, pas de technique avec Inazo, j’ouvris grand la bouche pour bailler de manière paresseuse, signifiant bien mon ennui. De toute évidence, il était clair que tous mes efforts avaient payé, que j’avais le talent et la force nécessaire pour enterrer l’ancienne moi sans aucun problème, cet affrontement en était la preuve, je la surpassais en tout point.

Elle ne pouvait prétendre à rien avec ces ridicules assauts, ces feintes pitoyables, encore plus quand son sang perlait sur le sol après que mon nodachi et son acier clair lui ait salement mordu la chair. La voilà qui s’élançait, la lame en avant, prête à essayer de m’empaler, ce serait insuffisant déjà je balançais mon sabre pour dévier ma lame, que déjà elle dérapait plongeais encore plus bas, prête à m’attaquer, bondissant comme un animal, j’interposais mon bras qui ressentis une légère piqûre, alors que l’acier tranchait net ma peau, mais insuffisamment pour que ce genre de blessure me fasse quelque chose, car à peine sa lame tapait que ma peau, toujours éclatante ne semblait pas avoir reçu le moindre dégât, mon illusion perdurait et la surprise de me sentir toujours invulnérable et invincible. Mais maintenant qu’elle était montée, elle était à ma portée, elle ne pouvait plus bouger pour esquiver, il n’était plus question de jouer, dans les airs, elle ne pouvait plus rien faire et je lançais mon sabre encore une fois qui serpentant près de ses cheveux, s’attaqua directement vers la gorge. Elle avait su esquiver mon attaque une fois, mais cette fois-ci, le coup était plus fort, plus rapide plus puissant. Brouillonne comme elle était, elle n’avait aucune chance de ne pas le subir et de sentir sa tête et son cou entamé un divorce. Je souriais à pleines dents, laissant apercevoir mes dents trop pointues et mes yeux rieurs, hilare de savoir que tout mon voyage pour devenir qui j’étais aujourd’hui avait entériné ma puissance sans limite. Je me sentais si forte et si débordante d’énergie !

Déstabilisée par cette attaque, le coup de pied de la brigande tapa dans le vide et je n’eus même pas à esquisser le moindre mouvement pour l’esquiver. C’était presque trop facile. Je me sentais bête d’avoir douté de mon talent. La crinière blanche était douée, elle avait de l’instinct, mais elle manquait cruellement de technique et la conséquence était triste pour elle, elle se faisait marcher dessus, piétiner comme une moins que rien. Je reculais de trois pas, d’un large coup, je retirai le sang de ma lame, formant un arc de cercle rouge sur la terre, puis déclarais sûre de moi :

« Tu vois bien que l’écart de puissance entre nous deux est trop grand… tu ne peux rien faire contre moi, abandonne avant d’être blessée ! »

Je voulais l’entendre abandonner, reconnaître sa défaite, louer ma puissance et mon style. Je voulais ses aveux de faiblesse pour que ma victoire soit totale. Il fallait qu’elle reconnaisse qu’elle m’était largement inférieur, pour qu’au fond de moi, je le sache, j’avais surmonté ce reflet du passé, qui ne représentait pas un réel danger ! J’étais sûre de ma victoire, continuer cette comédie serait absurde.




   

Qui a le plus grosse ? 

Mais si j’étais une jeune adulte benête à peine sortis de l’adolescence, la crinière blanche elle, était tout aussi impétueuse et bête que moi, têtue comme une mule charger de paniers remplis de houille refusant d’avancer malgré les taquets qu’on lui foutait contre la croupe. Elle ne pouvait pas abandonner, question de fierté sûrement… à sa place, j’aurais été incapable d’abandonner moi aussi, préférant faire couler mon sang et faire chanter l’acier plutôt que de retourner d’où je venais, chialant comme une gamine voulant fuir dans les jupons de sa mère. Malgré ce que je lui avais ordonné, je savais qu’elle refuserait de fuir au fond de moi, parce devant l’obstacle quasiment impossible à vaincre que je représentais, son sang bouillonnait dans ses veines, l’adrénaline pulsait derrière ses yeux et surtout son cœur battait à tout rompre : un combat perdu d’avance, c’était ce qu’il y avait de plus excitant. C’était de la déraison de penser cela, mais encore aujourd’hui, je ne pouvais pas mentir, le frisson du combat continuait de me filer des papillons dans le bide et de me faire tourner la tête… comme un plaisir coupable, me tataner la gueule me faisait trop vibrer et kiffer.

Comment mentir que lorsque son ricanement bestial retentit dans tout le bar, arène improvisée, hurlant qu’elle n’abandonnera pas, je me surpris alors à sourire, mi-agacée parce que je savais que j’étais infiniment plus forte au sabre qu’elle, mais aussi mi-amusée par sa ténacité, mi-excitée par la perspective d’écraser comme un cafard sa grande gueule. Cette comédie absurde, ce semblant de combat, consacrant ma supériorité écrasante allait perdurer. Tout au fond de moi, je l’avais souhaitée, tant le chant de l’acier dans la chair m’avait manqué, je ne pouvais pas vivre sans sa douce mélodie, celle de mes triomphes et victoires, chaque victoire sacrant ma force indécente et me rapprochant un peu plus de mes rêves utopistes de gloire et de paix. J’avais prévenu mon adversaire qu’elle risquait de finir blesser, j’avais fait tout ce que je pouvais, le reste était pour elle. Alors que mon sourire d’hyène s’élargissant finissant de faire apparaître mes dents trop pointues, la voix d’Inazo retentit dans ma tête.

Être forte, c’est aussi refusé le combat et user de la violence avec parcimonie.

Ce à quoi, je ne pouvais pas m’empêcher de lui répondre intérieurement :

Peut-être bien que ce fût le cas Maître, mais user de la violence préventivement, cela permet de faire avancer la cause que je poursuis, ce combat est nécessaire, au moins pour constater de mes yeux vu, l’étendu de mes progrès… Je n’oublie cependant pas, la vertu de la bienveillance, celle qui poussait à n’exécuter et tuer que ce qui était nécessaire.

Je gardais cette perle de sagesse dans ma tête, aussi stupide que la crinière blanche était, au maximum aussi con que moi, elle ne méritait pas de mourir. Surtout que celle-ci était en face de plein de questions, comme si jamais elle ne s’était retrouvée devant tel obstacle et qu’elle avait besoin de réponses ici et maintenant. Je lâchais un petit ricanement :

« Qui je suis ? Ça n’a pas d’importance, je suis de passage ici pour la politique… mais je suis encore un peu faible sur cela… Je relevais mon sabre pour faire face aux assauts de la guerrière qui allait venir bientôt. Si tu veux une réponse, considère que je suis Bishamonten, le dieu des guerriers ! »

Et ce fut à ce moment que mon cœur rata un battement au moment où le sabre de la crinière blanche s’enfonça dans le parquet de mauvaise qualité du bar, avant que ses mains se rejoignent formant des signes. Je m’étais attendu à trouver quelques shinobi sur l’île, mais pas à ce que la brutasse contre qui je me tapais sache manier le ninjutsu. Malgré l’horreur que cela provoqua en moi, je ne pus m’empêcher de sourire devant l’incertitude qui venait de rejoindre le combat, cela allait peut-être enfin commencer à être intéressant. Mais encore fallait-il que je sache exactement ce qu’elle allait me sortir, je craignais plus que tout, le fuuton capable d’avoir l’avantage sur mon affinité. Mais ce fut avec un mélange de dégoût et d’apaisement que je vis la jeune femme se mettre à dégueuler un torrent entier de flotte qui me percuta alors, me faisant basculer en arrière, me mettant la tête sous l’eau. Alors que je remontais, surprise, et en prise avec tous mes mauvais souvenirs de quasi-noyade dans l’isthme qui remontaient d’un coup, me faisais déglutir, mais aussi monter tous mes réflexes de survies, si bien que je faillis m’entailler les veines pour sortir mes techniques héréditaires, cependant, je résistais, souhaitant triompher par ma lame et ma lame seul et non grâce à mes talents héréditaires. Je constatais alors que le bar était complètement inondé et que je n’avais plus autant d’aisance à me déplacer. Cependant, la crinière blanche, elle rayonnait et irradiant, insinuant qu’elle serait plus forte comme cela. Un sourire se dessina sur mes lèvres, pour essayer de me montrer plus sûre que je l’étais vraiment, qu’elle vienne, je l’attendais.

Mais, elle était désormais bien plus rapide que moi et avant même de dire ouf, elle se retrouva dans mon dos et seul ma vivacité d’esprit et ma méfiance vis-à-vis de l’eau me permit de faire une pirouette, empêchant l’acier du sabre de trancher net mon tendon à l’arrière, mais tranchant largement ma cuisse, mon manque de visibilité ne me permit pas d’esquiver non plus les estafilades qui vinrent zébrer mon dos déjà raviné de balafre blanche. Pour la première fois depuis l’affrontement, mon sang coula et ne tarda guère à colorer l’eau d’un pourpre. Mon manque de concentration et la surprise m’avait empêché de réellement garder mon genjutsu et toutes les entailles faites jusqu’à maintenant suintait de sangs, démontrant que je n’étais pas invincible ni invulnérable.

Il me fallait gagner du temps, le temps de pouvoir me remettre d’aplomb et j’en profitais de ma pirouette pour lancer derrière mon nodachi comme un shuriken, qui dans l’espace étriqué était impossible à esquiver ou presque. Mais peu importait, il me suffisait d’une seconde de distraction, je saurais alors reprendre un peu l’avantage, je sautais, m’agrippant à une poutre au plafond, puis concentrant le chakra à mes pieds, les plaçais sur l’eau, sans m’enfoncer. Je me retrouvais désormais à marcher sur l’eau sans problème. La crinière m’avait surprise avec son ninjutsu et son étonnante dextérité dans l’eau, mais désormais c’était fini. D’un mouvement expert, j’envoyais quatre senbon en plein vers ou la bretteuse désormais plus proche du poisson que de l’humain était, pour gagner juste assez de temps pour dégainer mon tantô. Peu importais la taille de ma lame, c’était suffisant pour vaincre l’autre !

Cette inondation non prévue m’avait changé et désormais mon sang pulsait dans mes oreilles, la bagarre était lancée et purée, ce que c’était rafraîchissant de se battre. J’aurais d’autant plus de mérite à gagner que je n’étais pas dans mon élément naturel !





   

Qui a le plus grosse ? 

 L’affrontement tourna malheureusement court, surprise par la tournure du combat, j’avais été poussée dans quelques retranchements qui m’avaient amenée à lourdement surestimer la crinière blanche, persuadée que j’avais devant moi, un adversaire à même de me tenir tête. Elle avait survécu à la Guillotine par deux fois, une de mes arcanes les plus puissantes, je m’étais laissée emporter et lorsque mes senbon s’envolèrent. J’étais à moitié persuadé qu’elle serait capable de les esquiver, de se permuter avec je ne sais quel tabouret pour continuer le combat et pourtant les quatre stalagmites d’acier la transpercèrent lourdement, la projetant jusqu’à ce qu’elle s’effondre dans une mare de sang. J’ouvris la bouche sans qu’aucun son n’en sorte, de manière diffuse j’entendais derrière mon nom être scandé et pourtant, je me sentais bizarre. D’un simple mouvement de la main, j’avais réduit à néant la guerrière devant moi qui n’avais eu aucune chance. Ses camarades ne tardèrent pas à la rejoindre et à la soigner, moi je restais là, médusée par ma force incommensurable. Il était clair que plus rien ni personne ne pouvait plus rien faire contre moi, j’étais trop puissante. Sûrement étais-je même assez forte pour faire de mon rêve une réalité.

L’eau finit par disparaître du bar, laissant l’endroit saccager, mon nodachi planté contre un mur, le sol détrempé, l’endroit ne ressemblait plus à rien. Rapidement, une main attrapa mon bras. Rien qu’au contact gracile, je sus que c’était Fuyu, en tournant la tête, je sus que j’allais me faire passer un savon, sa voix sèche et rauque claqua comme un fouet :

« Être jeune et être cheffe ne sont pas des excuses pour être une abrutie finie Hitagi. Tout le conseil à accepter que tu prennes la place d’Etsu parce qu’elle nous a assuré que tu serais à la hauteur. Je crois moi-même que tu as un certain potentiel et des possibilités, mais ce genre de comportement ce n’est pas possible. Tu comptes te battre comme une ivrognesse contre chaque personne que tu croises ? Jusqu’à ce qu’on te tue et qu’on ne retrouve ton corps sans vie je ne sais où ? Tu es cheffe désormais, tu as des responsabilités, tu ne peux pas tout faire et faire tout ce qui te traverse dans la tête. Tu dois prendre conscience que tu ne peux plus agir comme tu agissais avant, tu es notre symbole, tu dois nous guider vers un horizon meilleur, construire pierre après pierre un monde meilleur. Essaye de ne pas nous décevoir, s’il te plaît, nous croyons en toi, met un peu de cœur à l’ouvrage et offres aux Chinoike ce que tu rêves de leur offrir. Je sais ce c’est difficile toutes ces nouvelles choses que tu dois faire et comprendre, mais c’est nécessaire que tu en prennes conscience pour devenir une meilleure personne. Fais un peu plus d’effort s’il te plaît. »

Ce n’étaient pas des paroles faciles à entendre, surtout que Fuyu comme Etsu étaient les deux seules personnes que j’écoutais avec le plus de sérieux. Leurs avis comptaient énormément pour moi et je voulais faire mieux. Cependant, je me sentais si forte, si puissante, si invincible, comme si rien ne pouvait me toucher, c’était si grisant. Je savais que je pouvais faire plus et mieux et que je poursuivais la bonne voie. Après il était clair que ce combat avait été un peu trop violent, à l’avenir, je devais faire de mon mieux pour me maintenir dans des affrontements amicaux pour continuer à tester ma force. J’avais en tête de faire du tourisme martial, cela ne me paraissait pas une si mauvaise idée, sûrement que je trouverai de quoi m’amuser et consacrer ma toute puissance. Cependant, pour calmer la vieille conseillère, j’hochais la tête :

« Oui je suis désolée Fuyu, je ferais mieux la prochaine fois. Tu n’auras plus à regretter mon comportement. Merci de croire en moi ! »

Elle hocha la tête, visiblement satisfaisaite de ces excuses. Je savais bien que Fuyu ne me détestait pas, elle m’avait déjà dit un jour que j’étais comme une pierre qu’il fallait polir pour pouvoir bien l’utiliser à bon escient. J’acceptais tous ces efforts pour me polir. Je ferais de mon mieux pour qu’il n’y ait plus de prochaines fois à cette situation. Je ferais mieux pour satisfaire sa confiance à elle comme aux autres. C’était ce que j’avais de plus cher, la confiance des miens et je ferais tout pour en être digne et leur montrer quel genre de chef je pouvais être.

Je n’oubliais pourtant pas la venue de ma présence ici, sur cette petite île un peu perdue : la cargaison de peau d’ours. Je devais trouver un moyen de les vendre pour rehausser le prestige que je voulais arborer devant les miens, à la fois une bonne combattante, mais aussi quelqu’un capable de régler les soucis qu’elle avait devant elle. Cela permettrait de faire un peu plus avaler le coup du tournoi de sabre. Je me souvins alors de ce que racontait mon amoureux sur comment rendre quelque chose irrésistible, pour vendre et tout. Ça valait la peine d’essayer. Je profitais alors pour monter sur une table, puis prenant ma meilleure voix de vendeuse :


« Si jamais vous êtes intéressés, nous avons de merveilleuses peaux d’ours à vendre, venant tout droit de l’isthme du gel ! Je vous les fais à moitié prix, 20 ryos l’unité ! Une affaire, à ne pas rater ! Le clan Chinoike vous remerciera ! »

Pour des gens de la mer qui n’avaient jamais vu d’ours, sûrement que cela donnait envie, surtout vu la manière dont je vendais ça, prenant exemple sur Mugi et sa confiance à toute épreuve. Rapidement, ma petite cargaison d’une cinquantaine de peaux disparu, le bouche-à-oreille marchant plutôt, les pêcheurs d’ici ayant besoin de peau pour résister au froid de l’hiver sur la mer et j’arrivais à point nommé pour vendre ces petites merveilles et avoir des liquidités. A la fin, il ne resta que deux peaux. J’en offris alors une à l’aubergiste qui le méritait bien vu les dégâts. Je pris la dernière, retrouvant les camarades de la crinière blanche, je m’inclinais légèrement devant eux :


« Je suis désolée pour le combat, je n’avais pas prévu de la blesser aussi gravement. Ce n’est qu’une petite compensation, mais donnez-lui cette peau d’ours. Dites-lui aussi que Chinoike Hitagi est désolée ! »

Sans plus de cérémonial, je retrouvais les miens, dont Fuyu, l’air moins déçut que tout à l’heure. Je m’étais plutôt bien rattrapée sur ce coup-là, je pouvais être fière de moi. Nous ne nous attardâmes pas plus longtemps, nous avions les poches remplis de Ryo, ça allait mettre du baume au cœur à tous les miens. Je n’étais pas mauvaise, mais Fuyu avait raison, j’avais beaucoup à apprendre. Nous prîmes le bateau qui nous avait amené avant de redisparaître aussi rapidement que nous étions arrivés sur cette petite île, laissant de nouveau la quiétude s’installer sur ces côtes ballotter par la mer.