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Crocodile affronte Luffy avec du sang, ça tourne mal | Serika Shiran

Chinoike Hitagi
Chinoike Hitagi
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Crocodile affronte Luffy, ça tourne mal  

   




   
~ feat. Shiran l'homme qui craignaut la marrée





   


  Le monde recelait de recoins ou jamais je n’étais allé, de connaissances infinies que je n’avais pas encore touché du doigt. J’avais déjà voyagé, roulé ma bosse, découvert de nombreuses contrées, cependant, jamais avec mes yeux d’aujourd’hui. Je me sentais plus qu’hier à même de mieux comprendre le monde qui m’entourait. Et connaître ce monde, apprendre ces ficelles, ces particularismes étaient plus que jamais nécessaires pour moi.

J’étais devenu cheffe du clan, celle sur qui reposais les espoirs, les rêves de tout les miens, j’étais leurs piliers, celle qui devait les guider vers un monde meilleur… J’avais une d’ces pressions sur les épaules, à même de me faire poser un genou à terre et tétaniser. Mais j’avais une telle responsabilité envers eux que je ne pouvais pas abandonner ou lésiner mes efforts, ainsi avec rigueur et acharnement, je continuais de faire mon mieux pour être la meilleure pour eux. Parce que tel était là, ma raison de vivre, créer un monde meilleur pour tous ceux que j’aimais. J’avais toute ma vie maudit ma faiblesse, mon incapacité à faire quelque chose d’important et qui comptais, maintenant tout ce que je faisais était important et comptais. C’était un effroyable fardeau que je prenais à bras-le-corps et que j’acceptais : j’avais besoin de cela pour vivre mieux et avancer. C’était nécessaire et j'étais fière de moi, tellement, tellement fière de moi.

Mais parce qu’avoir tous leurs espoirs, tous leurs rêves n’étaient pas suffisants, je devais les protéger, tous, au prix de ma vie, de mon humble vie à moi, qui m’importais sûrement plus qu’à tous les autres, tant j’avais envie de vivre et de ne pas mourir, mais je devais le faire. Pour me sentir capable d’assumer cette responsabilité, je profitais de mon maigre temps pour m’entraîner et voyager, pour découvrir le monde et ces guerriers.

J’étais tellement consciente de mes faiblesses, de mes failles, de mes fragilités… je n’étais qu’une jeune femme à peine sortie de l’adolescence qui rêvais de grandes choses, mais qui devais désormais avoir la force et le courage de rendre ces rêves réalités. Pour ne jamais me faire surprendre, je devais apprendre. Apprendre comment les gens pouvaient se battre, quelles étaient leurs faiblesses, leurs forces, leurs secrets pour être puissant. Je devais tout savoir sur eux, ou tout du moins le maximum que ma pauv’ caboche pourrait retenir. Je devais parcourir le monde et découvrir les styles de combats qui existaient pour être capable de les contrecarrer. A force de travail, je comptais bien devenir la plus forte possible, à même de réduire en cendre n’importe qui touchera ma famille et aux miens. Ce n’était peut-être qu’un fantasme, qu’un rêve, mais je ne comptais pas abandonner et j’allais faire de mon mieux !

Mon chemin m’emmenait là ou mes jambes me menaient, là ou des missions arrivaient, tout prétexte pour mesurer l’étendue de ma force était bon et mon chemin m’avait amené cette fois-ci dans un lieu ou j’étais déjà allée, le pays du sable et ces alentours. Les souvenirs de mes meurtres de cette fois-ci me revinrent en tête comme un écho, c’était au pays du sable que j’avais compris la violence du monde shinobi et parfois, la faiblesse des personnes qu’on affrontait… et par la même occasion la violence dont j’étais capable. C’était aussi au pays du vent que j’avais faillis mourir de soif une fois à cause de mon imprudence. Tant de souvenirs lointains qui me rappelait ma jeunesse et la fougue qui l’accompagnait : revenir sur ces traces me permettrait à coup sûr de savoir si j’étais la même, si j’avais pu m’améliorer ou non. C’était une bonne épreuve.

Même si parfois, le conseil du clan grinçait des dents de mes excursions, je continuais à vouloir me salir les mains, je n’avais pas pris la place d’Etsu pour rester enfermer dans un bureau à rien faire, je ne renierai jamais qui j’étais : une guerrière et une femme d’action. Ainsi, après la traque et la mort de faibles brigands qui avaient refusé de se rendre, je m’étais finalement arrêtée dans une auberge de passage. J’étais ici incognito ou presque, disons qu’avec ma face blême et mes cicatrices qui couturaient mon corps, cela ne laissait qu’un minimum de doute sur qui j’étais, encore plus quand le Môn du clan flottait sur mon long kimono : j’assumais qui j’étais, je ne voulais plus renier mon ascendance. Puis bon, je répondais à toutes les missions au nom du clan Chinoike, pas en mon nom à moi, l’histoire que si je gaffais, Fuyu et Etsu règle le problème, mais disons que Chinoike Bishamonten avait pris du service et essayait de faire de son mieux.

Tant qu’à faire, une fois au pays des grains de sables, autant faire du tourisme et découvrir comment les gens d’ici se battent et autant voir si je suis capable de faire d’eux une bouchée. Restait plus qu’à voir si paumée comme j’étais j’allais trouver quelqu’un qui allait se battre gentiment avec moi pour voir qui avait la plus grosse.

Mes méthodes ne semblaient pas changer, cependant, le fond changeait et désormais, quand je me battais, je ne me sentais plus seule et en prise de mes émotions et sentiment sans rien comprendre. Je me sentais terriblement libre et terriblement moi-même. Je ne me battais plus pour moi, mais pour tous les autres et cela changeait énormément de choses.


   

   

   


   
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Serika Shiran
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« C’était censé être une patrouille de routine, nom d’un chien… »

Shiran n’avait pu retenir un juron en découvrant le spectacle macabre qui allait ruiner sa journée – une pile de cadavres charcutés brutalement, que l’on n’avait même pas pris la peine d’enterrer, encore entourés d’armes propres – de toute évidence, ils n’avaient pas eu l’occasion, ou la capacité de se défendre contre leurs assaillants. En lieu et place de funérailles, les défunts étaient à peine dissimulés, à l’ombre d’une caverne qui les protégeait autrefois du soleil impitoyable du désert. Le jeune homme n’avait pas besoin d’extrapoler longtemps pour deviner ce qu’il s’était passé ici – les hommes gisant devant lui correspondaient parfaitement au signalement de bandits récemment installés dans la région, encore trop peu dangereux pour que le village de Suna se décide à envoyer un shinobi s’occuper de faire le ménage. Leur mort ne serait ni pleurée, ni regrettée, ni même remarquée par les habitants du Pays du Vent. Pour autant… Elle restait un problème pour le ninja en patrouille.

*Ces blessures-là ne sont pas assez chaotiques pour être le fruit d’une défense locale,* se dit-il. *Si les Kaigan ou un autre clan de guerriers nomades se sent laisser pousser des ailes à une telle proximité des murs de Suna… On ne pourra pas en rester là.*

Un long soupir échappa la gorge du jeune homme. En l’état, il ne pouvait pas se permettre de finir sa patrouille et de rentrer en ligne droite au village – il n’avait pas d’autre choix que de s’assurer de l’identité des assassins. Si un voyageur de passage s’était débarrassé de brigands qui l’avaient importuné en premier lieu, il pourrait passer l’information sous silence… Mais il lui fallait en avoir le cœur net, aussi agaçant cette prolongation de sa tâche soit-elle. Mettant un genou dans le sable, il accorda un coup d’œil plus proche aux traces de sang qui entouraient le charnier – s’il y mettait du sien, il pourrait sans doute remonter la piste un peu plus loin. Il pouvait presque entendre les instructions lancinantes de son défunt père résonner dans son oreille tandis qu’il analysait le peu d’éléments à sa disposition, lui rappelant ses leçons sur la traque et la filature avec une horripilante précision.

Loin d’être un senseur ou un traqueur expert, Shiran put au moins mettre à profit sa connaissance intime du désert environnant le village pour remonter les maigres traces laissées par l’assaillant – au singulier, s’il devait en croire ses constatations – jusqu’à une modeste auberge perdue au milieu des dunes, n’ayant pour elle qu’un puits particulièrement bien fourni et une position favorable entre les deux oasis les plus proches ; de quoi en faire un arrêt de choix en cas de tempête de sable ou d’un voyage mal planifié. Perché en haut d’une dune, il marqua un temps d’arrêt pour mieux se repérer. Le village était loin derrière lui – les hauts remparts de pierre naturels n’étant rien de plus qu’un petit monticule anonyme à l’horizon pour quiconque ne connaissait pas déjà Suna – et aucun autre lieu d’habitations ne se trouvait véritablement proche. Deux chameaux apprêtés se partageaient un cactus, juste à l’extérieur de l’auberge de pierre blanche qui tenait plus de l’échoppe familiale que du gîte florissant. Au vu de la façade, il ne devait pas y avoir grand monde à l’intérieur – si son invité surprise y était toujours, il sortirait indubitablement du lot. Détachant sa gourde de sa ceinture, il l’ouvrit et en versa le contenu devant lui, abandonnant le précieux liquide sur le sable. Une fois son œuvre faite, il leva une main et, concentrant son chakra, fit se lever un filet de sable de la dune pour en remplir le récipient petit à petit. Un tel volume serait loin d’être suffisant pour lui permettre de livrer un combat entier ou d’utiliser ses techniques les plus puissantes, mais… Si jamais un combat éclatait alors qu’il se trouvait coincé à l’intérieur du bâtiment, ce petit contenant serait toujours mieux que rien pour l’aider à sortir et retrouver son terrain de prédilection. Désireux de voir avant d’être vu, il ajusta sa tenue, tirant le capuchon blanc de sa tunique devant son visage pour effacer autant de traits distinctifs que possible. Une fois sa gourde à nouveau accrochée à sa ceinture, il fit enfin les derniers pas qui le séparaient de la porte de bois et pénétra la salle commune de l’auberge.

Et bingo – ça n’y manqua pas, il ne lui fallut pas plus d’un demi-coup d’œil pour comprendre qui ici l’intéressait. Dans un autre lieu, ça n’aurait peut-être pas été aussi évident, mais ici – trois vieillards avant l’âge, miteux et frêles… Et une personne aux larges épaules, dont le dos était marqué d’un blason de clan – Shiran ne parvenait pas à se rappeler lequel, mais dans ce contexte, peu de chances qu’il s’agisse du logo d’une simple caravane de marchands. Il ne parvenait pas à déceler son visage de dos, mais la carnation de ses bras laissait peu de doute sur le fait qu’elle venait de bien plus loin. Il aurait pu s’arrêter là et simplement annoncer, à son retour, qu’un combattant étranger avait abattu des brigands locaux… Mais bien malgré lui, et contre son propre jugement, la curiosité prenait le pas sur le bon sens. Prenant place au comptoir, non loin de son suspect principal, il fit un signe à l’aubergiste de lui servir quelque chose de frais. Jetant un coup d’œil vers la gauche pour apercevoir son visage, il attendit que les vieux se remettent à discuter pour glisser plus discrètement une paire de phrases à mi-voix.

« Vous êtes de passage, je présume ? » la voix était innocente, presque douce, comme s’il énonçait les mondanités les plus normales qui soient. « Vous savez, par ici, on enterre les gens après les avoir découpés. Coutume locale, ça évite que le vent du désert ne transporte une odeur de cadavre. On fait pas comme ça, chez vous ? »

L’oreille portée vers la voyageuse, prêt à entendre la réaction à sa petite provocation plus qu’il ne pourrait la voir, il s’offrit le plaisir d’une petite gorgée du thé qu’on venait de lui servir.



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Chinoike Hitagi
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Crocodile affronte Luffy, ça tourne mal  

   




   
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  Dans une telle auberge, les gens n’étaient pas bien nombreux, avant tout des marchands de passages si j’avais bien compris et des êtres perdus dans l’immensité du désert. C’est ce qu’avait moufté l’aubergiste en tout cas. Chez moi, pas de marchants qui se déplaçaient, rien de très monnayable à part le fer, la houille et le bois. Tout le monde vivait peu ou presque de ça, pas d’agriculture, des légumineux consistant, beaucoup de viandes et puis c’est tout. Ici, la vie était différente, mais les gens tout aussi résilient que dans l’isthme, dans leurs yeux, il y avait une lueur forte, sûrement gagnée à force d’arpenter le désert. L’air était moite et j’étais détrempée de sueur, je gérais toujours mal la chaleur qui me faisait tourner la tête : je m’étais gavée d’eau en échange de quelques piécettes de cuivres pour tromper toute la sueur que j’avais perdue. La vie était différente et les gens aussi. Déjà tout le monde portait des vêtements si légers et qui permettait de vivre entre les grains de sables, j’étais bien en peine, moi qui portais chez moi du cuir et de la fourrure, ici, je serais déjà morte si j’avais porté ça. La vie était tellement différente que sûrement que les gens d’ici se battaient différemment que dans le froid glacial de mes contrées.

J’avais le regard dans le vide, songeant à tout le trajet que j’avais parcouru pour atterrir ici. Je repensais aux brigands qui laissaient morts et pillages derrière eux, une compagnie de marchant avait marchandé leurs exécutions. Je m’étais exécutée, après tout, ils volaient, ils étaient sûrement mauvais, non ? Je les avais trouvés et les quelques brigands aussi asséchés que le sable avaient refusé de se rendre, sûrement qu’ils auraient été exécutés à Suna ou chez les marchands s’ils avaient accepté de se rendre, sûrement qu’ils s’étaient dit que contre moi seule, une pauvre dame, ils seraient plus chanceux… J’étais devenu bien plus gentille et tolérante, bien moins excitée à l’idée de tuer, même clairement répugnée à tuer des personnes qui souffraient, qui faisaient tout ce qu’ils pouvaient pour survivre, même si c’était mal. Je savais que je ne valais pas mieux qu’eux. Mais je ne pouvais pas me laisser tuer, ni me laisser violer par ces gens, ils ne m’avaient pas laissé le choix, ils étaient irrécupérables, je les avais massacrés… C’était eux ou moi… malheureusement pour eux, j’étais la plus forte. Seulement voilà, même à l’ombre de leur caverne, la marche m’avait exténuée et n’ayant pas les compétences pour trouver de l’eau, après tout chez moi je bouffais de la neige, j’étais parti précipitamment pour retrouver de l’eau et ne pas mourir de déshydratation, laissant les corps encore fumant et chaud se vider de leurs sangs, laissant des traces écarlates dans le sable, faisant mine de la carte de visite la plus morbide possible. J’avais privilégié ma vie à la décence, et je le ferais encore mille fois. Mais cela restait toujours terriblement regrettable pour eux, j’avais de la peine pour eux, le système les avait tués, comme il tuait toujours tout le monde.

Je sortis de mes pensées, lorsque la porte claqua, je secouais fugacement la tête, rapprochant mon nodachi comme un gosse rapproche son doudou. Quelqu’un venait de rentrer dans l’auberge et contrairement à tous les autres, cet individu à la peau basanée et aux longs vêtements blancs avait une aura différente, j’avais côtoyé assez des miens pour reconnaître un combattant, cette façon d’être sur ces gardes de manière subtile, cette personne savait se battre. J’attrapais mon godet d’eau et le vida d’une traite, cul sec, puis garda un œil sur l’individu, peut-être que j’avais de la chance et que j’aurais la possibilité de quelques passes d’armes avec lui s’il était bien ce que je croyais : un guerrier. Pour voir si j’étais à la hauteur de toutes les tâches qui m’incombait, ce serait chouette. Je croisai furtivement son regard, il s’intéressait à moi de toute évidence, mais je resserrais la prise sur mon sabre, prise d’une illumination de vérité.

Il me fallait rester sensé, peut-être était-ce un brigand qui n’était pas là et qui venait se venger, peut-être n’était-ce pas un affrontement amical qui s’annonçait, mais un combat à mort… Je déglutis, je doutais de moi, je n’avais jamais douté de moi, mais la responsabilité que j’avais me faisais douter, je devais rester sur mes gardes. Je vidais mes poumons calmement, puis calma mon cœur : prudence était mère de sûreté. Mais je n’ai guère à attendre longtemps que déjà le type se tourna vers moi, sans animosité visible. Je tournais mon regard vers lui et planta mon regard dans le sien, sans le détourner. J’écoutais alors ces paroles, puis plissa la bouche dans une expression désolée :

« J’ai manqué d’eau et j’ai pas eu l’temps d’faire le ménage effectivement… faisais trop chaud pour moi… puis bon chez moi la terre est gelée et il est pas possible d’enterrer qui qu’se soit… Mais j’essaye d’apprendre, j’ferais mieux la prochaine fois… »

Il marquait un point, j’avais un peu merdé en enterrant les corps, je restais sur mes gardes, ne sachant pas vraiment si c’était là un brigand ou quelqu’un d’autre, probablement de Konoha du sable. Comment le savoir ? L’honnêteté guidant mes pas et par pure naïveté continua :

« C’était tes potes les autres ou bien tu viens d’autres parts ? Que je sache si tu veux me crever. »

Ça valait le coup d’essayer de voir si je pouvais avoir une réponse, les non-dits c’était chiant, la vérité et l’honnêteté étaient toujours de bien meilleures valeurs et maxime que le mensonge, je rechignais à jouer le jeu du mensonge, sauf sur mon identité réelle, mais ça c’était une autre histoire. Je voulais être sûre de moi et je raffermissais encore ma prise sur mon sabre, attendant la réponse pour savoir si je devrais me battre pour ma vie ou si je pouvais me laisser un peu aller sans prendre le risque de me faire buter comme une conne.


   

   

   


   
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Serika Shiran
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La voyageuse avait l’air sincèrement désolé quand elle répondit à Shiran, ce qui lui fit lever un sourcil à l’abri de son capuchon blanc. Après avoir vu le charnier qui l’avait amené jusqu’ici, il s’attendait à quelqu’un de plus belliqueux, au tempérament plus explosif – dans le meilleur des cas, il pensait qu’elle allait lui suggérer d’aller voir y ailleurs si elle y était. Essayait-elle d’éviter un affrontement inutile, alors qu’elle avait pris le temps de massacrer une bande de brigands qui ne lui posait pas la moindre menace ? S’agissait-il là d’une femme qui n’appréciait se battre que contre plus faible qu’elle et qui préférait ne pas prendre de risque face à un inconnu ? Shiran aurait dû en être rassuré, y voir une confirmation que sa première altercation avec les bandits ne serait qu’un incident isolé et qu’il pouvait la laisser partir sans plus se prendre la tête, mais… Il était presque déçu. Pas que l’envie de se battre ne le démange, loin de là ; mais en lieu et place du combattant impitoyable qui avait choisi de déchiqueter une petite bande de malotrus hors-la-loi plutôt que simplement les décourager par une courte démonstration de force, il se retrouvait face à une brute de bas étage qui avait sauté sur l’opportunité de faire couler le sang à moindre effort. *C’est minable, rien de plus*, se disait-il.

Elle n’était pas complètement sans croc cependant, constata-t-il lorsqu’elle le questionna sur ses origines. Sa voix ne trahissait aucune intention cachée, elle semblait sincèrement curieuse de la réponse ; pour autant, ce n’était pas le genre de questions que l’on pose sans être prêt à se battre au besoin. Il laissa le silence s’installer pendant plusieurs longues secondes, puis lentement, leva la tasse de terre cuite jusqu’à ses lèvres, sans en boire encore. Il était désireux de lever un peu plus le voile sur le caractère de la voyageuse. Se tournant à peine vers elle, juste assez pour laisser la lueur ambrée de son regard en coin se poser sur son visage, il fit tomber toute prétention de voix douce et innocente et ouvrit la bouche en un rictus si neutre, si dénué d’émotion qu’il en devenait menaçant.

« Et si j’étais un des leurs, tu ferais quoi ? »

Sans détacher son regard, sans cligner des yeux, il prit une longue gorgée de thé avant d’abattre la tasse sur le comptoir avant de reprendre la parole sans qu’elle ne puisse répondre – c’étaient les mouvements de son visage qui l’intéressaient, son langage corporel. Les mots mentaient trop aisément.

« Je suis un ninja, pas un brigand. Il semble que tu aies confondu notre territoire avec ton terrain de chasse. » Il n’avait pas un mot plus haut que l’autre, mais aucune civilité ne se trouvait entre ses mots. Il plaça lentement la main gauche sur la gourde précédemment emplie de sable à sa ceinture – il commençait à jouer avec le feu, la situation pouvait s’embraser à tout instant. « Tu te doutes bien qu’on ne peut pas simplement laisser passer ça sans rien dire. »

Se redressant doucement, il quitta son tabouret pour faire quelques pas vers la porte, encore assez proche pour qu’elle l’entende sans qu’il lève la voix.

« Alors à ton avis, est-ce que je devrais rentrer au village en vitesse et faire mon rapport pour m’assurer que tu sois traquée comme un chien à travers le désert, ou te faire comprendre par moi-même qui fait office de loi entre ces dunes ? »

En quelques pas supplémentaires, il était sorti de l’auberge, claquant la porte derrière lui – s’assurant que le grincement des gonds l’alerterait pour qu’il ait le temps de réagir si elle lui sautait dessus immédiatement – et s’avançait à travers le sable. Il était plus que probable, à ce stade, qu’elle allait le rattraper pour se battre ; mieux valait affronter un homme qu’un village caché tout entier, après tout. Le jeune homme était presque surpris de son propre comportement ; ce n’était pas son genre de provoquer à ce point la confrontation, en temps normal. L’inactivité de ces derniers mois avait-elle fini par le rendre hyperactif, le poussant à vouloir se dégourdir le chakra sur une inconnue de passage ? Ce n’était pas tout à fait ça – tous ses gestes depuis qu’il était rentré dans l’auberge n’avaient qu’un seul but, cerner son interlocutrice pour mieux décider à quel point elle constituait une menace pour son village. Lui qui avait grandi entouré d’escrocs, d’espions et de menteurs, il trouvait naturellement plus simple et plus direct de risquer sa vie dans un combat inutile que de poser des questions franches.



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Chinoike Hitagi
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  Le cœur dans un étau, je grimaçais, sentais peu à peu mon cœur cogner à tout rompre contre ma poitrine. Et si c’était un brigand qu’est-ce que je ferais ? Je le savais très bien, je serais probablement obligé de l’exécuter parce qu’il refusera de se rendre. Son regard ne quittait pas le mien, pas un clignement, rien, juste une paisible quiétude qui se détachait. Il buvait son thé et je ne le quittais pas des yeux, ma main se serrant tellement sur mon nodachi que mes phalanges étaient plus blanches que les premières neiges. Je laissais mon regard se durcir peu à peu : je ne pouvais prendre aucun risque de laisser un brigand s’échapper, la crédibilité du clan était en jeu et pour cette crédibilité dont nous avions tant besoin, je pouvais bien faire couler quelques gouttes de sangs de plus… Je murmurais donc, mi-désolée, mi-résignée à la tâche qui m’incombait.

« J’te demanderai de t’rendre pour t’faire juger et si t’veux pas… j’ai des ordres… tué tous les brigands de la bande d’Uruyotaro sur ordre de la Société Marchande des Terre de l’Ouest… »


Heureusement pour moi ou non, il ne tarda pas à démentir l’idée qu’il n’était pas un brigand, mais bien un shinobi du pays du vent, mais pour autant ma main ne se desserra pas… Les shinobi du pays du vent étaient d’une cruauté connue partout dans le monde. A cet instant précis, je maudis ma bêtise d’avoir cru pouvoir venir ici et faire du tourisme martial… je jouais avec des forces qui me dépassaient grandement et je risquais fort de m’en mordre les doigts. Mes yeux perdurent le peu de douceurs et de candeurs qu’ils leur restaient. Car en plus, il m’accusa alors d’avoir dépassé mon terrain de chasse, je fis la moue, j’avais été payée, j’avais une mission, je l’avais résolu, qu’est-ce qu’il venait donc chercher comme merde ? Je sentais jusqu’à mes dents craquer et la fureur monter, je donnai de mon meilleur pour ne pas dégainer mon arme sur place… un combat à mort qui pouvais s’éviter le devais, mais toutes mes bonnes valeurs, toutes mes maximes faiblissaient en situation réelle. Je sifflais entre mes dents :

« J’n’ai fait que mon travail… »

Ces menaces s’amoncelaient et je compris qu’il représentait une menace pour moi et pour les miens alors qu’il quittait son tabouret et que je restais quelques secondes à cogiter ce que je devais faire pour éviter un drame pour les miens. Le combat semblait désormais inévitable et j’analysais déjà toutes mes chances pour gagner, l’épreuve du feu que j’étais venu chercher prenait une tournure que je n’avais pas anticipée et je ne pouvais pas le laisser partir, plus maintenant… Je devais le réduire au silence, ici, pendant qu’il était seul, plutôt que de me prendre un village entier sur le dos, c’était tout à fait regrettable, mais il devait mourir…

Alors que je me levais, ma détermination enchaîner à mon être, prête à tuer, résolue à faire ce qui devait être fait, même si cela démontrait encore que j’étais soumise au système et à mes anciens démons, je devais le faire, je n’avais pas le choix. Même si je l’avais voulu, je n’aurais pas pu éviter cet affrontement, tant l’autre était belliqueux et cherchais à faire couler le sang. Je pouvais accepter les menaces, cependant désormais toutes menaces sur moi se répercutaient sur tous les Chinoike et cela était juste impossible à accepter. Il voulait se battre et mourir ? C’était son problème et je ne comptais pas lui faire de cadeau… j’avais trop à perdre. La porte claqua, il était dehors et je devais le rattraper.

Je retirais lentement mon kimono pour laisser apercevoir mes muscles couturés de cicatrices, visible partout où le débardeur noir que je portais ne recouvrait pas ma peau. Mais cela permettait surtout apercevoir et le tantô qui pendait sous mon sein gauche et les pochettes accroché à ma ceinture. Puis d’un pas lent vers la porte, l’ouvris calmement, la ferma derrière moi pour me retrouver devant l’immense étendu de sable et le shinobi basané. Je fronçais les sourcils, ce combat ne m’enchantait pas, il était dangereux, je ne savais pas la force de mon adversaire, mais il était trop tard.

Je dégainais mon nodachi et le soleil fit resplendir sur le sol tout le reflet de mon arme sur le sol. Je levais l’arme jusqu’à mon épaule, laissait le chakra s’infuser dans tout mon corps, sentant crépiter mes fibres musculaires alors qu’elles se gavaient de chakra alors que d’un coup, je me mis à tournoyer à toute vitesse pour rejoindre le ninja de Suna en un instant, ce coup rapide, je l’espérais, permettrait de réduire l’espace entre lui et moi… je ne pouvais pas le laisser s’éloigner de moi, je devais le garder à proximité ou j’avais le contrôle de la situation et ou il était le plus simple pour moi de le frapper. Puis, pour être sûre de prendre l’ascendant immédiatement sur lui, je lui envoyais un coup de sabre le plus fort possible vers la nuque, espérant séparer sa tête de son corps le plus rapidement possible.

Je n’avais aucune idée de comment s’annonçait ce combat à mort, mais je ne pouvais pas faire marche arrière, c’était lui ou nous et j’avais juré de tous les protéger en devenant cheffe, ils ne paieront pas mes erreurs et je comptais bien sortir victorieuse de cet affrontement !



   

   

   


   
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Les pieds dans le sable, Serika Shiran s’éloignait lentement de l’auberge, pas après pas. Tout dans sa démarche était calculé ; en maintenant cette lenteur relative, il ne raidissait jamais complètement ses jambes, s’assurant ainsi de ne pas perdre de précieuses secondes de réaction en cas d’attaque. De toute manière, il n’était pas véritablement en train de quitter les lieux ; son objectif était absolument de provoquer la belliqueuse pélerine pour qu’elle s’en prenne à lui afin d’évaluer sa dangerosité et de faire son rapport au village en fonction de ses conclusions. Du moins, c’était ce que la partie rationnelle de son cerveau se disait – un autre aspect de lui sentait une excitation peu familière l’envahir à l’idée de se battre à nouveau. Pas un combat d’entraînement, pas un match arrangé ; un affrontement contre un ninja inconnu, peut-être un ennemi, avec sa vie en jeu et une absence totale de garantie en cas d’échec. Un véritable défi pour s’aiguiser lui-même comme un sabreur aiguiserait sa lame. Après tout, si la hiérarchie de Sunagakure se décidait à l’envoyer plus souvent sur le champ d’honneur, mieux valait pour sa survie qu’il soit prêt à faire face à des situations bien plus hasardeuses que celle-ci.

Lorsque le bruit de la porte de l’auberge s’ouvrant et se fermant avec précipitation parvint aux oreilles de Shiran, il s’arrêta de marcher et ferma les yeux un court instant. Un sourire satisfait, presque victorieux naquit sur son visage, hors du champ de vision de la jeune femme. La réussite était totale ; le combat pointait à l’horizon comme un lever de soleil après le champ du coq, proche et inexorable. *C’est parti*, se dit-il avec un mélange appréhensif d’attentes et de fougue, *ça commence*.


Les genoux toujours pliés pour ne pas perdre une seconde, il se tourna à demi pour poser son œil sur la voyageuse anonyme – sortie de l’auberge, elle prenait son épée démesurée à deux mains, les yeux fixés sur lui et une lueur assassine au creux du regard. Une arme de secours et des poches indubitablement pleines de ressources étaient accrochées à sa tenue – une kunoichi ; il avait hésité à la qualifier ainsi jusqu’ici, mais ça ne faisait plus un pli désormais. Plissant les yeux, il cherchait à déterminer le geste qu’elle allait utiliser avant qu’elle ne s’élance tandis qu’elle levait son arme haut au-dessus de son épaule. En un battement de cil cependant, elle était déjà sur lui, s’élançant à une vitesse folle à travers le sable.

Pivotant sur ses talons, Shiran se jeta à moitié en arrière dans le but de gagner quelques précieuses fractions de seconde avant que l’attaque ne le frappe de plein fouet. *Elle vise ma nuque ; elle n’est manifestement pas là pour plaisanter.* De la main gauche, il arracha la gourde emplie de sable à sa ceinture et la jeta sur le trajet de la lame colossale qui se dirigeait droit vers sa gorge. Alors que son corps refusait de bouger assez vite pour s’éloigner suffisamment de l’acier en pleine route vers son corps, il parvint au moins à impacter l’angle de l’attaque. Une explosion de sable plus tard, la lame atteignait son cou ; il en écarta sa gorge autant que possible et sentir la morsure métallique déchirer sa peau, lui infligeant une vilaine estafilade, plus profonde qu’il ne l’aurait voulu. Plus gênant encore, une décharge électrique envahit son torse ; il ne pouvait pas laisser cette lame le toucher, l’engourdissement conséquent se montrerait bien trop handicapant si la pélerine commençait à s’en prendre à ses bras ou ses jambes. Reprenant contenance et campant ses pieds sur le sol, il se décida à tirer parti de la gerbe de sable se trouvant entre la jeune femme et lui, cachant à chacun le haut du corps de l’autre. Il pouvait voir la lame se reculer brutalement – devinant sans peine que son assaillante se remettant en garde – et le nuage sablonneux se tordre sous le mouvement de l’acier avant même qu’il ait le temps de tomber sur le sol. Lançant sa paume gauche en avant, il concentra son chakra pour prendre le contrôle du sable et s’en servir comme d’un coup de poing. Tandis que sa paume heurtait l’avant-bras de la bretteuse, son sable frappait ses mains, les repoussant sur le côté et neutralisant son attaque du même coup. *Contrer ne suffira pas, Shiran. C’est une brute épaisse, provoque-la. Déconcentre-la*. Tandis que le sable cessait enfin de faire obstruction à leur champ de vision, mobilisé pour repousser les mains de l’attaquante, Shiran planta son regard ambré dans les yeux gris avant d’élever une voix goguenarde.

« Et ça aussi, ce n’est que ton travail ? »

Sans l’ombre d’un sourire sur son visage, entièrement concentré qu’il était sur l’affrontement, le Serika tâcha aussitôt de fausser compagnie à la pélerine, sautant en arrière pour s’éloigner d’elle. Levant la main dans sa direction, la paume ouverte et les doigts à demi-repliés, il convoqua à nouveau le désert autour de lui pour l’assister dans son duel.

« Reste donc en arrière… Suna Boru ! »

Une nouvelle gerbe de sable jaillit devant lui, se plaçant en forme serpentine entre les deux combattants. Poussant sa paume en avant, Shiran en fit jaillir une grêle de billes de sable compressé dans la direction de son adversaire, la pilonnant de multiples attaques couvrant une bien trop large zone pour être esquivées aisément. Le jeune shinobi n’en doutait pas, son adversaire du jour n’en sortirait pas indemne.



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Chinoike Hitagi
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La longue lame de mon nodachi trancha la gourde jetée en un instant alors que le sable m’empêcha de tout apercevoir pendant un instant. Mais sentis néanmoins la lame frappée quelque chose, mais pas assez violemment pour cela ne soit létale : cette infime distraction avait permis au basané de bouger assez pour ne pas voir sa tête consommer le divorce avec son cou. Tout cela était insuffisant pour faire mouche et le tuer, je persiflais appuyant mon pied au sol pour prendre le plus d’élan pour ma seconde attaque, insuffisante vu que du sable entre nous se resserra pour stopper mon attaque, frappant mes mains comme mes bras. Je serrais les dents, accusant le choc de la balle de sable cognant ma peau, se répercutant dans tout mon corps, obligeant mes bras à se détourner et frapper dans le vide. Je grognais, cela sentait le combattant spécialisé dans le Doton de c’que j’en savais. Mais mauvaise pioche pour lui, j’étais de nature Raiton et la foudre battait la pierre, ou tout du moins, c’était ce que Fuyu m’avait raconté, je n’avais jamais vu quelqu’un manier la Terre moi, mais il y avait un début à tout. Je comptais bien l’écraser lui et sa vie… c’était nécessaire.

Un long sourire se dessina sur mes lèvres alors que mes dents trop pointues venaient narguer l’autre de ma réussite et de la blessure qui rayonnait du sang qui coulait. Pourtant, semblant sûr de lui, il se laissa aller à une pique que je ne relevais pas. Il devait être le shinobi le plus bête qui soit pour ne pas comprendre les mots simples qu’était « j’ai un contrat, c’était dans le contrat » pendant que ce demeuré d’abrutis de merde voulait me dénoncer pour avoir fait mon travail, alors même qu’une immense responsabilité pesait sur ma personne et que je pouvais pas me foutre un village shinobi à dos pour avoir accepté quelques piécettes pour crever des brigands qui de toutes façons ne manqueront à personne. À quoi bon gâcher ma salive à répondre, il devait être plus bête que moi le pauvre, sûrement un attardé qui ne savait que parler.

Car le voilà qu’il sautait en arrière, s’éloignant malheureusement de ma longue lame qui n’attendait que de le pourfendre pour sauver mes fesses. Il cherchait à me tenir à distance, blablatant encore, qu’il ferme sa gueule et se batte sérieusement ou la prochaine fois qu’il fanfaronnera, ce sera avec mon sabre planté dans sa carcasse. Voilà qu’il balance en quelques mudras des balles de sables qui n’eurent tôt fait de me taper, mais que j’encaissais, sans faiblir, sans une grimace les premières, préparant ma contre-attaque. Je ramenais ma lame devant moi, je ne pouvais pas le laisser partir, ni quitter le corps à corps, ce serait trop dommage, plus ou moins persuadé que le même coup marcherait contre l’abruti de basané, je relavais ma lame, me relançant à pleine vitesse pour retrouver le corps à corps du type, ignorant la douleur des balles de sables. Mais cette fois-ci, je ne cherchais que son bras a lézardé d’une blessure et ni visait plus sa gorge, j’avais mieux à faire, une meilleure idée de comment le crever. Une fois sur lui, je plantais mon sabre directement dans sa jambe, injectant une quantité formidable de chakra, faisant tout exploser et provoquant une onde de choc.

S’il voulait continuer à jouer aux châteaux de sables, mais que moi je voulais pas, je n’avais qu’à dégager le sable à disposition et essayer de le massacrer au mieux sans ses joujoux, ce s’rait plus pratique. J’comptais pas me laisser faire de toute façon, j’allais le démarrer et me tirer d’ici, laissant ma carcasse fumante et écumante de sang. J’espérais faire mouche avec ce combo d’attaque et régler le problème rapidement.


   

   

   


   
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Serika Shiran
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Serika Shiran serra les dents en observant les mouvements de son opposante à travers la grêle incessante de projectiles de sable qu’il utilisait pour la canarder. Malgré les assauts effrénés, il semblait que sa technique ne parviendrait pas à la tenir à distance ; de la même manière que le corps à corps n’était pas exactement sa zone de confort, il semblait que la pélerine en dépendait pour l’utilisation de son style de combat. Il était donc évident qu’elle ferait tout pour le rejoindre, peu importe à quel point il s’éloignait d’elle. Sa torpeur des dernières années finissait enfin par le rattraper ; à s’être laissé aller, à esquiver les entraînements réguliers qu’on lui imposait autrefois, il avait manqué maintes opportunités de diversifier son catalogue de techniques. S’il était resté sérieux et appliqué, aucun doute qu’il aurait entre ses mains les outils de dresser un mur infranchissable entre elle et lui… Pestant intérieurement, il tâcha de se rappeler à l’instant présent – les regrets et les remords n’étaient pas suffisamment tangibles pour garder sa tête sur ses épaules si cette lame s’approchait trop de sa nuque la prochaine fois, Shiran n’avait pas le luxe de garder ce genre de pensées inutiles dans son crâne. S’il devait bien reconnaître quelque chose à la voyageuse, c’était qu’il n’avait pas d’autre choix que de se concentrer entièrement sur elle pour rester en vie. Dans la situation actuelle, il ne pouvait que gagner du temps et espérer que le piège qu’il lui avait tendu le sorte de ce mauvais pas.

*J’avais oublié la sensation de l’adrénaline dans mes veines… C’est… Profondément désagréable.*

La bretteuse ne semblait pas motivée pour répondre à ses piques ; si elle n’avait pas l’air d’être le shuriken le plus aiguisé de l’arsenal, elle avait au moins le bon sens de ne pas rentrer dans son jeu. C’était particulièrement agaçant à constater. Au lieu d’avoir en face de lui une humaine qu’il pouvait moquer, horripiler et déconcentrer avec quelques mots soigneusement choisis, Shiran se retrouvait contre une bête sauvage tournant à l’instant et à la soif de sang… Le pire adversaire possible pour lui, autrement dit. Avant qu’il n’ait le temps de trouver une alternative à ses projectiles de sable pour la ralentir, elle concentra à nouveau du chakra sur sa lame et, en un instant, elle était sur lui. *Elle n’a pas l’air particulièrement rapide une fois au corps à corps… Elle utilise son chakra pour accélérer un sprint ?*  Avant même qu’il ne voie sa lame fendre l’air, une nouvelle taillade était apparue sur son corps – moins profonde que la première, mais douloureuse nonobstant. Entre son cou et maintenant son bras gauche, Shiran commençait lentement mais sûrement à être couvert de sang, sa tenue blanche se retrouvant maculée de vermeil. Il poussa une exclamation mêlée de douleur et de colère et tourna sur ses talons pour faire face à la nouvelle position de son adversaire. Manifestement décidée à mettre fin au combat aussi vite que possible, elle levait déjà à nouveau son sabre, prête à l’abattre sur lui avec un coup qui serait manifestement dévastateur. *L’infortune te guette cette fois, cependant*, pensa Shiran en posant ses yeux dorés sur la lame, *celui-là, j’ai le temps de l’anticiper.*

Le long sabre s’abattit dans la direction du shinobi Sunajin, visant clairement sa jambe, avant de provoquer une explosion foudroyante qui souleva un colossal nuage de sable. Pendant une seconde, nul doute que la pélerine pensa avoir fait mouche, blessant et handicapant du même coup son adversaire en lui détruisant une jambe – mais lorsque le vent sec du désert balaya le sable, une malheureuse surprise l’attendait.


Shiran se tenait sur un genou, son bras gauche faisant office d’interception entre le sabre et sa jambe. Une vague de sable entourait son avant-bras et sa main, protégeant son membre de la lame aiguisée, lui permettant d’intercepter l’attaque sans y laisser un seul doigt. Au lieu de subir l’attaque à un endroit précis, Shiran avait laissé l’onde de choc se répercuter à travers tout son corps – ce qui n’était pas sans douleur ou conséquence, comme le laissait deviner le filet de sang qui s’échappait de la commissure de ses lèvres ou son expression tordue de douleur – pour en neutraliser les effets les plus nocifs.

« Eh bien que se passe-t-il ? » sa voix narquoise s’éleva à nouveau. « Ce sont les courbatures qui gagnent déjà ton bras ? Ton sabre ne serait pas trop lourd pour toi, dis ? »

Un sourire calculé aux lèvres, il attira l’attention de la pélerine sur le sceau violacé qui pulsait de façon malsaine sur l’avant-bras que Shiran avait frappé de sa paume au cours de leur premier échange.

« Tu ferais bien de ralentir le rythme, tu sais ? Elle n’a l’air de rien, comme ça, mais ma technique sape un peu plus tes forces chaque fois que tu utilises ton sabre pour m’attaquer. Tu penses vraiment pouvoir me tuer avant de t’épuiser ? Libre à toi d’essayer ! »

Lâchant le sabre, il fit deux pas en arrière avant de joindre à nouveau ses mains. Il grimaça en sentant un courant électrique crépiter dans son bras gauche – une conséquence de la taillade subie plus tôt, probablement. Aussi bénigne soit-elle, la décharge avait endommagé sa concentration ; il dut utiliser plus d’énergie qu’à l’ordinaire pour propager à nouveau son chakra dans le sable, faisant apparaître une copie conforme de lui-même entre les deux combattants. Exception faite de sa couleur, le clone de sable ressemblait à Shiran comme deux gouttes d’eau ; se dressant entre son créateur et la bretteuse, il avait la ferme intention d’interrompre toute attaque suffisamment prévisible pour qu’il y réagisse.

« Maintenant que tu réalises que ton temps est compté, que tu brûles un peu plus ta bougie à chaque mouvement… Comment réagiras-tu à ça, au juste ? » Les deux bras levés, Shiran intima au désert de répondre à son ordre. Trois serpentant flux de sable jaillirent du sol, directement autour de la pélerine, tâchant de l’emprisonner là où elle se tenait. « Dans ce pays, même les enfants les plus lents savent qu’il est folie de défier un membre de mon clan dans le désert. Laisse-moi donc t’apprendre la terreur qu’inspire le nom des Serika ! Sabaku kyû ! »

Se formant à une vitesse folle, le sarcophage de sable cherchait à immobiliser l’épéiste au plus vite avant de solidifier son emprise pour elle. Bien vite, le désert la recouvrirait entièrement, jusqu’à la menacer d’asphyxie dans sa gangue étouffante. Shiran sentait l’essoufflement le gagner ; pour autant, il valait mieux y aller fort tant qu’il le pouvait encore que laisser une chance à son adversaire de trouver une alternative à son sabre pour contourner le Sceau de Faiblesse. Tout grandiloquent son discours soit-il, le shinobi avait une conscience aiguë de la réalité de leur combat : la pélerine frappait plus fort en encaissait manifestement mieux les coups que lui. Il lui fallait lui briser les pattes au plus vite pour garantir sa victoire.




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N’importe quel animal sauvage pouvait être dangereux, du plus docile lapin au plus gros ours, chacun avait en lui un potentiel. Certains potentiels étaient plus faciles à concevoir que d’autres, ainsi l’ours était plus effrayant que le lapin, largement plus effrayant et avait des ressources quasiment illimitées par rapport au pauvre rongeur. Mais une fois acculée, le plus faible, le plus geignard des lapins pouvait trouver en lui la force, le courage, la puissance nécessaire pour être un danger même pour un ours, pourvu qu’avec toute l’énergie du désespoir il sache quoi faire et ou attaquer… dans ce cas-ci, il fallait frapper l’œil, ce qui a long terme pourrait rendre l’ours aveugle et le mener à la mort ! Si un lapin une fois acculé pouvait tuer et terrasser un ours, alors qu’est-ce qu’un ours acculé pourrait faire ?

Alors que ma lame frappait le sol, le sable se solidifia autour de la jambe du basané et toute l’onde de choc ne servit à rien, tant le sable protégea le membre et qu’à peine un léger filet de sang s’échappa de ses lèvres : j’avais échoué. Je grognais, décidément cette maîtrise du sable était bien compliquée, mais je finirai par l’avoir à l’usure. Et au moment même où je m’apprêtais lever ma lame de nouveau pour ne pas laisser le temps à l’autre de réutiliser la même feinte encore et encore, je sentis un voile me tomber sur tout le corps alors qu’un désagréable goût de sangs m’emplissait la bouche, alors que les jacasseries du bronzé reprenait, je les ignorais, tentant de reprendre mon nodachi à deux mains, mais je me sentais exténuée d’un coup, vidée de toute énergie. Que m’arrivait-il ? Je sentais mon cœur battre à mille à heure, ma vision était trouble, mes sens anesthésiés, j’avais l’impression de sentir les traces de mille assauts que j’avais subis, sans n’en avoir aucun souvenir… Que m’avait-il donc fait ? D’une voix rauque, je grognais :

« Salaud, que m’as-tu fait ? »

Je lançais un regard ahuri envers la pulsante trace violette qui rayonnait sur mon bras, pile là ou il m’avait frappé, profitant de cet instant de faiblesse de ma part pour m’expliquer tout, le basané ne tarda pas à dévoiler son secret, un secret aussi amer que l’était mon premier vrai affrontement, je me sentais renvoyé deux ans en arrières lorsque j’avais combattu ce gros porc d’Akimichi, l’art des sceaux, quelque chose que je ne connaissais pas… C’était pour ça que je me sentais aussi mal, ce qu’il avait dressé sur mon corps rayonnait d’un chakra malsain et me vidait de toutes mes forces de l’intérieur. Ma poitrine se serrait… à ce rythme-là, je n’allais pas faire grand-chose et j’étais sur la pente pour mourir, clamser, crever comme une merde… c’était hors de question. Je détestais ce pays de merde avec tout ce sable, je détestais ce  psychopathe manieur de sable, je détestais tout et tout le monde ici, s’en était trop pour moi… Il me narguait encore et encore, me tapait sur les nerfs et surtout il essayait de me crever, il me forçait à combattre, il me forçait à subir tout cela : il était méprisable sur tous les points, à deux doigts de défendre des violeurs et des tueurs :

« Ferme ta grande gueule fils de pute ! »

Et puis voilà que l’autre fit émerger du sable une copie conforme de lui, ma vision était toujours trouble, je subissais les conséquences de mes deux derniers assauts qui m’avaient vidé de mon énergie. Il me fallait réagir, merde, ou j’allais finir ma vie comme une merde seule dans ce lieu… Mais les incessantes piques de l’autre me prenaient la tête, je n’arrivais plus à me concentrer, je secouais la tête pour essayer de récupérer de ma concentration, mais je n’y arrivais pas.

« Va crever… »

Tout tanguait autour de moi, même mes bras ne semblaient plus réussir à porter mon sabre, j’étais juste fatiguée, je laissais tomber mon nodachi par terre. Et je ne réussis qu’à esquisser trois pas en arrières, tombant sur mes fesses, pour essayer d’empêcher trois langues de sables qui m’emprisonnèrent en quelques secondes, entravant tous mes mouvements, recouvrant mon corps, ne laissant que mon visage de libre. J’étais coincée, sans mon nodachi, avec ni plus ni moins que mon tantô coincé contre ma poitrine. Le pire de tout étant alors que je devais écouter Monsieur le mégalo causer encore et encore, il semblait rayonner de suffisance et de fierté par rapport à son coup… Il avait touché à ma faiblesse, sans mon sabre, coincée, je n’étais quasiment plus rien, sans aucune possibilité de mener un combat… Il était tellement fier de lui que j’étais quasiment sûr qu’il était à deux doigts de descendre son futal pour se tailler une pipe lui-même. Il parlait, encore, encore et encore, blablablablablablabla. Qu’il ferme sa gueule !

Je fermais alors les yeux, tentant de bander mes muscles pour faire exploser la prison de sable qui m’empêchait de bouger, en vain… A bout de force, je laissais retomber ma tête sur le côté, rutilante de sueur, essoufflée : j’étais quasiment à court d’options... Ma poitrine elle aussi entravée se soulevait difficilement et serrant les dents, j’avais terriblement mal, j’ouvris la bouche, prête à cracher tout mon venin :

« J’en ai rien à branlée de ton nom, que tu sois Serika, Seri-cul ou même Du-con-la-joie, je m’en tamponne le cul. J’en ai rien à branlée que les gosses d’ici vous craignent ou quoi que ce soit. J’en ai rien à branlée de ton existence. J’en ai rien à branlée que le désert soit ton élément. Blablablablablabla. Tu vas voir, tu vas payer ta perfidie et ta complaisance envers des meurtriers et violeurs ! »

Lorsqu’un animal est acculé, qu’il est aux portes de la mort, qu’il n’a plus rien à perdre, même le plus innocent des lapins peut devenir une machine à tuer. Et plus l’animal est gros et féroce, plus une fois acculé il est dangereux, il ne faut ainsi jamais se mettre entre une mère ourse et son ourson, encore plus si vous représentez un danger pour l’ourson. Car la mère usera alors de toute sa force pour sauver ce qui le tient le plus pour elle, quitte à en mourir, mais emmenant avec elle ceux qui représentent un danger pour son ourson.

Je n’étais pas un lapin et j’étais plus proche de l’ours qu’autre chose ! Je n’avais pas d’ourson à protéger, mais j’avais le clan tout entier qui comptait sur moi et dont la survie tenait peut-être de la mort du bronzé devant moi ! J’allais tout détruire, je me mis à hoqueter du sang, alors qu’un énorme sourire écarlate se dressait sur mes dents tâchées de mon propre sang.

J’ouvris mes yeux qui perlèrent alors de sangs, de minuscules gouttes de sangs qui se levèrent devant mes yeux, comme si la gravité n’avait plus cours alors que dans un effort titanesque, je concentrais tout le sang qui coulait de moi, puis dans un hurlement, je laissais exploser ma fureur.

Tu n’es pas le seul à avoir un nom, à tellement te vanter, tu t’es cru invincible et intouchable, voilà que tu ne connais pas la réputation du clan Chinoike, plus tu nous blesses, plus tu nous fais mal, plus nous devenons dangereux et puissants et tu vas le payer de ta vie.

De part en part de la prison de sables, d’immense pieux de sangs fit imploser la prison de sables, en plus de tout détruire dans la zone en un instant ! Il m’avait largement sous-estimé et je comptais bien lui faire payer sa suffisance et tout ce qu’il m’avait fait subir… Je me sentais largement fatiguée, mais mes techniques héréditaires ne me faisaient pas souffrir autant que mes techniques au sabre, un sourire sadique se dessina sur mes lèvres. J’avais toujours toutes mes chances de triompher de cet affrontement !

Je finis alors de m’extirper de ma prison, profitant de la confusion créer par ma technique, puis enfonçant mes mains dans mes poches, j’en sortis une petite bille rouge que j’avalais, manquant à moitié de m’étouffer, mais sentant un soulagement m’envahir alors que je sentais les forces revenir en moi, avec une satisfaction rendue plus importante par ma détresse physique, puis dans un gloussement, je me mis à ricaner, ne m’approchant pas pour autant. Je n’avais pas encore dit mon dernier mot et je comptais bien anéantir cet adversaire bien pénible. J’avais rechigné jusqu’ici à utiliser mes talents héréditaires pourtant un de mes points forts, mais je n’avais plus le choix, ma maîtrise du sabre avait faillis, je n’étais pas méga chaude pour dévoiler ce que je savais faire, mais c’était ma vie et celle du clan contre la sienne et je comptais bien fouler du pied sa misérable existence de déchet ! C’était à cause de ce genre d’individu que le monde allait mal, autant faire une pierre, deux coups et me débarrasser de la racaille de ce monde.


   

   

   


   
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Serika Shiran
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De toute évidence, les moqueries calculées de Serika Shiran avaient fait mouche. Tandis que les masses ondulantes de sable entouraient le corps de la pélerine, la recouvrant intégralement d’une tombe moulée directement pour elle, les hurlements grossiers de son opposante confirmaient au shinobi venu de Suna qu’elle avait complètement perdu le contrôle de ses pensées, laissant la colère écraser toute forme de raisonnement tactique qu’elle pouvait encore avoir. Il en vint presque à lâcher sa concentration pendant une seconde, tant les injures étaient primitives. Il pensait être habitué aux jurons des soldats, mais là… Si les gouvernantes qui l’avaient élevé avaient pu entendre de pareils mots venu de lui, on aurait lavé la bouche avec du savon. Shiran leva les yeux au ciel, tâchant d’ignorer l’aveu coloré de défaite qu’elle lui livrait sur un plateau d’argent. Ajustant la position de sa main, il émit la commande mentale au sable de recouvrir le visage de sa victime, mettant ainsi un terme définitif à l’affrontement.

Du moins, il aurait eu le temps de le faire si les yeux gris n’étaient pas brutalement devenu rouges.

« Qu’est-ce que… »

Avant qu’il n’ait le temps de réfléchir à ce que l’impulsive bretteuse faisait, une myriade écarlate de lances jaillit du sarcophage, perçant la gangue de sable venue pour l’enfermer, détruisant immédiatement son clone avant de foncer droit sur lui. Relâchant son contrôle du sable, Shiran essaya de sauter en arrière pour se mettre à l’abri, mais l’attaque était plus rapide que lui. Un épieu vermeil le frappa à l’épaule de plein fouet dans son élan, le propulsant encore plus loin en arrière. La main instinctivement refermée sur l’arme étrange, il essayait de l’empêcher de lui transpercer complètement le corps, son sang coulant déjà à flots sur son torse.

« Cette lance est… Chaude… C’est… Du sang.. ? »

Une expression de frayeur passa un instant sur le visage du garçon, avant qu’il ne reprenne son air habituellement neutre, enfin libéré de la poussée extrême de l’assaut. *Presque vingt mètres de portée… Le champ d’action de cette attaque est redoutable…* Quel genre de barbare combattant utiliserait son propre sang pour attaquer son adversaire ? Lui qui était par nature un maître du désert, il retint un rictus de dégoût à l’idée d’utiliser son chakra pour solidifier et manipuler un tel liquide comme lui le faisait avec du sable. Cette technique… Il n’était pas exagéré de dire qu’il la trouvait horrifiante.

« Je pensais affronter une simple voyageuse… Mais on dirait bien que je suis tombé sur un monstre, cette fois-ci. » Il dirigea son regard d’or sur son adversaire avec détermination, murmurant pour lui-même, hors de portée de ses oreilles. « À nous deux, la bête de foire.. ! »

Il plissa les yeux en la voyant avaler une pilule rouge. Nul besoin d’être un génie pour se douter de ce dont il s’agissait – si elle en venait à l’usage de ces stimulants synthétiques, alors sa stratégie d’épuisement avait fait son petit effet. Il ne pouvait qu’espérer qu’elle n’ait pas une trop grande réserve de ces petits instruments de triche, sans quoi il finirait par se fatiguer avant elle. Il se campa sur ses appuis, rapprochant son centre de gravité du sol. Les multiples lances retombaient sur le sable dans leur forme liquide, laissant des traînées rouges à travers le désert. Il avala lentement sa salive. *Du simple Suiton serait inutile dans un environnement pareil… Mais si elle peut utiliser son propre sang comme ressource, c’est une toute autre affaire. Jusqu’à ce que je comprenne le fonctionnement de ses techniques, j’ai intérêt à rester prudent. Mais si je traîne trop, elle risque bien de m’avoir à l’usure…*

Joignant ses mains en une rapide succession de signes, il enfonça sa paume gauche dans le sable devant lui. La relevant, une nouvelle copie de lui s’éleva en suivant sa main comme s’il l’avait agrippée par la tête. Un nouveau clone de sable, cela devrait lui permettre de la tester un peu. D’une inflexion mentale, il l’envoya en avant ; la copie se jetait sur la pélerine, cherchant ouvertement à l’agripper pour l’immobiliser, plus qu’à lui infliger des dégâts. En parallèle, l’original reculait à nouveau, se tenant à une certaine distance du clone – il voulait s’assurer que la même attaque ne puisse pas à nouveau les frapper tous les deux.

« Je comprends mieux ta façon de t’occuper des brigands, » lança-t-il à haute voix pour qu’elle l’entende. « Pas étonnant que quelqu’un doté de tes capacités ait un tel goût pour le sang, pas vrai ? »

Son ton avait changé ; pour peu qu’elle soit un minimum attentive à la voix du jeune homme et à son langage corporel, elle se rendrait bien compte que tout ce qu’il avait dit jusqu’ici était une série de mots et de provocations calculés pour l’observer et lui faire perdre les pédales. Cette fois-ci… Son dégoût pour les techniques sanglantes de la femme était sincère.




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Chinoike Hitagi
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Je haïssais plus que tout, ceux qui parlaient lorsqu’ils se battaient, qui essayaient d’emporter leurs adversaires dans leurs sentiments, de faire sombrer l’autre dans les erreurs, c’était typiquement le genre de chose qui m’arrivait. C’était encore plus haïssable lorsque c’était un affrontement à mort ou chacun jouait sa vie, il n’y avait aucune espèce de respect pour l’existence. Moi qui avais aimé toutes les feintes pour faire mal et frapper, prête à tous les coups pour triompher, je méprisais désormais cette bassesse, parfois pourtant nécessaire. Cette bassesse à laquelle même moi je devais parfois me soumettre pour triompher. Depuis quelque temps, je m’efforçais de faire de mon mieux pour me battre avec respect et grandeur d’âme, mais c’était parfois compliqué, surtout quand les enjeux m’envahissaient et que je ne savais plus où donner de la tête, que je perdais mon calme. Tout cela pour dire que les mots étaient quelque chose qui me touchait, de plus en plus à mesure que j’apprenais à m’exprimer, le simple fait de me parler m’agaçait lors d’un combat, ainsi, lorsque les mots me touchaient personnellement, lorsque l’insulte était trop pour moi, cela me faisait sortir de mes gonds.

Mon cœur battait à tout rompre derrière mon sein, l’adrénaline me perforait le crâne, m’enfermant dans mes propres perceptions, m’isolant de tout. Je fis un pas en avant, puis un deuxième, serrant mes doigts, les desserrant, pour tenter de comprendre mon état physique, sur mon bras, la lueur pernicieuse du sceau brillait toujours, il n’était pas question de réutiliser mon sabre en l’état, pas tant que je serais prisonnière de cette technique. Je dégainais mon tantô, il était temps pour moi de faire de mon mieux pour triompher de cet affrontement sans ma maîtrise du sabre : quelle plaie. Heureusement, mes dons héréditaires persistaient et j’avais encore quelques tours dans mon sac.

Et toujours ce mot tournait dans ma tête : « monstre ». Étais-je un monstre ? Quelque chose dépourvu d’humanité, moi ? Alors même que je me battais pour offrir une vie meilleure pour tout le clan, alors même que j’avais compris que l’affrontement comme la mort n’était pas une fatalité et qu’il existait des alternatives ? Cette insulte était la pire de toute pour moi, alors même que le basané devant moi avait menacé sans rien connaître de moi, de mes motivations. Il me dégoûtait profondément… si ces mots, paroles, jérémiades avait provoqué de la colère ou de l’agacement en moi, cette-fois-ci, c’était bien de la haine qui naissait en moi, de la haine pour cet individu méprisable. Je n’étais pas un monstre, je faisais tout ce que je pouvais pour être juste, défendre ceux que j’aimais avec tous les moyens que j’avais à dispositions pour qu’on ose me dire que j’étais un monstre, s’en était trop pour moi.

Le bronzé n’attendit pas que j’avance plus que déjà, un nouveau clone de sable émergeait du désert, tandis qu’il s’éloignait encore, considérant probablement que j’étais trop dangereuse à mi-distance comme au corps à corps, il ne m’arrangeait pas et cela compliquait mes plans, d’aussi loin, je n’avais aucun moyen de m’occuper de lui, je devais trouver autre chose. Mon cerveau réfléchissait à mille à l’heure pour me sortir de la galère dans laquelle je m’étais fourrée.

Mais sûrement plus que de la haine, j’étais peinée. C’était à cela que je ressemblais, pétrie par l’existence, couturée de cicatrice, ayant perdu tous ceux auquel je tenais, à un monstre ? C’était la conséquence de cette vie désagréable pour moi, tous ces tourments, toutes ces souffrances que j’avais endurées, pour qu’on ne me perçoive même plus comme un être humain, mais seulement vaguement comme un animal ? L’ancienne Hitagi s’en serait délectée, remplis de mépris pour tous, flattée d’être plus proche de la chienne que de l’animal, mais moi, la nouvelle Hitagi remplis de motivation nouvelle, faisant tout pour être la plus humaine possible, voilà qu’on me traitait comme un monstre, je sentis mes yeux me piquer, alors qu’une larme se mit à couler. À essayer de comprendre le monde, à devenir une meilleure personne, on ouvrait son cœur, quitte à subir des souffrances. Je savais bien que je n’étais pas un monstre, mais juste une jeune femme frappée par la vie, mais cela me touchait.

Cela me touchait comme le clone de sable qui essaya alors de se jeter sur moi, d’un mouvement de la main droite avec mon tantô, je me tranchais la paume de la main gauche, alors qu’émergeais de ma blessure écumante de sang coulant dru, un serpent tout de sang, crépitant de foudre qui se précipita sur le clone le mordant au visage, le faisant disparaître en un instant, dévorer par ma technique qui se mit alors à serpenter autour de moi. Moi je me stoppais là, l’œil mouillant. Je ne voulais pas reprendre le risque de m’approcher pour risquer de me prendre un sceau dans les dents, je devais rester à distance raisonnable et prévoir mon prochain coup.

Mais déjà, l’autre recommençait à parler, me donnant une appétence certaine pour le sang et pour la violence, il insinuait que j’avais pris du plaisir à tuer les brigands. Tout cela était faux, je n’avais pas eu le choix que de les tuer malheureusement. Certaines situations étaient comme ça, la mort était inévitable malheureusement, je n’y pouvais rien. Mais cela faisait du temps désormais que je ne prenais plus plaisir à tuer et que c’était devenu une corvée pour moi, quelque chose que je n’aimais pas particulièrement. J’avais changé et j’utilisais mes dons et capacités pour faire le bien autour de moi, pour les miens. Seri-cul parlait mais ne me connaissais pas et cela m’exaspérait, cela me touchait, je n’en pouvais plus. Je pris une grande inspiration et lui répondit avec tout le venin dont j’étais capable !

« Tu parles, mais tu ne me connais pas, tu ne sais rien de moi ! Tu me traites de monstre, tu penses que je suis une machine à tuer mais c’est faux. Je n’ai pris aucun plaisir à tuer tous ces brigands, je l’ai fait parce que c’était mon travail, rien de plus, rien de moins. C’étaient leurs vies ou la mienne, j’ai choisi la mienne. Je vis comme je le peux, avec les capacités que la vie m’a données, cela ne te donne en aucun cas, le droit de me menacer ou de me juger. Tu as sûrement au moins autant de sang sur tes mains que moi, tu n’es qu’un hypocrite. »

Je fis une légère pause, sentant ma gorge se nouer, les larmes me montaient aux yeux, je me laissais submerger par les insultes et l’émotion :

« J’suis pas un monstre putain ! Parfois on a juste pas le choix de sa destinée de vie !»

Il n’y avait pas à dire, il savait taper ou ça faisait mal, ses paroles semblaient attaquer au mieux tous mes efforts que j’avais fait pour arriver là, il ne me connaissait pas, mais j’avais l’impression d’être un livre ouvert devant lui qu’il pouvait malmener selon ses envies ! Cela me peinait plus de voir que c’était ça l’image que je renvoyais de moi, celle d’une créature assoiffée de sang, d’un monstre, comme si tout ce que j’avais traversé jusqu’ici était annulée par les paroles de l’autre et putain, ce que ça faisait mal.

   

   

   


   
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Les yeux dorés s’ouvrirent un peu plus largement quand le clone de sable quitta le sol pour se jeter sur la kunoichi. S’il parvenait à la ceinturer et la tenir en place, ce serait la situation idéale… Mais le plan de secours n’était pas mal non plus, pour être honnête, et la pélerine le découvrirait bien assez vite. Alors que le serpent de sang jaillissant de sa main réduisait le clone à néant, le parchemin explosif que Shiran y avait dissimulé détonna, éparpillant le sable avec une puissante explosion, frappant sa cible de plein fouet. Un simple parchemin ne ferait pas beaucoup de dégâts à un adversaire de ce calibre, il s’en doutait, mais toute blessure infligée était bonne à prendre. Surpris de la voir rester parfaitement immobile, il se redressa légèrement – à cette distance, même avec sa technique phénoménalement rapide, elle ne pourrait pas le rejoindre sans qu’il ait le temps d’y réagir, se disait-il. De toute évidence, son opposante n’était pas décidée à lui foncer dessus immédiatement ; soit elle avait compris que le sceau que Shiran lui avait apposé avait une limite de temps et ne tarderait pas à disparaître, soit elle était décidée à continuer le combat à distance pour ne pas avoir à se soumettre à ses effets. Dans tous les cas, c’était loin d’être une évolution souhaitable des événements pour le jeune homme. Pestant intérieurement, il redirigea son attention sur la femme. Si elle était capable de se calmer et de reprendre sa contenance, elle n’en était pas moins la brute épaisse qui était tombée dans son piège quelques instants plus tôt – il parviendrait sans doute à la provoquer à nouveau s’il prenait la peine d’y réfléchir une minute ou deux.

Le ninja du sable n’avait pas prévu quelque chose de crucial, cependant – à chaque mot qui traversait les lèvres de sa sanguine ennemie, une colère inattendue grandissait un peu plus en lui. Il pouvait sentir le battement de son cœur jusque dans ses tempes, tant le sang tambourinait à l’intérieur de son crâne. La bretteuse avait-elle vraiment le culot de pleurer, en plus de geindre de la sorte ? Le poing serré, la mâchoire hermétiquement close, Shiran ne put qu’émettre un crachement agacé tandis qu’il l’écoutait jacasser. Pour qui se prenait-elle, exactement ? Contre quel genre de demeurés le shinobi était-il tombé cette fois-ci ?

« Mais tu vas la BOUCLER, trente secondes ? » le hurlement avait quitté sa gorge avant qu’il ne prenne la décision de parler.

Surpris par sa propre réaction, Shiran prit une longue inspiration en fermant les yeux. *Au point où j’en suis… Autant aller au bout.*

« Beugler et te plaindre, c’est tout ce que tu sais faire ? Arrête de geindre, pour l’amour du ciel, un enfant qui a rempli sa couche est plus digne et moins bruyant que toi !
« Tu vis dans un monde avec des règles, ce n’est pas plus compliqué que ça ! Tu crois que je me tiens ici parce que je suis le vengeur assermenté des vauriens de bas étage qui peuplent le désert ? J’ai autre chose à faire de mes journées, pauvre tâche, » vociféra Shiran. « Tu as joué au ninja sur le territoire du Village Caché du Sable et c’est tout, point final, l’histoire ne va pas plus loin que ça. Tu ne peux pas réaliser des missions n’importe où n’importe comment sans qu’il y ait des conséquences. Tu aurais pu le deviner toute seule, tu aurais pu t’enfuir en réalisant que t’avais mis les pieds dans le mauvais plat, mais au lieu de ça tu as voulu régler le problème par la violence alors ne viens pas te plaindre si la violence vient à toi ! Tu n’es la victime de personne ici, certainement pas la mienne en tout cas. Ces jérémiades sont l’apanage des innocents, tu as renoncé au droit de pleurer de la sorte à l’instant où tu as levé ton sabre ! »

Furieux, il mit un moment avant de se rendre compte qu’il était en train de marcher vers la pélerine, les poings serrés, comme s’il était en chemin pour lui refaire le portrait avec ses propres bras.

« Oooh, tu n’as pas choisi ton destin, ta vie, tes aptitudes ? Tu veux un chocolat chaud et un mouchoir pour tes larmes, aussi ? Personne ne choisit. On a tous reçu un lot aléatoire à la naissance et on fait de notre mieux avec. La différence entre toi et le reste du monde, c’est que les êtres assez pathétiques pour s’apitoyer ainsi sur leur sort devant un inconnu qu’ils ont essayé de décapiter quelques minutes auparavant, ça ne court pas les rues. Tu t’es mise en tête toute seule que les autres étaient mieux lotis que toi, mais tu te bases sur quoi pour affirmer ça, exactement ? Tu me reproches de te juger sans te connaître, mais tu fais exactement la même chose. Ta vie n’est pas plus difficile que celles des autres et tu ne trouveras pas mieux ailleurs. Si tout ce que ça t’inspire, c’est de chouiner de la sorte, libre à toi de ramasser tout de suite ta lame et de t’ouvrir le ventre toi-même. D’ici-là… »

Serika Shiran leva son bras droit, concentrant son chakra dans tous son corps, et trois flux de sable s’élevèrent de la vaste étendue du désert pour se jeter à toute vitesse sur la bretteuse, cherchant à la harceler de coups. Un quatrième flux se stabilisa autour de Shiran, miroitant étrangement le serpent de sang qui entourait l’inconnue. Il en propulsa une multitude de projectiles dans la direction de son adversaire, visant à la fois son corps et cette étrange technique qui semblait orbiter son corps. S’il ignorait tout du fonctionnement de ses pouvoirs, il pouvait néanmoins que la tendance du sable à absorber les liquides lui permettrait d’éponger au moins une partie du sang utilisé et réduirait la portée du serpent de quelques mètres - de quoi lui permettre de rester hors d’atteinte.

« Si tu ne vas pas prendre ta propre vie tout de suite, bats-toi, bête de foire. »



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Je n’étais pas la seule à être à bout de nerf, car le basané finit par perdre son calme, lui aussi, se mettant à beugler comme une poissonnière, m’insultant pendant plusieurs secondes, me traitant tour à tour de bébé, de pauvres tâches, continuant tour à tour de me traiter comme une gamine pleurnicharde, enfonçant le clou, encore et encore, tant et si bien que cela me calma, m’offrant une bouffée de lucidité, une quinte soudaine d’intelligence : Qu’est-ce que je faisais-ici ? Je m’étais étendu en un pitoyable monologue juste après avoir été touché par l’explosion du parchemin caché dans le clone de sable, prise dans la spirale de mes pensées et de mon désespoir. D’un revers de la manche, j’essuyais les larmes aux coins de mes yeux. Sauvé par un ennemi, on aura tout vu, je me haïssais à cet instant précis.

J’avais cru percevoir en lui un soupçon d’humanité et d’intelligence derrière ces paroles, ces incessants monologues, mais la vérité derrière, c’était qu’il ne valait pas mieux que tous les autres. Il ne faisait que suivre les règles du monde de manière aveugle, sans les remettre en question, sans se demander si un monde était possible derrière ces règles qui n’étaient pas justes. Je ne me renierai jamais sur ce point-là, les règles du monde était injuste et tout le système qu’il construisait et poursuivait méritait d’être réduis en cendre. D’autant, peut-être que la vie était plus dure à d’autres endroits, peut-être que je le jugeais sans le connaître, mais avec ses cheveux soyeux, sa peau douce et ses vêtements de meilleure qualité que les miens, il était clair que tout respirait en lui une meilleure vie que la mienne. Portait-il le deuil de l’assassinat de ses parents ?  Portait-il la responsabilité de sauver tous ceux qui importaient pour lui ? Portait-il le poids de devoir s’entailler et saigner pour survivre ? Portait-il le poids de devoir se serrer l’hiver et de manger des racines rances pour survivre et ne manger qu’un repas par jour ? Il n’en avait pas l’air, donnant l’impression d’être bien portant à côté, j’avais l’air d’un animal, la peau couturée de cicatrices, des cernes d’anémies sous les yeux, la peau tirée sur mes muscles. Malgré ces paroles, je savais que mieux existait et que mieux était possible, c’était une certitude, qui maintenant me faisait vivre et avancer.

Mais pour autant, il n’avait pas tort, loin de là, j’étais pitoyable à me lamenter, dans cet instant de faiblesse, je m’étais laissé submergé par mes émotions, elles devaient exister en moi, je ne devais pas les renier, mais les étaler était une erreur. Je ne cessais jamais de faire des erreurs, d’apprendre, je faisais de mon mieux pour m’améliorer de nombreuses situations nouvelles m’arrivaient et de ces situations je devais me sortir et en déduire de nouvelles choses sur moi et sur le monde dans lequel j’évoluais. Je mettais du temps à comprendre comment je devais vivre désormais que j’étais différente.

Mais il se trompait sur un point, je n’étais pas la victime, j’avais mon lot de sang sur les mains, d’innocents tuer, j’avais tué plus que je ne l’aurais voulu et en cela, je m’en voulais énormément, tant une autre voie m’apparaissait maintenant. Je ne me lamentais pas pour moi, j’étais déjà perdue, gangrener de la société et du système qui m’avait vu naître, je savais que je devrais payer de mon sang et de ma vie un jour tous mes crimes, toutes mes erreurs, tous mes instants de bêtises et de faiblesses. J’avais accepté l’idée que j’allais mourir jeune, plus jeune que ce qu’une vie aux champs m’aurait permis. Non, si je geignais, si je me lamentais, c’était pour tous les autres, les jeunes du clan, né ou à venir qui n’ont pas à vivre dans un système aussi violent ou injuste, ils n’avaient pas à suivre mon chemin ou celui de tout ceux avant moi et pour leur empêcher cela, je devais mener mon plan à bien, pour eux tous. Et ce plan passait par l’éradication de chaque obstacle sur mon chemin, pour leur offrir une vie meilleure. Pour réaliser mes ambitions, je devais survivre à tout prix et à tout prix signifiait évidemment triompher du shinobi du sable devant moi. Avec du recul, je devais le faire, même s’il était plus jeune que moi et que cela me ferait passer pour un animal ou un monstre.

Même si j’avais fait tous les efforts du monde pour changer, être quelqu’un de différent, je pouvais rester une bête de foire, un monstre, une machine à tuer pour mon rêve et mes ambitions. Peu importait tout le sang que je faisais couler qu’il était impossible à empêcher, cela ne ferait pas de moi un monstre, je le savais et tous ceux que je sauverais par mon sang, mes larmes et ma sueur le sauront. J’avais fait trop plaisir à l’autre de laisser ses paroles me toucher, cela n’arrivera plus, je ne lui ferais plus ce plaisir.

La force du désespoir guidait désormais mes pas, je me sentais fatigué, mais je ne pouvais pas abandonner, ce n’était pas possible trop de gens comptait sur moi. Même si la lumière malsaine ne pulsait plus sur mon bras, je ne préférais pas reprendre mon sabre, je pourrais me débrouiller très bien sans cela et juste avec mes talents héréditaires. J’en profitais alors pour froncer les sourcils, ragaillardis par ma force et motivation nouvelle. Je ne cessais jamais d’apprendre et plus j’apprenais, plus j’étais puissante et dangereuse. Mais déjà, ma voix n’était vénéneuse, je le détestais moins. Cela me trouait le cul de l’avouer, mais je lui devais beaucoup, parce qu’au moins, je ne mourrais pas pitoyablement mais l’arme à la main.

«Tais toi ! »

Car voilà que l’accalmie partait et que la tempête revenait, car plusieurs langues de sables se dirigeaient vers moi et d’un mouvement de la main, j’envoyais mon serpent anéantir et pulvériser les vagues de sables, sauf une qui me frappa de plein fouet, lacérant ma peau laissant perler le sang, rendu encore plus lacéré par les balles de sables qui me frappèrent elles aussi et au moment où je voulus redresser mon dragon pour attaquer, le rabougri amas de sang ne fit rien, trop faible et trop petit pour rien faire, d’un clignement d’yeux, je le laissais mourir dans le sable, disparaissant à tout jamais. En un instant je me projetais en avant et d’un mouvement parfaitement maîtrisé éjecta à pleine vitesse un kunai dans un éclair grâce au chakra raiton qui avais pulsé dans mes mains, directement vers le basané. C’était là ma chance, je profitais de mon sang qui perlait pour faire naître un nouveau dragon tout de sang, pulsant d’électricité, prêt à dévorer derrière l’habitant du désert.

C’était toujours lorsque je me retrouvais dos au mur, que je ne savais plus quoi faire, que le désespoir me prenait que je devais la meilleure, je me diversifiais, j’abandonnais mes acquis, j’arrêtais d’être trop sûre de moi et je me battais à la hauteur de ce que j’étais capable. Je me battais pour ma vie, comme pour la vie de nombreux Chinoike, je ne pouvais pas abandonner, leurs vies en dépendaient !

J’espérais désormais juste en réchapper en vie.
   

   

   


   
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Tais-toi, s’était-elle exclamée à l’encontre de tout le venin qu’il lui crachait. Devait-il y voir la limite de l’éloquence de la bête de foire ? Encore essoufflé de la colère qui avait emporté son être tout entier en une tirade effrénée, Serika Shiran était presque déçu de la maigre réponse – ou, plus exactement, de l’absence de réponse – que ses efforts lui valaient. La bretteuse semblait avoir repris du poil de la bête, agissant de nouveau comme si leur échange étrange n’avait jamais eu lieu ; ce n’était rien de plus qu’une larmoyante apostrophe de haine entre les deux inconnus, une petite pause avant de reprendre les mortifères festivités qui les occupaient jusque-là. De toute évidence, elle n’était pas quelqu’un qu’il pouvait cerner ; et pour être franc, c’était quelque chose qu’il détestait. Le comportement de la pélerine était irrationnel, il était incapable de déduire ce qu’elle pensait à partir de ce qu’elle faisait ou disait. C’était insupportable, purement et simplement.

Il n’avait pas le temps de ruminer son inimitié envers l’étrangère, cependant : aussitôt ses larmes séchées, la bête de foire avait recommencé à gronder avec menace. Il haussa un sourcil alors qu’elle lançait sur lui un kunai – une attaque frontale aussi simple à contrer, à ce stade de leur affrontement ? Il fit jaillir devant lui une trombe de sable dans le but d’arrêter l’arme sans plus d’effort inutile. Une exclamation étranglée de surprise jaillit de sa gorge alors que la lame, manifestement électrisée, transperçait complètement sa molle parade – déviant juste assez l’arme pour qu’il s’en tire avec une nouvelle estafilade sur la joue en lieu et place d’une blessure plus grave. En sous-estimant une attaque qui lui semblait primitive, il avait failli perdre un œil.

L’introspection viendrait plus tard, cependant ; quand il vit le nouveau serpent de sang lui foncer dessus, il était déjà trop tard pour regretter cette décision. Pour se défendre du kunai, il avait sacrifié l’option de reculer ou de revoir sa position par rapport à la kunoichi. Si proche d’elle, il lui était bien impossible de réagir à temps pour s’écarter de la trajectoire du serpent. Les crochets liquides s’enfoncèrent dans son épaule gauche, perçant le haut de sa poitrine et lui arrachant un glapissement de douleur. Il grogna d’autant plus en sentant le courant électrique lui traverser le corps, lui faisant pester un juron fort peu adapté aux plus jeunes oreilles. Ouvrant difficilement les yeux, il fixa cependant son regard sur la bretteuse. Le serpent qui était si fluide lorsqu’il orbitait autour de son corps à elle s’était raidi dès lors qu’il avait refermé ses crochets sur son épaule. *Une technique semi-autonome qui s’accroche à sa cible pour la tuer à petit feu en propageant un courant électrique constant, c’est impressionnant… Je n’aurais pas cru la bête de foire si retorse, mais…*

« Maintenant que tu me tiens… Toi aussi, tu es prise au piège ! »

Accroché à son corps, le serpent ne pourrait pas la protéger contre une attaque la visant elle – il était verrouillé sur l’épaule de Shiran et resterait fermement en place tant qu’il était alimenté en chakra. Souriant difficilement à travers la douleur, le jeune homme joignit ses mains et prit de nouveau le contrôle du désert, le faisant jaillir en une masse informe directement autour de la belliqueuse pélerine, sans aucun avertissement cette fois-ci.

« Que les sables t’emportent ! Sabaku kyû ! »

Le sable s’agglutinait à toute vitesse sur la kunoichi, lui formant un tombeau sur mesure là où elle se tenait, comblant immédiatement chaque microscopique espace entre ses membres pour l’immobiliser complètement. *La tradition Serika voudrait que je l’écrase après l’avoir immobilisée, mais je ne peux pas prendre le risque qu’elle y survive et continue à se battre… Je dois faire quelque chose de bien plus définitif !*

Se jetant sur le monticule de sable, le serpent électrifié toujours enfoncé dans son corps, Shiran réalisa une nouvelle série de signes avant de plaquer sa main sur le tombeau vertical. Aussitôt, un cercle se grava dans le sable autour d’eux, marquant une frontière en bas-relief séparant le tas de sable du reste du monde. Le sceau s’étendit ensuite sur plusieurs mètres, avec la prison de la pélerine en son centre.

Le ninja des sables fit quelques pas en arrière pour admirer son œuvre – un splendide sceau de drainage du chakra marqué à même le désert. Chaque seconde que son adversaire passait enfermée dans son tombeau, le sceau la viderait encore plus de ses ressources. Si elle était aussi épuisée qu’elle en avait l’air, cela marquerait à coup sûr la fin de l’affrontement. Couvert de sang et sentant ses propres limites s’approcher à grand pas, Shiran ressentait l’impérieux besoin d’en finir avec cette échauffourée.



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Ma feinte avait marché et j’avais vu et mon kunai frappé le basané qui ne s’attendait sûrement pas à ce que mon arme transperce le sable aussi facilement ! J’avais plusieurs cordes à mon arc qui me permettraient de survivre un peu plus longtemps à cet affrontement. Il me fallait juste attendre le bon moment pour utiliser ce qu’il me faudra pour survivre et arracher les dernières étincelles de vies de cet adversaire qui s’était révélé bien plus coriace que prévu et que je regrettais presque de devoir tuer. Je regrettais toujours désormais de tuer et je préférais largement pouvoir épargner, même si c’était plus difficile de laisser en vie que d’épandre le sang par kilolitres. Mais c’était nécessaire tant l’avenir de mon clan entier était en jeu, je ne pouvais pas déroger à cette règle, j’avais bien trop à perdre.

Même si ma stratégie avait été payante et que j’avais pu faire ravaler à l’autre une partie de sa fierté en le blessant sérieusement, malheureusement pour moi, mon serpent de sangs le reliait à moi et je ne pouvais pas m’éloigner d’une certaine distance, j’étais liée à lui pour plusieurs instants et l’autre l’avait compris, car déjà, plusieurs langues de sables se dirigeaient vers moi, prête à m’enfermer encore dans une carapace de perles du désert. Prise par surprise, je me fis facilement enfermer, je comptais sur la douleur que lui procurera mon serpent pour essayer de l’avoir à l’usure. Même si le sable se collait contre moi, me serrant, m’empêchant de bien respirer et surtout me rappelant à ma respiration haletante que j’étais épuisée, je pouvais y survivre, je le savais, j’avais déjà survécu à pire que cela. Cependant, ce que je n’avais pas prévu, c’était que l’autre en profita alors pour réduire la distance entre nous, puis sur ma carapace de sable, commencé à dessiner des motifs. A cet instant, je fus prise d’une crise de panique, je ne pouvais pas re subir le même genre de soucis que ceux que j’avais déjà subis, je devais me libérer de cette camisole de sable à tout prix.

Je me mis alors à puiser dans toutes mes réserves d’énergie, puis avec un effort surhumain, commença à briser la carapace de sable, alors même que mes muscles se bandaient, forçant pour m’arracher du sarcophage, en vain, je ne réussis qu’à me déplacer, fuyant le sceau, alors même que le sable continuait de m’enserrer. Je ne me laisserai pas faire et malgré tout le sable, je lançais alors mon nodachi vers la gorge du basané qui avait fait l’erreur de me rejoindre au corps à corps, j’étais bien déterminé à ne pas me laisser faire et à m’en sortir. Je n’avais pas dit mon dernier mot. J’étais bien déterminé à utiliser chaque étincelle de force qui me restait pour l’écraser comme un cafard.

JE SUIS CHINOIKE HITAGI. Tous les miens comptaient sur moi et si je devais fouler du pied cet habitant du désert comme passer au fil de mon épée, vieillard comme nouveaux nés, alors je le ferais sans aucun souci, je ne craignais pas les sacrifices pour offrir aux miens un monde meilleur, même si pour cela, je devais devenir un monstre. Peu m’importais, j’étais prête aux conséquences et aux sacrifices ! Je devais l’avoir, la survie des miens en dépendait.

   

   

   


   
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Serika Shiran
Serika Shiran
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La fin du combat se présentait enfin à lui. Les péripéties malvenues qui s’entêtaient à troubler ce qui aurait dû être une simple patrouille du désert atteignaient enfin leur terme ; la gangue de sable soulevée par son chakra avait refermé son emprise sur la bretteuse dérangée et la forçait à rester en place au beau milieu du sceau de drainage tracé rapidement pour vider ce qui restait de ses réserves. Shiran était essoufflé, épuisé et perclus de douleurs, mais son triomphe approchait enfin.
Bien entendu, ces optimistes pensées reposaient sur l’arrogante présomption que la belliqueuse pèlerine n’allait pas, une fois de plus, faire quelque chose de stupidement inattendu. Ce qu’elle fit. *J’en ai marre de cette brutasse, bon sang…*

Dans un beuglement bestial, l’étrangère commença lentement mais sûrement à se mouvoir malgré la pression du sable sur son corps. Shiran pesta ouvertement, tout en se félicitant intérieurement d’avoir pris du recul aussitôt sa technique mise en place ; entre ça et la lutte constante que devait mener son adversaire pour le rattraper, il avait eu le temps de réagir. Avant qu’elle ne l’atteigne, il se laissa tomber au sol tout en conjurant un nouveau clone de sable. La copie parfaite du jeune homme s’interposa entre lui et le tanto virevoltant de la bretteuse, la lame d’acier traversant le corps de sable pour se figer dans son torse, complètement immobilisée par l’épaisse structure humanoïde.

Pantelant, Shiran leva les yeux vers son opposante, constatant que ses déplacements avaient temporairement découvert son visage de la gangue de sable qui cherchait à l’étouffer.

« J’ai presque oublié qu’il te restait encore un jouet en réserve… Je vais le confisquer, celui-là. »

Profitant du fait que c’était l’arme qui s’était figée dans le clone, et non le bras-même de la bretteuse, il leva la main et raffermit l’emprise du sarcophage de sable. La construction se referma à nouveau sur la tête de la captive, la privant de ses sens ; plus important encore, elle fut brutalement ramenée à son point de départ, au beau milieu du sceau de drainage qui était censé la vider de ses forces. Même s’il ne lui restait pas beaucoup de temps pour faire son œuvre, Shiran pouvait espérer que le temps restant fasse la différence et achève l’énergie restante de la brutale voyageuse.

« Et maintenant… Pour m’assurer que tu ne me fasses pas le même sale coup une deuxième fois... »

Shiran sentit la nausée empoigner sa poitrine alors qu’il rassemblait ses dernières forces, poussant son corps au-delà de ses limites ordinaires pour employer une ultime technique. *Si ce coup-là ne fonctionne pas… Je suis mort, rien de moins…*

« Sabaku Rô ! »

Autour de la pèlerine déjà enfermée, un épais poing de sable se forma, se refermant comme une cage supplémentaire autour de la captive, de son sarcophage et du sceau qui les cernait déjà. Même si elle parvenait à outrepasser une fois de plus la force du sarcophage, elle n’avait simplement pas l’espace nécessaire pour quitter à nouveau les limites du sceau ; et les deux couches d’emprisonnement restaient suffisamment éloignées pour ne pas être brisées du même coup, si jamais il lui restait suffisamment de ressources pour se libérer. *Cela dit, si elle a de quoi se libérer après avoir été séparée de ses deux lames et privée de la capacité de tracer des mudras… C’est vraiment un monstre…* Ramassant le tanto à côté de lui, il le jeta sur le nodachi abandonné au sol et, d’une main, fit se déplacer le sable sous les deux armes, les faisant disparaître sous les grains dorés. De quoi désorienter la potentielle échappée.

Un glapissement de douleur échappa à Shiran tandis que la seconde morsure du serpent de sang projetait une nouvelle décharge électrique à travers son corps, le faisant momentanément tomber à genoux. Le sang qu’il avait perdu troublait sa vision, certes, mais c’était surtout l’épuisement de son chakra qui menaçait sa résistance. Contrairement à la bête de foire, il n’avait pas les ressources requises pour recharger son chakra ; en l’état, il était parfaitement à sec. Essuyant la sueur sur son front, il releva les yeux vers la double prison de sable. Il serait très, très mauvais pour lui de la voir s’ouvrir.



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Chinoike Hitagi
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Cependant la réalité était bien plus cruelle et toute ma détermination, toute ma force, tous mes efforts étaient vains. Comme si ça avait été écrit que je vivrais ici mes derniers instants, que le destin capricieux se décidait à me retirer ma pitoyable vie à l’instant même ou je prenais enfin une pente qui me plaisait, ou enfin ma vie devenait acceptable. Au lieu de tout me retirer, lorsque j’étais au plus bas, lorsque ma carcasse fumante écumait de sang et que la dernière étincelle de ma vie était sur le point sur partir, lorsque je n’avais aucun ami, aucune famille, aucune personne sur qui réellement me reposer, voilà qu’on me retirait lorsque j’étais à mon apogée. Tout le clan comptait sur moi, j’avais une famille, des amis, un amoureux, des responsabilités, j’avais tout ce que j’avais toujours voulu depuis que j’étais petite, j’avais enfin une vie qui me satisfaisait, qui me plaisait vraiment, qui avait du sens pour moi. Et tout cela allait s’arrêter maintenant.

Ni mon coup de tantô, ni rien de ce que je fis ne servis cependant, car une silhouette émergeant du sable agrippa mon bras, emmenant avec lui ma dernière arme, tandis que le sable dans un effort surhumain me ramena au centre alors que je sentais mon chakra se faire drainer, dans un ultime effort, je résistais au sceau qui tentait coûte que coûte de m’arracher mes dernières réserves d’énergie. Mais même en résistant du plus que je le pouvais, c’était insuffisant, car le sable, déjà comme une main invisible resserrait son étreinte mortelle alors que mes yeux, ma bouche et mes oreilles, me piégeant, m’enfermant, dans une prison ou tous mes sens étaient soustraits à moi : je ne pouvais plus rien faire. J’étais coincé seule avec moi-même et mon corps qui hurlait de douleur, comprimé et immobilisé à l’extrême.

À cet instant précis, une pensée traversa ma caboche : j’avais perdu, j’avais échoué. Alors même qu’Etsu avait placé en moi tant d’espoir, que le conseil m’avait enfin acceptée, voilà que j’allais mourir comme cela ? Une larme sembla couler, mais je n’en aurais pas été sure, peut-être était-ce juste du sang qui coulait tant mes membres étaient enserrés. J’emmenais avec moi beaucoup de regret et de remords, je n’avais pas été à la hauteur, pour moi comme pour les autres. J’avais été ridicule et pitoyable, faible, misérable. Sûrement que ma perte ne touchera pas énormément le clan, ils trouveront quelque de bien plus intelligent, bien plus forte, bien plus capable que la benête que j’étais. Le temps passait, inlassablement et pourtant, j’étais toujours incapable de m’aimer, de me regarder dans un miroir, parce que j’échouais tout ce que j’entreprenais, du moindre petit truc au plus gros, j’échouais toujours, encore et encore. Je me méprisais plus que le salaud de bourgeois qui allait m’exécuter. J’avais été incapable de les protéger et sûrement que les conséquences pour eux seront dramatiques, mais sûrement que si je m’éteignais ici, ils en souffriront moins et ne devront pas payer pour mes erreurs à moi.

Déjà mon corps réclamait de l’air, déjà mes poumons m’hurlaient de prendre une respiration et pourtant je n’y pouvais rien, j’étais coincée, désespérément coincée dans ce tombeau, mon tombeau à moi. Ma tête me tournait et je sentais mon esprit s’échapper, filer sans que je ne puisse rien y faire.

J’aurais aimé pouvoir recommencer toute cette vie, vivre différemment, changer, faire mieux, pour tous les autres, mais surtout pour moi. En regardant derrière moi, je voyais bien que je ne saurais être fière de rien de ce que j’avais encore accompli. J’avais progressé, fais de mon mieux, mais c’était insuffisant, qu’avais-je fais ? À part me battre comme une abrutie pour me faire mousser ? Rien du tout. Ma vie n’avait servi à rien, à part décevoir tous ceux que j’avais côtoyé. C’était alors mieux comme cela, que je disparaisse ici, que le sable brûlant, vecteur de la chaleur, chaleur que j’avais toujours recherché chez autrui me tue. Ma place n’était pas au soleil, mais auprès des miens. Je les avais trahis par mes échecs et cela je ne me le pardonnerai pas. Cette culpabilité me rongeait de l’intérieur, me brûlait d’une haine ardente.

Pigée seule avec moi-même, cependant, je voulais me faire une promesse, celle de vivre différemment et mieux, de faire plus si jamais par un miracle je m’en sortais en vie. Ce que nous faisions dans cette vie, résonnait irrémédiablement dans l’éternité. Je voulais que mes actes aient du sens et résonne dans l’éternité, peu importais que ma tête ne tombe, que mon nom et mon sang s’efface, peu importe que je sois un monstre, un démon, qu’on me haïsse où qu’on m’idolâtre. Je ne souhaitais qu’une seule chose, une seule petite chose, c’était de sauver les Chinoike du cycle de la haine et de la pauvreté. Je pouvais et ne voulais que dédier ma vie qu’à cela, enfin, c’était ce que je voulais, mais je me rendais compte que je m’y étais prise de la mauvaise manière et j’en payais le prix. Mais si ma mort pouvait servir d’exemple aux miens, alors je serais comblée et ma vie, ma modeste et pitoyable vie, auras servis un minimum à quelque chose.

Ma tête me tournait, tout devenait noir jusque dans mes pensées, c’était le moment, j’allais mourir. Une longue lumière apparus devant mes yeux et alors, j’aperçus ma Maman, ma pitoyable, misérable et ridicule mère. Elle qui avait eu une vie insignifiante comme la même, me voilà au même endroit qu’elle. Et pourtant, elle était ce que j’avais toujours recherché, je l’avais pardonnée de sa faiblesse. Savoir que je la retrouvais même dans la mort m’apaisa, je sentis mon cœur se calmer, je pouvais partir en paix ! Je me mis à courir comme une dératée vers la lumière et vers Maman, enfin je la retrouvais, enfin je pouvais exister paisiblement en dehors de la violence et de la guerre. J’attendais désormais la mort comme une vieille amie, prête à la rejoindre. Je tendais la main vers Maman, elle allait m’attraper la main, Papa était là aussi, nous allions enfin pouvoir être heureux, vivre une vie de famille, exister tous ensemble.

Le grand noir m’envahit alors, m’arrachant la vision de mes parents, comme un coup de poignard. Même dans l’éternité j’allais finir seule, encore, résumant ma misérable vie. Une nouvelle larme coula, tout était donc bien finit ?

   

   

   


   
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Serika Shiran
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Après de longues minutes, Serika Shiran émergea difficilement de sa cachette. Il était blessé, il était surtout épuisé. Jamais un combat ne l’avait à ce point poussé dans ses derniers retranchements. Soupirant de douleur à chaque geste, à chaque mouvement, il fit son retour sur l’étendue de sable qui avait vu l’affrontement entre lui et la belliqueuse pèlerine dont il ignorait encore jusqu’au nom. Le monstre d’acier et de sang qui avait bien failli lui prendre la vie. De toute évidence, il lui faudrait revoir ses méthodes d’évaluation d’un danger potentiel ; au début de tout cela, il ne voulait que mesurer les réactions de l’étrangère face à un peu de provocation. Il s’était lancé entraîner dans ses propres manipulations, se battant de toutes ses forces - si elle ne s’était pas avérée aussi rapide dès le début du combat, il aurait fui depuis bien longtemps.

Sa technique d’enfermement double par le sable avait duré suffisamment longtemps pour que l’air ait entièrement quitté les poumons de son assaillante. S’approchant légèrement du corps inerte, il observa son teint blafard, sa silhouette parfaitement immobile… Le sort de la femme était encore incertain, mais il ne pouvait pas risquer de sacrifier plus de ressources, sans quoi le retour à Suna serait dangereux. D’un geste de la main, il ouvrit à nouveau le sable, là où il avait enterré les armes de son ennemie. Titubant, il s’empara de la lourde lame d’acier à deux mains. Il eut un petit gloussement nerveux en réalisant qu’il peinait à ne serait-ce que la soulever. La traînant derrière lui, il toisa une dernière fois le corps inconscient.

« Je n’ai rien contre toi, la bête de foire. Mais je n’ai aucune envie de croiser ta route une nouvelle fois. »


Obligé de soulever une poigne de sable du sol désertique pour l’y assister, il leva la lame au-dessus de l’abdomen de la bretteuse avant de l’y enfoncer profondément, perçant son ventre et la clouant littéralement au sable. Pantelant, il tomba malgré lui sur un genou dans le même geste. Il avala sa salive en réalisant que le monde s’était mis à tourner. *Ok… Plus de sable pour moi aujourd’hui… Besoin de sucre…*
Cherchant à s’assurer qu’il avait mis fin aux jours de l’inconnue, il plaça deux doigts sur le côté de sa gorge ; ne sentant aucun battement de cœur, il prit appui sur la lame plantée pour se relever.

Peinant à se déplacer, il tourna finalement le dos à son opposante pour reprendre la route vers le village caché du sable, un pas difficile après l’autre. La route serait longue, bien trop longue à son goût, avant que les yeux dorés ne se posent à nouveau sur les remparts familiers. À la vue de sa tunique maculée de sang, un shinobi stationné près de la porte se précipita pour le réceptionner, lui évitant de s’écrouler à quelques mètres de son objectif.

Quelques heures plus tard, Shiran rendrait un rapport fidèle à la hiérarchie de Suna - révélant toute l’affaire des bandits assassinés, sa rencontre avec une voyageuse versée dans les airs ninja, et la façon dont il avait mis fin à ses jours après un combat difficile. Réalisant à quel point son épuisement avait affecté ses sens quand il s’écroula sur son lit plus tard ce jour-là, cependant, une sueur froide glissa le long de sa nuque. Dans son état… Il aurait pu aisément ne pas remarquer un battement de cœur, pour peu que celui fut suffisamment faible, même en plaçant ses doigts contre le cou de sa cible. FIxant son regard sur le plafond blanc, il émit un soupir audible.

Il faudrait qu’il soit incroyablement malchanceux pour avoir à recroiser cette brute un jour, après tout, non…?



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