Protéger la paix [rang B]

     
La vie d'un shinobi l'amenait parfois bien loin de chez lui pour accomplir ses sinistres (ou pas) besogne. Ainsi, l'équipe de Nara avaient dû quitter leur profondes mais accueillante forêt pour se rendre dans la morne et trop souvent glaciale région de Hommachi, dans la Vallée des Nuages.
Les hautes montagnes faisaient par bonheur un rempart naturel contre les vents glaciaux venu de la mer au Nord. Enfin, un rempart plutôt trouée de profonde vallées et de plaines souvent désolées.
La végétation y était chiche mais robuste et tirer sa subsistance de la terre y était une gageure. Néanmoins, dans ces vallées encaissées aux vents mugissants, à l'ombre de ces hauts pics coiffés de neige, on se sentait plus près des dieux.
Moult sanctuaires, temples ou lamaseries (parfois à l’abandon) s'accrochaient aux pentes rocailleuses et presque stériles de l'endroit. La beauté passée d'une fresque, l'éclat d'une dorure écaillée, le rouge sanglant d'un tori à l'abandon ou le regard marmoréen d'une statue d'une divinité oubliés surprenait souvent le voyageur au détour d'un sentier.

Plus froid encore, battus par d'insondable flots grisâtre se trouvait la petite cité de Mizuhadake, petit bourg en bord de mer coupé en deux par un fleuve d'aspect trompeusement paresseux.
Ici, la religion et l'isolement monastique passait bien après le commerce. On échangeait avec une certaine prospérité les fruits de la pêche (notamment à la baleine) contre le bois des vallées alentours et les minéraux de quelques concessions arrachant leur pitance aux montagnes alentour. On faisait aussi commerce de caprin et de fromage au fumet aussi peu délicat que leur goût.
Un petit quartier d'artisan sculptait le bois et l'ivoire en offrande votive et ornement qui seraient soit échangés, soit offert aux temples et saintes communautés isolés dans les pics et plateau d'altitude de la régions.
 
Mizuhadake n'était ni particulièrement renommée, ni particulièrement prospère mais son port relativement abrité lui conférait un certain statut dans la région et en faisait un point stratégique.
Le Daimyo avait donc été fort généreux et avait financé un mur défensif plutôt impressionnant, ainsi qu'une caserne bien garnie où s'ennuyaient les samouraï du Seigneur Homare Hakuba.
Ce dernier était plutôt connue pour ces succès militaires (bien que commençant à dater) et comme vassal loyal du Daimyo Tanashi Ayumu.
Il se murmurait par contre que ses finances n'étaient guère reluisantes : la région qu'il administrait vivotait plus que ne prospérait et ce n'était pas un grand gestionnaire, ni un grand diplomate. Toutefois (ou peut-être à cause de ça), à l'inverse de moult seigneur, il n'accablait pas son peuple d’impôts écrasant. Il évitait également de ce mêler de religion, assurant une quasi autonomie aux monastères entourant ses terres.
L'argent des Homara passaient dans leur mission : garder la cité et donc la région de Hommachi contre une invasion venue des mers. A l'occasion, ses troupes doté de quelques navire de guerre solide allaient aussi défendre d'autres petits villages côtiers ou des caravelles marchandes contre la convoitise de quelques pirates.

En bon chien de garde, Homare Hakuba savait aussi tendre l'oreille et glanait parfois d'étranges ou d'inquiétante rumeurs...
Voilà pourquoi il se trouvait maintenant dans la (seule) suite royale (d'après uniquement son propriétaire) de la plus luxueuse (des trois) auberges de la ville.
C'est en effet là qu'il recevraient les Nara (et leur offrirait le gîte et le couvert pour une et une seule nuit).
La salle commun n'abritait que peu de client mais il ne fallait pas être un grand ninja qu'à leur air tendu et martial pour deviner qu'il ne s'agissait en fait que de samouraï "en civil", protégeant leur seigneur. La barmaid soupirait en polissant une chope de bois, sachant bien que ce déploiement de garde allait faire fuir sa clientèle habituelle...
A l'étage, où se trouvait la suite, deux samouraï cette fois-ci en armure complète et aux couleurs des Homare gardait la porte de la chambrée.

A l'intérieur, savourant un thé au beurre de yack se trouvait le seigneur lui-même, accompagné d'un vieux guerrier tendu qui lui servait d'ultime garde du corps.
Agé, rondouillard, ses cheveux blancs se raréfiant mais doté d’impressionnant favoris d'argent, il attendait les ninja dans une position stoïque de général se préparant à la confrontation.
Sobrement vêtu pour un homme de son rang, on ne pouvait s'empêcher de remarquer qu'il prenait plus soin de ses armes rutilantes que de sa personne ou de sa garde-robe. C'était un guerrier à l'ancienne, appréciant force, honneur et tradition.
Néanmoins, il avait tant vécus qu'il savait que parfois, il fallait savoir mettre le bushidô de coté...

"Bienvenue à Mizuhadake, shinobi..." commença le vieux seigneur d'une voix profonde, presque grondante. "Je m'excuse de vous recevoir dans une banale taverne, mais ma femme n'aime guère les ninja. Un... contrat a en effet emporté notre fils aîné il y a de ça des années..."
Il se râcla la gorge avant de poursuivre. Visiblement, Hakuba n'appréciait guère lui non plus de devoir faire appel à des ninja.
"Cependant, nécessité fait loi. Je vais devoir m'absenter, ainsi qu'une grande partie de mes troupes pour aller chasser des pirates qui s'enhardissent sur nos cotes. De plus, mes forces ne sont pas spécialement discrètes ni formaient à enquêter. Ici, à cause de la garnison, il n'y a guère de crimes... Des ivrogneries ou des vols de bétails ou de marchandises, et c'est tout. Voilà pourquoi j'ai besoin de vous, malgré le coût..."

Il soupira lourdement avant de continuer.
"J'ai quand même quelques agents qui traînent sur le port, oreilles et yeux ouverts. On m'a rapporté qu'un homme ressemblant à un vieux savant de l'Empire du Fer aurait débarqué ici, puis aurait disparu. Un génie, à ce qui parait, qui aurait peut-être déserté Tetsu."
A la mention de la désertion le seigneur ne put s'empêcher de faire la grimace.
"On parle aussi d'une recrudescence de visiteurs étrangers, venant notamment de l'Empire du Fer mais pas que... Alors que pour être honnête, ma belle cité n'offre guère d'opportunité de plaisance ou de commerce. Pour être franc, en vieux militaire, je suis un peu curieux des inventions de ce soi-disant fuyard, mais je tiens avant tout à la sécurité de mon peuple. Testu pourrait se montrer particulièrement... abrasif si jamais on apprenait que la Vallée des Nuages vole leurs secrets militaires. Cependant, je n'irai pas jusqu'à leur remettre leur savant en fuite. S'il a décidé d'aller se perdre dans quelques lamaserie désolé, c'est son choix ! Par contre pas question qu'il commence à construire les kami savent quelle diablerie alchimique sur mes terres."

Son regard se fit perçant, dur, trahissant l'ancien général habitué à prendre des décisions difficile.
"C'est là que vous intervenez. Retrouvez le savant en toute discrétion et avant qu'un autre ne le trouve. Vous êtes des armes vivantes : évaluez la dangerosité de son savoir et de ses inventions. Détruisez-les s'il existe la moindre menace pour mon peuple ou si cela risque d'attirer l'ire de Tetsu sur mes terres. Au besoin, faîtes disparaître l'homme en vous assurant bien que l'Empire du Fer ne puisse nous incriminer, tout en leur donnant bien la preuve de son trépas. Je suis las des guerres et des trouvailles pour occire son prochain..."

Parchemin de mission: