Encore une journée agréable pour le miraculé qui était debout bien avant les premiers rayons du soleil. Son métabolisme lui permettait d'écourter ses nuits, ce qui n'était pas pour lui déplaire. Bien que marqué physiquement par les entraînements qu'il effectuait avec son père ou certains membres de son clan, il ne prenait que les bons côtés des choses. Heureux de sa condition et de pouvoir renaître en tant que shinobi, il savourait chaque moment passé, essayant d'assimiler tout ce qu'on pouvait lui transmettre. Levant les yeux au ciel, il se délectait de cette chaleur qui lui brûlait pourtant la peau, avant d'entendre des bruits de pas non loin de lui. Sa réaction était toujours la même, il arborait un sourire timide, mais sincère, lui qui connaissait d'avance l'identité de la personne qui se rapprochait peu à peu de sa position.
(Haneki) « C'est une belle journée qui nous attend, pas vrai Kotarô ? »
En se retournant, il pouvait apercevoir le regard médusé de cet homme qui était bien la personne désignée. Son sourire était toujours présent sur son visage légèrement bronzé. La réaction du vieil homme l'amusait quelque peu.
(Kotarô) « Tu es toujours aussi attentif au moindre détail, surtout me concernant. Je me sens presque flatté par cette petite attention. »
L'ancien du clan se mit alors à rire, avant de se positionner à côté de son cadet.
(Kotarô) « Désolé de t'embêter avec ça, mais j'aurais besoin de ton aide. Un colis m'a été déposé à l'académie, je viens d'en être averti par une personne qui travaille sur place, par parchemin. D'ordinaire je me serais débrouillé pour le récupérer seul, mais mon dos me fait souffrir atrocement. »
Haneki avait du respect pour l'ancien Akayuki et l'appréciait beaucoup. Lui tendre la main semblait la meilleure des solutions à ses yeux.
(Haneki) « Ne vous préoccupez plus de tout cela, je vais m'en occuper personnellement, je vous dois bien ça. »
Redevable d'avoir pu renaître de ses cendres, il aimait donner de sa personne pour les autres et rendre service. Sans demander son reste, il s'éloignait petit à petit du domaine, pour accomplir sa tâche du jour. Rien de compliqué en soit, mais aider autrui lui permettait de montrer sa gratitude profonde. D'ordinaire, il prenait plus son temps lorsqu'il parcourait les rues ensablées du village, mais il avait une tâche à accomplir et se refusait à faire attendre le vieil homme.
Cette bâtisse se tenait à présent devant lui. Les souvenirs remontaient alors à la surface, ce qui plongeait Haneki dans une certaine nostalgie positive. Conscient de la raison de sa venue en ces lieux, il se devait de sortir de ses pensées au plus vite, pour mener à bien sa quête. Poussant la porte principale du complexe, il pénétra alors à l'intérieur. Un calme apaisant, bien trop à son goût, mais qui pouvait s'expliquer de nombreuses manières. Quoi qu'il en soit, le phénix avait beau être sur les lieux où se trouvait le colis, il ignorait cependant sa position exacte et espérait réellement apercevoir quelqu'un dans un des nombreux couloirs de l'académie. Sans succès. Visiblement le bruit qu'il faisait en marchant ne devait pas être assez fort pour qu'on puisse l'entendre et venir à son encontre.
(Haneki) « Bonjour, il y a quelqu'un ? Je suis Akayuki Haneki et je suis venu ici pour récupérer un colis. »
Son appel restait sans réponse, mais il était hors de question pour lui de baisser les bras, il n'allait certainement pas repartir les mains vides. Grimpant alors les marches qui menaient tout droit aux étages supérieurs, il espérait véritablement par la suite, apercevoir enfin âme qui vive.
Dans la vie, il existait un nombre incalculable de gens qui se faisaient continuellement pigeonner et honnêtement, j'avais carrément l'impression de faire partie de cette catégorie. Depuis que j'avais accepté la demande de Hayato d'entrer dans le bas conseil de Suna, je me retrouvais à devoir venir régulièrement pointer mon nez à l'académie du village, chose qui, comme me l'avait vendu notre escroc d'intendant, devait pourtant être anecdotique. Je devais juste être là pour appuyer sa politique si c'était nécessaire lors de quelques réunions ou à la limite jeter un œil sur certains programmes scolaires. Je m'étais carrément faite entuber parce que je devais lire plus de paperasse que prévue et en plus faire remontrer les plaintes et autres demandes de nos chers professeurs et étudiants. Sans déconner, j'avais carrément autre chose à foutre. Comme si des marionnettes se fabriquaient toutes seules, hein !
Mais quand bien même je maudissais cette condition, j'en restais pas moins une subordonnée qui obéissait. La bonne blague. Je m'étais pointée assez tôt dans la journée, peu de temps après ma petite balade matinale sur les remparts du village. Ma fascination pour les levées et couchers de soleil sur les dunes ne s'était pas tarie, à croire que j'avais fait de la nostalgie un sentiment réconfortant... même si je ne me rappelais toujours pas pourquoi cet endroit me procurait de telles sensations. Quoiqu'il en fut, cela faisait maintenant quelques heures que j'avais le cul posé sur une chaise inconfortable dans un petit bureau qu'on m'avait assigné. La clope coincée entre mes lèvres pincées, les yeux plissés sur la lecture d'un parchemin et bien évidemment les pieds sur la table, je m'efforçais de comprendre les réclamations que l'on m'avait faites.
" Chier. "
C'était le mot qui résumait tout. Fallait dire qu'il venait du cœur vu qu'il était sorti tout seul de ma gorge mal foutue. À croire ce que je lisais, on manquait de matériel parce qu'on avait des petites brutes qui explosaient tout, des professeurs en mal de reconnaissance, des locaux qui réclamaient des rénovations... Bref, on manquait d'oseilles en sommes. J'en rirais presque en me disant que cette académie était à mon image : sans le sous. Dépitée, je posais négligemment le document sur le bureau, comme si je savais qu'on n'obtiendrait pas grand-chose, avant de basculer ma tête en arrière. Je relâchais paresseusement un rond de fumée et l'observait s'évaporer dans l'air jusqu'à ce que mon regard se perdit un peu derrière moi. Là, juste dans mon dos, se tenait un fier samurai au visage pourpre et au sourire inquiétant, Murasaki no egao. Immobile, on aurait pu croire qu'il s'agissait d'une statue d'un goût douteux. Raté.
La chose:
C'était ma dernière création et je continuais à essayer de la perfectionner, de l'étudier avec différente option. Ce jour-là, je testais les possibilités de son autonomie, s'il répondait bien aux ordres que je lui avais fait enregistrer et sa maniabilité vis-à-vis de cette option. C'était pas pour ça que je l'avais créé, mais sa taille pouvait m'être utile dans certaine tâche, donc de temps en temps, j'allais en profiter. Mais alors que je me perdais dans la contemplation de ma créature, je crus entendre le son du voix venir des couloirs.
Mon premier réflexe était un haussement de sourcil parce que je m'attendais pas à ce qu'il y eut de la visite ce jour-là. La plupart des gamins étaient en vacances et les professeurs soient en congés ou bien en mission. Vous pensiez pas que je me pointais les jours de monde ? La meilleure façon qu'on vous cassât les noix. Je ne retins pas un petit soupir avant que mes pieds ne quittèrent la table et je me tournais vers ma marionnette. Là, je fis un petit mouvement de tête et un sifflement bref. Sur cet ordre, le samurai se mit en mouvement, marchant d'un pas un peu lourd pour pointer son nez dans le couloir. Il était tellement large qu'il bloquait carrément le chemin, mais au son d'un autre sifflement, il redevint immobile, coinçant le passage pour quiconque voulait passer. Je me rendis compte qu'il me faudrait sans doute penser à alléger son poids ou bien rajouter quelques artifices pour le rendre plus "discrets". Il y avait trop de cliquetis métalliques, bien que j'aimais bien le côté angoissant de son approche.
Nonchalamment, je finis par me bouger à mon tour et passa ma tête dehors, toujours la clope au bec. Les mains dans les poches, je me plaçais devant ma marionnette et aperçus la silhouette d'un petit blondinet. Je fis un petit signe d'une mention pour lui réclamer de me répéter ce qu'il voulait... parce que j'avais pas écouté.
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