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Et ainsi opère la magie de Noël - Kougen [Mission de Noël]

Sarutobi Hinoke
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Et ainsi opère la magie de Noël
Feat Kougen

Une journée comme une autre. C’est la première pensée qui traverse l’esprit de la jeune femme, alors que les premiers rayons du soleil traversent sa fenêtre pour venir se poser sur son lit. Il était tôt, si tôt que la Sarutobi ne put s’empêcher de soupirer de lassitude. Cette mauvaise habitude, elle la tenait de toute ses années passées à trimer chez sa tante et sa persistance lui donnait la désagréable sensation que ce calvaire n’était pas encore révolu. Prenant son courage à deux mains, elle s’emmitoufle à nouveau dans les couvertures en grommelant, insultant copieusement le temps hivernal qui se rafraichissait à vue d’œil. Elle se rendormit bien plus vite qu’elle ne l’aurait pensé, délaissant son chemin de pensée grognon pour mieux sombrer dans la quiétude satisfaisante d’un sommeil post-mission durement acquis.

Ce n’est que plus tard dans la matinée, qu’Hinoke se réveille en sursaut. Cauchemar, penserez-vous, légitimement. Pourtant c’est un pavé, purement et simplement lancé à travers de l’une des fenêtres rafistolées de la petite cabane de la jeune femme qui marque la fin d’une journée qui s’annonçait tranquille en apparence. Sautant de son petit lit de fortune, la shinobi se redresse, alerte, à la recherche de la menace, ses mains déjà prêtes à signer les mudra nécessaires à sa défense, avant que son regard ne tombe sur l’objet qui venait d’éventrer la maigre protection que lui offrait son chez elle contre le froid extérieur.

« Quelle putain de bande de chien. »

Dans un soupir à fendre le cœur, la jeune femme se saisit du carré de roche, bien décidé à le renvoyer dehors par l’endroit où il était rentré, dans le maigre espoir que le petit salopard à l’origine de cette vanne pourrie se le prenne en pleine face. Alors qu’elle commence à armer son bras, ses prunelles dépareillées tombent sur le rouleau accroché à celui-ci, la forçant à s’immobiliser par réflexe. Qu’est-ce que c’était que ça encore ? Un nouveau moyen de massacrer le peu de possession qu’elle avait ? Une courte réflexion plus tard et la peur idiote qu’il s’agisse d’un parchemin piégé pour se débarrasser d’elle, Hinoke se décide enfin à ouvrir ce qui était, en réalité, sans doute la mission la plus étrange qu’il lui ai jamais été donné de recevoir.

« Chère Sarutobi Hinoke,

J’ai eu grand vent de vos capacités, aussi, après demande auprès de votre intendante, je souhaiterais vous engager pour un service. Je souhaiterais, en effet, que vous offriez un cadeau à un jeune homme du nom d’Aburame Kougen.
Un dédommagement vous sera délivré lorsque vous aurez effectué votre mission.

En vous remerciant d’ava… »

La jeune femme grimace, une courte seconde, constatant que le courrier n’était, en fait, pas signé. Qui ? Pourquoi ? Comment ? Plus grave encore, comment cette personne savait qu’elle connaissait le Konohajin ? Etait-ce là une blague de son mentor ? Peu probable, mais la question restait, malgré tout, entière. Toujours est-il qu’il s’agissait là d’une étrange aubaine, une occasion inespérée de nouer le dialogue avec une cible potentielle pour leur petit groupe de libre penseur.

Oh ça oui, elle le connaissait, le dresseur de bestiole. Elle l’avait suivi, à de nombreuse reprise, renseignée tour à tour par différent frère de l’organisation. Chaque sortie du village et moment de temps libre dont elle disposait c’était trouvé entièrement dévoué à la tâche d’observer et de déterminer, si oui ou non, l’étrange personnage qu’il était voulait ou pas de son aide. Particulièrement mauvaise à l’exercice, Hinoke ne savait toujours pas quoi en penser, si ce n’était leur histoire, plus ou moins similaire dans les grandes lignes. Pourtant, l’Aburame n’avait pas l’air malheureux, malgré le fait qu’il soit toujours seul. Une situation que la manieuse de lave aurait pu trouver triste, si elle avait encore été capable d’empathie.

Sans un mot, elle s’empare de quoi déjeuner en route pour économiser quelques précieuses piécettes, non sans jeter un regard désolé à sa fenêtre détruite. Travailler pour réparer ce qu’on venait de lui réduire en miette, voilà ce à quoi elle en était réduite. Fermant derrière elle la petite cabane de bric et de broc, la Sarutobi se met en route, emmitouflée dans un épais manteau rembourré, son visage défiguré par les cicatrices opératoires caché sous un masque d’un blanc aussi immaculé que la neige au dehors. L’objet, peint de quelques lignes rouges, disposait de deux ouvertures d’yeux et dont une seule était véritablement fonctionnelle. Il représentait, la seule identité que le destinataire de la mission avait jamais connu jusqu’à présent, durant les quelques tentatives avortées de filature et de dialogue que la jeune femme avait pu tenter d’établir.

Le voyage jusqu’à la ville neutre la plus proche ne lui prit que peu de temps. Hinoke, pourtant ne cessait de se demander ce qu’elle pourrait bien offrir à ce garçon, puisque la seule chose qu’elle savait de lui c’était sans doute qu’il semblait aimer sa solitude dans le refuge où elle le pistait, le plus souvent, et les insectes qu’il transportait avec lui. Pouvait-on acheter des insectes ninja ? La shinobi en doutait franchement et ne voulait pas vraiment transporter ce genre de cargaison, faute d’en apprécier la compagnie à sa juste valeur. Elle parvient, finalement, après une bonne heure à tourner en rond, à mettre la main sur une idée qui lui semblait fort pratique pour sa mission initiale. En y réfléchissant bien, ça ne lui couterait quasiment rien, si elle n’utilisait pas l’argent pour réparer sa fenêtre mais pour annuler sa dépense imprévue. Il ne lui resterait donc plus qu’à colmater l’ouverture avec un peu de chaud et quelques planches, le tout sans y verser un ryo d’investissement.

Ni une ni deux, son cadeau enfin trouvé, la jeune femme file jusqu’à la cachette favorite de sa cible, son petit paquet sous le bras. Elle n’avait alors qu’à y camper, en espérait que le temps glacial serait clément jusqu’à ce que Kougen arrive. Sur ce point-là, Hinoke était sûre de ne pas se tromper. Il y viendrait. Il le faisait toujours.
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La Magie de Noël
Feat
Keshi s'passe par ici

 
Sur un large rocher au haut plat, Kougen était allongé, attendant patiemment en agitant les pieds pour taper le caillou du talon, sur une rythmique improvisée. Il était arrivé depuis un certain temps, de peur de rater celle qu’il était venu voir, n’ayant eu aucune indication pour lui préciser le moment où il devrait la rencontrer. A ses côtés, les Kikaichuus formaient des petites tours qui finissaient toujours par s’effondrer, avant de se monter de nouveau, en suivant des formes totalement différentes à chaque nouvelle tentative. Eux aussi, avaient hâte de savoir ce qui attendait leur maître et l’identité de sa mystérieuse admiratrice.

En effet, l’Aburame avait reçu un message de manière parfaitement incongrue, mais qui avait au moins le mérite de lui donner une parfaite opportunité, qu’il entendait bien saisir. Un beau jour, en rentrant dans bicoque à la suite d’une mission, le paria avait trouvé un rouleau proprement emballé sur le pas de sa porte. Inscrit avec une calligraphie agréable et festive s’y trouvait un ordre de mission qui changeait de l’ordinaire, tout comme ce qu’il lui était demandé. Tout en rime comme une petite comptine ou un conte, du type qu’on ne lui avait jamais raconté car pour ça il aurait fallu que quelqu’un lui accorde, ne serait-ce qu’une fois, un peu d’amour et d’intérêt.

Sur la missive, on lui demandait de trouver un cadeau à offrir à quelqu’un dont il n’avait pas le nom mais qui était appelé “La Masquée aux quatre yeux”, à la fin de son message. Il avait beau ne pas connaître sa réelle identité, il n’avait eu aucun mal à comprendre immédiatement à qui cela faisait allusion, car c’était pour le jeune garçon l’une de ses seules connaissances, en dehors de son équipe adorée, à ne pas lui en vouloir personnellement ou chercher à lui faire du mal. Ainsi donc, c’était une fille ? Il ne lui avait jamais parlée, mais se réjouissait déjà d’en apprendre davantage à son sujet.

A plusieurs reprises, il avait pu la surprendre au détour d’une ruelle, cachée derrière un arbre ou la devinait, camouflée dans les ombres, qu’il se trouve dans son village, ses alentours ou même en pleine mission. Au départ, il avait pensé à une simple hallucination ou des coïncidences, mais le masque de l’inconnue était bien reconnaissable et ne laissait aucune place au doute. Kougen avait commencé par ne pas trop s’en préoccuper, imaginant qu’il n’était pas concerné et n’avait pas vraiment à s’en faire. Elle n’avait jamais essayé de s’en prendre à lui, même s’il avait volontairement baissé sa garde de nombreuses fois pour voir si cela l’encourageait à mettre en place de funestes desseins, en vain. Il doutait que quelqu’un de son village ne s’embête à ce point pour essayer de le filer, sans chercher à lui nuire mais il avait tout de même dû se rendre à l’évidence que c’était bien lui qui intéressait la timide au masque rouge et blanc.

Pour chercher à en apprendre davantage, il avait donc essayé d’aller la voir, lorsqu’il la remarquait sur sa piste mais il n’y était encore jamais arrivé. A chaque fois, le temps qu’il parvienne à rompre la distance qui les séparait systématiquement, elle parvenait toujours à s’éclipser avant qu’il ne parvienne à l’atteindre, ne lui laissant aucun espoir de pouvoir la retrouver. Au fur et à mesure, il avait fini par se résigner et à laisser faire, passivement. Elle devait être réservée et préférait l’observer de loin, sans doute intimidée par son appartenance au village de Konoha ou tout simplement en raison de son apparence repoussante ? Il ignorait totalement ce qu’elle pouvait bien lui vouloir et il essayait encore d’aller la voir lorsqu’il arrivait à la débusquer, mais en vain.

Finalement, il avait pris une nouvelle habitude pour essayer de l’amadouer et lui montrer qu’il n’y avait pas le moindre risque à l’approcher. Dès qu’il sentait son regard posé sur lui, il trouvait le premier endroit susceptible de pouvoir servir d’aire de repos et s’allongeait sur le dos, en étoile et le regard tourné vers le ciel, pour effacer la moindre once d’hostilité ou de menace qu’il pouvait représenter. A force, il s’était rendu compte que l’endroit où il revenait le plus souvent dans ces moments, était celui où il se trouvait aujourd’hui. Si bien qu’au bout d’un moment, il s’était mis à y aller de son propre chef et d’attendre, durant de longues heures, qu’elle se montre. Quelques fois, il avait pu l’apercevoir à guetter, silencieusement. Il aurait sans doute pu essayer de lancer ses insectes à sa poursuite ou à la contourner discrètement, pour qu’une femelle ne s’embarque sur la kunoichi et lui permettre de la suivre plus facilement, mais il sentait cette entreprise malhonnête et préférait la laisser faire le premier pas.

Peu importait qui pouvait bien être le commanditaire de son étrange mission, celui-ci lui avait donné l’opportunité rêvée de la rencontrer une bonne fois pour toute et de leur permettre de briser la glace. S’agissait-il d’un entremetteur secret, qui essayait de répandre amitié et amour dans leur charmant Sekai ? Ou alors le message avait-il été écrit par la belle elle-même, seul moyen détourné qu’elle avait pu trouver pour le contacter ? Peu lui importait, finalement, car dans un cas comme de l’autre, cela jouait en sa faveur. On lui avait bien sommé de ramener un présent pour la craintive mais n’ayant aucune idée de ce que celle-ci était susceptible d’apprécier, il avait longuement buté sur ce qu’il pouvait apporter.

Suite à de longues délibérations, il s’était mis en tête de lui fabriquer lui-même une boîte tout ce qu’il y avait de plus simple. Sans prétention, il avait tout de même passé beaucoup de temps et d’application à trouver du bois de qualité, qu’il avait taillé, façonné, poli, huilé et traité, pour avoir un rendu esthétique et brillant. N’ayant aucune compétence réelle en ébénisterie, il avait dû s’y reprendre à plusieurs fois pour avoir un rendu satisfaisant. Etant donné qu’il avait dû passer la majorité de sa vie à se débrouiller seul, il avait tout de même acquis ça et là des connaissances et un savoir-faire global, qui lui permit d’aboutir à quelque chose de joli. Un beau bois qu’il avait peint lui-même avec des colorants de sa composition, sur des teintes rouges et blanches, pour reproduire quelque chose de similaire à son masque. Il avait également dessiné des décors champêtres, où s’amusaient toutes sortes d’insectes.

Avant de se rendre sur le lieu de rendez-vous qu’il avait lui-même décidé, l’albinos avait préparé un de ses plats préférés, dont il avait copieusement garni la boîte pour en faire un bento coloré et délicieux, aux arômes et à la chaleur conservée par son appareillage fait sur-mesure. Il s’agissait d’une fricassée forestière, composée de plusieurs champignons et légumes cueillis et cuits par ses soins, avec une sauce onctueuse et crémeuse. Le tout trônait sur son lit de riz parfumé au jasmin, pour sublimer l'ensemble du repas. Pour garder un tant soit peu de surprise, il avait enfin emballé l’objet dans un tissu qu’il avait obtenu auprès de sa cheffe et où se trouvaient des symboles divers.

Au bout d’une attente de quelques heures, sa mutique correspondante apparut au détour d’un arbre et s’approcha dans sa direction, avec un étrange colis sous le bras. Enjoué, il se redressa d’un coup en comprenant que cette fois-ci, elle ne disparaitrait plus. Agitant les bras comme un beau diable pour lui faire de grands coucous, il tenta tant bien que mal de lui afficher son plus beau sourire, n’arrivant malheureusement qu’à un rendu très approximatif, plus proche du rictus démoniaque que de la moindre expression de plaisance.

« On se rencontre enfin ! J’ai même un cadeau pour toi, en plus ! » Annonça-t-il, alors que ses lèvres se déformaient en une demie-lune lugubre et parsemée de cratères secs et austères.
« C’est pas grave, si tu es timide. Je ne vais pas te manger, tu sais ? »


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Et ainsi opère la magie de Noël
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Le voir gesticuler donnait un drôle de pressentiment à Hinoke. Voulait-il qu’elle s’éloigne ? Y’avait-il quelque chose sur sa route, qu’elle n’aurait pas vu ? Baissant sa tête masquée vers le sol, elle le considère un instant, d’un air circonspect. Il n’y avait rien. Pas de piège à ours gigantesque, pas de fosse visible mal cachée ou même juste de gigantesque terrain boueux pour lui pourrir la journée. Relevant les yeux vers l’Aburame, elle reste un instant de plus immobile, un frisson d’effroi parcourant son échine. Sur le visage de l’homme, elle ne savait pas si elle avait affaire à un sourire ou à une grimace mais le constant commun pour les deux était sans appel : ça faisait froid dans le dos. La peau du ninja, aussi sèche que le désert de Suna, craquait à vue d’œil, lui donnait une tête plus proche de la figure abominable qu’on pouvait apercevoir sur les masques des artistes de rue lors de la fête des morts que de celle d’un être humain en bonne santé. De quoi alimenter les quelques cauchemar que faisait encore la jeune femme, dans sa petite maison rafistolée.

Toujours immobile devant ce que la Sarutobi avait craint d’être un piège, la jeune femme n’ose pas s’avancer davantage, faute de savoir si elle doit réellement se sentir menacer ou non. Elle se savait, d’expérience, incapable de comprendre correctement les sentiments des autres, aussi était-ce sans doute la meilleure réponse à sa portée. Il avait pourtant le même ton sympathique et avenant que lorsqu’il parlait aux gens, juste avant que ceux-ci ne décide de lui lancer des cailloux. A bien y réfléchir, peut-être était-ce pour ça qu’ils s’enfuyaient toujours en hurlant, d’ailleurs. Son cadeau dans la main, la kunoichi avise, une courte seconde, de ce qu’elle s’apprête à faire. Elle n’était pas la plus maligne du monde, mais en théorie, le Konohajin était vif et réactif. Suffisamment pour l’avoir vu à plusieurs reprises alors qu’elle fuyait en grommelant après elle-même pour son manque de discrétion manifeste. Aucune raison, donc, qu’il rate ce qu’elle s’apprêtait à faire, Hinoke y croyait dur comme fer.

« Yo. »

La voix de la jeune femme se déforme en passant à l’intérieur de son masque, prenant étrangement gutturale et aigue, tirant une grimace à son utilisatrice. Elle n’aimait pas la tonalité, qu’elle soupçonnait son mentor d’avoir choisi en fonction de sa tignasse grisâtre, qui la faisait passer pour une vieille peau. Le subterfuge en était même totalement idiot, puisque personne n’y croirait jamais en voyant son corps jeune et entretenu. Ce que la petite Sarutobi oubliait, souvent, c’était que les cicatrices chirurgicales qu’on entrapercevait sur son cou ou encore ses coudes et poignets, elles, rendaient difficile d’estimer réellement si l’illusion en était une ou non. Vieille peau réparée ou jeune femme mutilée ? La question, tant qu’elle portait encore son masque, restait entière pour ceux qui la voyait ainsi accoutrée.

« Attrape, gars. »

Armant le bras où reposait le petit cadeau empaqueté dans un joli foulard avec des insectes, la jeune femme se prépare à lui lancer l’objet, au mépris de la moindre délicatesse qu’il pourrait exiger. C’était, encore une fois, la faute à son raisonnement incomplet, puisqu’elle restait encore indécise à s’approcher plus près du sourire cauchemardesque qui l’attendait dans la clairière. Si l’Aburame avait sincèrement le son de quelqu’un de gentil, son apparence tout droit sorti d’un conte de Yokai rendait légitime toutes les réserves possibles.  Même s’il n’avait jamais fait de mal aux enfants à qui il souriait, maintenant que la Sarutobi y réfléchissait bien. Elle lance néanmoins son cadeau droit sur lui, persuadée qu’il n’aurait aucun mal à l’intercepter.

La boite à secret, sagement enfermé dans son papier cadeau, s’envole dans une jolie parabole, incertaine de survivre à la chute. Absolument reconnaissable dans sa forme et sa couleur comme un objet qu’on pouvait aisément trouver dans les boutiques pour enfant, elle était en bois blanc, ornée de multiple tiroirs et colorée à l’aquarelle avec des assortiments tous aussi criard les uns que les autres. Elle disposait, néanmoins, de jolis dessins de fleurs et de bestioles forestières, détail qui avait aidé la manieuse de lave dans le choix gigantesque de l’échoppe. Après tout, si c’était décoré avec des sangliers, des lapins et des cerfs, qui étaient ses mets de chasse préférés, c’était forcément un bon cadeau non ? En plus, c’était coloré, donc c’était forcément joyeux, selon ses propres critères. Aucune chance, donc, que son interlocuteur n’aime pas ledit cadeau, ni même le joli masque entièrement blanc et vierge qu’elle avait glissé à l’intérieur.

La coutume d’Oto voulait que la personne qu’il introduisait à l’intérieur de l’organisation en possède un peint par ses soins, mais Hinoke n’avait aucunement la fibre artistique, pas même de nom. Elle avait bien essayé de dessiné un petit papillon, en se disant que ça allait terriblement bien à sa cible, mais n’avait réussi à esquisser sur papier rien d’autre que des patates immondes et loin de pouvoir être comparée avec l’élégant lépidoptère qu’elle avait utilisé en guise de modèle. Et puis, de toute façon, ce n’était pas un masque officiel, alors pourquoi se justifiait-elle.

« Cadeau, pour toi. »

La scène, un peu étrange et ridicule, la fait rabattre sa main encore lever pour se gratter la tête. Elle n’aimait guère l’ambiance, mais ne savait ni comment l’améliorer ni à quoi s’attendre à ce propos, faute de savoir autre chose que les petites habitudes de sa cible. C’était bizarre, super bizarre même, de parler avec la personne qu’elle stalkait assidument depuis un moment. Pratique pour son but, ok, mais quand même ultra-supra-dupra zarbi, comme elle aurait pu le dire elle-même si on lui avait demandé son avis. Elle attendait donc, debout face à un Konohajin parfaitement détendu, de voir ce qu’il penserait de son cadeau s’il n’était pas brisé par le lancer. Est-ce qu’il verrait d’ailleurs, le tiroir secret tout de suite ? Devait-elle le lui dire, lui expliquer ? Hinoke secoue alors la tête, pour elle-même. Décidément, elle n’y comprenait rien, à ces histoires de cadeau, aussi se contenta-t-elle de poser la question, faute de mieux.

« Alors ? Qu’est-ce que tu en dis ? »

Elle se sent immédiatement stupide, mais c’était trop tard pour faire marche arrière devant le fiasco grandissant qui se projetait à l’horizon.


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Aburame Kougen
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Comme il s’y était attendu, la femme masquée semblait être assez timide et n’osait pas réellement l’approcher plus que nécessaire. Peut-être avait-elle peur de lui, elle aussi, malgré le fait qu’il ait tenté de lui adresser son plus beau sourire ? Suite à son premier salut, il préféra donc retourner à son immobilité précédente, pour la laisser s’habituer peu à peu à sa présence et éviter de la faire détaler à toute hâte. Peut-être que cacher son visage était une façon pour elle de se protéger du reste de la population, qui n’était pas toujours bien tendre ? Un moyen comme un autre de mettre de la distance et d’éviter de montrer ses hésitations, ses doutes et ses peurs, que la plèbe avait facilement tendance à retourner contre ceux qui les éprouvaient ?

C’était un constat bien triste, avec lequel il ne pouvait que compatir, même s’il ne s’agissait encore que des supputations sans réel fondement concret. Il la laissa se rapprocher en essayant d’estimer son âge, en évitant tant que possible de trop la détailler du regard, il avait déjà une assez mauvaise réputation pour ne pas en plus y rajouter la case “pervers de service”. S’il pouvait estimer avoir affaire à une personne d’à peu près le même âge que lui, voire un peu plus vieille, il fut assez surpris lorsqu’il entendit sa voix, qui acheva de le rendre encore plus perplexe.

C’était un ton ancien et éraillé, qu’il n’aurait jamais cru entendre sortir de la bouche de quelqu’un avec une telle plastique, même s’il était loin d’être très physionomiste. Cela pouvait peut-être expliquer les cicatrices qui habillaient le corps de son interlocutrice, même s’il restait encore un autre point qui ne collait pas vraiment à tout ce scénario. “Yo”, avait-elle dit. Pas bonjour, ni salutations, ni quoi que ce soit d’autre de plus neutre, mais bel et bien… Yo. Une tentative de paraître jeune et désinvolte, pour tenter de cacher son âge et rester dans le coup ? Est-ce que les jeunes utilisaient vraiment ce genre de terme..? Etant donné qu’il n’avait que très rarement l’occasion d’en fréquenter et que le vocabulaire qu’on employait à sa présence restait plutôt dans le registre des insultes, il n’en avait absolument aucune idée.

« Yo..? » Répondit-il avec hésitation, en penchant la tête sur le côté.

Perdu dans ses réflexions, il préférait rester le plus neutre possible en attendant de récolter davantage d’information pour savoir comment réagir face à son interlocutrice. Sans qu’il n’ait le temps de réellement se reprendre, elle enchaîna en lui lançant quelque chose de soigneusement emmailloté. Même s’il aurait largement eu le temps de l’intercepter, l’Aburame n’en fit rien et laissa le présent arriver en cloche pour lui cogner le front en y laissant une trace rougie, sans que cela ne lui déclenche la moindre réaction, le paquet lui tombant ensuite mollement sur les genoux. Habituellement, lorsqu’on lui lançait des projectiles, le fait qu’il les rattrape ou les évite ne faisait que générer davantage de haine et de rage chez ses poursuivants, chose qu’il préférait éviter tant que possible avec sa nouvelle connaissance.

Intrigué, il dénoua le foulard pour y découvrir la boîte qui y était empaquetée, haussant les sourcils avec surprise. Était-ce réellement possible qu’il ne s’agisse non pas d’un moyen de le chasser, mais plutôt d’un… cadeau ? Pour lui ? Avant même qu’elle ne le confirme, les traits du garçon s’illuminèrent d’une joie sans pareille qui tira sur sa peau sèche, sans qu’il n’y prête la moindre intention. Cela faisait bien longtemps, qu’on ne lui avait pas offert quelque chose qui ne soit pas un moyen quelconque de se débarrasser de lui. A part la maison qu’il avait hérité de ses parents, grâce à la magnanimité de son oncle, cela devait bien faire plus de… 17 ans, à la louche. Si on comptait le fait de le mettre au monde comme un cadeau, en tout cas, même si son unique tuteur lui avait souvent répété l’inverse. Il ne savait pas encore de quoi il s’agissait, mais il était déjà ravi par ce simple geste, emprunt d’une douceur avec laquelle il n’était pas vraiment coutumier. Une fois n’étant pas coutume, il esquissa un sourire ravi et profondément touché, qui avait l’air authentique et ne lui donnait pas l’apparence d’une goule démoniaque.

« C’est pour moi ? Ca n’a même pas l’air explosif, en plus ! » S’extasia l’adolescent, avec un rire rauque. « Comme elle est belle ! »

Les yeux pleins d’étoiles, il commença à farfouiller pour tenter de trouver comment ouvrir le contenant, observant les mécanismes autant que possible et essayant avec précaution de les faire bouger sans risquer de les détruire. Afin de s’aider dans sa démarche, il laissa ses insectes les plus aguerris s’extirper du bout de ses doigts pour l’aider dans sa démarche et fouiner comme ils le pouvaient pour l’aider à atteindre son objectif plus vite. Porté par la joie du moment, il parvint rapidement à comprendre le fonctionnement de la fameuse boîte, qu’il tournait et retournait dans tous les sens pour dénicher chaque étape nécessaire à son ouverture, focalisé comme un enfant le jour de noël.

Tandis qu’il était encore en train de découvrir sa surprise, la bonne samaritaine lui demanda même ce qu’il pensait de ce qu’elle lui avait offert. Décidément, quelle journée était-ce là, pour le petit Aburame ! Quelqu’un avait réellement un intérêt pour ce qu’il ressentait ! Il n’avait pas connu ça depuis son intégration à Nemu.

« C’est génial ! J’adore ! Merci beaucoup, j’adore les casse-tê… » Arrêté par un “clic” sonore, il baissa les yeux, ayant finalement réussi à ouvrir ce qu’il tenait entre les mains. « Oooooooooooooooh ! »

A l’intérieur se trouvait un masque blanc, immaculé et uni, à côté duquel sa peau pourrait presque sembler colorée. Dans un sifflement admiratif, il déposa le récipient à côté de lui et juste à côté de son bento, à même la roche, pour se saisir de l’objet uni qui y avait été enfermé. Dans un gloussement enfantin, il l’apposa sur son visage pour s’assurer qu’il soit à la bonne taille et remarqua avec ravissement qu’il lui allait comme un gant. Se redressant d’un bond sur ses pieds, il intimia à ses Kikaichuus de se replier à l’intérieur de son corps avant de courir vers celle à qui il devait cette agréable surprise, en oubliant totalement qu’il risquait de la faire fuir. Il comptait tout bonnement la saisir dans ses bras, une fois à proximité

« Oh, merci merci merci ! » S’exclama l’albinos, jovial. « Maintenant, on est un peu pareil toi et moi, héhé ! C’est bien la première fois que je peux dire ça ! Et je pourrais sourire sans faire détaler les gens, comme ça ! Tu es un ange ! »

L’attrapant avec délicatesse par la main, il entreprit de la ramener vers le caillou où il s’était installé pour pouvoir lui donner le plateau qu’il lui avait confectionné et la remercier pour ce qu’elle lui avait trouvé.

« Moi aussi j’ai quelque chose pour toi, c’est loin d’être aussi cool, mais ça a été fait avec beaucoup d’amour ! »



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Feat Kougen

Explosif ? La Sarutobi arque un sourcil, stupéfaite d’entendre l’adolescent se réjouir de quelque chose d’aussi incongru. Pourquoi diable aurait-elle mis un parchemin sur un cadeau ? Etait-ce une coutume Konohajin ? Si oui, l’idée était on ne peut plus farfelue. Malgré l’incompréhension dans laquelle était plongée la jeune femme, son interlocuteur, lui, se concentre entièrement sur la petite boite. Il était avide d’en découvrir les secrets, sans doute, mais ce n’est pas sur ce détail que les quatre yeux du masque de la Keshi se posèrent. Bien au contraire. Attirée par le mouvement et l’apparition soudaine d’insecte sur son cadeau, elle marque un temps d’arrêt, confuse. Elle savait que les petites créatures obéissaient à sa cible, sans vraiment savoir pourquoi. Le don aussi intriguant que ragoutant, était sans doute une des raisons pour lesquelles elle l’avait vu se faire maltraiter ici et là mais elle n’avait jamais saisi pourquoi il ne répliquait pas. Travaillant de concert avec l’Aburame, les drôles de bestioles grouillent, cachant les détails boisés de la boite jusqu’à ce que finalement, la fine d’équipe homoinsectus mette la main sur le mécanisme secret de l’ouvrage en bois dans un clic sonore aisément identifiable.

La découverte sonore du shinobi fait sursauter Hinoke qui, malgré elle, s’immobilise, prête à s’en aller au moindre problème avant de se détendre à nouveau en le voyant détailler le masque. Blanc et lisse, il n’était pas encore comme celui qu’elle possédait mais elle espérait qu’il suffirait à lui faire passer le message. Mieux encore, Kougen avait l’air sincèrement heureux de ce cadeau caché dans l’autre, au point où il enfile aussitôt sa trouvaille. Prudente, la petite Sarutobi avait préféré ne pas glisser de message à l’intérieur, de peur de causer d’autres ennuis à celui qu’on lui avait confié. Avait-il compris ce qu’il signifiait ? Avait-il accepté en le mettant ? Incapable de décrypter l’ambiance correctement, l’adolescente aux cheveux cendrés regarde son interlocuteur se réjouir, ne cachant sa déception qu’à l’aide de l’épais masque qui dissimule ses traits. Cela les rendaient effectivement semblable mais comment lui dire, sans lui dire, qu’elle venait de l’inviter à fuir de chez lui s’il en formulait la demande ?

Mentalement, Hinoke se maudit. Elle aurait peut-être dû travailler plus, étudier plus cette drôle de cible avec laquelle elle était censée se lier pour finalement lui proposer de faire le grand saut. Elle maudit aussi les autres Keshi et leurs raisons alambiquées de la mettre elle, celle dont les capacités amicales et sociales se rapprochaient du néant, sur la route d’un garçon qui attendait visiblement quelque chose de si particulier qu’elle n’était pas sûre de comprendre ce que c’était. Peut-être aurait-elle dû simplement lui proposer, de vive voix, sans s’embarrasser de ce plan tiré par les cheveux qui n’avait finalement ni queue ni tête d’un point de vue extérieur. Oui. Non. Tout aurait été simple, bien plus simple, même si les risques auraient été bien plus grand. Pourtant, ravi comme il l’était en se rapprochant d’elle les bras grand ouvert, la kunoichi ne peut s’empêcher de se demander pourquoi il n’avait pas déjà fui le village de malheur qui le tourmentait tant.

Plongée dans ses pensées, la balafrée ne réalise que trop tard ce que s’apprête à faire Kougen en arrivant à sa hauteur. Soudainement prisonnière des bras du garçon, la jeune Sarutobi se raidit, désarçonnée et indisposée par cet élan de chaleur auquel elle n’est plus habituée. Médusée autant par le geste que par son surnom plus que burlesque, elle reste immobile et, lorsqu’il la relâche enfin, elle saute en arrière pour faire réapparaitre la distance qu’il avait comblée. Profondément mal à l’aise par ce contact qu’elle était incapable de qualifier, Hinoke regarde le konohajin lui tendre une main, dans l’espoir qu’elle la saisisse pour le rejoindre, en vain. Elle le suivit néanmoins lorsqu’il l’invite à son tour, curieuse de voir ce à quoi il faisait référence, tournant autour de lui en cercle prudent. Enfin, jusqu’à ce qu’elle prenne conscience de ce qui l’attendait, sagement, dans les boites empilées sur le rocher. En premier, c’est l’odeur qui la saisit et, bien vite, la faim répond à la nourriture offerte à son regard dans un grondement d’estomac si tonitruant que la Keshi en rougit.

« Ce n’était pas pour toi ? »


Reconnaissant la boite à bento, elle marque un temps d’hésitation, avant de se rapprocher pas à pas, séduite par les quelques mets qu’elle pouvait lorgner depuis sa distance de sécurité. Bientôt, elle se glisse à côté du jeune homme, veillant à ériger l’objet entre comme une muraille prudente pour son espace personnel. Elle y glisse alors une main, s’emparant d’un joli morceau marron qui semblait grillé sans qu’elle parvienne à en déchiffrer l’origine. Etait-ce de la pomme de terre ? Prudente, Hinoke soulève le rebord de son masque, reniflant la nourriture comme l’aurait fait un animal.

« Qu’est-ce que c’est ? »demande-t-elle, tendant ensuite sa trouvaille à son interlocuteur.

Privée de la déformation de voix du masque qui ne cachait plus le bas de son visage, elle offre, un instant, sa voix grave dont les accents de curiosité donnait à ses lèvres une mimique innocente et sincère. Une fois sa réponse obtenue, l’adolescente croque à pleine dent dans le morceau inconnu, lâchant un hmmmmm d’appréciation qui vient teindre ses pommettes à peine visible d’un rose de contentement. Bien vite, elle s’empare d’un autre et, après avoir fait une troisième victime, elle désigne un autre aliment à l’aspect inconnu à Kougen, lui laissant à peine plus de temps pour dévisager les cicatrices qu’il pouvait sans mal discerner ici et là sur sa peau.

« Et ça ? »

Attentive, elle profite que son cuistot personnel se fende de nouvelles explications pour décrocher sa cape et la déposer près d’elle. S’ils mangeaient, il n’y avait aucune raison que l’attache continue de lui chatouiller la gorge et elle serait bien plus à l’aise.
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