La brebis (Enquête - Traque rang B)

- Il parait que la Vallée d'Enokizu est le foyer d'un étrange clan d'hommes qui vivent avec des chiens... Du genre sauvage. Une grimace sur le visage, j'essayais de calmer mon côté félin pour ne pas trembler d'inconfort devant cette image.

Un baluchon sur l'épaule, je marchais d'un pas rapide vers cette région... Cela faisait quelques jours que nous avions quitté la boutique des Yamanaka pour partir sur les traces de la divine Ilya. Le contact avec le clan nous avait donné quelques destinations : La région de naissance des blonds, ce qui était peu probable, la Vallée d'Enokizu à l'Ouest et les Pays du feu et des Tourbillons. Très vite, j'avais entrepris de proposer à mon camarade du jour le plan suivant : Aller vers le plus probable et resserrer les recherches. Les villages ninja repéraient assez vite les problèmes près d'eux, une nukenin comme celle que l'on recherchait devait être assez maligne pour ne pas se lancer dans une telle entreprise... Le bonhomme qui nous avait informé supputait tout de même que cela pouvait l'exciter. "Étrange." Sans attendre, nous avions pris la route à travers la forêt... La Voie nous guidait, je voyais les lignes et les ficelles entre moi et ma cible. Pas besoin d'odorat quand on avait le destin.

"Les épices de Geraruto me montent à la tête." Ce dernier était quelqu'un de terriblement agréable, du genre épicurien. Mon côté un peu renfermé avait d'office creusé un fossé entre lui et moi, puisque les histoires d'amour ou les aventures artistiques de son cirque m'en touchait une sans faire bouger l'autre. Son quotidien était loin du mien, pauvre petit génocidé qui luttait pour garder son clan à flot... La prospérité et le drame autour du même feu, cela faisait assez peu bon ménage. Cependant, il y avait une chose qui retenait mon attention, c'était la musique.

- Donc... Dans votre cirque... Vous faites de la musique ? Quel genre de musique ? Curieux, je cherchais des inspirations. Depuis le massacre, je n'avais qu'assez peu joué de mon instrument. Cela me manquait et entendre parler de musiciens et de concerts me remplissait d'une nostalgie sincère. Même si j'avais séjourné un peu avec le brave vieux, je ne le connaissais qu'assez peu et surtout pas le côté ninja ou guerrier... Je l'imaginais mal technicien au corps-à-corps, surtout avec ce début de ventre qui le ralentissait pas mal.

Non, il devait jouer avec ce curieux chakra qui m'avait mis en échec chez les Onryou. "Heureusement que j'avais mon odorat." Il fallait peut-être exprimer nos compétences avant de se lancer dans une aventure si... mortelle.

- Bon, il faut qu'on en parle vu qu'on arrive à notre destination. Vous voyez, si on tombe sur la cible... Je suis un... Akuma, c'est-à-dire que je ne porte pas d'arme. Levant le poing fermé, je laissais sortir mes griffes à travers les pans de peau entre mes phalanges. Cachant assez peu subtilement la scène à un observateur indiscret qui pouvait se trouver là avec ma main libre, je rétractais le tout avant de regarder la réaction du forain. À part ça, je suis assez rapide et discret... Si l'on trouve un vêtement de la demoiselle, je pourrais sans problème remonter sa piste avec mon odorat. Haussant les épaules, je ne voyais pas quoi dire d'autres. Tout était là et pourtant si peu.

Dans l'horizon se profilait encore et toujours les grands arbres qui formaient cette forêt entourant le pays du feu : J'avais sillonné pas mal de fois ces pistes, dévalé ces pentes et poursuivis quelques proies entre ces arbres. Les habitants des petits villages et les clans vivaient bien grâce à leur proximité avec le pays du feu ainsi qu'avec l'Empire Tetsu, servant ainsi de carrefour de commerce. "Avec les samouraïs, du commerce ?"

- On doit trouver, cette Ilya, autant chercher un village et commencer nos recherches là-bas ?

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La brebis

- Un verre ? Il y a quelques années, j'aurais dit à moitié plein. La Voie donnait alors beaucoup, mon clan était prospère... Tout a changé depuis. Sans doute que la Mère a décidé de reprendre un peu de ses faveurs, mais j'aurais aimé un petit message avant qu'elle ne nous pousse à la mort. Un sourire, amer. Je ne croyais pas vraiment dans le destin, ou l'autorité d'une puissance divine, mais je croyais dans le chemin qui m'amenait ici, auprès de ce feu avec le vieux. Une continuité, source de mes choix, des siens et d'un peu de hasard... Les mêmes virages, conscients ou non, qui avaient conduit à cette nuit de massacre. Deux finalités, l'une était plus agréable que d'autres. "On préfère toujours plus les soirées festives." Sans doute que la vie n'est qu'un point de vue, alors ? Voir le bon, comme le mauvais. Je peux pas me vanter d'être un grand utopiste aujourd'hui.

Je n'avançai pas les choses, mais j'avais donné mon avis... Très vite, la discussion vint sur la table autour du cirque et de la musique. Gerarüto vantait les mérites de son institution, digne publicitaire qui attirait le client en le valorisant lui aussi. Amusé, je souris avant de prendre une bouche pour attiser les flammes près de mon pied. Le coin était calme, une prairie entourée de forêt. Un cadre enchanteur de jour, sinistre de nuit... Heureusement je voyais et je sentais plus que ce que je n'entendais.

- Mon ouïe, sans doute... J'ai été un très mauvais musicien, c'était l'expérience qui m'a affranchis de fausses notes plutôt qu'un réel talent, mais comment beaucoup de choses, cela fait un long moment que je n'ai pas touché à un instrument et encore moins que je n'ai joué quelques morceaux enchanteurs. Vous avez déjà entendu des chants Akuma ? Un rythme rapide, des ballades plus que des chansons à texte, la seule utilité de la voix dans ce mélange musical était pour apporter une nuance tribale avec des vocalises ciblées. Le plus souvent, des thèmes revenaient : la nature, le voyage, la joie de connaitre la Mère. "Sans doute un peu pauvre." Au final, votre cirque et mon clan ne sont pas si lointains... On recherche le plaisir de la découverte, de la pérégrination et de la rencontre.

Une certaine connexion, qui fut vite rompue par la proposition de mon camarade... Les herbes sentaient fort et j'avais eu rapidement un avant-goût de ce type de substance avec ce Shizukage Nara qui en brûlait dans une pipe. Mon voisin de feu préférait en manger, ou en mastiquer, je n'avais pas encore la finalité, mais l'odeur restait autour du crépitant et cela me dérangeait un peu.

- Très peu pour moi, mon ami. J'ai le nez fin et l'odeur m'indispose, mais ne vous gênez pas. L'odorat est une bénédiction pour les traques, comme une malédiction pour la vie quotidienne... Sur ce point, j'avais expliqué mes compétences, que le vieil homme avait vite commenté en focalisant sa pensée sur notre mission : La chasse, à l'homme ou la femme. Chez les Akuma, j'ai été dans plusieurs fonctions, mais celle qui m'a convenu le mieux était celui de traqueur : Un éclaireur qui va au devant du danger et des terrains pour repérer et guider les siens. Justement, mes talents m'ont servis, mais chasser quelqu'un en particulier... Très peu. Nous ne sommes pas des combattants, ni des politiciens... On se bat pour survivre et continuer sur la Voie.  Nulle autre revendication, en tout cas avant... Aujourd'hui, un bout de terre ne serait pas un luxe, pour se remettre.

Est-ce qu'avec l'âge j'étais devenu un peu plus mou ? Un peu moins dynamique ? Le feu me plaisait, le plaisir de rentrer chez soi me paraissait intéressant... Retrouver Yaban, retrouver les miens. "Pourquoi ne pas prendre le domaine des Onryou ?" Le démon qui revenait à la chasse avec son idée violente. On ne reconstruisait pas un clan en abattant un autre. Cette pensée et cette résistance à la voix de Taiyo furent coupées par l'explication des talents du bonhomme : Genjutsu, Fuinjutsu, Sensitivité, Iroujutsu. "Pas mal."

- Un puits de science. Je ne pouvais attendre un meilleur partenaire... Surtout face à une dame qui joue avec les esprits, ainsi. La discussion vira vite sur d'autres sujets, moins terre à terre... Un peu adoucis par les odeurs de Gerarutô, je me laissais surprendre par quelques rires et sourires. L'effet du Cirque, sans doute.

Le lendemain, nous rompions le camp pour se diriger vers le village le plus proche... Le bel homme disait avoir des amis et nous cherchions des pistes. "Quelle belle coïncidence." Lee sac sur le dos, j'avançais entre les premières habitations pour apprécier la place qui grouillait de monde. Un marché : Des voix, des odeurs... Des gens et donc des opinions et des informations. Sur le sud de l'endroit, profitant du soleil, une taverne amenait sa terrasse dans cette fin de matinée pour faire du bénéfice avec l'événement communal. De l'autre côté, des gardes se protégeaient du soleil pour ne pas cuire dans leurs armures rutilantes.

- Séparons nous, je vous laisse chercher vos contacts, je vais trouver mes propres pistes pour avancer plus vite, qu'en dites-vous ? Un petit geste de la main et je disparaissais dans la foule, profitant de la cohue pour créer mon petit effet. La furtivité, même en plein jour, était une composante de mon art.

Très vite, j'observais les étales pour rechercher les types les plus massifs et fringants... Le vieux commerçant était souvent marié et peu prompt à souffrir des charmes de belles demoiselles. Les jeunes, encore plein de sève, pouvaient se laisser tenter... Je cherchais une trace, un nom de commune. Ces hommes allaient de village en village pour leurs marchandises, c'étaient des mines d'expériences et de rumeurs.

Mon choix se porta vite sur un poissonnier qui sentait fort, mais dont les biceps me rendaient même jaloux, moi... Un sourire aux lèvres, je m'approchais de son stand en essayant de couvrir l'odeur infect qui détruisait mes sinus. Prétextant de m'intéresser à sa marchandise, j'amenais lentement l'idée de ses trajets :

- Vous passez combien de fois par mois par ce village ? Vous couvrez toute la région ? Posant la main sur le bois qui soutenait les carcasses, j'occupais son espace pendant que certains patientaient pour acheter.
- Oh bah m'sieur, une fois par mois. On tourne quoi. C'est important de passer par tous les villages, les gens ont besoin de ces voyages... On sert la communauté. Rudement fier, il pensait rendre service alors que le bénéfice motivait sans doute bien plus son travail. "Normal."
- Héhé, un bel homme comme vous doit aussi bien profiter de la communauté aussi ! Un clin d'œil, espérant que le monsieur allait plus comprendre le côté crapuleux de la référence que celle de la corruption... Pour toute réponse, un regard interrogatif. "J'ai pas tiré le couteau le plus aiguisé du tiroir." Les femmes, vous devez autant en pécher que vos poissons...
- Aaaaaah ! Ahah ! Je vais pas vous mentir, je tâte de la moule autant que de la poiscaille, ahaha ! Rigolant avec lui, faussement, je le laissais me conter quelques conquêtes alors qu'il servait certains mécontents qui déjà se frustrait d'entendre un porc derrière des poissons.

Malheureusement, à part des performances clairement démultipliées par l'égo un peu incertain du monsieur, il n'y avait rien à se mettre sous la dent...

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La brebis.

Rien, nada, niet...

Le poisson n'était pas soucieux de donner des informations, comme le veau et le maraicher. Le marché me faisait faire clairement choux blanc. De plus, la foule commençait a en avoir marre d'attendre derrière le mauvais acheteur qui parlait un peu pour, finalement, ne rien acheter. Derrière moi, je saisissais quelques murmures qui remettaient en question l'identité de mon père, en lien avec le travail de ma mère. "La Mère ?" Plus d'une fois, Taiyo m'avait crié de foutre le feu à la place, mais c'était contre-productif avec l'idée de prendre des informations... La traque demandait un peu de clémence, surtout envers des paysans qui ne connaissaient que cet instant pour sociabiliser ou acheter des ressources alimentaires. Je bloquais la route, piochant dans leur temps libre pour ma mission. "Bien sûr que je suis l'ennemi."

Soupirant devant l'inutilité de ma démarche, je sortais de la zone commerciale pour chercher un autre endroit pour questionner... Faire le tour des étales, ça allait deux secondes, mais quand on n'en tirait rien, il fallait savoir changer d'air. La foule devenait un lointain souvenir, alors que les odeurs de nourriture disparaissaient au profit de la sueur et de la poussière propice aux travaux. La ville augmentait en taille pour croître en population et en importance économique. Des travaux étaient lancés pour amener des bâtiments, autant des logements que des fonds de commerce... Le marché allait être bientôt un rassemblement rural, presque folklorique, alors que la vraie entreprise allait se trouver entre trois murs, une belle vitrine pour présenter les produits.

Le progrès.

Là-bas, des ouvriers prenaient leur pause, mangeant et buvant joyeusement en racontant des histoires... "Des rumeurs ?" M'approchant, je faisais mine de regarder l'ouvrage qui n'en était encore qu'à son balbutiement, pour discerner la moindre parole intéressante.

- Tu savais qu'à Omui, la ville côtière était gangrenée par la pègre ? Ma cousine y bosse la...
- La pute ?
- Je dirais pas ça... Elle est animatrice, elle joue de la musique pour les riches...
- Ouais, c'est une pute.
- Tu as toujours été si catégorique... Un léger sourire aux lèvres, je continuais à écouter le discours de ses deux joyeux lurons. Visiblement, le côté radical de son camarade avait coupé la chique au précieux informateur qui parlait des rumeurs sur une région lointaine. Tu as entendu ce qui est arrivé au clan Inuzuka ? Une attaque et le chef est mort... Tendant l'oreille, je pus affirmer que le type était inquiet, mais son camarade, un peu stupide, répondit aussitôt.
- Ce sont des animaux ! Je suis même sûr qu'ils se sont assassiné entre eux. La loi du plus fort, pas étonnant que le chien soit leur animal totem. Pour le coup, je ne pouvais pas le contredire... Vu ma vision d'eux, mais une petite voix qui n'était pas Taiyo me soufflait que leur discours pour les Akuma pouvait tout à fait être analogue. Mon clan était vu comme sauvage, démoniaque... Loin des amis des arts que nous étions vraiment. "Crame les pour leur apprendre !"

Amis des arts, inoffensifs...

- Sans doute... Un fou, un renégat, il a assassiné son chef comme ça. "Comme ça ?" Le mode opératoire de notre cible était de faire s'opposer les hommes entre eux, voila une piste que nous pouvions suivre. La seule, pour le coup, que je trouvais.
- Tu vois ? J'ai toujours dit que les Inuzuka sont bons à deux choses : Se battre et baiser...
- Pourquoi baiser ?
- Laisse tomber. Un peu de honte dans la voix, l'insolent soupe au lait battait en retraite. Son compère ne lâchait pas l'affaire et continuait de poser la question.

De mon côté, je ricanais franchement devant le coming out de l'ouvrier... Sacrément hasardeux. L'important n'était pas là, la cause de la folie chez le régicide pouvait bien être notre chère Yamanaka.  Il fallait aller voir... On n'avait rien à perdre.

En route vers le bar.

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Le vieux était aimable, même très sympathique, mais dans l'instant où il déclara en pleine rue qu'il avait trouvé notre cible, faisant fi de toute discrétion, je ne pus m'empêcher de faire la moue devant son approche... Non pas que je pensais être sous surveillance, c'était même très peu probable vu que la demoiselle faisait cavalière seule, sauf quand il fallait qu'elle soit montée, mais bien car n'importe qui pouvait se sentir viser par la déclaration et ainsi chercher les ennuies. Dans notre monde, le mercenariat était monnaie courante, en fait, tout autant que les criminels qui avaient une prime sur le dos.

"Respire, dans une ville paisible comme ça, à quelques mètres d'un marché, il ne peut pas y avoir un fouteur de merde..."

La journée avait été longue, et à part des âneries de quelques citadins un peu tenace, je n'avais pas saisi autre chose que la piste du chef Inuzuka assassiné par l'un des siens pour une raison encore obscure. Gerarüto, lui, avait trouvé une autre piste qui nous conduisait vers le pays des Tourbillons, où la Yamanaka se dirigeait actuellement.

- Tu es sûr ? Le chef des Inuzuka est mort récemment, tué par l'un de ces camarades... La raison n'est pas connue par ma... source, mais avec ce qu'on sait de la... Je regardais autour de nous. De Elle. Il y a des chances qu'elle soit mêlée. "Pour autant, nos deux fils peuvent se croiser... Elle a créé un conflit dans le clan canin, pour ensuite fuir vers Uzushio." Que dirais-tu d'essayer de retrouver l'Inuzuka qui a tué son chef ? Il doit être en fuite... ou bien emprisonné. Je n'ai pas entendu qu'il avait été tué, peut-être qu'on en sera plus si on retrouve sa piste... C'était mince, et rajoutait des problèmes, mais c'était une façon de procéder. Le pays des tourbillons est grand, où pourrait-on commencer à chercher ? À Uzushio même ? Dans un village proche ? Et si elle partait vers les archipels ensuite ?

La traque pouvait commencer à être interminable si on suivait des bouts de ficelles qui amenaient à d'autres ficelles, dans de vastes espaces. Bien vite, une autre réalité vint se conjuguer à ces pensées : Et si la source de Gerarüto était mauvaise ? La route vers le village portuaire était longue, traversant de vastes espaces... Un tuyau percé et c'était la perte de plusieurs jours, voire semaine, sur la cible qui pouvait bien être encore dans la région.

- Qui t'a dit ça, au fait ? Moi, c'étaient des ouvriers que j'ai entendu discuter... De ça et d'autres choses moins importantes. Pas la peine de parler des rumeurs sur les comportements sexuels chez les amis des bêtes, même si le côté bestial des claniques pouvait intéresser des femmes en quête de sensation...

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- Une femme ? Un grand sourire arriva sur mon visage, alors que je décelais les bêtises que je proférais... Une piste, cela devait-être une piste, mais ce n'était que de la merde. Alors qu'une vague de frustration et de honte arriva dans mon estomac, la main chaude du vieil homme calma un peu les choses et une onde rassurante décala le tout pour me donner envie de pousser un petit rire, sûrement de frustration. Les nerfs. À la réponse, un peu marrante, mais quand même pas mal méprisante, de mon compagnon, je ne pus que continuer à rire jaune avant de donner ma version : Oui, sans doute... Si on arrive à l'attraper et si je ne me trompe pas de cible en route.

Gerarüto s'occupa de ses affaires : Visiblement, on allait quitter la commune si la Yamanaka avait fui les lieux. Resserrant la sangle de mon sac autour de mon épaule, je le regardais faire en observant tout de même le contenu des regards de la foule autour de nous. Chasseur de prime, c'était un travail qui n'était pas tranquille, mais qui pouvait se révéler fructueux... Ainsi, nombre de ninjas, issus d'un village ou non, devenait l'espace de quelques jours ces limiers sans foi ni loi qui n'étaient limité que par le contenu de leur contrat : Mort, vif, ou qu'importe. Pour nous, c'était vivante... Il fallait donc, le moment opportun, penser à comment la neutraliser sans la tuer.

"Mes griffes ne savent que déchirer... je n'ai pas grand-chose pour vraiment la bloquer, mais je peux lui casser les jambes ou les bras pour l'empêcher de bouger ou de faire des mudras." La force, je l'avais... Soupirant un peu devant cette journée gâchée pour des informations inutiles, je fus sur les talons de l'artiste pour continuer vers le nord. D'après lui, la fille avait été vue dans les abords du village et suivre sa piste, c'était interroger tous les hommes qui passaient.

- Comment peut-elle ensorceler ainsi les gens jusqu'à les pousser à s'entre-tuer ? N'ont ils aucune conscience ? Sautant d'une rive à une autre, la conversation continuait alors que l'eau vive se jetait sous nos pieds.

Nos compétences nous permettait de faire fi des routes tracées, un peu comme notre cible qui avait sans doute voulu arriver vite... Les chemins tracés étaient pour les civils, qui ne désiraient pas connaitre l'obscurité des forêts, les hauteurs et les dangers présents. "Ma Voie, c'est plus que quelques lignes sur une carte ou de la terre battue pour les chariots."

Cette histoire de courbe, elle me fit un peu rire... Je pouvais comprendre l'influence qu'elle avait sur les hommes, jusqu'à une certaine limite. On n'avait pas toutes ses compétences et je ne connaissais guère les techniques des Yamanaka. "C'est dangereux, ces zones d'ombres." Là était ma propre borne qui me jetait un froid dans le dos.

- Qu'est-ce que vous savez du clan qui chasse notre cible ? Peut-être que le vieux monsieur savait des choses que je n'avais pas. En tout cas, la finalité de son discours, lié à ma question sur l'origine de sa piste, vint à une théorie : Elle voulait refaire sa vie, loin de cette zone... Dans les îles, probablement. La Voie la mènerait alors loin de chez elle, sans doute pour le mieux vu ses crimes et son comportement... Mais, si la Mère le désire, elle n'aura pas l'occasion de voir la suite de la route. Certains ont une ligne droite, d'autres des boucles... Il faut parfois démêler la pelote pour comprendre le but de tout.

En parlant de démêler, une trace attira l'attention de mon compère qui me la présenta : Un loup ? Cela ressemblait à un canidé... M'accroupissant pour examiner la taille, je ne pus distinguer plus. J'avais été traqueur pendant longtemps pour mon clan, mais les excroissances coupantes à nos mains nous avaient toujours éloigné de la stricte analyse de la faune locale. Si cela attaquait, on tuait rapidement. "Surtout les chiens, je n'ai jamais aimé les chiens..." Pour autant, je n'étais pas dénué de quelques connaissances.

- Un loup, un renard, un fennec ou même un chacal. C'est assez gros, trop pour être une espèce endémique... Une petite meute, juste assez pour se protéger sans boulotter la moitié de la forêt. Je dirais un loup. Ignorant désormais la première trace, je passais à la suite, une deuxième, plus loin. L'animal avait continué tout droit, rapidement... Une fuite ? Notre loup semblait fuir quelque chose : Un animal plus gros ? Un chasseur ? Ce serait une sacrée coïncidence si notre cible voulait se faire la main sur une bête. Alors que je me levais, je cherchais dans les ténèbres, sous branchages, le moindre signe... Cette fois, nonobstant les pattes fines du canidé pour chercher de plus grosses marque : Un cheveu, de l'herbe écrasé ou des feuilles éclatés.

D'un mudra du tigre, je m'aidais dans ma tâche par mon chakra et cette technique de traque que j'avais utilisé mainte et mainte fois au service des Akuma : Bingo ! Proche d'un bouleau, une racine avait gardé précieusement le début de l'empreinte d'une semelle.

- Gerarüto, par là. Filant, j'arrivais sur le reliquat de la présence pour déceler la fraicheur de la piste... Pour le coup, elle était bien froide. La terre était sèche, bien loin de l'état visqueux qui avait conduit à l'élaboration de cette trace. Au prochain village, il faudra demander depuis combien de temps il n'a pas plus. On saura vite combien de jours on a de retard. C'est un petit pied, une femme...

Cela pouvait ne pas être la nôtre, toutefois. Passant négligemment ma main sur la racine, comme une bénédiction de la nature, je me relevais un peu plus confiant pour continuer la route.

- La Voie est favorable.

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La brebis.

- Je... Je parlais du clan Yamanaka. Le pauvre vieillard avait fait tout un laïus sur un clan qu'on avait laissé derrière nous, d'ailleurs, je remarquais assez vite qu'il aimait disserter sur les sujets : Les femmes, les clans... Un puit de science, effectivement, mais qui aimait quand même souligner les informations que n'avaient pas ses camarades. Sans appuyer ma remarque, je continuais à marcher avant d'ultimement trouver une piste dans la terre, soulevé imperceptiblement par les pas, autant humain qu'animal.

Là encore, mon camarade fit le parallèle avec les Inuzuka, ce qui me laissait penser qu'il faisait une fixette... "Le chef était une femme, c'est un lien ?" Laissant la romance et la libido de Gerarüto derrière moi, je pris les devants pour traquer d'autres signes... On n'avait rien qu'une direction, dont avait douté secrètement le vieil homme, mais les nouveaux éléments laissaient se présenter quelque chose !

Un pied de femme, sans odeur... Son passage était ancien.

Sans notifier le passage du tutoiement au vouvoiement, je fis un signe à mon partenaire pour me suivre : j'avais vu qu'il était plus lent que moi, conséquence de l'âge et de l'embonpoint, même si ce n'était pas une excuse. J'avais déjà vu des hommes assez rond monter des montagnes alors que les fines tiges dégustaient sur le dénivelé. Rien n'était marquée dans la roche, au contraire... "Une histoire de volonté, sans doute." L'homme prenait son temps, alors que nous étions en chasse. Chaque seconde comptait et je voulais accélérer le mouvement, au grand dam des jambes et du cœur du trainard.  

Les pupilles améliorées par le chakra, je passais de racine en racine pour suivre les trous dans la continuité de la voute végétale. Des marques imperceptibles : Des craquelures sur les feuilles ou un léger affaissement de la terre. Des trucs que je ne pouvais pas voir d'habitude, mais que l'habitude et le ninjutsu oculaire me permettait de constater comme le nez au milieu du visage.  Tout cheminait dans une direction claire alors que le loup et la femme se gênaient mutuellement. Qui chassaient qui ? J'avais ma petite idée sur la question et l'odeur, légère et donc ancienne, d'un bois brûlé atteint mes narines quelques minutes avant que je n'observe les restes d'un feu de camp. Au milieu des cendres, quelques matériaux pointues laissaient à l'abandon : Des os ? "Elle a bouffé un loup ?" L'idée me semblait audacieuse et la pensée qu'on ne suivait que la ficelle d'une chasseuse un peu impétueuse s'obstinait dans mon esprit.

- Qu'en pensez-vous ? Il était malin, j'avais de l'expérience. On pouvait se compléter, là où je voyais des choses inutiles, il comprenait d'autres résultats. Si elle avait pris un animal aussi gros en chasse, il y aurait la carcasse ou au moins des traces d'une activité de dépeçage. À part les os, là... je montrais de l'index la localisation de mon observation, s'il ne l'avait pas vu. Je ne vois pas grand-chose. Les pistes continuent.

L'objectif dans une traque, c'était d'arriver aux bouts... Des trucs ne collaient jamais, restaient dans l'ombre du hasard ou de l'histoire, mais il fallait s'en contenter. Les traces partaient du feu, on avait de quoi nourrir notre cheminement. Grognant devant le mystère, je continuais ma route en cherchant une odeur... Si j'avais senti le feu, c'était qu'elle avait mal éteint le foyer et qu'il avait peiné à subsister jusqu'au dernier moment. Quelques jours, ronflant dans les braises qui lentement subissaient les intempéries. Depuis qu'on était parti du domaine Yamanaka, on n'avait pas connu la pluie... Ainsi, elle pouvait déjà être partie depuis belle lurette.

"Mais on arrive derrière elle."

Un léger sourire aux lèvres, les sensations de ma vie de traqueur d'alors revenaient... la liberté, la mission pour une cause plus grande. Percevoir le monde, le comprendre, suivre les petits filaments qui conduisaient à un obstacle ou une menace, puis enfin l'éliminer. "C'est ça que je veux." La vie de chef, je n'aimais pas vraiment... C'était dur, c'était anxiogène. Ce plaisir de courir, de m'arrêter quelques instants pour vérifier, observer, c'était la vie que je voulais, que je méritais même ! La forêt fit place à des sentiers peu ou pas pratiqués, les chasseurs mobilisaient plus l'arc que la mobilité, mais il subsistait des reliquats d'une occupation ou d'un passage humain. Je devinais bien vite que le grand sentier était proche, à quelques minutes... L'humain n'allait jamais bien loin de ce qu'il connaissait. Des cercles d'influences, autour d'un village ou d'une ville. Seuls les nomades courraient le monde, les autres restaient dans une sphère de confort. "Et celle que l'on traque, elle se conforte dans le voyage..." Un contre-exemple flagrant.

- Faut rejoindre la route. Péniblement, j'avais extirpé ces mots de ma cage thoracique. En traque, je révélais une animalité rare et revenir aux penchants de la communication me coûtait un peu, dans les premiers instants. Raclant cette gorge nouée par le... plaisir ? Je continuais. La prochaine ville, il faut vérifier la prochaine ville. Elle n'est sans doute pas du genre à rester sans contact avec la société, ou une prise qui va avec... L'amour, le pouvoir. Ses charmes faisaient effet uniquement par la proximité des hommes, les animaux n'étaient que peu intéressé par tout ça. On trouvera une piste là-bas, j'espère.

Pour le coup, celui qui avait bien réussis à tirer les vers du nez des gens... C'était le vieux.

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