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[MISSION C] Pas de chance au jeu (feat Kyou)

Shirogane Honoka
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Shirogane Honoka
Mission:

Pas de chance au jeuft. Takeda Kyou


L'Oasis. Techniquement, il en existait quelques-unes dans le désert, mais il n'y en avait pas cinquante où le pognon pouvait aisément coulé à flot. Je ne savais pas si je pouvais me féliciter de connaître un peu trop bien l'endroit. Avant que vous vous fassiez de mauvaises idées, autant vous prévenir que j'avais pour habitude de m'y rendre principalement pour les affaires et le commerce. Même s'il y avait toujours des petites gueguerres d'influence dans ces zones-là, on trouvait toujours de tout : du tabac, de l'alcool pas cher, des pièces pour des marionnettes... Des manies que j'avais prises de mon vieux, avant même que Suna fût fondée. Fallait pas oublier que nous autres Shirogane, on était certes des bricolos, mais on avait aussi l'âme aussi nomade qu'opportuniste. Je faisais pas exception à la règle.

Par contre, j'étais pas là pour le plaisir, mais le boulot. Un nobliau avait voulu jouer avec le bas peuple du désert et c'était fait plumer comme un gland. Maintenant monsieur avait les boules parce qu'il avait foutu en gage une babiole qui devait valoir pas mal de ryos et devinez qui avait été dépêchée pour s'occuper de l'affaire ? Bibi.... et Takeda Kyou. Alors, ne me demandez pas comment je m'étais retrouvée avec la gamine dans les pattes, mais elle était là. J'avais pas tellement de problème avec ça, cependant, j'étais pas certaine qu'elle m'appréciait.... ce dont je me foutais royalement. Tant qu'elle devenait pas un boulet en compliquant les choses...

Bref. La gamine sur son cheval, moi... à pied, on était sur le point de débarquer dans l'oasis qui fourmillait déjà de monde : des joueurs, des touristes, des commerçants, de simples voyageurs... Je dirais que c'était un début d'après-midi assez classique pour les lieux. On détonnerait pas dans le paysage, même si on se faisait gauler comme étant des shinobis - j'avais quand même pris soin de planquer mon bandeau. Allumant tranquillement une clope puisqu'on était à l'arrêt, je finis par me retourner vers la jeune Kyou quand j'allais commencer à lui causer en langage des signes mais..... j'avais oublié qu'elle ne le comprenait pas. À force de traîner avec les Nozomo, je me servais de moins en moins de mon carnet, j'en perdais presque l'habitude. Retour au bon vieux crayons.

" Le type qu'on cherche se fait appeler Ichika Rango et il serait à la tête d'une bande de voleur. Si c'est un joueur invétéré, il y a de forte chance qu'on le retrouve à une table de jeu dans la soirée. "

Je lui tendis un premier papier sur lequel je ne faisais qu'énumérer les faits, avant de lui en tendre un second sur lequel je me faisais un avis sur la situation.

" Notre problème est de savoir ce qu'il a fait du machin en or. Il aurait très bien pu déjà le revendre sur le marché, à moins qu'il le conserve comme un trophée. "

La laissant lire tranquillement, je me mis à cracher un rond de fumée avant de regarder l'Oasis. Bizarrement, cela me fit sourire. Généralement, il m'arrivait toujours un truc dans ce genre d'endroit. Je finis par reprendre mon carnet.

" On a le choix: soit on se la joue femmes de l'ombre et on vole le voleur, soit on la joue frontal et on le dépouille à l'ancienne. "

Quelque soit l'option, il nous faudrait des infos, que cela soit sur le nombre de types qui l'avait accompagné, là où il créchait, là où il avait ses habitudes de jeu....  sans oublier que Kyou, c'était qu'une genin qui manquait d'expérience et fallait que je la ramenasse entière. Sinon, l'intendant ferait la gueule. Il me semblait me rappeler que c'était son élève. Terminant ma cigarette, je pointais à nouveau mon regard en direction de l'archère.

" Choisis. "

Ma voix abîmée raisonna, bien que difficilement. Il fallait que la petiote apprit à prendre des décisions, même si j'allais de toutes les manières couvrir ses arrières parce que ce qu'il comptait, c'était notre réussite. On déconnait pas avec le pognon.

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Takeda Kyou
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Dépouillé le dépouilleur






~ feat. Honoka la Loquace   







Je me questionnais toujours sur qui j’étais, comment je pouvais vivre au sein de ce village alors même que je méprisais ces institutions, ses habitants du plus profond de mon petit cœur. Je ne faisais que jouer un rôle depuis que j’étais arrivée et le peu de fois ou la « vraie moi » était de sortis, ce n’était que pitoyable et ridicule, à base de fuite, de larme. Alors, pour ne pas souffrir, je pouvais jouer à la cruche, faire genre de ne rien comprendre, mais à quoi bon ? À quoi bon vivre si on n’avait pas soi ? A force de porter des masques, ma propre identité s’altérait, s’échappait peu à peu, s’effilochait et finalement, je ne me reconnaissais même plus dans un miroir, ces grands yeux bruns larmoyant, cette peau d’ivoire, cette longue chevelure ébène, j’avais juste l’impression de regarder le rôle que je me donnais, sans voir qui j’étais moi.

Je n’arrivais même plus à me souvenir qui j’étais avant. Je vivais une crise existentielle chronique, qui remontait à la surface et me faisait ressentir plus qu’un petit mal-être, mais bien une souffrance réelle et physique qui m’enserrait la poitrine, resserrait mes intestins et surtout me donnait la nausée. Alors, je cherchais qui j’étais vraiment, pour ne plus avoir à jouer un rôle, ne plus me cacher derrière des faux semblants, ne plus être une cruche pour détourner le regard impunément et ainsi fuir, encore. Je pouvais fuir les problèmes longtemps, mais en faisait cela, je fuyais ma propre identité et je n’étais plus qu’un sosie évanescent et sans grande importance, ni intérêt.

Être une kunoichi brouillait qui j’étais, car forcée de m’intégrer, je devais avoir un autre visage que celui de celle que je croyais devoir être pour être une nomade. Une jeune femme faible et soumise à son géniteur et seigneur. Mais était-ce moi ? Était-ce mon identité que ce reflet pathétique qui s’écrasait sur le sol en chouinant misérablement ? Était-ce vraiment moi ? Je me mentais depuis des années sur qui j’étais, ce que je devais faire et être.

Le seul qui avait vu qui j’étais réellement, c’était Shigeru, lui seul avait su trouver les mots qui m’avaient vraiment touché et avait vu au travers de mes masques et ainsi percevoir celle qui était au tout début, celle qui ne jouait pas derrière et souffrait en silence sans même vraiment s’en rendre compte. Et il n’était plus, je devais donc retrouver seule celle que j’étais. Je n’avais qu’un présupposé sur qui j’étais, une phrase qui tournait désormais en boucle dans mon esprit et quand je pointais mon attention dessus, m’apparaissait comme la seule et unique vérité de mon existence :

Je suis Takeda Kyou, fille de Takeda Gozaburo, chef de la tribu nomade Takeda. Je suis une chasseuse, une femme du désert et de la liberté. Je suis une noble descendante d’une lignée de guerrier puissant : je dois me montrer digne d’eux.

À côté de ces énonciations à la saveur viriliste et masculiniste digne d’un fils, d’un chef de guerre, mais que je décidais de prendre et de m’approprier parce que je savais que la faiblesse ultime que j’avais fait preuve jusqu’à ma vie ne me menait à rien. À quoi bon gémir et vouloir me réfugier dans les jupons de Mère ? Cela ramènera-t-il mes frères en vies ? Cela permettra-t-il à mon père d’être fier de son sang ? Non, cela ne faisait rien. En tant que nomade et fille de Père, j’avais des responsabilités, un besoin impérial et impérieux d’être un objet de fierté pour mon père… je devais devenir une princesse guerrière, je devais devenir une princesse nomade, je devais briller de mille feux ! Même si je n’avais pas encore le talent pour réussir toute l’ambition que j’avais, mais je voulais réussir.

Le problème, c’était que même m’appropriant ce mantra de nomade, je restais toujours incapable de tuer un être humain et la vue des garçons me faisait tourner la tête… je restais toujours une femme, un petit bout de femme pas très grande qui espérait faire ressentir de la fierté à son père, même si son cœur tremblait avant un combat, que ses doigts se crispaient au moment d’ôter la vie. Je restais une femme qui au-delà de ses ambitions nomades, était d’un tempérament plutôt calme et réfléchis, qui faisait que je n’étais pas violente outre le nécessaire obligatoire, qui déjà, provoquait en moi du dégoût !

C’était la base de mon identité et je voulais trouver et construire le reste pour être enfin celle que Père voulait que je sois et que je voulais être. Je ne voulais pas me laisser adoucir par la vie en ville, je voulais être une vraie nomade, une vraie princesse guerrière.

Et quoi de mieux pour se confronter au vrai monde, voir si j’avais les possibilités d’être une vraie princesse guerrière qu’une mission, une toute petite et banale mission, mais déjà un gros effort pour moi : je devais la réussir. Enfin, avec toute leurs règles, je ne pouvais pas y aller seule, j’avais donc été mise en duo avec quelqu’un d’autre : Shirogane Honoka. En ayant entendu ce nom, j’avais dégluti, d’un, je la connaissais de vue, elle avait été là pour dire des adieux à Shigeru et rien que pour cela, j’avais peur que cela ne rappelle encore des souvenirs, parce que de deux, ce ne serait pas la première fois que nous collaborions, nous avions déjà fait une ou deux missions ensemble, pas de grandes envergures, mais j’avais été tellement en retrait que je devais avouer ne pas m’être trop intéressée à la muette, trop terrifiée par la mission qui nous avait alors attendu.

Sachant que j’avais décidé de briser le cycle de la peur et de la crainte, je comptais bien que ça se déroule mieux cette fois-ci, parce que je comptais participer et non pas pour faire quelques efforts pour mon père, mais parce que je voulais que moi j’aime participer à ce genre de chose. Je ne serais plus jamais une nomade totalement libre, j’étais dans ce village, il fallait bien que je m’y fasse, bon gré, mal gré. Mais une princesse guerrière n’avait pas peur d’aller chercher à de simples brigands sans envergure une babiole perdue au jeu : mon cœur me disait autre chose, évidemment, mais ma raison me poussait à continuer, à persévérer dans mes efforts.

Le voyage s’était fait tranquillement, j’avais alterné phase de marche avec Marengo et marche à côté pour ne pas non plus distancer Honoka. J’avais eu tout le loisir de l’observer durant notre voyage, je revoyais encore sa silhouette de dos montré son carnet à mon premier amour, une petite vague de tristesse me transperça et papillonnant des yeux, j’essuyais du coin des yeux une petite larme. Mais je devais aussi remarquer que la présence de quelqu’un d’aussi peu expressif avait quelque chose de rassurant, comme si tout allait bien se passer peu importe tout ce qui se passe. Le fait qu’elle ne parle pas rendait le voyage bien silencieux, mais je ne m’en plaignais pas, je préférais rester seule avec moi-même. Après, ne pas savoir ce que ma coéquipière avait en tête rendrait les choses un peu dures, mais j’avais envie de dire que je ne savais pas non plus ce qui se passait dans la tête de Yukio les trois quarts du temps, c’était à se demander si c’était un demeuré comme je l’avais pensé au début, ou bien un génie comme il l’avait démontré chez le vieux prêtre… Je n’en savais rien.

Nous finîmes par arriver en vue de l’oasis et alors que ma camarade s’arrêtait, pour visiblement « parler » du plan, ou alors parce qu’elle voulait juste se griller une clope, je sautais de mon cheval et atterris par terre, quand même. Et la femme qui si on regardait bien, avait une certaine beauté sauvage, comme à l’image du désert, impassible mais à la fois majestueux, commença à exécuter des signes avec ses mains avant de rapidement se stopper. Je me laissais aller à un sourire gêné… je ne parlais pas la langue des signes et cela devait du coup rendre la discussion beaucoup plus, archaïque. Ce n’était cependant pas ce qui nous stoppa, car attrapant son carnet, la muette se mit à griffonner à toute vitesse, puis me tendit plusieurs fois le papier pour que je puisse lire.

Honoka soulevait aussi plusieurs points très importants, ce qui me montrait bien que je n’avais pas la mentalité shinobi. Enfin, on avait une idée de qui était notre cible, de ce qu’ils étaient, des brigands. La seule vraie question, c’était de savoir s’il avait toujours l’objet que nous recherchions. La seconde, c’était la manière d’agir, entre être shinobi ou alors aller au-devant. Pour ma part, je m’étais fait l’avis assez rapidement sur ce que je voulais faire, enfin, on ne me demandait jamais mon av…

De ses grands yeux posés dans les miens, la Shirogane me croassa alors de choisir ce que nous ferions. J’ouvris de grands yeux, assez flattée qu’on me laisse choisir la marche à suivre. Je me mis alors à me dandiner sur deux pieds, assez excitée d’avoir enfin UNE responsabilité dans ma vie, une responsabilité directe et levant mes yeux vers ceux d’Honoka, d’un mouvement affirmatif de la tête, répondis :

« Je n’ai pas tellement envie de me soumettre devant des brigands pour leur voler en cachette… Je préférai les dépouiller de face et qu’ils se souviennent de nous. »

J’étais bien décidée et sûre de moi, mais j’avais aussi peur, mais je voulais me confronter à la vraie vie, voir ce que c’était que d’être une vraie guerrière. J’en avais marre de fuir tout le temps et de m’écraser au sol, je voulais savoir ce dont j’étais vraiment capable et cela sans être obligé de me la jouer shinobi, j’acceptais de travailler pour Suna, mais uniquement en tant que guerrière nomade, je ne serais jamais une kunoichi et c’est pour cela que les dépouiller face à face était ce qui allait le plus dans cette idée. Comme mon père, comme chaque nomade, je voulais qu’on me craigne, que mon nom résonne partout dans le monde. Et c’était pour cela que j’avais pris la décision la plus dangereuse à première vue.










 
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Pas de chance au jeuft. Takeda Kyou


Le choix de la gamine m'étonnait parce qu'à vrai dire, je m'attendais plutôt à ce qu'elle opta pour la discrétion et la prudence. Visiblement, elle voulait rentrer dans le lard de quelques types, chose qui me convenait tout à fait. Tourner autour du pot et des choses avaient la fâcheuse tendance à me gonfler vite et sévère. Et puisque d'après le rapport, c'était pas non plus des génies du crime... je supposais qu'on pouvait se la jouer correctrice de tort. Espérions que je ne me trompais pas, sinon on était carrément dans la merde.

Pour lui montrer que son option me convenait, je levais un pouce et lui fit un signe de tête. Il était temps de s'intégrer dans la masse et fureter un peu sur les marchés. Il fallait dire que par acquit de conscience, je voulais quand même vérifier qu'on trouverait pas la breloque sur un étal. Ce serait con de se salir les mains alors qu'on pouvait voler l'engin sans se fatiguer, hein ?

" Si tu me permets, je préfère quand même qu'on vérifie que ce con n'a pas cherché à vendre le bijou de l'autre tocard. "

Je lui tendis mon message alors qu'on venait de passer la porte de l'oasis.

" D'après ce que je sais, c'est une sorte de bracelet épais et en or. Il y a les armoiries de la famille frappée dessus et une sorte de pierre obsidienne en déco. Un truc moche quoi. Garde l'œil ouvert. "

Ainsi, j'emmenais la petite, mais je lui demandais de laisser son cheval dans une écurie du coin. On pouvait pas se promener avec son canasson sans se faire repérer. Certes, on allait leur rentrer dedans, mais on le ferait avec un minimum de classe et de fausse subtilité. Par contre, avant qu'elle ne commença à penser que j'étais une neuneu, je me retournais pour lui laisser un autre message.

" Note qu'on fait pas ça que pour glandouiller. Repère les lieux, les toits, les échappatoires possibles. Tends également l'oreille pour voir si tu entends son nom. Il se peut qu'on croise ses potes en chemin et s'il n'y a personne, on peut tenter de les éliminer au passage. "

Reprenant notre chemin pour nous glisser parmi la foule, je me surpris à me retrouver un peu nostalgique. J'étais à peu près certaine qu'il y avait quelques années, j'étais venue ici pour un festival ou un truc du genre... ou bien pour faire du commerce avec un autre Shirogane ? Putain de mémoire de merde. Et en parlant de ça, je me rendais compte que j'avais pas fourni une info essentielle à Kyou. Je me retournais à nouveau vers elle avec mon carnet.

" Pour notre cible, on le choppera à une de ses tables de jeux, ce soir. Si t'as besoin d'un truc, réfléchis-y maintenant. "

Personnellement, j'avais déjà tout sur moi et surtout, j'avais embarqué une marionnette que je voulais tester. Je m'étais résolue à abandonner ma pauvre Itori à la maison, et préférer le géant que j'avais foutu dans un parchemin que je portais sur le dos. Quand au reste de mes accessoires, j'avais de quoi foutre un peu la merde. Juste un peu et j'espèrais que la protégée d'Hayato aussi. En attendant, c'était l'heure de chiner comme des copines. La blague.

Mes yeux se baladèrent ainsi devant les devantures, des étals et des comptoirs de toute sorte. Pour certain, c'était de la bouffe, d'autres des manières premières comme des pierres précieuses, il y avait bien évidemment des armes, même des putains de volailles... et des bijoux. Classique. Le genre de truc pour faire baver les femmes coquettes ou bien tenter les types pour faire plaisir à leur dulcinée. Du coup, j'avouais que je dusse m'attarder sur ceux-là. Pas pour moi. Pour la mission. Et ça ne rata pas dans les commentaires à la con.

" Comment puis-je aider madame ? Vous cherchez peut-être un collier ? Pour vous ? Pour monsieur ? Ou probablement une bague ? Je vois que vous n'en portez pas, vous n'êtes pas encore mariée ? "

À ces mots, je levais la tête pour le fusiller du regard, mais le genre de regard qui disait "de quoi tu t'occupes". Le blabla des commerçants me cassait toujours les noix, que des escrocs. Et qu'est-ce que ça pouvait lui foutre que j'étais pas mariée à cet abruti ? Comme si c'était un gage de bonheur. Soupirant, je finis par me détourner du commerçant en silence. Il n'y avait pas ce que je cherchais. Sur ce triste constat, je ne pus que me rallumer une clope. Putain de monde.

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Dépouillé le dépouilleur






~ feat. Honoka la Loquace   







Le doigt levé vers le ciel de la muette me fit légèrement sourire de satisfaction, alors que je comprenais qu’elle acceptait mon plan. Vu qu’Honoka avait plus d’expérience que moi, (bon, ok, ce n’était pas très compliqué d’avoir plus d’expérience que moi) savoir qu’elle trouvait ma façon de faire viable était déjà réconfortant et rassurant quant à mes capacités. Nous étions sur la même longueur d’onde et cela valait toujours mieux lorsque nous étions sur la même galère, que d’être d’accord.

Mais avant de partir secouer les brigands pour qu’ils nous rendent l’objet, Honoka, intelligente et flegmatique me fit passer un mot, alors qu’on avançait toutes les deux vers l’entrée de l’oasis. Elle y expliquait que tant qu’à faire et ne pas nous fatiguer, nous pourrions regarder si la babiole avait été mise en vente, ça ferait d’une pierre, deux coups, la mission serait une réussite. Il fallait espérer pour que se soit aussi simple que cela. Elle en profita aussi pour me décrire un peu ce que nous recherchions : un bracelet en or avec une pierre noire, quelque chose de bien clinquant qui me faisait envie à la différence de la marionnettiste qui trouvait d’entrée cela moche.

D’un signe de la tête sur Marengo, puis vers l’écurie, elle m’invita à aller déposer mon beau cheval. Je le fis à contrecœur, car oui nous attirions l’attention si nous étions les seuls à nous trimballer avec un cheval. Mais, me séparer de lui me mettait moins en confiance, mais je n’avais pas trop le choix. Je le laissais donc derrière moi, puis raffermissant ma prise sur mon arc dans mon dos et mes carquois à la ceinture, vidant mes poumons, fit un pas en avant, me lançant dans cette aventure.

Un nouveau papier glissé entre mes mains et je pris en compte ce qu’on attendait de moi, retenir un peu les lieux, les endroits où les gens pourraient s’échapper, pour avoir l’avantage du terrain. J’hochai la tête, non sans buter un peu sur les mots, « éliminer au passage », je grimaçais légèrement : serais-je capable d’ôter la vie de quelqu’un ? Je n’avais toujours pas tué le moindre être humain et je doutais d’être prête à le faire aujourd’hui. Peut-être trouverais-je la force de blesser quelqu’un, mais tuer… c’était encore autre chose, je ne pouvais pas faire ça.

Je secouais la tête pour me reconcentrer, puis darda alors mon regard partout, affinant ma vision avec le chakra que j’injectais alors dans mes prunelles en quelques mudras. Le monde m’apparut en quelques instants plus clair et limpide et je parcourais d’un regard les stands à la recherche de la babiole, tout en essayant de retenir la topographie des lieux. Pas mal de petites ruelles entre les bâtiments et les tentes, un vrai labyrinthe ou il sera pénible de poursuivre quelqu’un. Une fois qu’on aura retrouvé les brigands, on devra leur mettre la raclée de leurs vies et les empêcher de fuir, s’ils fuyaient, ils pourraient s’évanouir dans la ville et c’était tout ce qu’on ne voulait pas. Les toits étaient plats, l’endroit parfois pour s’enfuir aussi, surtout que quelques échelles montaient jusqu’en haut. Cet endroit n’était pas pratique, trop de cachette, surtout qu’un tireur pourrait se placer là et nous tirer dessus dès qu’on sortirait. Le constat que je faisais de cette mission était plutôt négatif, la situation n’était pas arrangeante et avec Honoka, nous devrions être performantes pour empêcher tout ce qui pourrait dégénérer.

La Shirogane se retourna, m’expliquant ce que j’avais plus ou moins déjà compris, l’idée était déjà née dans ma tête, que d’aller cherchent les brigands là ou ils étaient, donc à la table de jeu à continuer de dépouiller ceux qui perdront contre eux.  Je n’avais pas spécialement besoin de quelque chose, j’haussais les épaules :

« J’ai tout ce qu’il faut sur moi, je suis prête… Je pense l’être en tout cas. »

J’étais prête matériellement, physiquement, c’était un peu moins ça, serais-je prête à blesser sans me défendre et attaquer préventivement comme n’importe quel guerrier le faisait ? Je ne savais pas, mais je serais sûrement capable de le faire, je ne cherchais pas à tuer, juste à effrayer par ma maîtrise de l’arc, à blesser pour dissuader.  Non, je ne comptais pas tuer, juste récupérer la babiole, rien de plus, rien de moins. Tuer, ce n’était pas une chose banale, je ne serais donc pas capable de le faire. Je n’avais pas envie de le faire.

Les étals se succédaient, se suivaient, mais, pas la moindre trace du bracelet, sûrement qu’ils l’avaient gardé comme butin de guerre, en tout cas moi, c’était ce que je ferais. Donc, on avançait, on cherchait, mais rien. Honoka se prenait des réflexions, moi aussi, des marchands me promettaient de s’enfuir avec moi, de laisser leurs mégères derrière, ils me promettaient de me couvrir de fleurs et d’amour. Je levais les yeux aux ciels, ils n’étaient pas très beaux, un peu trop vieux pour moi, ils n’étaient pas bien charismatiques, ça n’avait pas l’étoffe d’un Senshi tout ça. Puis à Suna, il y avait plus proche de mon âge, des garçons plus beaux, genre Hayato ou même…

Ningyo

Je déglutis, mon esprit avait parlé tout seul et comme à chaque fois, un sentiment bizarre me pris, comme si tout mon corps brûlait, une chaleur désagréable, stressante, à donner des hallucinations, empêchant de bien respirer, c’était une sensation désagréable, très désagréable. Cela me rappelait que, je ne m’étais pas bien comportée avec lui, que je devrais m’excuser, mais je n’y arrivais pas, j’avais écrit des mots, je les avais chiffonnés, j’étais allé jusqu’au quartier shirogane, j’avais fait demi-tour, j’avais cherché à le retrouver, je n’y étais jamais allé. Je regrettais de ne pas avoir été plus correcte avec lui mais… mais il était un shirogane avec une conception de la vie et de l’existence différente, là ou je pensais liberté, lui pensait efficacité, il pensait comme un automate bien huilé, moi je pensais comme un animal. Je fis la moue, boudeuse, alors que derrière moi, Honoka qui tirait une tête de six-pieds de longs tirait sur la cigarette.

Je m’apprêtais à faire quelques pas pour la retrouver, lorsqu’une silhouette passa devant moi, accompagné de deux autres. Ils se vantaient en parlant à voix haute, j’entendis quelques bribes :

« blablabla … bracelet en or… blablabla, on a eu de la chance… blablabla… un beau pigeon. »

Je me stoppais en entendant cela, en me retournant, je ne vis pas Honoka et le temps de me décider, de savoir si je devais les suivre ou non, ils avaient presque disparu. C’était peut-être eux, de ses sbires je… je devais m’en occuper, les mettre hors d’état de nuire et essaye de chopper des informations. Je m’élançais donc seule derrière eux, sans avoir la moindre idée de ce que j’allais faire et pourtant, Dieu sait que j’aurais aimé avec Honoka à mes côtés.











 
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Déprimante petite balade que celle que je menais avec la gamine. Pas à cause d'elle, mais par la faute de tous ces ploucs qui lui faisaient du rentre-dedans. Est-ce qu'elle était mignonne ? Ouais. Mais tous ces baveux me donnaient envie de leur en coller une parce qu'ils nous faisaient perdre notre temps. Finalement, je serais peut-être passée plus inaperçue en compagnie du cheval. Force était de constater qu'on était peut-être pas l'équipe la plus discrète, cela m'empêcha pas de continuer mon petit bonhomme de chemin la clope au bec. J'envoyais chier qui de droit, tandis que mes yeux se baladaient un peu partout. Quant à Kyou ? Je supposais qu'elle me suivait et qu'elle en faisait de même. Il fallait néanmoins nous rendre à l'évidence : notre cible était moins conne que prévue et visiblement pas vouer à nous simplifier la tâche. Qu'est-ce que cela signifiait ? Et bien qu'on allait botter des culs dans la règle de l'art.

Maintenant, tout le boulot était de savoir combien d'hommes bossaient pour lui et où ces messieurs dames aimaient se la couler douce. Le demander de butte en blanc aurait pu paraître largement suspect, d'autant que les vendus devaient courir les rues. Généralement ma solution était de faire la tourner des bars, de boire par-ci et par-là pour écouter les conversations, mais avec mon archère, c'était pas possible. J'en connaissais un qui risquerait de gueuler si j'avais dit que je l'avais emmené dans un endroit dégueulasse. Fallait que je changeasse mes plans, bien que la gamine m'avait bien dit qu'elle désirait y aller franco.... sauf que je manquais d'idée.

Je soupirais longuement après une grande bouffée de nicotine, avant de me retourner vers Kyou pour lui demander son avis, seulement... il y avait personne. Nada. Que dalle. Pas une silhouette.

" Chier. "

J'aurais peut-être dû lui dire que les initiatives personnelles, c'était pas le bon plan tant qu'on connaissait pas les détails. Mais elle ne pouvait pas être bien loin, non ? Sauf que j'avais pas une vue de lynx et il y avait un paquet de monde dans les parages. Elle avait beau être jolie, ça se fondait quand même dans la masse comme n'importe qui. Revenant un peu sur mes pas pour vérifier si elle s'était pas arrêtée à un stand, je ne remarquais rien d'anormal. C'était bien le moment de perdre sa partenaire, tiens.

Me saisissant de mon calepin, je jouais le coup de la grande sœur inquiète, gribouillant vaguement un dessin qui devait représenter la cavalière avec un petit mot en disant que je la cherchais. Les mecs devant qui on s'était arrêté me répondirent qui ne l'avaient pas revu, mais qu'ils voudraient bien lui vendre une breloque pour moins cher si elle revenait. Ça m'avançait. Je me rallumais une nouvelle clope pour calmer mon agacement. Si en temps normal, je n'en aurais rien eu à foutre en supposant qu'elle faisait son job, j'avais comme un mauvais pressentiment. Fallait dire qu'on m'avait fait un petit topo sur la demoiselle, et on me l'avait pas tellement dépeinte comme une grande guerrière courageuse. Du coup, je pensais légitimement qu'elle était dans les emmerdes... et moi aussi par la même occasion. Et comme tout ceci commençait sérieusement à me gonfler...

Je finis par chopper le dernier commerçant qu'on avait vu par le col, le tirant par-dessus son étal où tout se renversa. Je le fixais d'un œil mauvais et la jouait clairement comme tel. Pas le temps de niaiser.

" Gamine ? Où? "

" Mais... mais... je sais pas madame ! Je vous jure ! Je sais pas où elle est votre sœur. "


Le type commençait à trembler alors que je le rapprochais de mon visage. Il ferma les yeux alors que je le menaçais de lui mettre mon poing dans la figure et que le bout de ma clope lui chatouillait le nez d'un peu trop près.  

" Où? "

" Je... d'accord, d'accord. Mais ne me frappez pas s'il vous plaît! C'est pas bon pour les affaires un coquart. Je vais tout vous dire, mais me frapper pas!  "


Navrant. Il y avait vraiment des types qui craignaient. Relâchant mon étreinte, le marchand tenta de faire bonne figure, enfichant un sourire gêné devant les passants qui devaient s'imaginer qu'il m'avait peut-être arnaquée. Il se força néanmoins de faire bonne figure, se raclant la gorge avant de regarder de droit à gauche. Il se décida à me faire un signe pour me rapprocher et me murmurer les réponses que j'attendais.

" Je... je suis pas sûr, sûr mais... je crois que votre sœur, elle suivait des hommes.  "

Je lui refis mes yeux mauvais et posa ma main sur le pommeau de mon katana.

" Non mais je ne vous mens pas!  Je vous assure ! Elle suivait trois hommes.  "

Bizarre comme la mémoire revenait lorsque l'on se montrait menaçant, n'est-ce pas ? Retirant ma cigarette de la bouche, je crachais aussitôt à ses pieds comme pour lui demander de se grouiller.

" Qui? "

" Oh et bien... disons des hommes... des hommes peu recommandables. J'ai trouvé ça plutôt étonnant que cette jeune femme les suivit, je l'aurais bien arrêté mais... "


Mais c'était qu'une pauvre tâche. Sans manière, je le choppais à nouveau par le col en serrant les dents. Il fallait mieux pour lui qu'il ne me refit pas parler. Effrayé, il se cacha le visage comme pour se protéger d'un coup. Pathétique.

" C'était des hommes de la bande à Rango ! "

Bingo. Finalement, la mouflette était plus maligne que ce que je croyais, mais j'aurais préféré qu'elle m'alerta avant de se lancer dans cette quête. Est-ce qu'elle était de taille à gérer trois gugus ? Si c'était que des malfrats de bas étages, sans doute, cependant on aurait besoin d'eux pour avoir quelques détails supplémentaires sur leur chef de bande, en espérant qu'ils furent de grande gueule. Lâchant ma prise sur ma mauviette de commerçant, je lui posai une ultime question : dans quelle direction. Bizarrement, il se pressa à m'indiquer le chemin comme s'il était pressé de se débarrasser de moi. Drôle, hein?

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