Miiru possède de grands yeux hétéroclites, le gauche est rose alors que le droit lui est bleu. Il semble avoir huit ans malgré ses onze années. Il est très petit pour son âge. Souvent couvert de bleus et d'égratignures accompagnées de saletés sur ses vêtements. Incisives supérieures du bonheur et du lapin. Il aborde la plupart du temps un sourire.
Deux enfants qui se font face devant chez eux sous le regard attristé de leur grand-père. L’un semble désolé, tenant le poignet de son frère pour qu’il ne parte pas. L’autre a les yeux rouges, des larmes lui coulant à grand flot sur son visage avant de se perdre dans son écharpe.
Je suis désolé Miiru … C’est pas ce que je voulais dire.
Lâche moi Tsuku !
Non tu vas encore partir ! Il serre un peu plus sa poigne. Je te l’ai dit, mon entraînement ne commence que dans deux heures … On pourrait … Il n’a pas besoin de terminer sa phrase, son jumeau sait exactement où il veut en venir.
Je dois aller retrouver mon équipe ! Tu penses être le seul à en avoir une ?! Il arrache son poignet de l’emprise, faisant volte face tout en serrant les dents.
Je sais que c’est pas vrai ! Tu m’as dit hier que rien n’était encore en place pour vous !
Du coup toi tu peux ne pas être là mais moi j’ai pas le droit ?! Il plante son index sur le front de son frère.
Aïe ! T’es pas ob … C’est pas ce que je veux dire ! Tu sais que maintenant on est obligé de …
Je m’en fous ! Ces paroles déstabilisent durant un instant Tsuku qui reprend rapidement du poil de la bête.
C’est pas simple pour moi non plus Miiru … C’est pas juste que tu dises ça …
Ce qui est pas JUSTE ! C’est que toi ça te va très bien ! Il n’en faut pas plus pour que les larmes coulent à plus grande vitesse, le poussant à fuir cette situation qu’il n’arrive pas à maîtriser émotionnellement.
MIIRU ! Reviens ! On …
Les derniers mots n’arrivent pas aux oreilles du genin qui s’engouffre déjà dans une ruelle à tout allure. Il se maudit de sa réaction, se mordant l’intérieur de la joue sous son incapacité à pouvoir être maître de lui-même. En colère face à la facilité dont Tsuku fait preuve pour affronter cette difficulté. Comment peut-il accepter cette nouvelle ? Il devrait être dans le même état que lui … Et pourtant lui arrive à garder la tête hors de l’eau. Miiru coule à pic, noyé dans ses pleurs et sa tristesse. Courir aussi vite qu’il le peut l’aide, lui vide la tête, lui donne l’impression de prendre de la distance avec cette douleur. Mais ce n’est pas suffisant, il lui en faut plus, il lui faut une raison à cette décision qu’il juge comme le plus grand drame de sa vie, une injustice. Le petiot s’engouffre dans les rues tel une fusée, même pas conscient qu’il est encore en pyjama et pied nu ce qui n’est vraiment pas le meilleur accoutrement pour affronter l’extérieur en cette saison. Sa course se stoppe au moment où son crâne rencontre un obstacle. Comment pouvait-il croire pouvoir se déplacer à l’infini à cette vitesse sans regarder où il va ? C’est le postérieur à terre qu’il relève le visage, ses yeux gonflés trahissent son étonnement. Il reste interdit durant un instant, admirant l’homme face à lui qui semble encore plus grand de son point de vue.
Je … Je suis désolé. Il se frotte sa bouille d’enfant de ses manches en se rendant compte de son état. Entre les larmes et de la morve lui coulant du nez, il n’est pas difficile de voir sa détresse. Maman me dit toujours de regarder devant moi.
Yashiro Shindo
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En cette matinée, comme souvent, pour ne pas dire toujours, Yashiro se baladait. Une personne qui chercherait à le surveiller se dirait sûrement que le shinobi n’avait décidément pas grand-chose à faire de ses journées. Il le verrait ainsi gambader dans les rues du village, sans forcément s’arrêter à des endroits précis, ni faire des courses, ni parler à des gens ; cet espion se contenterait de voir le jeune homme marcher, un pas après l’autre, s’arrêtant de temps à autres pour contempler un arbre, un bâtiment ou une vitrine.
Pourtant, Yashiro ne s’ennuyait jamais lorsqu’il faisait ses balades matinales ; au contraire, il aimait particulièrement ça. Cela lui donnait le temps de réfléchir pour écrire ses mémoires, ou pour faire le tri dans ses pensées. Il se remémorait souvent ses dernières péripéties ou ses dernières rencontres, avec le petit Ento du clan Senju, ou avec son mystérieux double qu’il avait pu croiser lors d’un voyage dans le désert du pays du sable.
Ce matin-là, le chunin avait quelques difficultés à s’y retrouver dans ses pensées. Il n’avait en effet pas choisi la meilleure heure ni le meilleur itinéraire pour se balader. Il était en train de crapahuter sur une place dédiée aux marchés. Le brouhahaha des passants ou des vendeurs alpaguant tout potentiel client venaient perturber le cerveau du shinobi. Les odeurs issues des étals proposant des plats chauds exotiques le déconcentraient et commençaient à le mettre en appétit. Surtout, la masse de personnes, qui ne semblait pas dégrossir malgré son avancée à travers la place, commençait à l’oppresser.
Très vite, il décida de quitter l’endroit et de s’aventurer dans des petites ruelles. Au bout de quelques minutes de marche, tournant à chaque intersection, il finit par se perdre dans une partie de la ville plus calme où régnaient le bruit du vent et les gazouillis de quelques oiseaux. Ce calme inattendu lui inspira le plus maladroit des haïkus ; cette maladresse se retrouva dans l’écriture, le shinobi décidant de l’inscrire sur un papier qui trainait dans sa poche tout en marchant.
* * *
« Un bruit assommant Un grand détour loin de tous Enfin nait le calme »
* * *
Le trait était informe et le papier plus que froissé. Les quelques vers étant déjà peu convaincant, l’objet final en devenait d’autant plus décevant. Yashiro grommela de frustration et rangea négligemment le poème dans sa poche, avant de sentir un choc et un bruit sourd dans le bas de son dos.
Très surpris, il sursauta et se retourna immédiatement. Il découvrit alors un gamin, les fesses contre le sol. Yashiro pensa que c’était en partie sa faute, puisqu’il était en train d’écrire ; son rythme de marche devait être particulièrement lent. Il n’avait ainsi pas pu constater que l’enfant lui avait foncé dedans la tête la première, sans même regarder devant lui.
« Ah excuse-moi gamin, c’est ma faute j’allais pas très vite », il lui tendit la main pour l’aider à se relever. « Vu la puissance du choc, tu devais aller à toute allure. Pourquoi t’es pressé ? »
En relevant l’enfant et en le regardant de plus près, Yashiro pu constater deux choses. La première, c’était que le garçon semblait avoir pleuré, en témoignaient ses yeux rougeâtres et le liquide peu ragoutant qui dégoulinait le long de son nez. La seconde, c’est que le gamin avait l’air d’être un original : il était en train de dévaler dans les rues du village en pyjama. Il n’avait même pas pris la peine de mettre de chaussures : la plante de ses pieds était couverte de poussière et de saletés. Ce détail ne manqua pas d’amuser Yashiro qui ne réussit pas à réprimer un sourire moqueur.
« C’est que tu t’es réveillé très en retard pour partir de chez toi dans une telle tenue ? »
Le shinobi aurait pu interroger son interlocuteur sur la raison de toutes ses larmes, mais il préféra faire une blague plutôt que s’attarder sur ces pleurs. « Après tout, un enfant, ça pleure souvent non ? », pensa-t-il du haut de sa grande sagesse en développement.
Yuurei Miiru
Konoha no Genin
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Miiru possède de grands yeux hétéroclites, le gauche est rose alors que le droit lui est bleu. Il semble avoir huit ans malgré ses onze années. Il est très petit pour son âge. Souvent couvert de bleus et d'égratignures accompagnées de saletés sur ses vêtements. Incisives supérieures du bonheur et du lapin. Il aborde la plupart du temps un sourire.
Miiru décrasse ses mains avant d’accepter celle qui lui est tendue. Déjà qu’il lui est rentré dedans, s’il ajoute un peu de morve au creux d’une paume ça risque de tourner au savon. En tout cas, il est soulagé de voir que l'inconnu prend la charge de l’accident bien qu’il ait pris les devant en signalant sa faute. Tant mieux, il serait privé de dessert durant au moins une semaine si jamais l’information d’une nouvelle bousculade arrive aux oreilles de sa mère. Elle est bien plus stricte sur ce sujet depuis que les jumeaux ont bousculé une vieille dame, une cheville foulée gagnée pour cette dernière. Le petiot renifle bruyamment tout en se tenant les fesses endolories par le choc, grimaçant sous la douleur. Son visage exagère clairement cette sensation. De son avant bras libre il racle le dessous de son nez afin d’être un peu plus présentable bien que ce soit mal parti. Il n’a pas le temps de répondre à la première question qu’une seconde tombe. L’enfant arque ses sourcils.
Comment ça …
Le noirâtre penche son menton contre sa gorge, découvrant qu’il est bel et bien vêtu étrangement, un pyjama et rien de plus. Ses joues s’empourprent à l’instant. Son visage pointant cette fois-ci dans le sens contraire, faisant face avec un certain dénivelé à l’homme.
C’est pas un pyjama, c’est ma tenue d’entraînement ! Il tente bien d’être convaincant mais sa voix hésitante l’en empêche. Comment quelqu’un pourrait croire une telle chose ? Qu’importe, de toute façon c’est plus fort que lui. Son éducation revient au galop, le poussant à s’incliner en avant. Je suis vraiment désolé monsieur de vous être rentré dedans … Même si c’est vrai que vous alliez vraiment trèèèèèès lentement. On dirait mon grand-père.
Miiru sourit à pleine dent, de nouveau droit comme un I, se rendant compte du gabarit de son interlocuteur.
Je ne suis pas pressé … Je me suis juste disputé avec quelqu’un … Il se rend compte de la stupidité à ses yeux de sa phrase. Il déglutit. Je … C’est … Heu … Oui c’est ça ! Je me suis réveillé en retard et du coup je devais partir rapidement pour m'entraîner vu que j’ai ma tenue pour ça ! Mais je me suis rendu compte en cours de route que ce n’est pas aujourd’hui que ça commence pour moi. Du coup j’ai fait demi-tour et je voulais rapidement rentrer chez moi. Mais … Son débit de parole est hallucinant, montrant que le stress monte en lui.
Miiru frappe du pied à terre, nouvelle grimace. Cette fois son visage est rougi de honte. Il se donne une petite tape sur le crâne avant de reprendre.
Rholalala ! Pourquoi je sais pas mentir … Je me fais à chaque fois avoir ! Sa teinte redevient normale comme si rien de s’était passé, il tord simplement sa bouche en en mordant l'intérieur. Je suis désolé … J’allais pas à l'entraînement et c’est bien un pyjama … Il renifle une nouvelle fois Et non j’ai pas dormi tard ! Il fait un pas en arrière serrant ses poings sous cette accusation. C’est pas digne d’un shinobi de pas se lever avant le petit-déjeuner … Et même si je le voulais grand-père ne voudrait pas. Je suis juste parti de chez moi parce que je me suis disputé … Sur ça j’ai pas menti c’est promis !
Il hésite un instant à cracher à terre en signe de bonne foi, mais se ravise au dernier moment.
C’est nul d’être shinobi … Miiru soupire en serrant ses lèvres. Dites monsieur. J’ai pas envie de rentrer chez moi pour le moment. J’ai pas envie de revoir la tête de pignouf de Tsuku … C’est mon frère. C’est avec lui que je me suis disputé. Il fronce les sourcils. S’il a une tête de pignouf moi aussi … Rhalala je peux pas dire ça … J’ai une tête de pignouf monsieur ?
Son visage porte le masque de l'innocence, encore plus marqué par son petit index pointé vers celui-ci. Le corps de l’enfant sursaute, se rendant enfin compte de ce qu’il s’est passé. Ses traits sont maintenant inquiets.
Je vous ai pas fait mal au moins ? Dites rien à maman s’il vous plaît où elle va encore me gronder ! Je veux pas … Un repas sans dessert c’est pas un repas … Moi j’aime trop les pêches pour ne pas pouvoir en manger. Il s’agrippe aux vêtements de l’adulte. S’il-vous-plaîîîît !
Ses lèvres s’écartent pour laisser place à un large sourire dévoilant deux dents du bonheur, les incisives supérieures.
Je peux peut-être vous aider ! Je suis genin ! Je suis certain que vous avez besoin de quelque chose en échange de votre silence ! Il cherche à agripper son bandeau qui devrait se trouver sur le haut de son bras gauche en vain. Mince … Je l’ai oublié … Mais c’est vrai je suis genin ! Je vous le promets ! Vous alliez peut-être faire des courses ? Je peux les porter pour vous !
À ce niveau-là ce n’est plus un moulin à parole, il ne s’est pas stoppé plus de deux trois secondes entre chacune de ses phrases. Ne tenant tout simplement pas en place. La fouge de la jeunesse …
Yashiro Shindo
Konoha no Chunin
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Un véritable déluge de paroles. Yashiro aurait bien aimé intervenir, dire quelque chose, voire même couper court à la conversation, mais il ne réussissait pas à s’imposer. À chaque fois qu’il s’apprêtait à prononcer un mot, le gamin repartait pour un tour, se lançant dans de nouvelles phrases à rallonge pour finalement ne pas dire grand-chose. Les yeux du chunin s’agrandissaient au fur et à mesure que le monologue durait. S’il avait échappé à l’étouffante place du marché de Konoha, ce n’était pas pour se retrouver assommer par le discours incohérent d’un enfant pleureur.
Le jeune homme s’entendait globalement bien avec les enfants et autres adolescents, mais il était tombé là sur un spécimen très particulier. Il songea bien une demi-seconde à partir en courant et à planter sa nouvelle rencontre au milieu de la ruelle – il avait en effet peu de chance d’être rattrapé par un être aussi court sur pattes, mais il se ravisa : ça n’était pas un comportement très mature, ni très responsable. Yashiro n’était certes pas réputé pour son sens des responsabilités, mais au vu du profond traumatisme que semblait décrire l’enfant, il allait prendre à cœur son rôle de baby-sitter – au moins pour les dix prochaines minutes.
Le chunin prit donc son mal en patience, même si la situation semblait ne jamais finir. Le point d’orgue fut atteint lorsque le gamin se mit à s’agripper aux vêtements de Yashiro ; le shinobi fut alors pris d’un profond malaise et il dut fortement se retenir de saisir l’enfant à deux mains et de l’envoyer bouler quelques mètres plus loin. Si un passant avait pu assister à la scène, il aurait pu constater le sentiment de gêne sur le visage de l’adulte : son regard était vide, sa posture complètement raide, et de grosses gouttes de sueur commençaient à perler sur son front.
Lorsque le garçon évoqua être genin, Yashiro trouva la porte d’entrée pour enfin parler. Cette fois-ci, il allait reprendre la conversation bien en main et ne pas la laisser s’échapper. Tout espoir n’était pas perdu, d’autant plus que l’enfant arborait un large sourire qui laissait présager qu’il pouvait être sympathique et non juste un moulin à parole chouineur.
« Mollo garçon, je comprends rien à ce que tu me baves ! », il ne laissa pas le temps à son interlocuteur de répondre, ni de se vexer. « Moi aussi je suis un shinobi, je m’appelle Yashiro. Avant que tu repartes dans tous les sens, dis-moi juste comment tu t’appelles »
Yashiro se gratta sa barbe de trois jours, cherchant une péripétie à donner au jeune ninja. Il n’avait pas envie de rentrer chez lui et il avait visiblement beaucoup trop d’énergie à dépenser. Le chûnin n’ayant rien de mieux à faire, il trouva une activité qui lui convenait également.
« Si j’ai besoin de quelque chose c’est ça ? », il posa un instant de silence, comme pour ménager le suspense. « J’aime bien me balader dans le village et me poser devant de beaux panoramas. Mais depuis le temps, j’ai l’impression d’avoir un peu fait le tour. Donc voilà ta mission si tu ne veux pas que je moucharde tout à ta mère : trouve-moi la plus belle vue de Konoha », Yashiro ne savait pas ce qu’il pouvait raconter à la mère de l’enfant, mais ce dernier semblant assez craintif, une demi-menace pouvait peut-être ainsi calmer son interminable flot de parole. De nature bienveillante, le jeune homme termina ses consignes avec un conseil. « Je me disais qu’en prenant un peu de hauteur, peut-être on pourrait trouver des coins sympas ! »
Yashiro cherchait le calme en cette douce matinée, mais il venait de récolter une petite tempête. Il espérait néanmoins que l’atelier escalade vienne canaliser ce trop plein d’énergie, sinon le temps allait potentiellement passer très lentement pour le jeune homme.
Yuurei Miiru
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Miiru possède de grands yeux hétéroclites, le gauche est rose alors que le droit lui est bleu. Il semble avoir huit ans malgré ses onze années. Il est très petit pour son âge. Souvent couvert de bleus et d'égratignures accompagnées de saletés sur ses vêtements. Incisives supérieures du bonheur et du lapin. Il aborde la plupart du temps un sourire.
C’est épuisant quand il agit comme ça, pour lui mais surtout pour son ou ses interlocuteurs. Quand les mots arrivent à franchir le seuil de sa bouche sans que le cerveau n’ait besoin de valider quoi que ce soit. C’est l’une des façons que sa cervelle a trouvée pour vider le trop plein, ouvrir les vannes et laisser le tout s’écouler. Au moins c’est fait, il va un peu mieux maintenant que ses pensées sont un peu plus ordonnées.
D-d-désolé … On sent clairement une sorte de gêne dans sa voix, sentiment prenant source dans ce qu’il vient de se passer. Balayé rapidement par le fait que l’homme face à lui soit un shinobi. C’est les yeux pétillants qu’il reprend. Moi c’est Yuurei, Yuurei Miirru.
L’enfant hésite à ajouter quelques mots mais n’ose plus. Il est tout simplement impressionné. Hochant simplement la tête de façon approbative à la question qui lui est posée. Le noirâtre se redit face à la menace, déglutissant de peur à l'idée que sa mère soit au courant.
Le petiot prend une position pensive, plantant son menton dans le creux de sa main, bloquant son bras au niveau de son ventre. Encore une fois, c'est exagéré, mais que voulez-vous, c'est la façon d'être de ce petit bout d'homme.
* C’est quoi un panorama ? Ça a quelque chose à voir avec la vue qu’il demande ? … Sûrement … Je demanderai à papa en rentrant. * Il fronce les sourcils.
Hmmm … C’est difficile … Moi j’aime bien regarder les vitrines des marchands de friandises mais tu dois être comme mon papa et ne pas aimer ça … Mais tu as raison Yashiro, monter sur les toits va nous aider ! Je vais y réfléchir en chemin.
Miiru hésite durant un instant d’user de son chakra pour escalader avant de trancher pour la bonne vieille méthode. Après tout, rien ne vaut d'y aller à la force des bras pour vraiment apprécier l'ascension. C’est en tout cas son point de vue. Le Yuurei laisse aller son regard de droite à gauche, de haut en bas à la recherche du chemin le plus facile à emprunter. Son dévolu finit par se jeter sur une gouttière dont il vérifie la solidité en tirant un peu dessus, tournant ensuite sa tête vers Yashiro.
Je vais passer par là ! Il agrippe le métal avant de reprendre. Au fait Yashiro, ça fait longtemps que tu es shinobi ?
Miiru place son premier pied contre le mur, monte l’une de ses mains et s’élance. Heureusement que ça ne glisse pas de trop, sans quoi il se serait fait mal. Il ne lui faut pas bien longtemps pour atteindre le premier palier qu’il termine muni d’un large sourire. Il ouvre grand les yeux suite à l’idée qui vient de le frapper.
Je sais ! J’ai une idée ! C’est pas toujours la plus belle vue de Konoha mais parfois elle l’est ! Il reprend son escalade. Si on va au-dessus des portes du village … Il se tait un instant afin de garder toute sa concentration pour cette prise un peu éloignée. ...On aura peut-être la chance de voir une équipe revenant de mission. J’y allais souvent avec mon frère avant. L’enfant pose un pied sur un nouveau toit, remerciant toutes ces heures passées en compagnie de Tsuku à escalader tout ce qui leur passait sous la main. Ses lèvres s’écartent à nouveau dévoilant ses dents. Si on a la chance d’en voir une revenir ça sera vraiment la plus belle vue de Konoha. Il se racle la gorge et bombe le torse, parlant d’une voix plus grave. Si on peut dormir sur nos deux oreilles c’est grâce aux shinobis. Il glousse comme sait le faire un enfant. Si ça te va pas je peux réfléchir encore un peu Yashiro.
Yashiro Shindo
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Yashiro étant peu protocolaire, d’autant plus qu’il s’agissait d’un enfant, il n’allait pas s’embêter à utiliser le nom de famille de son interlocuteur. Le chunin remarqua d’ailleurs qu’il ne s’était même pas présenté avec son propre nom ; tant pis, au moins cette introduction amicale contrebalançait avec les menaces de tout balancer à la mère de l’enfant.
Celui-ci lui évoqua son amour des friandises ; Yashiro ne réagit pas, mais il était plutôt d’accord avec Miirru. Si le jeune homme n’était pas un adepte du lèche-vitrine, il appréciait se goinfrer de sucreries de temps à autres. Mais il n’eut pas le temps de se perdre dans ses rêves de bonbons : le garçon commençait déjà à agripper une gouttière pour escalader l’une des maisons bordant la ruelle, tout en questionnant Yashiro sur sa vie de ninja.
« Si ça fait longtemps que je suis shinobi ? », le sabreur compta intérieurement. « Ouais ça doit bien faire une petite dizaine d’années que je suis arrivé à Konoha ! J’ai grandi à la campagne, mais vers mes dix ans j’ai rejoint le village et j’ai suivi la vie de ninja. Et maintenant je suis un fier chûnin de Konoha ! »
Yashiro bomba le torse et le frappa de son poing à deux reprises, comme pour se donner de l’importance – et pour essayer de se convaincre lui-même de son discours. Puis, voyant l’enfant atteindre finalement le toit d’un domicile, il s’approcha de la gouttière à son tour, bien décidé à l’imiter. Alors qu’il commença à s’y agripper, il entendit le début d’un « crac » qui lui fit lâcher le morceau de métal immédiatement. Fort heureusement, la gouttière ne s’arracha pas du mur ; elle était certainement – très – fragilisée, mais d’apparence, elle semblait comme neuve.
« Oups… »
Le chunin ne s’arrêta pas plus longtemps sur sa bêtise et se rabattit sur une seconde solution. Il prit un peu d’élan et bondit depuis un banc situé quelques mètres plus loin pour atterrir sur le balcon d’une maison. Il ne s’y attarda pas – au cas où quelqu’un était à l’intérieur du domicile, et sauta à nouveau pour rejoindre Miirru sur son toit.
« Bon et bien c’est parti... ! On va où ? »
Le garçon lui partagea immédiatement son idée, celle d’aller aux portes de Konoha observer si une équipe de shinobi revenait au village. « Pourquoi pas, ça devrait faire l’affaire », pensa le jeune homme. Ce n’était pas la vue la plus haute sur le village, mais le tableau sur l’extérieur de Konoha, celle d’un long chemin s’engouffrant dans l’épaisse forêt du pays du feu, était saisissante, surtout avec un soleil à son zénith. Yashiro se demanda néanmoins pourquoi le genin avait d’ores et déjà commencé à escalader les toits du village : les portes étaient à quelques minutes de marche et si les deux shinobis s’y dirigeaient de toit en toit, ils se feraient vite remarquer et alpaguer par des gardes. D’un bond, Yashiro redescendit au milieu de la ruelle.
« Je pense que pour nous éviter tout ennui, on va passer par les rues. On grimpera une fois qu’on sera arrivé aux portes. Parce que si on se fait pincer à sauter sur tous les toits de Konoha, je pense que tu peux dire adieu à tes pêches ! »
Invitant d’un geste de la main Miirru à le suivre, Yashiro reprit son chemin, d’un rythme tranquille, jusqu’aux portes du village. Les deux compères traversèrent plusieurs rues marchandes ; le sabreur en profita pour montrer au garçon son magasin de thé préféré, ainsi que l’échoppe où il se procurait ses fournitures d’écriture. Le duo traversa également un parc, « l’un des plus beaux de Konoha » selon Yashiro ; il lui expliqua qu’il s’agissait de l’espace vert qui possédait le plus de variétés de fleurs du village. Le jeune homme n’était pas spécialement versé dans l’art de la botanique, mais la palette de couleur proposée par les plates-bandes fleuries offrait un spectacle qui valait la peine de s’y arrêter quelques instants. C’est au détour d’une de ses pauses que Yashiro en profita pour questionner un peu plus son acolyte du jour.
« Et toi Miirru t’as quel âge ? T’aimes bien la vie de shinobi ? »
Une fois cette petite conversation terminée, les ninjas se remirent en route, jusqu’à arriver aux portes de Konoha. Elles devaient bien faire une quinzaine de mètres de haut – du moins selon l’estimation de Yashiro. En bois massif, on pouvait néanmoins trouver des endroits où apposer ses mains ; l’escalade de l’édifice était donc loin d’être impossible. Sinon, un escalier permettait d’accéder à la partie supérieure des portes, mais c’était bien moins amusant que de l’escalader. Il fallait cependant obtenir l’autorisation des deux gardes postés là avant de commencer à grimper. Le sabreur se tourna vers le genin.
« Tu t’occupes de demander aux deux shinobis de nous laisser escalader tout ça tranquillement ? »
Aucune honte n’émanait de Yashiro : après tout, un gamin aurait plus de chance de convaincre deux adultes de les laisser faire une petite bêtise.
Yuurei Miiru
Konoha no Genin
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Miiru possède de grands yeux hétéroclites, le gauche est rose alors que le droit lui est bleu. Il semble avoir huit ans malgré ses onze années. Il est très petit pour son âge. Souvent couvert de bleus et d'égratignures accompagnées de saletés sur ses vêtements. Incisives supérieures du bonheur et du lapin. Il aborde la plupart du temps un sourire.
C’est l'ascenseur émotionnel pour Miiru. Passant de ce sentiment d’admiration d’être en présence d’un shinobi ayant déjà une décennie de carrière, en comptant les études de ce qu’il a compris, au fait de devoir faire la route au niveau du plancher des vaches, tout en passant par l'impressionnante facilité avec laquelle Yashiro a bondit jusqu’à sa position. Même pour des pêches il aurait pris le risque d’être privé de dessert pour sauter de toit en toit. Mais bon, son supérieur lui fait signe de remettre les pieds au sol. Le petiot reprend sa bonne humeur très rapidement au fur et à mesure où Yashiro lui partage quelques-uns de ses goûts. Il écoute avec attention bien que les sujets survolés ne l’intéressent pas plus que ça, il n’est pas vraiment porté par l’écriture, ni par les fleurs. Le thé par contre est un peu mieux, après tout il en partage souvent une tasse avec son grand-père et son frère. Ses soeurs aussi avant, mais elles sont trop occupées aujourd’hui pour continuer. Il le sera très certainement aussi un jour, après tout, tout le monde est voué à grandir et encore plus quand on est shinobi.
Miiru prend quelques secondes pour répondre à la question qui lui est posée. Ses mains sur ses genoux, serrant ceux-ci alors que ses yeux sont fixés sur les quelques graviers aux pieds du banc.
J’ai onze ans et trois quart Yashiro ! Et oui bien sûr que j’aime bien la vie de shinobi ! Si j’ai étudié tellement et fait beaucoup d'efforts c’est justement pour ça ! Parce que j’aime bien cette vie … Mais j’en ai pas encore beaucoup vu, je n’ai pas encore rencontré mon équipe …
Le petiot se redresse d’un bond invitant le chûnin à se remettre en route. Évitant de la sorte toute plausible autre question sur ce sujet. Il est conscient que dans ce genre de moment il est très transparent. S’il avait répondu honnêtement il aurait dit tout autre chose. Qu’il est déçu et qu’il aimerait bien retrouver sa vie d’avant avec Tsuku. Passer toutes ses journées en sa compagnie au lieu de courir dans les rues et de rentrer dans des gens sans le vouloir. Certes, Yashiro est un bon compagnon pour lui à ce moment mais il n'hésiterait pas un instant à l’échanger contre son jumeau.
Le duo finit par arriver aux portes du village. Miiru fixe le haut de celles-ci depuis un bon moment comme toujours quand il s’en approche. Son menton de plus en plus haut au fur et à mesure des pas. Le petiot sursaute en entendant les paroles de son supérieur. Fronçant les sourcils en le fixant.
D’accord …
Miiru se met en marche vers les gardes, sa cervelle se met en marche à son maximum pour trouver la meilleure façon de présenter la demande pour avoir le plus de chance d’être acceptée. C’est son côté menteur qui prend le dessus. Il se penche de façon respectueuse en arrivant aux niveaux des shinobis.
Bonjour messieurs les gardes ! Je suis désolé de vous déranger mais j’ai une petite question à vous poser.
Bonjour mon garçon … Tous deux tiquent en voyant la tenue que porte le genin, les yeux finissant par se poser sur ses pieds nus. Tout va bien ? Tu as un souci ? Ils semblent vraiment inquiets.
Oui tout va bien pourquoi ? … Il hésite un instant en comprenant la source de cette question. Je suis en plein entraînement en fait ! Je m’appelle Yuurei Miiru et je suis avec le monsieur là-bas. Il se tourne et pointe du doigt Yashiro avant de reporter son attention vers les gardes. Yashiro-senseï m’a pris sous son aile en attendant que mon équipe soit mise sur pied. Il est très gentil avec moi, mais parfois c’est pas toujours facile !
Hé bien voilà qui est rassurant de savoir que quelqu’un s’occupe de toi. Mais tu es certain d’avoir l’âge d’être genin ? Le petiot serre les dents, encore cette remarque. Il se raidit sur place, droit comme un I.
Je suis sorti de l’académie il y a quelques jours. J’ai onze ans et bientôt douze ! J’ai pas mon bandeau avec moi mais Yashiro-senseï peut vous le dire. Il décoche un large sourire pour se donner un peu plus de chance. Mon senseï m’a mis au défi de pouvoir escalader les parois de la porte de Konoha.
AH ! Mais oui ! C’est le second qui prend la parole pour la première fois. Je vois qui tu es. Tu viens souvent avec ton frère non ? Miiru hoche de la tête en signe d'approbation. Laissons le passer Kai, il vient souvent monter au-dessus des portes pour voir si une de nos équipes revient.
T’en est certain ?
Son senseï lui a demandé. Et puis tu ne l’as jamais entendu accueillir une équipe qui revient de mission.
Okay … Tu peux dire à ton senseï que vous avez la permission de l’escalader, mais on vous garde à l’oeil.
Rhooo ! Tu es trop dur Kai. Allez petit va dire à ton senseï que c’est d’accord.
Merci beaucoup ! Miiru se penche une dernière fois en signe de respect avant de faire volte face et de se mettre à courir vers celui qu’il a présenté comme étant la personne l’ayant pris sous son aile. Il arrive à son niveau tout sourire.
C’est bon ! On peut y aller Yashiro.
L’enfant ne perd pas un instant pour se diriger vers le pied de l’édifice. Il crache sur ses mains avant d'agripper la première des prises. Est-ce que ça sert vraiment à quelque chose ? J’en doute mais c’est une habitude qu’il a prise, action lui donnant l’impression d’être plus performant. Ce n’est qu’au bout de quelques minutes que l’enfant pose sa main sur le dessus de la structure des portes. Se hissant à une quinzaine de mètres du sol en tirant la langue de sa bouche avant de lâcher un long soupir. Le petiot place ses petites paluches sur ses hanches, faisant face au chûnin, large sourire dévoilant ses dents du bonheur.
On y est ! Ça manque de friandise pour tuer le temps mais on y est ! L’enfant fixe quelques instants la route avant de s'asseoir. Les commissures de sa bouche sont toujours étirées. C’est chouette que tu sois shinobi depuis si longtemps Yashiro … Mais ça n’a pas été ennuyant de quitter l’endroit où tu étais avant ? Moi j’aimerais pas devoir partir de ma maison … Elle est trop bien ! Il se tait durant un instant, le regard un peu triste à cette idée avant de redresser son torse d’un geste brusque et de planter ses mirettes dans les yeux du chûnin. Vu que t’es vieux tu dois avoir beaucoup de famille non ? Moi j’ai mon papa, ma maman, mon grand-père, le meilleur frère au monde et six soeurs ! Tu as des enfants ? Ils ont quel âge ? À croire que pour lui, au-dessus d’un certain nombre de printemps passés, il est obligatoire d’avoir une progéniture. Cette frénésie de parole est de retour, le débit bien plus grand accompagné par la totalité de son corps s’accélérant dans le moindre de ses mouvements. OH ! OH ! Je sais comment on peut passer le temps en attendant le retour de shinobis en mission ! Il plaque ses mains sur le dessus de la construction, les genoux toujours en contact avec elle. Abordant un visage on ne peut plus jovial. Mon rêve à moi c’est que l’hokage accepte que je sois dans la même équipe que mon frère ! Et toi c’est quoi ?! Quelle tentative d’échange inégale. Comment peut-on mettre à niveau l’espoir le plus profond d’un enfant en comparaison à celui d’un jeune homme de vingt-trois ans ? Hmmmm ... Est-ce vraiment le cas ? Le plus important n’est-il pas de dévoiler sincèrement l’envie la plus profonde qui nous nourrit ?
Yashiro Shindo
Konoha no Chunin
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« Onze ans et trois quarts ? » Miiru avait un certain sens de la formule ; Yashiro ne manqua pas d’adresser un sourire enjoué au trait d’humour – probablement involontaire – du genin. Le sabreur s’interrogea également sur cette question d’équipe ; la tournure de phrase de l’enfant avait l’air de cacher quelque chose, mais ce dernier ne laissa pas le temps à Yashiro de creuser le sujet.
Miiru accepta son rôle de négociateur, mais possiblement avec une certaine défiance à en juger par ses sourcils froncés. Le jeune homme ne comprit pas réellement ce que signifiait cette réaction. Il ne chercha néanmoins pas à en savoir plus et il s’adossa contre un mur, se contentant d’observer l’enfant s’approcher des deux gardes de la porte. Après tout, tous deux venaient juste de se rencontrer et ne se connaissaient pas réellement ; une certaine méfiance pouvait être compréhensible, d’autant plus que Yashiro pouvait parfois passer pour un original. Le chûnin constata par ailleurs que c’était la deuxième fois qu’il se retrouvait à faire de l’escalade avec un genin du village : lors de sa rencontre avec Ento du clan Senju, il s’était retrouvé dans des péripéties simitaires.
Yashiro fut rapidement sorti de ses pensées, constatant que Miiru, en pleine discussion avec les gardes de la porte, le pointait du doigt. Une sensation d’inquiétude vint lui caresser brièvement l’épiderme. Ce sentiment s’évanouit cependant aussitôt, puisque l’enfant se rapprocha finalement, lui indiquant qu’ils pouvaient bel et bien tous deux escalader les portes.
« Bon bah c’est on peut y aller, c’est parti ! Le dernier arrivé aura un gage ! »
Le jeune homme comptait bel et bien se prêter sérieusement à l’exercice. Attendant malgré tout que Miiru commence à grimper, le sabreur escalada avec un entrain certain ; il prenait appui sur les morceaux de bois qui dépassaient de la structure et utilisait toute sa force pour accélérer chacun de ses mouvements. Les portes étant malgré tout assez haute, il mit plusieurs minutes à finalement accéder au toit de l’édifice. D’une poussée finale de la main il put poser son bassin sur le rebord, puis ramener ses jambes. Son coéquipier du jour le suivit d’à peines quelques secondes ; Yashiro en déduit qu’il avait à faire à un enfant plutôt agile ou habitué de ce genre d’exercice.
« J’ai gagné ! » s’exclama néanmoins non sans fierté le chûnin ; il affichait un sourire malicieux et moqueur. « Je me laisse un peu de temps pour te trouver un gage parfaitement adapté ! »
Le sabreur vint s’installer sur le rebord des portes, les jambes dans le vide, et souffla tout en admirant la vue. Cela lui rappelait sa propre arrivée à Konoha ; il avait remonté le long chemin qui se dressait devant lui. Il s’en rappelait comme si c’était hier : le temps n’était pas aussi clément et il était quelque peu anxieux d’arriver dans un nouvel endroit si plein de monde, lui qui n’était habitué qu’à la solitude et à la tranquillité des bois. À chaque pas qu’avait fait Yashiro, les portes se rapprochaient et son stress grandissait. Arriverait-il à grandir dans cette ville ? Réussirait-il à devenir un grand shinobi ? Si l’avenir prouva que oui, l’enfant qu’il était n’en était pas persuadé, bien au contraire. Presque mélancolique, il voulut coucher sur le papier ces quelques souvenirs et le ressentit qu’il en tirait. Il chercha un morceau de papier et un crayon de bois dans sa poche, mais il fut sorti de ses pensées par Miiru, justement curieux du passé du chûnin.
« Comment c’était de quitter ma maison ? », Yashiro sortit la main de sa poche, abandonnant l’idée de prendre des notes et réfléchit quelques instants. « Je pense que ça m’a pas trop dérangé. Je vais pas te mentir, j’avais un peu peur de l’inconnu, mais je crois que j’ai toujours aimé découvrir de nouvelles choses, donc je pense qu’à la finale j’étais surtout très curieux ! »
La réalité était certes plus nuancée, mais le chûnin ne se voyait pas se confier sur ses craintes d’enfance ; la réponse de Miiru lui permit par ailleurs de rebondir sur un ton un peu plus léger.
« Vieux moi ?! », Yashiro mima grossièrement – et avec beaucoup d’exagération – une expression de choc. « Attention à ce que tu dis, on est à quinze mètres de haut ! », montrant ses deux mains à Miiru pour lui faire comprendre qu’il pouvait le balancer par-dessus bord, il reprit. Il espéra néanmoins que l’enfant comprendrait son trait d’humour, certes particulier, et qu’il ne serait pas effrayé par son comportement. « Je suis loin d’avoir une aussi grande famille que toi, je suis fils unique ! Je vois ma maman de temps en temps, mais mon papa est parti quand j’étais jeune. Je sais pas trop où il est ni ce qu’il devient, je sais juste que c’est un samouraï. Quant à avoir des enfants… j’en suis loin, je suis un grand timide ! »
Yashiro éclata de rire, même si Miiru venait de lui mettre un sacré coup de vieux. Devait-il déjà penser à mener une vie de famille ? Trouver quelqu’un, se mettre en retrait de ses occupations de shinobi et fonder un foyer ? Pour lui, il était encore bien trop tôt pour ça : il n’était pas assez mature et il voulait accomplir tellement de choses et voir tellement d’endroits avant de réfléchir à se poser. La nouvelle question de Miiru vint à merveille s’associer aux pensées du jeune homme.
« Un rêve ? », décidément le garçon était bien curieux, ce qui plaisait à Yashiro. « Oui j’en ai un ! Un jour j’aimerai découvrir un endroit où personne n’est jamais allé ! C’est peut-être un poil plus ambitieux que le tien, mais je sais pas si j’arriverai à le réaliser… »
Yashiro soupira un instant ; il espérait un jour avoir une plus grande liberté de mouvement pour s’atteler à ce rêve. Mais il n’était pas pressé : après tout, malgré les moqueries du genin, il était encore jeune et avait tout le temps du monde devant lui.
« Je viens de penser… Comment il s’appelle ton frère déjà ? », le sabreur n’avait pas réussi à retenir cette information lorsque Miiru l’avait innondé de tout un tas d’information. « Je connais un peu la hokage, je l’ai rencontré y a pas longtemps dans des circonstances qui… rapprochent », il s’était plus embarrassé qu’autres chose face à la cheffe du village aux bains publics, mais il n’allait pas, là encore, dire toute la vérité. « Je pourrai peut-être lui en toucher deux mots si je la recroise ! »
Le jeune homme n’eut pas le temps de se replonger bien longtemps dans ses pensées. Au loin, un groupe de trois personnes émergeait de l’horizon. Yashiro fronça les sourcils, comme pour mieux voir, mais il dut attendre que le trio avance pour distinguer la présence de bandeaux de Konoha. Avançant sous un ciel ensoleillé, les ombres liées aux déplacements des trois shinobis dessinaient de belles formes variées ; une atmosphère presque magique se dégageait de la scène.
« Tiens regarde Miiru, ce que tu voulais voir arrive ! Tu avais raison, c’est vrai que c’est sympa… »
Yuurei Miiru
Konoha no Genin
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Miiru possède de grands yeux hétéroclites, le gauche est rose alors que le droit lui est bleu. Il semble avoir huit ans malgré ses onze années. Il est très petit pour son âge. Souvent couvert de bleus et d'égratignures accompagnées de saletés sur ses vêtements. Incisives supérieures du bonheur et du lapin. Il aborde la plupart du temps un sourire.
Miiru est à la fois déçu et fier de sa défaite, il est certes arrivé second mais de peu face à un chunin. Lui qui sort à peine de l'académie a fait une belle performance. L'idée que Yashiro ne se soit pas donné à fond ne lui effleure même pas l'esprit. Il est vrai que l'enfant est habitué à ce genre d'exercice, mais je doute qu'il puisse être si bon face à un supérieur en grade et en âge. Après tout l'homme a bien plus d'expérience que le gamin … Allez savoir où est la vérité. Il est bon, aucun doute sur ce point, mais à quel point l'est-il ? Au vu du large sourire qu’il aborde à l’annonce de sa défaite, c'est la fierté qui a pris le pas.
L'exagération de l'expression de Yashiro permet à Miiru de comprendre que l'homme rigole en lui présentant ses mains … Et puis qui serait suffisamment bête pour balancer quelqu'un alors que deux gardes se trouvent un peu plus bas ? Quoi que, il pourrait faire passer ceci pour un accident … Mais l'enfant a une vision bien ancrée des shinobis de Konoha et celle-ci ne comprend pas de meurtrier. Oui, ses avis sont souvent noirs et blancs sur pas mal de sujets. Je dirais que c'est la panache des enfants ayant grandi dans un cadre de vie idyllique sans aucune embûche.
Son coeur est piqué en entendant la situation familiale de Yashiro … Ça doit être triste d’être seul. Comment faisait-il petit quand il avait peur de quelque chose pendant la nuit ? Et quand il s’ennuyait à la maison ? Il chasse l’idée de n’avoir que sa mère comme entourage, sentant que s'il s'enfonce dans cette illusion il pleurera … Hors de question de s’imaginer une vie sans Tsuku et ses proches.
Miiru lève un sourcil et fronce l’autre. Comment ça plus ambitieux ? Il prend mal cette affirmation, en quoi ce n’est pas ambitieux de vouloir faire équipe avec son jumeau ? En quoi c’est mieux de vouloir voir un lieu sur lequel aucun humain n’a posé les yeux ? C’est ce que ressent l’enfant sous ce mot. Bien sûr que le chunin à raison, il n’y a aucun doute sur ce point. Mais par pour le petiot, pour lui c’est justement l’inverse, vision biaisée par ce sentiment d’injustice de parole. Ça transparaît dans ses mouvements, ils sont plus lents et bien moins nombreux. Ses yeux le démontrent également, assombri par cette réponse. Ceux-ci ne restent pas bien longtemps dans cet état, récupérant ce côté pétillant qu’il aborde la plupart du temps. Accompagné d’un sourire placardé sur sa face.
C’est vrai ?! Tu pourrais vraiment lui demander ?! Ça serait vraim …
Le genin se tait, les étoiles dans son regard disparaissent tout comme la risette qu’il abordait un instant plus tôt. Il pose son menton sur ses genoux, enlaçant ses jambes de ses bras. Sa cervelle est tiraillée entre deux idées. Celle de voir son rêve se réaliser et celle de tirer Tsuku en arrière, bien qu’il ne soit pas vraiment conscient de ce dernier point.
Il s'appelle Tsuku …
Sa voix est fluette, ses pupilles se posent sur la route menant au village. Il brûle d'envie de demander à Yashiro d'en parler avec celle qui est à la tête de Konoha, mais ne le veut pas en même temps. Est-ce que ce ne serait pas égoïste ? Il n'y a aucun doute sur le fait que son frère se plaît dans l'équipe avec laquelle il est … Rien qu'à l'écouter parler d'eux, il est impossible de penser le contraire. Serait-il plus heureux en étant avec lui ? Peut-être et même sûrement, mais il serait également déçu. Les jumeaux sont si proches qu'il est difficile de trouver deux personnes partageant un lien aussi fort, mais il est peut-être temps d'en créer de nouveau. Miiru est tiraillé entre la jalousie qu'il ressent envers les coéquipiers de Tsuku et le bonheur de le voir s'épanouir. Le genin décolle son menton de ses genoux, fixant celui-ci vers le chunin. Il aborde un large sourire, figé et ne démontrant aucun sentiment. Ses yeux rougis permettent au contraire de comprendre ce qu’il ressent vraiment.
C’est gentil, mais non Yashiro … Il soupire avant de se mordre l’intérieur des joues. Ce serait tricher. Si tu rends mon rêve réalité c’est plus mon rêve ! Il faut que ça reste le mien !
Son coeur se fend sur ces mots, il plonge son visage dans ses bras. Serrant les dents pour contenir les larmes qui ne désirent qu’une chose, s’écouler sans jamais s’arrêter.
Les mots de Yashiro forcent l’enfant à quitter cette position foetale. Relevant son visage pour s’assurer de la véracité de l’information. La vision de cette équipe revenant au village chasse les sentiments négatifs qu’il ressent.
Oh ! Il faut les accueillir !
Il se relève d’un bond en positionnant mal l’un de ses pieds. Brassant l’air de ses bras pour reprendre son équilibre, passant à un cheveux de tomber en arrière, le postérieur en premier. Miiru aborde son fameux sourire malgré cette maladresse, trop habitué pour la relever.
Hey ! Ses mains se positionnent autour de sa bouche pour que sa voix porte plus loin. MERCI ! Merci de ce que vous faites pour nous ! C’est une scène bien étrange, un petiot en pyjama, pieds nus, ne tenant pas en place à côté d’un homme bien plus calme. Vous êtes les meilleurs ! C’est grâce aux shinobis qu’on est tranquille à Konoha ! Il tente de glisser sa main là où se trouverait une poche, inexistante sur sa tenue. Mince … J’ai pas pris de pêche avec … Il regarde tout autour de lui à la recherche d’un cadeau, rien malheureusement. Je suis désolé je n’ai rien pris pour vous aujourd’hui ! Il rougit de honte.
Ça fait plaisir d’être accueilli comme ça ! L’homme stoppe sa marche et tend un pouce en l’air vers l’enfant, suivi du reste de l’équipe. Ton frère n’est pas là ?
Non … Il doit s’entraîner avec son équipe aujourd’hui ! Mais il aurait les mêmes mots !
On n’en doute pas Miiru, vu le dernier accueil que vous nous avez offert. Tu as aussi réussi ton examen ? L’enfant se fige sur place, droit comme un I et frappe son torse comme Yashiro l’a fait un peu plus tôt.
Je suis genin maintenant !
Félicitations Miiru ! C’est ton senseï avec toi ?
Les yeux de l’enfant s’ouvrent en grand. Que peut-il répondre à cette question ? C’est de cette façon qu’il l’a présenté aux gardes. S’il déclare que non il risque de s’attirer des problèmes et s’il dit que oui il peut avoir le même souci. Le petiot déglutit en tournant sa tête vers son camarade de la journée.
S’il te plaît … Un sourire gêné se placarde sur son visage avant qu’il reporte son attention sur l’équipe revenant de mission. Pour le moment oui ! En attendant que je rencontre mon équipe Yashiro-senseï s’occupe de moi !
Le temps s’arrête durant quelques secondes pour l’enfant, c’est en tout cas l’impression qu’il a. Espérant de tout coeur que son faux senseï va aller dans son sens, sans quoi il pourrait avoir quelques soucis avec les gardes en contrebas.
Yashiro Shindo
Konoha no Chunin
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« Tsuku », tel était le nom du frère de Miiru. Yashiro avait presque littéralement dû tendre l’oreille tant la voix du genin s’était exprimée faiblement ; le chûnin retint malgré tout le prénom. Cela s’avéra néanmoins peu utile puisque l’enfant fit finalement volte-face et demanda à Yashiro de ne pas interférer dans sa quête. Le jeune homme soupira intérieurement et afficha un large sourire : à ses yeux, les prétentions de Miiru étaient honorables.
« Très bien, je comprends, je ne ferai rien alors ! »
Cette décision arrangeait presque Yashiro : il n’était pas non plus tant que ça dans les papiers de la Hokage et il n’était pas vraiment sûr qu’il puisse influencer une telle décision. Il n’en dit rien, préférant garder l’image d’un quasi-héros aux yeux de son camarade du jour. Miiru semblait par ailleurs perturbé par ce revirement de situation – bien qu’il l’ait lui-même voulu – au point d’avoir les yeux humides et de se mettre dans une position fœtale.
La situation était quasi grotesque et Yashiro ne sut trop comment réagir ; pas très à l’aise, il se contenta d’assener une maladroite tape amicale dans le dos du genin. Fort heureusement, l’arrivée de l’équipe de ninjas aux portes du village vint changer la donne et Miiru retrouva le sourire et la joie – peut-être même un peu trop. En effet, tout un festival d’encouragements, assenés à un volume sonore élevé, fusèrent tout d’un coup. Le sabreur pouffa de stupeur, impressionné de voir que l’enfant pouvait instantanément passer de la mélancolie à la joie extrême. L’équipe de shinobi apprécia le spectacle et – d’après leurs déclarations – Miiru était loin d’en être à son coup d’essai et s’était même taillé toute une réputation. Yashiro se demanda comment il n’avait jamais pu tomber sur lui ; nul doute qu’il aurait lui aussi apprécié être acclamé avec une telle ferveur à ses retours de mission.
Les deux hommes questionnèrent alors Miiru sur la présence de Yashiro, décrit comme son « sensei ». L’enfant changea alors à nouveau d’attitude pendant l’espace d’un instant ; il avait l’air partagé entre la gêne et l’inquiétude. L’enfant adressa alors un regard et une phrase à demi-mot à Yashiro qui comprit qu’il devait se prêter au jeu. Il ne savait pas réellement pourquoi, mais il ne chercha pas à mettre le genin dans une situation inconfortable. Il ne s’agissait après tout que d’un petit mensonge et le sabreur était lui-même un grand pratiquant de la méthode. Miiru n’attendit pas que Yashiro confirme la question du shinobi et répondit directement par l’affirmative. Le chûnin fronça les sourcils, mais accepta de donner un peu plus de force au propos de l’enfant en allant de son sens.
« Oui, je suis son senseï depuis… peu ! »
« Bon courage à vous alors, ça ne doit pas toujours être simple de le suivre ! »
« Ah ça… Je ne vous le fais pas dire », le ton railleur de Yashiro fut accompagné d’un large sourire qui dévoilait toutes ses dents.
Une fois que les shinobis eurent franchi les portes du village, Yashiro se releva du rebord et se retourna vers Miiru. Les mains sur les hanches, il était bien décidé à mener l’enquête.
« Alors Miiru, qu’est-ce que c’est que ces carabistouilles ? », le jeune homme tenta du mieux qu’il le put d’imiter la voix d’un inspecteur de police – si tenté que les inspecteurs de police aient une voix particulière. « Alors comme ça je suis ton sensei… ? Je croyais que tu avais déjà une équipe ? Mais surtout, que ce soit le cas ou non, pourquoi tu leur as dit ça ? », le sabreur n’était pas en colère, ni agacé par le comportement de l’enfant : simplement, il ne comprenait pas sa logique.
Yuurei Miiru
Konoha no Genin
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Miiru possède de grands yeux hétéroclites, le gauche est rose alors que le droit lui est bleu. Il semble avoir huit ans malgré ses onze années. Il est très petit pour son âge. Souvent couvert de bleus et d'égratignures accompagnées de saletés sur ses vêtements. Incisives supérieures du bonheur et du lapin. Il aborde la plupart du temps un sourire.
Les premiers mots de Yashiro remettent en place l’écoulement du temps pour l’enfant. Il n’aura pas à s’inquiéter d’être poursuivi pour tromperie envers un shinobi. Est-ce que ça aurait eu un véritable impact ? J’en doute, peut-être au pire une remontrance pas réellement soutenue pour lui indiquer que ce genre d’actes n’ont pas lieu d’être au sein du village. Et encore … Après tout, le mensonge fait partie entière des capacités qu’un ninja doit posséder. Cette habileté permet de pouvoir se défaire de certaines situations ou d’en réussir d'autres, comme il l’a fait un peu plus tôt. Si on devait vraiment lui reprocher quelque chose ce serait sa capacité à être bon dans ce domaine. Déclarer que Yashiro est son senseï alors que celui-ci n’est pas au courant et se trouve au même endroit est très risqué. En un instant il est possible de se rendre compte du bobard à l’aide d’une simple question à l’intéressé. C’est tout de même malheureux de se rendre compte de cette faiblesse, en sachant qu’il pratique cet art depuis qu’il a appris ses premiers mots … Pratiquement onze ans d’expérience et toujours incapable de bien le faire … À ce rythme là il est foutu …
Miiru serre les dents en entendant qu’il n’est pas simple à suivre. À ses yeux c’est totalement faux, bien qu’il se trompe. Il n’y a justement rien de plus vrai, il n’est pas du tout facile de supporter ce petiot. Rien que son trop plein d’énergie est une horreur, surtout quand il se lâche réellement. L’un des pires reste tout de même ses sautes d’humeur, passant du coq à l’âne sans prévenir. Mais, ce qui est vraiment difficile pour certaines personnes, c'est cette façon dont il a de vivre dans l’ombre de Tsuku et de le transmettre dans ses paroles, ce qui est vraiment triste pour un adulte, mais encore plus pour un enfant.
Bonne journée tout le monde ! Et encore merci !
Le genin décoche un large sourire tout en brassant l’air de ses bras pour saluer une dernière fois l’équipe qui le remercie de trois pouces en l’air. Miiru fait un pas en arrière en reportant son attention sur son faux senseï, le voyant debout face à lui. Il est impressionné par la différence de taille mais surtout pas celle de grade. Lui qui vient à peine de débuter officiellement sa carrière est en compagnie de quelqu’un s’étant engouffré dedans peu de temps après sa naissance. Miiru enfonce sa tête dans ses épaules, ses pupilles plaquées sur ses paupières du dessus, fixant Yashiro en abordant une bouille à la fois gênée et désolée. Le tout lui donnant un côté très mignon, accentué par ses pommettes rougissantes.
* Carabistouille ? Ça veut dire quoi encore ? … J’ai déjà entendu grand-père le dire mais je sais plus … Ça doit être une bêtise je pense …*
Le ton que le chuunin prend enfonce un peu plus la nuque de l’enfant qui étire ses lèvres vers le bas tout en les entrouvrant. Il joue en cet instant, sans s’en rendre compte, une carte naturelle chez lui. Celle du gamin regrettant sa bêtise tout en étant pris la main dans le sac. Les yeux du Yuurei fixent le toit alors que la pointe de son pied gauche frotte celui-ci dans des mouvements semi-circulaires répétés.
Je suis désolé Yashiro … Miiru prend une profonde inspiration avant de relever son menton vers le visage de son compagnon de la journée. Bien sûr que j’ai une équipe ! Il détourne son regard, reprenant d’une voix gênée accompagnée d’un visage triste. C’est juste que je l’ai pas encore rencontrée alors que Tsuku oui … Et comme beaucoup des autres genins de ma classe. Je crois qu’avec mon équipe on est les seuls à pas avoir encore commencé … C’est pas juste … L’enfant se penche en avant en signe de respect et d’excuse. Je suis vraiment désolé Yashiro … Si j’ai dit que tu es mon senseï c’est parce que pour moi c’était le choix qui avait le plus de chance de réussir. Tu m’as donné une mission et je voulais absolument la réussir … Parfois des gardes veulent pas qu’on monte avec Tsuku. Je me suis dit que si c’était une senseï qui le demandait ça serait plus facile … Le petiot se relève, les sourcils froncés, pas par colère mais d’embarra. Je veux pas que Tsuku devienne plus fort que moi … On a toujours été les mêmes et s’il a plus de biscotos que moi ça sera plus le cas … Je veux pas perdre mon frère …
D’une position debout, il passe à une accroupie en un clin d’oeil, tenant sa tignasse entre ses mains, serrant son crâne aussi fort qu’il le peut. Ses yeux se teintent une nouvelle fois de rouge, ne laissant cependant pas couler la moindre larme, elles qui ne demandent que couler à flot.
Je suis vraiment désolé Yashiro … Je voulais pas te …
Miiru se stoppe dans ses paroles, ses paupières s’ouvrent en grand. Une idée vient de lui traverser la cervelle, il ne comprend pas pourquoi il n’y a pas pensé avant. Après tout, l’homme face à lui est un shinobi ayant un certain bagage. Il lui faut cependant quelques secondes avant de décoller sa chevelure de ses mains et de relever la tête, toujours dans cette position bien ancrée aux tuiles, le postérieur pas bien loin de celles-ci. Son visage aborde un large sourire, dévoilant ses dents du bonheur et un regard pétillant d’espoir. Ses pommettes sont toujours rougies par la gêne d’avoir été pris la main dans le sac.
YASHIRO ! Il se redresse d’un bond, se penchant une nouvelle fois en avant. Bien plus bas que les autres fois. Tu veux bien que cette bêtise soit vraie en attendant que je retrouve mon équipe ?! Tu pourrais m’aider à ce que je sois toujours comme mon frère ! L’enfant déglutit tout en fronçant les sourcils, cette fois-ci sous l’inquiétude de la réponse qui lui sera donnée. Après tout, il est possible de que le chuunin soit déjà en charge de genins ou qu’il soit lui-même sous les ordres d’un junnin. Une nouvelle fois le temps se suspend pour le petit, il a tout bonnement l’impression de jouer son futur sur ce coup.
Yashiro Shindo
Konoha no Chunin
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Le garçon se confondit en excuses, ne sachant trop visiblement où se mettre, comme si un immense secret venait d’être découvert par Yashiro. Le sabreur était d’ailleurs étonné de cette réaction et avait bien du mal à cerner le caractère du petit Miiru. Il trouvait étonnant qu’un enfant avec autant d’énergie et aussi peu timide puisse manquer à ce point de confiance en lui. Cette quasi-dualité de caractère était loin d’être commune et donnait un mélange pour le moins étonnant.
« Ça va, pas besoin de t’excuser ! », Yashiro avait bien du mal à trouver les mots face au garçon dans une position un brin ridicule, en train de se tenir la tête et au bord des larmes. « Il n’y a pas mort d’homme, c’est pas très grave ! », le chûnin s’arrêta un instant pour jauger l’enfant, puis tenta une ultime argument pour le « calmer ». « En tous les cas, ça ne vaut pas la peine de se mettre dans cet état ! »
Si le jeune homme avait bien du mal à trouver ses mots, c’est qu’un profond sentiment de gêne s’était emparé de lui face à cette scène et ces réactions surréalistes à ses yeux. Il voulait que cette situation s’arrête et repartir sur une discussion plus « normale ».
La situation resta finalement un poil ubuesque, mais au moins Miiru retrouva sa bonhomie en demandant à Yashiro de devenir son sensei « jusqu’à ce qu’il retrouve son équipe ». Le sabreur ne comprit pas cette demande ni cette condition. Le garçon avait-il une équipe ou avait-il menti dans le but de devenir le compagnon d’infortune de Yashrio ? Le chûnin n’en avait aucune idée, il n’arrivait pas à déchiffrer les intentions de son acolyte du jour.
« Mais… Tu as une équipe ou pas ? Parce que si tu as une équipe, je peux pas vraiment être ton sensei… Tu es censé rencontrer tes camarades quand ? Dans deux jours ou dans trois mois ? »
Espérant ainsi obtenir un poil plus d’informations et démêler le vrai du faux, Yashiro soupira de fatigue. Est-ce que l’enfant hyperactif lui proposait réellement d’être son maître ou cherchait-il un bouche-trou pour quelques jours ? Si cette deuxième option ne faisait pas réellement rêver, le chûnin osa espérer qu’un enfant ne réfléchissait pas ainsi.
Et après tout, cette proposition offrait à Yashiro quelques avantages. Jusqu’ici, il avait refusé d’encadrer formellement des genins ; les autorités du village lui avaient plusieurs fois proposé des élèves, mais, par pure fainéantise et pour fuir la moindre responsabilité, il avait systématiquement décliné. En montrant patte blanche et en signalant à Konoha qu’il s’occupait d’un jeune shinobi, peut-être que le village serait plus clément envers ces prochaines fresques. Par ailleurs, si en plus il s’agissait d’une situation temporaire, Yashiro n’aurait pas à supporter cette pile électrique trop longtemps.
C’est donc un poil manipulateur, mais aussi parce qu’il aimait bien Miiru malgré son côté hyperactif, que Yashiro accepta la proposition du gamin.
« Bon tu sais quoi ? C’est d’accord ! Je vais être ton sensei, on va essayer et on va bien voir ce que ça donne. Par contre je commence à avoir faim donc la journée d’intronisation de l’équipe, ça sera un autre jour », Yashiro leva le doigt, comme pour donner un aspect cérémoniel et officiel à son propos. « Je te donne donc rendez-vous dans deux jours au terrain d’entrainement bordant l’académie ninja. Juste au cas où : tenue correcte exigée ! D’ici là, tu as quartier libre, tu peux te venter auprès de ton frère ! »
Après avoir vu les derniers détails auprès de Miiru, Yashiro salua son premier et nouvel élève. Sur le chemin du retour, il repensa au gage qu’il devait donner au genin. Nul doute qu’il trouverait une bonne idée dans les deux jours suivants pour accueillir le garçon à l’entrainement de la plus belle des manières.
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