Le solstice approchait à grands pas et les festivités gagnaient le cœur de la cité des sables. Bien entendu, point de neige à l’horizon, tout juste quelques degrés perdus qui rendaient finalement le désert plus vivable que le reste de l’année. Pourtant, croyance ancienne et sans doute tout aussi lointaine, le rendez-vous était pris chaque année. Pour l’occasion, des décorations criardes peuplaient les ruelles ensablées : Rouge, vert et blanc entremêlés.
Au centre de la plus grande place, l’intendant en compagnie de sa vieille grand-mère de cœur, s’affairaient tous deux au parachèvement des décorations. La portant sur ses épaules, il pestait autant qu’il souriait, pendant que dans un équilibre précaire, celle-ci s’apprêtait à déposer le Shuriken en haut du baobab. Tous avaient participé à l’érection du symbole de l’hiver sunajin. Les Shirogane, avec leurs fils sur lesquels pendaient des pompons colorés. Les Akayuki, qui avaient apporté des boules d’or rutilantes, alors que les Kusaribe en avaient fait de même avec des boules d’argent. Même les Serika avaient été inventifs ! Maniant le sable, ils avaient par une magie qui était inconnue au pauvre Hayato, mis en place une chute perpétuelle de grain sur l’arbre. Celui-ci apparaissait dès lors, comme coincé pour l’éternité dans une tempête de sable. La participation des Nozomo était certes modeste, mais au combien symbolique ! Peuple guerrier, ils étaient les propriétaires du shuriken qui finirait d’habiller l’ensemble. (Oui je sais. C’est naze.) Et les Tomei dans tout ça me direz-vous ? Simple ménagement de suspense vous répondrais-je ! Toujours plus astucieux et expert dans leur domaine. Les meilleurs souffleurs du Sekai avaient mis au point des fioles de verre luminescente ! La nuit, celles-ci éclairées de toutes les lueurs, autant l’arbre que les ruelles ! Un spectacle au combien magique et féérique, qui tranchait tant avec l’atmosphère martiale de la cité !
Sur le terrain d’entraînement, sautant, glissant, criant, jouaient à l’antique jeu du désert, petits et grands. Celui-ci avait été entièrement recouvert de sable blanc détrempé. Les sunajins s’adonnaient alors à une bataille générale ! Les boules de sable blanc fusées en tous sens, et explosées en des gerbes aussi douloureuses qu’insupportables. Qu’existait-il de pire que les grains mouillés qui pénétraient en dessous des vêtements ? Yukio, habile et taquin coquin, avait parfaitement joué son coup et le voilà dos à dos avec sa belle Shirogane, en plein cœur du champ de bataille. Il avait dû la jouer fine pour la convaincre ! Enfin… convaincre était un bien grand mot à en juger le visage blasé de ladite dame. Face à eux, nul autre colosse que le resplendissant et sulfureux futur Kazekage, Shirokuma. Eh bah oui. S’il y avait l’occasion de se mettre sur la tronche, vous vous doutez bien que les Akayuki ne seraient pas loin ! Pas loin non plus, le vrai colosse de Suna. Ningyo, l’enfant de deux mètres, observait à l’écart toute l’agitation. Les plus habiles observateurs, ne manqueraient pas de remarquer que toute son attention était portée sur la blonde aux cicatrices. Suçotant un sucre d’orge, offert par sa charmante sœur et moulé à la manière d’un bâton (clin d’œil astucieux au bâton de marche des nomades) il fut rejoint silencieusement et très vite, avec un peu de gène, par nul autre que l’archère préférée de l’équipe Tanuki. Caché derrière son dos, la douce Takeda, tenait une boite emballée de soie. Qu’avait donc fait le marionnettiste pour mériter pareille attention ? Eh bien… Rien de spécial à vrai dire. Enfin si, peut-être bien, mais pour le moment tout cela n’était que rumeur ! Je le jure monsieur juge ! Non ! La vraie raison reposait en une superstition. Que je m’en vais vous compter :
"Car de toute l’année les cieux par sa bénédiction te protège. Alors lorsque l’heure des plus longues ténèbres de l'année arrive, du surplus tu devras te détacher et le bonheur, propager."
Mais qu’est-ce donc que ce charabia ? Pour la faire simple, toi petit sunajin qui a profité des bénédictions du beau temps. Rétribue à l’ensemble de la communauté, une partie de ton fruit ! Bref. Offre des cadeaux quoi !
Comble des festivités, l’échange de présent devait se faire sous le Baobab du solstice. Chacun déposait au moins une boîte, où il aura griffonné le nom du destinataire. À minuit pile, la chasse était ouverte ! Tout le monde pouvait se ruer sur les boîtes et découvrir leurs nouvelles possessions ! Mais nous n’y étions pas encore ! Car tout juste la nuit commençait elle à tomber !
Profitant d’un breuvage chaud et alcoolisé fleurant bon les épices, les deux perfides mutins Shirogane riaient sous cape. Avaient-ils préparé un maléfice ? Ou bien étaient-ils simplement un peu sou. Qui pouvait bien le savoir ? Accompagné de sa sœur, le chapelier se fondait plutôt bien dans la masse. Lui qui d’habitude arborait des vêtements extravaguant, faisait presque office d’homme prude dans le contexte présent. Son camarade Mamushi, lui, était carrément des plus mornes. Était-ce le poids de la traitrise qui pesait si lourd sur son cœur ? Ou bien simplement aimait-il s’habiller sobrement. Oui. Probablement. Toujours était-il que même eux, profitaient visiblement des festivités.
Mais ils ne devraient pas trop se relâcher… Puisque tel un chien suivant sa piste. La shinobi policière, du haut de la plus haute tour du village et en compagnie de Senshi. Observait muette les déambulations des deux Shirogane. Ancienne intendante, elle était restée une amie et un des soutiens indéfectibles du vieil homme. Elle se faisait peut-être discrète, mais restait néanmoins toujours là, tapie dans l’ombre et veillant à la sureté de la cité.
Vous l’aurez compris tout le monde était là. Ensemble et (presque) unis.
Car si Suna fût outragée, si elle fut martyrisée, en ce jour de fête, Suna était libérée.
Alors à la manière d’un sunajin, prenait une large inspiration et reprenez avec moi le refrain bien connu :
Vive le vent, vive le vent, le pays du vent. Qui s’en va sifflant, soufflant sur le baobab vert. Oh ! Vive le temps, vive le temps, vive le temps de l’hiver Boule de sable et jour de l’an et bonne année grand-mère !
Joyeuses fêtes à vous !
Nozomo Yukio
Suna no Jonin
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Totalement prit dans mon rôle de soldat, je roulais sur le côté pour ramasser une bonne dose de sable blanc détrempé. Cette petite masse, je l'agglomérais en une boule que je lançais sur ma cible... pauvre petit enfant Nozomo qui avait essayé de m'avoir, mais j'étais plus rapide. L'expérience et l'entrainement ninja enfin mis au service d'une cause efficace : Casser le cul de pauvres chouineurs ! Le triste bambin se retourna, à moitié sanglotant et à moitié hilare, car il avait bien cherché son sort.
Une demi-heure que le champ de bataille était bondé : Enfant, adulte, même vieux. Tout le monde rappliquait pour gouter à une activité inconnue sur les rivages de notre désert : Les batailles de nei... De truc blanc qui s'apparentait à la neige. De l'Isthme, j'avais ramené quelques références, dont cette poudre blanche. Peut-être que Hayato s'était inspiré de mes récits ? Ou ceux de Ogawa ? En tout cas, les faits étaient là, on avait un ersatz de la substance.
Résolu dans l'amusement, j'avais convaincu Honoka de m'accompagner dans les rudes combats de la vie. La belle n'était pas la plus motivée, mais c'était la période de l'année où tout le monde faisait inconsciemment un effort pour l'amusement commun. Peut-être aussi qu'elle voyait ça comme un entrainement ? "Non, bien sûr que non." Ou bien un moment à passer avec moi. "Un peu mieux". C'était obligé que sans moi, jamais on aurait vu la Shirogane arpenter les champs de neige... Surtout pour risquer de se prendre des boules.
Tout était coloré, tout était joyeux... Rien ne pouvait altérer cette ambiance positive, même pas la présence de Kirai dans un coin, accompagné d'un curieux personnage que je n'avais jamais vu. Très vite, je me désintéressais des activités du gredin pour m'intéresser à une autre cible. Hayato, digne intendant, portait Mamie-maté sur ses épaules pour parachever la décoration du baobab du village. Un sourire sadique apparu sur mes lévres alors que je soufflais à ma compagne une triste consigne :
- Couvre-moi. Ni une, ni deux, je me baissais pour regrouper une grande quantité de ressource pour tirer. De ma distance, je n'allais pas l'atteindre en une fois et je devais préparer plusieurs munitions.
La tête se relevant parfois pour scruter les faits et gestes de mon frangin, je préparais une boule dans ma main droite pour armer mon bras. "Fais pas tomber Mamie !" Un jet puissant, mais peu précis... La sphère passa à quelques doigts de la tête de Hayato. Dommage. Je n'avais jamais été bon en shuriken jutsu... Alors en sable-mouillé-jutsu. Le deuxième jet fut plus chanceux, car je réussis à toucher le torse de l'archer, qui fut enfin obligé de comprendre ce qui se passait.
- Viens te la mettre, HAYATO ! Je voulais peut-être un peu trop gouter à la neige, tellement que je faisais en sorte que mon frère me la fasse bouffer...
Sphinx. Yukio 021
Shirogane Honoka
Suna no Chunin
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Qu'est-ce que je foutais là ? Pourquoi j'avais accepté de ramener mon postérieur ici ? Sérieusement, je vous posais la question ? Pourquoi ? J'aimais clairement pas ce genre de fête, ça me gonflait parce que ça niaisait de partout. Des jolies guirlandes, et vas-y que j'agitais mes boules qui brillaient... C'était pas de mon âge ces conneries, je voulais juste venir picoler un peu - et éventuellement manger gratuitement des trucs cuisinés par Mamie - pas me retrouver entre deux lancers de pâté de sable.
Et pourtant, j'étais bel et bien là, parmi les gosses et les adultes qui s'éclataient, à se lancer des machins à la tronche. Moi, y compris. Pourquoi ? Eh bien la réponse ne tenait qu'à un nom : Yukio. De toutes les manières, le jour où je faisais quelque chose qui ne me ressemblait, il y avait fort à parier qu'un Nozomo pouvait être lié à l'affaire. Comment je m'étais faite avoir ? Facile. L'autre grand hirsute m'avait fait ses yeux de cocker, m'embobinant comme un escroc, presque plus habilement que sa grande perche de frère Intendant. Soi-disant que ça serait drôle, soi-disant qu'on passerait du bon temps, soi-disant que je pourrais sans doute boire comme je voulais et à l'œil...
Sauf que je me retrouvais entre deux attaques de boules de fausses neiges, à suivre les ordres de Monsieur comme si nous étions sur un vrai champ de bataille. J'avais bien évidemment enrôlé ma marionnette, Itori, qui agissait de manière autonome au moindre de mes sifflements. Le seul hic était que je l'employais principalement pour me protéger ou bien lancer de sacré saucer sur nos adversaires, sans aucune pitié. Les grains sables, après avoir reçu de multiples attaques, s'étaient faufilés un peu partout dans les rouages de la poupée et parfois, ces membres se bloquaient. Cela allait être une merde à nettoyer cette affaire.
Alors que mes pensées se tournaient vers les heures de boulot qu'allait me causer cette histoire de bataille de sable, Yukio, lui, était à fond. Au moins, il y en avait un qui s'éclatait et je supposais que j'étais contente pour lui. Je l'étais sans doute. Il se conduisait presque un gosse, dans le bon sens du terme. Je supposais que ce genre de moment lui faisait du bien, une manière de chasser la pression qu'il se mettait lui-même sur les épaules. Ou tout du moins, je le supposais. Je n'avais jamais été une très grande stressée et mon problème était plutôt l'opposé. Je m'en faisais pas assez. C'était ce que me répétait mon vieux continuellement.
Enfin bref. Dans le tumulte du jeu et à l'apparition de son frère avec Mamie sur les épaules, je compris bien vite les raisons de l'ordre qu'il me lança brusquement Yukio. Je reconnaissais son regard de fripouille quand il préparait une connerie. Un privilège que j'avais depuis que je me frottais souvent à lui. Sans me faire prier, je m'exécutais. Je me mis à siffler Itori pour qu'elle m'aidât dans l'entreprise et protégeât ses arrières comme convenu. J'oubliais pas qu'on avait un sacré molosse en plus de la nouvelle cible : un Akayuki. Je ne le connaissais pas personnellement, mais Yukio m'avait déjà parlé de lui. Je savais que c'était un type qui avait le poing lourd, du genre que j'étais pas sûre de me relever si je m'emmerdais de trop.
Finalement, j'allais peut-être laisser Yukio dans ses problèmes, hein ? Moi j'étais pas là pour y laisser des dents. Finalement, je me mis à siffler une nouvelle fois et donnait un nouvel ordre à Itori : celui de faire le boulot à ma place. Ma marionnette s'occuperait de suivre Yukio partout et de protéger ses fesses. Moi ? J'allais boire un coup. Manger un truc surtout. Me dépenser comme ça, ça m'avait donné des fringales. Les garçons pouvaient jouer tranquille, moi je viderais le bar... avec encore ses foutues boules qui brillaient...
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