Un Etrange Parfum Parcourant la Forêt. [PV avec Yukio Nozomo]

Enfin un jour où souffler. Ceci faisait depuis plusieurs semaines que je n’arrêtais pas avec les plus jeunes du clan et j’étais épuisé, chose assez rare pour être notifiée, même si ce n’était qu’à moi-même.

Afin de m’aérer un peu l’esprit, et surtout fuir la horde de marmots me courant après afin d’apprendre toujours plus, j’avais décidé de partir en forêt. Un endroit que j’appréciais particulièrement, la nature, un peu de parkour grâce aux immenses arbres, et surtout une flore ainsi qu’une faune immense.

L’endroit idyllique donc pour que je puisse me défouler en toute sérénité sans que l’on vienne me tirer les oreilles que je fasse trop de bruit ou que j’ennuyais d’autres personnes du clan. C’est donc tout en virevoltant entre les branches et les feuilles que je tranchais devant moi, m’appliquant à ne pas m’arrêter, étant l’intérêt de l’exercice, réussir à continuer à progresser en terrain irrégulier tout en pouvant être offensif.

Si ce n’était pas le plus efficace des entraines, en raison d’absence de cibles précises et qui en générales étaient immobiles, ceci me permettait de me dépenser, une fatigue autre que la fatigue morale que j’endurais avec les jeunes de mon clan. Quand je fus, pour le moment, assez essoufflé, je fis une halte sous un grand saule aux racines immenses, si bien que je pouvais m’asseoir comme dans un siège en m’adossant contre.

Malgré la chaleur, l’air était frai en raison du paysage boisé m’entourant, ce qui n’était pas pour me déplaire. D’ailleurs, ceci me permettrait encore de courir, en effet, je devais chasser pour avoir un peu plus à me mettre sous la dent ce soir. L’idée d’un lapin bien gras me fit saliver et je me mis à rêvasser de quelle façon j’allais le cuisiner. Ceci dura de longues minutes avant que je ne me reprenne et réalise que j’étais toujours au même endroit, un léger filet de bave coulant sur le menton, que j’essuie bien rapidement.

Je me remet alors en route, d’un pas hardi, l’œil à l’affut, les oreilles aux aguets. Plusieurs lapins défilent sous mes yeux, soit trop petits, soit trop musclés ou encore bien trop gras. Je me pose même la question comment celui que je viens de voir peut encore se mouvoir, il ressemble plus à une pelote de laine qu’à un animal. Il avait du tombé sur un festin pour devenir aussi ventrue.

C’est alors que mon regard se pose sur la perle, la beauté, une divinité lapine. La taille parfaite, pas trop musclée, pas trop dodue, le parfait équilibre pour mon repas de ce soir. Rien qu’en me léchant les lèvres mon estomac gargouille et ce gargouillis ne se fait pas qu’entendre par moi. En effet, le lapin s’enfuit !

Une course poursuite commence alors entre arbres, fourrés, arbustes, l’animal n’en démord pas, il ne veut pas se laisser attraper. Si bien que je ne regarde même plus où je vais. Il me FAUT ce lapin, et je l’aurai !

Le temps passe et ce lapin est bien plus rapide que moi, cependant je sens que je vais le coincer, il faiblit, je le sens peu à peu ralentir. Je vois aussi la sortie du bois, là je pourrai le cueillir avec un kunaï. Encore quelques mètres… MAINTENANT !

Alors que je vais pour dégainer mon kunaï je me sens tomber et je vois le lapin tomber avec moi. Je lève donc les yeux… Une falaise… Oh merde…

Je chute alors et commence à crier, étant trop loin de la falaise pour m’y accrocher, je regarde en bas, un bassin d’eau. J’espère qu’il est profond, sinon il en est fini de moi et mon pauvre corps. Je me repli sur moi-même avec le lapin, ayant réussit à le chopper au vol.

J’attends la fin de la chute, qui met presque longtemps à venir, l’étreinte froide de l’eau m’englobe alors. Je me sens m’enfoncer rapidement, espérant ne pas heurter le fond à cette vitesse. Finalement ceci n’arrive jamais, je rouvre les yeux, je n’y vois rien, hormis la surface, illuminé par le soleil. L’eau est foncée, ce qui ne m’aide pas à savoir ce qui m’entoure. La seule info que j’ai, c’est que j’ai le lapin !

Je remonte alors à la surface et me traine jusqu’à la rive où je rampe et tousse ainsi que crache l’eau vaseuse que j’ai ingurgité. Je suis alors sur le dos, reprenant mon souffle, mon regard posé depuis l’endroit où j’avais chuté. Il s’en était fallut de peu, quelques mètres un peu plus à droite ou à gauche et je loupais le trou d’eau où j’avais eu la chance d’atterrir.

Je reste là, le corps en croix à reprendre mon souffle… Après tout maintenant j’avais mon diner.

Alors que j’avais fermé les yeux entre temps pour reprendre mes forces, je les réouvre en entendant des bruits de pas à coté de moi. Je ne m’inquiète pas plus que ça, après tous les clans n’étaient plus en guerre depuis bien longtemps et, de ce que je savais, les relations avec les clans frontaliers étaient plus ou moins sereines.

Je prends alors le temps de détailler mon interlocuteur, des habits normaux, une tête normale, un accent qui n’est pas vraiment différent du mien… Le seul truc qui me chiffonne c’est son katana. Je veux dire par là que généralement les voyageurs utilisent un bout de bois comme bâton de marche… Et c’en était forcément un, du moins quelqu’un d’extérieur au clan, car je ne le reconnaissais pas.

A sa phrase je ne peux m’empêcher d’éclater de rire, c’est qu’il n’a pas tort le bougre, ce n’était vraiment pas la chose la plus futée à faire, j’aurai dû regarder où je mettais les pieds… MAIS LE LAPIN AUSSI AURAIT DU !

A cette pensée je foudroie du regard le corps du lapin qui a rendu l’âme avant de recommencer à rire à ne plus m’en arrêter. Cette scène dure une bonne minute avant que je passe un doigt sous mon œil droit pour essuyer la larme qui allait en perler si je continuais à rire.

- C’est vrai que ce n’était vraiment pas malin. Alala…

Je me redresse alors tout en grognant sous l’effort puis me met à épousseter mon kimono, enlevant poussière et épines qui s’y étaient collé à cause de l’eau.

- Le seul inconvénient c’est que je suis trempé maintenant… Bon… C'est pas bien grave…

Je me redresse totalement pour faire alors face à mon interlocuteur, posant mes mains sur mes hanches, pensant d’ailleurs à m’assurer que j’avais toujours moi-même mon katana. C’était toujours le cas donc tout allait bien.

- Merci ! J’apprécie que tu te sois inquiété pour moi ! Mais… Dis-moi, pourquoi tu es aussi loin des routes ? C’est plutôt rare de voir des gens en pleine forêt…

Demandais-je en me grattant l’arrière du crâne tout en retirant les plusieurs brindilles que j’avais encore dedans tout en le regardant toujours dans les cheveux.

- Tu t’es peut-être perdu ? Je connais bien le coin, tu veux que je te ramène sur la route ? En guise de… Dédommagement on va dire pour t’avoir inquiété.

Je tends alors ma main dans sa direction, lui proposant une poignée de main tout en affichant un sourire des plus sincère.

- Moi c’est Shizukage au fait !

Elançais-je plein d’entrain, bien content de rencontrer d’autres personnes dans des situations, il fallait le dire, des plus cocasses. Ceci ne manquait pas de m’amuser, alors j’étais content de tout ceci.

Imin… Imin… Ce nom me disait quelque chose… Mais quoi, ça c’était une autre question, je leva alors mon interrogation à haute voix, tenant mon menton entre mon index et mon pousse tout en regardant le ciel d’un air penseur.

- Imin… Imin… Ca me dit un truc… Un truc… Un truuuuuc…

Au bout de cette courte interrogation, ayant l’air des plus profonde, je finis par abandonner, si ça ne me revenait pas maintenant ça reviendrait peut-être plus tard… Ou alors je confondais et me faisais des fausses idées. Ce qui était sans doute clairement le cas.

Pour signifier que j’abandonnais la réflexion je finis par rire encore tout en haussant les épaules d’un air désolé.

- Bon bah… On ne dirait pas que ça me revienne, tant pis. Je dois confondre avec autre chose.

C’est qu’il me tenait la main longtemps le gaillard, ça en était presque gênant, mais bon… J’avais bien été éduqué donc je faisais comme si de rien était. Après tout, même si c’était dérangeant, je n’allais pas en mourir… Du moins j’espérais… On ne savait jamais sur qui on tombait, surtout en forêt.

- Moi ?

Fis-je d’un air benêt en me pointant moi-même du doigt tout en gardant mon sourire ahuri mais non pas moins chaleureux.

- Mmmh… Oui je connais la forêt !  je m’y balade souvent, la chasse, les fleurs, la nature… et tout le reste quoi !

Dieux tout puissants, il me lâchait enfin la main, même si je faisais de mon mieux pour ne pas le montrer, ceci était des plus soulageant, à un moment j’allais avoir les mains moites même si ces dernières étaient déjà mouillées.

- Pas sûre ? La forêt ? Maiiiis si ! Il ne faut juste pas faire n’importe quoi ! Il y a une règle que tu dois savoir, et que tout le monde sait dans les environs, c’est que tu ne dois absolument pas chasser les cervidés ! Ça, ça te vaudra de gros ennuis avec un des clans environnants. Hormis ça… Courir s’il y a des bandits… Mais ça je pense que tu peux t’en sortir autrement…


Je désigne d’un mouvement de tête le katana qu’il porte à la ceinture puis finis par m’étirer non sans pas lâcher un grognement de soulagement face au plaisir d’étendre mes muscles un peu tassés par la chute

- Oui je chassais… Enfin je courrais après ce fichu lapin surtout… Je n’aurai jamais pensé qu’il sauterait dans le vide… Et que je le suivrai moi aussi… J’ai vraiment eu chaud pour le coup… Enfin bref ! Vu que tu n’as pas l’air rassuré par la forêt et que tu m’as l’air fort sympathique quand même, je te propose de partager ce lapin ensemble ! Un bon repas ça redonne toujours du courage, c'est ma grand-mère qui disait ça ! Et mémé elle se trompait jamais !

Je m’arrête un moment, semblant à nouveau réfléchir, puis reprend ma phrase de plus belle tout en me penchant pour ramasser le lapin en le tenant par les oreilles.

- Mais j’y pense, tu voyages seul ? Il y a peut-être quelqu’un qui t’attend ? Je ne voudrais pas te retarder et inquiéter ceux qui potentiellement t’accompagnent !

M’enquérais-je d’un air légèrement affolé, faisant mine de stresser soudainement.

A toute ces questions, je fronce les sourcilles. C’est qu’il en posait beaucoup quand même… Et ça me posait problème… Après tout un espion n’était pas inenvisageable, la guerre entre clans avait beau avoir cessée depuis un certain temps, le clan n’était pas à l’abris de tentative de vols de secrets. Je me devais donc d’être prudent.

- Si j’ai bien compris c’est en effet un animal sacré pour eux. Et oui il y a d’autres clans qui peuplent la forêt, pas seulement celui des hommes-bêtes. Comme tu le dis ça aide à maintenir une certaine stabilité dans la région mais ils ne peuvent pas être partout, il faut savoir se débrouiller tout seul.

Quand il me demande de lui accompagner, je lui passer alors directement devant en lui montrant la direction de la route.

- On fait comme ça alors ! Tu fais attention à mes pieds, moi à ta tête ! C’est un bon deal ! En avant !

Je fis alors la moue tout de même quand il s’arrêta pour réfléchir à ma proposition qu’il refusait. Je finissais par hausser les épaules.

- C’est toi qui vois ! Ça t’aurait évité de laisser ton compagnon de route seul trop longtemps !  Puis pour ce qui est de risquer ma vie dans la forêt ce n’était pas la première fois, faut dire que je suis assez tête en l’air.

Je me gratte alors l’arrière du crâne tout en riant à nouveau en repensant à certaines mésaventures dans la forêt, mémorables.

Viens alors la question de mon nom… ça m’embêtait beaucoup cette question-là, non pas que j’avais honte de mon nom, mais que je ne savais pas totalement à qui j’avais à faire. Puis je trouvais ça assez bizarre d’insister sur mon nom. Généralement, si l’on était polie, quand quelqu’un que l’on connaissait à peine ne donnait que son prénom, on s’en contentait.

Je soupire alors avant de hausser les épaules en levant les mains au ciel d’un air je-m’en-foutiste.

- Mon nom ? On s’en fiche non ? Appels moi Shizukage le coureur de lapin ! J’aime bien ce nom !... Allez, en route !

J’esquivais soigneusement la seconde question tout en marchant tranquillement en tête, sifflotant tranquillement, faisant mine de regarder les environs comme si je me promenais tranquillement, le plus normalement du monde.

- Et vous vous rendez où, ton compagnon et toi, si ce n’est pas indiscret ?

Tout en marchant devant et posant ma question, je porte ma pipe à ma bouche puis pioche dans ma poche en cuire une pincée d'herbes séchées que je fourra dedans. Je sors de la même poche en cuir un petit paquet d'allumettes, le paquet est légèrement humide, ce qui rend l'allumage difficile, idem pour les plantes dans la pipe. Mais au bout de longues minutes j'arrive à mes fins. Un fumée épaisse et une odeur âpre se dégagent et j'en tire une longue bouffée.  

Cette réponse par rapport à mon indiscrétion ne put que me faire ricaner. Il était vrai que poser cette question après mon refus de donner mon nom, ce n’était pas non plus la meilleure idée. Je ne lui en tenais donc pas rigueur.

- Moi je ne connais que ces bois. C’est déjà pas mal tu me diras… Il y a de tout ici.

Je continue de tirer tranquillement sur ma pipe en l’écoutant parler. Mon regard se perd dans les arbres environnants. J’en profite en même temps pour poser le lapin que j’avais attrapé sur mon épaule pour ne pas être encombré.

- Plusieurs mois sur les routes ! Quelle vie d’aventurier ! Tu as dû en avoir, des péripéties ! Ça doit être palpitant ! Moi une fois je me suis fait courser par un sanglier en furie ! Autant te dire que j’ai pris mes jambes à mon cou et j’ai crapahuté dans un arbre ! La bête était tellement en colère qu’elle est restée là toute la journée, c’est à la nuit tombée que j’ai pu prendre la fuite, quand elle s’était endormie… ça m’a bien suffi comme aventure.

Alors que j’allais tirer une énième fois sur ma pipe, il me fait part de son intérêt pour savoir ce qu’il y avait dedans. Un léger sourire amusé apparait sur mon visage, puis je lui tends ma pipe, lui proposant donc de goûter.

- Ce sont des plantes de la forêt ! Ça calme les douleurs et ça détend les muscles. Mais attention hein ! Quand on n’a jamais essayé c’est fort !

Je lui tend tout de même encore la pipe, ne lui retirant pas la proposition de goûter tout de même. Après tout s’il voulait avoir des expériences, il n’allait pas être au bout de ses peines s’il n’avait jamais rien consommé de semblable.

- Ca peut te faire tourner la tête. Je préfère te prévenir avant que tu ne penses que j’ai voulu te faire un mauvais coup !

Je reste donc à attendre qu'il fasse son choix, mon sourire toujours aussi niai juché sur mon visage mais toujours aussi sincère.

- Un ours ?! Ne puis-je m’empêcher de m’écrier, les yeux écarquillés, mimant ma surprise face à ceci.

- Ahahaha ! Yukio le pourfendeur d’ours je vais t’appeler ! Je laisse un peu de temps passer, réfléchissant si je ne trouvais rien de mieux comme surnom. Ouai je vais t’appeler comme ça. Ça sonne bien ! Puis avec les cicatrices, ça te correspond encore plus !

Je l’écoute alors parler de cette grotte, je ne peux m’empêcher de pouffer sincèrement de rire avant de finir par éclater. Imaginant l’état des clampins qui avaient eues l’idée de génie de faire ceci.

A ce moment-là, je repensais à moi fumant dans ma cahute sans aérer, et ceci me mettais dans des états pas possible, tête qui tournait, envie de vomir, perte d’équilibre, sueurs froides. Des sensations qui ne m’arrivaient que normalement quand j’abusais bien trop des plantes. Je n’imaginais alors pas l’état des génies qui avaient fait ça dans une caverne, et encore moins celui de Yukio en arrivant. Cette pensée me traversant l’esprit, je ne pus m’empêcher à nouveau de glousser.

Je le regarde ensuite fumer à son tour, un petit sourire en coin, s’il n’est pas habitué je ne pouvais qu’être sûre que ceci allait lui faire des effets, mais il le cachait assez bien, cependant un consommateur régulier pouvait rapidement remarquer ses compères et ceux qui n’avaient absolument pas l’habitude…

- Ca ? Souvent ? Tout le temps en réalité. Ca m’évites de courir dans tout les sens.

Je reprends alors la pipe pour tirer à nouveau une grande bouffée avant de continuer à marcher tranquillement, me mettant alors à son niveau.

- Bon si je dois t’accompagner, par où allons-nous ?