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Yuk'exploration : Le sable et la cendre.

Nozomo Yukio
Nozomo Yukio
Suna no Jonin
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Date d'inscription : 09/12/2020
Age : 26

Fiche du Ninja
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Nozomo Yukio


Yuk'exploration


Le sable et la cendre.



Un léger châle autour du visage, les pas s’enfonçant nonchalamment dans le sable des dunes, j’avançai. Mon travail résidait dans cette dynamique : J’étais chargé d’explorer le désert pour Suna. Un travail excitant, quoi que chronophage puisque la zone à couvrir était grande…
J’avais choisi de diviser le travail.

Choisir une direction, marcher jusqu’à trouver un point d’intérêt… Ou une rumeur… Ou une troupe de nomades… Ou un camp de bandits, voire pire ! Des Kaigans. La main droite tenant vaguement la lanière de mon sac, disposé sur mon dos, je marchai à pas lent en passant les dunes : Montée, descente, du plat sur une grande plaine sableuse et rebelote. Deux jours que j’avais franchis les portes du village et pourtant, je sentais encore l’autorité derrière moi : Je ne partais pas en vacances, ni en exploration libre, je devais retenir et comprendre.

Un explorateur animé par une volonté étatique, cela me faisait étrange, mais c’était un autre genre d’aventure !

Ici, donc, j’allais vers le nord. Les plaines désertiques, coupant la région autour du village du reste du Sekaï par la meilleure défense : Le vide. Cette zone était la plus aride du Sekai. Bien qu'on y trouvait quelques clans de passage, les régions y restaient extrêmement pauvres, notamment, car l'eau demeurait rare, mais pas introuvable si l'on savait faire preuve de patience. À ce que l'on racontait, pour peu que l'on fouille au bon endroit, les hautes dunes de sable pouvaient dissimuler quelques ruines anciennes… Un peu comme celle à notre retour du grand ouest. Bien vite, la zone nommée Nanakita me tendit les bras. Pourquoi ce nom ?

« Aucune idée. »

La Forêt figée de Takatorijozan et la Côte donnaient plus d’informations, déjà, mais je devais avouer que le nom propre me laissait… Ignorant ? « Si proche, et pourtant si loin. » Dans un coin de ma tête, je posais cette question… Les archives du village pouvaient me donner les informations nécessaires. « Explorer et comprendre. »

En descendant une dune, mon pas glissa dans le sable… Le talon, normalement censé servir de base à mon pas, dégringola sur quelques centimètres sous mon poids et m'entraîna en arrière. Mon coccyx puis mon dos rencontrèrent les grains, m’amenant comme si de rien n’était à faire de la luge. La friction m’échauffa la peau à travers le vêtement, mais le tout restait infiniment plus ludique que le pendant neigeux. Dans le vide géographique, je me surpris à ricaner en atteignant la conclusion de mon épopée « dunesque ». Un petit instant, je restais là, assis, à repenser à ma glissade presque comique… Personne pour rire avec moi, mais le seul bruit de mon rire suffisait à réchauffer mon cœur.
Je vivais vraiment une vie de rêve.

« Payé à glisser sur les dunes, mais quel débile ! » D’une impulsion de mon bras gauche, je me relevais pour continuer à marcher. Au loin, sur une nouvelle agglomération de sable, une petite silhouette me surveillait. Relevant la tête, je pus vaguement estimer qu’elle se carapatait pour ne pas être vue… Un bout d’épaule, quelques mèches, c’était tout ce que j’avais pu observer de mon voyeur du désert.

Ni une, ni deux, je commençais à courir : Voyou qui faisait rappliquer sa bande ? Kaigan qui voulait prévenir son camp ? Ou simple paysan qui avait peur d’un inconnu ?

La xénophobie n’était pas à oublier. J’avais beau venir du désert, je restais un gars que personne ne connaissait… Et eux, les locaux, ne vivaient pas sur l’or et devaient subir ou orchestrer des rapines. La grande litière était dangereuse. « Suna en était pour quelque chose. »

Moi aussi, j'étais une cause.

Fédérer ou tuer, le village avait amené de grands drapeaux et de grandes missions pour récupérer des populations ou éventrer toute rébellion... En tant que shinobi, j'avais eu à ma part dans ces attaques organisées, cette diplomatie du katana. Personne n'était tout blanc, surtout pas les ninjas.

Ainsi, sous la chaleur, j'essayais de rattraper ma proie... Ma proie ? Non, le curieux qui m'avait pris en flagrant délit de luge sur le cul ! Sur la partie plate de la voie, je pus aisément avancer, mais dès que la pente commença à être positive, je fus bloqué par les fins grains qui découlaient sous mes pattes... J'avais beau aller vite, l'énergie cinétique que je déployais jouait contre moi. Enfant pataud, mes appuis se dérobaient sous moi alors que je m'aidais de mes deux mains pour escalader plus vite la dune.

"Nom de dieu, je fais vraiment pitié".

Bien trop lentement, j'arrivais au sommet de la montagne du désert : Sous moi, je voyais cette ombre qui marchait rapidement, peut-être, n'était-elle pas consciente qu'elle était poursuivie par le sujet de son observation. Confiant dans mon action, ayant la faveur de l'altitude, j'opérai un mudra de ma main gauche pour sauter de la hauteur : Le chakra accumulé dans mes jambes me fit bondir en ligne droite, derrière mon appui une gerbe de sable resta en l'air, quelques instants. Mon mouvement aérien ne me permettait pas de vraiment me diriger une fois le saut lancé, mais j'avais calculé assez précisément mon atterrissage : Quelques centimètres derrière le voyeur, pour lui choper le dos.

Dans mon esprit, cela ne pouvait que bien se passer !

La théorie était un beau pays que je voulais visiter un jour, mais pas aujourd'hui... Avec ma vitesse, mes pieds touchèrent le sable et, encore mieux, s'enfoncèrent dans le tapis granuleux. Un peu pris au dépourvu, je ne pus que me jeter en avant pour néanmoins répondre à mon objectif. Ma main droite effleura le dos alors que je m'écroulai, à moitié enfoui dans le sable. La seule conséquence sur le fuyard fut qu'il se retourna et...

Elle, c'était une fille.

Le teint bronzé, couverte de linges blancs pour se protéger du soleil... Seuls ses yeux sortaient, de longs cils qui ne trompaient pas, pas plus que ses vêtements amples, mais pas assez pour cacher la vérité. Ce qui me mettait sur la voie ? La voix stridente qui s'échappa de ses lèvres quand elle me constata si proche d'elle... Pour autant, je ne représentais aucun danger puisque j'étais quasiment sous terre.

"Quel enfer !"

Des pas hésitants en arrière, craignant sans doute que je lui saute dessus... Dans ma position, c'était compliqué, mais la peur ne cédait que rarement à la logique et à l'observation. Un instant, donc, de doute, avant que la partie reptilienne de son cerveau ne reprenne le dessus et qu'elle se carapate en courant.

- EH ! Je ne voulais pas vous... En fait, si, un peu. Je voulais l'attraper pour lui poser des questions, mais je ne pensais pas que c'était une fille... "Qu'est-ce que ça change ?" Les dames ne pouvaient pas être des bandits, des tueuses... Si proche de moi, Honoka était clairement dangereuse et ne correspondait pas à l'image de la femme en danger.  

Par la force des biceps, je m'extirpai de ma jolie tombe, pour continuer à lui courir après. Plus de ninjutsu pour un moment, histoire de paraître le moins dangereux possible... Avec la distance parcourue, elle devait sans doute se douter d'un truc si elle réfléchissait, à moi de dissiper les interrogations. Bien entendu, malgré l'avance de la belle, je restais un ninja entraîné à la vitesse et mes pas me conduisirent naturellement dans son dos. J'avais appris de mes erreurs et ma prestation était bien plus digne d'un sunajin !

- Attendez ! Sans douceur, je lui attrapai le poignet au vol... Peut-être un peu fort, car elle se retourna aussitôt sous la prise. Dans ses yeux, me lançant des éclairs, je voyais un peu de peur, mais surtout une envie de se battre si je montrais les crocs. Elle n'était clairement pas du style à chouiner pour sa vie. Hmm hmm... Je voulais pas vous faire peur, mais il est rare de croiser des gens et je voulais avoir des informations.

J'avais adouci ma voix, ainsi que ma poigne, car elle s'extirpa illico pour me faire face. Elle avait saisi que j'étais plus rapide qu'elle, la fuite était impossible alors... La bagarre ? Le raiton continuait à apparaître dans ses iris, mais elle montrait maintenant une certaine interrogation.

- Vous vous jetez sur les gens pour avoir des informations ? Une petite blague qui représentait surtout une défiance apparente : Une insolence bienvenue qui me fit sourire.
- Seulement ceux qui décampent en me voyant. Sous le châle qui lui couvrait le front, je saisis un sourcil qui se levait.
- Vous n'avez pas l'habitude du coin, vous, les gens fuient devant les inconnus, ils pourraient être... Elle ne finit pas sa phrase, réfléchissant intensément à mon sujet.
- Être quoi ? Le peu de peau que je voyais ne laissait pas l'amplitude pour deviner quoi que ce soit sur ses expressions, je ne pouvais qu’attendre la sainte parole.
- Des... Des Kaigans.

Ah, eux.

Le clan Kaigan était particulièrement craint dans le désert du Pays du Vent. Violents pillards, sans pitié ni scrupules, ils étaient particulièrement connus pour leur inquiétante religion. Ce clan hermétique vénérait Ichibi. Tristement, ils avaient développé la capacité de se transformer en sable, comme le monstre qu'ils vénéraient. Pour cette raison, ils se considéraient comme un "peuple élu". Nomade, le clan essayait de suivre les déplacements de leur dieu et se cachait dans de nombreux refuges secrets au sein du Pays du vent. Des bandits théologiquement haineux, surtout contre les Serika... Le problème étant que Suna, c'était en grande partie des Serika. Surtout le Kazekage.

Ainsi, c'étaient mes ennemis... Et j'étais, semblait-il, sur une partie de leur domaine actuel. Transparent pour mon interlocutrice, notamment par la moue dédaigneuse que j'affichais, je pouvais aisément saisir son désarroi. Je n'avais pas peur, pas plus que ça, en fait.

- J'en suis pas un, si ça peut vous rassurer. Un ton neutre, comme une évidence. J'imagine que si j'en étais un, je ne prendrais pas le temps de discuter avec vous. Inspirant, pour ensuite tousser gentiment, afin de m'éclaircir la gorge, je continuais. Ils opèrent beaucoup ici ? Vous en avez croisé ou c'est juste des histoires de croque-mitaines ? Cette fois, je pus percevoir plus que clairement son air courroucé.
- Bien sûr qu'ils "opèrent" ici, Monsieur le Génie ! Ils s'en prennent à mon village ! Cette fois, cela devenait sérieux... Des Kaigan dans une affaire de harcèlement, une petite voix me disait que j'allais me foutre dans la panade, mais je devais vérifier...

Explorateur, donc je dois explorer et renseigner.  

- Pas la peine de crier, vous savez bien que dans le désert, les Kaigan c'est un peu l'ennemi commun... Personne ne les aime, tout le monde veut les éviter. Il serait naturel que cela devienne un genre d'histoire pour effrayer les enfants, genre "si vous n’êtes pas sage, un Kaigan vous enlèvera pour vous offrir à son démon de dieu !" Devant son air toujours autant en colère, je toussai encore pour dissiper le malaise. Enfin bref, donc ils attaquent votre village ? Vous fuyez donc ?
- Non, pas du tout ! Ils... Ils demandent de la nourriture et prennent des gens si on n’a pas assez. Une légère tristesse s'installa dans ses mots, bien qu'elle était en colère... Elle avait aussi peur, pas pour elle, mais pour les siens.

"Ils se sont calmés sur les sacrifices rituels, maintenant, ils font du racket... Où est-ce que j'ai atterri encore ?"

Le clan était spécialiste dans les raids, les assauts rapides et brutaux, qui ne laissait pas de survivants. Du genre Nozomo, quoi. Il n'hésitait pas à piller les nigauds qui s'aventuraient dans le désert sans protection... Une parfaite description de ce que j'étais, à l'heure actuelle. Leur source de revenu ? Le brigandage et l'esclavage, d'après les informations du village. En bref, ce n'était pas commun qu'ils laissent un village tranquille comme ça...

"Un petit groupe ? Ou alors une nouvelle politique dans leur groupement de taré ?"

Je pouvais évidemment tomber aussi sur une cellule Kaigan qui avait d'autres manières de procéder... Isolé des autres pour une raison obscure, je manquai d'informations, ma seule source était cette fille.

- Très bien, je m'appelle Yukio Imin. Je suis un nomade, je viens plutôt du pays du vent, aux alentours de Suna, tu connais ? Il y avait de grandes chances qu'elle sache ce que représentait mon village : Une entité politique forte, agressive... Me placer comme un nomade ne me définissait pas directement comme un sujet de Senshi, juste un type géographiquement mal placé.
- Oui, oui... On a eu des émissaires il y a quelques années, ils proposaient de venir à ce village, en échange de protection. On a refusé, ils se sont énervés, mais n'ont pas donné suite... "Bien entendu, vous êtes trop loin." Le Kazekage connaissait sans doute les limites de sa politique, fédérer ou tuer trop loin... C'était s'attirer des pépins.
- Bon, bon... Tu peux me conduire à ton village ? J'aimerais poser quelques questions à tes voisins, d'ailleurs, quel est ton nom ? Devant ma question, elle hésita, en réponse, j’essayais de transmettre le plus de sympathie dans un sourire chaleureux, du genre "je ne veux aucun mal à toi ou tes potes."
- Nana, je m'appelle Nana.
- D'accord, Nana, je ne sais pas si je peux faire quelque chose pour toi... Mais je peux essayer.

Plus détendue devant la possibilité que je suis une espèce de sauveur venu des confins du désert, elle retira doucement le tissu qui lui couvrait le visage pour me sourire d'un air un peu craintif. Je n'avais pas gagné les faveurs de sa sympathie, pour autant, j'étais assez intéressant pour qu'elle se permette d'oser montrer son visage et quelques marques de politesse bienvenue.

La fille:

Elle était jeune, la fin de l'adolescence décrivait sur ses traits une candeur presque naïve, cependant, elle ne l'était pas... Ses yeux montraient une souffrance. L'oppression Kaigan laissait des marques dans les esprits, autant que sur les corps de ceux qu'ils combattaient. Il était tout à fait usuel qu’un vainqueur s’attribue femmes ou hommes d’un membre du clan vaincu, ainsi, je fus rapidement surpris que le racket des ensablés fut seulement sur la nourriture.

"Peut-être pour ça qu'elle se cache le visage." Alors, le fait de se découvrir révélait une marque de confiance ? En tout cas, elle était jolie, un peu jeune cependant... "Si Honoka entendait ça."

D'un geste du bras, je l'invitai à me conduire jusqu'au patelin d'où elle était originaire, pour autant, je restai à côté d'elle. Pas question qu'elle me serve de guide et cela pouvait la rassurer de ne pas avoir un inconnu dans son dos : La ballade ne pouvait qu'être plus agréable et propice à la découverte de l'autre.

- Tu faisais quoi dans le désert ? Tu surveilles les gens en chemin ? De ma position, je ne pouvais pas décemment voir sa réaction, mais sa voix paraissait calme, quand elle répondit.
- Je cherche des points d'eau, j'avais mon bâton de sourcier à la main quand je vous ai vu... Alors je suis parti en laissant mon bâton. Vous avez dû le voir.

"Pas vraiment, en fait, j'ai zappé un peu une partie de ton trajet en... sautant du haut de la dune."

- Ahah, sans doute, j'ai pas fait attention, j'avais trop peur de tomber sur un bandit qui rameutait ses potes ! Une vérité, pourquoi mentir ?   Cela fait combien de temps que vous subissez les venues des Kaigan ?
- Quelques mois, bien six. Ils sont arrivés et ont tout de suite réuni les adultes pour leur parler : De gré ou de force. Mon père a été tiré de sa tente par les pieds, on l'a menacé de m'enlever s'il n'obtempérait pas... C'est leur principal moyen de pression : Les femmes, les enfants. Une vive colère transparaissait dans sa voix. On n’est pas assez fort pour leur résister... On vit de quelques cultures, auprès d'oasis, on n’a rien de combattant. Un long soupir, comme une résignation... Même si j'étais un espoir, j'étais seul et... Ils viennent deux fois par mois, pour prendre ce qu'on a, une grande partie, mais on ne peut pas produire aussi vite, nos réserves s'amenuisent...
- Ils sont combien quand ils viennent ? Le pragmatisme, je pensais déjà à mettre mon grain de sel.
- Une dizaine, ça oscille entre six et onze. Les premières fois, ils sont venus à onze, mais depuis quelque temps, ils sont moins... Un questionnement ? Elle pensait à des conflits internes qui pouvaient leur donner une chance, celle qu'ils s'entretuent.
- Les Kaigan ne se battent pas entre eux, ce serait trop beau. Dissiper cette question permettait de montrer la terrible vérité : Ils avaient confiance dans leur domination, plus besoin de venir avec tout l'effectif. Cela donnait, cependant, une excellente information : C'était un petit groupe d'adultes, une cellule réduite, mais capable de s'approvisionner sur un village. Vous êtes combien dans votre village ?
- Vingt-quatre, beaucoup d'enfants. Une dizaine d'adultes, mais surtout des personnes âgées. Cette fois, c'était à moi de souffler fort...
- Vous êtes pile assez pour qu'ils puissent vous traire gentiment. Nana s'arrêta, me laissant une seconde continuer seul. J'avais dit une connerie.
- Vous croyez que c'est facile ? Si on ne donne pas assez, ils enlèveront les enfants et... et... Une larme vagabonde s'échappa de son œil. Observant tout ça, je ne pus que me retourner.

J'étais un sale con.

La vie de shinobi m'obligeait à agir : Regarder, comprendre et combattre. La passivité, je ne connaissais qu'assez peu... Mais elle, elle devait subir sans avoir de bonnes options. "Les combattre, c'est risquer de mourir ou pire..." La tribu des sables avait le ninjutsu et s'en servait pour asservir et tuer... Un peu comme les villages, mais ici j'avais la possibilité d'être un créateur, un sauveteur. J'avais échappé à Suna, pour me retrouver dans le grand désert, peut-être que je pouvais aussi m'échapper de mon cruel destin de ninja en... Défendant la terre de cette pauvre fille ? Sans lui faire face, je répondais.

- Je sais que ce n’est pas facile, on va voir ce que je peux faire pour vous...
- Et puis, vous êtes qui ?! Vous venez et vous posez des questions, mais vous pouvez faire quoi seul ? Elle n'avait pas fait un pas alors que j'avais un peu avancé. Elle voulait une réponse, la colère parlait plus que la raison.
- Beaucoup de choses, sans doute bien plus que l'ensemble de tes adultes. Je découvris le tissu de mes vêtements pour présenter la garde de mon katana et une esquisse de la pointe de mon tantô. Je sais me défendre, même plus que juste survivre... J'ai déjà eu affaire au Kaigan.

Deux états de fait : J'étais armé et je savais me battre. Dire que j'avais rencontré des ensablés, sans mourir, pouvait présenter un peu ma valeur.

- Pourquoi nous aider ?
- Pourquoi pas ? Elle attendait plus, mais je n'allais pas lui donner. Mes raisons restaient mes raisons, même si au fond de mon esprit résonnait cette question en boucle.
- Et si ça... Ça empirait tout ? Faisant volte-face, je me résignais à la regarder.
- Il n'arrivera rien, je vais m'arranger pour vous débarrasser des Kaigan, un point c'est tout.

"De quoi tu te mêles, Yukio ?"

- On n’est pas encore mort, au fond. On peut sans doute s'arranger pour arranger les choses. "Foutu Tadake."
Sphinx. Yukio 021

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Yuk'exploration


Le sable et la cendre.



La tignasse noire de Nana volait au vent, elle avait enfin recommencé à avancer : Mon numéro de sauveur du dimanche l'avait remotivé, même si subsistait cette tension latente. Elle attendait maintenant beaucoup de moi, sans doute trop pour ses pauvres espoirs de jeune fille... Je pouvais détruire ses rêves comme les réaliser.

Dure idée pour un ninja comme moi.

Non pas que je me sentais incapable, mais une partie de moi, celle marquée bien trop par Hayato, me soufflait qu'à la moindre bavure, je devais me barrer... Jouer ma vie pour des péquenauds ? J'avais des objectifs, des aspirations, des gens qui m'attendaient au village. Le moindre coup de sabre qui allait de travers et je pouvais dire au revoir à mon frère, Honoka... Être créateur, c'était risqué sa peau pour bien peu.

Bien peu ? La vie de pauvres innocents, c'était peu ? Dans un soupir, cette partie froide ne pouvait que valider. "Oui." Alors quoi, pour les beaux yeux de Nana ? Dans un ricanement, je laissais passer cette idée, mon éclat n'avait pas échappé à la fille du désert qui avait passé une partie de voyage à me dévisager de quelques coups d'œil : Me jauger ? M'admirer ?

- Ne faites pas la timide, vous pouvez regarder la marchandise... Si je viens, faut bien que je fasse mes preuves quoi ? Un examen visuel, c'est un début. Dans un grognement, elle arrêta le peu qu'elle faisait. Je l'avais vexé ?

La question s'échappa bien vite : On arrivait au village, des cahutes bien trop proches et du voisinage tout autour du ventre. La vie de petit clan du désert, c'était presque beau à voir... J'avais déjà eu l'occasion déjà de voir ce genre de cadre, dans mes missions diplomatiques. "Avant de tout faire cramer."

Je voulais me racheter une conscience ? Être celui qui défend plutôt que celui qui détruit ? Encore une fois, pas le temps d'approfondir que les éclats de voix apparaissaient pour nous accueillir... Enfin, surtout la jeune fille.

De belles bouilles s’accrochèrent à la locale alors que déjà les regards se tournaient vers moi : J’étais un étranger, mais je venais avec une des leurs, alors… Alors quoi ? Occupée à rassurer les jeunes enfants sur sa survie hors des limites du désert, Nana ne put pas m’introduire et c’est un vieux monsieur, chauve, qui vint s’enquérir de mon identité. « Il doit avoir mal au crâne à la fin de la journée, avec le soleil qui tape sur sa tête. ».

- Qui es-tu, étranger ? Une question polie, signalant presque nonchalamment mon statut, assez transparent cependant. Je n’étais pas d’ici.
- Yukio Imin, nomade. J’ai rencontré cette fille il y a bien une heure, pendant qu’elle cherchait de l’eau…
- C’est ma fille, je suis Tangiro. Si Nana t’a amené ici, tu es notre invité et l’hospitalité t’es offert. Ces types subissaient les rapines d’une tribu barbare et pourtant ils partageaient volontiers leurs vivres ?
- C’est très gentil, mais je ne veux pas abuser… Je ne suis même pas là pour ça, en vérité. Elle m’a parlé de votre problème. De l’index, je désignai la joueuse, qui, assise dans le sable, se bagarrait avec les mioches. Je veux voir ce que je peux faire pour vous.
- Faire pour nous ? Une question incrédule, presque surpris de l’amabilité et du don de soi que je semblais vouloir proposer. Pour un type qui me proposait l’accueil et le couvert, la générosité semblait lui brûler les doigts. Nous sommes faibles et vous êtes seul, résister ne ferait qu’empirer les choses.

« Quel défaitisme. »

Ouvrant la bouche pour répondre, il me coupa pour continuer sa tirade :

- Ecoutez, nous n'avons pas d'argent... Notre agriculture est vivrière et ce qu'ils nous laissent réussis à nous faire survivre, ce n'est pas une situation confortable, mais cela permet de ne pas mourir. Si vous êtes un chasseur de prime, il n'y a rien pour vous ici... Alors, c'était dans un tel monde que je vivais ? Pragmatique ? "Oui, ça ne m'étonne pas."
- Je suis...
- Il est armé, père. La belle s'était levée, tombant sur la bonne phrase au bon moment. Il assure avoir déjà combattu des Kaigan, pourquoi ne pas écouter ce qu'il a à dire ? Et choisir ensuite ?

"Encore faut-il que j'ai un plan ?"

- Oui... Après, vous ferez ce que vous voudrez. Je ne demande pas d'argent, d'ailleurs. Alors, j'étais quoi ? Un bon samaritain ? Sur mes mots, suivant ceux de sa fille, Tangiro fit une moue perplexe avant de tendre son bras vers une tente, à l'écart.
- Cela ne coût rien d'écouter un invité. "Mouais, pas convaincu le vieux."

Suivant le patriarche, je fus saisi de la vie qui régnait dans le camp, malgré la peur de la venue des ensablés... Comme s'ils avaient incorporé ces interventions dans leur quotidien. Ils cultivaient et donnaient à des inconnus, fin de l'histoire. Une quiétude régnait, presque surnaturelle... Les enfants jouaient, alors que le kidnapping était si proche. "C'est moi qui a un problème alors ?" D'ailleurs, cette jeunesse passait entre nos jambes, pensant de nos cannes qu'elles étaient des piliers à esquiver. Le slalom passa la plupart du temps, sauf pour un qui culbuta contre mon tibia. Tombant à la renverse, il se releva aussitôt pour s'excuser d'un air effrayé et s'enfuir...

"Il a peur de moi ?"

L'inconnu était source d'incertitude, par nature, et je représentais une incertitude : Je me proposais pour aider, mais je pouvais tout autant apporter le chaos. L'enfer était pavé de bonnes intentions, non ? Esquivant cette pensée, je continuais à coller aux talons du vieil homme : J'allais aider, je le savais. Un juunin de Suna, c'était capable de buter un petit groupe de Kaigan.

Dense, le logement en toile offrait des meubles peints dans des couleurs sobres, s'accordant au désert et à la toile sombre qui cadrait l'endroit. Un sommier laissait flotter de vagues couvertures, pas la peine de beaucoup de couches pour dormir en plein désert... Juste de quoi offrir un repos confortable. Cette tente offrait un modèle que je pouvais sans doute trouver dans les autres : Un nid de vie, de repos. Le reste de la journée était passé dehors, le logement servait pour dormir et pour quelques repas quand le climat n'était pas favorable.

Pas plus, pas moins.

Restant debout, s'approchant du fond de la pièce, l'homme se retourna pour me faire face, confident devant l'absolu : Il montrait, dans le secret de cette pénombre, sa fatigue et sa faiblesse.

- Nous sommes épuisés, nous travaillons trop et leurs venues sont... impromptue. Ils peuvent disparaître trois semaines pour ensuite venir deux fois en deux semaines. "Traire, oui."
- Ils veulent vous dominer, vous empêcher de vous organiser pour leur résister : S'il y a des cycles, vous pouvez les attendre. C'était malin, malsain mais malin. Du pied, je tapais contre le sable aggloméré pour exprimer ma réflexion. Je connais leur nombre, mais il me faut plus d'informations : Armement, carrure, ... Avez vous vu ces types utiliser leurs corps de sables ?

Le corps des membres du clan pouvait se transformer en sable, ce qui leur conférait une endurance exceptionnelle et des capacités à se dissimuler dans le désert. Encore pire, ils disposaient de techniques pour renforcer leur corps sableux à partir du sable naturel, voire de la roche. En gros, au corps-à-corps ils étaient très dangereux et leur vitesse leur permettait de rentrer facilement dans la bonne distance pour attaquer.

"Ils pouvaient surgir à tout moment, le désert était leur terrain de jeu."

Ils étaient faits pour la guérilla et cela n'arrangeait pas les affaires de Suna : Comment attraper ces types dans un clan composé intégralement de leur élément ? Seul un Serika pouvait diffuser son chakra pour les empêcher de se barrer. Malheureusement, j'étais loin d'approcher l'expertise et les compétences des joueurs de sable, moi j'étais plutôt dans le sabre.

- Oui, ils ont un peu montré leur talent sur les villageois, en malmenant certaines personnes trop récalcitrantes. C'est terrifiant leur façon d'étirer leur corps et... Ces grains, ils sont vraiment composés de sable ?
- Oui et non, le sable de leur corps est une... transformation, ce n'est pas vraiment le sable du désert, mais cela peut les aider à se camoufler et se déplacer. Enfin... Ils sont dangereux, ça c'est sûr, mais uniquement ici. En pleine mer, ils ne sont plus rien et la verdure les repousse comme un rien. Calmement, Tangiro écoutait et semblait noter dans sa tête les limites de leur ninjutsu.

"Il est intelligent, ça me sera utile."

- L'eau peut les bloquer, si leur sable est mouillé ils perdent beaucoup en vélocité et en pouvoir de transformation. Le sable devient lourd, trop lourd pour que leur maîtrise puisse s'appliquer.
- Vous conseillez de les mouiller ? Dans le désert ? Mais nos réserves d'eau sont trop faibles pour...
- Oui, je conseille d'utiliser ça, mais pas seulement... Ils peuvent se sécher rapidement et puis la chaleur de notre cadre n'aide pas. Les surprendre pourrait me permettre de les frapper... Mais vous avez raison, il faudrait beaucoup d'eau et le désert demande des ressources pour survivre. Gaspiller la flotte pour battre les Kaigan, c'est encourir la perte de votre patelin par le manque...   Soupirant, on arrivait à un problème majeur.

Je ne maîtrisais pas le suiton, ainsi je ne pouvais pas créer de l'eau ou l'extirper du sol... "Le haut conseillé serait utile ici." Alors quoi ? C'était foutu ?

- Le ninjutsu est riche... Un murmure, audible pour moi seul, que le patriarche saisit néanmoins.
- Qu'avez-vous dit ?
- Je disais qu'il y avait un moyen, je vais trouver... Sans demander mon reste, je faisais demi-tour pour atteindre la sortie de la tente, mais une cheville me fit baisser les yeux.

Quelqu'un nous espionnait, ricanant je m'avançai d'un coup pour surprendre l'opportune Nana qui jouait la voyeuse. Celle-ci, prise sur le fait, recula pour adopter un air innocent... Presque. Secouant la tête dans un "non" silencieux, je ne pus que piquer :

- Vous regardez la marchandise et maintenant la signature du contrat ? A sa moue gênée, je souris gentiment avant de commencer à marcher vers la sortie du village.

Encore des regards : J'arrivais pour repartir ? Bien entendu, les plus proches, qui avaient entendu le début de notre conversation, à mon arrivée, ne pus que baisser les yeux... "Alors l'inconnu qui venait nous aider repart ?" De l'espoir gaspillé dans de vains sujets.

Je ne voulais absolument pas les lâcher, au contraire, mais j'arrivais à des complications : Porter soutien signifiait montrer mes talents et le poids de Suna, sur mes épaules, se faisait sentir. J'avais le droit d'outrepasser ma fonction pour respecter ma parole humaine ?

"Je suis explorateur, pas en vacances..."

Je me plantai au milieu de l'allée principale, bordée par des entrées de toile, avant de finalement lever la voix : Une annonce ? Une promesse ? Un peu des deux.

- Je m'appelle Yukio. Vous ne me connaissez pas et je ne vous connais pas, mais nous avons un ennemi commun... Je ne sais pas pour vous, mais j'en ai ras le cul des Kaigan, vous voulez m'aider à les faire dégager du périmètre ?
Un grand silence, bien entendu je n'étais pas un grand orateur et le manque certain de charisme, prépondérant dans ma fonction des ombres, signifiait que je n'allais pas créer des esclandres, quoi que ! Je suis un ninja de Suna, vous savez ? Le village proche d’ici, qui est en guerre ouverte avec le clan qui vous oppresse. Je sais faire des tas de trucs, mais ici je vais mettre au service mes talents pour vous aider. Pourquoi ? Parce que j'en ai marre de voir des pauvres gens souffrir à cause des autres...

"Les Nozomo avec les Imin ?"

Cette fois, des sourcils se froncèrent : Nommer Suna, c'était amener de nouveaux ennuis à ce pauvre village.

- Je suis pas là pour vous annexer, hein ? Mais pour vous aider.Au terme de "annexer", déjà, des habitants reculèrent et les enfants arrêtèrent de jouer. Soufflant fort, je continuais. Vous comprenez ce que je dis ?
- Ils comprennent, mais ils ne vous connaissent pas. La locale, suivant le discours, s'avançait pour rigoler en décrédibilisant mon baratin. Vous arrivez et vous pensez ranger tous les habitants derrière vous ? Ils sont plusieurs et...
- Oui, je sais ! On me le répète tout le temps, ça ! Des mudras rapides et je crachais une immense boule de feu vers le ciel... Une gerbe éclatante dans la chaleur de la journée, même moi je transpirais alors que j'étais la source.

Nana recula, comme la plupart des spectateurs et j’arrêtais le tout en criant bien fort :

- Ils ne font pas le poids ! Je le croyais vraiment !
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Le sable et la cendre.



- Donc, tu peux pas faire d'eau, c'est ça ? Assis sur le sable, dans l'ombre d'une dune, je réfléchissais les mains posées devant mon visage alors que Nana faisait les cents pas devant moi.

"Elle prend un peu la confiance en me tutoyant."

Non pas que j'étais à cheval sur la politesse, mais quand même ! J'avais passé une nuit dans leur camp que déjà je devenais l'un des leurs, en apparence... Beaucoup de discussions avec les locaux, sous couvert de la fine peur qui parcellait nos échanges. Ma prestation avait marqué les esprits, en mal comme en bien : J'étais un danger, mais un danger capable de mettre à genoux l'autre menace... "Alors je suis la peste, contre le choléra ?"

Les enfants m'évitaient, mais qu'importe, j'allais intervenir pour qu'ils continuent à pouvoir faire le choix d'éviter les hommes étranges ou pas. Le lendemain de mon arrivée, j'avais réussi à me tirer du camp, mais la belle me suivait comme mon ombre... Un genre de surveillance, même si elle passait son temps à trainer dans mes pattes pour me demander mon plan.

Sauf que je n’en avais pas.

- Non, je peux pas... Je suis limité au vent et au feu. C'est bien assez pour mes missions, je ne prévois pas mes compétences au cas par cas. C'est sûr que je serai bien veinard si je pouvais mouiller le sable de ces tocards. Amèrement, je soufflai pour évacuer les quelques grains qui se pressaient devant mon nez. Pourtant, c'est notre meilleure stratégie, les coups physiques sont peu efficaces... Et contre plusieurs adversaires, je peux être vite submergé. Faut que je trouve un autre moyen. Tapotant mes doigts contre ma cuisse, j'agaçai la brune qui me psalmodiait quelques avertissements de sa voix aiguë.
- On doit absolument trouver une solution ! Un jour, ils en auront marre de nous traire et...
- On a le temps, tant que vous répondez à leurs attentes, ils vous laisseront tranquille.
- Tu ne sais pas faire un autre liquide ? Histoire d'épaissir le sable sans eau ?

Relevant les yeux, je fixai la jeune fille : En voilà une idée ! J'avais entendu parler d'un tour, très éloigné de mes standards, qui pouvaient fonctionner...

- Oui, j'ai déjà lu un rouleau concernant une technique... Une façon de produire de l'huile, comme un crapaud. Sur le visage de Nana, on voyait déjà la surprise et l'incompréhension.
- Un crapaud ? De l'huile ? Sans plus m'appesantir, je lui fis un signe pour qu'elle recule.

Toujours assis, je réfléchissais à toute vitesse pour faire le tour de mes souvenirs : Une technique, un ninpo plus exactement, qui ne demandait pas une affinité particulière... Pour autant, cela demandait de transformer le chakra en une matière. L'huile. Un liquide gras, visqueux, d'origine animale, végétale, minérale ou synthétique. C'était jouable... Mais comment ?

Les mains toujours jointes, je les froissais nerveusement dans des mudras aléatoires pour me rappeler les bons signes : Serpent ? Chèvre ? Singe ? Il me manquait les pages devant les yeux, j'avançai à l'aveugle.

- Qu'est-ce que tu fais ?
- Des mudras. Des signes incantatoires qui sont requis pour que le chakra devienne une technique. Je restai évasif sur la nature du chakra, pas la peine de la perdre en route. Pour chacune d'entre elles, il y a une combinaison de signes à respecter et être très vigilant avec la position des doigts. En règle générale, plus la technique est complexe ou puissante, plus la combinaison de signes sera compliquée, elle aussi. Laissant un temps pour qu'elle assimile le tout, je continuais. Là, j'ai pas les signes en tête, donc je vais devoir tâtonner pour retrouver la bonne suite... Après, on aura tout le problème des sensations, de la dose de chakra, ... Sous mes yeux, j'eus l'impression que je donnais des coups de poings à la sédentaire du désert. Dans son regard, je percevais la douleur et la résignation.

C'était là où le bât blessait : Je représentais un espoir, mais beaucoup de choses bloquaient et l'improvisation en combat pouvait se révéler dramatique. Lui dire que j'allais galérer ? Une attaque. Elle ne devait surtout pas assister à plus de mes entre faits, sinon elle allait être démoralisée et être soulante, je n'allais pas pouvoir avancer si elle souffrait de me voir ainsi chercher et tester.

- Dégage, tu me sers à rien avec tes yeux de poissons mort. Encore un peu sonnée, elle qui devait penser que tout était bien qui finissait bien, elle ne put que balancer sa tête pour évacuer mon discours que déjà je me relevais pour partir. Prends soin des tiens, je reviens.
- Hey Yukio, atte... D'un mudra, je me propulsai en avant pour ne pas en entendre plus.

"Fais chier, je dois jouer les fuyards pour avoir un peu la paix."

Ayant distancé la collante demoiselle, déjà je reprenais depuis le début : "C'est quoi les foutus signes ?"

Soufflant un coup, pour me remettre de cet état mi comateux mi étouffé, je me mis accroupi. Ma mémoire me faisait défaut et je m’en mordais les doigts… “D’habitude, je n’ai pas le souci.”

Peut être que lors de ma lecture, j’avais vite zappé cette compétence car… Bah cracher de l’huile de crapaud, quoi. Il y avait plus attrayant. Frottant mon front de ma paume, je cherchais dans ma boite à souvenir pour saisir la marche à suivre.

“Au pire, j’improvise ?” Les mudras m’échappaient mais il y avait une logique derrière, un langage que je devais développer pour dire à mon chakra quoi faire : Se transformer en huile poisseuse. D’un soupir, je dirigeai ma réflexion vers un constat simple, celui de l’élaboration de la technique.

- Bon, alors… Créer de l’huile, ça doit être relié au Suiton, non ? Par réflexe, mes paumes se rejoignirent pour former le signe du Chien, synonyme de liquide. Après quoi ? C’est pas que de l’eau… Soufflant du nez, je tendais fort mes doigts pour conserver la prise, tout en me prenant considérablement la tête.

Un vif souvenir jaillit dans ma mémoire : Le Tigre ! “Le tigre ?” Celui-ci était beaucoup utilisé dans les compétences katon, ainsi je le mobilisai quasiment tout le temps… Très vite, le mudra cité apparut dans le tortillement de mes membres. “Suiton et katon ensemble…” Cette huile pouvait brûler ? Elle était inflammable ?

“Pour l’instant, elle est surtout inexistante.”

Rangeant cette idée dans un coin, je continuais ma dérive dans les signes incantatoires. J’avais l’élément, il me fallait alors la diriger, la propulser, en faire quelque chose de productif et d’utilisable en combat. L’émission, je pouvais décemment la créer par le mudra du Coq, liant ainsi le tout avec le fuuton, mais cela me parut un peu beaucoup… Un grand risque était la dispersion, dans une petite grêle d’huile plutôt qu’un flux concentré. La concentration, je pouvais décemment la demander avec le mudra du Cheval, avant celui du Coq.

“Il prend forme.”

C’était théorique, extrêmement peu pratique, mais un meilleur début que le vide… Alors je passai à la phase deux, celle de la mobilisation du chakra dans l’équation : Produire cette foutue huile. Ainsi, la suite fut éprouvée alors que je mélangeais patiemment mon énergie physique et psychique dans un nouveau type de puissance. Quel volume de celle-ci ? Dans le test permanent, j’en mis quand même pas mal… Des petits faisceaux bleus se présentèrent ainsi autour de mes mains alors que je concentrai mon chakra dans ma bouche…

Tel le katon, tout se passait dans le transfert entre le souffle et la zone buccale où se transformait le tout : Ici, pas de feu, mais une recherche de matière collante. Un goût étrange apparut, mais je le mis vite sur le compte de la matière que je cherchais à concevoir… Soufflant, je sentis un inconfort, comme un blocage dans mon larynx. Très vite, ce qui devait être un premier essai devint un vomissement incontrôlé… Le sable se teinta vite d’une couleur et d’une consistance étrange, ce n’était clairement pas de l’huile. C’était plus dur, presque rugueux dans ma bouche : En tout cas ce qui restait après l’expulsion violente.

Trop de chakra ? Mauvais mudra donnant la mauvaise technique ? Pour l'instant, je n'avais pas besoin d'une technique pour me suicider... Alors, je mis de côté cet échec pour me reconcentrer dans un nouvel essai, un peu plus tendu, en mettant moins d'énergie. Bien vite, je pus percevoir que j'étais sur la mauvaise voie... L'élément était trop peu liquide, il y avait de gros grumeaux qui s'échappaient de ma trachée : La transformation se faisait trop brutalement, le problème était alors les mudras...

Il fallait fluidifier tout ça.

La facette liquide était trop gommée, au profit de... Pas grand chose, m'asseyant dans le sable, bien loin de la flaque de grains assaisonnée, je réfléchissais à quoi modifier dans la suite de signes. Un bon quart d'heure, j'avais bloqué sur ça... En parallèle, j'étais un peu fatigué par la journée qui se présentait devant moi. Expérimenter un bon moment, c'était aussi grisant que chiant, quand on y pensait... Surtout quand les expériences c'était de cracher en abondance une substance collante.

"Comme à la maison."

Tapant dans la dune, comme un signal pour me remettre dans l'exercice, je me relevais pour retenter : Ajoutant un mudra, celui du Chien, déjà mobilisé dans le début de la suite, je m'imaginais pouvoir fluidifier la soupe immonde que je créais. Confiant, je balançais une dose moyenne de sauce pour vérifier et...

Ce fut un succès.

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Le sable et la cendre.



Enfin, un succès… Disons que je crachai un fin filet sur le sol, un liquide sombre qui grava sa présence dans le grain clair. D’un œil étonné, je saisissais le spectacle : Plus de grumeaux, mais un résultat fluide. Un grand sourire apparut sur mon visage, mais il restait du travail… Un peu d’huile, ce n’était pas mobilisable en combat.

C’était cependant un bon début.

Il me fallait former un flux puissant, limite capable de repousser un opposant tout en l’engluant dans cette mélasse. Bien entendu, l’objectif “mouillé le Kaigan” était toujours dans ma tête, mais je pouvais voir d’autres applications en dehors du combat contre ces adversaires fort uniques. À quelques mètres de moi, un courant d’air s’amusait à faire tourner quelques grains dans un courant coquin. Les tentatives suivantes furent audacieuses, notamment dans la quantité d’énergie prélevée dans mon corps pour la rejeter sous forme élémentaire : Malheureusement, ce n’était pas assez fort pour être productif puisque c’était bien trop long… Un simple genin pouvait esquiver ma petite rivière aérienne, même si celle-ci grandissait avec l’échelle des ressources, formant des cascades dont la seule différence était l’angle plus ou moins aigu à mes pieds.

Non, encore une fois je devais voir dans les mudras… Et ma perception de la technique. Il me fallait plus de puissance, plus de pression : Un peu comme dans le fuuton ? “Non, je dois penser comme un utilisateur de suiton…”

Sauf que j’étais clairement pas l’un d’eux.

Bien entendu, j’avais assisté à quelques techniques, mais l’élément aqueux manquait à mon répertoire, comme pas mal de choses… “Si peu de temps.” Sur le côté, le sable montait doucement pour se jeter avec le ciel, comme un défi. Aussitôt, je me remettais sur le coup : Pas besoin d’être bien intelligent pour modifier une base solide. Alors quoi ? Très vite, je pensais aux opportunités : Le Dragon pour l’explosivité ? un nouveau mudra du coq pour la pression ? Sans doute que le cheval, utilisé pour une forte concentration, pouvait marcher… Sans plus de réflexion, mes mains se joignirent dans la suite classique de l’huile, pour ajouter ce dernier signe hippique.

Finalisant le tout avec l’énergie associée, je fus surpris de la puissance de mon souffle qui devint bien trop vite une masse liquide continue… Comme un jet puissant, le tout sortit comme si je vomissais, mais c’était l’air expiré, tout simplement. Seulement, je fus quand même pas interloqué par l'arrêt rapide, comme si le fait de projeter cette matière la rendait moins pérenne. C’était trop court, je n’avais pas assez de “jus”...

Augmenter encore la dose de chakra ? Un nouvel essai me montrait que le flux n’était que plus puissant, pas plus long… Alors, je devais apporter plus d’air ? Je pouvais agglomérer pas mal dans mes poumons, mais bon. Les grains malmenés par le vent se jetèrent par terre, la journée avançait et les courants ne s’amusaient plus. La violence était telle qu’un petit trou se forma, des petites vagues apparaissant sur les côtés, comme conséquence du désert cruel.

“Concentrer ?”


Sans doute qu’en prenant le temps de massifier l’huile, je pouvais avoir un vrai flux long et utilitaire. Ici, la pratique subite faisait que peu de matière était créée. Scrupuleux, je pris le temps de réfléchir à la manœuvre : Vomir de nouveau n’était pas dans mes plans. Un temps, très court, je m’imaginai transformer l’air directement dans mes poumons, comme n’importe quelle technique fuuton, mais la perspective d’avoir de l’huile collante dans mon organe vital ne me plut guère… Étonnant, non ? Une mauvaise manipulation et je m’étouffais, seul, dans le désert.

“J’aurai peut-être dû garder Nana avec moi !”

Sauf que non, elle m’aurait cassé les pieds… Une bonne demi-heure, je réfléchis à la stratégie à employer : Retarder l’attaque faisait qu’elle devenait bien plus lente et facile à esquiver… Je devais alors trouver, en parallèle, un moyen de bloquer ou de surprendre l’adversaire. Un clone ? Un genjutsu ? Cela compliquait les choses, sans pour autant les rendre impossibles.

Les mains collées, j’exerçais les signes incantatoires pour administrer le chakra en conséquence, au lieu de souffler tout de suite j’emmagasinai l’air dans ma bouche. Celui-ci devint rapidement un liquide qui prit bien plus de place que l’état gazeux : Mes joues se chargeaient alors que ma langue se collait à la membrane buccale pour laisser le plus de place possible à l’huile. Un petit goût apparu, fort désagréable… Ça puait pas mal, mais c’était soutenable. “Je suis un juunin quand même.”

L’odorat, je ne l’utilisais guère, mais j’avais durant ma vie connue certaines odeurs : La mort, le sang, la merde… Ce n’était pas la vague senteur suave de cette huile "chakratique” qui allait me faire tomber à la renverse. Une fois la pression assez forte dans ma bouche, je lançai le tout devant moi dans un jet unique et solide qui atteignit une bonne distance : Dix mètres, environ, peut-être un poil moins. Satisfait, mais pas complètement, je réitérai l’expérience deux fois encore, en veillant à réduire le temps de chargement pour trouver la durée optimale…

Cinq secondes.

C’était le meilleur temps que j’avais obtenu en gardant les propriétés d’attaque et de portée… Moins et c’était inefficace. Un instant, je regardais le sol face à moi, victime collatérale de mes tentatives : Les grains, souillés, semblaient se concentrer pour former une boue infâme, m’approchant de la scène de crime, je m'accroupis pour constater la texture de mon index. C’était étrange, poisseux, et très peu agréable sur ma peau. “Parfait pour ce que je veux faire.”

Même si je ratais les Kaigan, le sol n’était pas utilisable pour se déplacer rapidement et s’ils avaient le malheur de marcher dessus, ils allaient en pâtir ! Pour vérifier, j’approchais mon pied et aussitôt j’eus du mal à me stabiliser, m’aidant de celui au sec pour ne pas tomber… Ce n’était pas un tapis de savon, mais un imprudent comme moi pouvait se laisser avoir : Tomber par terre, c’était perdre du temps et signer de nombreuses blessures futures.

“Parfait !”

- AH ! Te voilà ! Une voix reconnaissable, car entendu précédemment, Nana se ruait sur moi comme un démon, mais elle se heurta bien vite à un champ de sable glissant et incapacitant.

Interdit, je la vis glisser, chavirer, essayer de se redresser pour enfin gicler en avant comme un petit poisson qui surfait sur les vagues… Tout l’avant de son corps finit à râper sur le sable, ainsi que son visage figé dans son trou granuleux.

“Parfait !!”

La technique fonctionnait sur le sol, peu de raison que sur quelqu’un cela ne soit pas concluant. D’un rire, je signalais que j’avais tout vu et je m’approchais de la belle pour tendre la main et l’aider : J’étais un peu la cause de sa mésaventure. Lentement, je vis son dos se relever alors qu’elle cherchait une prise adéquate pour revenir sur ses pattes : Ses longs cheveux glissaient, ce qui ne me permettait pas de voir correctement son expression faciale. Sans doute qu’elle était très en colère, peut-être même qu’elle allait m’attaquer.

Les sourcils froncés, je regardais la demoiselle faire son office, la main toujours tendue et attendant patiemment qu’elle comprenne ce que je proposais. La tête de la victime malheureuse s’orienta enfin vers ma direction pour montrer plein de petits grains agglomérés sur ses joues et les arrêtes de son nez, de ses narines on pouvait percevoir quelques passagers clandestins qui s’extirpaient devant un souffle fort, signe d’emballement du cœur car… Oui, elle était bel et bien en colère.

- Tu es bien belle comme ça ! Attrapant le bout de mes doigts, Nana se redressa derechef sans lâcher pour autant ma perche, bien au contraire elle tira dessus pour me faire avancer alors qu’elle-même faisait pareil pour essayer de me gifler.

Pas bête pour un sou, j’avais pensé à cet embranchement et ma main attrapa son poignet pour éviter qu’elle ne rougisse ma joue.

- Tu disparais et maintenant tu joues avec moi ?
Elle était furibonde, mais je pouvais la comprendre.
- Pas du tout. Je lui souris gentiment, relâchant son bras avec douceur. J’ai trouvé un moyen d’attaquer leur corps de sable sans eau et je me suis entraîné… Tu as glissé sur le résultat de mes recherches. La belle épousseta ses vêtements, mais cette boue ne partait pas de quelques gesticulations. Pas mal hein ? Et même si je les rate, ils auront du mal à venir vers moi donc j’aurai toujours un avantage !

Pas convaincu, elle ne put que faire une moue pour signaler la chose. Soupirante, elle regrettait déjà d’avoir fait confiance à un guignol comme moi, mais j’étais un espoir pour son village et…

- Heureusement que tu es mignon. “Et merde.”
- Si tu le dis. Je n’étais pas là pour ça et quelque part, j’entendais Honoka grogner.

C’était la nouveauté qui faisait ça ? Le fait que j’étais un shinobi et donc un guerrier qui pouvait sauver la demoiselle et les siens ? Qui sait ? Pour autant, je ne voulais pas donner de faux espoir à la jeune fille… Sans attendre mon reste, je partis vers le village, suivis par l’aguichante locale.

“Encore une couche de problème."

J’étais trop beau, ce n’était pas ma faute…

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Le sable et la cendre.



Les Kaigan vinrent une semaine plus tard.

Dans un vrombissement, les villageois virent le sable s’accumuler pour proposer des corps : Muscles, cicatrices et enfin vêtements. Les hommes étaient là, enfin… Il y avait deux femmes. C’étaient des personnes impressionnantes par leur taille, mais également leur air féroce : Ils étaient rompus à la guerre ? En tout cas, les blessures guéries apparentes sur leurs bras et leur visage montraient qu’ils se battaient. Huit Kaigan qui marchaient paisiblement jusqu’au cœur de la petite localité pour grogner et assembler les gens : C’était jour de paye. Évidemment, ils ne jouaient pas de la violence puisque persuadés que le village était dans la poche. Nana et son père arrivèrent en premier, portant des sacs de toiles, alors que d’autres arrivaient avec plus ou moins le même paquetage, certains mêmes apportèrent une lourde caisse qui demandait deux hommes pour la porter.

Subsistait une silhouette dans l’ombre d’une tente, à l’écart, et elle fut très vite repérée par les envahisseurs : D’un air mauvais, deux Kaigan s'avancèrent pour mettre dans le rang le résistant de pacotille. Les deux lascars virent vite que cette silhouette n’était qu’un homme, encapuchonné dans un petit manteau fin, digne des voyages les plus longs. Une taille moyenne, quelques mèches qui sortaient du tissu et peu de peau apparente. Cela aurait pu être n’importe quel villageois et les ensablés ne prirent pas la peine de compter l’effectif pour savoir qui il était. D’un cri animal, sûrement pour faire peur, ils poussèrent le réfractaire pour… Passer à travers son corps.

Les autres claniques du sable virent la scéne et furent un peu surpris… Ce qui laissa le temps à la caisse d’émettre un nuage de fumée autour d’elle, d’où naquit… Absolument rien. De larges secondes, l’émission dura jusqu'à ce qu’un jet de liquide brun transperce l’uniforme émanation pour toucher deux Kaigan proches, rapidement la source de cette fontaine essaya de faire diriger l’huile ailleurs, mais les autres cibles purent aisément éviter l’attaque une fois la surprise passée.

Un coup de vent froissa l’assistance, laissant la conséquence du Dai Henge disparaître gentiment alors qu’apparaissait près d’une des victimes du liquide un homme chevelu, à barbe et, malheureusement pour le sable mouillé, doté d’un katana. Le shunshin avait permis à Yukio de foncer sur l’un des huit oppresseurs pour le décapiter.

Et Yukio, c’est moi.

Alors, vous allez me dire : “Oui, Yukio, tu passes quand même un peu vite sur ta vie au village”… Ou bien, “C’est vraiment une idée de génie.” Mais il faut dire que ma semaine dans la localité ne fut pas bien passionnante, échafauder des plans me prit la plupart de mon temps, pour le reste je jouais avec les mioches qui bien vite apprivoisèrent le sunajin belliqueux ou bien je discutais avec les vieux pour connaître la vie de nomade. Nana me collait aux basques, essayant une drague plus subtile depuis qu’elle n’avait pas vu la moindre réaction lors de “l’accident de l’huile.” Bref, je tournai autour du problème suivant : Huile, bien, mais temps pour lancer l'huile, pas bien.

Il me fallait une diversion et je n’allais pas utiliser un des civils pour cela… Alors autant séparer et occuper le groupe qui allait faire son racket. Pour le reste, j’avais quelques techniques et le genjutsu pour me donner de la latitude.

Les autres ? Dès lors que j’avais lancé mon attaque, les plus vigoureux locaux se jetèrent sur les Kaigan encore entier pour les occuper, en essayant le moins possible d’aller au contact de leurs armes : Cela passait par des jets d’objets, l’utilisation de fourche et d’outils de longue portée. Bref, je ne voulais pas avoir de morts sur la conscience.

Sauf celles de ces ensablés.

Celui que je visais, le sable souillé et lourd à cause de l’huile, je pus rapidement mettre fin à sa vie : La surprise et le manque de mobilité me permit de déjouer sa défense naturelle. Tournant vite le regard sur son voisin, très proche, je lui sautai dessus pour le planter. L’angle de ma décapitation ne me permit pas un autre coup et mon saut fut soldé par un impact sur le corps du balourd : Mon genou atteint son torse de plein fouet alors que ma lame pénétrait la chair de sa bouche, s’enfonçant immanquablement dans la membrane buccale. Me préparant à me relever après mon coup brillant, je sentis une pression contre le poignet de la main qui tenait la garde.

C’était la main de ma victime, qui me bloquait alors que gargouillait un son de la gorge du salaud.

- Ze… vé… tuer. Soufflant bien trop fort par le nez, évocation d’un soupir, je me décrochais vite pour essayer de finir le bougre. Un arc de cercle du katana dut finir ses jours, mais l’agonisant eut de bon réflexe en levant sa propre épée pour amortir le choc.

“Pourquoi tu meurs pas ?”

Un coup de pied dans le torse me fit reculer alors que le juggernaut, déjà, se relevait. La bouche grande ouverte, il me montrait mon erreur : L’huile avait mouillé son torse et son visage, mais pas l'arrière de son corps qui demeurait sec. Le sable avait absorbé l’humidité sale à des points précis, le reste demeurait meuble et utilisable. Sous mes yeux, le trou formé par mon attaque se rebouchait.

- Vous êtes plein de surprises. Un sourire de défi alors que les autres s’approchaient, ignorant les frappes des civils. C’était moi l’ennemi.

"Un ninja, faut le tuer vite fait."

D'une garde basse, j'attendais la prochaine action du Kaigan zozotant, qui sans doute n'avait pas son handicap de langue une fois mon bout de métal retiré de ses voies respiratoires. Au final, je n’étais pas en super posture... Sur les huit, deux couraient pour se rapprocher alors que cinq étaient bien trop proches à mon goût, un seul était en bout de course, étendu sur le sol. Une grande inspiration et je me lançais dans l'offensive.

D'un pas assuré, je me jetai sur le percé alors qu'il s'attendait clairement à cela. Bien entendu, je n'étais pas complétement stupide et j'avais préparé quelques plans de secours. Mon sprint me permit d'accumuler de l'énergie cinétique qui fut prise à partie lors de mon arrêt brutal, qui devint sur le sable un dérapage quelque peu non contrôlé... Pas grand-chose pour m'arrêter, alors que j'empoignais mon fourreau pour me baisser le plus possible et faucher les jambes de ma cible.

Une réussite, il n'avait pas prévu mon mouvement plutôt osé et sa garde était trop haute pour pouvoir réceptionner ma posture très basse, ses jambes volèrent durement, le forçant à faire une roulade dans les airs et atterrir sur le dos. Ma lame toujours au clair, je levais mon bras pour enfoncer celle-ci dans le torse du bellâtre. La zone était vulnérable, car il ne pouvait pas transformer cette partie en sable... Dans un soupir, il rendit l'âme.

Revenu sur mes jambes, rapidement, je désignai les autres oppresseurs de ma pointe :

- Qui est le suivant ? Toujours cet air insolent, qui allait me faire tuer un jour. "Peut être aujourd'hui ?"

Comme réponse ? Des grognements et un assaut coalisé de trois des plus téméraires et rapprochés. Deux pas en arrière et j'esquivai le tranchant des lames, mais pas la pointe de la lance qui m'érafla le flanc. Sur les trois, l'un avait de la portée.

"Du feu ?" Dans le cadre présent, ce n'était pas une bonne idée. Personne ne voulait faire cramer les tentes si durement défendues. Alors, le choix fut porté sur le vent... D'un mudra de ma main libre, je libérais un fort flux fuuton pour décontenancer mes assaillants, sans attendre qu'ils se remettent j'attaquai celui à la pique pour rompre cet avantage. Me rapprochant dangereusement du torse de ma cible, je valdinguais sur ma droite pour donner un coup vertical sur la base de la hampe de l'arme, bien entendu je m'arrangeais pour chopper aussi quelques doigts du misérable qui avait osé me blesser. Bien entendu, l'amas de sable laissa quelques grains, pas de sang malgré la perte de son index et de son pouce sur la main gauche.

Il ne fallait pas oublier ses acolytes et une fois la menace éliminée, je poussais le brave salaud pour m'orienter sur son voisin à bâbord, celui-ci ne fut pas assez rapide pour bloquer ou esquiver que j'aiguisai mon tranchoir sur sa nuque nue. Un gain de temps plus qu'un meurtre, puisque lui n'était mouillé... Déjà, à peine la tête tombait à terre que je voyais le sable se reconstituer sur la base du cou.

Bientôt, le visage allait léviter légèrement pour se rattacher au corps, au sol. Satisfait de mon assaut, je reculais pour préparer une rasade d'huile ninpo, histoire de rendre les mutilés complètement inopérables pour mon prochain assaut. Les longues secondes furent l'occasion de voir le chaos : Les hommes tenaient en respect les Kaigan qui se moquaient d'eux, approchant en me regardant sans même respecter le courage des civils.

Les locaux gagnaient du temps, tout au plus. Heureusement, ils n'allaient pas être blessés ou tués puisque j'étais la cible... Sauf que loin des blessures physiques, la douleur morale était présente. Malgré les coups, aucun dommage… C’était comme des coups d’épées dans l’eau, enfin, dans le sable. Plus les attaques étaient inutiles, plus le teint des civils était pâle puisqu’ils comprenaient que tout cela était bien vain…

“J’étais effectivement leur seule chance.”

Finissant de réunir mes maigres ressources en huile, je balançai la sauce en pensant pouvoir faire mouche... C'était sous estimer la persévérance et la vitesse de mes proies qui s'effacèrent dans le cadre ensablé pour éviter mes jets. Mon seul vrai mouvement fut alors de rincer le sol face à moi pour les empêcher de s'approcher discrètement, en se mélangeant avec le désert.

Le danger de l'huile avait été percé à jour, il fallait trouver autre chose.

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Yuk'exploration


Le sable et la cendre.



Dix minutes de combat acharné : Esquive, contre-attaque, tentative désespérée de faire tomber de nouveaux ennemis et... Rien. Sans huile, mes coups manquaient d'impacts dès lors qu'ils savaient que j'allais frapper. Le katana que je chérissais tant n'était d'aucune utilité face à l'élément qui composait le corps de ces saloperies.

Un sourire carnassier était apparu sur le visage des Kaigan alors que je reculai devant leurs assauts. Moi, je n'étais pas insensible aux armes et chaque attaque représentait une occasion de me faire embrocher ou tailler en pièce. Les villageois étaient maintenant dans le dos des envahisseurs, choqués et complétement dépassés par les événements... Dans certains moments, je voyais le visage de Nana, pleurant amèrement l'échec et ses conséquences. Alors que je me retrouvais contre la toile d'une tente, bloqué dans ma retraite, je pus rapidement réfléchir à la finalité.

Pour moi, c'était la mort. Pour eux, c'était la servitude et même pire...

"Pas très réjouissant tout ça."

Ma seule chance était l'huile, bien entendu, mais la faiblesse de cette technique pouvait me tuer s'ils m'attaquaient pendant que je concentrais le flux. Une idée ambitieuse me vint à l'esprit, peut-être déclic pour un avenir plus radieux... Sauf qu'il fallait faire des sacrifices.

"Désolé."

Sans la moindre idée de quoi faire, vraiment, j'opérais les mudras de la compétence huileuse pour ajouter, en fin de course, celui du Tigre, associant ainsi la technique dans une facette katon... Alors quoi ? Mettre le feu à l'huile pour que cela colle et détruise leur défense ? Les doigts s'agitèrent que déjà une attaque s'engageait. Je ne pus que cracher rapidement pour me défendre, à la place de la braise attendue, dans un espoir fugace, ce fut un liquide bouillant qui me brûla même les lèvres.

Sous la douleur, je fus obligé de me courber pour poser la main sur ma bouche, dans un réflexe presque animal pour me protéger, mais ceci coupa toute ma vision un court instant... Trop ? "Qu'est-ce qui a raté ?" Bien vite, cette idée fut remplacée par une autre, bien plus réelle, comment ça aurait pu bien marcher ?

La précipitation et les techniques parfaites, cela ne faisait pas bon ménage.

La surprise, cependant, avait-elle été de mon côté ? Relevant les yeux, je pus distinguer des corps qui gardaient leur distance, alors que l'un des Kaigan se tenait le bras... Celui-ci, sombre et marquant des striures noires et sanguinolentes, ne laissait que peu de place à l'imagination. Je l'avais brûlé vif, oui. Au sol, une vague fumée s'élevait sur les contours de la flaque produite.

C'était un demi-échec, puisque cela avait sans doute sauvé ma peau, mais à peine je retrouvais espoir que les troupes redevenaient compactes pour avancer : Le blessé restait en arrière alors que ses potes ne perdaient pas une seule seconde pour profiter de mon état toujours acculé. Heureusement, sur les cinq encore en course, un n’avait pas d’arme a proprement parler… Juste ses petits poings qui faisaient déjà une bonne raison de m’écarter de lui. Des reliques de mon attaque sur ses doigts, il ne restait rien…

En parlant de doigts, mon index et mon majeur palpèrent très vite mes lèvres pour sentir une brûlure sur les extrémités. Je n'avais pas fait qu'ébouillanter un malheureux, j'avais pris aussi ma part. "Rien de handicapant." Très vite, la réalité revint me parler : Des brutes qui voulaient ma peau. Levant ma garde, j'essayais de les menacer le mieux possible, mais ils étaient nombreux et j'étais seul.

Très vite, la situation dérapa : Réduit à des esquives latérales, je voyais arriver et se développer la stratégie d'étouffement. Lâchant les chaires brûlées, j'agrippai le tantô dans mon dos pour pratiquer une petite incision à l'aveugle dans la toile de la tente, de quoi pouvoir me sortir de la situation si besoin, en me baissant un poil. Pour autant, le premier coup de lance me fit arrêter tout pour me permettre un pas de côté, qui valu le découpage de devenir un vulgaire poinçonnage. Le pied d'appui instable par la surprise de l'esquive, je ne pus me permettre de faire rater le coup qui vint ensuite, enfin pas totalement. Le tranchant d'un des salauds me coupa durement sur le bras, alors que je me jetais sur le côté... Un peu plus et je perdais un membre. Aussitôt, une des dames Kaigan en profita pour s'approcher et lever son épée dans l'espoir de me diviser à même le sol...

Que faire ?

Par réflexe, je positionnai l'acier de mon arme devant mon torse pour amortir le choc. La lame cogna violemment contre celle-ci et, indirectement, contre moi. Le temps que la belle relevait son bras pour frapper de nouveau, oubliant toute technique au profit d'une brutalité sans nom. Je fis un tonneau dans ses jambes pour planter ma courte lame dans sa cuisse... Un grognement, mais pas plus. L'intérêt n'était pas la blessure, mais la prise qui me permit de me soutenir lorsque mes jambes se relevèrent pour lui agripper le bassin et la faire tomber la tête la première contre le sol. Sortant de ce guêpier, je me remis debout le temps que mon adversaire au taïjutsu réagisse.

Toujours proche de la tente, mais l'angle n'était plus dans ma défaveur. La toile était sur ma gauche, coupant un peu le front uni des Kaigan qui ne pouvaient pas développer leur attaque sur ce flanc-ci. Je soufflais, de soulagement et de frustration devant ce qui m'attendait... Quelques secondes devant moi, les signes furent mis en place après avoir rangé l’arme de secours : Une huile rapide, associé au Katon. Pas de concentration nécessaire, mais un équilibre entre les deux éléments.

"Alors quoi ? Faire bouillir l'huile ? Le faire brûler ?"

On n’avait pas souvent l'occasion de faire des barbecues dans le désert... Mais je savais que certains liquides prenaient facilement feu. Seulement, j'étais un peu refroidi par mon expérience précédente... La blessure coulait abondamment sur mon bras et je ne voulais pas rajouter une quelconque brûlure. J'étais déjà dans la merde, sauf que c'était sans doute la meilleure des solutions...

Il était surement plus fort de monter le curseur, faire cramer ce combustible de fortune, mais comment ? L'idée de rajouter des mudras me vint, mais bien vite je ne pus me résoudre à expérimenter autant sur cette base... Il fallait garder le mudra du Tigre, en plus des signes de l'huile, mais changer la proportion de l'énergie Katon. Ici, c'était augmenter pour embraser le tout. Dans l'urgence, je me lançai dans l'élaboration de cet entre-deux en gardant en tête le fait que cela pouvait me coûter la vie : "On apprend bien mieux en situation de danger, même si ça demande un goût certains pour les emmerdes."

Résolu, j'emmagasinais une petite masse dans la gueule alors que je transformais mon énergie en feu pour mettre l'étincelle à mes délices culinaires : Sentant les ressources, contre ma langue, devenir de plus en plus chaud, alors que des picotements me tenaient le palais, je crachai le tout sur les salauds devant moi. La technique se révéla moins liquide, mais toujours pas cette boule de feu suintante d'huile qui devait m'apporter le salut. À vrai dire, c'était un jet fluide parsemé de parties qui prenaient feu... La facette Katon n'était toujours pas assez développé, mais au moins je ne m'étais pas brûlé la bouche. En revanche, les types en face eurent leur part... Pour sûr.

Un picotement dans le dos.

Celui-ci fut suivi juste après d'une intense douleur, comme si je m'étais pris une... Une lance ? Me contorsionnant, je ne pus voir qu'avec horreur le regard troublé par le culte d'un homme, grand et puissant, qui prenait un malin plaisir à fouiner dans ma peau avec la longue pointe de son arme. Le fait d'être lié à lui m'empêchait de correctement me retourner, mais je comprenais plus ou moins le projet.

Jetant un coup d'œil devant moi pour voir si j'avais de la marge avec l'avancée des autres, je pus facilement distinguer une pause chez eux : L'huile avait calmé leurs ardeurs et la plupart devaient gérer des brûlures plus ou moins conséquentes. Cette version étant plus rapide et moins facile à esquiver, il n'y avait pas de questions à se poser. Une contraction me prit et, de mon point de vue, le sol devint plus petit...

Oui, le Kaigan s'amusait à me soulever pour me jeter contre la toile de la tente à ma gauche et je n'eus pas la force de contre-attaquer... La souffrance de cet intrus dans mon grand dorsal m'empêchait de correctement apprécier mon entrainement de Juunin au profit de la victime qui subissait. J'avais esquivé et enduré pendant de longues minutes contre plusieurs adversaires, j'étais clairement à bout de force et ce rejet dans une étoffe sableuse semblait être une pause bien méritée.

À la lumière du jour se succéda la pénombre de la tente, d'où perlait un peu de soleil par l'ouverture que j'avais créée par ma transition violente. "Alors, je vais mourir dans le noir ?" La sortie de la lance avait été un peu brutale, pas forcément de la façon la plus propre pour retirer un objet étranger du corps de quelqu'un : Je sentais l'irritation et un liquide chaud se déversait au sol, mêlant le sable au sang. Ventre à terre, seul les pas furent entendues...

"Alors, ça veut jouer les héros ?"

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Yuk'exploration


Le sable et la cendre.



Cette phrase sur le héros, je l'avais imaginé dans ma tête comme s'il le disait... Je crois même que cet enfoiré l'avait dit :

- Alors, ça veut jouer les héros ? C'était dingue quand même, d'être autant un tas de ... Sable et de narguer les gens. Les bras tendus, je tentais de me relever, mais il me plaqua de sa semelle contre le sol mou.
- J'aimerais bien pouvoir te répondre, mais tu es tellement un lâche que tu me permets pas de me défendre. Dans le doute, toujours faire le malin...
- Tes petits tours sont bien entendu tellement plus courageux ! Te camoufler pour frapper vite et dans le dos, c'est chevaleresque. "OK, touché".

Sa chaussure pouvait facilement me crisper le dos, surtout que j'étais clairement dans une situation vulnérable... Un coup de lance dans la nuque et c'était fini pour Yukio, pour autant je sentais que son poids n'était pas totalement sur ma colonne vertébrale, il avait placé son pied à la va-vite et ce n'était pas centré. Une chance ?

Sur un sol dur, en pierre, c'était impossible, mais le sable pouvait permettre de faire de grandes choses. Le katana, je l'avais dans ma main droite, bloqué par le Kaigan littéralement sur mon épaule. Il savait où était le danger, enfin, visiblement. Le tantô était toujours sous mes vêtements, coincé par ma ceinture, une délicate attention, car j'avais dû le ranger pour faire des signes incantatoires... Mais ça, l'adversaire ne semblait pas le savoir.

"D'abord me libérer, ensuite le mouiller d'une façon ou d'une autre et enfin le buter..." Un plan très complexe. Le secret serait de lâcher mon katana pour avoir toute la latitude de me retourner... Cela ne me plaisait pas. D'un soupir, je me permettais cette petite trahison pour ma chère arme, vivement je me retournais de l'autre côté, le gauche, pour pousser le pied de la vermine qui pensait me vaincre. D'un geste presque propre, je faufilais mon bras qui n'était pas armé dans mon dos, à la verticale, pour chopper mon tantô, visant la cuisse ou le bas ventre de mon opposant une fois stabilisé face à lui, mais tout ce que je reçus fut un nouveau coup de lance dans l'épaule...

- Putain... J'enrageais, alors que lui riais de ma ferveur. J'étais un animal blessé pour lui.J'avais réussi à me retourner, mais c'était pour faire face à mon destin, en fin de compte.

La grande entrée improvisée diffusait un soleil chaud qui m'arrivait sur les bras et les jambes, pour le reste l'ombre du Kaigan m'interdisait toute transmission thermique. Pourtant, j'avais froid... L'appréhension, le manque de sang.

- Alors c'est comme ça ? Pour seule réponse, des murmures étouffés.

Il priait ?

Les yeux plantés dans les miens, ce type que j'eus le temps de définir plus précisément : Brun, la peau mate, une légère barbe alors que sa carrure signalait plutôt un homme bien portant alors ses vêtements craqués devant les muscles et la graisse saillante. Le cheveu propre, en tout cas autant qu'on pouvait attendre d'un monsieur qui faisait corps avec le sable... Quelques grains restaient insolemment sur son habit et quelques mèches donnaient lieu à de la poudreuse plutôt qu'à un effet de style. Bref, un personnage assez commun si on oubliait la lance qu'il portait et qu'il levait lentement.

La cible ? Mon visage.  

De mon côté, dans un vague espoir de m'en sortir je tenaillais cette rotule constrictive avec mon poing droit ainsi que l'arme dans ma main gauche. Rien, le sable était pénétré comme de l'eau... C'était inutile. J'étais inutile.

"Je prie la terre de toute ma voix
Mais pas le ciel, il ne m'entend pas
Seul Shukaku m'entend.
Quand j'me réveille je loue le jour
La vie toujours, toutes ses merveilles
Je prie les roches, je pris le sable.
Les virtuoses, n'importe quoi.
Je prie la paix quand il s'en va
L'été, les étoiles et la mer
Et le soleil et ses éclats
Et j'suis sincère, j'prie pour tout ça
Mais le ciel, il m'entend pas
Seul toi, Shukaku, tu es là."


Qui était donc ce Shukaku cité ? Un dieu ? Leur chef ? Ce n'était pas Ichibi leur démon divinisé ? Pas le temps de plus réfléchir que déjà le bellâtre se réveillait de sa transe pour sourire de nouveau... Le stoïcisme du culte, c'était pour un temps, en réalité il n'était que salaud.

- Ça sert à rien de prier, tu aimes ça buter des gens. J'avais beau être en mauvaise posture, il fallait bien que je provoque.

La hampe se leva, injure au jour qui passait sur ses bords... Le tissu de la tente, dans mon dos, montra des ombres : Un monticule où une silhouette voulait planter un drapeau. Le katana était loin, des objets du quotidien présent dans la pièce ne pouvaient rien pour moi.

"Acceptons."

Au fond, je l'avais toujours su : J'allais mourir relativement jeune, mais ici ? Aujourd'hui ? Je pouvais quand même être prévenu... Relâchant ma prise sur la cheville de mon opposant, je me laissais faire.

- Désolé Hayato.

Un cri, une ombre rentrait par le trou pour se jeter sur l'autre ombre, celle au-dessus de moi. Lentement, la scène sur les murs se mua en un spectacle vivant, organique... En réalité, les cris se mêlait à la poussière des pas et des contre-pas. Une jeune fille dotée d'un couteau plus affilié à la cuisine qu'à la guerre s'agrippait au dos de la bête des sables et lui plantait le tout dans la nuque, encore et encore.

Le poids de la belle, la surprise, ... Le pied ripa alors que l'ennemi s'occupait d'autre chose que de ma présence. Une chance ? L'envie de vivre revint, les excuses oubliées : Il fallait se battre. De mon bras libre, je me relevais vivement et la blessure dans mon dos, chargée de sable, me rappela sa présence, mais je m'en foutais bien. Il fallait se tenir debout et affronter la menace... Dans un spectacle absurde, je fus spectateur d'un rodéo audacieux de la pauvre Nana qui m'avait sauvé la vie.

D'un cri, j'indiquais à la cavalière de se barrer alors que je fonçais vers l'homme, dans une synchronicité relative, elle impulsa ses jambes contre le dos pour se jeter en arrière alors que je culbutais le brave connard en lui présentant mon épaule. Les appuis instables, il avait atterri sur le dos, devant moi.

"Plus le temps de faire dans la politesse."

La colère froide se mêla à ma main droite qui composa les signes pour l'huile ninpo, finissant d'un mudra du Tigre. Plus de chakra Katon, pour faire brûler tout ça : Le liquide, le Kaigan, la tente... Étrangement, je ressentais cette pulsion de mort.

J'avais failli mourir.

Non pas que c'était la première fois, mais c'était bien la seule fois où j'avais accepté ainsi mon destin... Une honte, une rancœur. Oui, cette colère était contre moi. J'allais foutre le feu à cette bande de sous-race pour nettoyer mes péchés. Je n'étais pas un héros, j'étais un guerrier et ces types-là ne méritaient pas un autre sort.

Vivement, je désignai de mon tantô la sortie à Nana avant de me reconcentrer sur ma victime : Agglomérant le combustible, j'associais ainsi cette transformation symbolique des Nozomo pour sentir, bien vite, la chaleur dans ma gueule... Comme un dragon, je crachai le tout sur le pauvre, devant moi, et la boule de feu chargée d'huile avala le corps, comme le tissu derrière lui.

Des cris, la technique était complète, car elle ne laissait aucune chance... Le sable lourd de son corps ne pouvait pas lui permettre de s'enfuir, ni d'essuyer les coups. Il pouvait juste subir, comme cette tente qui rapidement s'embrasa du point d'impact jusqu'à la tête du chapiteau. Bien entendu, faire du feu dans un endroit confiné et inflammable, ce n'était pas ma meilleure idée, mais tant pis... "Leur vie plutôt que des meubles."

- Shukaku ne t'a pas entendu.
Sans un mot de plus, je laissais le Kaigan rôtir alors que la tente devenait un four temporaire. D'un pas lent, je sortis pour déboucher sur le terrain vague qu'était devenu le camp.

Moi éliminé, les civils n'étaient plus protégés par la présence de plus dangereux qu'eux... Les combats à sens unique se muèrent en un autre sens : Celui du massacre. Les locaux tentaient de tenir en respect les envahisseurs, mais les rires ne stipulaient plus l'inutilité de la manœuvre, mais plutôt la connaissance sûre et certaine que ce n'était qu'un contre temps accessoire. Encore bien remonté, je ne pus que hurler à la cantonade :

- EH ! Bande de fils de pute ! Vous avez pas réussi à me buter avec votre supériorité numérique une fois, on réessaye ? Mon katana était resté dans le logement qui déjà se pétait la gueule. Il ne me restait que le tantô que je pointai devant moi comme un défi. Vous avez assez foutu la merde, je vais tous vous buter pour vous apprendre la politesse, vous auriez dû rester dans votre trou à rat.

Les picotements du trou dans mon dos me prévenaient que faire le malin conduisait souvent à tomber dans le ravin, mais d'un signe rapide, je diffusais dans ma lame un flux de chakra pour la passer, tendre chaleur, sur ma blessure. Les dents serrées, je laissais les chaires se refermer autour de cette cautérisation de guerre.

La suite fut une danse macabre : Des attaques physiques, des esquives, des mudras... Les rues devinrent feu alors que certaines tentes étaient dévastées par le crématorium que je dispensais. Durant ce festival, je voyais et je ressentais cette technique devenir mienne par la répétition et la concentration qui baissait de plus en plus... L'équilibre des énergies, je le saisis vite, mais c'était le temps de préparation, réduit de pas en pas, qui fut la clef pour moi de la victoire. Chaque attaque était plus précise, chaque contre-attaque plus mortelle... Les civils couraient pour sortir du camp alors que je restais au milieu du sable et du feu, seul face à tous ? L'effectif ennemi baissé de minutes en minutes.  

Devant le nombre, j’avais expérimenté d’autres manières : Des petites boules de feu pour en toucher plusieurs d’un coup, augmentant les impacts et complexifiant leurs esquives, mais également un lourd lance-flamme qui consumait tout sur son passage… Même le combustible qui brûlait à vitesse grand max sous cette articulation. C’était une technique nuancée, prenant plusieurs formes selon les situations… Cela me plaisait, l’avoir dans mon répertoire signifiait beaucoup dans mon désir de polyvalence.

L'air se chargea d'une cendre lourde, se mélangeant aux matériaux en présence : À chaque levée de tantô, je voyais ma peau se mouler de plus en plus en une couleur de statue. Tadake Masoru avait raison, au fond... Un énorme feu résonnait en moi, en cet instant, et bizarrement la sensation d'être vraiment vivant m'emplit alors que les derniers Kaigan finissaient par cramer durement contre le sable.

Bientôt, ce fut une intense angoisse... Tetsu Akuma avait aussi incendié, de rage, tout un camp. Rappelant ma respiration dans un calme renouvelé, puisqu'il fallait se l'avouer : J'étais en rage, je stoppai tous mes mouvements pour fermer les yeux. Le chaos autour de moi résonnait encore dans mon corps et les soubresauts de mes muscles montraient que ma coquille n'avait pas encore fini de s'exciter : Être immobile, c'était mourir, et mon esprit était encore dans le cadre du combat.

- Qu'est-ce que j'ai fait ? Au loin, des cris... Enfin non, le processus lent et aiguisé des questionnements puisqu'il n'y avait plus de mouvements, plus de hurlement, plus le son des pas dans le sable ou du feu qui crépitait, car jeté à toute vitesse... Un silence.

Le son de la destruction, rien que ça.

Ces cris, c'était de la joie, car entre les volumes de fumée, ils pouvaient sans aucun doute voir que j'avais vaincu car... J'avais survécu et pas ceux en face. Certains pénétrèrent sur les lieux du crime, s'approchant de moi avec une jovialité presque agaçante vu la situation. D'un regard morne, je les fixais avant de rentrer mon agressivité dans une poche de mon esprit et adopter, plutôt, un sourire factice.

- Vous êtes libre. Nana se jeta à mon cou, elle avait comme les autres fuis le chaos après m'avoir sauvé… Je n'avais pas pu la remercier, mais une partie de moi pensa que ce que je venais de faire, c'était un sacré retour à l'envoyeur.
- Merci... Sa peau et ses vêtements se constellaient de cendre, comme tous les locaux venus après la guerre.
- Je crois que votre camp a beaucoup souffert...

Effectivement.

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Le sable et la cendre.



Quelques jours avaient dû être pris pour sauver des meubles et des vivres, ainsi que récupérer le plus possible pour... Pour quoi d'ailleurs ?

J'avais proposé de venir à Suna, c'était plus sûr, mais les braves ne voulurent pas : C'était chez eux, malgré la menace Kaigan proche. Alors, ils avaient promis de rebâtir et de continuer leur petite vie. Tristement, j'avais accepté leur hospitalité le temps de me reposer, tout en aidant aux travaux : Éteindre les feux, porter des trucs... La blessure dans mon dos me faisait souffrir, même "soignée" et mon bras était plus faible avec la lourde coupure. Les hommes me laissèrent faire tout en m'accompagnant pour que je ne porte pas seul le butin. Puis un jour, je dus bien partir pour rentrer à Suna.

Un beau départ, quelques pleurs et des promesses de retour. Je ne comptais pas les laisser sans demander une petite surveillance par le village : Ils pouvaient être un bon départ pour la conquête de la région et surtout je n'avais pas sauvé leur cul pour qu'ils disparaissent !

- Tu es sûr que tu es remis ? Tu veux pas rester plus ? Un beau sourire, cette Nana, mais la gentillesse était de trop.
- Je suis un ninja, ça fait plusieurs jours que je suis guéri... Et puis, pour juste marcher ça ira.
- Et si les Kai...
- On verra. J'avais la stratégie, maintenant, pour les buter plus facilement. Écoute, fais attention à toi. S'ils reviennent, barrez vous vite... On ne sait jamais. Un hochement de tête comme seul au revoir, elle n'avait pas eu ce qu'elle voulait et je n'avais pas le temps ni l'envie d'une romance de passage...

Honoka ne méritait pas un tel traitement, j'avais sans doute buté quelques demi-frères ou cousin, autant ne pas aggraver les choses.

Soupirant, je me mis en marche, mon sac sur le dos, du côté qui n'avait pas pris un coup de lance... En rentrant au village, il fallait faire un rapport, pas le temps de se reposer ou de bien appréhender la situation.

Un léger châle autour du visage, les pas s’enfonçant nonchalamment dans le sable des dunes, j’avançai. Mon travail résidait dans cette dynamique : J’étais chargé d’explorer le désert pour Suna. Un travail excitant, quoi que chronophage puisque la zone à couvrir était grande…

J'avais exploré, autant le désert que ma propre psyché. Ce que j'avais vu, j'en étais effrayé... Ce feu, immense et immonde.

"Non." Je devais effacer cette impression de saleté, j'avais bien fait...

Ainsi, dès mon retour j'avais foncé dans le petit bureau qui me servait de quartier général... Une garçonnière dont seul moi avait le secret, doté de cartes et de fiches écrites mains au sujet du pays du vent. Posant le sac de voyage, j'avais pris la grande représentation du monde pour tracer d'une plume rouge une croix et des symboles, une légende que je comprenais, montrant un territoire touché par les Kaigan.

"Ils changent de manière de faire, qu'est-ce que ça veut dire ?"

Une heure plus tard, j'étais allé faire mon rapport à Hayato en lui disant bien d'envoyer une escouade de chuunin dans quelques semaines pour voir si tout allait bien... D'abord suspicieux, il céda vite puisque j'avais des arguments pragmatiques. Cependant, il m'expliqua bien que c'était une faveur et que les shinobis n'allait répondre que de moi : Trop de paperasse pour s'occuper de mes affaires.

Ainsi, le temps passa.

Dans mon bureau, réfléchissant mon prochain voyage, des pas et une petite tape sur la porte signala un visiteur : Le retour du chef d'équipe ? Grognant, je validai son entrée, ce qu'il comprit après plusieurs longues secondes... L'hésitation sans doute. Un quarantenaire très sérieux, trop sérieux sans doute pour admettre obéir à un petit jeune. Il me toisa, moi assis et lui debout, avant que je ne fasse un signe de tête pour l'inviter à parler.

- Yukio-Sama, nous avons suivi vos instructions sur l'emplacement du camp, mais... Il a été détruit. La marque de hiérarchie semblait lui arracher la gueule, mais je m'en foutais car... J'étais surpris, déçu, voir désespéré.  
- Quoi ? Des morts ? Ma main se crispa sur le bois de la table.
- On a trouvé des cadavres, des hommes surtout... Enfin, pour ce qu'il restait. Pas de femmes, ni d'enfants. Cette précision me fit froid dans le dos, les Kaigan étaient revenu et...

Il était tout à fait usuel qu’un vainqueur s’attribue femmes ou hommes d’un membre du clan vaincu.

"Merde."

- Très bien, dites à mon frère qu'il peut arrêter d'envoyer des forces de surveillance... Notre point d'entrée est supprimé. Froid comme la mort, je ne laissais pas apparaitre cette colère sourde qui me tenaillait la tête.

Très vite, le chuunin se barra et je me retrouvais seul dans la pénombre de ma fonction. Soufflant, je reculais ma chaise pour essayer de me calmer, prendre de l'espace avec les cartes et les responsabilités. Respirer, il fallait que je respire...

Trop tard, j'explosai pour faire valdinguer l'ensemble de la table. L'encre et les feuilles volèrent, certains plus vite que d'autres.

"Je suis pas un héros."
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