Ce RP est la suite immédiate au test RP de la présentation.
Mirru a les genoux dans la terre, tournant une griffe de jardinage afin de faciliter le retrait d’une énième carotte. C’est la dernière récolte de ces racines de l'année et il n’y a plus beaucoup de temps avant qu’elles ne soient plus bonnes pour la conservation. Il dépose dans un panier la carotte une fois extraite. Restant ensuite quelques secondes les fesses sur ses talons, se frottant le front, déposant une nouvelle trace sur son visage. Il ne fait aucun doute qu’il a donné du coeur à l’ouvrage en le voyant dans cet état. Sans parler de ces fagnes débordant du haut de la hotte. Son regard se pose sur le reste de la parcelle du potager, à vue de nez il en a encore pour une bonne vingtaine de minutes. Combien ont été prélevées jusque là ? Il n’en a aucune idée, mais son poignet gauche commence à lui faire mal à force de répéter les mêmes mouvements.
Que dirais-tu d’une pause Miiru ? Le petiot tourne sa tête vers son grand-père, il aborde un large sourire.
Je t’ai préparé une petite collation et du thé pour l’accompagner.Et comment !L’enfant se relève tout en attrapant l’une des bretelles du panier qu’il place au niveau de son épaule gauche. C’est lourd, aucun doute sur le fait que la récolte est bonne. Il fuse vers le plateau, tendant une main vers les mochis sans même se délester. Son mouvement est stoppé par un retrait du plateau contenant l’encas.
Mais où as-tu la tête ? Tu veux manger de la terre ? Dépose donc le panier et va te débarbouiller.Miiru écoute son grand-père sans broncher. Se délestant de la hotte non loin de la porte coulissante donnant accès à la demeure. Prenant ensuite chemin vers les deux bassines, remplissant l’une de celle-ci à l’aide de la coupelle se trouvant dans l’autre. Il plonge ensuite ses mains dans l’eau avant de frotter son visage. C’est au bout de quelques minutes qu’il s’installe aux côtés de Gaku qui se retient de le renvoyer faire un brin de toilette. Ravalant ses paroles, préférant voir son petit-fils peut-être grimacer sous un plausible petit bout de terre se déposant sur un mochi au lieu de le contrarier.
Un index parcheminé pointe l’une des friandises.
Manges celui-ci en dernier. Il est à la pêche.Tu ne la veux pas ? C’est ceux que tu aimes le plus. Le vieil homme sourit tout en décochant un clin d’oeil.
Il y en avait cinq. Tu crois vraiment que je me détends sans rien faire ?QUOI ?! Tu en as mangé quatre ?! Tu aurais pu les partager ! T’es pas gentil … Il engouffre un premier dans sa bouche, mâchant mollement tout en fronçant les sourcils.
Comment ça ? Je ne suis pas gentil moi ?! Dans ce cas je vais manger le dernier aussi ! Il tend l’une de ses mains vers le mochi si précieux, subtilisé par un mouvement bref par le petit qui le fourre dans sa bouche. Ses joues gonflées font rire Gaku.
On dirait que tu ne manges pas à ta faim. Il essuie la larme coulant sur l’une de ses joues.
C’était pour te taquiner Miiru … C’est malin, tu n'en profiteras pas vraiment maintenant. Le petiot tente d’articuler quelques mots mais c’est impossible de déchiffrer ce qu’il essaye de dire.
Termine ce gouffre sans fond, ce sera plus facile de te comprendre. Il ébouriffe les cheveux de son petit-fils qui mâche le plus rapidement possible, déglutissant finalement avec une certaine difficulté cette sorte de mélasse.
Pourquoi tu as fait semblant de vouloir le prendre ? Moi je pensais que tu allais vraiment le manger … Maintenant j’en ai plus …Tu verras quand tu auras mon âge, il est impossible de passer à côté d’une bonne petite blague. Gaku plonge sa main dans l’une de ses poches, en sortant un nouveau mochi qu’il dépose sur le plateau.
Voilà le cinquième, je n’en ai mangé que trois. Et c’est promis pas de calembour pour lui. Miiru se redresse, entrouvrant sa bouche, écarquillant les yeux.
T’es tout pardonné grand-père !Hé bien … Je peux donc mourir en paix maintenant.L’enfant se raidit avant de lancer le plat de l’une de ses mains vers le sol, claquant celle-ci sur les planches de bois formant cette petite terrasse surélevée par rapport au jardin.
Dit pas des choses comme ça ! Si ça peut te faire vivre plus longtemps je vais continuer à râler à cause de ta bête blague ! De nouveau cette main plongée dans la tignasse noire accompagnée d’un large sourire tanné par les années.
J’ai une santé de fer mon petit, tu n’as pas à t’en faire pour moi.Pourquoi tu dis des choses comme ça alors ? Il croise les bras sur son torse, le visage renfrogné.
Grand-mère disait la même chose … Ses yeux rougissent, humidifiés, signe qu’il est de nouveau prêt à craquer. La paume se serrant sur sa nuque le rassure un peu.
C’est vrai qu’elle disait toujours ça … Il soupire, ses yeux se teinte aussi de rouge contrastant avec ce large sourire qu’il aborde, rappelant celui de son petit-fils.
Mais tu ne dois pas t’en faire. Je n’ai pas la trempe de grand-mère. Elle avait un caractère sans égale. Je ne serais jamais capable de cacher ce qu’il se passe vraiment. Tous deux se fixent durant quelques secondes, l’un bien plus heureux que l’autre. C’est le petiot qui brise le silence.
Elle te manque ? … Miiru se mord la lèvre inférieure, le menton tremblant.
Moi beaucoup … Gaku écarte le plateau pour s’approcher de l’enfant, le prenant dans ses bras. Le berçant doucement.
Oh que oui qu’elle me manque … Mais elle doit me manquer beaucoup moins qu’à toi. L’enfant recule sa tête larmoyante, le regard surpris.
Comment ça moins ? Elle était comme maman pour papa pour toi ! Il semble vraiment perdu par cette réponse et encore plus en entendant le rire amusé de son grand-père.
Mais c’est pas amusant ! Gaku ravale les derniers petits éclats, les yeux restant cependant rieurs.
Tu as raison Miiru ce n’est pas amusant … Mais ce que je voulais dire c’est que j’ai eu la chance de passer une grande partie de ma vie en compagnie de grand-mère. J’ai beaucoup de souvenirs avec elle, j’ai partagé tellement de moment que je ne peux que me sentir béni. Je l’ai connue jeune … Elle m’a offert tellement de choses que je ne peux que lui être reconnaissant.Comme quoi ? Le vieil homme secoue légèrement l’enfant dans ses bras.
Toi par exemple ! Réfléchi un petit peu Miiru. Il dépose un baiser sur le front de celui-ci.
Sans elle tu ne serais pas là. Le petiot pose sa tête au creux du cou du vieil homme.
C’est dommage qu’elle ne soit pas là … Il s’extirpe de l’étreinte, les yeux grands ouverts.
Tu l’as vu après ?!Non, elle n’avait aucune raison de rester parmi nous.Comment ça ?! On est quand même neuf avec papa et dix avec toi ! Onze avec maman, elle l’aimait beaucoup ! Ça fait onze raisons de rester !Et pourquoi ? Tu ne penses pas plutôt qu’elle s’est dit qu’on est tous entre de bonnes mains ? Qu’il n’y a aucune raison de s’en faire pour nous ? Gaku soupire, évacuant une partie de ce mélange de sentiments entre le bonheur et la tristesse. Cet instant n’échappe pas aux oreilles de l’enfant, il n’est pas conscient d’avoir compris ce que ressent vraiment son grand-père. C’est l’intuition qui parle. Il ne perd pas un instant pour attraper le mochi goût pêche, tendant celui-ci vers la bouche parcheminée.
Ouvre !C’est le tient Miiru, je ne vais pas le manger.Oh que si ! C’est un petit mochi qui soigne les bobos du coeur. Le vieil homme sourit à pleines dents, dévoilant la même dentition que son petit-fils.
Dans ce cas je ne peux pas le refuser. Il attrape la friandise, la coupant en deux avant d’en partager une partie avec Miiru.
Mais non, si tu en manges qu’un bout ça fonctionne pas !T’en est certain ? Sa voix est accentuée dans le grave pour appuyer ses sourcils à différent niveau.
Ce mochi magique est justement plus puissant quand il est partagé avec quelqu’un qui a aussi un bobo au coeur. Le petiot attrape le bout qui lui est tendu du bout de ses doigts, timide mais souriant.
C’est vrai ?Que ce le soit ou non ce n’est pas important, ce qui l’est c’est qu’on le pense tous les deux non ? Il n’en faut pas plus pour que Miiru tende sa part vers celle de son grand-père qui trinque de ce bout de friandise. Tous deux croquent dedans, ils abordent un large sourire, des yeux pétillants. Mâchant en silence cette douceur.
Bois ton thé avant qu’il ne soit froid. Ce serait dommage qu’il devienne trop amer.Tu as mis du sucre dedans ?Et puis quoi encore ?! Tu penses vraiment que c’est bon pour un genin ?!MAIS grand-père ! Tu sais que c’est pas très bon sans !Moi je l’aime bien comme ça !L’enfant fronce de nouveau des sourcils, buvant du bout des lèvres son breuvage qui n’est pas si mauvais que ça. C’est même plutôt bon, mais il n’est pas prêt à le reconnaître.
Dis-moi Miiru. Que dirais-tu de discuter avec Tsuku quand il reviendra pour faire la paix ? L’enfant tousse, il vient d’avaler de travers.
POURQUOI ?! Il est très bien dans son équipe et moi dans la mienne ! Ce mélange de colère, d'incompréhension et de tristesse revient au galop, teintant le visage juvénile de rouge.
Miiru … Il n’a pas le temps d’enchaîner un mot que la tasse de l’enfant se fracasse sur les planches de bois de la terrasse. Il est à présent debout, ses joues creusées sous le mordant de ses dents.
Pourquoi tu parles de ça alors qu’on parlait de grand-mère ! C’est pas chouette de ta part !Assieds-toi Miiru, je suis désolé si …J’m’en fous ! Le genin s’engouffre dans la demeure, claquant à chacun de ses pas ses pieds au sol pour montrer son mécontentement. Gaku soupire sous cet échec, enfin ce n’en est pas vraiment un, mais c’est de cette façon qu’il le vit. Il a bien réussi durant un moment à calmer ces émotions bouillantes en son petit-fils, mais surtout à partager une sorte de pan de vie … Il n’a pas cherché à le faire, c’est arrivé au fur et à mesure de la discussion. Le vieil homme est tiraillé entre ce bonheur d’avoir fait vivre un peu plus sa moitié, des brides étant chères à son coeur, mais cette réaction finale … Il aurait aimé que Miiru fasse une sorte de pont entre ce qu’il lui arrive et ce qu’il ressent pour cette dame n’étant plus là.
Le grand-père soupire tout en buvant son thé, la porte claque, son montrant son échec sur ce point. En est-ce vraiment un ? Ce n’est pas certain.