[Training] Faisons danser les éventails

Un pas enjoué, le sourire aux lèvres, Hana semblait demeurer fidèle à elle-même qu'importait les évènements qui pouvaient frapper le monde. Rien ne pouvait entamer son moral infaillible puisque tout semblait lui réussir, du moins, dans sa tête. La réalité ? Peut-être était-elle un peu déformée afin d'être mieux acceptée. Il fallait dire qu'elle avait fait mention de ces vœux d'émancipation auprès de ses "tendres" parents qui, traditionalistes, s'y refusaient bien évidemment. Une jeune femme de bonne famille ne pouvait vivre en dehors du cercle familial à moins d'être mariée. D'ailleurs, Kimiyo, sa mère, avait fait une chute de tension à la simple idée des quant-dira-t-on et des rumeurs. Cette dernière ne pardonnait toujours pas à son aînée d'avoir choisi les voies martiales sans avoir leur consentement, alors l'évocation d'une vie de femme de petite vertu... Parce que oui, pour cette embourgeoisée Omura, c'était ce qui guettait sa fille qui à ses yeux n'était déjà pas faite pour le "métier" de shinobi.

La réponse de Hana ? Un simple sourire et des paroles légères qui disaient qu'elle s'inquiétait pour bien peu de chose. Quant à son père ? Il ne lui parlait déjà presque plu et ne semblait plus attendre quoique ce soit de sa fille, bien que parfois il murmurât quelques mots à son épouse, inaudibles et qui n'étaient pas à l'avantage de la jeune femme. Seulement, qu'importait le climat familial, il n'y avait qu'une seule chose qui comptait vraiment : son capitaine. Le reste n'avait aucune importance. Tant qu'elle avait son attention et son affection, le monde pouvait bien brûler. Enfin... façon de parler... ou pas.

Quoiqu'il en fut, ce jour-là, c'était direction le terrain d'entraînement du village. Étant donné les tensions qu'il existait chez elle, impossible de faire autrement. De plus, elle avait besoin d'espace, car elle s'était fixée une ligne d'étude exclusivement tournée sur la manipulation de l'éventail. D'ailleurs, c'était sur l'instrument en lui-même qu'elle devait travailler. Après avoir fouiné dans la bibliothèque de l'académie, elle était tombée sur un parchemin qui donnait une méthode pour renforcer son outil tout en utilisant des techniques propres au shinobi : faire de son petit éventail élégant, un tessen géant. Cela l'avait immédiatement exaltée.

Est-ce qu'elle avait des idées de comment l'utiliser par la suite ? Pas réellement, mais elle pensait y réfléchir que plus tard. Là, elle voulait juste briller. N'aurait-elle pas l'air d'une redoutable kunoichi en brandissant une arme géante ? N'aurait-elle pas fière allure en balayant ses adversaires avec style ? Une évidence incontestable. Une fois parvenue sur place, la jeune femme s'installa dans les tribunes afin de poser ses affaires et travailler un peu la théorie. Hana avait en effet emprunter le parchemin, et bien qu'elle avait lu et relu, l'idée d'avoir manqué quelques informations la taraudait. Ses yeux braqués sur sa feuille de papier, elle tentait de comprendre tandis qu'elle tenait son éventail dans l'autre.

Pour le Kyodai fan, il était clairement inscrit qu'il s'agissait d'un cas de transformation. Cela, elle le maîtrisait parfaitement - d'après elle. Elle savait très bien gérer le Henge et l'Oroïke qu'elle avait appris avec Rinkusu. Elle interprétait donc cette note comme une sorte d'extension du principe de métamorphose sur son arme... mais elle n'arrivait pas à s'imaginer à la façon de procéder. Le secret serait-il dans son chakra ? Car encore une fois, il y en avait la mention, presque comme une recette de cuisine.

" Mmmm.... une très faible quantité de chakra... "

Affichant une petite moue peu convaincue, elle posa son parchemin et déplia devant elle son tessen. Elle commença à se concentrer et malaxa un peu de son chakra, cherchant à l'infuser comme indiqué. Fronçant des sourcils, elle finit par subitement déclarer avec détermination :

" Grandis ! "

Rien ne se produisit.

" Éventail géant ! "

Toujours rien.

" O grand tessen ? "

Le grand vide.

" Zut. "

Alors que Hana fut un peu déçue, elle entendit quelques gloussements moqueurs. Un groupe de jeunes filles qui s'entraînaient aussi se moquait ouvertement de son échec. L'Omura haussa simplement les épaules. Elle n'en avait que faire. Loin d'abandonner pour autant, la demoiselle à la violette chevelure réétudia son parchemin.

" Peut-être que je ne le visualise pas assez ? "

Ses yeux passèrent de son outil élégant à ses notes, avant qu'elle arquât un sourcil. Il y avait visiblement un petit détail qui l'avait échappé : maintenir le flux de chakra de manière continue. Était-ce là son erreur ? Elle n'était pas certaine, toutefois l'information avait son importance. Sans cela, elle ne pouvait conserver la forme géante de son tessen.

Retroussant ses manches, Hana retenta sa chance. Plusieurs fois. Une dizaine de fois. Plutôt même une vingtaine de fois avant que subitement, une modification apparût : son éventail avait doublé de taille. Il ne lui en fallut pas plus pour que son sourire s'étira.

" Hahaha ! J'y suis presque ! "

Ses nombreux essais infructueux semblaient commencer à payer. Il n'était plus question de parvenir à le faire grandir, mais à lui donner une forme gigantesque. Était-ce sa maigre victoire ou bien un simple regain de motivation, la kunoichi se lança dans de nouvelles tentatives qui montaient graduellement vers le chemin de la réussite. Chaque expérience réitérée donnait naissance à un résultat améliorée jusqu'à atteindre son but : un éventail géant.

" J'ai réussi !!! "

Nous passerons sur le nombre incalculable d'effort non payant, mais quelle importance puisqu'elle pouvait parader avec un nouvel instrument ?

" Je suis sûre qu’Aya-san sera jalouse. "

Peu probable. Sa coéquipière la détestait et elle était une Miyamoto. Mais qu'importait ces détails insignifiants, elle était parvenue à ses fins, n'en déplaisait aux demoiselles qui se moquaient encore ouvertement d'elles à quelques mètres de là. Inutiles désagréments qui ne pouvaient gâcher sa bonne humeur. C'était une victoire manifeste et un témoignage de progrès. Une petite pierre dans ses plans parce que bien entendu, il n'était pas question d'arrêter. L'heure de franchir une nouvelle étape avait sonnée.