Le ventre enfin rompu par un copieux repas et l’entrevue d’Ogawa déjà derrière lui, la journée avait démarré sans accroc. Jusqu’ici, il s’était contenté des tâches simples. Deux postes pour lesquels il était sûr de lui et quasiment convaincu également des réponses… Mais à partir de cet instant, tout était devenu bien plus corsé.
Une cigarette à la main, facilitant sa digestion il entreprit donc sa marche jusqu’au repère du prochain individu. Il avait longuement épluché son dossier. Quelques informations certes, mais un dossier étonnamment léger. Une ombre ? Un homme discret ? Pourtant à en juger par ses différentes rencontres, c’était un personnage plutôt extravagant. Mais il fallait lui reconnaitre un certain art du secret. Un individu dangereux, fou, assassin, voleur… En bref, quelqu’un que le jeune intendant préférerait éviter. Mais parfois, ce genre de… personnalité… Détaché du réel et capable de tout, pouvait s’avérer être une arme de première main.
Les ninjas n’étant déjà pas réputé pour leur sens de l’honneur, que dire de l’homme qui au sein même de ce corps d’élite se charge des travaux les avilissants ? Disparition de ninja… Sabotage au cœur du village ou d’un territoire allié… En bref, un mercenaire plus qu’un ninja. Alors oui, l’élément devant remplir cette fonction devait forcément être un meurtrier doublé d’un malade mental. Non ? Et qui d’autre que…
"Chez le tailleur de Suna… Tailleur mon cul ouais…"
La boutique était austère, la devanture n’encourageant pas à y pénétrer, il y avait fort à parier que peu de clients ce bousculé à ses portes. Les négociations s’annonçaient… Longues et fastidieuses. Hayato disposait bien de différents leviers ; mais comment être sûr que son interlocuteur comprendrait la chance qui lui était proposée… Un soupir plus tard et une cigarette écrasée d’un coup de talon, le voilà pénétrant dans l’antre de son adversaire…
Car telle était leur relation depuis la première fois où le chapelier avait pénétré l’enceinte des Nozomo. Venu en commanditaire pour un travail mystérieux, il était reparti la queue entre les jambes… Du moins c’était ce que pensait Hayato, avant de recevoir certaines nouvelles… intrigantes…
Partout où le chapelier était passé, des disparitions étaient à dénombrer. D’une simple coïncidence, le jeune intendant voulait réunir des preuves et avait fait suivre ledit homme. Malheureusement, celui-ci, conscient de sa surveillance ou simplement de repos, n’avait pas réitéré ses méfaits… Qu’importait, les preuves viendraient bien un jour. La suspicion suffirait pour l’instant. L’intérieur de la boutique était tout aussi austère que sa façade. Partout un désordre ambiant, tissus, bois et métaux. Paires de ciseaux et rubans en pagaille sur un semblant d’atelier.
Le repère d’un savant fou…
Il s’était attendu à bien des choses. Une attaque surprise venant de l’obscurité, la vision d’un Kirai assis, caressant un chat à la lumière d’un feu de cheminée ou encore occupé à sortir les viscères d’un cadavre en fumant… Pourtant il sursauta lorsqu’une voix féminine l’accueillit… D’abord décontenancé, le jeune homme fit rapidement le rapprochement. Robe gothique noire, teint blafard et maquillage à outrance… voilà donc Erisa, la "sœur" adoptive de l’épouvantail.
Qui se ressemble s’assemble… Elle est aussi flippante que lui
"Pardonne mon intrusion jeune fille. Je suis Nozomo Hayato intendant de Suna envoyé par le Kazekage. Je suis à la recherche de Kirai… Est-il ici ?"
La question était sommes toute rhétorique. Il était ici.
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Dakuwanda Kirai
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d e a t h w i l l c o m e...
Ft. Hayato
« Sol Do Mi bémol Fa... » murmure le Tailleur assit dans mon fauteuil regardant les voûtes de fumées dansantes sortant de la théière. « Sol Do Mi bémol Fa... » répète t-il alors que son index commence à tapoter un rythme sur l'accoudoir. « Sol Do Mi bémol et Fa. ». Doucement, il enchaîne les notes de musiques dans sa tête, marquant chacun des battements de son tempo sur le velours qui étouffe le son. Son visage se déforme de plus en plus, affichant un large sourire alors que la musique qu'il fredonne commence à le prendre au corps. « Sol Do Mi bémol Fa ! » hurle t-il d'un coup, se levant aussitôt, récupérant sa sœur qui, surprise, se laisse envahir par la joie étonnante de son frère. Combien de fois ont-ils dansé ainsi par le passé ? Qu'importe le nombre, pour la jeune femme, chaque moment passé dans les bras de son frère et un moment de paradis qui ne doit en aucun cas se ternir. Et c'est ainsi qu'ils valsent, tournoyant sur les quatre notes qui se répètent encore et encore tandis que la voix du Tailleur gagne en puissance.
« Sol Do Mi bémol Fa ! » continu-t-il alors que dans une dernière rotation, il laisse sa sœur se cambrer vers le sol, la retenant de sa simple main au niveau de la taille alors qu'ils prennent la pause pour marquer la fin de la chanson. Un final parfait pour ce duo qui se met à rire tandis que le Tailleur redresse sa sœur, lui offrant le plus doux des baisers sur son pâle front. « Pourquoi es-tu aussi joviale ? » lui demande la belle Erisa alors que son sourire est devinable derrière le morceau de tissus qui lui cache le bas du visage. Plongeant son regard dans celui de la poupée aux yeux vairons l'Epouvantail ne peut s'empêcher de sourire. « Et pourquoi pas ?... Je sens qu'aujourd'hui va être une journée des plus intéressantes... » finit-il par avouer tout en se dirigeant vers la porte, l'ouvrant en grand avant de se retourner de manière théâtrale pour disparaître dans une révérence dans les ruelles de la grande Suna.
Qu'est ce qui peut ainsi mettre en joie l'être le plus singulier du Village ? Est-ce les récents événements qui font la raison de sa gaieté soudaine ? À vrai dire, il n'en sait trop rien lui-même. Tout cela ne naît que d'une impulsion offerte par quatre notes qui, mises bout à bout, donne une mélodie des plus entraînantes... D'un pas assuré, il parcourt les différentes ruelles, croisant une première fois une tête connue, s'amusant de le voir empêtrer avec une jeune femme des plus loquaces dont le flot de parole semble bel et bien le noyer sur place. Une vision amusante qu'il savoure avant de repartir de plus belle en direction de l'atelier d'un Shirogane spécialisé dans les instruments de musiques.
Voyant le Tailleur arriver à grande enjambé, toute la populace s'arrête soudainement de parler, toisant l'immonde personnage qui vient d'arriver et que tous, méprisent. Affichant un large sourire, il commence à glaner le long des présentoirs, regardant avec une profonde admiration les divers artefacts présents, se demandant bien lequel peut lui convenir. Et c'est perdu dans sa contemplation qu'il ne voit guère arriver le petit bout de femme qui se racle alors la gorge pour faire part de sa présence. Visiblement surpris, Kirai sursaute légèrement avant d'afficher un large sourire à la demoiselle qui ne semble pas très contente de la présence de l'énergumène dans son magasin.
« Je peux vous aider peut-être ? » demande-t-elle d'une voix froide trahissant son animosité envers l'Epouvantail. « Et bien oui, figurez-vous que je cherche un instrument de musique qui pourrait me plaire ! » L'étonnement se lit sur tous les visages alors que Kirai ouvre ses bras en grand, récupérant au passage une baguette de chef d'orchestre. « Un instrument... Vraiment... Et vous savez jouer de quoi ? » continue la demi-femme sous le ton de l'interrogatoire. « Mais de rien, c'est bien là le soucis ! Cependant, depuis ce matin, je ne cesse d'avoir une musique dans la tête. Quatre notes qui tournent en boucle et j'aimerai pouvoir les entendre vraiment. Ou plutôt, être capable de les jouer autrement qu'avec ma voix qui, avouons-le, n'est pas des plus belles ! » Le Tailleur est tout sourire, visiblement enjoué à l'idée d'être aussi proche de son but. Une pure lubie qui laisse son vis à vis songeur. Les rumeurs vont bon train concernant le personnage et il n'est pas rare que son nom soit associé à quelques disparitions ou d'autres drames sans pour autant jamais pouvoir l'incriminer. Autant dire que le voir débarquer ainsi ne représente rien de bon augure. Malgré tout, la femme n'en oublie pas la raison pour laquelle elle est ici : Vendre.
« Très bien... Voilà ce que je vous propose, vous me dites vos quatre notes et je les joue sur divers instruments jusqu'à ce que vous trouviez celui qui vous convient. » « Vraiment ?! » dit le Tailleur clairement surprit par tant de bonté. « Je vous en serais très reconnaissant oui ! Pour les notes c'est très simple, hum hum : Sol Do Mi bémol Fa ! Deux noires suivit d'une double croche sur un tempo en trois quart ! » « Hm... Vous n'êtes pas si néophyte que cela pour connaître de tels notions. » demande la vendeuse en se dirigeant vers ce qui ressemble à un instrument à vent. « Disons que je suis un homme curieux et qui aime à savoir comment les choses fonctionnent tout simplement... » Visiblement peu enclin à le croire, la musicienne finit par commencer à souffler dans le morceau de bois, répétant les notes de musiques sous le tempo souhaité. Mais rien ne semble aller alors que le Tailleur fait une grimace, lui demandant d'essayer tout autre chose. Et ce manège continu une bonne heure, voire peut-être deux alors que finalement, elle finit par portée son attention vers un violon des plus exotiques. Pinçant le bout de bois entre sa clavicule et sa mâchoire, elle commence à jouer les notes, laissant l'Epouvantail époustouflé par ce qu'il entend. Son cœur bats la chamade tandis qu'il trépigne d'impatience à l'idée de s'en saisir...
Pendant ce temps...
Un imminent personnage se présente devant l'atelier du Tailleur. Visiblement peu en joie à l'idée d'entrée dans l'établissement, il finit par se décider à entrée, ne manquant pas de faire sourire la jeune femme qui attend patiemment son frère, et est quelque peu déçu en voyant la grande tignasse sombre s'avancer. Habituée à accueillir les clients de Kirai, Erisa s'approche délicatement vers le nouveau venu, ne manquant pas d'afficher une expression marquant sa surprise alors que le jeune homme décline son identité. Devant elle, se trouve Nozomo Hayato, l’imminent Intendant dont son frère lui a tant parlé. Très vite, elle comprend que quelque chose se trame et qu'elle se doit de faire patte blanche. Son frère pourrait lui en vouloir si d'aventure, elle vient à faire la moindre bêtise le concernant. S'inclinant respectueusement, sans au passage oublié d'offrir une vue des plus appréciables sur son décolleté. La jeune femme invite le nouveau venu à s'installer dans un fauteuil, se dépêchant d'enlever aiguilles et morceaux de cuir qui pourrait le gêner.
« Mon seigneur Hayato, c'est un honneur de vous accueillir dans notre humble atelier ! Hihihi, veuillez me pardonnez mais, mon frère ne m'avait pas dit que vous étiez si beau garçon ! » glisse-t-elle tout en se penchant outrageusement sur son invité assit, prétextant récupérer un énième outils laissé là. « Concernant mon frère il est parti faire une course mais peut-être puis-je vous proposer quelque chose à boire ? Nous avons de l'excellent thé provenant des collines verdoyantes qui sauront raviver vos papilles ! Ou peut-être quelque chose de plus corsé ? Comme du Rhum d'Uzushio, ou du Saké du Pays de la Foudre ? Je crois qu'il doit nous rester une bouteille de vin des Côtes d'Omui mais si Kirai apprend que je l'ai ouverte sans son approbation, je pense qu'il ne sera pas très ravis hihihi. Pardonnez-moi, je suis un peu trop bavarde quand je suis stressée j'espère que ça ne vous dérange pas trop ? Mon dieu que j'ai chaud, excusez-moi ce n'est pas très conventionnelle mais... » elle finit par enlever son haut, laissant sa poitrine préservée par un simple bandeau alors qu'elle finit par s'asseoir sur l'accoudoir du fauteuil d'Hayato, croisant les jambes, ne manquant pas de laisser son pied vagabonder le long du mollet du jeune homme alors que son bras se pose sur le haut du dossier. « Ah... Ca va beaucoup mieux... Tenez, votre thé. » dit-elle en déposant la tasse sur la cuisse de son invité, très près de son bassin. « Du coup... Vous devez voir mon frère pour quoi ? Je suis peut-être un peu trop curieuse hihihi mais j'aime à connaître tous les petits potins concernant mon frère... »
Mais alors que la plantureuse jeune femme approche son visage dont le bas est dissimulé de celui de l'Intendant, elle s'arrête soudainement, tandis que deux mains viennent de se poser avec lourdeur sur les épaules du Nozomo. « Erisa, je te pris de te vêtir de façon convenable. Nous avons un invité de marque et je te saurais grès de ne pas l'importuner. » La voix du Tailleur est étonnement froide et distante. Comment est-il entrée dans l'atelier ? Et surtout quand ? Aucun bruit ne s'est fait pourtant entendre. Néanmoins, la jeune femme s'exécute directement, ne manquant pas de marquer une certaine déception alors qu'elle se saisit d'une mèche de cheveux du guerrier, la portant à son nez avant de la faire glisser dans une inspiration. « Dommage... Je sentais un certain feeling entre lui et moi.. » finit-elle par lâcher en disparaissant dans les ombres.
Devant Hayato apparaît alors le Tailleur, qui doucement ouvre son manteau, faisant glisser chaque pans avant de s'installer dans son propre fauteuil face à face avec cet invité des plus surprenants. « Pardonnez de ne pas avoir pu être présent pour vous accueillir mais... J'avais quelque chose à faire... Cependant.. » il se saisit d'une tasse, la remplissant de thé avant de retrouver le fond de son assise. « Que nous vaut votre venue ? Je doute que cela soit pour refaire votre garde-robe, bien qu'elle aurait besoin d'un petit rafraîchissement... »
Un échange de regards, la surprise se dépeignant sur leurs deux visages. Chacun étant étonné de rencontrer l’autre. Il venait retrouver un épouvantail mais c’était bien une jeune femme peu banale qui le noya sous son bavardage.
Deux fois dans la même journée…
Un personnage bien singulier. Ses vêtements sombres en contraste avec sa personnalité éclatante. Jouant la séductrice, celle-ci n’hésita pas à user de toutes sortes d’artifices. Laissant entrevoir sa poitrine, jouant de ses gloussements et se montrant serviable avec le jeune intendant. Allant jusqu’à la flatterie éhontée. Donnant du seigneur, des remerciements, des courbettes. Si Hayato ne pouvait rester complètement indifférent à pareil rentre dedans, il n’en restait pas moins conscient que son attitude n’était ici qu’une approche calculée. Mais il restait un homme… et la proximité tendancieuse de la jeune femme, lui fit manquer un battement lorsque son pied entra en contact avec son mollet. Au moins en extérieur, le jeune homme parvint à rester maître de lui-même et n’en laissa rien paraitre. D’une voix froide et calculée, il se contentait de répondre de manière lapidaire.
"Reviendra-t-il bientôt ? Du thé se sera très bien, je vous remercie. "
Après avoir servi son thé et s’être au passage débarrassé d’un peu plus de tissue. L’outrancière laissa entrevoir ses intentions au détour d’une simple question. Elle voulait donc connaître la teneur de l’entrevue ? Malheureusement, Hayato ne pourrait répondre à ses suppliques. Quand bien même cela lui permettrait de mettre fin à ce petit manège. La conversation qui allait suivre serait des plus secrète… Kirai irait-il en raconter la teneur à sa sœur ? Peut-être envisagera-t-il de partir à ses côtés lors de ses missions ? Toujours ces mêmes éternelles inconnues flottaient autour de l’étrange personnage. Si Hayao avait réussi à obtenir sur lui quelques informations factuelles. Il n’en demeurait pas moins inculte des pans privés de sa vie.
Un vrai fantôme
Par chance, le retour de Kirai permit à Hayato de sortir du traquenard sans heurt. Le chapelier fou révoqua la jeune femme, qu’Hayato remercia de nouveau dans une politesse toute maîtrisée. Quelque temps plus tard, les deux hommes se faisaient face. Chacun assis sur son siège, une tasse de thé à la main. Comme deux vieux amis ? Ou plutôt comme deux futurs collaborateurs ? Une impression amère entravait pourtant la gorge du jeune archer. Celle de s’être jeté de lui-même dans la gueule du loup… Ignorant la petite pique comique de son vis-à-vis Hayato lança un regard lourd de sens en direction d’Erisa. Prenant une large inspiration, l’heure était venue. Le combat commençait.
"Tout d’abord, je dois vous prévenir que cette conversation devra rester secrète. Ne connaissant pas votre… sœur, suffisamment, je vous laisse juge quant à sa présence dans cette pièce."
En première approche, un appât de taille gargantuesque. Le jeune homme espérait avoir misé sur le bon cheval. Pariant que la curiosité de son interlocuteur serait suffisamment effilée pour le rendre attentif. Il laissa quelques secondes s’écouler, prenant le temps de renifler l’odeur de son thé auquel il n’avait pas encore touché. Au moins devait-il reconnaître la qualité de celui-ci, le parfum végétal du thé vert emplissant ses narines d’image verdoyantes. À la surface de la tasse, un brin de bancha ne laissait que peu de doute quant à sa composition.
"J’ai mené une petite enquête sur vous…" Il annonça cette vérité avec une certaine nonchalance. Marquant à nouveau un temps mort, laissant ainsi l’imagination de son homologue faire son chemin. Il reprit dans le même ton. "Et je dois vous reconnaître une chose… Vous êtes difficile à pister. C’est en grande partie la raison de ma venue ici… même si nous pouvons parler friperie si cela vous en dit." Portant la tasse à ses lèvres et buvant une légère gorgée, le jeune intendant s’engonça dans son siège avant de continuer.
"Connaissez-vous le fonctionnement du village d’un point de vue institutionnel ?" Le rapprochement entre ses différentes interventions n’était pas des plus évidents. De quoi, il l’espérait, donner du grain à moudre au pantin désarticulé. "Au sommet se trouve notre Kaze-kage, à ses côtés on retrouve son potentiel conseiller privé, les hauts conseillers et l’intendant. Dépendant directement de ce dernier… le bas conseil. À l’inverse de son homologue, celui-ci a été pensé pour réunir des personnes compétentes dans leur domaine. Non pas uniquement des… personnages importants par leur naissance ou leur prestige." Hayato espérait bien entendu ne rien lui apprendre, mais un rappel rapide des institutions lui permettait d’esquisser les bords du sujet du jour, sans pour autant y plonger directement.
Une seconde gorgée d’un thé tout juste trop chaud, comme il aimait en boire. Reposant sa tasse afin de se redresser et faire face de tout son long, il enchaîna. "Or, depuis quelques années… Ce conseil a perdu toute son essence. On y retrouve les mêmes bureaucrates fantomatiques qui peuplent le haut conseil. On m’a chargé de le dépoussiérer…"
Les yeux d’Hayato sondant les siens, il termina par une nouvelle question. Sorte de test de perspicacité, mais aussi moyen de laisser son homologue jouer sa main. "Comprenez-vous où cette conversation nous amène ? Si oui et je l’espère. J’aimerais que vous m’apportiez un assentiment au moins de principe sur le sujet. Faute de quoi, je pense pouvoir prendre congé."
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Dakuwanda Kirai
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Ft. Hayato
Tout dans la vie est affaire de patience et de volonté. Le Tailleur ne le sait que trop bien. Pourtant, il arrive que le destin, ou le hasard, le surprenne au détour d'une journée. Qu'elle est la probabilité, qu'en cette humble journée, une frénésie d'achat compulsif fasses place à un entretiens avec l'Intendant de Suna lui-même ? Rien en ce monde n'aurait pu le préparer à cela et pourtant, le voilà dans ce qui s'annonce être un moment des plus agréables pour l'Epouvantail qui se délecte de voir que sa petite sœur a su faire grande impression envers « cet invité de marque. » Qu'en est-il donc ? Qu'elle est la cause de tout ceci ? Quel effet cela va produire sur la vie du Sunajin ? Tant de questions qui tourmentes l'esprit analytique du pauvre Kirai qui s'évertue pourtant à garder une certaine prestance. Après tout, il est face à un dignitaire.
« Ma confiance en Erisa est sans doute à l'égale de la vôtre propre frère. Je n'ai rien à lui cacher. »
Sa voix est tranchante sans pour autant partir dans l'offense. Il connaît ce jeu, lorsque deux instruments de musiques tentent de trouver une harmonie. Il faut que l'un comme l'autre se fasse entendre dans la mélodie sans pour autant surplomber l'autre trop longtemps. Juste ce qu'il faut, note après croches, les sonorités se mélangent par quelques concessions. Il suffit de savoir doser lorsqu'il faut avancer ou reculer d'un octave sa propre voix.
« Voyez-vous cela... »
Une enquête sur le Tailleur ? Voilà une entrée en matière qui ne manque pas de panache, sans pour autant l'inquiéter outre mesure. Combien se sont déjà frotté au passé de Kirai sans en trouver une seule bribe ? Le peu n'ont jamais osé s'aventurer à lui avouer leurs faits et la minorité qui s'y est engagé, n'a que rarement vu la lumière du soleil se lever. Peut-être une raison pour laquelle il est si complexe de trouver le moindre détail croustillant sur l'Epouvantail ? Oh bien sûr, il existe bel et bien des personnes connaissant quelques petites casseroles de son passé, mais ces personnes là n'oserons jamais parler. Soit par affection, soit par crainte.
« Je doute que vous possédiez le bagage nécessaire pour que la discussion soit intéressante... Sans offense... Bien sûr. »
Les dernières paroles sont ponctués par un coup d'oeil de la tête au pied de l'Intendant dont la garde robe mérite un rafraîchissement. Cependant, au lieu d'appuyer la chose, il se laisse aller à l'écoute, se terrant sous un masque de mutisme, alors qu'il a la chance de recevoir un cours rapide de politique intérieure au Village. Des notions basiques qui pourtant, éveillent un profond intérêt sur la suite logique de cet entretiens. Car s'il est d'avis que certains piques soient de bonnes guerres, Kirai sait reconnaître un esprit brillant quand il en voit un. C'est le cas d'Hayato. Depuis le premier jour de leur rencontre, l'homme a su faire preuve d'une intelligence pratique des plus agréables. Et bien que leurs premiers échanges ne soient pas vraiment à marquer sous le signe de l'amitié, le Tailleur a toujours gardé un certain respect pour le Nozomo, d'autant plus depuis que ce dernier a su s'élever au titre d'Intendant. Un pragmatisme certains arboré d'un sourire d'ange dissimulant, pour l'Epouvantail, un certain reflet de lui-même, à la différence que le Tailleur, lui, assume pleinement ses quelques bassesses.
« Je pense comprendre là où vous voulez en venir. Et je dois l'avouer, je suis assez perplexe, voir... Surpris. » Déposant sa tasse de thé, le Tailleur plonge son regard dans celui de son vis-à-vis, retrouvant le dossier de son siège dans un sourire alors que ses jambes se croisent tout comme les doigts de ses mains. « Ainsi, après... le quiproquo à votre domaine et... La mission que nous avons effectué avec votre frère... Vous venez me proposer un poste dans la hiérarchie de Suna... Voilà quelque chose à laquelle je ne m'attendais pas mon cher Hayato-san. Cependant, permettez-moi d'émettre quelques réserves à ce sujet. Vous n'êtes pas sans savoir que je suis quelqu'un d'assez... Libre... Et qu'accepter une promotion sans en connaître les tenants et aboutissants ne fait guère partie de mes vices. Surtout quand cette dernière pourrait me menotter à un bureau pour le restant de mes jours... »
Avancer et reculer, ne pas dévoiler son jeu trop vite, sans pour autant manquer de respect ni ne mettre fin aux négociations. Les deux personnages s'adonnent à un jeu dangereux, dans une partie qui peut décider du destin de beaucoup plus d'âmes que les leurs. Tapotant du bout des doigts sur sa paume, le Tailleur finit par trahir sa curiosité en s'avançant vers l'Intendant.
« En admettant que je sois intéressé... Quelles seraient mes... attributions ? »
Dans le monde du Sekai, l’art de la négociation n’était pas affaire de shinobi. Jamais dans une académie ninja, les futurs guerriers de l’ombre n’étaient initiés aux instruments rhétorique et intellectuel qui composaient l’essence même d’une négociation. Ils étaient préparés à combattre, à interroger, à imposer, à fuir, à tuer… Mais outre pour faire un rapport détaillé à leurs supérieurs, jamais ils n’étaient formés à parler. C’était pourtant ce qu’avait fait le petit Nozomo aux cheveux coulant sur son dos. Dans sa jeunesse celui-ci avait fait siennes de nombreuses notions issues des plus grands ouvrages sur la question… Dans son face-à-face avec l’épouvantail, l’intendant ne pouvait que remercier le petit garçon d’antan pour sa curiosité maladive. Car grâce à lui, il était passé de la théorie à la pratique en ayant les armes pour défendre ses intérêts.
Une négociation entre deux partis était avant tout une affaire de points de fermeture et d’ouverture. Chacun des deux partis ayant en tête ce qu’il veut et ce qu’il refuse. Bien entendu chacun de ces points était intuitivement rangé par ordre d’importance et s’il était important d’en dénouer chaque noueux pour parvenir à un accord pérenne. C’était en réalité un accord préalable sur le point primordial de chacun qui assurait le bon déroulement de l’échange. Ce point primordial pouvait être une attente mais le plus souvent il s’avérait être un refus catégorique de faire, penser, accepter, renoncer. Le parfait négociant se devait d’être analyste. Repérer le point primordial de son concurrent et identifier le sien propre afin de parvenir au plus vite à en dénouer les possibles entrechocs. En temps normal, l’un pouvait suffire à l’annulation de l’autre. Sacrifice pour sacrifice. Une situation plus particulière demandait en revanche une approche plus attentive. Que faire lorsque les deux nœuds d’importance s’entrechoquaient ? Dans un rapport de pouvoir, il était bien entendu possible de convenir d’un accord unilatéralement intéressant. L’un imposant à l’autre un résultat… Mais ces accords n’étaient que temporaires et cristallisaient les tensions sans les dénouer. Alors que faire ? Patienter, analyser et sonder les limites de son vis-à-vis…
Commencer par les nœuds simples en attendant de régler la plus grande question…
Les premiers échanges qui n’étaient que formalités derrière eux et la négociation commençant réellement. Hayato put constater qu’intuitivement ou bien par la même connaissance érudite, Kirai ne partageait pas cette vision du négoce. Dès sa première intervention celui-ci s’empourpra dans l’irrésoluble problème qui serait le cœur de l’échange. La liberté : Dakuwanda se rêvait sans doute comme électron libre pouvant agir à sa guise, agissant pour son intérêt propre avant toute cause. La liberté, quel concept étonnant pour un shinobi… Son nœud était d’un banal affligeant. Tout comme l’était celui d’Hayato. Un électron libre dans un village militaire ? En tant que représentant de l’autorité il n’avait que deux choix possibles : Le faire rentrer dans le rang ou bien l’éliminer. Dans un cas comme dans l’autre, son nœud entrait directement en conflit avec celui de son interlocuteur… Il était dès lors, hors de question d’aborder aussi rapidement un sujet si épineux.
Malheureusement, en sus d’aborder directement le sujet, son interlocuteur avait également choisi de poser une question directe. L’enfumer par de la langue de bois ? Au risque de paraitre malhonnête ? Intuitivement l’intendant pouffa pour détendre l’atmosphère. Ces prochains mots avaient dû être choisis avec une attention toute particulière.
"Je comprends tout à fait que vous souhaitiez en apprendre plus. Loin d’être un défaut, je ne peux que valoriser votre méfiance… Elle rime souvent avec intelligence. Pour vous répondre sommairement, le poste en question n’est autre qu’une place au domaine des opérations secrètes du village…" Sa curiosité un tant soit peu assouvie, il était temps pour le jeune homme de reprendre en main la conversation. "C’est justement lors de nos différentes… interactions. Que j’ai pu remarquer vos aptitudes… J’aimerais d’ailleurs revenir sur tout cela… Si nous devions devenir collaborateurs, je pense qu’il est important d’écarter d’office les quelques… désaccords qui nous ont opposés." Une gorgée de thé pour ponctuer sa phrase et un regard en coin vers la jeune sœur attentive. Celle-ci ne manquait rien de l’échange… La curiosité était donc une vertu familiale ? "Ce n’est un secret pour personne, ni pour vous, ni pour moi. Je n’ai guère apprécié vos manières au domaine et sans doute que si d’aventure vous réitèreriez une réaction similaire, mon jugement resterait inchangé. Cependant, ma réaction était aussi en majeure partie, le résultat de ma méfiance. Une méfiance née de mon ignorance à votre égard… Ignorance en partie effacée lors de notre mission commune. En bref, si je ne peux oublier l’acte, je peux vous en pardonner."
Dieu qu’il lui était couteux de prononcer ces mots. Néanmoins, l’intendant était sincère dans sa démarche. Pour pouvoir avancer ensemble, il allait falloir établir les prémices d’une confiance…
"J’ai confiance en votre jugement et votre discernement, je suis donc persuadé que vous ne renouvellerez pas un couac similaire… Alors tout comme je consens à vous pardonner, j’aimerais que vous fassiez de même avec mon attitude parfois méfiante à votre égard. Agissons en allié et non plus en ennemies…" Les mots suivants lui en coutèrent, mais recelaient une vérité certaine. "Je suis persuadé que nous avons tout à gagner à établir une collaboration… amicale."
Le dialogue, le compromis et l’accord commun, tels étaient les premiers ingrédients proposés par l’intendant. Jamais dans tout son laïus il n’avait fait prévaloir ses droits. Pas de subordination, pas d’ordres ni d’exigences… une conversation d'égal à égal. La base d’un bon échange était l’équitabilité entre les partis. Les enjeux de pouvoir y jouaient un rôle et il viendrait un temps pour les aborder. Mais pour l’heure…
Ouvrir le dialogue en faisant les premiers pas…
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Dakuwanda Kirai
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Ft. Hayato
Offrir, sans ne rien donner vraiment. Proposer, pour donner la sensation d'avoir le choix. L'intelligence de l'Intendant n'est plus à douter pour le Tailleur qui le regarde et écoute le moindre son qui sort de sa bouche. Sa gestuelle également, observé dans le moindre petit acte anodin reste cependant des plus banales. Rien ne donne l'impression d'un piège et cela le surprend d'autant plus. Après tout, combien se sont déjà tenté à entraver les fait de l'Epouvantail à commencer par sa propre famille ? Mais le sujet n'est point ici, pas en ce moment de négoce où Kirai va de surprises en surprises en écoutant les propos de son vis-à-vis. Et si certains sont troublant, d'autres manquent de faire éclater de rire l'homme au chapeau. Néanmoins, une idée simple réside dans tout ceci et se résume en six mots : Domaine des opérations secrètes du village.
Prendre les informations importantes et jeter tout le reste à la poubelle pour ne pas laisser ses émotions prendre le dessus. Un fait que l'on apprend vite dans les ateliers Shirogane lorsqu'on se fait passer à tabac pour ses idées farfelues et qu'aucune rébellion n'est possible. Mais se doit-il de remercier ses bourreaux grâce à qui aujourd'hui, il peut faire face aux vices humains ? Jamais. La mort est une solution plus douce pour le Tailleur qui perçoit l'intérêt d'Hayato pour sa sœur, elle même piquée au vif par un discours aussi mielleux. Sans doute d'ailleurs, pour les mêmes raisons que son frère...
« Hm hm... » se contente-t-il de dire, posant son dos au fond de son fauteuil, les jambes croisées et les mains jointes avec les index pointant le bout de ses lèvres. La réflexion est présente, de toutes les possibilités qu'un tel poste peut lui offrir à sa famille. L'intérêt également, d'être dans les petits secrets du village et de pouvoir ainsi savoir en toute légalité ce que peut savent. Un hameçon auquel il est difficile de ne pas mordre, nul doute que le Nozomo le sait. Et cela procure étrangement un certain plaisir chez l'Epouvantail qui se préserve de montrer une quelconque émotion, alors qu'il manque presque de pouffer de rire aux mots de l'Intendant. Son sourcil s'arque d'étonnement et si pour son vis-à-vis il peut être question de surprise quant à son geste, pour lui, il est plus question d'incompréhension. Lui pardonner de quoi ? D'avoir essayer d'inculquer une notion basique à un enfant dans le monde brutale dans lequel nous vivons ? Le quiproquo continue à s'étendre et ne sera jamais résolu. Ne reste que la douceur de cette main tendue de cet ancien adversaire qui veut devenir son ami.
Restant étrangement dans le silence, Kirai écoute passivement tout ce que son invité de marque lui dit. Doucement, il enregistre, pèse le pour et le contre, comprend et assimile tout en se méfiant encore toujours un peu de cet aspect un peu trop mielleux dans laquelle sombre la discussion pour le moment. Un prêté pour un rendu, l'Epouvantail se met à rire aux dernières paroles d'Hayato.
« Vous désirez me proposer un poste aux Opérations secrètes, mais vous désirez vous faire pardonner de votre méfiance à mon égard ? Voilà qui est contradictoire non ? En tout cas n'ayez crainte, je ne faisais pas grand cas de vos sentiments à mon sujet. La vie m'a apprit que dans notre monde, il vaut mieux être craint qu'aimé... »
Gardant le regard figé dans celui du Nozomo, son hôte peut sentir la tristesse se répandre sur le visage de sa sœur. Tant de vérités offertes à cet inconnu sans qu'il puisse en peser l'importance. Un simple sourire se dessine sur son visage, alors que ses jambes se décroisent et que son buste part en avant, proposant une main à serrer à l'Intendant, comme un ultime pacte qui va sceller le destin du monde.
« Néanmoins, je consens à faire une exception vous concernant... Même si je dois l'avouer... Nos petites chamailleries risquent de me manquer... »
Attendant un geste ou une réponse de son nouvel associé, le Tailleur finit par retrouver le dossier de son fauteuil, reprenant sa tasse de thé avant d'afficher un léger sourire amusé.
La génétique, dans le monde qui était le leur. Les Shinobis étaient en permanence renvoyés à leurs gènes. Une compétence particulière ? Génétique. Un savoir-faire ? Génétique. Une quantité anormale de chakra ? Génétique. Selon une croyance populaire, la génétique était responsable de chose encore bien plus étendue que le simple chakra. L’attitude, l’intelligence, le physique, la morale… Tout serait inscrit dans l’homme à sa naissance. L’outil magique permettant de tout expliquer. Un homme était un assassin ? C’était inscrit en lui…
Pourtant, les frères Nozomo en étaient un parfait contre-exemple. Leurs parents n’étaient guère des combattants, pas plus que des utilisateurs des arcanes ninjas et pourtant… Ils étaient devenus des junin accompli. Naturellement, Hayato en était venu à la conclusion que toute cette histoire de génétique n’était qu’une vaste fumisterie pour expliquer quelques caractères déviants ou garder jalousement un pouvoir familial… Mais devant le pantin… Sa théorie était à relativiser.
Il a l’art de me casser les ….
Ses premières cartes abattues, le jeune intendant avait tenté d’instaurer un dialogue. Les premiers mots de son homologue lui firent amèrement regretter. Un tacle, une courbette intellectuelle comme énième doigt d’honneur. Kirai était pour Hayato un être irritant … Oui. Mais pourquoi ? Pleinement concentré dans son dialogue, le jeune intendant essayait tout en écoutant son interlocuteur de répondre à cette question : Pourquoi avait-il tant de mal à rester parfaitement neutre aux propos du tailleur ? Son air suffisant ? Oui. Ses manières châtiées couplées à une attitude meurtrière ? Aussi. Parce qu’il était intelligent ? Peut-être bien… Plus qu’Hayato ? Comment le savoir ? Était-ce là le problème ? Une sombre histoire d’égo ?
Une phrase et toute sa réflexion s’envola, pareil à une nuée d'hirondelles. "La vie m’a appris" ? Une souffrance ? Un mal-être ? Stigmatisé, le Shirogane s’était-il enfermé dans une carapace de cruauté ? L’information était intéressante mais était-elle utile dans l’immédiat ? Tout élément pouvait avoir son importance, cependant, le jeune intendant n’était pas dupe au point d’imaginer que son interlocuteur ne maitrisa point entièrement son langage. Une information donnée de bons cœurs ? Ou une carotte pour détourner son attention ? Plutôt que de trancher, il ajourna la réflexion.
Devant lui, une main tendue comme le signe d’un nouveau départ. Sourire en coin, l’intendant accepta la poignée de main. Aux mots de son vis-à-vis, il pouffa honnêtement et rembraya dans la foulée. "Je suis heureux de vous entendre le dire… Et nous pourrions remplacer cela par quelques parties de Go ou de Shoji … êtes-vous joueur ?" Curiosité sincère à nouveau, Kirai pouvait-il se servir de son intellect fantasque pour plier à son compte une partie ? Ou bien cela l’ennuyait ? Toujours attentif mais plus détendu, Hayato se réengonça dans son siège. Il avait fait le premier pas et son interlocuteur s’était avancé à son tour. Il méritait bien une nouvelle réponse à ces interrogations.
"En effet. Sous le caractère pompeux du titre "chargé au domaine des opérations secrètes", ce cache une réelle fonction. En sus, une place dans le bas conseil y est rattachée… Globalement, si tous les domaines fonctionnent en harmonie avec le bureau d’intendance… Celui-ci réclame une collaboration sans faille." Se redressant, les mains jointes en dessous de son menton, il continua. "Pour ce qui est des attributions du poste… Mh… Imaginez simplement tous ce qu’un village ne peut pas faire. Parce qu’il n’en a pas le droit, ou parce que ce serait bien trop dangereux ou… Bref, tout ce qui ne peut pas être revendiqué officiellement par un village. Eh bien, c’est ça, les opérations secrètes."
En dire sans en dire trop, la conversation allait naturellement devoir couler vers des terrains glissants et dangereux. Mais pas sous ce toit. Pas sans assurance. Une question cependant devait être abordée dès lors.
"Vous avez dit tout à l’heure que vous étiez libre… La question de la liberté est un sujet passionnant, d’autant plus lorsque l’on parle de shinobis. Je serais sincèrement intéressé par votre point de vue sur cette question. Sommes-nous vraiment libres du moment où notre allégeance est de fait imposée ?" Il laissa bien quelques secondes pour que son nouveau "partenaire" réfléchisse à la question, mais il embraya bien trop vite pour lui laisser le temps de répondre. Une mine contrite au visage, il reprit donc. "Malheureusement, si vous voulez poursuivre cette conversation, cela devra se faire dans mon bureau et vous devrez accepter les conditions de l’échange… À partir du moment où vous passerez la porte. Chaque mot jusqu’à la dernière miette sera tenu par le secret. Dans le cas contraire, vous vous rendez coupable de trahison et serez donc traqué et éliminé." Un nouveau coup d’œil furtif en direction de l’extravagante jeune fille, qu'il désigna alors du menton. "Il en va à de même pour votre sœur. Libre à vous de la tenir écartée ou non."
Un sourire de circonstance et un regard fixe qui sondait les prunelles de son interlocuteur. Avait-il bien compris chaque mot ? En avait-il pesé les sens ? Passerait-il le pas ou bien refuserait-il ? L’affaire n’était plus entre les mains de l’intendant… pour l’instant.
"Eh bien… Je crois que nous en avons terminé pour aujourd’hui ! À moins que vous vouliez m’entretenir d’un quelconque sujet ?"
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Dakuwanda Kirai
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Ft. Hayato
Cela fait plusieurs heures maintenant que l'Intendant est parti, et pourtant, Kirai n'a pas bougé de son fauteuil. Son nouvel instrument en main, il s'adonne à quelques notes, le regard plongé dans les abysses alors qu'une certaine tristesse se lit sur son visage. Inquiète pour son frère, Erisa tente de le dérider, pour autant, l'allure de l'Epouvantail ne laisse place à aucun rictus. Il n'y a que la réflexion et l'éventualité de ces myriades de possibilités qui s’amoncellent les unes par dessus les autres, tel un arbre qui s'étend vers les hauteurs. Chacune de ses branches offrent de nouvelles possibilités, tandis qu'elles-mêmes lui procurent d'autres variables vacillantes entre espoir et déception. Mais sur toutes ces probabilités, laquelle sera celle le menant au fruit tant recherché ?
« Sol Do Mi bémol Fa... »
Quatre notes vibrant sur un violon. Tout autant de chemin à parcourir dès à présent. Les accords doucement se glissent les uns dans les autres, offrant une toute nouvelle partition au Tailleur qui répète de plus en plus frénétiquement. La douceur de la réflexion laisse place à l'excitation de ce champs des possibles qui s'ouvre soudainement à lui. Tant de choses à découvrir, tant de chapitre à écrire avant que le doux baiser de la mort ne vienne se poser sur ses lèvres. Va-t-il se laisser tenter par ce champs des possibles ? La musique devient de plus en plus vivace, l'emportant loin de son fauteuil dans une danse des plus endiablés. Oui, Kirai danse, une danse macabre qui met en croche chaque idée dans son esprit, et qui, dans les ténèbres, les lient.
« Tu sembles bien enjoué mon frère... » « Tu n'as pas idée ma chère sœur... Tu n'as absolument, aucune, idée, du cadeau que l'on vient de nous faire... »
Non, elle n'en sait rien, mais se contente de regarder le visage de son grand-frère s'armer d'un sourire carnassier. Elle sait que cela n'est de bonne augure pour personne, mais pourtant, elle sourit aussi. Qu'importe les tourments que cet homme peut affliger au monde, jamais rien ne sera plus doux à ses yeux que de le voir ainsi. Et si d'aventure, il devait disparaître, nulle doute qu'elle ferait tout en son pouvoir pour le ramener à ses côtés, faut-il tromper la mort pour cela.
~
C'est le début de soirée, le soleil commence doucement à plonger dans les dunes qui s'élèvent à l'horizon. D'ombre et de lumière, les rues de Suna se plongent dans un contraste détonnant qui affaiblit le regard. Entre chien et loup, les détails du village se mélange entre eux, une heure propice pour certains démons qui se joue ainsi de la lumière pour disparaître au coin d'une ruelle. Les minutes s'effacent et laisse le début de soirée s'imposer. Et tandis que la plèbe s'évertue à rentrer chez soi pour profiter de ce moment de calme, quelques êtres continuent à travailler, les obligeant à allumer quelques bougies, marquant leurs présences, comme dans la Tour du Kazekage, où le bureau de l'Intendant est encore illuminé.
Que peut-il bien faire à cette heure tardive ? Signer quelques traités ? Lire des rapports de missions aussi ennuyeux qu'inutile de jeunes Genin beaucoup trop fier d'avoir su sauver le chat d'une pauvre dame ? Tant de questions que peu de gens se posent, peu soucieux de savoir comment les choses fonctionnent dans les coulisses. Mais pas l'ombre qui se déplace le long des murs et des escaliers menant à l'édifice majestueux. Doucement, elle se rapproche de la lumière, usant des chemins de traverses pour pénétrer sans un bruit jusqu'au bureau de l'Intendance, glissant dans son dos, à l'arrière de son fauteuil, profitant que son attention soit portée vers quelques parchemins pour se retrouver derrière lui. Une fois de plus, ses mains se posent sur le dossier, son regard reluisant à la lueur des flammes vacillantes des bougies disséminés à quelques endroits de la pièce.
« Vous devriez vous reposer un peu. » finit par murmurer l'Epouvantail, laissant courir ses doigts sur l'artefact où est assit l'Intendant, apparaissant soudainement à ses côtés, avant de faire le tour du bureau, ne manquant pas de jeter un œil aux différents parchemins dont il s'amuse du manque d'importance. Paisiblement, il se rapproche de la fenêtre par laquelle il est rentré, regardant la lune qui commence à illuminer de plus en plus le ciel. « Bientôt la Pleine Lune... Les choses vont commencer à changer... » Il se retourne, faisant face à son hôte alors qu'il croise les bras, se posant dans l'ouverture. « J'ai bien réfléchi. Je suis prêt à accepter, néanmoins, j'aurais besoin de savoir plusieurs petites choses. » Il laissa un temps à Hayato pour se remettre de ses émotions, bien que l'effet de surprise a dû ébranler quelque peu l'homme qui ne s'attendait peut-être pas à revoir le Tailleur si vite. « Tout d'abord, j'ai appris que vous aviez tenté de rentrer en accord avec Konoha, mais que cette délégation n'a pas très bien fonctionné... J'aimerai en savoir plus. » Quel était l'intérêt ? La curiosité, sans nulle doute, mais tout était toujours calculé chez l'Epouvantail qui ne laissa pas respirer l'Intendant pour autant. « Mais surtout, savoir dans quelle politique se lance aujourd'hui Suna. Hier, les Serika et les Shirogane tenaient le Village d'une main de fer, prônant notre suprématie militaire. Aujourd'hui, nous avons un Intendant Nozomo et les Akayuki se mêlent aux délégations politiques ?... Je me vois mal protéger les intérêts de Suna si je n'ai pas toutes les cartes en mains. »
Une vérité qui s'impose comme évidente, alors que Kirai se retire de la fenêtre pour approcher le bureau. « Vous m'avez demandé ce qu'était pour moi la liberté. Et j'entends votre crainte à ce sujet. Mais ce qui est étrange, c'est que vous puissiez penser que mon allégeance ait un jour été obligé par une quelconque soumission... » Ses doigts se posent sur le bois du bureau, se saisissant d'un objet appartenant sans doute à l'Intendant pour le regarder en détail. « Nous choisissons tous nos chaînes, mais Suna n'en est pas une et ne le sera jamais... » Son regard se porte alors dans celui de l'Intendant, plongeant au plus profond de son âme. « Et soyez assuré que, quiconque viendrait à lui nuire, ne saurait survivre... » Il pose l'objet, arquant alors un sourcil marquant sa défiance. « Qu'il soit simple villageois ou Intendant... » Il fait volte-face, s'enquérant d'une chaise tout en tournant le dos à son vis-à-vis, prouvant qu'il n'a aucune peur à ne pas lui faire face. Un geste de confiance, qui n'empêche pas le poids de ses paroles de s'ancrer dans l'esprit d'Hayato. Finalement, il finit par s'asseoir, non pas de l'autre côté du bureau, mais bien sur le côté de celui-ci. Après tout, ne l'avait-il pas dit ? Intendance et Opérations secrètes étaient deux entités travaillant en collaboration. Il est donc normal que Kirai se place ainsi à sa droite.
Une journée éreintante qui n’aurait réclamé qu’un repos mérité. Pourtant, à la faveur de la nuit, l’intendant encore dans son bureau, parachevait la constitution de ses rapports journaliers. Yukio, Ogawa, Honoka… et Kirai. Bien entendu la teneur des conversations restait à son entière discrétion. Au milieu de son joyeux royaume de papiers, d’autres missives de moindre importance. Gestion des stocks, petite criminalité, réclamations en tout genre… Rien de bien passionnant en somme. Une main soutenant lourdement sa tête tombante de fatigue, Hayato parcourait plus qu’il ne lisait l’ensemble des papiers. Signant d’une main lâche ici, apposant là un sceau, jetant sans ménagement un autre… À la seule lumière de sa lanterne, dans le calme plat d’un bâtiment vidé de toute vie, les minutes devenaient des heures.
Seul le courant d’air frais qui parvenait dans son dos le tenait rattaché au monde des vivants. Une fraicheur bienvenue dans l’étouffante petite pièce, chauffée pourtant par une simple flamme. Un plaisir simple de la vie, que cette brise rafraichissante qui caressait la peau tendue de sa nuque. Providentiel même ! Puisque l’intendant aurait juré n’avoir point ouvert ni fenêtre ni de porte. Tout à trac, la douceur de l’évènement se para d’une aura mystérieuse. D’où pouvait donc venir cette fraicheur ? Un battement de cil et les sens en éveil… Un bruit, ridiculement léger, quasiment imperceptible, accompagné d’une légère vibration de son siège… Quelqu’un dans son dos ? Immédiatement l’intendant se tendit, portant mécaniquement la main à sa ceinture. Le Kunaï en main il tourna la tête…
L’adrénaline est une substance particulièrement étonnante. Pouvant en un instant faire de chaque homme un être mu d’une réactivité redoutable. Se traduisant pour le sujet, par cette sensation si particulière. Celle de voir au ralenti le monde qui s’active. La tête pivotant ici au ralenti, alors que son bras s’élevait pour porter son kunaï devant son visage. Aussi, l’intendant eut-il l’impression de pouvoir notifier chaque détail rencontré par ses pupilles durant le court trajet devant le mener à son objectif. D’abord la porte, droit devant lui, elle était bien entendue fermée, un obstacle entre lui et une potentielle fuite. Les murs, tapissés de différents parchemins et autres affichettes informatives… La petite commode dans laquelle l’intendant rangeait tous les documents de moindre importance… Il touchait au but, bientôt la menace aurait un nom.
Le temps reprit son cours, donnant l’impression au jeune homme que celui-ci s’écoulait tout à coup bien trop vite. Résultat en somme, d’une perception sensorielle altérée. Dans une position toute défensive, kunaï en main, Hayato ne découvrit nulle autre personne que le chapelier fou rencontré plus tôt. Les yeux écarquillés et les lèvres retroussées il constatait une évidence. Il avait été surpris. Tranquille et étonnamment calme, Kirai laissa sa main parcourir le dossier du siège tout en s’adressant à sa victime. Incapable de répondre dans l’immédiat, il fallut qu’Hayato use de tout son sang-froid pour apaiser les signaux d’urgence de son corps. Un organisme qui venait de s’ébranler pour survivre et qui devait à nouveau laisser place au calme et aux réflexions… Cela demandait un peu de temps, même pour un shinobi entrainé.
Les profondes inspirations et le corps se détendant progressivement, marquèrent l’effort que la situation exigeait de l’archer. Dans un toc nerveux, il s’empara d’une cigarette. Technique depuis bien longtemps étrennée, qui lui permettait autant de retrouver son calme que de cacher ses potentiels tics nerveux. Il y avait au moins un avantage à cette intervention nocturne. L’intendant était maintenant, parfaitement réveillé.
"Vous connaissez le principe de porte et d’annonce ?"
Une pique acerbe qu’il n’avait pu retenir. Une attitude aussi irritante méritait bien une légère intervention. Pour autant, le pantin ne s’en laissa pas émouvoir, annonçant tous azimuts son intérêt. À cela cependant il ajouta quelques conditions : Des réponses. Durant son écoute, l’intendant se saisit d’un allume-feu, embrasant son bâtonnet fumant. Les tumultes de fumé s’élevèrent chaotiquement, tout autant que les idées du jeune homme qui réclamaient bon ordre. Il resta stoïque et laissa l’intervenant écouler toute sa demande. Quand enfin celui-ci se tut, attendant une réponse. Hayato prit le temps de peser ses mots.
S’il n’en dit rien, il notifia avec un soupçon d’indignation que son homologue s’était emparé d’un siège et installé à ses côtés. Cherchait-il à briser une barrière ? Une attitude propre à la confiance ou la défiance ? Cherchait-il à l’humilier ? Possible… D’autant que du geste, Kirai avait ajouté les mots. Menaçant sans vergogne et assurant sa totale liberté d’action. Le cerveau encore anesthésié par sa trop soudaine montée hormonale, Hayato essayait de résumer la situation.
Question. Liberté. Menace. Négociation…
Un nouveau soupir qui laissa échapper une nouvelle volute. Cette journée serait décidément sans fin… Pourquoi était-il toujours si complexe d’entreprendre la moindre démarche ? À part avec Yukio… Tout avait été… Si compliqué. D’une voix marquée par une certaine lassitude, l’intendant plongea donc dans la gueule du loup.
"Je suis heureux d’apprendre que mon offre vous intéresse… Je note également que vous avez choisi de venir seul…" En effet, la curieuse sœur de l’épouvantail avait visiblement été écartée de la suite des négociations. Un aveu indirect d’une confiance relative ? Ou la crainte de voir la sureté de cette dernière mise à mal ? Information intéressante dans les deux cas, que l’intendant ne manqua pas de notifier. Celle-ci pourrait s’avérer utile à l’avenir… Mais pour l’heure et toujours avec une certaine langueur le jeune homme embraya.
"Heureux oui… Pour autant…" Son ton muta vers une voix plus ferme. "Évitez à l’avenir de me surprendre ainsi et tâchez d’éviter ce genre de menace... " Se radoucissant tout juste il ajouta. "Nous sommes bien au-dessus de ce genre de bassesse non ? Aussi je ne pense pas qu’il soit nécessaire de vous rappeler tout ce que je pourrais opposer contre une quelconque action à mon encontre." Était-ce là l’aveu d’un certain égo du shinobi ? Oui. Il n’était pas le premier combattant venu et aussi talentueux que puisse être son adversaire, il restait intimement persuadé de pouvoir s’en défendre.
Écrasant sa cigarette et quittant son siège pour s’avancer vers une petite table trônant dans un coin de la pièce. Hayato écarta la désagréable conversation qui pourrait suivre son intervention, avec désinvolture. "Mais passons… Nous sommes là pour discuter, pas nous chamailler n’est-ce pas ? Voulez-vous une tasse de thé ? Ou bien du maté ?" Utilisant la vaisselle délavée mais néanmoins propre qu’il avait à sa disposition, il s’attela au service tout en continuant. "En preuve de ma bonne foi, je consens à éclairer vos lanternes… effectivement Suna et Konoha ont entamé une procédure de… rapprochement. Néanmoins, la tenue d’une première réunion sans la présence de notre Kazekage a été perçue comme… Peu délicate par nos homologues." Rien de bien secret dans les révélations faites, sans doute le caractère isolé et loufoque du curieux l’avait simplement tenu éloigné des ragots pouvant circuler en ville. La suite en revanche… "Pour autant… Auriez-vous imaginé il y a encore quelques années qu’une telle rencontre puisse avoir lieu avec le consentement de notre Kazekage ? Les temps changent… Les personnes changent et logiquement c’est Suna qui change à son tour…" Revenant vers le bureau, les mains chargaient des tasses. Hayato tendit l’une vers le pantin, tout en sirotant l’autre, son regard alors perdu vers sa fenêtre. "Le simple fait que je sois venu vous trouver prouve bel et bien mes dires…"
Maintenant accoudé au rebord de la lucarne, le jeune homme amorçait les choses sérieuses. "Vous avez fait part de vos revendications. Laissez-moi maintenant partager avec vous les miennes… Le poste que je vous propose est une véritable aubaine pour un homme comme vous. Je le sais et vous le savez. Vos compétences sont certes appréciables mais elles ne sont pas pour autant uniques. Vous réfutez une quelconque allégeance pour le village… Ce qui pourrait sans doute être traduit comme un risque accru de trahison. Mais soit, admettons et écartons cela de l’affaire. Pour autant, si vous veniez à travailler à mes côtés j’attendrais à minima que votre allégeance se tourne vers votre poste. Les intérêts du village devront passer avant les vôtres. Et afin que nous soyons tout à fait honnêtes l’un envers l’autre. La personne qui vous dessinera les intérêts du village : Ce sera moi."
Voilà donc que nos deux protagonistes en arrivèrent au nœud du problème. Liberté contre allégeance. Deux notions qui dans le cadre précis, s’assemblaient autant qu’elles s’entrechoquaient. Une gorgée de son thé et le regard solidement planté dans celui du pantin. Hayato s’imaginait, marchant sur des œufs.
Dakuwanda Kirai
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Ft. Hayato
L'incompréhension se lit sur son visage alors que, peu à peu, l'Intendant finit par lui répondre. De fil en aiguilles, les propos de son hôte s'assemblent, créant une situation des plus amusantes pour le Tailleur qui, cependant, ressent que quelque chose cloche profondément dès le début de l'entretien. Peut-être est-ce dû à son arrivée ? Après tout, Hayato l'a précisé, il sera dorénavant plus propice au Tailleur de s'annoncer et d'entrer par la porte. Cependant, une petite frayeur entre nouveaux amis mérite-t-elle pareille réaction ? Le cerveau de l'Epouvantail commence à mettre en place les nouvelles pièces de l'échiquier. Et si les propos de l'Intendant n'avait été que du vent pour l'attirer ici ? Non. Ce doit être autre chose.
« Toutes mes excuses... Je n'avais pas pour but de vous faire peur... »
Le problème avec les personnes qui vous craignent, c'est qu'elles ne s'attendent pas à ce que votre comportement change du jour au lendemain. Pour autant, Kirai aime à se targuer de pouvoir évoluer avec son temps, bien que certaines de ses lubies semble provenir d'avant-guerre. Pour autant, la fin de sa phrase lui suffit pour comprendre qu'effectivement, quelque chose ne va pas. Il s'est peut-être passé quelque chose entre temps, mais l'allure très défensive de l'Intendant ne manque pas de rappeler à son vis-à-vis leur première rencontre. Une pointe de Yukio ? La preuve indéniable qu'ils sont frères.
« Je serais ravis de boire une tasse de maté. » déclare le Chapelier avec un large sourire, clairement ravis de pouvoir partager un petit instant privilégié avec son nouveau collaborateur qui, pourtant, ne cesse d'avoir dans le ton de sa voix une certaine défiance, qui ne manque pas d'agacer le Tailleur. Comme une impression de s'être fait avoir à son propre jeu.
« Hum... »
Il ne peut qu'approuver les dire de l'Intendant lorsque ce dernier commence à lui relater qu'en effet, Konoha et Suna ont trouvé le courage de tenter une approche qui, malheureusement, s'est soldé par un échec. La notion même de ce cafouillage ne manque cependant pas de faire sourire le Tailleur. Non pas de joie, mais bien d'amusement d'entendre ainsi Hayato être assuré que le Kazekage est d'accord avec une telle action, sans pour autant dénier s'y rendre. Une remarque qu'il se réserve bien de témoigner à son nouveau collaborateur dont le ton devient de plus en plus froid.
Et alors qu'une dernière phrase démontre bel et bien que les choses peuvent changer dans ce monde, l'homme de pouvoir commence à appuyer sa domination. Le sourcil arqué et le regard ne quittant pas celui de son hôte, Kirai reste silencieux, prenant conscience, au fur et à mesure qu'encore une fois, toute cette animosité envers lui n'est présente qu'à cause d'un énième quiproquo. Pour autant, il le laisse s'exprimer, déversant tout la puissance de sa stature envers un collaborateur qui au final, n'est désiré que comme un chien à la solde d'un autre homme. Un fait qui ne manque pas de laisser l'Epouvantail quelque peu déçu, sans pour autant que son visage ne démontre la moindre crainte, ni même encore la peur. Et alors que la tension se veut presque palpable, un rictus commence à naître en coin de lèvre, bientôt suivi par quelques rires retenues, qui ne tardent pas à éclater dans le silence.
« Comme je vous l'ai dis, vous devriez vous reposer un peu mon bon Hayato, cela vous éviterai de mal comprendre ce que vos interlocuteurs vous disent... » Il prend une gorgée de maté, reposant le contenant un instant sur ses jambes, affichant un léger sourire à son camarade en cette nuit d'infortune. « Je ne vous ai pas dis n'avoir aucune allégeance envers Suna. Je vous ai dis qu'elle n'a jamais été obligé par quoi que ce soit... Suna est ma maison et je la défendrai contre qui que ce soit. Que cela soit contre ses ennemis ou ses propres alliés... Je comprends cependant votre méfiance quant à mes propos. Après tout, comment savoir ce que pense véritablement le vilain Kirai ? C'est un fait avec lequel il vous faudra apprendre à vivre... C'est d'ailleurs un fait que vos prédécesseurs ont vite assimilé, et ce qui m'a permit d'être aussi... Compliqué, à trouver... Vous désirez la paix, mais préparez la guerre. Vous voulez faire confiance, mais vous méfiez de vos futurs alliés. En cela, vous êtes un hypocrite qui se pavane sous le manteau de la vertu... Néanmoins... Si ce n'était pas le cas... Je vous aurais pris pour un imbécile... » Un sourire se dessine alors qu'il reprend une tasse de maté. « Je comprends mieux pourquoi vous m'avez proposé ce poste... Et je ne peux que saluer votre intelligence de vouloir vous prévenir d'une quelconque traîtrise ou problème qui pourrait nuire au bien être de Suna et de ses desseins... Ca montre votre amour pour votre village... J'aime ça. »
Il dépose soudainement la théière sur le bureau, tirant un pan de son manteau pour dévoiler une poche où se trouve un parchemin. « J'ai également quelque chose pour vous. » D'un ton presque complice, il tend l'objet à Hayato, l'empêchant un instant de le tirer vers lui, posant son regard dans le sien. « Il s'agit d'une information qui me coûte de vous faire part, cependant, je comprends devoir vous montrer que mes intérêts passent après ceux de Suna... » Le laissant se saisir du parchemin, l'Intendant peut découvrir en le déroulant une série de nom de personnes et de lieux, toutes rattachées à un certain domaine. Rien d'intéressant de prima bord, cependant, le portrait d'une femme ne manquera pas d'alerter le Nozomo.
Pour le jeune intendant devoir faire montre d’un certain déballage de puissance n’avait rien d’enviable. Le meilleur moyen de s’écarter du chemin de la négociation était bien souvent la subordination. Aussi, avait-il vécu sa dernière tirade comme un aveux d’échec. Finalement, négocier avec un tel énergumène était peut-être tout bonnement impossible ? Reposant la voix, il s’attendit à bien des réactions. Un énervement, un empressement, une déception… Aussi fut-il surpris de constater le calme apparent de son interlocuteur durant la durée de sa remontrance. Pire encore, fut les rires sous cape qu’il décrocha en réponse.
Kirai une maîtrise parfaite de ses intonations avança la théorie suivante : un quiproquo. Il assura son allégeance, qui serait, selon lui, non contrainte. Turbinant à plein régime, Hayato se mit intérieurement en quête des mots passés. Dans une moue désolée, il convint que le double sens des propos était possible. Possible oui, mais pas nécessairement véridique. Le chapelier avait toujours fait preuve d’une intelligence remarquable, raison suffisante pour pousser la méfiance de l’intendant. S’ensuivit une remarque amère, mais néanmoins juste, concernant l’hypocrisie de la démarche. Difficile de nier le fait et Hayato se garderait bien de le faire. Peut-être en d’autres circonstances, d’autres lieux, dans un autre contexte. Pourrait-il faire entrevoir sa vision à l’épouvantail… Encore faudrait-il qu’il parvienne d’abord en un accord. Quand il conclut enfin son laïus, Hayato laissa planer un instant de silence alors qu’il portait la main à son cou. Grattant sa nuque, il reconnaissait son erreur.
"Vous avez sans doute raison, je ferais mieux de me reposer." Fendant son visage d’un petit sourire malicieux il ajouta. "D’un autre côté, je ne crois pas avoir eu le luxe de choisir l’heure de notre entrevue…" Portant la tasse à ses lèvres il savoura le goût revigorant de son thé, seul allié pour cette nuit allongée. "Pour autant, je vous présente mes excuses. Au moins mon erreur nous aura permis d’aborder plus vite certains sujets primordiaux…"
Alors qu’il allait pour se rassoir aux côtés du tailleur, celui-ci déposa brusquement sa théière avant d’offrir en spectacle l’intérieur de sa veste. L’instant d’après, il en tira un parchemin qu’il tendit vers Hayato. Visiblement, Kirai pensait que cela pouvait l’intéresser. Ce qui suffisait en soit, à le rendre intéressant. S’en emparant, il fut retenu par les quelques mots supplémentaires de son vis-à-vis. Une preuve de son allégeance donc ? Curieux, le jeune homme déroula soigneusement le papier. Le portrait qui traînait en bas de page attira immédiatement son regard… Il la connaissait. Pour les autres, seuls leurs noms, lui était familier. Sourcils froncés, il leva les yeux du document.
Dakuwanda Kirai
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