Autour de lui, l’éternelle odeur de transpiration mêlée aux senteurs acides de l’acier. Son premier coup d’œil ne lui offre qu’une vue sur un mur lisse, sans âme et sans histoire. Une pièce cubique, une fenêtre, un bureau, une malle et un lit. Voilà les nouveaux appartements du jeune intendant à l’intérieur de son domaine. Solution temporaire selon les anciens, faute d’appartement adéquat. Bientôt les deux frères disposeront de deux appartements plus spacieux et un poil plus luxueux. Une petite partie cuisine et même une salle d’eau : Un véritable luxe pour une chambre du domaine Nozomo.
La nouvelle du retour des « enfants prodiges » au sein du domaine a bien soulevé quelques complaintes, mais celle-ci furent rapidement étouffée par leurs regards meurtriers. Finis le temps ou les deux frères étaient victimes de leurs brimades. Qui oserait s’en prendre à deux junin ? Dont l’un était intendant du village de surcroit ? Cependant, si personne n’osait s’en prendre directement à eux… Les regards, les chuchotements… Les « accidents… Comme les travaux de rafraîchissement de leurs futurs appartements par exemple, qui ne semble pas avancer d’un pouce…
Un soupir en seule réponse à son découragement et déjà le jeune archer quittait sa petite chambre… Pour le jour, son programme sera chargé ! Devant s’aventurer en tout coin du village à la recherche de certaines personnalités. En effet, lors de son arrivée auprès du conseil Hayato avait bien vite remarqué l’absence de bon nombre de sièges. Membres absents ou disparus… Comment le village avait-il pu fonctionner jusqu’ici ?! En bon jeunot, frais comme un gardon, il décida donc d’agiter la fourmilière ! Fini les postes fantoches. Une nouvelle ère commençait aujourd’hui.
Il avait longuement mesuré les forces en présence, les possibilités qui s’offraient à lui. Plusieurs postes étaient à pourvoir, des postes importants, offrant à leurs détenteurs certes un statut particulier, des responsabilités mais aussi une des précieuses place au conseil. Chef de différents ministères : de l’exploration, des opérations secrètes, de la diplomatie et de l’éducation. Quatre postes pour lesquels il se devait de trouver des candidats…
Quelle galère…
Il avait bien sûr déjà quelques idées. D’autant que l’un des postes était déjà plus ou moins pris en main… Décidant de commencer au plus court, le jeune homme s’installa confortablement sur les tabourets en bois mal poncés qui cerclaient la grande table principale du réfectoire.
Il ne devrait pas tarder à se lever le bougre…
On pense souvent connaître les membres de sa famille… et pourtant. Pas moins de deux heures plus tard. Alors que le soleil avait déjà entamé le quart de sa course folle, enfin, Yukio émergeait des dortoirs à la recherche d’un déjeuner. Mécaniquement celui-ci vint s’installer à proximité d’Hayato. Les habitudes ont la vie dures…
Cela faisait quelques jours qu’ils n’avaient point pu passer de temps ensemble. Chacun occupé par ses propres obligations et n’ayant plus de chambre commune ou se retrouver le soir venu. D’autant que le travail ne manquait pas pour eux depuis leur retour n’expédition…
"Yukio ?" Face à la mine ensommeillée de son frère, l’intendant se ravisa... "Prend le temps d’avaler quelque chose et de décrouter tes yeux… Faut que je te parle de quelque chose…"
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Nozomo Yukio
Suna no Jonin
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L'histoire de ma vie était assez simple : J'étais un Nozomo, sauf que je n’habitais pas sur le domaine Nozomo. Enfin... Ce n'était plus le cas désormais.
En atteignant la vingtaine, Hayato et moi avions décidé d'un commun accord de nous barrer. Oh, pas bien loin : Juste à côté. C'était plus symbolique qu'autre chose : La vie austère des membres de notre clan ne convenaient pas à nos ... Spécificités. Aillant trouver un appartement à cinq minutes à pied, on n'avait vite filé pour quitter les dortoirs collectifs et les entrainements matinaux... et le mépris de nos camarades... et le regard sombre de nos aînés. "Presque rien". Pour autant, nous étions de retour pour devenir les rois du monde... Enfin, de cette bande de plouc.
"Roi pourpre, ou roi des conservateurs..."
Malgré le caractère désagréable du cadre, c'était quand même un bâtiment martial doté de nombreuses cours d'exercice. Le lieu parfait pour un entrainement, placé sous le signe du kenjutsu : Nozomo, katana... Mais également tous les autres Bukijutsu ainsi que le taïjutsu. Me réveillant enfin de ma somptueuse nuit de rêves, je songeais que c'était vraiment une idée nulle d'installer le lieu de vie d'un clan guerrier dans un endroit si haut, et si pentu. "Ils sont vraiment clichés, en plus ils se prennent au sérieux" Pour autant, la vue était belle de la seule fenêtre qui donnait sur dehors. Je vivais depuis quelque temps dans un cube, une pièce nue qui me faisait regretter l'appartement que j'occupais avec mon frère...
Les travaux prenaient du retard et je m'amusais de cette situation.
De mon tantô, j'avais creusé le mur pour en faire des trous et faire des tractions... Cela allait leur apprendre, à ces cons, de se moquer de nous !
Le bâtiment était composé d'une cour, avec les dortoirs collectifs et la cantine très proche. "Parfait pour un petit encas nocturne". Le Yukio enfant avait profité de cette organisation du domaine pour... Se balader, oui, avec quelques tartines. C'était cet endroit plein de nostalgie nocturne que je choisis pour ma première pérégrination du jour : Manger.
Hayato était là, plus matinal que moi... Un peu ensommeillé, je m'assis à ses côtés pour attaquer un petit déjeuner spartiate, mais efficace : riz, œuf mollet et soupe miso au shiitaké. Le problème étant que mon frangin n'allait pas me laisser vivre, ni manger en paix... Il prononça mon prénom avant que je me tourne vers lui, à moitié paumé. Il se ravisa ainsi, me déclarant que j'avais le droit de prendre mon temps.
"Encore heureux, connard."
Soupirant, je pris une bouchée avant de finalement lui parler : Il avait un truc à me dire, autant qu'on en finisse !
- Oh grand roi de la malice et des desseins tordu, pourquoi viens-tu ainsi t'entretenir avec ton pauvre idiot de frère qui vient de se réveiller ? Un geste théâtral qui accompagna ma parole avec la cuillère de ma soupe. Je ne cherche qu'à vous servir, mesiiiiiiiiiire. Des moulinets de mon couvert servirent à faire un simili révérence. Rigolant un peu en mâchouillant un grain de riz qui restait, je finis par clore le sujet de la taquinerie : Accouche, il y a quoi ?
J'étais plus rigolo le matin, non ?
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Nozomo Hayato
Suna no Jonin
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Yukio n’avait jamais eu le réveil facile… Mais depuis le retour de son voyage, c’était encore pire. Sans doute s’était-il habitué à sa liberté… Pouvoir dormir de tout son saoul… Marcher, s’entrainer, manger et dormir. Tels avaient été ses seules préoccupations pendant tout son périple. Le résultat ? Un corps plus sculpté, une nouvelle barbe, un nouveau look et sans doute quelques nouvelles techniques de son cru…. Oui… Son frère avait décidément bien changé. Il semblait plus… adulte.
Le voyage forge la jeunesse
Mais bon… Chassez le naturel et il revenait au gallot. À peine ouvrit-il la bouche qu’Hayato ne put s’empêcher de sourire. Il avait un caractère de chien et se montrait impertinent… Ouais, sous cette barbe se trouvait bien Yukio. Il avait un peu craint de voir s’éloigner son frère durant une si longue période. Jusqu’alors ils étaient quasiment inséparables… Ils avaient par le passé longtemps conversé au sujet de leurs futurs voyages. Ils voulaient voir le monde et découvrir de nouveaux paysages… Mais partir aussi loin et aussi longtemps, c’était chose inimaginable pour l’intendant du village. Rien que l’escapade qu’ils avaient organisée avec Honoka avait demandé à Hayato des semaines complète de travail sans relâche pour rattraper son retard.
Sourire aux lèvres et le laissant terminer sa comédie, Hayato rentra dans son jeu en lui proposant sa main à la manière d’un grand seigneur. Quand enfin il décida d’entrer dans le vif du sujet, le jeune intendant se redressa sur son siège. Regardant du coin de l’œil son cadet.
"J’ai une proposition à te soumettre, tout simplement." Préparant mentalement son schéma de pensée, avant de se raviser. Il n’était pas pressé à ce point non ? Il pouvait au moins faire un brin de discussion avec son frère… "Comment tu vas depuis ton retour ? On n’a pas trop eu la chance de se croiser jusque-là… On m’a raconté que les gardes avaient eu du mal à te reconnaitre lorsque tu es rentré. " Écoutant religieusement son frère, il embraya "Tu as dû voir du pays… Jusqu’où es-tu allé ? Tu as ramené des informations pour le village ? Tu n’avais pas d’ordre de mission donc pas d’obligation t’inquiète…"
À nouveau, il observa un silence religieux laissant son frère narrer ses exploits à loisir. La conversation continua quelque peu entre autres échanges de banalité sur leurs vies respectives… Un petit moment de discussion normale, comme ils en avaient jusque-là dans le confort relatif de leur appartement… Que la vieille carcasse puante et mal éclairée pouvait lui manquer… Finalement, la conversation revint au sujet du jour.
"Comme je le disais tout à l’heure, j’ai une proposition à te soumettre… Le village est en pleine restructuration. Le bas conseil était infesté de membres fantoches qui ne faisait rien de plus qu’arborer fièrement leur titre sans en branler une." C’était quelque chose qui déplaisait particulièrement à Hayato. Lui qui devait trimer sans relâche ! Avoir une position importante était une chose oui, mais elle devait être justifiée d’une manière ou d’une autre par son travail. Pareils arrivistes le répugnaient. "Me voilà donc en quête de nouveaux membres pour remplir le dit bas-conseil… J’ai déjà quelques idées. Notamment Ogawa que je vais aller rencontrer un peu plus tard. Je me dis qu’il pourrait se charger de la diplomatie. Quoi de mieux qu’un Akayuki pour ça, non ?" S’étirant et baillant par la même occasion, Hayato reprit sur le même ton.
"Il me faut aussi un mec qui s’occuperait du service d’exploration…"
Un courant de malice imprégna ses pupilles et une légère moue joueuse vint déformer ses traits. C’était une opportunité en or pour Yukio. Un moyen parfait d’allier ses ambitions (et celle d’Hayato au passage) avec ses envies d’ailleurs. "En gros, ton service s’occupera de rassembler des informations sur nos cibles. Pour le moment, on a surtout besoin d’écumer le désert pour en dresser un rapport complet. Mais… Une fois notre contrôle totalement appuyé sur notre litière… On pourrait étendre la sphère de tes affectations…"
Dieu seul savait à quel point le village avait un besoin vital d’informations… Partout dans le désert, les dissensions étaient prégnantes. Rébellion, acte de terrorisme et criminalité… Si Suna n’était pas capable dans l’immédiat d’en régler les sources, au moins devait-elle pouvoir garder un œil dessus.
"Alors… Qu’en penses-tu ?"
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Nozomo Yukio
Suna no Jonin
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Bien que j'étais un petit con insolent, il fallait dire que la curiosité était un vilain défaut et Hayato en jouait bien... S'il en jouait. Je connaissais les compétences de mon frère pour l'oral : Les discours, amener une cible à avoir un point de vue précis ou bien justement le tromper vers des bases instables pour ensuite frapper. Avec moi, il ne le faisait pas ou cet enfant de salaud le cachait bien ! En tout cas, après avoir suggéré une proposition, il changea brusquement de sujet : Raconter min voyage ?
- Eh bien, si ça t'intéresse. J'avalai une cuillère de mon repas avant d'attaquer : J'ai été au pays du feu, où j'ai rejoint quelque temps une troupe de fête foraine... Là-bas, j'ai rencontré un certain Tadake Masoru, c'est le type de Amanogawa, je ne sais pas si je t'en ai parlé... Disons qu'il est assez fort pour le katon et il m'a appris quelques petits trucs, cela m'a servi car... Eh bien... On a été attaqué. Un ancien élève de ce vieux débris, un Akuma... J'ai dû le tuer moi-même. Un éclair de génie me frappa, je dus préciser. Personne ne savait que je venais du village, ne t'inquiète pas ! J'étais Yukio Imin, là-bas. Il fallait dire que jouer du chakra sur le territoire de Konoha, ce n’était pas vraiment une bonne idée... Enfin, passons. Je suis ensuite parti vers la mer, près de Uzushio j'ai pris un bateau et pendant quelques jours j'ai été marin, on a subi quelques chocs, mais c'était une expérience incroyable ! Tout change sur la mer, le rythme des vagues change le quotidien et puis... La vie sur un bateau, c'est très collectif. J'ai beaucoup aimé. Un air nostalgique, je repris pour la dernière partie. Et puis... Je suis monté vers l'Isthme de gel, pour voir l'extrémité de notre monde et j'ai failli mourir. Du bout de mon index, je désignai mon front. Une attaque d'ours, j'ai dû me réfugier dans une cabane de pêcheur et j'ai attrapé une sale infection. J'ai déliré pendant des jours.
D'un rire franc, je regardai la tronche de mon frangin après cette synthèse trop rapide de mon voyage : De la merde, de la mer et encore de la merde ! Il est vrai que je n'avais pas caché mes déboires, sauf que je rabaissais un peu toutes ces aventures pour en garder un goût sympathique… C'était derrière moi, de sales histoires qui finissaient bien.
- Je ne me suis pas ennuyé, en tout cas. Reprenant mon sérieux, j'ajoutai : Je suis prêt maintenant.
Prêt à quoi ? Sans doute à prendre des responsabilités, à grandir et à devenir l'homme que je devais être... Il était vrai que j'avais nagé entre deux eaux, le ninja froid et l'homme chaud, sans vraiment faire mon choix. J'avais beaucoup souffert de cette situation, sans trouver mon équilibre ni ma paix intérieure... Juste une façade pour les autres, à l'intérieur, cela avait été un carnage. Aujourd'hui, après avoir vécu plusieurs vies et achevé certaines, dans la neige, je pouvais enfin revenir en tant que Yukio pleinement capable et désirant.
- On pourra en parler plus en détails un autre jour, c'est long et certains détails ne sont pas pour toutes les tables. D'un coup d'œil, je lorgnai sur les bandes de gamins environnants. Le récit de mes pérégrinations au milieu des torses suants et du sel environnant, ainsi que mon agonie dans des torrents de merde et de délires, ce n'était pas le meilleur discours avec des gamins à côté. Autrement, à part comment jouer au poker, je n'ai pas appris grand-chose sur les villages cachés... Enfin, si, la Hokage a l'air plus ouverte que l'ancien et il y a des gros cons dans les rangs de Uzushio, du genre à se prendre pour des demi-dieux. Un sourire et je passais sur la suite. Bon alors, monsieur le prude, c'est quoi ta proposition ?
De nouveaux membres aux conseils, en tête Ogawa dans ce qui concernait la diplomatie, d'un sourire je ne pouvais qu'approuver :
- Quoi de mieux qu'un manchot avec la gueule mutilée pour parler aux autres villages, hein ? Ogawa, même s'il avait un idéal de paix, représentait la guerre dans ses pires cotés : Les blessures voyantes et handicapantes. Vint ensuite mon tour, d'abord indirectement en parlant de l'exploration, puis finalement la proposition : J'allais explorer, réunir les informations sur diverses cibles.
D'abord le désert, mais sans doute au-delà une fois mon boulot fait... En gros, j'allais être l'émissaire de Suna et l’éclaireur. D'un sourire, je laissais le silence s'installer entre sa phrase et ma réponse. Tapotant de mon index sur la table, je laissais ce silence s'étirer, désagréable et pourtant charmant. Qui d'autres étaient sur la liste ? J'étais le premier ?
"Hayato ne pouvait penser qu'à moi pour ce job."
- On signe où, cher intendant ? La main tendue, solennel, je ne pus qu'étirer ce sourire, comme le silence, pour annoncer que... Oui, bien sûr que je vais explorer le monde pour toi.
Explorer, tuer, trahir...
Rien n'était trop grand pour mon frangin, j'avais déjà confié une partie de mon état d'esprit lors d'une soirée arrosée : "Et si tu devenais Kazekage ? Je serais ton plus fidèle allié. Je tuerai pour toi." Cette idée, comme une blague vu le cadre, ce soir-là, avait un fond très sérieux. Formé depuis notre jeunesse, nous avions les compétences pour nous défendre, mais pour défendre nos idées et notre point de vue, Hayato était le plus à même. Plus intelligent, plus malin, plus inventif. j'avais pensé alors pouvoir éliminer le choix : Devenir la glace et changer les choses. Ce serait pour la bonne cause. Sauf que je n'avais pas à l'être...
Enfin l'équilibre : Être moi, Yukio, tout en étant le frère attentif et bienveillant. Je pouvais trahir tout le monde sauf lui, oui, mais ici je pouvais éviter de me trahir moi-même...
- Merci.
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Nozomo Hayato
Suna no Jonin
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Hayato écouta donc son frère qui résuma bien vite son long voyage. Un jour, lui aussi prendrait le temps de lui relater ses aventures. Il n’était certes pas parti aussi loin et longtemps que son jeune frère. Mais sa petite incartade jusqu’aux plaines rocheuses avait été très instructive. Pour l’heure malheureusement, il ne pouvait discourir éternellement… Laissant son frère exposer les faits remarquables sans le couper, le jeune homme hochait la tête ou levait ses sourcils en cœur avec le propos. Il ne put cependant pas cacher son inquiétude lorsqu’il entendit parler de l’ours. L’histoire semblait bien plus complexe que le cadet Nozomo ne le laisser entrevoir. Il lui faudrait revenir sur cet évènement un jour prochain.
Tout juste avait-il terminé son rapport que son visage jusqu’ici éclairé se raffermit. Il était prêt ? Prêt à prendre la place qui lui revenait dans le village ? Prêt à devenir le chef de clan ? Prêt à changer le village ? Sans doute un mélange de tout cela à la fois… Sa résolution était palpable. Qu’importaient les aventures, les rencontres, les péripéties. De la même manière qu’Hayato avait lutté contre ses démons durant son escapade. Yukio s’était avant tout vaincu lui-même…
Puis la conversation continua de découler, naturellement et sans anicroche. Se moquant gentiment de l’infirmité de son ami. À vrai dire Yukio ne croyait pas si bien dire. Ogawa pouvait, aux yeux peu avertis, paraitre blessé et donc faible. Le détail pouvait avoir son importance dans l’ouverture de relation diplomatique. Il est toujours plus facile d’accorder sa confiance à qui semble plus faible que soit.
Enfin, vint le moment tellement attendu. Évidemment Hayato était persuadé de la réponse positive de son frère. Aussi, si celui-ci fut inquiété par le petit jeu de dupes du cadet, il n’en laissa rien paraitre. Son sourire s’étira à la cantonade de son fraternel… N’était-ce pas là une nouvelle pierre dans l’immense projet que les Nozomo s’étaient fixés ? Changer le clan, changer le village mais surtout… Changer les choses. Chacun à leurs postes respectifs pourraient influer sur le monde de demain et un jour peut-être…
Après la lune, les étoiles
Il était déjà simplement heureux de constater le réjouissement de Yukio. Mais la phrase suivante qu’il lâcha comme de rien… Il explorerait le monde pour lui… L’émotion monta subitement, se laisserait il aller à celle-ci ? Bien sûr que non. Un battement de cil et il la comprima au plus profond de ses entrailles. Ce n’était que des mots qui venaient ponctuer une réalité que tous deux connaissaient. Pour l’autre, ils seraient prêt à tout. Une fausse moue désolée sur le visage, l’ainé intervint.
"Bon en revanche… Qui dit poste dans l’un des domaines du village… Dit aussi siège aux bas conseils. Tu devras donc pointer régulièrement aux réunions pour faire part de ton avancement. C’est un poste à responsabilités en plus d’offrir un certain prestige… Le genre de chose qui peut faire pencher des balances dans certains affrontements… diplomatiques…"
D’un coup d’œil, il brassa large l’ensemble du réfectoire. Avaient-ils été écoutés ? Si oui, tellement mieux. Que les Nozomo voient et entendent ce que les deux frères étaient devenus. Qu’ils constatent par eux-mêmes l’incohérence de leurs croyances. Un Nozomo sans le sang ne pouvait pas être digne ? Pourtant aujourd’hui les deux frères portaient bien haut leurs prestiges là où leurs "confrères" claniques ne faisaient que mourir à petit feu. Qui pouvait se targuer d’assurer la relève des anciens si ce n’était eux ?
"Tu prends tes fonctions dès maintenant. Enfin… Il faudra que tu passes signer une série incroyable de papiers tu te doutes bien. Tu peux voir avec Yasuo il est déjà au courant… Puis… Tu pourras prendre place dans ton bureau." Un bureau, une fonction, Yukio allait-il devenir un bureaucrate ? Peu de chance… Hayato était même persuadé qu’il s’empresserait de trouver un "partenaire" à qui attribuer l’ensemble des charges administratives. Il en avait le droit bien entendu, l’important était que les rapports soient rédigés. De sa main ou de celle d’un tiers, qu’importait.
"Bon… Je vais devoir te laisser. J’ai encore un paquet de gens à voir et pas toujours des plus charmants…" Il allait pour se relever mais stoppa prématurément geste. Une seconde d’arrêt durant laquelle il s’assura de ne pas pouvoir être entendu. Se penchant vers l’oreille de son frère il chuchota. "Je ne devrais pas t’en parler. Gardes ça pour toi. Mais je vais voir Kirai…" Se relevant totalement cette fois, il continua à voix haute. "Si tu ne me vois pas rentrer, tu sais donc pourquoi !"
Autrement dit : Si tu ne me vois pas rentrer, court me retrouver…
Quittant la table et s’éloignant le jeune intendant partit donc affronter le reste de sa journée. Ne serait-ce pas un sourire que l’on pouvait alors voir étirer son visage ? Il ne se retourna pas une seule fois pour regarder son frère, pas plus qu’il ne ralentit lorsque dans l’écho du réfectoire sa voix perça.
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