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Le voyage de Yukio. Rouleau I : Le feu.

Nozomo Yukio
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Le voyage de Yukio


Rouleau I : Le feu



Je fermai doucement la porte de mon appartement, de notre appartement. C'était bizarre, aujourd'hui, de faire ce geste pourtant quotidien...

Je partais.

Non pas comme un voleur, mon frère était intendant et devait savoir pertinemment où j'étais... Enfin, dans le village. Demandant une permission, j'avais eu cette fameuse conversation avec Hayato : Je voulais voyager. Lui ne voulait pas me laisser seul, il ne comprenait pas mon désir de partir loin et de voir autre chose que du sable...

"Je ne connais même pas les limites de mon désert, alors le Sekaï entier..." Ces mots, prononcés à Honoka, me hantaient encore. J'avais soif de rencontres, de découvertes, de libertés ? Étant juunin, j'étais plus ou moins libre. En tout cas, plus qu'un genin. C'était sans doute pour cette raison qu'on m'avait laissé faire. "Le grand dadais est intervenu ?" Je ne savais pas, et sans doute que je n'allais jamais le savoir. Tant pis pour moi, ou tant mieux, dans un sens.

Dehors, devant la porte, je contemplais le village depuis le troisième étage de mon immeuble. Du brun sur du blanc, un soleil qui tapait les zones non protégées comme une maîtresse jalouse, tentant désespérément de mettre les pieds dans les espaces ombragées. Il était midi et je sentais la chaleur taper sur mon crâne, alors que j'étais protégé par la toiture de la coursive où je rejoignis rapidement l'escalier pour descendre.

J'aimais le village, mais je devais partir : Ne plus être un sunajin pendant quelque temps, ne plus être un Nozomo... Peut-être, ne plus être Yukio du tout. J'avais réfléchi à mon voyage, enfin... Je laissais le vent me porter, mes neurones fonctionnaient plutôt pour discerner des possibilités.

D'abord, ne jamais me présenter comme un membre du clan de Suna... C'était déjà une étape pour pas se faire griller et voyager tranquille. Ensuite, j'avais enveloppé mon katana dans le baluchon qui se balançait dans mon dos alors que je marchais : Une lame si longue pouvait faire un peu illusion pour un voyageur, mais je ne voulais prendre le risque. Le tantô dans mon dos, caché par le tissu de mon haut, suffisais à mon opinion pour me défendre si besoin... J'avais également le ninjutsu, mais moins je l'utilisais plus je serai discret. "Un mec qui déambule dans les régions en usant de son chakra, ça passe pas très inaperçu."

Je me rendais dans quelques pays administrés par des Daimyos et des villages cachés qui n'étaient pas le mien... Ma présence devait sans doute être un problème géopolitique, je préférais ne pas être un cassus belli, aussi débile qu'il soit, pour les concurrents à l'hégémonie du Sekaï. "Mon fantasme de liberté, pas un problème de village." Je laissais derrière moi, pendant quelque temps mon frère, mes amis... Honoka. J'avais laissé un petit mot, sur sa porte, avant d'aller me préparer. Quelques phrases, un truc bateau... Je n'étais pas adepte des longues lettres, je ne voulais juste pas qu'elle le prenne mal et que mon retour soit l'occasion pour elle de me lyncher.

Plusieurs fois, en marchant jusqu'aux portes de Suna, je me dis que j'étais un sacré égoïste. Je vivais sans doute de mes envies alors que j'avais une position sociale, une position militaire, ... Étais-je quelqu'un de fiable ? Je le pensais, mais le petit séjour aux confins du désert m'avait donné le goût de l'aventure.

Quel était le meilleur moyen de faire s'évanouir une tentation ?
Céder.


La grande rue était bondée, les gens me regardaient : Les commerçants, les passants, ... Un Nozomo, encore une fois, cela faisait de l'animation. Cette curiosité permanente pour mon clan, ce mépris palpable, ça au moins n'allait pas me manquer. Un grand sourire sur le visage, je levais la main pour montrer à mes "fans" que j'avais bien vu qu'ils lorgnaient sur mon dos et mon sac. "Regardez-moi, je vous oublierai vite." Débouchant sur les grandes bâtisses en bois renforcés qui jouaient le rôle de portes, précédent un long couloir taillé dans la roche, je serrai le poing pour faire un doigt d'honneur. Je portai comme toujours avec mon insolence et mon envie de faire paraître mon mépris envers eux, comme ils le faisaient envers moi.

Les gardes de permanence, qui surveillaient les allées et venus me regardèrent également alors que mon pas attaquait le sol blanc et lisse du goulot d'étranglement. Une construction bien militaire qui amenait un quelconque attaquant à masser ses troupes dans cet étroit passage pour rentrer. À ciel ouvert, ce coupe-gorge permettait aux défenseurs de bloquer n'importe qui : Une défense construite qui achevait le pauvre bougre qui avait déjà souffert du désert... Faisant aux signes à mes collèges, peut-être même mes subordonnées au vu du grade, je me présentai rapidement en annonçant que je partais du village.

Pas besoin d'expliquer ma destination ou mes justifications : Si je sortais du village, j'avais une bonne raison. J'avais passé l'âge et le statut pour qu'on me pose trop de questions. Mes états de services annonçaient une fidélité sans faille au village, et même mes échecs ne changeaient rien au fait que j'étais le parfait petit soldat de Senshi.

Restait cette foutue envie d'aller voir ailleurs, découvrir le monde hors de la litière.

Quelques pas plus tard, je me retrouvais avec le désert bien en grand devant moi : Finis le couloir, bonjour l'esplanade du vent, de la chaleur et de l'énormité. Un vide total, presque glacial si on n'était pas à Suna. Ici et là déambulaient des nomades affiliés au village, des marchands, des ninjas sortant ou rentrant pour des missions... La vie s'écoulait librement sur le sable, mais nous étions minuscules à l'échelle du grand bac... Alors à celle du sekaï.

Cette pensée projeta dans mon sang un peu plus d'excitation. Je partais pour revenir plus fort, plus libre... Moins focalisé sur le dehors, peut-être même que mon dedans, à moi, allait en bénéficier. Qu'importe, il le fallait. Foulant le sable mainte fois, déjà, foulé. Je jetai dans le monde mon premier pas de voyageur.

Voici le voyage de Yukio.

Sphinx. Yukio 021

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Le voyage de Yukio


Rouleau I : Le feu



Un deux de cœur et un deux de trèfle.

Sur la table, quatre cartes annonçaient des couleurs assez ternes pour moi... Avec ma simple paire, je n'allais pas aller loin si l'un de mes adversaires était du genre chanceux. La cinquième arrivait, en digne pigeon, je ne me couchais jamais. Pour le meilleur ou pour le pire, puisque j'aimais jouer et le jeu aimait... Me faire échouer. Les types autour de la table où ma paire était face cachée sur la table n'étaient pas franchement des bons joueurs, autant que moi quoi. Ils savaient les bases : Relancer, suivre, check... Le bluff était variable. J'avais vite repéré des tics chez l'un de mes concurrents. En tant que ninja, il fallait bien que des qualités motrices et intellectuels sortent pour me favoriser. Pour autant, au risque de surprendre mon auditoire, je n'étais pas un très bon bluffeur quand il fallait inventer une suite de carte logique ou donner le change.

Quand l'enjeu n'est pas ma vie... Eh bien, tant pis ?

Mes ryos durement amassés pour le voyage l'avaient bien compris, mais j'allais me refaire... J'allais toujours me refaire. Le "croupier" tira la carte qui allait m'être salutaire... D'un sourire, je découvrais mon destin avant de faire un petit sifflement en tendant ma main vers le ciel, comme si je m'étirai.

Un deux, quelle veine !

Souriant, je découvrais mon jeu avant de constater les regards estomaqués de mes concurrents. Observant chacun d'eux, je révélais mes dents, tout fier :

- Bah quoi ? Vous n’avez jamais perdu au poker ? Les autres n'avaient pas grand-chose, ah si ! Le blond à ma droite avait deux paires. Normalement, une triple, c'est plus fort, non ?
- Eh bien, ça n'existe pas la triple... C'est paire ou double paire. Trois cartes de la même valeur, ça ne fait rien de plus. Tu as une paire... Donc tu as perdu.

Ah.

Soupirant, je me disais que je ne connaissais peut-être pas tant que ça les bases de poker, avant de ricaner et de rejouer une main... "Je vais me refaire."

Sur ma route, vers ma destination, le pays du feu, j'avais marché d'auberge en auberge en veillant parfois à dormir à la belle étoile pour économiser mes ressources financières... Tout ça pour finalement me faire plumer, car je n’étais pas foutu de retenir les échelons d'un jeu de carte ? Quelle ridicule. Les dix-sept mains suivantes furent relativement bien faites... Je reprenais, pour perdre, pour reprendre.

Le cycle de la vie, le cycle de la thune.

Je comprenais les accros au jeu : C'était addictif tout cet argent devant soi, avec comme seul prérequis pour mettre la main dessus, la victoire. Une main et j'étais riche, beaucoup se sentaient veinard, car s'ajouta très vite le cycle des joueurs. Certains partaient, car complètement vide de sous, d'autres avaient le nez fin et s'enfuyaient avant de perdre le mojo... Une partie partait pour aller se coucher, la nuit était bien avancée. J'avais décidé, comme un adolescent sans surveillance, de veiller pour me donner un peu de ludisme après des jours de voyages. Un sourire en coin, je caressais le dos de mes cartes comme des amies coquines. "Croire en l'âme des cartes ?" Bientôt, du full ring, donc dix joueurs, il ne resta que quatre après la débandade des deux heures du matin. Même l'aubergiste en avait sa claque des bonhommes qui paillaient sur les cartes, les stratégies, la chance... La vie quoi. Le cycle des relous ?  

Je faisais partie de ceux-là, bientôt la mise n'était qu'un moyen pour continuer à jouer... L'enjeu ? Envolé. Les types avec qui je formai un groupe assez étrange, chacun plumant les autres avant de se faire lui-même dépecé de son argent, étaient restés pour la discussion. Des anecdotes, des rires, quelques larmes, mais beaucoup de bonne humeur. Sirotant une bière que j'économisais pour ne pas en commander une nouvelle, je fus bien obligé de me lever de cette chaise que j'occupai depuis...

Depuis...

Bien trop longtemps, au vu de la position de la lune à travers la fenêtre. Partant sur un rire bruyant, un doigt d'honneur pour celui que je venais d'appauvrir, je m'inclinai devant mes amis d'un soir avant de rejoindre une chambre où j'avais au préalable déjà rangé mes affaires. Une belle vie de voyageur, plus rigolote que celle de ninja... et les parties de poker étaient meilleures, assurément. Vérifiant la présence de ma fidèle lame dans mon baluchon, je m'endormais la main dans mon dos, sur la poignée du tantô. Au jeu du dé-troussage, il n'y avait pas la place pour une main perdante... Heureusement, j'étais meilleur ninja que joueur.

Une ou deux fois, jusqu'ici, des bandits avaient débarqué dans ma chambre pour essayer de me racler le fond du sac, en quête de quelques piécettes... Les pauvres. Ils avaient faim, soif, ou bien étaient désespérés. Défenestrant une partie, je brisai la jambe des autres pour les laisser en plan dans les pièces unique et vide qui servaient de lieu de repos. Un peu d'exercice physique, entre la marche et les bières, c'était un bon rappel des dangers du monde.

Le matin suivant ma glorieuse soirée de ripaille et de jeu... Enfin, en début d'après midi, plutôt, j'étais sorti pour reprendre ma route quand je fus surpris de voir une caravane passer devant moi. Fronçant les sourcils, j'avais une impression familière... Comme si je connaissais le bois peint sur le devant du chariot, comme si je connaissais les types qui marchaient au côté du bâtiment à roue... Comme si je connaissais ce vieux bonhomme...

"Oh putain, c'est Tadake Masoru !"

Des images de feu, d'une nuit à se battre et de la mauvaise humeur teintée de vénérable connerie reviennent comme une gifle dans mon cerveau. Le type était le cocher de la joyeuse dynamique, concentré sur la route, il n'avait pas vu que je l'épiai, immobile alors qu'il passait avec les siens devant moi. Souriant, je courrai pour rattraper le forain, car le pauvre bougre était un forain que j'avais rencontré durant le festival d'Amanogawa. Après une vague histoire d'incapacité à faire du feu, il m'avait pris avec lui pour me donner une leçon sur le katon... Le type était vraiment une bête de combat, malgré son âge et son physique proche du nanisme. L'âge ? Un accident ? La vie ? Qu'importe, il était tout petit, mais une nuit entière à se cracher du feu n'avait pas eu raison de son énergie démentielle.

- Alors papy, toujours de mauvaise humeur ? Le vieil homme releva la tête, le chariot toujours en mouvement, puis se retourna brusquement pour me regarder. Les chevaux, tenus par des rennes qu'il avait en main, firent un brusque écart qu'il dut rapidement régler par un coup sur le côté.

Je ricanai alors qu'il jurait sur beaucoup de choses, dont mes parents et un dieu inconnu qu'il apostrophait à me carboniser sur place... Au fond, je crois qu'il parlait de lui, vu ses capacités. Arrêtant le convoi, il put enfin me regarder sans déclencher un accident.

- Au pays du feu, on n’accepte pas les petits vauriens dans ton genre.
- Vaurien, peut-être, mais question taille s'ils vous acceptent... Un grand sourire sur les lèvres, je pus facilement percevoir l'amusement sur le visage de Masoru. Celui-ci descendit du chariot pour aller à ma rencontre, par son saut de la place, il perdait quelques mètres et je dus baisser la tête pour le regarder.

Tendant la main, il demandait une poignée simple, que je lui donnai comme si de rien n'était. Pour une fois qu'il ne me traitait pas comme un moins que rien ou qu'il ne me frappait pas pour étancher sa soif de colère contre la jeunesse.

- Qu'est-ce que tu fais par ici mon garçon ? Il scruta mes traits, s'attendait-il à ce que je mente ?
- Oh, vous savez, je voyage. J'avais envie de voir du pays... Quoi de mieux que le pays du feu ? Ancien shinobi, Tadake était clairement encore réfléchi et vivace dans son esprit.

Malgré notre rapprochement au sujet du feu, je restai un garçon doué du chakra dont il n'avait aucune information, même pas mon nom. Avec l’entraînement et l’enchaînement des événements, je n'avais pas eu la chance de lui confier mon patronyme... Après l'apprentissage de la boule de feu flamboyante, j'étais allé chercher mon prix : Une peluche, mais l'un de ses administrés me l'avait confié, pas lui-même. Je n'avais donc pas vu le vieux depuis ce jour...

- Vous savez, je n'ai jamais pu vous donner mon nom... Vous n'avez pas non plus demandé. Je souriais pour laisser passer la boutade. Je suis Yukio... Je repérais bien vite sur le visage de mon vis-à-vis qu'il voulait un nom de famille. Mes yeux défilèrent sur le paysage derrière et à côté de l'utilisateur expert du katon. Yukio Imin. Pour une fois que mon nom de naissance allait me servir.

Le vieil homme eu l'air concentré pendant une bonne seconde, sûrement, cherchait-il dans son répertoire de nom clanique le patronyme de "Imin", mais il n'allait bien entendu rien trouver... J'étais issu, à l'origine, d'un clan de migrateur tout à fait insignifiant. Ils n'étaient rien à l'époque, encore moins maintenant qu'ils étaient tous morts... Et puis, même s'il avait croisé des cousins à moi un jour, rien n'allait sonner la sonnette d'alarme dans son esprit.

"Nozomo", par contre.

Tadake Masoru hocha la tête, comme s'il retenait mon nom, pour enfin sourire et me demander ma destination. Celle-ci était une bonne question...

- Je me balade, je veux voir le paysage et rencontrer les gens... Comme vous. La vie est bien faite ! C'était vraiment une coïncidence généreuse. Vous allez où, vous ?
- Nous allons dans un petit village pour nous installer quelques jours, afin de faire jouer un peu les gens... On a des attractions qui ne nécessitent pas le chakra, les civils sont invités aussi ! Il insistait sur le mot "civil". Il ne connaissait pas mon "clan", mais je restai un shinobi. Tu veux venir avec nous, le voyageur ?

Souriant, je hochai la tête en signe de validation : Je n'avais rien à faire, devenir pour quelque temps un forain n'était pas une mauvaise idée. Les regards des associés... ou salariés, je ne savais pas, de Masoru me furent destinées alors que je marchai à côté du chariot en bavardant avec le vieux. Ils étaient curieux au sujet du type qui semblait intéresser leur patron... Certains me reconnurent après coups et comprirent un peu la nature du lien entre nous. Leurs sourires me rendirent un peu confus.

J'ai fait quoi encore ?

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Le voyage de Yukio


Rouleau I : Le feu



Tadake Masoru:

Le soleil se couchait alors que nous arrivions au village cité par le vieux monsieur : Une bourgade simple, avec des gens issus de l'agriculture de cette riche et fertile dont été doté le pays du feu. Ce n'était pas le désert, ils avaient bien raison. Curieusement, en passant devant les champs, je me dis que je n'avais pas vu beaucoup d'agriculteurs ou de paysans dans ma vie... Subsistait alors une image un peu clichée de ce type d'individus.

Vous savez, le gars un peu brut de décoffrage, aux manières peu distinguées et à l'allure sauvage...
Selon cette description, j'étais un paysan.

Tsuru, le nom de la concentration de population où nous allions séjourner, attendait impatiemment la venue des forains : Une belle assemblée nous attendait. Je me sentais à la fois honoré, et de trop, puisque je n'étais pas forain. Tadake avait dû sentir mon malaise, car il me susurra quelques mots :

- Ne t'en fais pas, mon garçon, si tu nous aides, tu seras autant forain que moi. Ce n'est pas un métier compliqué... Je regardais fixement devant moi en réfléchissant à ces paroles. Je n'étais pas le plus incapable du village, j'allais pouvoir m'en sortir... Me battre et cracher du feu, je savais faire, pourquoi pas installer quelques attractions et amuser les gens ?

Alors je me fis forain.

Dès l'arrivée dans une grande plaine en jachère, nous montions le camp... Mais d'abord pour la soirée, histoire de commencer déjà à amuser les gens. Les coins pour dormir devraient attendre : Un amuseur devait amuser, avant tout. Portant les caisses et installant les décorations, je ressentais une vive fatigue après la marche de la journée. D'habitude, depuis une semaine, je finissais à l'heure où le soleil se couchait pour me reposer ou boire dans un bar. La vraie vie, c'était aussi travailler n'importe quand.

Finissant mon office, je m'essuyais le front alors que mes camarades de travail commençaient déjà à se placer pour accueillir les premiers "clients". Soufflant un peu, je subissais un rythme auquel, eux, ils étaient habitués... Bien évidemment, si je suivais un peu les loustics dans leur pérégrination, j'allais vite m'accoutumer, c'était évident, mais je voyais bel et bien que ninja n'était pas le métier qui préparait efficacement d'un point de vue physique et endurance à tout... Ou alors, je n'avais pas vécu de grande guerre qui m'avait poussé dans mes retranchements pour pouvoir l'attester.

Étais-je un shinobi bourgeois ? Accoutumé à un luxe offert par le village de Suna ?

Pas le temps de réfléchir plus à la question, je secondais un type qui présentais une attraction à base de tir à la sarbacane. J'étais chargé de préparer des outils d'avance pour que les clients aient toujours de quoi souffler pour exploser des ballons. Un boulot répétitif qui permit au moins que je me repose et que je puise examiner un peu les autres attractions : De la pêche, pour les enfants, à base de canard en bois, enfin ce que je pensais être des canards puisque... Bah j'en avais assez peu vu, dans le désert, finalement ; un jeu de balle pour atterrir dans des petits tubes plus ou moins loin ; un autre jeu de balle où il fallait faire des cloches pour atteindre un cerceau en hauteur... Bref, des choses basiques, mais qui amusaient le chaland.

Cherchant Masoru parmi le personnel, je le vis bien vite en train d'amuser un public en faisant des tours de katon... Ici aussi, parmi les forains, on utilisait le ninjutsu pour émerveiller petits et grands. Une pratique présente aussi dans le cirque qui s'était montré au festival. "On oublie toujours que le chakra est exceptionnel pour les civils... On s'habitue et on oublie que c'est fantastique." Regardant mes mains, je faisais le compte des techniques que je savais utiliser et combien serait une véritable source de spectacle... Assez peu, mes mains étaient faites pour tuer, ou au minimum blesser. Le vieux qui amusait la galerie avait été aussi de ces gens-là, des ninjas, mais aujourd'hui il présentait une face plus farceuse : Crachant du feu en l'air pour faire des formes, effrayant les adultes en léchant d'une flamme vive leurs chaussures sans jamais les blesser... Il maniait le katon comme je maniai mon sabre. Une maîtrise, une expérience, un amour de la forme et de l'outil.

Les mains occupaient par ma besogne, j'admirai comme un enfant la représentation de cet homme dont je connaissais un peu l'origine et les compétences guerrières... Il avait dû être une terreur durant sa jeunesse, même à son âge avancé, je ne vendais pas cher ma peau contre lui. Inattentif, je me piquai le doigt avec une fléchette, lâchant un petit "aïe". Le forain, un type un peu plus âgé que moi, se moqua un peu avant de se retourner vers ses clients. La phalange dans la bouche, je pestai contre ce type et cette attraction bidon.

Passé minuit, la foule se creusa entre les familles et les badauds qui pouvaient encore traîner un peu... Tout se calma, mon taff devenait carrément chiant puisque j'affichais 10 fléchettes à l'heure... Quand il y avait un client devant les ballons. Les traînards préféraient boire un coup plutôt que de jouer, de toute façon, ils n'étaient plus en état.  Bien entendu, pour le vieux shinobi, c'était aussi le calme plat : Il vint me voir, voyant que j'étais un peu désœuvré.

- Alors, petit, c'était comment ta première soirée en tant qu'amuseur ? Mon surnom n'allait pas alors que Tadake se tenait éloigné du comptoir du stand puisque la hauteur pouvait lui cacher la vue.
- Je ne devais pas m'amuser, moi ? J'ai passé des heures à charger des tubes pour des gens qui visaient comme des pieds. Il sourit, amusé par ma réaction.
- Tu crois qu'on va te filer un stand dès le premier soir ? On a un programme, des gens de confiance à des postes de... Il regarda autour de lui. À des postes, c'est déjà ça. Devant ma mine un peu confuse, il continua. Tu viens d'arriver, faut que tu fasses tes preuves !

Je ne voyais pas comment remplir des sarbacanes pouvait prouver quoi que ce soit sur mes compétences de forain... Ni même s'il y avait vraiment des compétences pour cela. Je suivais le rythme, car je n'avais rien d'autre comme objectif, mais exercer un travail chiant sur la base d'une représentation fantasmée d'après un vieux monsieur n'était pas dans mes projets... Celui-ci me semblait saisir un peu mon fil de pensée, puisqu'il fronça les sourcils.

- On ne t'a pas forcé à nous suivre, hein ? Il croisa les bras, en attendant ma réaction. Il pensait avoir l'air patibulaire ?
- Je ne sais pas, oui ? Je suis parti sans un réel objectif, je voulais me confronter au sekaï donc j'ai suivis l'opportunité... Mais m'occuper des sarbacanes toute une soirée, c'est vraiment chiant. Je lançai sur le rebord les petits tubes. Je pourrai faire plein de choses pour vous aider : Tenez, je peux cracher du feu, comme v...
- Non, pas comme moi. La mine sévère, il tenait à marquer la différence entre nous deux. Tu sais faire une petite boule de feu... Je sais faire des tas de choses, plus que tu ne peux imaginer.
- D'accord ! Alors apprenez-moi, comme ça je pourrais jouer aussi le cracheur de feu. Il jugea ma dégaine, de ma tête à mon bassin, puisque mes pieds étaient cachés, avant de lâcher :
- Je ne sais pas si tu es prêt.

"Je suis un putain de juunin de Suna, bien sûr que je suis prêt !"

- Il y a qu'une seule façon de le savoir. Je lui tournai le dos, désintéressé faussement. Son interrogation tapait un peu mon égo. Il tapa sur le comptoir, j'imaginai qu'il avait fait un bon. Le vieux cherchait à regagner mon attention ?
- Allez viens avec moi, Yukio. Je n’ai pas encore envie de dormir, alors autant faire quelques flammes avant de me pieuter.

Sa façon de parler du ninjutsu me fit un peu rire... Mais, me retournant en adoptant un air sévère, je ne fis que lui faire un signe d'approbation avant de sauter le comptoir.

- On va où, papy ?

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Le voyage de Yukio


Rouleau I : Le feu



Dans la nuit, je suivais comme son ombre le vieux Tadake. Quittant le champ où les festivités continuaient en s'affaiblissant tel une flamme sans combustible, je me dis que cela ressemblait assez de ma première rencontre avec cet homme... Dans une fête foraine, à traîner dans le noir pour apprendre une technique. Un patern répétitif ? Peut-être pas, peut-être qu'a la faveur de la nuit le shinobi se radoucissait, ou bien après le travail, il avait un coup de mou et enseigner lui rappeler ses fraîches années... Quoi qu'il en soit, le champ fut succédé par une forêt qui précéda un petit lac.  

- J'espère pour toi que tu sais marcher sur l'eau. Sans un mot, il activa des semelles de chakra pour continuer comme si de rien n'était son pas. Ricanant, je me dis qu'a quelques mois en arrière, je pouvais ne pas affirmer que je connaissais la technique. "Un juunin de suna hein ? Il n’y a pas d'eau, c'est pas déconnant."

Je suivis bien évidemment le monsieur qui se retourna d'un air entendu, c'était un test ? Il me prenait vraiment autant pour un amateur ? Me faisant face, il produisit des mudras à une vitesse prodigieuse avant de cracher du feu dans le ciel sous la forme d'une immense boule de feu. Je suivais des yeux la condensation qui s'élevait comme un phénix boulimique, éclairant les lieux et les cœurs, avant de s'effacer dans l'atmosphère froide et aérienne. Baissant le regard, il me regarda avant de lâcher :

- J'ai utilisé quels mudras ? Encore un test. Fermant les yeux, je me refaisais la scène dans la tête pour les rouvrir enfin, convaincu par ma réponse.
- Tigre, Chèvre, Singe, Sanglier, Oiseau et de nouveau le Tigre. Le forain sourit avant de faire "non" de la tête.
- Tu as tout juste, sauf pour Oiseau. On confond souvent, à cette vitesse, ce mudra avec le cheval... C'est donc Cheval.

Une suite de signe pour une technique qui ne semblait pas si complexe que ça... Où était l'astuce ?

- Tu l'as compris, la technique sert à produire une boule de feu. La taille change selon... certains critères. Il agita la main pour faire un "v" avec son index et son majeur, qui stipulait plutôt un "deux". Tu peux aussi concentrer le chakra pour faire un lance-flamme, mais je n'aime pas beaucoup cette variante puisqu'il demande à rester immobile. La boule de feu, tu l'as craché et tu peux faire autre chose à côté... Comme d'autres boules de feu. "Étonnant".

Le type se mit accroupis pour laisser courir sa main dans l'eau, faisant de même je sentis directement le froid de la nuit à travers le liquide.

- Eh ! Arrête de me recopier, je voulais juste me rafraîchir. Je te laisse une petite heure pour t'entraîner à cette technique, je te regarde et après je vais me coucher. Je me relevais d'un coup pour me mettre en action : J'avais les mudras, l'objectif recherché... Il n'y avait plus qu'à pratiquer.

J'étais l'amuseur de l'amuseur... C'était bien ma veine, devenant moi-même une attraction. Pourtant, je ne gagnai pas mal puisque j'apprenais une technique. Les yeux fermés, je répétais dans ma tête les mudras. Joignant les mains pour faire le brouillon de la suite de signe nécessaire à la technique. Une légère pression fut exercée sur ma nuque, je sentais le regard de Tadake sur moi.

La pression de l'expert !

Achevant mon plan mental, je me lançais enfin dans la pratique : Tigre, Chèvre, Singe, Sanglier, Cheval, Tigre. Avec cet enchaînement, on ne pouvait pas se tromper puisque deux fois le signe du tigre représentait clairement l'appariement au katon. Avalant une grande goulée d'air, je transformai le tout dans ma bouche avant de cracher le tout... Le manque de contrôle et de pratique conduisit à une vague de flamme sans aucune précision ni puissance. Un genre de vomi infernal qui laissa une trainée de fumée au contact de l'eau cristalline. Le petit rire de Masoru me frustra un peu... Alors que je reprenais le tout.

"Plus de contrôle, moins de vomis... Normalement, c'est quand je bois de l'alcool et que je fais du suiton !"

Concentré, après cette pensée absurde, je tentais de me rappeler les sensations quand j'apprenais la boule de feu flamboyante... De l'air, ironiquement pour ce type de technique l'air était central. Le souffle, une respiration pure et puissante. Un solide sens de l'oxygénation qui se répercutait dans le feu produit : Celui-ci naissait par l'air enflammé sous l'effet du chakra.

Respirer.
Cracher.
Contrôler.


Exécutant de nouveau les mudras, je reprenais une respiration en remplissant complétement mon diaphragme. Question puissance, on était sans doute bon, mais j'avais constaté lors de ma première tentative que le contrôle péchait beaucoup... Avec la vue obstruée par ma propre boule de feu, je ne pouvais efficacement guider ou sculpter ma construction. Je devais alors imaginer un orbe, un énorme orbe, gonflé de chaleur et d'ardeur. Sur cette pensée, je soufflai le tout en prenant garde à lâcher d'un coup : J'imaginai sans mal que la variante lance-flamme provenait d'une expiration plus lente. Ma tentative prit la forme d'une boule de feu de taille moyenne, tellement plus petite que celle de Tadake, mais qui se projeta efficacement dans le ciel avant de disparaître, sans doute moins loin que l'endroit où c'était arrêté l'énorme condensation du maître.

Peu satisfait, j'allais continuer quand Tadake me prit le bras.

- Tu as appris les bases de la technique. L'air grave qu'il arborait détonnait avec l'aspect détente qu'il avançait quelques minutes avant. Je constate que tu conçois le feu comme un outil plutôt que comme... Une composante de ton être. Il était déçu, ça suintait de ses pores.
- J'ai fait quelque chose de mal ? Il me regarda dans les yeux, avant de lâcher un simple mot.
- Non. Et il partit du lac, me laissant en plan alors que j'étais content d'avoir réalisé une boule de feu... Confus par la réaction de mon mentor du soir, je regardais le ciel en cherchant un indice.

"Un outil ?"

Bien entendu que je voyais le ninjutsu comme un outil, c'était une arme en mission... J'avais appris ainsi tout mon panel de technique. Il voyait le katon comme autre chose ? Une "composante de son être" ? La façon qu'il avait parlé du feu qu'il produisait m'avait amusé, mais peut-être que c'était une preuve de son attachement à ses techniques. Il y avait anguille sous roche, mais le vieux semblait ne pas vouloir m'en dire plus... Il boudait, car je n'étais pas comme il le voulait ?

- Une réaction d'enfant... Je dissipai mon malaise avant de reprendre quelques essais. La taille ne me convenait pas, je voulais agrandir le tout pour me rapprocher de l'effet produit par Tadake.

"Une composante de mon être ? Pour faire des boules de feu ?"

Technique 1/1:

Sphinx. Yukio 021

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Suna no Jonin
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Le voyage de Yukio


Rouleau I : Le feu



Les jours suivants, une distance bien étrange était installée entre Masoru et moi. Non pas qu'il était hostile, mais il demeurait toujours occupé quand j'essayais de lui parler. Les déjeuners avec les forains restaient des moments conviviaux où les forains rigolaient et parlaient de leurs soirées, commentant allégrement les numéros qu'ils avaient croisés et animés. Moi, avec mon bol de riz et mes légumes, j'écoutai d'une oreille distraite. Observant le vieux qui me jetai parfois des regards en coin, pour se lever et se balader... J'avais essayé, une fois, de le suivre, mais il avait disparu bien trop vite dans la forêt.

"Il reste un ninja, ce foutu fossile."

Alors, j'abandonnai. S'il voulait me parler, qu'il vienne... Suite à cette décision, je tentai de me faire accepter dans le groupe. J'aurai pu tout autant disparaître, je n'étais nullement attaché à une quelconque obligation dans le groupe : Je ne m'étais pas soustrais un temps à Suna pour me handicaper avec de nouvelles responsabilités, mais la compagnie de ces personnages me plaisait.

Durant ces repas, je m'amusai à discuter avec le dresseur de lion : Sarada, un grand personnage qui avait dû être un sacré bagarreur dans sa jeunesse vu le nez cassé et les cicatrices qui n'étaient pas lié à une paire de griffe, mais bien à des lames ! La cinquantaine, il parlait avec ravissement de l'alimentation et du comportement social de ces animaux. La moustache bien blanche, il mangeait ses sushis en une bouchée, inspiré par ses félins gloutons qui prenaient une large part de leur viande en un croc... La "peur de manquer", qu'il disait. Mon avis sur la question, c'était que c'était des gros chatons gourmands.

Sarada:

Le monsieur se disputait énormément avec le diseur de bonne aventure, Hiro, qui s'amusait à prédire du cholestérol à qui s'approchait de lui dans la troupe... Il avait tenté de me faire le coup, avant que je lui propose de tester mon état de santé en terrain ouvert. Tout blême, il avait soupiré de soulagement quand j'avais éclaté de rire... Enfin, pour Sarada et ses lions, je ne pouvais m'avancer. L'âge et l'alimentation n'aidaient pas des masses. Encadré par le dompteur et le petit voyant, je mangeais avec de la discussion et des éclats de rire. Le schéma de la journée se répétait : Les matinées étaient réservées aux lèves-tard et aux préparatifs du soir, pour les plus motivés. L'après-midi était lancé pour le nettoyage et les dernières mesures, puis en début de soirée, nous attaquions le "travail". Bizarrement, on m'avait lâché la grappe pour le travail sur le remplissage de sarbacane... Laissé libre de mes mouvements, très rapidement, je m'engouffrai dans la faille pour chercher à rendre fructueuse cette nouvelle technique.

Hiro:

Je m'improvisai alors cracheur de feu.

Quelques soirées furent donc pour moi l'occasion de m’entraîner en amusant la galerie par des jets de flamme... Des ronds se formaient autour de ma personne pour admirer le feu dans le ciel, sortant directement de la commissure de mes lèvres. Parfois, je tentais vainement de faire une boule de feu pour atteindre le firmament... Espérant, sincèrement, qu'elle devienne une étoile filante, mais celle-ci se dissipait toujours trop tôt. Je ne m'approchai même pas un peu du résultat de Tadake...

En parlant de lui, il restait à l'autre bout du campement, faisant comme toujours, lui aussi, des flammes. Comme un défi, je voyais parfois, après mes boules de feu, se jeter dans les cieux les siennes... Un défi, oui ou une preuve de ma faiblesse. Pour autant, cet exercice travaillait mes réserves de chakra et donnait comme un automatisme à la technique : Le souffle, l'énergie, la forme... Tout prenait sens avec la répétition, ludique. Quand le monde se calmait, je prenais mes clics et mes clacs pour me réfugier sur l'étendue d'eau où j'avais appris cette compétence et m’entraîner, encore, essayant de lâcher le plus de l'est possible.

Étrangement, la frustration de cette situation partait avec le feu... La colère, comme le gaz, était un combustible parfait pour mon chakra. Je ne comprenais pas pourquoi Tadake me proposait de venir, pour ensuite m'ignorer comme si j'avais merdé quelque part. Je me sentais un peu merdeux, mais surtout très confus... C'était quoi le problème ?

La solitude me prenait à la gorge : Partir seul, tout content de mon voyage, amenait aussi quelques problèmes. Une semaine et quelques que je partais et je ne me sentais pas forcément plus moi-même... Yukio Imin, ce n'était pas moi non plus. Cacher que j'étais un sunajin, c'était un poids important qui m'amenait à être constamment sur mes gardes, inventant sans cesse pour combler les trous d'une histoire qui me rattachait beaucoup trop au sable. L'eau devenait mon refuge, le feu, mon moyen d'exorciser... J'étais bloqué à la fête foraine, sentant qu'il me manquait une pièce dans le puzzle de cette histoire.

Cette situation dura trois jours et trois nuits. Rentrant au milieu de la nuit, après un entraînement acharné qui vidait mes réserves déjà rudement entamées par le spectacle de feu et de lumière, je dormais comme une souche en laissant les plus fringants préparer le site le matin. Mon rythme était presque celui de mes entraînements à Suna : Se lever, travailler le corps par le ménage puis le chakra par les animations... La nuit du quatrième jour, une voix interrompit mon manège.

- La boule de feu suprême, c'est pas une technique que l'on répète comme un demeuré... Me tournant d'un air désinvolte, je scrutai le petit homme qui s'avançait sur le lac, à ma rencontre.
- Et il parle ! Les bras croisés, j'attendais une quelconque réponse du vieux. Celui-ci ne me fit pas attendre, souriant d'un air tout aussi paisible que j'étais frustré, il s'accroupit, se rendant plus petit qu'il ne l'était déjà, pour effleurer l'eau.
- Tu ferais un bon cracheur de feu dans ma troupe de forain. Il rigola tout seul. Tu improvises énormément, mais tant que tu ne brûles personne, je te laisse faire... Effleurer le danger, c'est le genre de truc que l'on observe au cirque Danzaemon.

Les sourcils fronçaient, je cherchai à me rappeler l'origine de ce nom... C'était le cirque installé au festival d'Amanogawa, ces types qui se servaient du genjutsu pour amuser la galerie, entre autres. "Pourquoi il me parle de ça ?" Devant ma non-compréhension de la référence, le débris se releva.

- Ils utilisent le chakra pour faire des tours : On a l'illusionniste qui manifeste du genjutsu, tu dois le savoir si tu as traîné près d'eux et l'Augure qui possède de claires compétences en tant que senseur... Il sourit amicalement. Tu n'aimerais pas jouer aux cartes avec lui. Il se craqua les doigts en tendant ses paumes jointes face à lui. Enfin, bref... Moi, je ne fais que du feu pour éblouir un peu la population, ils le font mieux que moi... Chacun ses compétences, pourtant.

Le type tournait autour du pot et j'en avais un peu ma claque... Soupirant, je le laissais continuer à papillonner autour de la question de ces derniers jours.

- Je vais te raconter une petite histoire... Peut-être que ça pourra éclairer ta lanterne, ou pas. Il observa ma réaction, qui était manifestement une absence claire de réaction, car j'attendais, stoïque, qu'il crache le morceau. Secouant la tête, il poursuivit. À Konoha, un clan central utilise cette technique comme rituel de maturité... Il cherchait un semblant de doute ou de connaissance dans mes yeux, pour ma part, je ne comprenais pas vraiment, encore, la référence. C'est le clan Uchiha. D'une moue, j'annonçai que je connaissais ces types de nom... Un jeune Uchiha s’entraîne pendant des jours pour comprendre et maîtriser cette technique de base. Pourquoi ça marque leur passage à l'âge adulte alors que le sharingan suffit ? Je ne sais pas, en tout cas, les branches se battent pour former le plus tôt possible des utilisateurs du Katon.

Décroisant les bras, j'ajoutai un mouvement de bras pour lui demander d'aller plus vite. Je connaissais également vaguement le dôjutsu de ce clan, mais uniquement, encore et toujours, de nom. Je n'avais pas eu l'occasion d'en rencontrer, d'en combattre... Durant le tournoi, j'avais vu certains, notamment ce vieux type qui avait disparu après avoir violé les règles. Un match, il n'avait pas attendu... Il y avait aussi ce jeune garçon, clairement dépassé, qui avait réussi à vaincre un Inuzuka manquant clairement de volonté. Un Uchiha sans dôjutsu ? Je n'en avais pas entendu parler. Depuis tout à l'heure, je n'avais pas soufflé un mot... Et le vieux débris avait réussi à faire un petit monologue pour avancer... Avancer quoi, au fait ?

- Et donc ?   Il m'avait ignoré pendant des jours pour ensuite m'expliquer le contexte familial d'un clan inconnu d'un village concurrent du mien ? "Il sait de quel village je suis ?" Le doute s'engagea dans mon esprit, Yukio Imin n'était pas forcément aussi bien caché... Le Nozomo était sans doute vulnérable. "Ils étaient à Amanogawa, ils ont du entendre parler de moi..." Avec le rythme de la vie que j'observais chez eux, je doutais qu'ils avaient assisté à mes combats... Ou à un combat quelconque.

Qui sait ?

- Et donc, je l'ai appris par un Uchiha, que j'ai connu durant mes années de services. .. Il m'a dit que le secret c'était pas l'entrainement. Je soupçonnais la suite de ses paroles, alors je pris une voix aigue pour conclure.
- C'est de concevoir la flamme comme une composante de mon être. Il stoppa sa bouche, absolument pas amusé.
- Non, c'est de ne pas voir cette technique comme une attaque... Mais comme une émanation de ton... Il suspendit sa parole. Bon ok, comme une composante de ton être. Il sourit.

C'était bon enfant, ma frustration c'était dissipé alors que son discours continuait : Pour autant, j'étais toujours curieux de la finalité.

- J'avais peur que tu perçoives le ninjutsu comme un moyen de destruction... J'avais fait cette erreur, qui m'a beaucoup limité dans ma pratique. Il ralentit le débit de parole, visiblement un peu mal à l'aise. Voir que tu utilisais cette technique comme un moyen de divertissement, cela me rassure un peu... Enfin bref, cette boule de feu ce n'est pas que du chakra. Il faut sortir un peu plus de toi que de l'énergie pure, c'est... Un contrôle de tes émotions comme un lâché prise. Les Uchiha l'on prit comme rituel pour devenir adulte, car cela démontre une capacité à être calme, concentré, solide tout en restant soi-même... Un équilibre qui me paraissait un peu étrange, dit comme ça, mais Tadake m'invita à m'exercer un peu d'un geste de la main. Je t'ai observé depuis le temps, tu amenais beaucoup d'émotions négatives dans ta technique... Cela t'a handicapé, tu allais sur la mauvaise piste. Les gens de Konoha l'appellent la "volonté du feu". Une envie de se battre, jusqu'au bout, pour nos idéaux et... Les nouvelles générations. Cette dernière partie de la phrase lui sembla lui arracher un peu la glotte en passant. Essaye de puiser là-dedans plutôt que le reste...


Un rituel de maturité ?
Une technique fétiche d'un clan ?
Le chakra influencé par les émotions ?


Regardant fixement mon vis-à-vis, je voyais peu clair dans son jeu... Dans ma formation et ma vie de ninja, je n'avais jamais vu de telles choses : Un shinobi se devait d'avoir un mental à l'épreuve des défis, mais de là à parler d'une base émotionnelle dans un ninjutsu ? "On ne m'a jamais parlé d'un état d'esprit pour utiliser une technique..." Pour autant, je soupesai ces informations avec soin. Le type était vieux, il avait un bagage... Peut-être que sa façon de voir les choses avait du vrai, ou peut-être qu'il était complétement gâteux ?

Il m'invite à essayer de puiser dans d'autres émotions que la frustration des derniers jours pour maitriser cette boule de feu suprême. Avant tout, je voulais m'exprimer un peu...

- Vous sav... Non, on était plus à ça. Tu sais, dans mon clan, j'ai aussi une technique qui sert de rituel. Sans plus de suspense, je sortais le tantô pour passer ma main libre sur l'acier de la lame pour la faire chauffer. Le flux de chakra, tu dois connaitre, une technique basique qui est aussi le seul ninjutsu que se permet mon clan... Je ne suis pas vraiment Yukio Imin, je suis issu du clan Nozomo. Une révélation ?

Pas vraiment.

Tadake haussa les épaules, un peu gêné, avant d'avancer son menton en attendant la suite. Visiblement, il ne voyait pas la finalité :

- Et donc ? Je le sais depuis que j'ai assisté à ton combat avec la jeune femme... Celui où tu as perdu. D'ailleurs, toute la troupe le sait. C'était mon tour d'être mal à l'aise... Il rigola bruyamment avant de reprendre. Un tournoi, un festival, et tu crois que tu peux passer inaperçu ? Tu dois avoir tes raisons pour te cacher ainsi, un sunajin si loin de chez soi, c'est assez bizarre, honnêtement.
- Je n’ai pas vraiment de raison, je voulais voyager... Alors je voyage. Je ne suis pas là pour représenter mon village, mais moi-même...
- Toi-même ? Il se rapprocha de moi, rapidement, comme une agression, mais s'arrêtant avant tout contact. Malheureusement, c'est un luxe qu'on gagne avec les années d'être soi-même... Tu ne l'as pas encore mon garçon. Prie même pour l'avoir un jour...
- Comment ça ? Un peu impressionné par ce changement de ton, j'avais commencé une démarche de recul, mais il ne me suivit pas. Dissipant le sujet d'un mouvement de main.
- Tu comprendras un jour...

Un peu frustré, je ne pus que reculer avant de continuer mon explication :

- Bref... J'ai appris le ninjutsu, car je pense qu'un ninja se doit de le connaitre, contre l'avis des anciens de mon clan. Alors, oui, je le vois comme une arme... Mais je suis ouvert. On m'a toujours appris à me battre, jamais à faire quelque chose de productif ou de beau avec le chakra. C'était un peu ce qui animait certaines de mes réflexions.

Le ninjutsu permettait, d'une façon perverse, de pouvoir tout faire. Nous avions prouvé mainte fois dans nos vies que l'innovation dans cet art amenait à la mort : Il fallait juste augmenter le curseur du danger. "Le katon pour chauffer des foyers, le fuuton pour permettre une énergie facile ou repousser les orages et la grêle". Notre utilisation amenait tout sauf la paix... Tout sauf le beau. Une idée jaillit alors spontanément de mes lèvres.

- Apprenez-moi à ne pas être uniquement une arme... Une demande, simple, qui me faisait mal à la gorge... Que pouvait-il m'apprendre ? Lui qui me boudait depuis des jours pour m'espionner discrètement ?

Pourtant, en le voyant faire du feu pour amuser la galerie et provoquer l'émerveillement, je me disais qu'il y avait une autre voie. Le chakra pouvait donner quelque chose de positif... Jusque-là, ma seule utilisation alternative de mon art était de cautériser mes plaies par la chaleur du flux de katon.

- Je pourrais... Je le voudrais bien, d'ailleurs. Le monde est rempli de tueur, j'en suis un et tu dois en être aussi. Nozomo. Une froideur sur mon nom, il connaissait mes pairs. Il ne me connaissait pas moi... Si j'ai choisi de t'apprendre la boule de feu flamboyante, durant le festival, c'était que c'était une technique sans danger. J'avais senti quelque chose en toi et je voulais le vérifier. S'accroupissant, il utilisa sa main comme un petit bol pour porter de l'eau sur son front. Un soupir de soulagement plus tard, il releva les yeux vers moi. Tu as envie de plus, une flamme, et je pense que correctement employé tu pourrais faire bien des exploits. Pour autant, ce feu peut se retourner contre toi et les tiens... Le feu, si on l'utilise mal, est destructeur comme créateur.  

D'un geste vif, il se remit debout pour pointer mon torse d'un index squelettique. Par sa taille, son bras était dans un angle aigu par rapport à son épaule. Tapotant, il conclut en articulant sa phrase au rythme des petites tapes :

- Tu. N'es. Pas. Encore. Mort. Là-dedans. Qu'est-ce qu'il voulait dire ? Buvant ses paroles, sans lui couper la parole, je fronçai quand même les sourcils. Il le perçut, car il s'expliqua. Tu peux encore utiliser le feu autrement que comme une arme de mort. Tuer et détruire n'est pas la seule solution...

"Facile à dire."

- On ne m'a jamais présenté les choses comme ça, mais parfois, c'est la seule soluti...
- C'est ce qu'on voudrait te faire croire. Sans plus de mots, il réitéra son geste pour m'inviter à essayer. La puissance vient avec le mental, les émotions, les valeurs.

Soupirant devant ce tableau nébuleux de la vie, je repensai à ses mots en faisant les mudras : Flou, c'était flou. Je devais faire quoi ? Me concentrer sur mon envie de protéger les miens ? Sur ce feu en moi ? "Première étape, alors, ne pas utiliser les émotions négatives ?" Lentement, je recomposai mon état d'esprit... Apprendre une technique, c'était jauger sa puissance, sa vitesse, ses dégâts. Le premier pas était alors de voir une autre facette de la technique : La chaleur, le réconfort ? "Connerie philosophique."

Bien entendu, la tentative d’accroître la force de la boule de feu suprême fut un échec : Je ne voyais pas la bonne chose, je ne comprenais pas. Masoru, à mes côtés, secouait la tête sans pour autant partir lors de la première nuit. Il n'allait pas m'abandonner, peut-être même qu'il s'était fait à l'idée que changer un shinobi n'était pas chose facile... Ni pour lui, ni pour moi.

Apprendre pour se battre ? Non, je devais apprendre pour apprendre, voir le feu comme une extension de moi. Maîtriser, amplifier, contrôler. Je devais me recentrer sur mes raisons d'apprendre : La connaissance ? Non, je savais qu'au fond rechercher l'amplitude et l'omniscience dans le ninjutsu était impossible. Illimité était le nombre de techniques, des milliers de vies ne suffiraient pas pour tout apprendre. Je voulais devenir fort pour... Gagner la reconnaissance ? Un peu, oui, mais le fond de l'affaire n'était pas ça, ni même rattraper Hayato. Le souci, chez moi, était que je voulais gagner... Pas pour être le meilleur, mais pour protéger les gens et ne plus perdre des camarades, proches ou non. "Sous ma garde, personne ne doit mourir..."

C'était ça ? Le désir de protéger les miens ? Être un bouclier plutôt qu'une lame ? Yukio le fer de lance pouvait-il être plutôt l'arrière-garde, celle qui permet la fuite ou le replie ? D'une part, je l'avais fait au péril de ma vie avec Ogawa contre ce démon de Noka...

Je le voulais.  

La deuxième tentative fut plus concluante, quoi que toujours un peu faible... En parallèle, je réfléchissais aux raisons de Tadake, lui qui brûlait pour un public. Il ne se battait plus, pourtant sa flamme était plus imposante et puissante que toutes celles que j'avais produite ce soir. Sa valeur était autre ? Il cherchait la beauté ? Sans doute que non, ce n'était pas assez... Reprenant mes efforts, j'associai le souffle physique à mon envie de réussir, pour l'employer à des fins positives. Tuer ? Faire mal ? Une conséquence, dont la cause était bien plus saine : Aider.

Un jet de flamme naquit de mes lèvres pour faire bouillir l'eau sur son chemin, d'un coup d'œil je vis un petit mouvement chez Tadake qui calculait du bras la longueur de la langue que j'avais produite : C'était assez ? Un mouvement de menton signala que non.

- C'est mieux, mais c'est encore fragile. Soupirant, je cherchais en moi de plus grandes ressources, qu'est ce qui nourrissait vraiment mon feu ?

Technique 1/2:

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Le voyage de Yukio


Rouleau I : Le feu



Levant les yeux vers le maître d'arme, je prenais mon premier cours de ninjutsu : Le flux de chakra.

J'avais neuf ans et j'apprenais depuis des années le sabre pour me voir asséné que maintenant je devais ajouter du chakra à ma panoplie... J'étais bien, moi, avec mes deux mains sur le pommeau. Pourquoi en enlever une dans le but de concentrer cette énergie étrange dont je n'étais peut-être même pas pourvu ? Pour mes bras, la lame était lourde... Le muscle flageolant, je tenais le défi d'utiliser une main seulement pour mon office. Ce souci de pouvoir faire plein de choses en même temps, je le gardai en grandissant... Développant mes connaissances et mes compétences pour former des mudras d'une seule main.

D'un autre côté, j'avais entendu les vieux parler du chakra comme si c'était une maladie grave... Donc, je posai vivement la question sur l'utilité. L'homme d'âge mûr, au-dessus de moi, m'expliqua en quelques mots que c'était la chose que je ne ferai jamais avec du chakra. Lier cette énergie à l'art de la lame, c'était complexe et inutile. Le Yukio d'aujourd'hui pourrait lui cracher à la figure... Cependant, j'appris, comme les autres, à chauffer ma lame. Comprenant rapidement les applications guerrières et les besoins si je devais cautériser quelque chose... Heureusement que j'étais d'affinité Katon, les explications du senseï du jour étaient portés uniquement sur la facette flamboyante de la technique.

Hayato... Où était-il ? Je ne me rappelai la présence de mon venteux de frère pour cet entraînement. En y réfléchissant, je ne me rappelai pas l'avoir vu utiliser le flux de chakra futon sur une arme... Ses flèches, oui, alors... Enfin, bref.  

Mon premier contact avec le katon fut donc relié à la lame... Ma deuxième rencontre avec l'utilisation du feu fut avec un senseï plus original. Tetsuo Kadame, un fou furieux qui me prit entre quatre yeux pour me donner les clés du soutien lors d'une mission : Un flux d'incendie pour incendier et étouffer des adversaires, un truc de sadique... Sur le coup, j'avais pris la chose de manière philosophique. J'étais du bon côté du feu, alors tant pis ! Celui-ci prenait encore une fois le rôle du donneur de mort, même si le juunin m'apprit qu'associer au vent d'un allié, cette technique était intense et dévastatrice. Je me voyais encore travailler encore et encore à manipuler mon chakra pour faire un rond uniforme.

Travailler avec mon frère, avec le chakra.
Quelle joie !

L'élément Katon, pour moi, était donc une histoire de famille : La technique du clan, l'outil pour travailler avec mon propre sang... Un rapport intime avec cette flamme que je manipulai depuis déjà quatorze ans, mais mal si je croyais les paroles de Tadake... Comme beaucoup, d'ailleurs.

"Un feu créateur, comme destructeur."

Vu autrement, c'était l'outil de l'outil, mais bien vite j'écartais cette pensée... On allait sur le mauvais chemin si ma réflexion partait sur ce chemin. Le positif, il fallait se concentrer sur le positif... Comme les Uchiha, j’avais eu mon rite de passage avec le flux de chakra. J’étais un peu devenu un vrai Nozomo avec cette technique…

Le feu, c'était ce qui reliait aussi vraiment Yukio Nozomo de Yukhan Imin... La génétique ne mentait pas. Le même chakra que j'utilisai pour mes conneries, c'était ce qui coulait en moi depuis ma naissance. Les pieds solidement cramponnés à la semelle de chakra qui me tenait à flot sur l'eau, je respirai doucement en réfléchissant. Au fil de mes pensées, Masoru avait croisé les bras soupçonneux devant mon silence et ma passivité... Pourtant, il ne dit rien. Essayer comme un demeuré n'était pas la solution, trouver la clé en soi l'était peut-être.

La nuit avancée, inexorable.

Le temps passé fut court pour le reste du monde, mais coincé dans ce monde imaginaire qui faisait le catalogue de mes souvenirs et de mes impressions tout était plus lent... Floconneux, nébuleux... Plein de mots en "-eux". Les yeux ouverts, mais aveugle, je laissais le temps couler sur moi comme l'eau se jetait dans l'étang.

Alors, je repris la pratique : Le feu partait de moi, de la puissance de mes valeurs et de mes... Ambitions ? Le roi pourpre... Tout me destinait au feu. Depuis le jour où Hayato m'avait proposé de devenir le chef suprême de mon clan, je sentais grandir en moi une nouvelle puissance. Brûler, c'était exister...

Brûler, c'était gagner ; grandir ; m'élever... Sans doute, ne plus être une flammèche, mais un vrai brasier.  De quelques mudras, j'exprimai mon envie d'exister. Je sentis vite la différence d'amplitude : Le courant enflammé qui s'engageait dans ma trachée était d'une autre ampleur, transformé au départ de mes lèvres tout était plus avisé. Pour une composante de mon être, ça l'était ! Un agglomérat de mes sentiments, positif comme négatif... J'avais fait fi, dans le processus du conseil de Tadake puisque je me sentais plus fort ainsi. Celui-ci regarda, médusé, la dispersion avant de se faufiler prudemment dans mon dos pour le tapoter. Avec sa taille, il atteint le creux de mes hanches, mais cela suffit à me stopper... Me retournant, pensif, je le vis me faire "non" de l'index.

- Tu as perdu tout ce qui est contrôle... Je ne sais pas ce que tu as fait, ce que tu as pensé dans ta caboche, mais arrête tout ! Soufflé, je ne pus qu'exprimer un profond...
- QUOI ?! Qu'est-ce que j'avais fait de mal, encore ?
- Tu dois faire une boule de feu ou un lance-flamme, pas vomir des flammes comme si tu voulais faire évaporer toute l'eau !

"Cela commence à me pomper l'air, ça..."

Fermant les yeux, j'essayai de contrôler le vortex d'insultes et de vociférations qui voulait sortir de moi, comme les flammes il y a quelques secondes... "Une composante de mon être, mais garder le contrôle..." Mon naturel tempétueux desservait donc pour ce type de technique, là où Tadake devait être plus mesuré. Un brasier brûlait en moi ? Peut-être ne pas aller jusque-là, mais j'avais de la chaleur à revendre ! Je soupirai avant de retenter, pas de réponse pour Masoru qui voyait bien que j'avais entendu l'avertissement.

"Ninjutsu sans conscience n'est que ruine de l'âme..." ça sonnait vraiment pas beau. Pour cette nouvelle tentative, je me concentrai à synthétiser un peu tout ce chaos en moi : Porter ma vision du clan, ma vision de la vie, un feu autant outil de ma mentalité que représentation de mes désirs et de ma motivation. Une volonté de porter les gens pour les faire avancer, les sauver... Une idée un peu égoïste, au fond, de ne plus souffrir de la perte d'un camarade si je devenais assez fort. Ma flamme se devait donc d'être la plus puissante possible pour affronter l'adversaire, sans pour autant blesser les alliés à mes côtés...

Un feu pour mon frère, un feu pour Honoka... Pour les genins de l'équipe Tanuki, pour mes alliés chez les Akayuki... Bien mieux contenue, une boule jaillit de mes lèvres pour venir s'écraser dans la cascade formant de la vapeur émergente. J'avais pu apprécier un peu la taille, mais la chaleur et la puissance m'avait forcé à plisser les yeux. Je n'avais pas tout vu, mais je faisais confiance au vieil homme à mes côtés pour me faire un retour.

- C'est bien mieux, Yukio. Une satisfaction teintée d'une déception, je ne comprenais pas ce qu'il voulait... Pourtant, je cherchais désespérément à atteindre ses espérances.
- Qu'est-ce que j'ai mal fait ? Merde ! La frustration piquait au vif mes sens. Le regard concentré sur Tadake, j'attendais son explication.
- Tu... C'est étrange. "Comment ça "étrange" ?" Plus le temps passait, plus son visage prenait une allure interrogative... Il réfléchissait, scannant ce qui c'était passé devant lui. Tu as ce qu'il faut pour la technique, pourtant je ne saisis pas comment équilibrer chez toi toute cette... Puissance ? Visiblement, ça lui faisait un mal de chien de dire ça. En fait, je ne sais pas si ton feu peut être contrôlé sans perdre tout son éclat...

En voilà une nouvelle... Je soupirai de nouveau, à force je pouvais faire plus facilement du fuuton que du katon avec tout le vent que j'éjectai. Tadake était troublé, il n'était plus en terrain connu. Qu'est ce qui clochait chez moi pour que le spécialiste du ninjutsu associé au feu soit autant paumé ? Je lui demandai subtilement la marche à suivre :

- Bon, et je dois faire quoi pour cette technique de merde ? Évidemment, chercher en soi un combustible totalement imaginaire n'était pas drôle, surtout quand ce n'était pas assez. "C'est jamais assez."

Je ne pouvais pas me changer en Masoru qui semblait maîtriser à la perfection cette flamme intérieure, privilège de l'âge ? Je n'étais que moi, et c'était sans doute trop peu... Ou trop, tout court.

- Je ne sais pas. À mon tour, cette fois, je tournai les talons pour abandonner l'homme à ses pensées. Pas d'incompréhension néanmoins, je prenais la précaution de vociférer en marchant sur l'eau puis la terre pour que Tadake ainsi que tout le règne animal puisse m'entendre.

Le forain, resté seul, regarda sans rien dire mon départ pour scruter la cascade qui fumait encore de la chaleur subite :

- Vraiment curieux, ce sunajin. Il prit la décision de s’entraîner avec moi quelques jours, ne plus trop toucher au katon mais voir un peu comment je bougeais. Comment l'homme derrière la flamme interagissait avec le monde.

De mon côté, je traversais le camp de forain pour me réfugier dans ma tente. Serrant les dents, je réfléchissais à toute vitesse : Partir et ne jamais finir la maîtrise de cette putain de technique ? Rester et quoi ? Supporter encore les cours métaphoriques de ce vieux nain ? Attrapant mon katana dans mon sac, je sortis pour faire quelques mouvements devant mon abri : Ils savaient que j'étais un Nozomo, que j'étais un sunajin... Pas la peine de m’embêter à cacher quoi que ce soit. Avec cette pensée, une révélation : "Ils ont bien dû se foutre de ma gueule en me voyant déblatérer des conneries... Enfin, c'est moi qui ai insisté pour cacher alors que je les avais déjà croisés..." Quelle malédiction la bêtise... Donnant des coups circulaires, tournant sur moi-même pour atteindre des adversaires imaginaires, je me reposais sur ce que je connaissais le mieux au monde : La lame, l'équilibre entre le pommeau et la pointe, un poids connu et reconnu qui s'associait parfaitement à mon bras comme une prolongation de...

Mon être ?

Technique 2/2:

Sphinx. Yukio 021

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Nozomo Yukio
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Suna no Jonin
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Le voyage de Yukio


Rouleau I : Le feu



Face à face sur l'étendue d'eau, Tadake et moi nous regardions en chien de faïence.

Trois jours depuis le dernier entraînement de la boule de feu suprême et le vieux m'accompagnait tous les soirs pour se bagarrer avec moi, m'empêchant à tout prix d'exécuter des mudras. Pas de signes, pas de feu... A part en fin de séance, une tentative qui se révélait méliorative au possible ! J’avançai, mais le vieux m’interdisait d’en faire plus. Le reste du temps, on ne faisait alors que du taïjutsu. Jouant assurément sur sa taille et sa vitesse, le forain avait de beaux restes qui m'obligeaient à me tenir sur mes gardes alors que ma force et ma vivacité était supérieur... Enfin, c'était discutable. Certaines de ses gifles m'avaient laissé un peu mal... J'étais un peu déçu de ma prestation, certes je n'étais pas un lutteur né comme mon frère, mais je pensais mieux me débrouiller. Tadake était dans son élément, associant des mouvements réfléchis à des attaques presque animales. On voyait l'expérience dans ses crochets et ses uppercuts, mais surtout dans ces délicates bottes amenant son pied sous la surface pour me jeter de l'eau à la figure en relevant la jambe. Un art que l'on ne voyait que très peu à Suna, déjà, car il n'y avait pas d'eau. Torse nue, prenant un bain à chaque fois que la sueur prenait le pas sur l'eau fraîche, je me battais comme un beau diable en pleine nuit et au réveil, le matin.

Le nettoyage du site festif ? Pour les autres, Masoru voulait me tester... Mais je ne savais pas pourquoi. Lors de mon combat, un soir, je vis là où il voulait en venir : Durant un enchaînement, il enflamma son poing comme si de rien n'était et par réflexe je me laissai tomber dans l'eau pour esquiver le coup et la chaleur. Dans l'opération, j'attrapai ses jambes pour avoir un point d'accroche dans l'espoir de remonter et de faire un mouvement d'horlogerie pour le faire tomber. Un mouvement qui m'était venu tout seul, puisque cela faisait déjà quelques jours que nos assauts prenaient en compte le cadre liquide... Vu sa taille et son poids, il se fit vite éjecter à terre, mais réussit à rapidement isoler ses mains par le chakra pour ne pas se mouiller.

- Du feu alors ? On peut enfin en faire ! Pour toute réponse, j'enflammai moi-même mes poings pour partir au combat. Sans nul doute que c'était une mauvaise idée, puisque au simple contact des siens je pouvais me brûler amèrement la peau.

Quelques assauts furent effectués sous le signe du feu : Esquivant, contre-attaquant, chacun défendait son bout de terrain dans des arabesques presque romantiques si ce n'était un vieil homme et un jeune homme qui était dans l'affaire.

- Pas mal pour un épéiste ! Les déceptions des jours précédents ? Oubliées. Pourquoi ? Je ne savais pas... Je ne savais jamais avec ce type. Il cachait ses pensées et ses actions, comme un ninja dirait certains, mais je percevais quelque chose d'autres.
- Pas mal pour un vieil homme ! Des sourires entendus, je retrouvai cette ambiance bonne enfant de durant le festival d'Amanogawa. Tadake ne jouait plus les enseignants sévères. Il s'amusait comme lors de mon entraînement concernant la boule de feu flamboyante.

Au loin, nous entendions des cris d'encouragements : Des gens ? Pas n'importe lesquels ! Des forains, associés ou salariés de Tadake je ne savais toujours pas, mais qui cherchaient papy pour le découvrir en train de jouer gaiement au ninja. À cet instant, je sus que toute la troupe était au courant pour l'ancienne vie de Masoru... Bien entendu, depuis le temps, il y avait dû avoir des milliers de discussions. Je savais tellement peu de choses.  
Avec le temps, je m’étais fondu dans la troupe : Devenant l’un d’entre eux, peu de méfiance à mon égard… J’avais l’affection des pontes tel que Tadake et Sarada. Le travail, le nettoyage et les repas avaient créé un esprit de corps dont j’étais devenu l’un des membres. Mais pour combien de temps ? Je devais partir, rester statique trop longtemps était contre-productif avec mon objectif d’exploration.

- Allez ! Corrige ce garnement ! Sarada regardait sévère, mais une lueur coquine dans le regard, le combat avant de se déchausser. Quelques dompteurs et Hiro l'accompagnait et ils le virent rapidement sauter sur l'eau pour rejoindre le duo.

Qui combattait qui ? Je l'ignorai, mais le type tapait fort. Une lenteur presque irrésistible, comme si la gravité jouait avec lui. Des coups lourds, mais au fond, je savais qu'il pouvait taper encore plus fort... C'était un jeu, un entraînement. Un passe-temps.

- Cela faisait... longtemps... Tadake. Soufflant amèrement, le dompteur accusait le coup du manque d'exercice. L'âge faisait mal, l'utilisateur du katon restait en forme grâce à ses soirées à faire du ninjutsu et sans doute des exercices, mais son compère avait lâché complètement toute pratique. Ils étaient collègues, avant ?

Toute la troupe était-elle composée de Konohajin ?

L'idée disparue en même temps qu'une partie de ma conscience quand je me pris une douloureuse mandale, tombant sur l'eau, je cherchai mes repères alors que ma jambe gauche coulait peu à peu. Une ombre, au-dessus de moi, me signala que ce n’était pas fini... Un coup vertical allait sans doute "m'achever" mais une autre ombre, petite furtive, vint me secourir en me poussant pour que j'évite le coup de massue avec les deux mains. Masoru m'avait "sauvé" ? En tout cas, j'avais été mis hors course... Les deux vieux se battaient maintenant l'un contre l'autre, sans plus me calculer...

"Merde."

Me relevant lentement, jouant sur le chakra en le plaçant sur mes paumes pour remonter mes membres échoués, je prenais la direction du large et du groupe laissé à quai.

- C'est drôle de les voir se battre de nouveau. Hiro s'était assis, observant la main sur le menton le manège devant lui. Sarada a beau bouffer comme quatre, il arrive encore à résister au patron...
- Ah ! Vous êtes ses salariés alors ? Un regard soupçonneux de la part de toute l'assemblée me mit un peu mal à l'aise.
- Heu... Non. "Je passe encore pour un con." On l'appelle patron, car c'est une bête... Il a beau être là depuis vingt ans, il fait son travail tous les soirs comme si c'était la première fois. On n'a pas de chef ni d'employeur, on vit de l'aumône des gens et de quelques semaines de corvées agricoles au printemps. Qu'il fasse froid ou chaud, qu'il se mette à pleuvoir ou à neiger, il est dehors à faire du feu. Aucun public ? Ce n’est pas grave. Haussant les épaules, le diseur de bonne aventure ponctua son discours d'une blague. Pour sûr, lui il n’a pas de cholestérol.
- Vingt ans qu'il est là ? J'ouvrai grand les yeux, quel âge avait vraiment cet homme ? Il faisait quoi avant ? Une question qui jouait sur l'ignorance, je savais qu'il avait été ninja avant... Mais je voulais plus de détails.

L'homme devant moi me fixa, comme s'il jaugeait ce qu'il pouvait dire ou non, avant de lâcher enfin :

- C'était un juunin de Konoha, tu dois savoir qu'il maitrise parfaitement le katon. Il sait aussi très bien se débrouiller au corps-à-corps, pour pallier tout problème. Jetant un œil au combat, en fond, il sourit. Il fait plus que se débrouiller, même, il tient tête à Sarada Yotsuki.

Un Yotsuki vieillissant.

Encore une surprise, le dompteur de lion était issu d'un clan indépendant connu pour des prouesses en termes de taijutsu et de raiton... Aidé, sans doute, par une musculature et une composition favorable au corps-à-corps. On voyait dans ce clan une solide défense contre tout envahisseur : Engageait pour tenir un siège ou un territoire plus que pour l'attaque, même si, il fallait être honnête, ils étaient faits aussi pour détruire une place forte.

- Il y a d'autres ninjas d'exceptions dans votre troupe ? Encore ce regard jaugeant ce qui pouvait être dit ou non. Finalement, il sourit : Non, rien d'autre. Tu sais Yukio, tu ne devrais pas poser autant de questions... Même si on te connaît un peu, maintenant, tu es un sunajin.
- Oui, je suis un sunajin, mais je viens dans votre région comme un homme simple... Sans mon bandeau, sans mes armes... Il regarda, près de mes vêtements, mon tantô laissé en évidence. Mon katana est dans mon sac, le tantô c'est au cas-où. Soupirant, je ne pus que chuchoter. Je ne suis pas là pour mon village, je suis là pour moi... Je veux voyager.
- Tu l'as déjà dit ça, et je te crois, mais une fois revenu dans ton désert ? Quand tu seras redevenu un ninja de ton village caché ? Me rapprochant, je lui confiais comme un secret.
- Alors je ferais une grosse sieste, car tu m'assommes avec tes doutes. D'un sourire, je reprenais de la distance, pour ajouter : Je ne vais pas m'approcher de Konoha, ni d'un autre village caché... Je veux voir la nature et rencontrer des gens, je ne veux pas d'ennuis.

D'une moue entendue, il accepta mes justifications : Rassuré ? Je ne savais pas, mais maintenant que je savais que la troupe avait des sacrés spécimens parmi eux, je me disais que le type à mes côtés était peut-être aussi un shinobi... Et un puissant ?

- Il a perdu sa femme et son fils dans la même mission. Lâchant l'information comme une bombe, le voyant se leva pour rentrer au camp. Me laissant, stoïque en apparence, regarder le combat en me focalisant sur Tadake. "Putain..."

Qu'est ce qui l'animait maintenant ?


La mort faisait partie du chemin, du métier, mais cela restait quelque chose d'abominable... Surtout quand son propre présent et son futur en prenait un coup. La femme avec qui Tadake avait fait sa vie était morte, dans la même mission que son fils. Le shinobi, seul, avait dû vivre un vrai enfer... Voilà pourquoi il était là ?

La fête foraine était une punition pour sa vie ?

Au bout d'un moment, la lutte entre les deux vieux devint plus lourd, plus intense... Plus dangereux. Le nintaijutsu simpliste de Tadake, avec ses poings de feu, ne résistèrent pas longtemps quand Sarada émit de ses muscles des ondes électriques. L'émissaire de la foudre prenait enfin les choses au sérieux, je percevais bien dans leur combat une mise en rythme du dompteur : Un temps sans combattre devait être éliminé. Son corps, adapté malgré tout à la guerre, avait dû s'échauffer avant d'adopter enfin des postures et une puissance qui lui étaient propre... À l'image de Masoru qui se tenait alerte, le Yotsuki prenait peu à peu ses marques dans le duel. Des appuis plus efficaces, un souffle moins cours... J'assistai, ébahis, à une renaissance. Le konohajin être au sommet de sa forme vu son âge, l'indépendant gagnait de la puissance plus les secondes passées. Effarant, impressionnant...

Inquiétant ?

Je me marquai, dans mon esprit, de rappeler à mon frère d'engager des types de son clan ou au moins essayer de nouer des alliances avec eux... Si ce type, avec les années, restait encore une bête de guerre, je ne voulais pas voir ceux dans leur zénith. Enfin si, je voulais voir ! Justement ! Avec mon repos, je voulus repartir au combat, mais l'idée me parut vite saugrenue. Niveau taijutsu, j'étais aux fraises. Avec une lame peut-être ? Le combat allait prendre une facette beaucoup trop dangereuse. Un poing, on pouvait atténuer sa puissance, mais de l'acier tranchant... Non. Trop de risques d'accidents, assis sur les cailloux, j'appréciais le spectacle alors que les autres dompteurs, subordonnés de Sarada, partaient les uns après les autres pour aller dormir. Sous la lune, tout prenait un sens plus poétique : Des flammes, des éclairs... Tout, sauf le bruit. Des respirations saccadées, des bruits d'eau clapotant au rythme des pas et des appuis. En fermant les yeux, mettant de côté la beauté de la chorégraphie, c'était franchement lourd...

J'avais vite mal à la tête. M'allongeant, j'attendais que cela finisse, mais les deux animaux étaient endurants... Admirable, j'étais admiratif. Je voulais me battre autant de temps qu'eux, mais je manquais de résistance à la fatigue, autant physique qu'énergétique. Mes réserves de chakra n'étaient pas les plus remplis de Suna... Oh non. Au bout d'une heure, j'entendis des pas lents se diriger vers moi.

- La jeunesse fait la sieste alors ?
- La jeunesse dort la nuit, comme les gens normaux. Je désignais la lune au-dessus de nous d'un index accusateur.

En rigolant, Sarada me souleva d'un seul bras... Je pus distinctement constater l'étendu de sa musculature et de sa force. Nom de dieu, mais quel âge avait-il ? À côté de lui, Tadake faisait pâle figure, mais il restait digne et droit. J'imaginais bien qu'il avait pris sa part de coup.

- Tu as un peu de temps pour t’entraîner sur la... technique ? Un peu timide ? Je ne savais pas, mais après des jours à m'empêcher de bosser le katon, je sautai sur l'occasion. Me relevant vivement, je souris à l'égard du senseï.
- Un peu, ouais ! Et je sautai dans l'eau pour rejoindre le centre de l'étendue.

Derrière moi, j'entendis les soupirs de Masoru et le rire de Sarada. Eux, ils étaient vidés, alors que j'étais encore frais comme un gardon. Le rythme journalier que j'avais pris me permettait de rester encore plein d'entrain en plein cœur de la nuit... Les flammes n'en seraient que plus belles ! La solution, je l'avais trouvé... La réflexion, c'était depuis des jours que je l'aiguisais comme un couteau. Le passant dans l'eau et dans la chaleur pour la rendre plus résistante : La flamme, comme la lame, se devait d'être un outil... J'en étais convaincu, mais un respect nouveau m’amenait à considérer cet outil comme l'extension de ma volonté.

Avant, le feu, pour moi, était comme un marteau nouveau qui pouvait me taper sur les doigts comme sur le clou... Mais finalement, un vrai artisan jouait avec comme si c'était sa propre main. Le secret, c'était de connaître le feu comme on se connaissait soi-même, mais également d'inspirer et d'expirer ce que l'on voulait vraiment dedans. La notion de combustible, je l'avais : On n’en jouait pas en détruisant ou en blessant, le respect passait aussi dans le cadre et l'adversaire. Je pouvais brûler une forêt comme protéger celle-ci en retenant mon souffle : La conscience de la puissance rentrait en jeu.

Faire du feu, c'était vivre.

La théorie, philosophique, je l'avais... Mes nouvelles informations sur Tadake avaient étayé mon propos. Les sentiments égoïstes ne rentraient pas en jeu : Il avait tout perdu, il ne restait que l'essentiel en bon comme en mauvais. Ce qui alimentait sa vie, c'était les souvenirs tendres, les bons moments et la promesse de vivre malgré tout... Un feu très beau qui exprimait quelque chose, en fin de compte. Il expliquait mal, car cela ne s'expliquait pas... L'art de la lame m'avait aidé, avec beaucoup de réflexions, c'était ce qu'il voulait ? Me laisser ronger mon frein pour que je réfléchisse à tout cela ?

"Putain de vieux de merde..."

Insufflant du chakra dans mes poumons, je percevais dans mon cœur le feu voulu : Avancer, devenir un homme complet dans le combat comme dans le reste de ma vie. Ce voyage était un premier pas vers le Yukio de demain. Des raisons d'avancer ? Mon frère, mes amis... Mon propre égo, également.

"Il ne faut s'attacher avec outrance ni à des armes ni à des outils. Excès, insuffisance sont pareils. Inutile d'imiter les autres. Possédez les armes et les outils qui sont à votre portée. Que l'on soit officier ou simple soldat, il n'est pas bien d'aimer certaines choses et d'en haïr d'autres."

Cette pensée en tête, je m'attachai à cette flamme que j'éprouvai comme je m'en détachai : C'était moi qui me projetai dans le monde. La force, c'était moi qui la donnais, comme la faiblesse... Inconsciemment. Le brasier était fort en moi, mais il fallait l'émaner en dehors... Connaître sa place dans le monde et se projeter pour le prouver.

Une boule de feu, béante de puissance, sortit de mes lèvres pour se jeter dans le ciel où j'avais orienté mon attaque : Longtemps, comme une comète inversée, je la vis s'élever pour disparaître dans le firmament.

- Très bien Yukio ! Je pense que tu as bien compris ce que je cherchais. "Oui, mais pas avec tes explications papy."
- Merc...
- Tu es trop long. Une sentence très sérieuse, lancé par Sarada. Me retournant vers lui, je vis Tadake regarder en coin, presque choqué, son ami. Masoru t'a expliqué comment créer ex-nihilo ce feu, et il est puissant, mais en combat, tu ne peux pas perdre du temps à concentrer et réfléchir. Faisant un quart de tour, il fit face au vieux konohajin : Tu le sais bien, toi, qu'une seconde est précieuse.
- C'était la prochaine étape...
- Oui, je comprends bien. Tournant sa tête vers moi. Tu le sais aussi, toi, en combat, tu vas éprouver de la colère, de la douleur, de la peine... Tu vas faire quoi s'il faut toujours faire ce travail intérieur pour une technique ? Il ricana doucement. Masoru y arrive, car il ne combat plus, il peut se permettre de jouer le philosophe, mais le combattant doit aussi savoir mobiliser la colère et la haine... Sinon, comment tuer ?

"Ils me gonflent tous avec leurs enseignements qui se contredisent..."

Technique 1/3:

Sphinx. Yukio 021

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Le voyage de Yukio


Rouleau I : Le feu



Un grand silence s'installa entre nous trois : Le vieux dompteur de lion observait le visage de son ami et le mien. Attendant une réaction, il se baissa près du rivage pour recueillir un peu d'eau et se l'appliquer sur le visage. Se relevant, lentement, il acheva :

- Tu pensais vraiment que tes conneries sur la morale allaient débloquer un truc chez lui ? C'est bien joli, mais inutile... Masoru restait le visage fermé, les yeux dans le vague. Le Yotsuki se retourna vers moi. Après, ce n'est pas impossible, mais cela demeure une honnêteté quasi transcendantale et un contrôle sur tes émotions.
- Ouais... Je scrutai le vieil homme qui se faisait complétement contre-dire par l'autre ninja. Une question d'entrainement et d'expérience, c'est clair qu'au milieu d'un lac je ne vais pas subir la pression d'un combat pour voir.

Il n'y avait pas vraiment de solution, ou alors... Je réfléchissais assez vite, mais sûrement, vers un moyen d'expérimenter. D'un sourire, je m'approchai du grand bonhomme pour me planter devant lui :

- Un combat, ça vous dit ? J'avais l'espoir de m'approcher un tant soit peu de l'expérience de la réalité avec un combat, certes amical, mais rude.
- Non. J'ai fait assez d'exercice... Ma tête se cala aussitôt sur le deuxième intervenant, qui s'en allait déjà.
- Eh ! Vous vouliez me l'apprendre, je suis sur la bonne voie et vous partez ?
- Une arme, Yukio, tu repars sur la voie de l'arme... Fronçant les sourcils, j'essayais de répondre en ouvrant la bouche, mais l'utilisateur de nintaijutsu raiton me stoppa d'une main sur l'épaule.
- Pas besoin, laisse-le digérer.
- Pourquoi il réagit comme ça ? C'est quoi son problème ? Haussant les épaules, le grand type ne sut pas bien me répondre. Pour clore le sujet, il sauta dans l'eau sans enlever ses vêtements, m'éclaboussant au passage.

Signature de la fin ?

Oui, sans doute. Je restai immobile, à me dire qu'au fond, c'était bien triste... Même si je comprenais. L'opinion de Masoru était minoritaire dans le monde des shinobi, quelqu’un comme Sarada ne voyait pas tout l'aspect personnel du ninjutsu... C'était sans doute une autre vision, toute fois aussi valable et personnelle. Des gens pratiquaient toute leur vie des techniques comme des outils, d'autres cherchaient une raison de plus. L'augmentation de puissance de la boule de feu suprême démontrait un vrai intérêt pratique là où il fallait chercher l'intérêt personnel. Comment ne pas voir cette compétence comme une arme alors que la puissance était rassérénée avec cette concentration de valeur... D'âme. Par un accord tacite, j'attendis que le vieux combattant finisse son bain pour rentrer avec lui au camp. Les derniers préparatifs étaient en train d'être fait avant que tout le monde aille se coucher. Habitué à mon absence, les gens ne s'offusquaient pas... Je faisais partie du mouvement sans l'être vraiment, pourquoi me demander tant de corvées, allant me former à certains gestes, s'ils pouvaient le faire plus vite ? Je me glissai entre les ouvriers du soir pour aller me coucher. Pensif ? Non, je comprenais les points de vue... L'important était peut-être de fonder la mienne, de vision.

Un cri jaillit dans la nuit, durant mon sommeil. Celui-ci me réveilla comme une baffe, me relevant je portai la main à mon katana près de moi. À mon oreille, de l'agitation : Je n'étais pas le seul à me réveiller soudainement, mais une partie était déjà levée. Pourquoi ? Torse nue, je sortis uniquement une tête pour guetter la pénombre... Enfin, c'est ce que j'imaginais, car une partie du camp était illuminé comme si c'était noël. Des flammes... Des vagues jaillissaient par-ci par-là. Léchant le ciel comme un chat gourmand auprès de ses croquettes...

- Ils font quoi ces cons ? Ce n'était pas les jets joyeux de Tadake. C'était plus direct, plus agressif... Le but n'était pas d'amuser la galerie, c'était faire mal. Un combat ? Sans plus réfléchir, je fonçai avec mon arme en main pour me tenir au courant de la petite sauterie de la soirée.

Quelques secondes de courses et la vision se précisa : Des tentes enflammées, des hommes au cœur de l'enfer face à d'autres hommes visiblement tiré du lit. Une attaque ? Qui ?

- Tu te défends bien, vieil homme, malheureusement tu as passé l'âge de nous porter un quelconque coup. Risible, Tadake Masoru pouvait tous les prendre... Quel était le problème ? Le manque de sommeil ? Comme une évidence, je me rappelai le combat d'il y a quelques heures contre le Yotsuki. "Plus assez de chakra ? Trop fatigué ?" Personne n'avait prévu cette attaque... Pourquoi s'économiser pour une menace inconnue ?

Heureusement, il n'était pas seul... Il y avait au moins un autre forain qui pouvait défendre également l'intégrité de la troupe. Moi-même, arrivant, n'allais pas manquer d'intervenir pour bouter hors du champ ces tronches de con ! Situé dans le dos du vieil homme, je me préparai en tirant ma lame avant de partir dans un sprint solide pour me rapprocher le plus possible des vauriens : Dépassant Tadake, je n'entendis pas son avertissement, mais je sentis la menace. Aussi vite que j'arrivai, aussi vite un poing rencontra mes côtes de manière violente. Suivit par un uppercut, je volai pour retourner à un ou deux mètres derrière moi. Des flammes pour sécuriser ma "retraite" forcée et j'étais pris en charge par des petits forains qui me tiraient en voulant me sortir du charnier, me dégageant vivement je voulus voir qui était l'enfoiré m'aillant attaqué aussi vite. Un garçon, de petite taille, qui avait l'air d'avoir à peine la vingtaine, mais dont le chakra emplissait ses muscles. Du raiton ? Cela expliquait sa vitesse. Sans un mot, il me sourit pour attraper une lame de lancée, à sa ceinture et doper le tranchant d'énergie avant de me l'envoyer. Comme un éclair, celle-ci disparu...

Le gamin:

Et moi aussi. Encore une fois, j'étais ballotté par la vie et un autre utilisateur du raiton m'avait sauvé d'un gros trou dans la peau... "Une semaine et quelques que je suis parti, je suis devenu si mou ?" Tiré par le col, je subissais la dynamique de Sarada qui m'avait attrapé comme un sac de denrée. À bonne distance du konohajin, je me relevais pour faire face à la menace.

- Vous venez faire quoi, bande de cons ! Le groupe responsable de l'attaque, une petite dizaine de personnes, se tournèrent vers moi comme s'ils découvraient mon existence.
- On ne vient pas pour toi. Toujours le même qui parlait, c'était le chef ? Un grand type, l'air sombre. "Une vendetta ?" Se retournant vers mon mentor, je compris vite que c'était lui la cible...
- Yukio, tu vas devoir aller aider Tadake. Je m'occupe des autres. Il guettait les réactions du jeune garçon qui m'avait mis au sol. Il se méfiait ? La tension dans ses muscles parlait pour lui... Oui.

En un éclair, les deux disparaissaient pour réapparaitre au contact. Je vis alors un coup de poing qui défia ma perspective, envoyant le jeune attaquant dans le décor... Sans attendre, l'ancien indépendant le suivit. "Une menace d'occupée, les autres maintenant." En même temps que s'amorçait le duel entre les ninjas au raiton, le katon s'exprimait entre le groupe des vengeurs et Masoru. Mobilisant ma nouvelle technique, je cherchai à apporter mon grain de sable dans ce combat bien inégal, mais malheureusement avec la surprise de l'attaque et le devoir de vivacité, la puissance manqua... Bien entendu. Évacuant mon attaque en la contrant d'un autre flux de feu, trois des membres du groupe sourirent devant mon intervention. Je ne déméritais pas en tant que ninja, mais le nombre était toujours un handicap certain. Soupirant, j'acceptai le constat : Sarada avait raison, pas assez de temps pour concentrer en faisant ma propre psychanalyse...

Peu de puissance dans le feu, je me décidai alors à puiser dans ce que je connaissais le mieux : L'art de la lame, l'élançant une nouvelle fois, je partis au contact de la troupe en essayant d'esquiver le mieux possible les petites boules de feu balancé par les trois trouble-fêtes. Une partie de mon bras fut malheureusement un peu roussi par l'entreprise, mais j'arrivai bien vite au milieu du groupe qui se sépara illico. C'est l'instant dont profita mon camarade forain pour se jeter dans la bataille avec du nintaijutsu katon. Un balai fantaisiste s'engagea, offrant des blessures, du sang, des esquives et toujours du feu...

Beaucoup de feu.

Le feu s'étendait, courant comme un serpent de tissu en tissu... Un feu vivant ? Un instant, je le crus, mais nos attaques cherchaient des cibles mouvantes et pas à détruire l'environnement. Sans doute que sans faire attention, nous faisions des victimes collatérales parmi la population de tente. Repoussant la meute après avoir fauché trois d'entre eux, Tadake m'agrippa le poignet :

- Avec moi, Yukio. Et sans un mot, il prépara les sceaux pour la boule de feu suprême. Une technique combinée ? Un instant, mon esprit s'amusa à imaginer la conjonction de nos valeurs dans une scène presque théâtrale, mais la vraie vie ce n'était pas ça... Je m'étais échoué dans la prestation très intime du ninjutsu, mais une partie du discours de Sarada était bien vrai.

Mimant les gestes de mon camarade, je pris une grande inspiration pour accueillir en moi le souffle infernal : Un feu suprême ? Oui et la déflagration souffla une partie du décor quand le feu sortit de nos lèvres, additionné quasiment multiplié. Une attaque, qui de mon point de vue, avait des dimensions gargantuesques, mais était-ce vraiment de mon fait ?

- Ce n'est pas assez. Tadake avait marmonné cela, pour lui ou pour moi ? En tout cas, le choc dispersa le peu de tente qu'il y avait aux abords du groupe des agresseurs et je vis bien vite qu'une partie de ceux-ci avait bien cramé dans l'exercice, mais il restait encore quatre de ces types à encourager bouger, réussissant par je ne sais quel moyen d'esquiver l'énorme boule de feu.

En tout cas, le choc dispersa le peu de tente qu'il y avait aux abords du groupe des agresseurs et je vis bien vite qu'une partie de ceux-ci avait bien cramé dans l'exercice, mais il restait encore quatre de ces types à faire bouger, réussissant par je ne sais quel moyen d'esquiver l'énorme boule de feu. Pour autant, on voyait les vêtements brûler par ci-par là... Malheureusement pour moi, la majorité des échappés étaient de mon côté. J'avais produit la plus petite partie ? Mon côté de la boule de feu était trop faible ? Laissant l'idée couler de mon esprit, je continuais à me battre et répétant les signes pour achever les ninjas face à moi. Une nouvelle fois, l'urgence de la situation m'empêcha de déverser tout ce qu'il fallait pour atteindre le niveau que j'avais obtenu au calme... Un homme réussit à mourir, mais les autres s'échappèrent vite.

- Tu as trouvé un élève, on dirait. Le chef était sorti tranquillement de l'aire d'effet de ma technique, pourtant la vitesse et le diamètre étaient conséquentes. Je me jetai sur lui, un peu dégouté de son dédain pour ma technique.

Le chef:

Sans un mot, il sourit pour venir lui aussi à mon contact... Du nintaijutsu, katon, mais la compétence était toute autre... Le feu produit était bleu, sans plus réfléchir je subis l'attaque. Des coups rapides, précis... Il bloqua ma lame plusieurs fois de mouvements précis du bras et de l'épaule pour quasiment la faire glisser à l'écart. Exerçant un coup de poignet, je jouais le jeu pour réorganiser ma frappe vers un coup latéral qui ne pouvait être esquivé convenablement : Le mettre en danger, l'obliger à se déplacer pour le prendre en traitre, mais il poussa mon bras d'un geste sec pour se créer, lui, une fenêtre de tir. Son poing rempli de chakra flamboyant vibra dans le ciel avant d'être propulsé vers mon visage.

J'allais prendre cher, je le sentais. Pourtant, rien du tout... Une pression sur mon épaule me signala un événement inattendu. Le petit konohajin avait sauté pour prendre appui sur moi et décocher un coup de pied dans les gencives de mon opposant, signant la fin de son assaut. Reculant de quelques pas, je pris l'occasion pour tirer ma lame et essayer de le frapper, mais des flammes me coupèrent la voie... Les autres, ses suivants.

- Bien joué Papy, on va se les faire... Je prenais une petite seconde pour souffler.
- Pas trop vite, jeunot. Il était préoccupé ? La fête foraine ? Ses associés ? La menace ? Je ne savais pas... La tension dans sa voix m'était inconnue, c'était la même que dans celle de Sarada. Il n'a pas encore utilisé de ninjutsu... Ni ses vraies compétences Fronçant les sourcils, je repensais à la couleur du feu amené par le type face à nous.
- C'est qui ce type ? Je me rapprochai de Masoru pour lui chuchoter la question... Je m'attendais à toute sorte de réponse, mais celle-ci me désarçonna.
- C'est un ancien élève. Tout simplement, presque tristement.

"Je n’aimerais pas voir un élève aussi mal tourner..."

- Et pourquoi il veut ta pe... Ma phrase ne finit jamais, coupée par le corps de Sarada qui passait trop proche de nous pour que l'on puisse l'ignorer. Le bonhomme se releva pendant la projection pour accueillir la flopée de coup du gamin qui était déjà sur lui.  C'était le moment que choisi les condisciples de l'ancien élève de Tadake pour nous nourrir de boule de feu, encore.

Faiblardes, mais gênantes... Du coin de l'œil, je voyais une partie des forains mobiliser des compétences de suiton et de doton pour maitriser les flammes qui léchaient le camp pour grossir. Voilà la réponse : Une troupe de ninja, mais ils laissaient les combats aux gros bourrins tels que Masoru, Sarada et... Hiro ? Celui s'avança lentement pour sortir des shurikens de sous son kimono et rendre la pareille aux agresseurs : Fer contre feu. Les combats étaient lancés, distance ou corps-à-corps, chacun avait sa part.

Il restait le chef.

Celui-ci se jeta sur nous, absolument pas gêné par le nombre... Tadake alla à sa rencontre et je vis dans ses mouvements qu'il n'était pas à fond. Lui aussi souffrait du problème soulevé par Sarada : Combattre quelqu'un que l'on connaissait, que l'on avait sans doute formé, ce n'était pas facile et inconsciemment on bridait un peu nos compétences... Les attaques du vieil homme ne voulaient pas tuer alors que son vis-à-vis cherchait clairement à toucher des points vitaux et entrainer la mort. "Ne fais pas de connerie, le débris." Je n'étais pas l'élève de Masoru, pas vraiment, nous n'avions pas partagé des semaines ou des mois d'entrainement... Pour autant, je l'admirais un peu puisque ses capacités et son mode de pensée était clairement différent du reste du monde. Au fond, je voulais trouver cette paix intérieure qu'il semblait approcher... Mais pour l'instant, il était dans le chaos des remords pour cet homme dont je ne savais rien. Du coin de l'œil, je vis quelque chose pousser du poing de l'agresseur... Une lame ? Comment il faisait ? Actionnant du chakra dans mes jambes, je me jetai pour empêcher celle-ci de rentrer dans la chair du forain. Attrapant le bras, je permis de gagner un précieux instant pour que la victime puisse se dégager, mais en échange, je reçus un violent coup d'épaule dans la mâchoire de la part du frustré assassin...

- Et il est fidèle en plus ! M'accrochant à son membre, je dégageai une main pour former rapidement des sceaux et lui souffler amicalement la plus grosse boule de feu possible. Au contact, cela pouvait se révéler dévastateur et cela le fut ! Lâchant finalement mon accroche, je vis l'homme disparaitre dans les flammes...

Un bref instant, je crus l'avoir tué.
Si proche, une attaque si puissante.

Rapidement, mes flammes trop faibles furent dévorées par une gueule bleue, flamboyante... "Et merde." Disposant de longues lames à ses poings, je compris vite que le bonhomme face à moi était issu d'un clan très spécial...

Un Akuma.
J'allais devoir élever le niveau de mon feu...

Technique 2/3:

Sphinx. Yukio 021

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Nozomo Yukio
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Le voyage de Yukio


Rouleau I : Le feu



Douce vie que voici : Parti en voyage, je me retrouvais au milieu d'un camp en flamme avec un Akuma, un démon littéralement, devant moi qui voulais s'offrir la peau du vieux que je défendais corps et âme.

Partez en vacances...

Soufflant amèrement cette situation, je me reprenais une posture défensive : Les lames pourvues dans ses poings n'étaient pas là pour faire jolie, de plus il avait l'air de maitriser le katon... Ce qui m'inquiétait aussi, c'était la couleur assez spéciale de ce feu.

- Pourquoi vous ne m'avez pas dit que c'était un Akuma ce type ! Légèrement retourné, j'observais l'état du vieux forain.
- Tu me l'as pas demandé ! "Évidemment, comment l'imaginer..." Il s'appelle Tetsu... il est...
- Je suis quoi, vieil homme ? Le fameux "Tetsu" avait coupé Tadake en se mettant, en parallèle, en position de combat. Vous m'avez laissé comme si je n'étais qu'un déchet, au bord de la route.

"Il fait ça souvent, oui."

- Je t'ai laissé, car tu es incapable de voir le feu autrement que comme une arme ! Je n'allais pas te donner les outils pour devenir plus fort, je ne veux pas être responsable de la destruction du Sekaï ! J'intervenais au milieu, un peu soufflé par la nouvelle.
- Ah ouais, la destruction du Sekaï ! Vous ne vous prenez pas pour de la merde ! Je ricanai affreusement, sentant bien le danger émanant de la bête face à moi. Donc, quoi ? Tu veux te venger de papy, car il est parti sans t'apprendre à cracher correctement le feu ? Sans doute que ma réponse avait un peu tapé dans son orgueil, car il se jeta sur moi, animé par un feu dont le combustible était la fierté et la rancune.

Des frappes larges, puissantes, que je peinais à amortir avec ma lame : L'usage de deux armes rendait caduque une partie de mes techniques de défense. Avec mon tantô, je pouvais me défendre, mais il n'était pas sur moi... Je ne dormais pas avec une lame dans le dos et mon katana près de ma couche suffisait à la plupart des menaces. Encore une fois, je ne pouvais pas imaginer vivre la vendetta d'un dégénéré. Profitant d'une prise d'élan de la part de mon adversaire, je m'approchai de lui vivement pour lui décocher un coup de tête. J'arrêtais son assaut en avançant mon pied droit pour effectuer un coup latéral de haut en bas : Une frappe apprise chez les Nozomo, durement enseigné sur plusieurs jours par un salaud du clan qui m'avait forcé à répéter encore et encore le même mouvement. Mettant ses griffes comme bouclier, il subit bien fort l'impact sur les articulations et les muscles du bras, je le vis même baisser sa garde pour poser un genou à terre.

"Eh oui ! Quand je passe à l'attaque j'ai de la force !"

Un sourire éclaira d'une lueur mauvaise le visage de ma cible, qui remonta vivement ses poings pour me déstabiliser, sauf que mon pied mis en avant était là pour m'aider à contrer ce type de stratégie. Passant celui-ci en arrière, je passais sur une toute autre garde favorisant l'estoc et m'appliqua à le tenir en respect en avançant ma lame. Lui, voulu m'attaquer et décida de changer d'angle devant ma menace. Déboulant comme une furie, voyant bien que je me défendais, Masoru passa à ma gauche pour essayer de tacler les appuis de Tetsu Akuma.

Il avait deux bras, nous étions deux contre lui !

Une danse s'engagea, soupesant la tension et le drame qui se jouait entre les tentes incandescentes : Le vil personnage se battait bien et tenait parfaitement le choc face à deux shinobis. Il avait clairement de quoi augmenter l'allure, me donnant l'impression qu'il s'amusait. Pourtant, il n'arrivait pas à donner de vrais coups déterminants dans notre duel... Se laissant faire à chaque fois qu'il avait une fenêtre. La pression que nous exercions, ma lame et les membres de Masoru, ne faisait pas flancher l'animal qui esquivait, contrait, contre-attaquait et rendait toujours la juste mesure des coups... Un rythme, il nous habituait à un rythme précis de combat. Pourquoi ? Nous désarçonner ? Lentement, il agrémenta son jeu de feinte et de coups plus rapides, espérant nous rendre confus dans nos tactiques puisque c'était la première fois que nous combattions vraiment ensemble, Tadake et moi.

Tout était pataud, fiévreux... Jouant de nos épaules, nous nous poussions souvent avant de nous remettre en position. Pas la même dynamique. Son nintaijutsu et mon kenjutsu ne faisaient pas bon ménage, mais heureusement la taille de mon partenaire me permettait de ne pas l'écharper à la moindre botte. C'était peut-être un avantage, le vieil homme était rapide et j'assurai une défense plus solide que la normale puisque ma lame s'appliquait bien à ses griffes sournoises. Voletant dans des coups ciblant le haut de son corps, je laissais le forain déjouer et saboter les bases de l'ennemi : Un travail de sape qui porta ses fruits, on le crût, quand l'Akuma se baissa pour encaisser un coup et je pus tenter une nouvelle frappe latérale puissante !

Tenter plusieurs fois le même coup ? Oui, dans différents cadres. Ce fut un échec, car le brave pyromane se jeta sur le côté en laissant dans son sillage un coup de griffe dans ma hanche... Mon coup frappa le sol alors que mon cri rugit entre les brasiers. S'arrêtant, d'orgueil, dans un grognement animal, je me remis en position pour ne pas subir plus. Serrant les dents, j'encaissai la suite de l'attaque alors que Tadake se remettait lui aussi dans le combat après ce changement de paradigme. Oscillant entre attaque et défense, je sentais ses coups d'œil inquisiteurs sur ma blessure : Rien de bien grave, mais un côté était handicapé... Et l'adversaire allait profiter de cet avantage gagné. Voulant frapper de nouveau dans la plaie à vif, Tetsu se baissa et je pus lui administrer un coup de pied de mon crû dans le ventre. "Évidemment que je peux utiliser mes jambes  avec un katana !" Reculant, cela donna une ouverture à mon partenaire de la nuit pour se jeter sur lui et renchérir avec un coup de poing chargé de flamme !

Une nouvelle feinte, l'Akuma fit glisser le membre le long de son épaule pour éloigner la menace alors qu'il se relevait pour poignarder le vieil homme dans le ventre. Criant, partant au secours de mon ami, je sautai sur l'agresseur pour le séparer de sa victime, mais une flamme puissante surgit de son bras pour empirer les choses. J'attrapai de ma main libre l'épaule de Masoru pour le faire reculer, empirant surement ses blessures en arrachant d'un coup, et dans un angle pas dingue, le corps de l'arme... Une partie du torse de l'homme fut brûlé, mais j'avais permis de sauver le reste. En fin de compte, ces flammes sombres n'étaient que du cosmétique, rien ne différenciait celles-ci de leur équivalent rouge. Mon bras gauche collait l'utilisateur de katon contre moi alors que je me jetai en arrière pour mettre le plus de distance entre la menace et nous : Dans mon bond, je me permis même le luxe de tenter une boule de feu suprême dans l'urgence. La forme était faible, rapidement exécuté, mais l'essentiel était qu'elle cachait un peu la vue à la cible.

C'était la merde.

L'ennemi était clairement supérieur au niveau physique, même Tadake qui était pourtant un combattant hors pair avait été pris...

- Vous allez bien vieil homme. Celui-ci, grognant dans mon bras non armé, essayait d'exprimer un "oui" mais le trou dans son ventre parlait pour lui. La flamme ne vous a pas fait du bien, mais au moins c'est cautérisé... Un peu. L'attaque infernale avait brulé une bonne partie du tronc de mon mentor, c'était vraiment triste... Le tissu collait à la chair comme fusionné. Un utilisateur d'iroujutsu n'était pas de trop dans ce genre de situation.

Jugeant, avec une bonne minute de cavalcade, qu’assez de distance avait été mis, je posai ma charge contre un bac d'eau pour voir un peu mieux la blessure : ce n’était pas joli, mais il allait vivre... Sans doute, je n'étais pas médecin, je savais juste ce qui était mortel ou non. "Merci le feu, il a dégusté, mais il ne saignera pas." Je décidai alors de jeter un œil sur mon état, à moi, bien entendu ce n'était pas la même limonade : J'avais une grosse plaie, mais le flux de chakra katon appliqué sur mon katana permis à l'image de la souffrance de Masoru, de cautériser tout ça. Je grommelai devant la douleur dont j'étais pourtant habitué. "Encore une cicatrice."

- C'est vraiment pas une bonne soirée.
- Tu crois ? Je ricanai, plus pour moi que pour la situation. Tout partait à vau-l'eau et ça allait empirer. Il ne veut que moi, quiconque se dresse devant lui va en souffrir, mais tu n'as pas besoin de me protéger. J'ai fait l'erreur de le prendre comme élève, c'est à moi de subir. Pas toi.
- Je pense que vous avez assez subi papy, partir sans dire au revoir ça ne vaut pas tout ce qu'il a fait...
- Il est corrompu, je l'ai vu trop tard... J'ai essayé de résoudre le problème, mais je n'ai pas pu. Il était déjà trop fort.

"Résoudre le problème ?"

Je voyais assez bien ce qu'il essayait de dire : Tetsu, montrant un caractère peu adéquat avec les enseignements assez "pacifiste" et volontariste de Tadake, celui-ci avait choisi de le tuer pour éviter de créer un monstre... C'était raté.
- Il faudrait peut-être mieux choisir ses élèves et pas un Akuma du coin...
- Ou un sunajin ? Je regardai fixement l'homme agonisant devant moi.
- Je ne suis pas votre élève, et vous êtes un trop mauvais prof. Pour toute réponse, il rigola et posa sa tête contre le bois contenant l'eau. Je réussis à sourire, malgré tout. C'était vraiment une situation de merde. Bon, c'est quoi le plan, "senseï" ? Vous n'êtes plus en état de vous battre et je ne fais pas le poids face à cet Akuma de malheur... Je tapotai le sol de mon index, réfléchissant. "Hayato aurait un plan, lui... Moi, je ne sais que me battre." Tapant enfin, j'eus une idée ! Ensemble, on peut être assez fort pour le frapper. Pas physiquement, mais avec le ninjutsu... Si je ne suis pas capable de former une boule de feu suprême assez puissante, je peux amplifier la vôtre avec une capacité fuuton !
- C'est... Une bonne idée ! Sans un mot, je me rappelais l'une des discussions que j'avais eues avec le vieux durant le festival d'Amanogawa.

Sa femme, défunte, amplifiait le feu de Tadake comme j'avais proposé de le faire. Malgré la douleur et la situation, je vis le petit homme de ravir de ces souvenirs... Les missions avec son aimée. J'étais un peu jaloux qu'il puisse s'échapper ainsi, car c'était vraiment sa faute si j'en étais là. Moi, je ne pouvais m'échapper dans ma tête et j'avais encore des trucs à vivre, bordel !

Je mentais. Le voilà blanc qui obscurcissait mes pensées et me laissait totalement vulnérable aux événements extérieurs était un bon exemple d'échappatoire... Depuis la dernière fois, avec Honoka, il avait disparu, mais pour combien de temps ? J'avais peur de perdre, pas seulement ce combat, mais aussi Masoru. Je l'aimais bien ce petit vieux et le voir se tortiller de douleur me faisait déjà un peu de peine... "Encore un camarade perdu ?" Évacuant l'idée d'un mouvement de tête, je tapotai l'épaule du souffrant.

- Du nerf, Tadake. Je le remis sur pied en le soulevant, le gardant derrière moi pour le protéger si besoin. Malheureusement, il devait aller devant moi s'il voulait produire un feu que j'allais doper au vent ! Ohé ! Vous voulez la peau du vieil homme, il faudra me passer sur le corps ! Une ombre émergeât des flammes, à notre droite, la silhouette découpée par une chaleur d'une autre nature... Je chuchotai au ninja derrière moi. C'est quoi ces flammes, là ?
- Le clan Akuma viendrait du démon à queue Nibi, le chat enflammé... Ses flammes sont bleues et noires, les membres de ce clan ont hérités de ce trait-là. "Génial, la progéniture d'un démon..." Soupirant le défi qui s'annonçait quand même pas très cool, je scrutai les mouvements de la cible. Comme un chat, il s'amusait avec nous.

Il savait qu'il était plus fort, dominant l'homme d'un certain âge et le jeune sunajin que j'étais. Sarada n'était pas de trop, mais il était occupé autre part... Les griffes toujours sorties, Tetsu s'amusait à les envelopper de feu puis dissiper cet effet. "Quelle arrogance..." Il avait surement entendu notre conversation, car il se plaça devant nous pour remettre ses armes dans sa chair et joindre les mains.

- Voyons si votre tactique est bonne ! Des mudras, connus et reconnus : La boule de feu suprême !

Serrant les dents, je commençai à appliquer la stratégie rapidement installée. Me baissant, accroupis, je laissais Masoru monter sur mon dos et préparer sa flamme à lui. Moi, j'utilisai ma main gauche pour produire un fort vent de face dans l'espoir d'alimenter et de rendre explosive le katon de mon partenaire. Je savais que ça allait le faire, mais assez contre lui ! Son ancêtre mythique était un démon chat de feu... DE FEU ! Déglutissant, je prenais le risque de croire en ma chance et dans la conjonction des éléments. Alors que l'Akuma crachait sa flamme noire et bleue, Tadake en faisait de même. De mon point de vue, il avait mis tout ce qu'il pouvait dans sa technique, mais je voyais les bords de la boule de feu être écrasé par le diamètre irréel de celle de l'ennemi. Mon coup de vent, puissant, rendit notre attaque bien plus grande et puissante...

Mais assez ? "Je ne suis pas venu ici pour souffrir, ok ?"

La rencontre des deux sources de chaleur créa une explosion mêlant les couleurs chaudes et froides... La puissance du choc me fit reculer, ce qui eu pour effet de faire tomber Tadake. Nous nous retrouvions tous les deux un peu sonnés contre la source d'eau artificielle. J'essayais de me lever, mais la douleur dans ma hanche me rappela que j'avais quand même bien dégusté... "Jamais pire que contre Noka." Je savais relativiser, moi. Dans l'effort, je levai les yeux pour distinguer la position de l'ennemi et je vis bien évidemment celui-ci... Lui aussi avait pris cher : La peau brulée, il était encore debout. L'augmentation de la puissance du feu avec le vent avait dominé sa flamme, mais il n'avait pas plié.

- Tu es vraiment un gros morceau, toi. Ricanant, je fis l'effort ultime pour me relever et faire face, encore et toujours, à la menace. Rien ne change, part avant que je t'achève. Il me regarda, souriant malgré la douleur apparente de ses brûlures.
- Tu crois que tu es en état de m'affronter ? Le katana bien devant moi, je ne fis aucun commentaire. Pas besoin.
- Tadake, toujours d'attaque ? Un grognement singulier vint dans mon dos, ce qui amena malheureusement un frisson dans celui-ci. "Non, pas vraiment..."

J'étais donc vraiment seul contre lui. La conjugaison de mes forces avec le maitre du feu avait réussi à le toucher, ma solitude ne soulignait qu'une amère vérité : Je n'avais pas le niveau. Respirant pour calmer mes nerfs et réchauffer cette froideur qui me prenait, je faisais cœur avec ma lame pour affronter l'adversité.

Tout ralentis, mes pulsations ainsi que le temps lui-même. Un genjutsu ? Non, l'adrénaline. Le fracas des armes d’Hiro et des adeptes de Tetsu ; les impacts des poings entre le gamin et Sarada... Et les autres ? Dans le fond, je vis des flammes s'élever. "Il y en a d'autres, pas seulement une dizaine..." Une armée ? Une secte ? Le type face à moi avait galvanisé des foules pour son projet, mais lequel ? On ne réussissait pas autant de monde juste pour une vengeance contre un vieux débris. "Le sekaï propose quand même de sacré spécimen..." Enfermé dans mon désert, je n'avais pas pu voir l'immensité du monde et la diversité des connards l'habitant, mais je voyais maintenant... Explorer et vivre des aventures, c'était aussi se frotter à la racaille, sur plusieurs échelles.

Quelle naïveté, Yukio.

- Bon allez, Tetsu Akuma, finissons-en, je n’ai pas toute la soirée ! Et je m'avançai pour aller à la rencontre de mon destin.
- Je ne connais même pas ton nom et je m'en fiche. Serrant les dents, dans un sourire figé, je venais vers lui alors qu'il ne bougeait pas. Confiant. "Attitude de merde." Me jetant d'un bond, j'essayai de le frapper, mais il esquivait encore, encore et encore.

J'étais plus lent à cause de la blessure et du choc précédent. Ce n'était pas mon meilleur niveau, mais sans doute pas mon pire... J'imaginais mal un Yukio au top de sa forme arriver à le concurrencer. Comme un chat, il était agile et précis. Il ne sortait même pas ses griffes, à ce stade. Rongeant mon frein, je reculai d'un pas pour essayer de le toucher à distance : Une boule de feu flamboyante, petite et explosive pour le faire reculer. La vitesse de l'attaque, qu'il attendait sûrement plus grande, le décontenança et il recula en subissant le choc. Saisissant le moment, je pris une grande respiration pour donner le meilleur de moi dans une boule de feu suprême. "Fais honneur à Masoru !"

Cette inspiration, presque noble, me poussa à établir plus de puissance dans l'attaque, mais toujours pas assez... Je n'étais pas prêt. Je n'avais pas eu assez de pratique pour faire ce que voulait l'ancien Konohajin : Concentrer son être dans le feu, c'était long et difficile, en plein combat, il fallait faire plusieurs de choses et tout devenait plus compliqué. C'était juste impossible ? Le vieux l'avait fait pas plus tard qu'à l'instant. On pouvait le faire... Les années d'expériences de Tadake lui servaient, alors que le ninjutsu n'était qu'une partie infime de ma formation.

Tout me destinait à échouer. Me jeter dans les flammes tout en restant concentré sur le combat, c'était un exercice d’équilibriste. "Faire du feu, c'était vivre..." Autour de moi, celui-ci, comme des tentacules, s'emparait de tout.  

- On ne pense pas pareil, Tetsu... Mon attaque, dissipée, laissait mon adversaire et moi face à face. Il a vu en nous des choses et on l'a déçu. Je pointai mon katana vers mon vis-à-vis. Je ne connais pas votre histoire et je m'en balance. Moi, il m'a aidé. Vu comment tu es dangereux, il valait peut-être mieux te tuer...

Ou le comprendre ?

Nous n'étions pas dans une histoire à la con : C'était la réalité, le sekaï et l'homme face à moi portait des stigmates du mal. La vengeance ? La rancune ? L'arrogance ? L'erreur de l'ancien avait été de croire en lui, peut-être qu'à l'époque, il y avait encore du bon... Ou peut-être que depuis le début, il était pourri de l'intérieur.

- Je te demande de partir, il n'y a plus rien pour toi ici. De la clémence ? J'avais vraiment le droit à formuler ça ? Pour toute réponse, quittant son sourire, l'Akuma s'avança en marchant tranquillement. Assurant ma prise sur mon arme, je le vis s'arrêter, pas forcément plus alerté par la menace.
- Tu fais erreur, il y a tout pour moi ici : Tu protèges le méchant de cette histoire. Il n'a fait que des erreurs : Il se trompe, croit en un élève pour l'abandonner. Il fait miroiter une puissance intérieure pour finalement partir... Tu crois en lui ?
- Non. Il sourit, satisfait. Il pensait avoir gagné par un argumentaire... Solide ? Je crois en moi, c'est tout ce qui compte. Pas la peine d'avoir sa validation.

La suite allait vous étonner.

Plantant mon sabre au sol, je pris mes deux mains pour construire la plus rapide suite de mudras de mon existence : Concentré, je voulais à tout prix gagner. Une rivalité ? Non, nous n'étions pas des élèves en compétition pour l'appréciation d'un maitre, mais deux hommes qui s'opposaient car... c'était comme ça que la vie allait et venait. Je n'avais rien contre lui personnellement, je voulais juste protéger mon ami derrière moi. Soufflant alors, je concentrai alors tout ce que je pouvais dans ce feu qui me paraissait ultime... Ma dernière attaque ? Fracassant le silence relatif du combat, la langue de flamme vint se figer sur la cible qui contre-attaqua avec sa propre technique. Dévorant mon attaque, je vis mes chances de survivre s'amenuiser, mais je saisis ma chance pour réengager la boule de feu suprême dans la danse. Refaisant les mudras, je répétais le mouvement pour former une boule de feu aussi grosse que possible pour contrebalancer la puissance.

"Je veux me battre, je veux survivre. Je veux gagner !"

Ce manège dura plusieurs longues minutes où nous nous répondions du tac-o-tac, j'éliminais ses assauts par de nouvelles boules de feu qui se faisaient dévorer méthodiquement par l'Akuma et son héritage félin. Forcé de me tenir solidement sur mes appuis, je me jetai dans la bataille à chaque émanation de flamme : C'était un peu moi-même qui fonçait sur Tetsu pour se faire dévorer. Je devais grandir, mûrir mon feu et dominer celui-ci qui avait reçu des enseignements plus profonds. Ses attaques étaient nourries par des sentiments mauvais, peut-être aussi sombre que la couleur des braises, mais je ne perdais pas espoir... Ma frustration n 'avait pas donné d'aussi puissante flamme que ma détermination. Répéter, se lancer, répéter... Automatiquement, mon esprit prit la mesure de quelque chose. Tel un muscle, j'habituais mon chakra à se charger de cette puissance mentale.

Autour de moi, tout prenait sens et je sentis la menace venir avant que Sarada passa devant moi... D'un geste expert, conscient de ma position et du cadre de la scène, je fis un rapide pas de côté pour esquiver la masse qui était éjecté sur ma position. Le gamin rapide le suivait toujours et le sang s'échappait sur la route des deux bolides.

Le combat était intense de tous les côtés. Concentré sur sa cible, celui qui m'avait empêché de foncer aux premières minutes du combat ne fit pas attention à ma position. Suivant encore un chemin de construction de boule de feu, je lui mis ce qu'il méritait en suivant le cheminement déjà commencé contre Tetsu : Une intense et puissante langue de flamme qui le prit dans le dos en consumant une partie de ses vêtements. Hurlant, il s'échappa presque automatiquement, mais le Yotsuki lui attrapa le bras pour le garder bien au chaud, se brûlant le bras au passage. Les brûlures se multipliant sur sa peau nue, l'utilisateur de nintaijutsu raiton lui décocha un coup de poing qui finit l'existence du suppôt de Tetsu.

Deux contre un, encore ?

Le chef de la troupe ne prit même pas un instant pour souffrir de la perte de son associé et profita de mon attaque sur une autre cible pour me faire gouter à sa technique pleinement chargée : Brulé sur une partie du corps, je fus projeté dans l'abreuvoir... La lente fumée s'échappant de la surface de l'eau signala que le feu avait disparu, mais son œuvre avait durablement touché mon bras. Émergeant au bout de longues secondes, haletant, je me mis sur le bord du contenant géant en bois pour essayer de reprendre mes esprits...

"J'ai failli mourir, encore !"

Les picotements de ma peau brulée, additionné à la froideur de l'eau, donnait un cocktail douloureux qui me fit grogner un moment. Sarada, noble compagnon, avait pris le relais en voyant que je ne pouvais pas continuer le combat pour le moment. Juste retour pour le service que je lui avais rendu. Aux prises avec l'Akuma, il arrivait à tenir le choc, mais on sentait que la fatigue prenait le dessus. Partout, c'était la débandade... D'un grand coup, l'ennemi trancha un grand coup dans la cuisse de l'ancien indépendant, celui-ci mis un genou par terre. Vulnérable. Je vis la griffe du bras droit rejeter la lumière du brasier autour de lui. Par réflexe, je fis la synthèse du point de vue de Tadake et de Sarada : Concentrant rapidement mon chakra, j'expulsai ma capacité salvatrice.

Une boule de feu puissante, géante, concentrée de volonté qui surprit le membre du clan déchu. Le Yotsuki réussit alors à attraper son adversaire et le jeter à l'encontre de mon attaque : Avalé par les flammes, je crus un instant avoir réussis. Tombant à terre, à genoux, toujours dans l'eau, je soufflai. Le chakra commençait à manquer, mes réserves consumées comme une bougie. Les mains plaquées contre le bois, j'essayai de reprendre pied sur terre... Avec ma force physique, je me tirai hors de l'eau pour chuter à terre. De la main, je cherchais la présence de Tadake qui, rappelons-le, était contre la concentration d'eau.

- Oh papy ! Tu es mo...
- Yukio, relève-toi ! Encore un frisson, si je devais me relever c'était que... Les yeux relevés, je vis l'ombre de la menace encore debout, mais plus pour longtemps. La face brûlée, il ressemblait à un monstre sortit des pires cauchemars... Le chakra toujours circulant dans ses veines, la condensation bleue et noire jaillissait de ses griffes.

Il pouvait encore frapper ? "Quel monstre..." Un pas, puis un autre, il s'avançait vers moi ou Tadake ? En tout cas, il venait vers nous... Sur le côté, je pris mon bras qui n'était pas bloqué par mon poids pour essayer de concentrer mon chakra. "Allez Yukio, allez Yukio..." Je voyais Sarada qui essayait de suivre le clopinement de Tetsu avec sa jambe blessée... Il pouvait m'aider ? Il était assez rapide ?

L'outil de la vengeance, il était l'outil de la vengeance... C'était presque admirable, si ce n'était pas effrayant. Je n'étais pas le sujet de sa haine, mais je ne voulais jamais tomber sur un mec comme lui. Se faire de si grands ennemis, le vieux était doué... "Il a fait aussi une connerie." Arrivant à deux pas de moi, je lui souris, un peu fatigué :

- Tu ne lâches jamais l'affaire toi... Prenant une grande inspiration, je consumais mes dernières forces pour un lance-flamme qui continua son chemin à travers l'Akuma. Du coin de l'œil, je vis Sarada se jeter sur le côté pour esquiver la tempête de flamme qui partait en avant... Guidé par une puissance purement intérieure.

Tadake avait raison, chercher en soi des ressources autres que le pur chakra... Cela faisait des miracles. Dans cette dernière gerbe intense, je posai mon bras le long de mon corps. Stoppant le flux, il ne restait qu'un cadavre calcinait près de moi... Tetsu était mort, son histoire disparue et son groupe décimé par la troupe de forain et le sunajin imprévu.  

Le silence au milieu du crépitement des flammes : Tout calcinait, mais tout était fini. La destruction prenait des allures paisibles, la nuit suivait son cours et les hommes s'entraidaient. Posant ma tête contre le sol, je constatai l'étendue des dégâts, la surface brûlée du chemin de ma langue de flamme se perdait dans l'obscurité, mais peu à peu elle se dissipa. Le jour revenait. Une nouvelle journée...

"Putain, enfin..."

Je m'évanouis.  

Technique 3/3:

Sphinx. Yukio 021

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Nozomo Yukio
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Suna no Jonin
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Le voyage de Yukio


Rouleau I : Le feu



Deux jours plus tard.

Lentement, le camp redevenait le havre de paix et de joie qu'il était : Il fallait juste reconstruire. Ce qui avait été détruit, ce n'était que du bois, le pire était la perte d'une bonne partie des associés d’Hiro, Sarada et Masoru. Assis contre un tonneau, le bras dans un turban, je buvais une gourde d'eau en regardant des types en bien meilleure forme que moi se délecter de l'effort de bâtir et rebâtir.

Avec l'effort fournis, j'avais suivi un petit coma... La fatigue, l'adrénaline, c'était bien plus lourd que le soleil, mais toujours moins permanent que la mort. Je m'étais réveillé aux abords du campement, la plupart des tentes avaient cramés, dont la mienne, mais au final j'avais retrouvé la plupart de mes affaires dont mon tantô ! Mon katana siégeait, triomphal, au milieu du champ de bataille et je m'étais dirigé vers lui aussitôt réveillé... Boitant, sous les insultes de Yotsuki qui m'avait porté jusqu'ici, comme quoi c'était bien beau de me porter avec sa jambe niquée pour que je reparte comme un lapin vers mon dû... Tadake avait aussi profité du taxi Sarada. Dans le coma, il s'était réveillé quelques heures plus tard, vociférant sur le mal créé... Le grand bonhomme l'avait mouché rapidement, une partie des événements étaient sa faute. Quelle partie exactement ? Et à quelle échelle ?  Le vieux m'accueillit un peu soupçonneux, après que son ami lui ait expliqué la situation suite sa perte de conscience.  

- Je... Merci, Yukio. J'écartais ses excuses d'un geste de la main.
- J'étais là, c'est bon.

On en resta là.

Assis, donc, contre mon tonneau je pus apercevoir quelques forains charger les affaires : Un départ ? En pleine reconstruction ? Me relevant, un peu mal au dos, je marchai délicatement jusqu'au chariot en demandant ce qu'il se passait. Une partie des associés de Tadake avait choisi de partir, ils ne pensaient pas que le mode de vie nomade des forains allait attirer autant d'emmerdes... Un mensonge ? Je savais la vérité, mais eux ? Qu'est-ce que les vieux avaient racontés ? Hochant la tête, je fis de large embrassade à ces types avec qui j'avais partagé des soirées et des repas pour ensuite me diriger, un peu furibond, vers l'endroit où se relaxaient les blessés d'un âge certains. Une petite tente sans fioriture, protégeant surtout du soleil et de la chaleur :

- Vous avez raconté quoi, bande de cons ? Être un héros de guerre, c'était se permettre de manquer de respect... Amicalement.
- C'était des bandits, c'était un peu le cas... Le grand combattant m'avait répondu du tac-o-tac.
- Des bandits qui voulaient la peau de Masoru, ouais. Je constatai le manque de réaction de mes compères. Ils méritent la vérité, ils auraient moins peur.
- C'est quoi la vérité, Yukio ? Cette fois, le vieux Konohajin regardait fixement ma prochaine réponse.
- Que tu as fait une connerie, que tu as emmerdé le mauvais morveux et qu'il a ramené son équipe pour te buter... Je ne sais pas, moi, ton histoire !
- Et tu l'as connais, mon histoire ? Il commençait à me pomper l'air. Je me dirigeai vers lui, nullement impressionné pour lui saisir le col. Je m'attendais à ce que Sarada m'arrête, mais curieusement il me laissa faire.
- Écoute vieille merde, je ne me suis pas risqué à te sauver la peau pour que tu me le fasses regretter. Tu as eu peur d'assumer tes conneries, tu as échoué, mais apprend. Même à ton âge on peut changer les choses !

Le type agissait comme un putain d'adolescent, boudant et ne faisant pas face alors qu'il était sencé être vénérable... Une dichotomie subtile entre sa maitrise presque intime du katon et son comportement. Un trou du cul juste capable de faire du feu ? Je n'en croyais rien... Le type m'attrapa le bras en essayant de résister, mais abandonna. Cela me fit presque de la peine.

- J'ai voulu quitter Konoha quand mon fils et ma femme sont morts. Il lâchait l'information comme si cela allait me faire un choc, mais j'avais déjà reçu la nouvelle depuis des jours, d’Hiro au bord de l'étang. Lentement, laissant le vieux s'exprimer, j'entendis la suite : Je ne voulais pas déserter, alors j'ai demandé à l'Hokage de me laisser partir... J'avais prouvé ma fidélité, mais cet Akimichi de mal... Il se calma, la blessure était profonde. J'ai servi des années comme un membre de la garde personnelle du Shodaime, enfin... Je passais mon temps dans le sekaï à servir ses intérêts. Il coinça ses yeux dans les miens : De la négociation, de la suppression de menace pour les civils dans les extrémités du pays du feu... Mais aussi des contrats un peu moins cléments. J'ai participé au massacre des Akuma, pas sur les ordres du Hokage mais j'étais alors une sorte de mercenaire qu'il avait prêté au Daimyo des forêts centrales contre des petits accords commerciaux.

"Un outil, encore et toujours..."
Passant de main en main, il avait dû acheter cher sa liberté... Il avait tué des Akuma, donc...

- Tu as recueillis cet enfant pour te racheter ? L'entrainer pour qu'il survive ?
- En quelque sorte... Mais j'ai été rappelé à Konoha pour une autre mission et j'ai dû le laisser là. Il mentait, je resserrai ma prise pour lui montrer qu'il ne disait pas tout. Il était hallucinant, un prodige des flammes... Il était sûrement aidé par sa génétique, mais il avait trop vu... Il voulait se venger et je n'ai compris trop tard qu'il n'était pas sauvable. Il est mort avec son clan, au fond... Je le lâchai, très sérieux. Il tomba au sol, essayant tant bien que mal de chercher son équilibre. J'ai essayé de le supprimer pour lui éviter une vie tournée vers la guerre, mais il a réussi à s'enfuir et je l'ai juste laissé. Il a cherché plusieurs fois à me retrouver depuis vingt ans. Ce n'était pas le premier combat que l'on a eu... Mais c'était le dernier, cette fois.
- C'est moi qui l'ai éliminé Tadake, pas toi. Je voyais bien que tu n'étais pas à fond contre lui... Il fut surpris, mais ne répliqua pas. C'était ridicule de me faire passer pour Yukio Imin, ça l'est aussi de ne pas assumer ton identité. Tu n'es même pas celui que tu prétends être, hein ? Il secoua la tête, puis me répondit.
- Quand la nouvelle Hokage a été nommé, j'ai eu accès à la vraie liberté puisqu'elle ne me connaissait pas. J'étais l'outil de Cho uniquement... J'ai pris son nom, car je ne supportais plus le mien. Je ne te le dirais pas, à quoi bon ? Tu m'as toujours connu avec celui-là. D'un geste de la main, je lui signalais de se taire. J'avais bien compris... Me tournant vers le spectateur silencieux de cette mascarade, je lui demandai alors :
- Tu le savais toi, tout ça ? Qu'il était poursuivi ?
- Un peu, je connaissais des bribes, mais pas la responsabilité de Masoru... C'est mon ami, je l'ai rencontré dans la troupe alors j'arrivais pour changer de vie. Quoi qu'il ait pu faire avant, ce n'est plus le même homme... Je désignais l'endroit du combat, encore jonché de débris et de cendre.
- Va lui dire, alors.

Penaud, Masoru baissait la tête alors que Sarada soutenait mon regard : Il n'avait rien à se reprocher, pourtant je sentais que lui aussi avait une histoire secrète...

- Donc on laisse les gens partir ? On oublie tout car c'était une autre vie ? Des gens sont morts hier soir et il faut faire comme s'ils n'existaient pas. Pas de réponses, à quoi bon ?

Mon temps était fini ici, on dirait... J'admirais avec méfiance cette capacité de mon "senseï" à trouver la paix en étant dans le déni et le mensonge. Une vie simple, oui... J'avais voulu gagner sa paix, mais on pouvait dire qu'il ne l'avait pas gagné lui-même. "C'est tellement triste..."

- Si vous avez déjà pensé à me tuer en voyant comment je concevais la technique de la boule de feu suprême, dites-le tout de suite. Il regarda, un peu choqué, avant de balbutier.
- Non, je n'aurais jamais fait ça... Tu n'étais pas au même niveau que ...
- Tant mieux. J'étais rassuré, au fond... Je n'étais pas un simili engin de mort. Je ne le croyais pas, mais avoir une confirmation était toujours une bonne chose. J'ai compris ce que vous disiez, tous les deux, sur expulser son soi-même et l'utiliser en combat. Je souris tristement. C'est ce qui a fait la différence contre la force brute de Tetsu. J'ai dû utiliser le ninjutsu comme une arme, pour sauver le camps. Encore une fois. Ma formation parlait pour moi : La boule de feu suprême n'était pas qu'un bel artifice.

Le type avait rassemblé des types voulant se venger des ninjas : Lesquels ? Konoha ? Les forces du Daimyo ? Qui sait ? En tout cas, il aurait pu être un danger conséquent pour le Sekaï... "Pas pour Suna, on est tellement paumé que personne ne nous veut du mal." D'un geste de la main, je proposais aux deux compères de me suivre hors de la tente : Comme preuve de mes dires, je multipliai les mudras pour exprimer une boule de feu inimaginable il y a une semaine. Une force, une concentration et une solidité hors pair... Enfin, si, Masoru. Devant la soudaine émanation, plusieurs cris retentirent croyant à une nouvelle attaque. J'attendis qu'ils se calment avant de me tourner vers les vieux :

- J'ai au moins tiré quelque chose de mon séjour parmi vous, et ce n'est pas la culture du secret... Je vous remercie pour vos enseignements, je vais essayer de tirer ce que je veux de tout cela. Je voulus faire volte-face, mais je me ravisai, ils pouvaient encore me donner un renseignement : Dites-moi, vous savez vers où est la mer ? Je vais partir demain et... Je veux la voir !

FIN DU ROULEAU I : LE FEU.

Le voyage de Yukio. Rouleau I : Le feu.  110

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