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De fils en aiguilles... [PV Kamiko Raion]

Dakuwanda Kirai
Dakuwanda Kirai
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Dakuwanda Kirai
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« Halte ! Déclinez votre identité monsieur ! »
« Hum ? Oh ! Pardonnez-moi j'étais dans mes pensées... Dakuwanda Kirai, grand Tailleur du Village de Suna, je viens quérir quelques tissus auprès du Clan Kamiko. »
« Suna ? » dit le garde en attrapant le manche de son arme. « Je crains que vous ne deviez faire demi-tour monsieur ! »
« Allons bon. » Dit l'Epouvantail en s'avançant, traînant à sa suite un chariot remplit de sacs. « Vous n'irez tout de même pas priver votre beau village de quelques richesses venant du désert. » continue-t-il en montrant les poches de tissus s'entassant.

D'un pas peu rassuré, le garde s'approche et s'aventure à ouvrir l'un d'eux. La surprise est de taille et se lit aisément sur son visage. D'un coup d'oeil il avance vers l'homme habillé d'une longue cap à la chevelure blanche, le toisant quelques instants avant de reprendre.

« Voilà beaucoup d'or pour un homme aussi frêle... Difficile de croire que vous avez pu faire la route jusqu'ici sans vous faire détrousser. »
« Ahahah, certes mon bon monsieur, mais vous savez, étant Tailleur du grand Damyo de l'Ouest, ma position m'offre quelques saufs conduits des plus nécessaires pour mon travail. Vous comprenez, c'est mon Seigneur qui m'a lui-même demandé de venir à Konoha pour m'enquérir de quelques somptueux tissus Kamiko. Il n'est guère compliqué de comprendre que, si jamais il m'arrivait malheur, les répercutions pour les plaisantins seraient... Terrible... »
« Est-ce une menace ? » dit-il en brandissant son arme, à quoi le Tailleur se contente simplement de lever la main calmement.
« Allons. Je sais que Konoha et Suna n'ont jamais été très ami, mais... » Son regard se plante dans celui du garde, un léger rictus venant s'afficher sur son visage. « De ce que je sais, l'or n'a qu'une seule patrie. »
« Laissez-le passer ! » interrompt un autre garde, visiblement plus haut gradé. Visiblement étonné par l'ordre venant de son supérieur, l'homme trésaille, rangeant aussi bien sa fierté que son arme.
« Je vous remercie messieurs. » dit le Tailleur en passant les immenses portes du village, saluant tous les hommes présents.

D'un pas lent et assuré, il parcourt les rues bondés que le Village caché du pays du Feu offre à ses habitants, ainsi qu'aux commerçants avides venus marchandés quelques denrées rares. Le chemin ? Il le connaît. Que ne fut le nombre de fois où il a pu arpenter ces allés et ruelles s'entremêlant comme les fils d'un tissus. Pourtant, alors que son attention reste concentré sur son objectif, une étrange apparition le perturbe.

« Tiens donc... Voilà qui est intéressant... Hi...no... Kuni... Et si nous y entrions ma chérie ?... »

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Kamiko Raion
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De fils en aiguilles
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« Raion-sama. »


Un claquement de langue, réprobateur, s’échappe de la tête brune penchée sur une liasse de papier dont les diagrammes complexes semblent capter toute l’attention. Prévisions ? Résultats ? Quoi que ce fut, le regard de la jeune femme lançait des éclairs et sa bouche crispée sur l’ongle d’un de ses pouces n’était guère des signes de félicité. Quelque chose, outre l’arrivée impromptue d’un ninja dans son bureau, préoccupait l’esprit de l’intendante. Après une longue minute d’un silence pesant, elle lève les yeux vers le Jûnin qui s’impatiente dans l’encadrement de sa porte, fixant deux magnifiques et terribles prunelles gris aciers, animées par une mauvaise humeur qu’on venait d’exacerber en lui rappelant son rang. Combien de fois allait-elle devoir répéter qu’elle n’avait rien de plus que les autres pour justifier ce fichu sama désuet ?
« Inoichi. » Elle salue l’homme, son timbre de voix sec accompagnant le bruit du papier qu’on rassemble en tapant ce dernier contre la table. « Konoha est-elle en proie aux flammes, pour que la politesse soit reléguée au second plan ?
- Vous aviez raison. » Il hésite, une brève seconde, mais poursuit, conscient qu’il agacerait sans doute plus sa supérieure s’il s’arrêtait en si bon chemin. « Quelqu’un de Suna est venu. »

Suna. Le mot tourne dans les airs, jusqu’à s’y étioler, sans que quoi que ce soit ne semble bouger. Pourtant, l’humeur de Raion change, instantanément. Troquant l’irritation contre un voile d’inquiétude, elle se lève brutalement, manquant de faire basculer sa chaise au passage. Qui ? C’était la question qui lui brûlait les lèvres mais qu’elle s’abstient de poser. Elle n’avait pas encore eu le temps d’envoyer un mot pour inciter son homologue du pays des sables à une nouvelle rencontre et, si les dires de Shirokuma étaient vrai, elle n’en aurait sans doute pas de réponse au vu de la situation. Mais qui, par tous les kamis, était assez fou pour faire le trajet jusqu’à Konohagakure ? Etait-ce un ami ou un ennemi ? Mentalement, la kunoichi ressasse les noms des grands clans, comme un mantra pour se rassurer. Qui que ce fut, il était plus prudent qu’elle se précipite, de peur que l’invité inopiné ne provoque un incident diplomatique qui viendrait contrarier ses plans. Raion jaillit de derrière son bureau pour rejoindre le pauvre Inoichi qui l’attendait, renversant le travail qu’elle consultait dans sa précipitation rêveuse.
« Donne l’ordre de le laisser entrer. Nous allons à sa rencontre, je te laisse me briefer en chemin. »

Claquant la porte dans leur sillage, les deux ninjas sortent en trombe sur le toit de la tour du Hokage avant de sauter vers le bâtiment suivant. Au fur et à mesure du chemin qui la séparait de cette visite imprévue, l’esprit de la lionne ne cessait de tourner. Que devait-elle faire ? Pieds et poings liés par son statut tout neuf d’intendante du village, elle ne pouvait décemment pas se permettre la moindre incartade devant autant de témoin. Elle ne pouvait pas non plus risquer que le Sunajin, coincé au milieu d’un terrain étranger, subisse la moindre blessure, de peur que la paix, fragile, qu’elle espérait arracher à ses têtes de mules ne vole en éclat. Le problème s’annonçait si profond et épineux que la jeune femme dû résister à l’envie de hurler de frustration. La mauvaise nouvelle, et elle eut bien du mal à cacher sa déception en l’apprenant, c’était qu’il ne s’agissait pas de son Akayuki préféré. La première bonne nouvelle, cependant, était l’absence véritable de mauvaise intention manifeste. Pourquoi un tailleur venu pour affaire créerait-il de l’embarras à son fournisseur ? A plus forte raison s’il s’agissait bien, comme il le prétendait, de celui du Daimyo. Le personnage lui évoquait bien vaguement quelque chose, sans qu’elle put réussir à remettre une identité dessus. Avait-elle déjà croisé l’homme ? Peu probable, au vu de ses nombreuses responsabilités mais l’évènement avait un arrière-goût étrange de précédent.

Curieuse et prudente, la chef de clan et intendante quitte la voie des airs pour se laisser tomber dans une ruelle en contrebas. D’un signe de main, elle confie la surveillance de l’individu à Inoichi et s’engage dans la rue commerçante principale du village. De part et autre de l’allée, de gigantesques bâtiments en bois s’élèvent fièrement, barrés de leur enseigne gravée, agrémenté de leur colonne peinte en rouge dans la plus pure tradition locale. Çà et là, les échoppes ponctuent la chaussée d’une ribambelle de couleurs et d’objets éclectiques, prônant à qui veut bien l’entendre que seul leurs produits valent le coup d’œil. Parfois, les propriétaires s’invectivent dans un joyeux tintamarre pour décider qui remportera l’attention de la foule dans leur combat vocal impitoyable ponctué par les instruments de quelques artistes de rue venus remplir leur bourse au dur labeur de leur performance. Indolent, le flot humain qui mélange population de Konoha et valeureux voyageurs déambule au milieu de ce délicieux foutoir organisé, vacant d’un magasin à l’autre pour y trouver la perle rare qui fera chavirer leur cœur.

Elle trouve bien vite le mystérieux bonhomme au milieu de l’affluence. Il était, après tout, bien difficile de ne pas voir l’ombre qu’il représentait au milieu de l’allée presque trop lumineuse pour sa simple présence. Véritable morceau de nuit évadé de son environnement naturel, un corps diaphane et émacié à l’aspect cadavérique encore plus accentué par ses vêtements sombres, il était, sans nul doute, le point de mire des Konohajin dans un bon cinq cent mètre de rayon. Il fallait dire que, cernés comme ils l’étaient par les couleurs chatoyantes des diverses échoppes, la dissimulation n’était sans doute pas une option raisonnable. Pour rajouter encore davantage à ce charmant contraste, le tailleur était accompagné d’une jeune femme. Jeune femme dont l’apparence, bien plus standard, laissait naitre un peu plus de question sur les lèvres des âmes qui se retournaient pour observer leur passage. Comment et par quel miracle, le jeune vieux qu’il était, appuyé sur sa grande canne, avait pu mettre la main sur une beauté pareille ? Etait-il riche, pour se permettre ce genre de compagnie ? Peut-être était-il, lui-même, splendide malgré cet aspect galeux. Peut-être avait-il, au-delà de cette peau cadavérique, le caractère le plus doux et délicat du Sekai tout entier. Les suppositions pouvaient être nombreuses, mais personne n’en avait la réponse, leur air hagard, vaguement stupéfait, fixé sur l’étrange couple qui venait soudainement de s’arrêter en plein milieu du passage.

Comblant la distance qui la séparait de l’énergumène et de sa charmante compagnie, Raion cherche un angle d’attaque. Il était là pour les Kamiko, en tant que client qui était visiblement fidèle, mais elle n’avait pas le luxe de vérifier ses précédentes commandes dans les registres enfermés dans le coffre du domaine. Elle devrait donc improviser, même si le terrain connu de la boutique lui conférait un avantage relatif pour le bras de fer qui s’annonçait. Cherchant des yeux l’équipe de surveillance, elle adresse un hochement de tête entendu à la silhouette accroupie du Junin qui l’avait accompagnée jusque-là. Elle se lance alors sur les traces du duo, à l’intérieur de l’un des bijoux de son clan.

La succursale Konoha des Kamiko avait un air étrangement exotique, au milieu des bâtisses traditionnelles. Cet ancien salon de thé, rénové aux goûts et aux couleurs du clan commerçant, était sans doute une des devantures les plus colorées de toute la rue. Le mur d’apparat, d’un bois laqué rouge sombre percé d’ouverture dans un schéma d’arabesque complexe, était orné d’une véritable multitude de tentures colorés dont l’aspect semi-opaque laissait deviner les nombreux présentoirs disposés sur le seuil de la boutique. Les quelques acheteurs, perdus au milieu du ballet lascif des tissus dont l’agencement changeait toute les semaines, détaillaient une série de mannequin portant quelques modèles de la main des jeunes pousses la branche création mélangés à celles, plus ambitieuses, de leurs maitres.  

Plus loin, au-delà des mannequins, se tenait la seconde partie de la boutique. Séparée par un autre mur percé d’arabesques habillées de tissu, les quatre murs croulaient sous les étagères en bois sombre gavées de rouleaux de tissus divers et variés. Soie, coton, lin, velours, … textures et couleurs se mélangeaient dans un faux capharnaüm ordonné par quelques employés placés à des points stratégiques. Dans l’immense salle trônait une table de travail où il était parfois possible de voir un Kamiko confectionner une pièce sur demande, comme s’il s’agissait d’un spectacle de rue comme un autre. L’ambiance, calculée pour créer un espace calfeutré propice à la proximité, y était joviale et les cousins de la jeune femme, la voyant approcher, la salue d’un hochement de tête poli, une main posée sur leur cœur.
   
« C’est un plaisir de vous voir. »

Chante les trois cousins de la jeune femme, réveillant le quatrième qui, somnolant derrière le comptoir, glisse de sa chaise de surprise avant de se relever en catastrophe. Leurs yeux, eux, contredisent le ton jovial des salutations mais Raion les ignore, furetant dans la boutique comme s’il s’agissait de sa propre chambre jusqu’à capter la silhouette qu’elle cherchait. Elle rejoint alors, sans perdre davantage de temps, sous les regards interloqués des membres de la branche création en faction à la boutique.
   
« Ainsi, c’est donc vous, le mystérieux visiteur de Suna. » Elle se plante, bras croisé, à côté de l’homme venu faire ses emplettes, détaillant ainsi un peu mieux la curiosité qu’il était. « Soyez le bienvenu chez nous. Je suis Raion Kamiko, c’est moi qui vais m’occuper de vous. »

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Dakuwanda Kirai
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La curiosité travaille le Tailleur qui reste un instant face à la devanture. Quelle beauté pense-t-il alors que ses yeux glissent le long des courbes du bois teinté. À ses côtés, la chariote remplit d'or s'est transformé au détour d'une ruelle en une jeune femme des plus resplendissante qui, pourtant, n'exprime dans son regard que le froid de l'hiver. Face à cette démonstration fulgurante de l'art et du savoir-faire Konoha-jin, Kirai ne peut s'empêcher une petite incartade. D'un pas presque excité, il fait basculer la poignée de la porte d'entrée, éveillant quelques salutations des marchands. Une qualité d'accueil qui le fait sourire, tandis que, bien trop vite, son regard s'illumine.

Parmi les voûtes étoilés que l'on peut contempler l'été, nul ciel n'est aussi scintillant que le regard de l'Epouvantail face à de telles beautés. Tout dans cet espace exigu et pourtant si vaste, transpire le beau et la qualité. Un mélange de texture et de couleur qui donne presque le tournis au pauvre homme qui ne sait plus où tourner de la tête. Doucement, il s'approche des pièces présentées sur les mannequin, détaillant aussi bien les coutures que les techniques employés. Du grand art, même sur les pièces les moins élaborées. L'idée saugrenue d'un stage chez les Kamiko lui tire un sourire. Accepterait-il ? Sans doute que non. Car si le clan aux tissus est constitué de nombreux marchands, la base de leurs arts restent un savoir interdit.

Cependant, cette légère frustration n'empêche pas le Tailleur de se laisser aller dans les longues allées exigus, laissant ses yeux se couvrir d'ambroisie et de miel en contemplant chaque grain de tissus. Sans vraiment s'en rendre compte, il finit par se trouver dans la seconde partie de la boutique. Ici, nulle pièce sophistiquée digne des plus grands maître. Non, ici, l'art du tisserand est mit en avant, sous la forme de rouleau de tissus s'étalant sur des kilomètres et des kilomètres. Ce fait ne tarde pas à pousser le professionnel à se demander s'il n'est guère possible de créer une route jusqu'à Suna avec tout ce qui est présent ici. Néanmoins, son œil finit par se poser sur une soie qui éveille sa curiosité. S'approchant légèrement, il hume et contemple le travail et la qualité de l'article, ne manquant pas de remarquer qu'une présence bien particulière vient de faire son entrée.

Se redressant, comme par surprise, ses yeux se posent sur la jeune femme venue le troubler. Visiblement, les nouvelles vont vites dans ce village, ce qui ne manque pas de le faire sourire, alors que son hôte se présente sobrement. Et c'est à l'énonciation de son nom, que le visage du Tailleur s'illumine vraiment. Point de faux semblants, juste, la véritable admiration envers un membre de cette famille à l'art si prestigieux. Se posant face à elle, il s'incline respectueusement, posant sa main gauche sur son cœur tandis que ses lèvres n'arrivent à effacer ce rictus.

« C'est un honneur que de rencontrer un membre de cette talentueuse famille. » Doucement il se redresse. « Kirai, Humble Tailleur de Suna, c'est un véritable enchantement que de faire votre connaissance. » Repoussant son attention vers les colonnes de rouleaux, ses yeux trahissent la joie et l'excitation d'un tel spectacle, même si très vite, son rire, presque niais, vient briser le silence. « Je... Je peux être honnête avec vous ? J'ai déjà acheté du tissus Kamiko par le passé, mon chapeau, d'ailleurs, en est constitué. Mais je n'aurais jamais cru tomber sur... ça ! » Dit-il en ouvrant grand les bras, marquant aussi bien la beauté que l'intérêt profond pour l'endroit. « C'est un magnifique endroit dans lequel vous travaillez... Nulle doute que son propriétaire doit en être fier. »

C'est alors que son esprit fait un connexion presque oublié. Le Damyo ! La liste des tissus est vaste et le temps court. Frappant son point contre sa main, il détourne son regard vers la jeune femme. « Rah, j'ai failli en oublier la raison de ma venue ! Peut-être pourriez-vous m'aider ? Je recherche des tissus bien particuliers sur des quantités... Relativement grandes. » De son long manteau, il ressort un rouleau, où se trouve une liste de différents matériaux ainsi que les mesures requit. Délicatement, il le tends à son vis-à-vis, la laissant prendre conscience de ce qu'il cherche. « Oh... Et comme je suis là, j'aurais aussi une demande... spéciale... et plus... personnelle... Je cherche un tissus bien particulier, mais je ne sais pas si vous l'aurez en stock... Cependant, je compte sur votre discrétion. Si le bruit venait à courir que je cherchais ce genre de chose, sans doute que les répercutions seraient terribles pour moi... » S'approchant doucement de la jeune femme, il commence à murmurer. « Auriez-vous du tissus semblable à de la peau d'ourson ? Ainsi que de la mousse de rembourrage ? C'est pour l'anniversaire de ma sœur, j'aimerai lui faire une peluche, mais chut ! C'est un secret !... »

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Maintenant qu’elle était bien plus près, Raion en était certaine. La femme, au bras de son drôle d’homme, si elle était bien humaine, n’en avait que l’aspect. La symétrie, parfaite, de son visage au teint pâle lui donnait l’impression, presque dérangeante, d’avoir affaire à un tableau dont le peintre maniaque aurait donné corps et âme pour que son modèle y soit figé dans une allégorie de beauté divine et inexpressive. Clignait-elle seulement des yeux de temps à autre ? Les yeux fixés sur la jolie poupée, la brune sourit doucereusement à l’accumulation des compliments du dénommé Kirai. Partagée entre son envie irrépressible d’envoyer valser la foule d’éloge qui pleuvaient dans ses oreilles et son besoin, omniprésent, de s’assurer que rien ne viendrait perturber les plans qu’elle partageait avec Shirokuma, la Kamiko laisse son visiteur s’étaler encore davantage dans une direction qui lui déplait fortement. Elle n’avait nul besoin qu’on lui rappelle qu’elle excellait, bien trop préoccupé par les imperfections crasses qui se trouvaient, çà et là, au détour d’un rayonnage mal rangé ou d’un rouleau dont le tissu avait été froissé par négligence. Pourtant, malgré l’agacement qu’elle pouvait éprouver de cette situation inconfortable, elle se contente de sourire avec affabilité, à la grande surprise de ses cousins qui s’attendaient à la voir provoquer un esclandre. Ils se raidirent malgré tout, lorsque le client fit mention de travailler et de propriétaire, soudainement douloureusement conscient de l’aura étrangement contenue mais dont les quelques éclats de mauvaise humeur pouvaient parfois transparaitre dans les regards assassins que l’intendante leur lançait.
« Il est en velours teinté même. Une exclusivité de l’hiver dernier dont la femme du Daimyo du pays du Feu a demandé l’intégralité des rouleaux peu de temps après sa sortie. Vous avez eu de la chance d’arriver avant elle. » Elle profite de son comportement un brin trop exubérant pour revenir à sa singulière compagne et, focalisée sur la preuve irréfutable de sa vie par l’existence probable d’une respiration discrète et inaudible, elle répond distraitement à son interlocuteur. « C’est donc la première fois que vous venez ici en personne, j’imagine ? »

Pour quiconque n’était pas au courant de son petit manège, la conversation aurait pu paraitre anodine. Raion venait, pourtant, de poser la première pierre de l’interrogatoire discret qu’elle espérait mener sur le tailleur et, bien plus encore, de la décision de le faire surveiller davantage ou non. Etait-il vraiment là par pur amour de la couture ou cachait-il autre chose, à commencer par la nature de la femme qui restait à ses côtés dans un stoïcisme presque effrayant. L’intendante n’était pas bien sûre, à vrai dire, de l’avoir vu respirer mais qu’importe. Elle n’avait pas cligné des yeux une seule seconde et, plus dérangeant encore, n’avait pas tourné la tête vers son compagnon. Son visage, figé dans une expression sereine, ne s’était pas fendu d’un sourire ni même d’une remontrance pour l’individu totalement en roue libre qui évoluait près d’elle, pas plus qu’elle n’avait ne serait que tourné le regard vers lui comme aurait pu le faire n’importe qui. Pouvait-on réellement atteindre ce niveau de morgue à la seule force de l’habitude ? Raion en doutait mais quelle preuve pouvait-elle avoir ? Une fois de plus, elle ne put trancher sur cette étrange créature de compagnie, sans vraiment savoir si cette constatation rendait la visite rassurante ou non.
« Si c’est pour du tissu, effectivement, vous êtes au bon endroit. »

Malgré son trouble, la brune étire son sourire polie et saisit le rouleau qu’on lui tend. Le tissu, visiblement différent de ceux qu’on utilisait à Konoha, lui rappelait un peu celui des lettres de Kuma en moins luxueux. L’odeur, elle, était indescriptible mais elle ne pouvait résolument pas se résoudre à coller son nez sur le parchemin pour en avoir le cœur net. Aussi ouvrit-elle sa commande, passant en revue la liste, bien que longue, mais aisé à satisfaire, qu’on venait de lui remettre. Jute, chanvre, quelques soies par-ci, quelques gazes par –là. Le catalogue avait de perturbant cette capacité étrange de pouvoir satisfaire à la fois un tailleur et un embaumeur sans que la jeune femme ne sache réellement différencier auquel des deux corps de métier Kirai et son étrange accoutrement appartenait. Chassant cette énième question, sa tête se tourne vers l’un de ses cousins, à qui elle remet le rouleau sans cérémonie aucune, échangeant un bref regard ombrageux aux deux autres qui restaient en retrait, curieux de voir comment allait tourner la rencontre entre l’un des clients les plus étrange qu’ils aient jamais eu et la femme avec le moins de tact de tout Konoha.
« Asseyez-vous. » Malgré son amabilité, l’habitude de donner des ordres de Raion transparait un court instant dans sa proposition, alors qu’elle tend une main galante pour guider celle qui la perturbe tant vers un fauteuil et une table, disposés en retrait du gigantesque présentoir de tissu qu’était la boutique. Cependant, elle ne peut s’empêcher de laisser échapper un rire léger lorsque son visiteur se mit à insister soudainement sur sa discrétion. « Vous ne seriez pas le premier à nous demander un ensemble complet pour votre maitresse, ni le dernier. »

Jetant un regard équivoque au couple, elle scrute, aussi discrètement que possible, la réaction de ses deux interlocuteurs, à la recherche d’un quelconque mouvement qui pourrait, une fois de plus, lui prouver qu’elle se trompe sur l’étrange poupée à qui elle présente sa main. Une aubaine inattendue vient même lui octroyer un temps supplémentaire pour son observation minutieuse, que la chef de clan ne peut s’empêcher de saisir. Malgré le rapprochement soudain, elle ne trahit aucune crainte de voir l’homme, presque squelettique, se pencher légèrement vers elle comme s’il allait lui offrir le secret le plus honteux qui puissent exister. Qu’attendait-il donc ? De la corde tissée ? Des sous-vêtements élaborés ? Un travail du cuir particulier ? Peut-être même voulait-il investir dans l’un des harnais en métal tissé étrange qu’elle voyait parfois apparaitre, çà et là, sans vraiment savoir à qui appartenait les créations. Du haut de son expérience de marchande confirmée, Raion savait que les clients les plus secrets étaient ceux dont la honte dictait la conduite. Un comportement donc qu’on pourrait s’attendre de la part de l’homme qui habille le Daimyo du désert. Mais, de toute les possibilités, elle n’avait pas, à un seul instant, envisagé ce qu’il venait de lui susurrer honteusement, comme s’il s’agissait là d’une ignominie sans nom et dût se faire violence pour ne pas laisser paraitre le début de sourire amusé qu’il venait de lui arracher.
« Un ourson ? »

Il y avait de quoi être étonnée par la requête innocente, après toute les demandes de vice qu’on avait pu lui formuler. La fourrure n’était pas si rare dans les demandes de la boutique mais il était peu courant qu’elle soit formulée ainsi. Les quelques peaux qu’ils pouvaient avec étaient, bien souvent, l’œuvre d’une chasse occasionnelle pour les forestiers ou d’une erreur de gibier d’un chasseur un peu trop distrait. La question n’était donc pas si elle avait – bien qu’elle ne soit pas certaine de disposer d’ours en particulier – mais bien plus si elle était disposée à lui vendre quelque chose d’aussi couteux sans sourciller. Croisant les bras sous sa poitrine, réfléchissant un bref instant à la question, elle manque d’oublier de remercier l’un de ses cousins revenus avec un plateau de thé fraichement infusé. Les trois tasses claquent doucement sur le bois massif de la table basse, et, alors que l’eau versée trouble le silence apaisant dans la boutique, la brune se laisse tomber dans le fond de son siège.
« Il est possible que nous en disposions. Il est même certain que nous avons au moins des chutes dans l’atelier, mais je ne peux garantir le reste. C'est un cuir relativement cher, et souvent réservé aux nobles, si j’en dispose, en admettant que c’est bien le cas, il est possible que l’argent vous décourage. Avez-vous pensé à un remplacement si vous ne pouvez trouver votre bonheur ? » D’un signe de main, elle signifie à l’homme entre eux de se rapprocher et, après une série de messe basse, le laisse disparaitre dans l’arrière-boutique, à la suite du premier. Seuls dans la salle, la jeune femme les gratifie d’un immense sourire de femme d’affaire. « Il serait regrettable, après tout ce chemin, que vous repartiez insatisfait. Que diriez-vous d’essayer en avant-première nos premier tissu d'imitation ? Nous les réservions pour la collection d’hiver prochaine mais, étant donné votre fidélité manifeste… » Elle désigne, d’un revers de poignet, les vêtements de ses deux interlocuteurs dont elle reconnait le textile un peu vieillot qui porte la marque des premiers tissages exporté par son clan. « Pourquoi vous priver de ce genre de nouveauté ? Il sera bien plus aisé à manier que le cuir et n’en portera pas l’odeur, même discrète. Vous pouvez même, si vous le souhaitez, faire confectionner votre cadeau ici même en formulant une requête à nos créateurs… »

Les modalités de commande suivirent, laissant le temps au cousin de la Kamiko de revenir, chargé d’une série de trois rouleaux d’aspect étrangement identique. Elle se garda bien, toutefois, de les prévenir que dans la sélection se trouvait la fourrure de l’animal demandée, curieuse de voir si son interlocuteur s’en apercevrait ou non.
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Invité à s'asseoir, le Tailleur affiche un air agréablement surpris, ne se faisant pas prier pour poser son postérieur sur une assise qui épouse à la perfection ses formes endoloris par la longue marche depuis Suna. La convivialité de son hôte le laisse sans voix, si bien que, pour une fois, il se laisse aller au jeu du client et du marchand, bien content de voir les rôles inversés pour une fois.

« Je dois bien avouer, que pour une première à Konoha, je suis ravis que le hasard m'ait mené à vous ! »

Petite réponse à une question passé qui pour lui, n'a guère d'importance. Est-ce vrai ? Est-ce faux ? Personne au fond ne peut le savoir, et même si dans son cerveau habile, il sait qu'il n'est pas en territoire ami, l'Epouvantail se laisse aller pour une fois à l'excitation, oubliant son statut pour se laisser aller au moment présent. Entouré d'Hikari et de myriades de tissus, le Tailleur s'oublie, alors que chacune de ses inspirations lui fait sentir le doux parfum délicat de la soie et des autres denrées qui pullulent en ce lieux.

« Oui un Ourson. C'est bientôt l'anniversaire de ma petite sœur, Erisa, une jeune femme sommes toutes charmantes promit à un bel avenir si vous voulez mon avis ! De beaucoup dirons que je ne suis pas objectif avec ma sœur, et sans doute auront-ils raison ahah ! Mais je voulais sauter sur l'occasion pour lui faire un magnifique cadeau. On a pas vingt ans tous les jours ! »

Étonnement, ou pas, sa langue se délit facilement au contact de la jeune femme. Pourtant, dans sa logorrhée, il ne peut s'empêcher de voir que quelque chose trouble son regard. Est-ce Hikari ? Il est vrai que pour le commun des mortels, une telle beauté froide et glaciale peut être déroutante. Et alors que son vis à vis commence à lui expliquer que pour s'enquérir d'une pareille peau, il va devoir sans doute y laisser le prix, sa main se pose délicatement sur celle de la poupée parfaite qui s'est assis à ses côtés. Mécaniquement, elle tourne la tête vers lui, n'affichant pas grande émotions alors que l'Epouvantail lui propose de faire un tour, le temps que lui-même et Raion parlent affaire. La marionnette-femme hoche la tête et se relève, parcourant les allées diverses en posant son regard sur les différents rouleaux, s'adonnant à quelques sensations agréables en touchant certains. Un faux semblant qui malheureusement, est obligatoire et ça, le Tailleur ne le sait que trop.

« Veuillez pardonner mon amie, elle n'est guère habituée à côtoyer autant de monde ni à sortir de Konoha. Par contre, je serais des plus honorés de pouvoir me saisir en avant-première de ces tissus ! Je dois bien avouer ma stupéfaction ! De l'imitation de peau ? Par quelles diableries ingénieuses est-ce donc possible ? Vous me laissez sans voix cher ami ! »

Sans voix, mais toujours dans l'exubérance des émotions. S'enquérant de quelques gorgées de thé, sa surprise est d'autant plus grande lorsque la jeune femme lui propose ce qu'il n'eut pu alors qu'imaginer en rêve. Manquant de s'étouffer sous sa gorgée, il regarde avec un air ahurit la Kamiko, déposant la tasse sur ses genoux.

« Vous feriez ça ? Pour moi ? Vraiment ?... Je... Je ne sais trop quoi dire. C'est déjà un immense honneur que d'avoir accès en avant-première à pareilles beautés ! Je... Vous me laissez sans voix Raion-san... C'est bien trop d'honneur pour un humble Tailleur tel que moi, même si vous ne pouviez pas remplir plus mon cœur de joie ! »

Il se tourne vers elle, véritablement excité par pareille opportunité. Mais alors qu'il est encore sous le choc de la proposition, un des vendeurs arrive, avec, dans ces mains, trois rouleaux dont la couleur et la texture varie. D'un simple coup d'oeil, l'Epouvantail se voit subjugué par pareille travail. Doucement, il tend la main, presque hésitant, comme si toucher de pareilles beautés suffirai à les tenir. Puis vint le moment du contact et là, la surprise est d'autant plus grande. Doucement, il laisse son sens du touché prendre connaissance des textures des artefacts, non sans témoigner d'une certaine fierté à pouvoir les contempler.

« C'est incroyable... Vous dites que ce sont tous trois des imitations ? Je dois bien l'avouer, j'ai du mal à en faire la différence... »

Il passe d'une peau à une autre, observant avec attention les teintes, les reflets, la composition de la fleur et de la croûte de ces cuirs qui, pourtant, semblent bien différent sur un point. Ses yeux se ferment, un sourire apparaît alors que son regard se pose sur la jeune femme. Un échange rapide se fait, sans mot, juste avec les yeux. Dans sa main, il tient un bout de cuir différent des autres. Non par son aspect, ni par sa texture, mais bien par sa composition, plus grossière, moins parfaite, d'où se dessine quelques irrégularités d'épaisseurs. C'est là, qu'il comprends, en silence, qu'il se fait tester. Cela le fait rire intérieurement tandis que son regard se repose sur les tissus. Et machinalement, presque avec une légère désinvolture, il pose son dévolu sur un rouleau. Non, il ne s'agit pas du vrai cuir d'ourson qui est choisit, mais bien l'imitation, presque trop parfaite et régulière.

« Celle-ci sera parfaite. » finit-il par lâcher, presque amusé de la situation. Pourquoi a-t-il fait le choix du faux plutôt du vrai ? La réponse est aussi simple qu'elle en devient infantile. Si vous avez le choix entre un cuir parfait, confectionné grâce à l'art ancestrale d'un Clan de Shinobi, et une peau d'ours imparfaite, qu'aurez-vous choisi ? Elle l'a dit, l'imitation ne porte pas d'odeur et est plus maniable que le cuir qui, parfois, est une plaie pour les mouvements fluides selon l'épaisseur de ce dernier. Le choix est donc vite vu pour l'Epouvantail qui, cependant, ne peut s'empêcher de se demander pourquoi ? Pourquoi l'avoir mit face à une telle décision ? Un sourire en coin se dessine.

« Il est vraiment fort dommage que nos pays se trouvent si loin l'un de l'autre... Quand je vois tout ce qui se présente à moi dans ce magasin aujourd'hui... N'avez-vous jamais pensé à ouvrir un magasin à Suna ? Ahah. Enfin, je dis vous, vous n'y êtes pour rien je présume. Nul doute que vos supérieurs doivent avoir de belles raisons pour ne pas importer vos merveilles en dehors du pays du Feu. Il n'empêche que si j'avais accès à un aussi large gamme de choix, nulle doute que je ferais des merveilles tous les jours... Mais avec des « si » on met le désert en bouteille n'est-ce pas ? Ahah... En tout cas je vous remercie, par contre, je pense m'essayer seul à la confection de l'ourson. Non pas que je doute de vos dons en matière de couture, bien loin s'en faut ! Mais vous comprenez... J'ai toujours confectionné moi-même les jouets de ma petite sœur. Ils ne sont pas parfait, certes, et n'auront jamais la grandeur de votre talent... Mais j'y tiens... Et croyez moi bien quand je vous dis qu'il m'en coûte de refuser pareille proposition ahah ! »

Tombant dans son fauteuil, son regard se perd sur les artefacts qui pullulent dans un espace aussi étroit. Une caverne aux merveilles dont il veut se saisir, sans en avoir la possibilité. Une frustration qui se lit sur son visage alors que son attention revient vers son vis à vis.

« Et... Et si demain, j'aurais besoin d'autres tissus. Pensez-vous qu'il serait envisageable de passer un petit arrangement entre nous ? Je connais un Clan de Marchand Itinérant qui n'ont pas peur de faire de grandes distances. Sans doute parce que, contrairement à moi, ils sont beaucoup plus costauds ahah ! Mais passons... Pensez-vous qu'il serait possible d'en parler avec un de vos supérieurs ? Tout cela, moyennant un marché équitable bien évidemment... »

Et alors que la proposition est lancée, Hikari ressurgit paisiblement d'une des allées, s'approchant à nouveau pour s'asseoir aux côtés de Kirai.

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La réaction de son interlocuteur dépassait de très loin ses attentes. Kirai, s’il était bel et bien présent pour un motif externe à la visite de la boutique Kamiko, cachait véritablement bien son jeu. Les yeux pétillants d’une joie enfantine, à la simple promesse d’une nouveauté inaccessible et anticipée. Il affectionnait sincèrement leur travail et lui donnait là une occasion en or de tester des produits encore inachevés. Valaient-ils autant que les tisseurs à l’origine de leur création le clamaient ? La directrice de branche qu’elle était le pensait, mais quoi de mieux qu’un consommateur averti, pour en juger ? Le laissant se perdre en ravissement, elle ne lui répond qu’à peine, bien plus intriguée par ce qu’il parviendra ou non à déterminer.
« Raion, juste Raion. » Elle le corrige doucement, bien qu’un léger froncement de sourcil accompagne son expression amicale. « L’exclusivité fait partie de la fidélité. C’est, d’ailleurs, ce qui nous rend si unique et qui nous fait autant aimer notre clientèle. »

Un sourire apparait sur le visage de la jeune femme, alors que la main du tailleur se pose sur les tissus. S’adossant au fond de son siège, un bras sous sa poitrine, l’autre soutenant son menton, elle le laisse savourer les différentes texture tout son saoul, scrutant ses gestes avec une attention toute particulière. Avait-il le toucher et l’expertise de ce qu’il prétendait être ? Le tressaillement, infime, de son interlocuteur, suivit par son coup d’œil rapide, ne laisse alors planer aucun doute. Il savait. L’approbation amusée de la jeune femme pour toute réponse à ce dialogue sans parole, le tailleur replonge dans son inspection. Et non seulement il savait, mais il avait habilement choisi l’imitation, malgré que Raion ait exaucé son souhait de manière indirecte. Sa demande était formulée par l’idée, et sa raison la rectifiait selon la faisabilité. Elle avait, à n’en pas douter, un véritable créateur sous les yeux. Pour mille question de praticité, son choix était le meilleur. Quel enfant voudrait d’un ourson qui sent la sueur et la douleur ? Aucun. La douceur aussi, synthétique, était plus durable, moins difficile à entretenir. L’ourson serait sans doute parfait, même si elle n’aurait pas spontanément offert de peluche à une femme de vingt ans.

Les deux jeunes gens se dévisage l’un l’autre, leur sourire se répondant dans une entente étrange. Un instant, les Kamiko qui assistent à la scène ont la brève impression de voir en double, avant que l’homme ne reprennent la parole. L’idée, cependant, suffit assez pour faire déguerpir le cousin de Raion avec les prototypes, ayant pour seule consigne d’en découper assez pour un ourson de la taille désirée par le client. Celui qui avait quitté le comptoir pour leur servir du thé choisit cet instant propice pour s’éclipser à son tour, les laissant à présent parfaitement seuls dans cette annexe du domaine du clan tisserand. La grande brune, soulagée de ce public indésirable, se relâche un peu, saisissant la théière pour resservir le Sunajin. Elle aurait aimé profiter de l’occasion pour épier un peu plus l’étrange demoiselle mais son absence l’en empêchait. Pourtant, elle ne pouvait s’empêcher de tiquer. Peu habituée à la foule, il la laissait repartir à l’intérieure de celle-ci seule ? Sortir de Konoha ? Jamais, au grand jamais elle n’avait eu vent d’une personne correspondant à cette description à l’intérieur de leur mur et, au vu de son apparence si parfaite et millimétrée, l’erreur était impossible. Si elle était bien originaire du village, elle n’aurait pu passer inaperçu. Cette fois-ci, le dialogue ne tenait pas. Mais pourquoi diable dissimuler son identité, si c’était le cas ? Perdue dans ses conjectures, Raion manque de faire déborder la tasse de Kirai, alors qu’il repart dans de grande envolées lyriques.
« Un regret que je partage en tout point. » La sincérité transparait dans la voix de la marchande, alors qu’une ombre passe en catimini dans le fond de son regard. Se moquait-il d’elle ? N’était-il pas au courant de la délégation ? Il lui mentait déjà pour sa compagne, aussi ne serait-elle pas surprise que l’allusion innocente n’en soit pas une. « Mais qui sait, peut-être que le monde évolue. » Elle élude la conversation, mais rien dans son sourire mutin ne montre qu’elle est dupe. A n’en pas douter, il la testait sans doute, à son tour. Une politesse qu’elle ne pouvait que lui concéder, après avoir été la première à se lancer dans ce petit jeu. « Je vous en prie. Il est de coutume de proposer nos services mais rien de vous force à l’accepter. »

Alors qu’il se perd dans la contemplation de la boutique, Raion craque. Son chakra reflux brutalement dans ses yeux, illuminant brièvement ces derniers d’un étrange reflet bleuté avant de se stabiliser dans un mélange harmonieux et naturel. Clignant des paupières pour s’habituer à ce changement de vision, elle manque de temps pour lire l’expression exacte qui anime le jeune homme. Elle cherchait, avec une discrétion toute relative pour être tout à fait honnête, l’empreinte de la femme qui accompagnait son client. Si elle n’avait pas trop oublié ses cours de genin, chaque être vivant disposait d’une signature et d’un chakra propre n’est-ce pas ? Quelque chose qui ne pouvait donc ni être fin, ni dupliqué. Silencieuse, la jeune femme passe de l’un à l’autre, son sourire aimable se suspendant, l’espace de quelques instant avant de reparaitre de plus belle.

Elle venait de le tester ouvertement, l’épier de manière fort peu civilisé et il lui proposait un partenariat marchand ? La situation avait tout l’air d’une immense blague dont l’instigateur finirait bientôt par lui révéler le pot-au-rose. Et pourtant, l’albinos et son étrange compagne avait cet mine sérieuse et déterminée qu’elle connaissait tant, pour l’arborer elle-même à l’approche des signatures. Les cartes s’agençaient donc, dans un schéma étrange et si propre à l’individu à qui elle faisait face, lui dégageant une brève porte de sortie pour faire preuve d’intelligence.
« Une très bonne description des Akayuki, si vous voulez mon avis. »

Une étincelle d’amusement brille dans ses yeux, alors que le mouvement dans son champ de vision la fait quitter son interlocuteur une courte poignée de seconde. Il ne savait pas à qui il avait affaire et la situation n’en était, quelque part, que plus amusante et épineuse encore. Comment pouvait-elle l’amener à lui confesser son idée, sans lui faire comprendre qu’il était déjà, en train de conclure une affaire avec le diable en personne ? Croisant les jambes, elle relâche ses bras pour s’accouder à son fauteuil et réfléchir à l’offre. Il avait avoué, de lui-même, ne pas être un parent de Shirokuma alors pourquoi proposer un deal ? Que pouvait bien avoir en tête le tailleur, pour se risque sur des plates-bandes qui n’étaient pas les siennes ? Il l’ignorait sans doute, mais elle connaissait suffisamment l’un des Triumvirats pour ne pas être dupe. Il ne venait pas en leur nom, jamais son prétendant n’aurait osé un mouvement qui dépassait la raison comme celui-ci. Alors pourquoi ? Que gagnait-il vraiment, dans cette histoire ? Raion meurt d’envie de froncer les sourcils mais conserve son expression neutre et confiante, réprimant jusqu’à la moindre parcelle de réflexion qui pouvait transparaitre. Elle attendait de voir où le Sunajin souhaitait en venir, soupesant déjà chacun de ses mots pour les comparer à ce qu’elle possédait déjà comme informations.
« Définissez marché équitable. »

L’un des Kamiko réapparait alors, chargé des paquets exigés par leur très cher client et, après les lui avoir présenté, étale un gigantesque rouleau au sol. Le parchemin, vierge, se remplit bientôt petit à petit des commandes, dans une série de Funyu parfaitement réalisé et dont la fumée remplit bientôt la petite boutique, ne laissant qu’entrapercevoir la fin de l’exécution des sceaux et la fermeture de l’objet de stockage avant qu’il ne soit déposé, silencieusement, au pied de la table.
« Il est rare de voir un externe aux clans se porter garant d’un échange. Comprenez donc ma surprise de voir un Sunajin me permettre d’introduire chez lui différents rouleaux de stockage, sur la seule bonne foi d’une personne qu’il ne connait pas. »

Le visage aimable de Raion s’éclipse, laissant place à une perplexité réelle. A-t-il seulement pensé aux conséquences de ce qu’il propose ? Si les choses avaient été si simple, les échanges auraient déjà bon court entre eux. Jamais, sans doute, l’Akayuki et la Kamiko n’aurait eu à envisager un mariage arranger pour simplement pouvoir discuter sans risquer d’être accuser de compromettre leur village respectif. Pire, même, jamais l’intendante ne se serait embarrassée d’effort pour se faire passer incognito à travers le Sekai pour parler commerce avec un clan indépendant. Si la brune connaissait d’ors et déjà le caractère irraisonnable de Kirai, il venait de prouver qu’il l’était peut-être bien plus encore qu’elle ne le pensait alors. Sa compagne, bien que mouvante, n’avait, une fois de plus, qu’à peine réagit à cette offre au-delà de toute conscience. Etait-elle sourde ? Non, sinon elle ne serait pas partie lorsqu’il lui avait proposé. Aveugle non plus, puisqu’elle se mouvait avec aisance entre les obstacles, un peu trop nombreux, qui existait sur la route qui ramenait vers la rue principale. Quelque chose clochait définitivement, mais rien, dans toute cette situation, n’avait quoi que ce soit de conventionnel. Mais comment mettre le doigt sur une anomalie, lorsqu’on en était entourée ? Une question difficile, épineuse, qui rendait un peu plus difficile, à chaque minute, de ne pas faire voler sa couverture de simple vendeuse en éclat.

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Le sourire de Kirai ne quitte pas son visage alors que la jeune femme témoigne d'une certaine connaissance du Clan marchand. Un fait qui le marque, sans pour autant que cela se voit sur sa face. Mettant cela de côté dans la case des détails, il ne peut cacher son excitation lorsque la dame demande quelques précisions sur sa propre notion de marché équitable. Depuis combien de temps n'a-t-il pas jouer à ce jeu là ? Trop longtemps à son goût. Les Sunajin étant, malheureusement, très peu enclin à ce genre de jeu, il est rare pour le Tailleur de faire face à une personne dont la notion de « marchandage », ne se résume pas à « Donne moi ce que je veux ou dégage. » Une véritable bouffée d'air frais qui ne manque pas d'accentuer son sourire alors qu'Hikari plonge son regard vitreux dans celui de la dame. Sans un mot, elle scrute les moindre fait et geste de cette marchante, laissant son maître se délecter de cette partie d'échec qui commence à peine.

Car alors que les pièces se mettent doucement en place, l'Epouvantail se trouve déjà face à une situation des plus incongru. Pourquoi diable parle-t-elle politique alors qu'il n'est question que de tissus ? Très vite, le cerveau analytique de l'homme se met en route, ternissant son sourire pour une moue des plus tristes. Se grattant un moment le menton, il laisse son regard se poser sur la tasse de thé, faisant plonger son esprit dans une myriade de possibilités qui ne l'enchantent guère.

« Il est vrai que nos deux pays ne sont pas vraiment ami dans les faits... Rah, la politique, voilà bien un sujet sur lequel je ne comprendrais jamais nos contemporains. Néanmoins, si Konoha et Suna ne sont pas ce qu'on pourrait dire, de grands alliés, j'aime à croire que la couture et la création sont des médiums universelles ! Certes, je vous conçois bien que si l'on m'entendait à Suna, sans doute qu'on verrait d'un mauvais œil ma proposition, néanmoins... Je n'ai pas grand chose à faire de cela. Je ne suis guère présent en tant que Sunajin, mais bien en tant que Tailleur du Damyo du Pays du Vent. Et je doute que mon seigneur et sa noble dame, ne puisse se contenter de tissus de secondes mains, une fois qu'ils auront goûté aux délices de votre clan ! »

Son sourire s'affiche à nouveau, alors qu'il plonge son regard dans celui de son vis à vis, s'approchant légèrement, comme pour confesser un crime sucré à une confidente.

« Et puis... Si cela peut rester entre créateurs, je dois vous avouer que je ne suis guère friands de tout ces sycophantes qui pullulent au sein des Clans du Suna ! Si les Serika possèdent une certaine classe, ils n'en demeurent pas moins des rustres, bornés, et suffisant ! Quant aux Shirogane ! HOY ! Je les déteste presque autant que ces singes de Nozomos... Il ne reste que les Akayuki qui me sont sympathique, même si, de vous à moi, on ne peut pas vraiment dire qu'ils soient tous d'une intelligence folle ! Mais par tous les kamis ! Je divague. Pardonnez la bassesse de mes paroles, il m'est rare de discuter avec quelqu'un d'autre qu'Hikari ou ma sœur, et d'autant plus avec une personne qui partage mon goût pour le beau... D'ailleurs, maintenant que nous sommes entre nous, vous pensez qu'un petit accord discret pour le bonheur de mon Damyo est possible ? Ou faudra-t-il que je passe par vos supérieurs hiérarchiques ? Je me doute que vous devez avoir les mains liés par quelques responsabilités néanmoins... » il s'avance à nouveau, lui faisant signe de se rapprocher avant de se mettre à murmurer. « Il n'y a pas de mal à passer par les chemins de traverses si l'on y trouve chacun notre compte, non ? »

Il s'éloigne, affichant un sourire malin, presque enfantin face à tout ceci. Tandis qu'un œil n'a de cesse de regarder la moindre variation de comportement chez la jeune femme.

« Après tout, je suis le Tailleur du Damyo. » finit-il dans un clin d'oeil alors qu'il rapproche sa tasse de thé pour en saisir quelques gorgées.

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Un instant, l’intendante du village reste coite, devant les deux signatures de chakra qui lui font face. Si elle n’avait malheureusement pas le loisir de pourvoir disposer de tout le panel visuel qu’elle pouvait avoir d’ordinaire, une seule chose prenait le pas sur le reste. Des jumeaux, à minima. Une anomalie équivoque, pour quelqu’un sensé être originaire de Konoha. Une bizarrerie de plus que la Kamiko se trouve contrainte de reléguer au second plan, alors que deux prunelles exsangues se fixe sur elle. Une nouveauté, cependant, puisqu’elle était restée totalement inactive depuis la quasi-totalité de la discussion et venait soudainement de lui manifester un semblant d’intérêt. Mais que penser devait-elle penser de cette mystérieuse femme qu’elle toise sans sourciller ? Sans doute rien de plus positif qu’elle n’en pensait de son compagnon. Elle semblait étrangement réceptive à ses consignes, pour une raison qui échappait à la brune.
« Si seulement plus de personne pouvait partager cette vision, mon travail n’en serait que plus aisé. » Elle soupire, balayant le discours de son interlocuteur contrarié d’un revers de main, le sourire au coin des lèvres. Il n’aimait visiblement que très peu la politique, et n’était donc sans doute pas lié, de près ou de loin, au bureau du Kazekage, ni aux hauts dignitaires du pays, pour ses qualités d’informateurs. « Et, je vous le concède, nous ne vivons que pour l’emporter sur nos concurrents, peu importe le pays ou la région. Du moins, c’est ma vision des choses. »

Bien vite, l’aveu s’étouffe dans leur échange de regard, sans que la jeune femme ne daigne bouger de son siège. Elle ne cille pas de le voir s’infiltrer dans son espace personnel comme une anguille, son attention davantage concentrée sur le reste de son discours. Les informations s’enchainent, dans un tourbillon si rapide que Raion manque d’en louper la plus part. Serika, comme le nom du Kage. Le clan devait très certainement disposer d’un poids politique certain, en plus de cette figure d’autorité, mais n’était peut-être pas les meilleurs pour ouvrir un dialogue. Shirogane ? Le clan lui était familier, sans qu’elle puisse pour autant parvenir à saisir leur spécialité, l’avis de son interlocuteur n’ayant pas nécessairement d’utilité à son analyse. Des Nozomos, elle se souvenait de deux têtes brunes, d’âge relativement proche du sien, mais rien de plus qui ne les démarque des autres ninjas qui étaient présent ce jour-là. Quant aux Akayuki … La remarque la fait à peine lever un sourcil mais ne manque pas de l’étonner. Avait-elle eu affaire au fils prodigue de la famille ? Voilà une question intéressante qu’elle poserait sans doute à Shirokuma lorsqu’elle le reverrait. Son sourire, pourtant, se fait soudain énigmatique sans qu’elle ne défende quiconque, préférant garder ses atouts dans sa manche. Ainsi donc, le fieffé tailleurs n’appartenant à aucun clan. Là encore, une information précieuse, qu’elle s’empresse d’ajouter à sa collection dans un silence d’écoute poli. Elle préfère même ne pas se risquer à répondre à la demande de Kirai, se contentant de s’approcher lorsqu’il le lui demande, son étrange air impénétrable pour seul repère. Lancé comme il était, il aurait été dommage de le couper et rater, potentiellement, là où il voulait en venir.
« Chemin de traverse ? » Cette fois-ci, le sourire de la Kamiko réapparait, étincelant d’un amusement bien au-delà de toute espérance. Il venait de lui fournir le fil rouge du personnage qu’il lui fallait, sans même le savoir. « Voilà qui ne manque pas d’humour, de penser que nous ne nous sommes pas déjà infiltré dans le marché du Kaze no Kuni. » Profitant de la proximité avec le tailleur, elle lui murmure à l’oreille depuis cette position troublante, guettant une réaction de la jeune femme assise à leur proximité. Il voulait, visiblement, lui opposer un défi mais savait-il seulement à quel point Raion était déjà engagée sur l’échiquier ? « De créatrice à créateur, je ne suis pas surprise que les premiers arrivages soient passés inaperçu, puisqu’ils n’ont pas été estampillé sous notre sceau de clan. Mais je suis sûre que vous saurez le retrouver, comme vous avez remarqué le cuir tout à l’heure. »

Elle le laisse s’échapper avec ce petit mensonge, s’asseyant à nouveau, l’air de rien. Elle n'avait, en vérité, aucune garantie que les marchands indépendants qui se fournissaient chez elle soient arrivés jusqu'à Suna mais la présence de Kirai ne faisait que la conforter dans son hypothèse. S'il y avait demande, nul doute que quelqu'un capitaliserait dessus, d'une manière ou d’une autre. La brune saisit sa tasse de thé, laissant au tailleur le temps de digérer leur petit secret. Il n’avait aucune idée d’à qui il parlait, depuis le début de l’entrevue, et ça jouait en sa défaveur. Tête de la branche création, chef de son clan et maintenant intendante du village, les devoirs se confondaient en même temps que la discussion évoluait. L’ambition de Raion, manifeste, ne restait pas passive mais elle était surprise que les occasions se ménage aussi vite et aussi bien. Si son interlocuteur n’était pas aussi exotique, elle aurait presque pu penser à un test de son propre Daimyo. Toutefois, elle jouait à un jeu dangereux. Les informations s’échangeaient, doucereusement, sur un fond de rivalité qui menaçait de lui faire avouer sa position. Elle était maintenant assez haut pour parler d’un des secrets du clan, mais pas assez pour extrapoler sa question purement diplomatique originelle. Son rôle ne tiendrait peut-être pas suffisamment debout qu’elle l’aurait voulu. Si Kirai n’était pas aussi bête qu’il avait tenté de le faire croire, peut-être avait-il déjà assez de pièce en main pour penser mettre le doigt sur son identité. Entre ça et la farandole colorée des rumeurs qui courrait à son sujet, Raion s’était que ça ne se soit pas déjà produit pendant la discussion, mais ne s’en plaignait pas. Tout avantage, dans une négociation, était bon à prendre.
« Mais un passe-droit légal reste toujours une excellente acquisition, lorsqu’on veut voyager. Que ma hiérarchie soit impliquée ou non. » Elle remerciait sincèrement ses cousins d’être partis. Bien que l’échange actuel n’ait rien d’anormal pour eux, ils n’auraient sans doute jamais pu réprimer un petit froncement de sourcil à cette seule phrase. Et il n’était pas question de se dévoiler pour une erreur aussi bête. « Puisque nous parlons de chemins détournés, mon cher, qu’en est-il de vos compatriotes ? Que pensez-vous des négociations en cours ? Comment accueilleraient-ils un peu de création dans un village si réputé pour son état primal, d’après vous ? »

L’ambiguïté volontaire de l’une des questions n’échapperait pas à son interlocuteur, la Kamiko l’espérait. Continuerait-il sur leur discussion à eux, ou en viendrait-il à la délégation avortée qui avait eu lieu ? Anodine, noyée au milieu d’une curiosité qui devrait lui fournir de quoi relancer sa machine de dédain envers ses camarades Sunajin, l’avancée discrète du pion ne payait pas de mine mais pourrait bien vite, se métamorphoser en une nouvelle carte majeure à ajouter à son jeu.

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La surprise. Il y a dans chaque discussion, chaque partie d'échec, un moment où, trop fier de sa position, l'on en oublie que l'on joue contre quelqu'un connaissant aussi les règles pour gagner. Est-ce le cas ici pour l'humble Tailleur qui ne peut s'empêcher de sourire ? Non. L'amusement est sincère, d'autant plus que la jeune femme vient de mettre le doigt sur quelque chose qui ne peut que l'amuser. Et cela se remarque alors qu'il lâche un léger rire, tapant sur sa cuisse pour marquer l'ironie de la situation. Comme un simple enfant, il vient de se faire montrer toute la puissance d'un monde que Suna lui a retirer de la vue. Et le simple fait que ses compatriotes ne soient pas au courant de ce petit secret l'amuse d'autant plus.

« Je dois bien l'avouer, vous êtes une femme surprenante... Ahah... Je passe bien pour un fou avec ma proposition maintenant... »

Échangeant un regard complice avec la jeune femme, il présente sa tasse de thé, comme pour trinquer dans la vide à cette magnifique bataille qu'il vient de perdre. Sans rancœur ? Oui. Le moindre sentiment néfaste n'a pas sa place ici, même si la fierté prend un léger coup. Une douleur qui s'estompe alors que la voix de la jeune femme se délit à nouveau pour ne pas laisser son vis-à-vis sur cette douce note amer. Visiblement, même si les choses sont déjà faites, la créatrice n'est guère contre un passe-droit qui pourrait lui conférer quelques facilités personnelles envers Suna. Un détail qu'il ne manque pas de marquer dans le coin de sa tête.

« Il ne reste qu'à vous de me dire si cela vous tente. Même si je suis étonné que cela vous intéresse personnellement. »

Doucement, il repose alors sa tasse, écoutant avec une certaine curiosité comment la jeune femme finit par dévier le sujet principale jusqu'à quelque chose dont le Tailleur ne pense pas grand chose tant il n'est guère au courant de ces choses-là. Ne manquant pas de marquer sa surprise, ce dernier s'arrête dans son acte, marquant l'incompréhension et la surprise alors qu'il retombe dans son fauteuil, un léger sourire aux lèvres.

« Des négociations ? Voyez-vous cela... Je n'étais pas au fait que Suna se laissait aller à quelques diplomaties ! Je dois bien l'avouer, vous me surprenez ma chère ! Être obligé de sortir de mon village pour en apprendre sur ce dernier, voilà qui est pour le moins cocasse ! Ahah. Même si je dois avouer que cela ne me surprend pas dans le fond... Les vieilles instances archaïques commencent à laisser place à la nouvelle génération. Des gens bons et désireux de s'ouvrir au monde... Une bonne chose si vous voulez mon avis, même si cela m'étonnera toujours et ne peut m'empêcher de penser... Rah non laissez tomber... »

Bougeant dans son fauteuil, il regarde son vis à vis avec une certaine insistance, ne sachant pas vraiment s'il peut se permettre de telles paroles. Mais alors que l'indécision semble le prendre, il finit par sourire à la dame.

« Roh et puis mince ! Vous m'avez fait confiance, je peux me permettre de vous dire ce que je pense... Pour moi tout ceci, n'est qu'une façade... Je ne vois guère les Serika se lancer dans une croisade à la paix autour du Sekai. Et il en va de même pour tous les clans de Suna. J'ai beaucoup de mal à croire que les liens qui seront tisser seront aussi purs et amèneront à une paix durable entre nos deux pays. Je veux dire, bien entendu, d'un point de vue commerciales, tant que l'or circule, tout est possible. Mais sur les autres domaines ? Les Shirogane sont des paranoïaques fourbes qui n'hésiteront pas à tuer quiconque s'approche trop de leurs secrets. Les Nozomos sont des gorilles dont l'intelligence reste encore à prouver tant ils pensent plus avec leur sabre. Il nous reste qui ? Les Akayuki ? Ca reste du pur commerce, surtout quand vous connaissez la réputation de certains triumvir ! Croyez moi, je plains leurs femmes et surtout leurs enfants... M'enfin, je suppose qu'à Konoha, ça ne doit pas être plus florissant non ? J'ai cru entendre que votre Kage ne venait pas d'un des Clans majeurs de Konoha ? Ca a du être un choc politique pour le village ! Ahah. »

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Kamiko Raion
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Bingo. Voir la surprise évoluer en amusement sur le visage du tailleur était un spectacle aussi détonnant que délivrant. Il n’avait visiblement pas l’air de mal prendre le fait d’avoir été légèrement corrigé dans sa tentative maladroite et, si son but avait été de glaner quelques petites informations, il ne possédait rien que la Kamiko n’assume pas déjà. Elle était même curieuse de voir à quelle vitesse, une fois rentré, l’inquiétant personnage réussirait à mettre la main sur les fournisseurs qu’elle avait approvisionné sous un nom qui n’était pas encore le sien. Pour l’heure, elle devait bien plus défendre son intérêt pour ce ticket d’aller et venue à l’intérieur de Suna, au nez et à la barbe de toutes les hiérarchies. Combien de ses cousins tueraient pour une occasion pareille ? Beaucoup. Tous, même, sans doute. Et c’était pourtant Raion qui se retrouvait, une fois de plus, nez à nez avec un destin bien enclin à lui permettre de satisfaire quelques-uns de ses caprices. Après tout, qui dirait non à une opportunité d’épier, à son insu, l’homme qu’on allait prochainement marier, sur son propre terrain ? Personne. Surtout pas les mariées. C’était le moment rêvé pour en apprendre plus sur lui, qu’il n’en connaissait déjà sur elle et, rien que pour ça, l’intendante aurait presque pu en remercier les kamis. Maintenant, il ne lui restait plus qu’à négocier son morceau avec suffisamment de conviction pour remporter le sacro-saint passe-droit vers sa mission prioritaire : découvrir ce que Shirokuma ne voulait pas qu’elle voit avant de lui passer la bague au doigt.
« Il existe, en interne, un classement des créateurs. Chaque semaine, il est réévalué et, à la fin du mois, les trois premiers se voit allouer un atelier particulier jusqu’à la prochaine révision du classement. De ce que j’ai cru comprendre, le but est de nous encourager à nous dépasser mais il n’est pas rare que ça soulève aussi quelques jalousies. »

Une information sur le clan qui, à vrai dire, n’avait rien d’un véritable secret. Rien, dans ce qu’elle venait de dévoiler, ne pouvait laisser envisager ni l’organisation interne du clan, ni sa position personnelle. Elle avait même hésité, un temps, à les afficher à l’intérieur du magasin, avec les visages des heureux élus, avant d’y renoncer. S’ils étaient trop mis en avant, ils arrêteraient de se renouveler, de chercher, d’innover. Et c’était purement et simplement hors de question.
« Nous avons beau tous appartenir à la même famille, une victoire est une victoire. Et j’en ai assez de supporter mes cousins dans l’atelier commun. »

Une confidence réelle, qui lui avait valu, plus jeune, de travailler de nuit pour esquiver une partie de son clan et se retrouver dans le silence qu’elle convoitait tant. Malgré ses efforts, elle n’avait jamais pu réfléchir dans le tintamarre permanent et les discussions des autres créateurs, préférant la solitude et la chaleur lunaire pour développer ses meilleures pièces à l’abri des regards. La brune avait alors été plus que ravie, lorsqu’elle avait finalement pu mettre l’un main sur les ateliers particuliers, cessant de mettre en danger sa santé pour reprendre un rythme plus classique et moins dangereux pour ses missions de Genin.
« Si je peux me rendre à Suna et y étudier les coutumes locales, je suis presque sûre d’avoir un de ses ateliers à moi seule pour au moins les deux prochaines années. Et croyez-moi, ça vaut son pesant d’or. La solitude et l’exclusivité d’un nouveau marché plein de possibilité si les accords de paix sont signés. Peut-être même m’installer là-bas, qui sait ? »

La chose qui frappe la lionne de Konoha, bien plus que le reste, est la manifeste ignorance de Kirai. Etait-ce du désintérêt ? Manifeste, sans doute, mais comment en être définitivement sûre ? Il n’avait rien d’un espion, n’avait aucun lien de près ou de loin avec les hautes instances du village. La pensée qu’il ne soit là que pour les tissus du clan Kamiko, si elle avait eu longtemps l’air d’une vaste excuse, semblait bel et bien réelle. Dans son magasin, se tenait donc un Sunajin en terrain ennemi, uniquement motivé par un savoir-faire qu’il ne trouvait pas de son côté de la frontière. Plus elle tournait et retournait le problème, plus les choix du tailleur lui paraissaient surréalistes. Elle savait leur produit excellent, mais de là à risquer sa vie ? Une flatterie convaincante, à n’en pas douter. L’intendante pourtant, ne l’encourage à rien, alors qu’il semble hésiter à poursuivre. Elle avait eu la réponse qui l’intéressait. La nouvelle génération était donc plus encline à la négociation, une aubaine pour la femme d’affaire qu’elle était. Il ne lui resterait plus qu’à trouver par quel chemin attaquer pour renverser la discussion à son avantage quand le temps serait venu. Elle espérait déjà que le mariage leur coupe suffisamment la chique pour pouvoir faire passer quelques autres petites choses dans la foulée. Jouer gros, pour obtenir le peu qui l’intéresse, comme elle l’avait toujours fait. L’idée arrache à la tisseuse un sourire acéré, presque excité. Pourvu que l’intendante de Suna ait l’esprit aussi affuté que Kuma ou Kirai, elle avait envie de s’amuser autant qu’elle le pouvait.

Alors que les clans revenaient à nouveau sur la table, Raion se détourne de ses joyeuses pensées de chasseuse de deal, fronçant les sourcils. Même si elle partageait la prudence dubitative concernant les motivations du clan Serika quant à la réalisation de la délégation, il fallait bien admettre une chose : les choses évoluaient. Si façade il y avait, le mariage sur lequel elle travaillait d’arrache-pied avec l’ourson du désert n’avait aucun sens, pas plus que la soudaine volonté de s’ouvrir au monde des nouveaux ninjas qui emplissaient leurs rangs. Le tableau, hautement nuancé de noir, était indéniablement taché par la rancœur personnelle du tailleur, mais comment savoir où commençait la haine et où se trouvait la vérité ? Certes, entendre le Sunajin déverser sa haine avait quelque chose de terriblement amusant et d’en même temps, terriblement contreproductif. Pourtant, cette fois, la Kamiko mord à l’hameçon, alors que le nom des Akayuki s’envole, encore une fois.
« Plaindre femme et enfants ? » La perplexité, sincère, se lit sur le visage de la jeune femme. A quoi pouvait bien faire référence Kirai ? La question était vaste, épineuse, et la première réponse fit naitre un éclair de mauvaise augure au fond des prunelles d’acier de la créatrice. Faisait-il référence à des adultères ? L’idée venait, littéralement, de doucher la brune aussi surement que si on l’avait plongée dans un bain d’eau glacée. Quelle était donc cette rumeur qui lui avait échappée ? « Les Triumvirs ont si mauvaise réputation que ça ? »

L’empressement à la question avait quelque chose de nouveau, sur les expressions millimétrées de la Kamiko, que le tailleur venait de tirer sur une pente dangereuse. Si la voix de Raion ne tremblait pas, sa curiosité elle était manifeste, presque autant que le début de mécontentement qui couvait discrètement, près à rugir à la figure d’un pauvre Shirokuma qui était peut-être innocent. Ou peut-être pas. La possibilité, agaçante, d’avoir été leurrée pendant la délégation traverse l’esprit de la chef de clan, traçant un trait de feu sur ses sentiments et sa confiance naissante. Elle n’avait pas toute les cartes en main et c’était visiblement le genre de sujet qu’il voulait laisser enterrer, loin des regards indiscrets. Pour peu, elle en aurait presque remercié le pauvre Kirai, de lui apporter ce qu’il lui manquait le plus actuellement. Une source d’information interne, même à la fiabilité relative, autre que l’Akayuki qui lui faisait la cour.
« Je suis certaine que ma chef de clan sera ravie d’avoir quelques détails croustillant à leur sujet. »

Elle enjoint prudemment le tailleur à reprendre, son trouble bien vite masqué par un sourire de connivence. Il était trop tard pour paraitre parfaitement détachée, mais pas assez pour que ça ne passe pas pour de l’inquiétude purement professionnelle. Et grand dieu, qu’est-ce qu’elle mourrait d’envie d’arracher au pauvre Sunajin tout ce qu’il savait. Entre ça et sa drôle de dame, elle ne pourrait jamais manquer de sujet de conversation. L’intendante manque pourtant de s’étouffer avec son thé, quand la question sur le village glisse dans la conversation. Non pas de surprise, elle s’attendait à ce que ça finisse sur le tapis après tant de confession, mais plutôt de rire. Un rire qu’elle laisse volontiers échapper, après avoir esquivé de peu l’expérience douloureuse de boire par les poumons.
« Si vous voulez mon avis, Yuriko est bien plus une bénédiction pour ce village que les trois quarts des grandes gueules qui occupe les postes de chef de clan et du conseil de Konoha. Elle n’aura jamais de liberté totale, puisque les intendants ont toujours été des claniques mais elle est assez redoutable pour que personne ne s’y frotte de front. Un exploit qui se doit d’être salué et soutenue, fierté oblige. Les femmes de pouvoirs sont si rares, de nos jours. » Elle dépose sa tasse, se réinstallant dans son siège avant de poursuivre, secouant la tête pour cacher son sourire navré. « Et si vous pensez que votre village est une plaie, c’est bien parce que vous ne vivez pas ici. J’envierais presque la simplicité de vos relations quelques part. Ici, tout est enrobé de politesse, même les insultes. Ça en deviendrait presque ridicule. »

Une vérité pure et dure, que Raion n’avait pas le droit de cracher au Conseil de Konoha, malgré que cela la démange un peu plus à chaque réunion. Voir les anciens clans les dédaigner n’avait rien d’agréable mais le spectacle, ridicule, de certains conciliant qui semblaient marcher sur des œufs à chaque demande, multipliant les respects et les ronds de jambes dans l’espoir d’être entendu, l’exaspérait au plus haut point. Non, Raion, ne renverse pas ce bureau. Non, Raion, n’insulte pas ce tocard d’yeux rouges, ni ce crétin d’yeux blancs pour leur énième dispute puérile. Non, Raion, ne dort pas pendant qu’on te parle des problèmes de piafs des Inuwashi. Et blablabla… L’intendante en venait à rêver de se débarrasser de tout ce beau monde pour enfin, pouvoir tisser en paix dans son bureau, entre deux remises de missions. Elle n’osait même pas amener l’un de ses ouvrages pour s’occuper les mains et l’esprit loin de la décrépitude que représentait le conseil, de peur de massacrer la tenue sur un coup de tête. Un calvaire en tout point, dont elle n’avait pas pensé voir empirer l’ambiance en devenant intendante, au nez et à la barbe du clan de l’éventail. Un mouvement audacieux et visiblement source d’une discorde de plus, mais au combien nécessaire si elle voulait faire pencher la balance du côté qui l’arrangeait. Comptant sur ses doigts, la jeune femme se met à énumérer, avec une voix infiniment lasse, le navrant tableau de son village à son indiscret compagnon.
« Si vos Shirogane sont des paranoïaques, nous avons les Uchiha qui sont des psychopathes en puissance. Les Hyuga, dont la branche principale esclavagise à leur avantage les secondaires. Les Aburame qui sont si déconnectés du monde qu’on se demande s’ils sont encore avec nous parfois. Les Senju dont la si grande fierté est décédée en mission et avait un penchant prononcé pour les petites filles. Je ne vous parlerais pas des Inuwashi qui sont pour moi, davantage postier que ninja, ni même des Akimichi dont les goûts pour la mode me donnent envie de me tailler les veines. Et de ce splendide tableau, il ne reste plus que les Kamiko… »

Une grimace ponctue la fin de sa phrase, pour toute explication. Il était difficile de vraiment dépeindre le clan avec sa vision à elle, tant elle était propre à son statut interne. Elle trouvait ses cousins souvent mou, dépourvu d’ambition ou même d’esprit pratique, bien trop tourné vers la paix omniprésente qu’elle était en train de créer à la seule force de ses doigts. Les voir se complaire dans la facilité la rendait malade, parfois, mais elle ne pouvait décemment pas se résoudre à leur en vouloir. La première génération, son père notamment, avait essuyé les pots cassés des débuts de l’apparition du Kekkai et, surtout, de l’entrée brutale dans le monde shinobi qu’ils ne connaissaient jusque-là qu’en surface. La plupart de ses ainés avait approuvés l’intégration du clan au sein du village, fatigués par des années de batailles pour assurer la sécurité des autres. Pour ça, elle ne pouvait que respecter leur choix et éponger le front de ceux qui se réveillait parfois en hurlant après des fantômes qui les hanteraient toute leur vie. Mais comment pouvaient-ils pardonner la laxité dont faisait preuve les nouvelles lignées ? Le moindre effort était bon, tant qu’il était récompensé et qu’il ne les menaçait pas trop. De quoi faire enrager Raion, dont le moindre manque était tourné et retourné pour lui être jeté à la figure. Parfaite de bout en bout, elle n’avait pas de faux pas permis, ni d’hésitations et, si ça avait fortement aidé à forger son caractère exécrable, il n’en demeurait pas moins que l’effort permanent pour atteindre leurs attentes était éreintant.
« Outre le commerce, nous avons bien plus de point en commun qu’on pourrait le penser. Il ne suffit que de vouloir les voir et c’est peut-être là, que ça risque de coincer un peu. Mais qui sait, peut-être que nous sommes mauvaises langues. »

Avec un demi-sourire, elle se détourne du tailleur pour fixer, à nouveau, la femme aux yeux vides qui ne l’avait toujours pas quitté de son terrifiant regard. Depuis combien de temps discutaient-ils maintenant ? Cinq ? Dix ? Vingt minutes ? Raion perdait le compte, mais était certaine d’une seule et unique chose. Pas une seule fois, la poupée blonde n’avait cligné des paupières. De quoi lui donner des frissons désagréables et inquiétants, en plus de l’étrange conscience que, même si ses yeux étaient morts, elle possédait bel et bien le chakra d’un ninja en état de combat. Elle marchait sans se cogner, économisait ses mouvements et, par-dessus tout, semblait désespérément apathique. Pour peu, la Kamiko aurait presque pu penser à une marionnette, mais qui pouvait bien posséder un type de pantin aussi réaliste ? Y’avait-il seulement ce genre de justu, à Suna ? Entendait-elle vraiment ce qu’on lui disait, ou le lisait-elle dans le mouvement des silhouettes qui se superposait devant les yeux de la jeune femme ? Parlait-elle ? Encore une fois, les questions s’accumulent, sans que réponses ne soient données, au plus grand déplaisir de la grande brune. Pourtant, elle avait là l’occasion rêvée pour faire d’une pierre trois coups, dans le plus grand respect de son personnage improvisé.
« Maintenant que nous en avons finis avec vos courses, monsieur, que diriez-vous de vous occuper de votre compagne ? » Dans un sourire aimable, la chef de clan désigne l’entrée du magasin d’un geste délibérément lent, curieuse de voir si son interlocutrice en marquerait les temps. « Y a-t-il quelque chose qui a attiré votre attention ? Ne vous embrassez pas de la taille, nous ferons la retouche à l’essayage, si vous me le permettez. »



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Dakuwanda Kirai
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Disclaimer : Ce texte peut heurter la sensibilité de certaines personnes. /!\ -16 /!\

d e a t h w i l l c o m e...



Il est des plus agréable pour le Tailleur de pouvoir faire face à quelqu'un d'aussi intelligent mais surtout, d'aussi ouvert d'esprit que la jeune Kamiko qui lui fait face. Depuis combien de temps ne s'est-il pas laissé aller au jeu de la confession, parlant avec quelqu'un comme à son égale, un peu comme de vieux amis refaisant le monde ? La réponse est d'autant plus simple, qu'elle plonge Kirai dans d'avantages de contemplations lorsque la jeune femme commence à éveiller un certain intérêt pour le Clan Akayuki et notamment, ses triumvirs. Un fait qui ne manque pas d'éveiller un sourire des plus taquins sur son visage, alors qu'il reprend doucement une gorgée de thé, posant un certain suspens. Déposant la tasse sur ses genoux, il plonge son regard dans celui de son hôte, un léger rictus en coin de lèvre.

« Oh, je ne parlerai pas d'adultère... Disons plutôt que le trio à la tête du clan possède quelques casseroles des plus alléchantes lorsqu'on aime les potins. Il est amusant de savoir que l'un d'eux a gardé son poste, et possède même une équipe alors qu'il a tué femme et enfant... Et si le troisième est aussi présent sur la scène politique qu'une goutte de pluie dans le désert, le dernier... Disons que j'ai pu constater de nombreux départs du Village ces derniers temps, sans pour autant qu'il s'agisse de missions. Ce dernier revient toujours dans un état de fatigue assez prononcé mais, relativement épanouis si je puis dire. Et si de beaucoup pensent qu'il s'agit là d'entraînements personnelles, je serais d'avis de remettre en question la notion d'entraînement. Après tout, ne dit-on pas que certains sports sont bons pour le cardio ? Ahah ! M'enfin, il ne s'agit là que de rumeurs et nous savons tous que la plupart du temps, c'est faux... Même s'il y a toujours une part de vrai ne croyez vous pas ? »

S'amusant de la situation, l'esprit de l'Epouvantail revient sur une notion dont la jeune femme a parlé mais qui, jusqu'à maintenant, n'a pas vraiment fait tilt dans son cerveau. Déposant son breuvage, il claque des doigts, se frappant gentiment la tête alors qu'un léger rire vint ponctuer la scène.

« Mais je suis bête ! Vous m'avez fait part de vos soucis d'atelier et de votre envie de venir par chez nous et je n'ai même pas eu la décence de vous proposer le mien ! Bon, certes, mon atelier se situe chez moi, ce qui pourrait poser certains problèmes notamment avec Monsieur Raion ? Néanmoins, l'Atelier possède une chambre « d'ami » dans laquelle vous pourrez séjourner le temps que vous désirez. Vous seriez libre d'aller et venir au Village ! Ce serait pour moi un honneur sachez-le. »

Etonnant venant du Tailleur qu'une telle proposition se fasse. Est-il si attaché à ce nouveau personnage qui se dépeint peu à peu devant lui ? Comment ne pas évoquer la méfiance que la jeune femme peut avoir pour lui, alors qu'il l'invite sous son propre toit, alors qu'ils n'ont fait que discuter quelques heures maintenant ? Peut-être parce que, au-delà des différences manifestes qui les opposent en nombres de points, Kirai se sent étrangement bien en sa présence. Sans doute car dans son discours, il tend à se retrouver lui-même ? Car combien de fois a-t-il tenté de faire les choses différemment de ses paires, combien de fois s'est-il laissé glisser sur des pentes abruptes, bien loin des sentiers que son Clan a tracé ? De sa divergence, est né une force intérieur des plus flamboyantes, tandis que sa volonté ne connaît à se jour aucune limite humaine. Une force dans la solitude qui pourtant, finit un moment par peiner tout le monde. Est-ce la raison pour laquelle Hikari semble si humaine ?

« Une femme au pouvoir... Ce n'est pas si rare... Il n'y a qu'à voir ma petite sœur Erisa ! Ce diable fait la loi à la maison ! Ahah... Néanmoins, je dois l'avouer que ça doit faire son petit truc d'avoir une dame à la tête d'un village aussi puissant... Un vrai plaisir de constater la frustration dans les yeux des Clans patriarcales obnubilés par leur propre puissance... »

Puis vient le moment du retour, celui où la jeune femme commence à dépeindre chacun des Clans faisant partie de Konoha. Une explosion à l'image de celle produite par le Tailleur, qui ne manque pas de le faire rire aux éclats alors que tout prend un aspect des plus burlesques. Qu'importe le pays, qu'importe le Clan, il y a une part sombre dans chaque chose et c'est ça, qui importe. Pas la qualité de travail du tout à chacun, mais bien la petite imperfection qui noircit le tableau et offre cet amusement puérile et pourtant, au combien jouissif.

« Effectivement, je vois que nous avons tous nos petites tares dans nos grandes familles ahahahah.... Mais je ne pense pas que nous soyons mauvaises langues vous savez. Je pense, très sincèrement que faire face aux défauts de nos paires, nous permet de faire face à toutes éventualités. Ca montre que vous aimez votre village, tout comme j'aime le mien. Car soyons honnête un instant. Celui qui ne voit que le bon n'est qu'un idéaliste qui ne mérite pas de régner. Après tout, ne dit-on pas que l'on apprécie les gens pour leurs qualités mais que nous les aimons pour leurs défauts ? Il en va de même pour les Clans et les Villages. »

Une réalité qui flotte un moment dans les airs alors que l'attention de la jeune femme se porte à nouveau sur la poupée qui n'a pas bougé d'un seul pouce depuis son retour. Simple politesse ou malaise dû à sa condition ? Si la jeune femme gagne de plus en plus la sympathie du Tailleur, il n'en demeure pas moins que cet abcès commence doucement à le lasser. Aussi se met-il à lâcher un profond soupire amusé, laissant s'échapper un rire avant de se tourner vers Hikari.

« Qu'en penses-tu ? Il est vrai que tu ne manques pas de vêtements à l'Atelier, cependant... Une telle occasion ne se représentera pas de sitôt... »

Lui parle-t-il vraiment ? Ou ne fait-il que se parler à lui-même ? Délicatement, la tête du pantin se déplace vers Kirai dans un mouvement de plus souple, alors qu'elle baisse la tête, jouant avec ses doigts une impression de gêne infantile. Son visage caché par quelques mèches de cheveux, ses lèvres finissent par s'ouvrir.

« Je... J'ai vu un tissus qui me plaît bien... On dirait de la soie blanche avec de la dentelle... »
« Ahlala... Tu as de la chance que je t'aime... Viens. » lui dit-il en lui tendant la main, cette dernière remontant la tête avant de s'en saisir pour se relever. « Pardonnez sa gêne, elle est peu habituée à parler en public, cependant, si nous pouvons encore abusé de votre hospitalité, je serais des plus heureux que vous vous occupiez d'elle pour moi. »

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Raion manque de s’étouffer dans sa tasse lorsque la proposition tombe, sans détour. Elle. Entrer à Suna illégalement et résider dans l’atelier d’un type qu’elle connaissait pas. Elle lui donnait un hameçon, il lui fournissait un moyen de rendre une attaque réelle. Folie ? Calcul ? C’était difficile à dire, mais il était indéniable que l’échange qui venait d’avoir lieu posait problème. Un problème qui ne venait que s’agrandir, alors que la difficulté d’estimer la véracité de son si long laius sur les Triumvir venait s’ajouter au tableau. Mentait-il ? Oui. Non. Peut-être. Qu’avait-il à gagner à lui dire la vérité ? Sa confiance, sans doute. Une information, c’était certain. Mais que voulait-il, finalement ? Il pouvait se procurer les tissus par le biais des commerces indépendants, qui revendaient pour leur propre gain, la marchandise Kamiko qu’ils étaient venus se procurer à Konoha. C’était d’ailleurs grâce à eux, que les rouleaux avaient pu franchir les frontières du pays du Vent, en dépit de la querelle légendaire qui opposait les deux villages cachés.

Pour tout aussi loin que l’intendante puisse y penser, il n’y avait rien de monstrueusement dommageable dans leurs échanges mais ce qui lui proposait pouvait de très loin créer l’incident diplomatique qu’elle redoutait tant. Elle-même marchait sur des œufs, puisque l’accueil du Sunajin n’était qu’une preuve de bonne volonté de sa part, après les échanges diplomatiques. Et, certainement aussi, de l’empressement qu’elle avait attaché à imaginer Shirokuma se tenir aux portes du village avec le contrat de mariage qu’ils attendaient tous les deux. Une chance monumentale donc, qu’elle se soit trouvé là, au moment où l’inquiétant personnage qu’était Kirai avait choisi de montrer le bout de son chapeau. L’incident n’aurait pas lieu aujourd’hui, mais le comportement du village caché du sable était étrange, si ce n’est terriblement dangereux.

Les sens de la Kamiko la titillent, lui faisant marquer un temps d’arrêt entre deux toussotements. Sans doute son interlocuteur prendrait-il cet égarement pour une reprise de souffle, renforcé un peu plus par la fermeture brusque, mais nécessaire, de ses paupières. Si la double silhouette au chakra identique du duo du pays du Vent brillait comme un soleil miniature, l’étendue des capacités de Raion ne pouvait lui cacher l’approche d’autres signatures familière. Elle en compta facilement une dizaine, dont celle d’Inoichi qui était resté, depuis le début de leur échange, en faction sur le toit de la bâtisse adjacente à celle de la boutique. Un public, donc, dont les différentes auras se répondaient, bougeant une poignée de seconde avant de se stabiliser aux alentours. La cavalerie était arrivée. ANBU ou police, il était certain, cependant, que l’alerte était donnée et qu’on attendait un signal de la part de la kunoichi.

S’attardant sur la mention de Monsieur Raion, l’intendante esquisse une étrange moue, alors qu’une espèce de rougissement teinte délicatement ses pommettes. Elle ne pouvait se permettre de révéler son identité mais l’idée d’un Akayuki bouche-bée, dont l’image familière se formait en arrière-plan dans ses pensées, ne vient qu’alimenter une étrange gène qu’elle ne se connaissait pas. Visiblement, le sujet était plus sensible que prévu. S’éclaircissant la gorge pour détourner l’attention de son trouble, la brune reprend, luttant contre l’envie irrépressible de suivre des yeux les silhouettes de ses compatriotes en attente.
« Je vais devoir refuser votre proposition. Par égard pour mon époux, premièrement, et parce que je ne suis pas suicidaire. » Un sourire remplace le trouble, alors qu’une lueur s’allume dans le regard de la Kamiko, accompagnant involontairement le rouge vif de ses joues. « Toute chambre d’ami dont il s’agit, je ne vous connais pas. Ou du moins pas assez pour me dire que mettre ma vie entre vos mains est une bonne idée. » La jeune femme dépose sa tasse, chassant le ton léger de leur conversation dans un geste délicat. Alors qu’elle sert, encore une fois, son client, un murmure lui échappe. Son visage, dissimulé entre ses longs cheveux, n’a plus rien d’amical si ce n’est cet étrange sourire, confiant, qui lui colle à la peau. « Surtout lorsqu’on sait que cette boutique renferme non pas un mais trois menteurs. »

La phrase s’envole dans un souffle, presque inaudible alors que Raion croise à nouveau le regard du tailleur, lui offrant un sourire plein, grandiloquent. Son expression, presque mauvaise, fait pétiller ses deux grands yeux d’aciers, dégageant d’elle cette aura sombre et carnassière qu’on lui connaissait lorsqu’elle était contrariée. L’impression dangereuse, embaume la pièce une courte poignée de seconde avant de disparaitre à nouveau dans l’étrange carcan d’affabilité que Kirai lui connaissait. Avant même que l’homme ne puisse réagir, la tisseuse embraye, changeant de sujet pour éclipser sa révélation pernicieuse dans leur discussion en cours.
« Vous ne croyez pas si bien dire. Tous les clans fondateurs, devant s’incliner devant le mérite de quelqu’un qui ne leur appartient pas, ça vaut son pesant d’or et rien que pour ça, notre Hokage mérite le respect. » L’intendante badine, faisant tourner son thé dans sa propre tasse, scrutant avec un certain plaisir le Sunajin dont elle ignorait les motivations. Une fois de plus, elle enchaine, ne lui laissant que peu de place, et certainement pas son mot à dire sur son aveu franc de tantôt. « Si vous y voyez de la langue de vipère, j’y vois de l’amour. Nous ne sommes pas là pour nous brosser dans le sens du poil. La survie implique bien plus que ça et ce n’est pas en enrobant les choses qu’on fait prospérer un village. On pourrait même dire que leur rappeler qu’ils sont idiot est même un devoir patriotique. »

L’ironie lui plaisait, d’autant plus qu’elle se doutait que le tailleur partagerait cette réflexion somme toute très personnelle. Elle se souvenait, plus jeune, que ses compagnons n’avaient, d’abord, pas particulièrement apprécié ce côté tranchant et direct de son caractère. Raion n’avait, à vrai dire, pas le compliment facile, surtout si ce dernier devait être sincère. Prompte à la critique, elle était, néanmoins, particulièrement à cheval sur ce que les autres choisissaient de lui répondre, allant même jusqu’à volontairement chahuter ses camarades pour enfin voir ce qu’elle souhaitait et, surtout, ce qu’elle ne voulait pas particulièrement entendre. Une mauvaise habitude, qu’elle conservait et exploitait encore aujourd’hui, à sa façon.
« Si vous me permettez, madame. » La Kamiko tend une main galante à son étrange cliente, son regard vissé sur son compagnon à l’affut de la moindre menace. Se sentait-il menacé ? Remettait-il, à son tour, en doute l’intégralité de la conversation ? L’intendante l’espérait, et elle prévoyait même de ne pas s’arrêter en si bon chemin. Indiquant un recoin en retrait de la position du salon des invités, Raion guide à la compagne-mais-en-même-temps-sœur-ou-peut-être-clone de son interlocuteur jusqu’à une salle de d’essayage avant d’en refermer le rideau. « Installez-vous, je vais chercher le modèle. Si d’aventure vous avez des idées de la façon dont la robe doit être taillée, il existe un catalogue de patrons à l’intérieur de la pièce. Sentez-vous libre de le feuilleter, il est là pour ça. »

Les interrogations précédentes de la kunoichi à son encontre n’avait plus lieu d’être, pour le moment. Si cette drôle de femme un peu trop symétrique en était bien une, elle interagirait sans aucun doute avec elle, à mesure de ses pérégrinations dans l’inventaire de patron. Adressant un dernier sourire à Kirai, toujours assis dans son fauteuil, la Kamiko profite de ce répit pour disparaitre dans les méandres de la boutique. Les sens aux aguets, elle marche en direction des mannequins qu’elle connait bien, pour en avoir ordonner et fait préparer la vingtaine d’assortiment mensuelle.

Le fameux tissu blanc à dentelle s’appelait en réalité du crochet. Les fibres, encore brut, de la soie était retissé en de gros fils, relativement grossiers, avant d’être retravaillé dans un assemblage délicat et aérien. A bien y réfléchir, il paraissait même presque évident que l’attention d’une habitante du désert se porte sur ce style d’arrangement : habillé et hautement ventilé pas les trous laissé par le tissage, la robe se prêtait à merveille à un environnement chaud et sec. De quoi ravir les plus anciens de la branche création, à l’origine de l’invention de la méthode, il y a déjà quelques années. Il avait fallu une poignée de mois supplémentaire pour réussir, finalement, à l’appliquer à un vêtement jugé socialement présentable. Mais la Kamiko n’était pas là pour faire l’apologie du génie de ses cousins.

Son attention, en réalité, se portait sur son escorte, allongée sur le toit en face de la boutique clanique. Inoichi, de toute ses capacités de ninja, guettait patiemment l’approche de sa supérieur, alors que cette dernière apparaissait dans l’encadrement de l’arche qui menait à la petite cours intérieur de l’établissement. Une courte seconde, le regard des deux Konohajin s’accroche et les mains de Raion s’active, silencieuses.
« Le tissu, s’agit-il bien du mannequin de la troisième rangée à droite en sortant ? »

Sa voix comme seul symbole de bonne foi de la marchande qu’elle prétendait encore être, la kunoichi signe une série de mudra, dissimulant ses derniers derrière le couvert du modèle qu’elle prétend, rapidement, retirer de son présentoir. Elle revient alors vers l’inquiétant couple, marchant délibérément lentement, cachant derrière la robe immaculée la série d’instruction signée qu’elle destinait à son observateur, avant de se soustraire à nouveau à son regard. Derrière elle, la signature du jeune homme se trouble, se modifie et, sans un bruit, se dédouble avant de se séparer. Il avait bien reçu le message et le transmettant immédiatement, sans trainer. La Kamiko réapparait devant Kirai, posant son regard chargé de chakra alors que sa technique s’active, en silence, alors qu’elle lui présente simultanément l’objet de sa recherche. Qu’on la corrige ou non, la jeune femme n’usait de cette occasion pour rien d’autre que gagner un peu plus d’information sur celui qu’elle considérait maintenant bien plus comme une menace tacite que comme un innocent.
« Etes-vous plus robe, tunique ou kimono ? »

Elle fixe directement l’homme et son drôle de chapeau et non plus le drap qui dissimulait sa compagne, dans un long jeu de regard équivoque, alors que son autre interlocutrice lui répondait sans doute. Elle appliquait ainsi, subtilement mais efficace une expression qu'elle affectionnait tout particulièrement. Diviser, pour mieux régner.
« J’ai une théorie. » Le sourire avenant se fait amusé, alors qu’elle s’empare du rouleau qui correspond à la robe demandée sans tourner une seule seconde son dos à son client. « Je suis sûre qu’elle va vous plaire. » Déposant l’objet entre eux sur la table, Raion joue de la distance et baisse subtilement la voix, pour que seul le tailleur puisse l’entendre. « Vous n’êtes pas seulement ici pour le Daimyo. »

Raion ne quitte plus du regard le Sunajin, consciente que l’inattention pourrait lui couter cher, ses traits accueillants dégradés par un sourire de mauvaise augure. Elle le toise son interlocuteur sans ciller, et sans daigner se rassoir face à lui, incertaine de la contre-mesure qu’il souhaitera prendre en réponse à ses suspicions. Alors que les secondes s’égrènent, l’intendante perçoit les mouvements, parfaitement millimétrés, des ninjas en faction à l’extérieur. L’étrange fête fantasque qu’ils menaient touchait à sa fin et le comité d’accueil se massait sagement aux deux seules sorties possibles de la boutique, prête à faire leur office. La Kamiko poursuit, sa main tombant à proximité des bobines de fils qu’elle portait en toute occasion.
« Pas plus que je ne suis simplement vendeuse dans cette boutique. Peut-être même que vous en étiez parfaitement conscient quand je me suis présentée, d’ailleurs. » Elle marque une pause, s’humectant les lèvres en soutenant le regard de l’homme, avant de reprendre. « Ma question, maintenant, est de savoir ce qui vaut à un ninja de Suna le plaisir de risquer de foutre en l’air une ouverture de dialogue pacifique. Et ne me dit pas qu’il s’agit simplement de tissu, je ne te croirais pas, Dakuwanda Kirai. »

Elle ne saisit pourtant pas l’extrémité rassurante de ses filins, n’éprouvant pas le besoin d’être menaçante, mais ne pouvait se permettre le luxe de rester parfaitement détendue. Face à face, la signature de chakra identique et ondulante d’Hikari en lisière de sa vision de senseur, Raion attend. Comme une araignée au centre de sa toile, dont on aurait réveillé l’instinct de survie.


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Dakuwanda Kirai
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d e a t h w i l l c o m e...



La main tendue de la jeune femme fait son effet, alors que l'ange se redresse, regardant un instant Kirai qui lui fait signe de la suivre, comme on rassurerai une enfant. Se rasseyant dans le fauteuil, sa tête finit par se poser sur sa main alors que son coude trouve l'accoudoir. Bien que ce petit jeu puisse être amusant, il n'en demeure pas moins qu'une étrange lassitude s'empare du Tailleur. Pendant un moment, son esprit s'évade, laissant la jeune femme s'adonner à son métier, disparaissant dans les méandres de la boutique, le laissant seul avec une impression soudaine. Est-il entrain de se faire une amie ? Le Tailleur se met à sourire à cette idée, alors que la Kamiko pose une question qui le sort de sa torpeur cérébrale. Son rictus change soudainement tandis que son visage se ferme un instant. Car dans son souvenir, Hikari n'est pas allé vers ces mannequins.

Cependant, l'Epouvantail balaye cette pensée. Après tout, peut-être que le dit tissus se retrouve à être sur un des mannequins sous une forme plus aboutit ? Oui, sans doute... Kirai se contente donc de répondre à la vendeuse, confirmant une chose dont il n'est plus vraiment sûr. Ainsi, il la voit revenir, les bras chargés du fameux artefacts qu'elle lui présente, ne le quittant pas un instant du regard alors que le Chapelier contemple avec émerveillement la beauté du tissus.

« Une merveille... Et je la sais plus tentée par les robes. »

Mais la beauté de l'instant se voit soudainement brisé. Un instant et le jeu de sa nouvelle camarade commence à se dévoiler. Une théorie, qui remet sur le tapis les raisons de la venue du Tailleur au Village de Suna. Ce dernier, entendant les doutes de la vendeuse, se met à plonger son regard dans le sien. Il se met à sourire tandis qu'elle continue à abattre chacune de ses cartes, les unes après les autres, plongeant Kirai au fond de son fauteuil, un sourire amusé ne quittant pas son visage tandis qu'il laisse sa bouche s'entrouvrir par la surprenante révélation de la Kamiko. Pour autant, alors que le vouvoiement laisse place à des familiarités plus archaïques, l'Epouvantail lâche une onomatopée marquant son choc.

« Voilà qui est des plus surprenants... Mais du coup, au risque de paraître extrêmement bête... Si vous n'êtes pas une vendeuse... Qui êtes-vous ? »

Sa question se renforce par un basculement de la tête sur le côté et un sourcil arqué. Car non, à aucun moment Dakuwanda Kirai ne pense avoir la moindre idée du poste que la jeune femme qui lui fait face détient à Konoha. Cependant, les questions fusant dans son esprit, certains liens se font alors qu'il affiche une nouvelle expression d'étonnement, découvrant une vérité qui est depuis le début devant ses yeux.

« Vous faites partie des Hautes Instances de Konoha... » Son doigt pointe la jeune femme alors que son sourire n'arrête pas de s'agrandir. « Tout fait sens maintenant... La réaction de vos collègues, le fait qu'il n'y ait pas d'autres clients dans le magasin depuis que je suis rentré... Votre insistance envers Hikari... Ahahahah ! Bravo ! » Ses mains se rejoignent pour applaudir la jeune femme pour qui son respect grandit à vu d'oeil. « Je ne l'ai vraiment pas vu venir ahah ! Et croyez-moi, c'est très rare que cela m'arrive... » Tout sourire, il lâche quelques soupires tandis qu'il se rend compte d'à quelle point il s'est fait avoir. « Rahlala... Je dois bien avouer, vous êtes très forte... Cependant, que vous me croyez ou non, j'ai bien peur qu'il faille que vous acceptiez cette vérité. »

Ses mains se rejoignent tandis que son regard plonge dans celui de la Kamiko, il croise ses jambes et reprend un peu plus de contenance tout en affichant, encore et toujours, ce curieux sourire.

« Laissez moi deviner. Le périmètre est bouclé, si je tente de vous attaquer, tout le village me tombe sur le dos. Si j'essaye de fuir, il en sera de même et si je ne vous fournis pas une raison valable à vos yeux de ma présence ici, je subirais sans nulle doute interrogatoires et tortures... Hum... Voilà une situation peu agréable... » Les lèvres étirés, son regard reste remplit d'une confiance presque insolente tandis qu'il prend appuie sur les accoudoirs pour se relever, époussetant les pans de son manteau avant de faire face à la jeune femme.

« Cependant... Je dois être honnête avec vous. » Sa main se lève doucement. « Nous savons très bien que rien de tout cela n'arrivera n'est-ce pas ?... Après tout, vous l'avez dit vous-même, qui irait volontairement foutre en l'air une ouverture de dialogue pacifique entre nos deux villages ? Surtout si on vient à apprendre qu'un membre d'un Clan majeur de Suna a été capturé à Konoha alors qu'il était en mission pour le Damyo en personne... » Laissant les informations monter tranquillement, le Tailleur se rapproche encore un peu, souriant à la belle jeune femme, une certaine admiration dans son regard. « Vous êtes intelligente Kamiko Raion... Et j'ai grandement apprécié notre échange soyez en certaine. J'aurais apprécié que nous devenions ami vous et moi, mais je pense que la situation et votre méfiance ne vont guère jouer dans ce sens... Je me trompe ? »

Tournant la tête, il commence à agiter ses doigts, laissant les fils de chakra apparaître aux yeux de la senseur tandis que Hikari apparaît à nouveau, semblant voler dans les airs avant de reprendre sa place auprès de son maître. « Vous aviez raison, nous sommes tous trois des menteurs. Des Shinobis. C'est dans notre nature profonde après tout. Cependant, je ne voudrais pas que ma présence trouble d'avantage la quiétude de votre Village. Aussi je sais que Suna apprécierai grandement de savoir qu'un des disciples de Shirogane Ibushi a pu commercer avec le clan Kamiko et rentrer chez lui... Sans encombre. »

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De fils en aiguilles
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« Je suis Raion Kamiko, créatrice, chef du clan Kamiko et attachée officielle à la diplomatie entre Suna et Konoha par l’intendant Inuwashi Sora. »

Un sourire flamboyant, pour cacher une étrange culpabilité, mêlée à un soupçon de tristesse. La jeune femme regrettait d’avoir à emprunter le nom d’un mort, mais il le fallait, pour la sécurité interne du village. Le Sunajin ignorait leur organisation et leur mœurs, elle n’avait pas besoin qu’il dispose d’un autre nom que celui qui était déjà connu de réputation à l’extérieur des murs de leur petit monde. Au Pays du Feu, elle n’était que Kamiko Raion, héritière et représentante au sale caractère du clan marchand dont elle portait le nom. A Konoha elle était l’intendante, le bras droit de Yuriko en plus de sa lourde étiquette de chef du clan marchand le plus ambitieux du Pays du Feu, si ce n’était peut-être du Sekai. Représenter à elle seule une source de connaissance inestimable était déjà un lourd fardeau, elle n’avait pas, en plus, besoin que Kirai en perçoive la totalité des tenant et des aboutissants.
« Tu es au village caché de la feuille, je te laisse en tirer tes propres conclusions. » Sans nier ni réfuter l’affirmation, Raion hausse les épaules en guise de réponse à ce qu’elle devinait être parfaitement rhétorique. Evidemment que le périmètre était bouclé, depuis un petit moment déjà, de quoi leur donner le plaisir et le luxe d’une entrevue surveillée non officielle comme pourrait s’y attendre une personne d’importance posant un pied dans la belle ville de Konoha. « Comme nous l’avons déjà dit, nous ne sommes pas alliés et, toute demande du Daimyo qui soit, il est impensable qu’un élément extérieur au village puisse se promener dans nos murs sans surveillance. Je doute sincèrement que tu ne sois pas venu en connaissance de cause. » Un étrange sourire transparait sur le visage de la kunoichi, faisant briller ses pupilles d’une lueur de mauvaise augure. S’il n’était pas disposé à parler, elle n’en tirerait rien mais elle réfutait âprement l’hypothèse d’une simple visite de courtoisie. Quel que soit les motivations de son interlocuteur, jamais ô grand jamais la brune aux regard d’acier n’accepterait de gober un pareil mensonge. « Tu peux garder la réponse à ma question si ça te chante mais je te trouve bien présomptueux de penser me faire croire que cette visite n’est pas un moyen de tuer deux oiseaux d’une seule pierre. Ça trahirait les agissements de quelqu’un d’idiot, adjectif que te sied très mal, Kirai. »

L’insolence de son interlocuteur ne lui avait pas échappé mais il paraissait bien mal venu à l’intendante de refuser à son invité ce sursaut d’orgueil. Piégé comme il l’était dans le gigantesque mécanisme de sécurité qu’elle avait préféré mettre en place avant de se risquer à l’intérieur de la gueule du loup, Raion ne pouvait que lui accorder raison. Tout aussi infâme qu’il pourrait être à présent, c’était à l’intégralité de l’effectif de Konoha de ne pas y répondre et de ne pas ouvrir les hostilités en premier. L’ordre avait été passé à cet effet et les quelques ninjas qui les gardait en ligne de mire en était parfaitement informés : si quoi que ce soit venait à se produire dont ils étaient responsables, la Kamiko se réservait un droit total et définitif de disposer du sort du pauvre fou qui contreviendrait à ses ordres. Tous savaient, éperdument, que l’occasion était trop belle pour être gâchée, à l’aube de la fin des conflits mondiaux avec la puissance militaire Sunajin.

Cependant, la réponse du tailleur avait le mérite de lui confirmer ses soupçons : il savait et il était parfaitement conscient de ce qu’il faisait. Ce qui n’amenait que deux choses, dont une particulièrement déplaisante qui allume un feu ardent à l’intérieur de la brune, dont le sourire ne cesse de s’étirer. Il la prenait pour une idiote et, si ça représentait un avantage tactique indéniable, Raion ne pouvait s’empêcher de crever d’envie de lui faire bouffer son chapeau pour qu’il crache enfin à qui profitait son geste. Rongeant son frein dans son coin, elle reprend, sans jamais laisser tomber ni son amabilité d’hôtesse, ni l’immense sourire goguenard qu’elle ne cachait plus pour répondre à l’accusation informelle des menaces qui pouvait peser sur la tranquillité du shinobi.
« Chez vous, les torturés et interrogés repartent désaltérés, achètent des denrées rares et repartent escortés ? Peut-être que si on les soigne, nos prisonniers seront plus coopératifs, en voilà une idée fantastique. » L’ironie dans la voix de l’intendante est palpable, au même titre que son regard d’acier s’assombrit à mesure que son humeur change. Si elle demeure cordiale, il est certain que le petit jeu de fouine du Sunajin ne l’amuse plus. « Si je dois déplorer une seule victime ici, il ne s’agira que du porte-monnaie de la personne qui t’a envoyée, puisque la note risque d’être un peu plus élevée que prévue. »

D’un regard acéré, elle toise son adversaire de joute verbale avec la même intensité qu’un fauve dont on aurait titillé d’un peu trop près les vibrisses. Elle était sûre d’elle et n’éprouvait aucune pitié ni aucune gêne à peut-être fâcher l’homme important qu’était le Daimyo, s’il était bien impliqué dans cette petite mascarade. Il le nierait sans doute officiellement, si elle venait à le confronter, mais elle se ferait un véritable plaisir de lui envoyer elle-même une lettre officielle pour le remercier des achats fait en son nom. C’était la seule façon diplomatique dont elle disposait pour vérifier les dires de quelqu’un en qui elle ne pouvait décemment, pas avoir confiance.
« Une maigre compensation pour le déplacement des équipes de surveillance et ma compagnie, dont le coût serra aisément épongeable par les finances du Daimyo du Pays du Vent, j’en suis certaine. »

S’il s’agit bien de sa trésorerie. La fin de sa phrase implicite fait briller ses deux billes d’aciers d’une lueur mauvaise, alors qu’elle guette la moindre réaction possible dans la posture de son interlocuteur. Une respiration ratée, un mouvement léger d’hésitation, un regard qui dévie, involontairement … n’importe quoi qui pourrait trahir un semblant de doute dans le comportement énigmatique d’un personnage aux contours sombres et changeants. Aussi accueille-t-elle son compliment d’un revers de main, imperméable à la flatterie d’une personne dont elle ne pouvait pas suffisamment estimer la sincérité pour savoir si l’accepter ou non était une erreur. L’admiration, pourtant, n’avait pas l’air feinte, aussi Raion s’empare de la phrase pour ce qu’elle est, instrumentalisant le compliment à son avantage pour venir gonfler les traits de ce personnage sournois, calculateur et intelligent.
« Je sais. »

L’assurance, à la limite de l’impertinence, passe une courte seconde sur le visage de la Kamiko alors qu’elle croise les bras sous sa poitrine, sans se départir de son sourire. Elle n’était pas à la tête de la partie commerciale de son clan simplement pour l’argent, ni même pour la gloire, mais bien parce que c’était le seul moyen qu’elle avait trouvé pour faire canaliser son cerveau hyperactif. Lorsqu’elle n’était pas focalisée sur les patrons de ses créations, les plans économiques florissaient en série, à l’avantage de son seul clan d’abord, puis s’y était bien assez vite mêlé les intérêts du village. Si Konoha était puissante, Raion devenait terriblement difficile à ignorer. Si elle menait à bien les négociations avec Suna, elle deviendrait une plaque tournante de la diplomatie du Sekai et les Kamiko, eux, deviendrait bientôt inarrêtable. S’il était facile de voir dans le comportement de la kunoichi du calcul ou même de l’arrogance, il fallait être bien sot pour penser que c’était ce qui caractérisait la jeune femme. Elle était ambitieuse, ô ça oui, et par bien des égards, mais suffisamment intelligente pour savoir que rien n’était jamais acquis et que la moindre fondation qu’elle devait poser souffrirait, tôt ou tard, des assauts de ceux à qui le changement ne conviendrait pas.  Restait donc à déterminer, pour elle, dans quelle catégorie devait appartenir le mystérieux tailleur et son drôle de manège.
« Ta compagnie a certainement été l’évènement le plus divertissant qu’il m’ait été donné d’avoir ces dernières semaines, mais je ne peux m’accorder le luxe d’être amie avec tout un chacun sans conséquence. Sache toute fois que je serais ravie de renouveler l’expérience, si l’offre tient toujours une fois la paix signée. »

S’il tenait tant que ça à son amitié, il aurait tout le loisir d’essayer de la gagner à la régulière, dans un contexte moins épineux que celui-ci, si d’aventure la sincérité était une qualité dont il jouissait. Raion jouissait d’un étrange sens de l’humour qu’ils semblait partager mais, surtout, elle se doutait que, dans un autre monde, ils auraient peut-être pu être amené à jouer sur les mêmes tableaux pour remporter les mêmes prises. Sachant qu’elle mettrait tôt ou tard les pieds à Suna, la brune savait qu’elle ne pouvait pas se passer des sentiments qu’elle pouvait susciter, en bien comme en mal et, elle devait le reconnaitre, le tailleur avait le mérite de présenter quelque chose qu’elle ne voyait que trop peu ces derniers temps. L’audace, même suicidaire, avait quelque chose de rafraichissant qu’elle ne pouvait décemment pas nier apprécier, mais Kirai n’avait pas besoin de cette information.

Un éclat de rire, sincère, ponctue la dernière tirade du Sunajin alors que la Kamiko secoue la tête. Si elle n’avait pas eu sous les yeux un aperçu des capacités de son homologue ninja, elle aurait presque pu hésiter sur le bienfondé de la longue série de révélations qu’elle venait de lui faire. Voir le chakra fuser vers l’étrange femme parvient à apaiser, cependant, l’envie irrésistible de secouer le tailleur en lui apprenant qu’elle était parfaitement au courant de ce qu’il était en train de fomenter silencieusement sous son regard. La blague, cependant, était bien assez bonne pour qu’elle se permette d’en profiter.
« Il aurait été bien étrange de s’attendre à croiser autre chose qu’un Shinobi à l’intérieur de Konoha. Et ne t’en fais pas, la situation est rare et l’occasion trop belle pour ne pas mettre à l’épreuve nos compétences dans sur un terrain parfaitement maitrisé. Tu es, en quelque sorte, le parfait entrainement que nous n’aurions jamais eu sans ton … initiative. » Le regard de l’intendante passe de l’irréelle bonne femme à son sinistre compagnon, seulement accompagné d’un murmure pensif, alors que la kunoichi observait, secrètement, la création de chakra finir de se mettre en place. « Je ne manquerais pas de rappeler ce menu détail à la mémoire des Shirogane, si le besoin se présente. »

La mine indéchiffrable de l’intendante s’illumine, alors qu’elle étiquette avec grand soin la technique de fil. Des fils, attaché à une autre personne, partageant la même signature de chakra que le shinobi auquel elle était reliée. Fascinant. La pensée allait jusqu’à se refléter dans le regard pensif de Raion, dont l’esprit en ébullition ne cessait de retourner le problème naissant dans tous les sens. Il n’allait pas attaquer à l’intérieur du village. Il n’était pas si fou. Elle-même, à sa place, aurait attendu d’être en zone neutre pour se permettre une réponse armée. Enfin, si elle avait voulu nuire. L’absence de réponse, bien que peu importante sur le fond, prenait là bien plus de raison de tracasser l’esprit retors de la jeune femme, alors qu’une solution, simple, s’impose assez vite : elle l’avait accueilli, elle pouvait bien l’accompagner jusqu’à ce qu’il soit totalement parti.
« Il est grand temps pour toi de rentrer, Kirai. » La marchande désigne le rouleau qui attend patiemment son acheteur, lui laissant tout loisir de le prendre avant qu’il ne se dirige vers la sortie, sa guide sur les talons, comme elle l’aurait fait pour n’importe lequel de ses clients. « Le voyage devrait prendre une bonne semaine et je pense que nous avons assez trainé comme ça. »

Emergeant du bâtiment à la suite du tailleur, elle salue ses collègues d’un sourire et d’un petit hochement de tête, adressant un clin d’œil confiant à Inoichi avant de se ranger aux côtés de l’équipe d’escorte à laquelle elle n’était, de base, pas prévue. Si le Sunajin méritait peut-être le bénéfice du doute, elle ne pouvait pas se permettre de se reposer uniquement sur sa supposée bienveillance. Elle devait être là, juste au cas où.
« Messieurs, en avant. La frontière nous attend. »


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Acte II -  Infestation