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Boom Boom, Tam Tam - [ Mission Rang C - Solo ]

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Naoto
Boom Boom, Tam Tam
ft. Solo

Ordre de Mission:

« Enfin. »

Les pupilles de Naoto étaient rivées vers l’horizon. Cela faisait des heures qu’il marchait, des heures qu’il arpentait un paysage meurtris par les vagues de poussières et par l’aridité du royaume des roches. C’était un territoire hostile, à la faune mourante et à la flore presque inexistante. Dans ces jardins de déclin, tombeau du mal, le prodige s’était blessé à plusieurs reprises, tantôt sur les angles aiguisés des pierres jonchant le sol, tantôt en glissant à cause de l’irrégularité du terrain. Evoluer dans un tel endroit était difficile, et ce même pour un ninja entraîné. Il était judicieux pour un homme d’affaire de stocker ses marchandises au coeur de ce dédale infernal, où le silex rutilant menaçait à chaque instant d’ouvrir les plaies et d’embraser la raison. Aucune personne saine d’esprit ne s’aventurerait seule dans un tel endroit. Et même si elle le faisait, pourquoi faire ? Voler les marchandises ? Arriver jusqu’ici à la marche et vivant était déjà un exploit, Naoto imaginait mal quelqu’un repartir chargé de kilos de minerais sans que celui-ci n’y perde la vie.

De plus, le bâtiment qui faisait face à Naoto était très imposant. Les locaux du hangar s’étalaient sur plusieurs centaines de mètres et se superposaient en étages successifs. Véritable tour de ferraille, le complexe trônait au centre d’une mer de granit. Une personne qui aurait voulu dérober les produits entreposés aurait dû, après avoir affronté les limbes de l’environnement, trouver son chemin dans ce labyrinthe de béton. En quelques mots : presque impossible.

Heureusement pour lui, la mission qu’il devait remplir ne commandait aucune phase d’infiltration. Il devait simplement faire ce qu’il faisait de mieux : tout détruire. Effacer le bâtiment dans des volutes de soufre et enivrer sa frénésie dans les ardeurs du chaos. Néanmoins, c’était trop simple. C’était une mission de rang C après tout, et Naoto était déjà bien au dessus de ça. S’il se donnait à fond, le travail serait bouclé en quelques secondes. Des heures de labeurs consumées dans les braises de l’instant. Certes l’explosion serait magnifique, mais les pulsions du jeune ninja ne seraient pas rassasiées. Et surtout, il voulait faire durer le plaisir.

Jaugeant les possibilités qui s’offraient à lui, le garçon fixait le bâtiment de ses iris corrosives. Joyaux de fureur, leurs reflets éblouissaient la réalité d’une lumière indicible. Un faisceau malsain, des flammes rachitiques se nourrissant des délices du monde. On aurait dit que, à mesure que l’esprit du prodige imaginait des scénarios de dévastation, les coupes de sa folie se remplissaient. Réceptacles d’un nectar vénéneux, elles resplendissaient et faisaient miroiter les flammes de l’existence dans l’or de leur conception. Un alliage douteux forgé dans les braises de l’aliénation.

Déversant leur contenu dans les fleuves de la destruction, il pouvait voir la richesse de leurs ondulations disparaître dans un torrent d’ébène. Un courant sournois et meurtrier, celui qui piège le corps et mutile la raison. Puis, plongeant ses phalanges dans ce miasme insensé, Naoto en extirpa une idée.Une étrange épiphanie, celle que seuls les fous peuvent comprendre. Elle transmet à son hôte des messages absurdes, qui ne font sens que dans l’étrangeté de sa conscience.

Maintenant, le prodige savait exactement comment il allait procéder. Il devrait réussir sa mission avec une seule technique bien placée. Certes, si laisser libre cours à son génie meurtrier serait le plus efficace, il voulait corser un peu les choses. De plus, il devrait faire un peu de repérage au sein du complexe pour estimer à quel emplacement la détonation ferai le plus de dégâts, ce qui ferai un peu durer le plaisir. Avant de relâcher sa colère, il avait besoin de sentir ses veines se faire empoisonner du sirop de l’adrénaline, une liqueur acerbe transformant le sang en une merveilleuse ambroisie. Il voulait sentir le chaos infecter sa mâchoire, crispant ses muscles dans un rictus aliéné et dément. Il avait besoin de se sentir perdre le contrôle ; de se sentir vivant.


Trépignant d’impatience, Naoto s’élança d’un pas décidé en direction de l’entrepôt. Les pieds encore endoloris par des heures de marche, le garçon était plus lent que d’habitude et avait plus de temps pour sonder le paysage autour de lui. Le site n’avait pas l’air d’être sous une grande surveillance. Il n’y avait que quelques hommes déployés, en plus du personnel, aux alentours du bâtiment et ceux-ci n’avaient pas l’air très coriaces. Ce manque d’investissement dans la protection du lieu pouvait se comprendre, l’environnement agissait déjà comme un glacis défensif. Véritable épine au coeur d’un enfer de roches, son emplacement stratégique permettait de dissuader la plupart des voleurs et concurrents de s’y aventurer. Cependant, le ninja n’était ni un concurrent véreux ni un brigand obsédé par les richesses.

Le prodige tournait en rond pour trouver une entrée, mais la tâche s’avérait plus difficile que prévu. Il fallait qu’il soit discret, il ne pouvait pas juste éclater les murs d’une simple explosion. Alors qu’il s’évertuait à chercher une ouverture, une main lui attrapa soudainement l’épaule et le retourna d’un coup sec. Désorienté par l’action, le garçon eu un moment de vertige avant de voir le visage de son agresseur. L’homme qui lui faisait face était particulièrement imposant, des muscles saillants aux veines apparentes. Colosse de chair à la poigne d’argent, il se dégageait de lui quelque chose d’étrange, comme si son corps n’allait pas avec sa personnalité. Comme si, sous les blindages charnus de protéines, un coeur mielleux alimentait son système. Profitant de ce moment et écoutant son instinct, Naoto saisit sa chance :

- « Bonjour bonjour mon cher monsieur, j’ai un rendez-vous avec le propriétaire du complexe et je cherchais un moyen de… et bien d’y aller voyez vous ! Vous m’avez l’air d’un bon gars, vous pourriez l’appeler pour moi ? »

Plus c’est gros plus ça passe non ?

- « J’en doute fortement, il ne m’a rien dit à propos d’un rendez-vous. Dégage maintenant gamin. »

Perdu. Fermé comme les geôles d’une prison, le golem voyait clair dans les intentions du garçon. Mais, si beaucoup abandonneraient ici, ce n’était pas le cas de Naoto. L’homme s’était montré ferme et rustre, mais il s’apprêtait à rencontrer le démon de Suna. Un être fait de chaos se baignant dans les océans de souffrances qui se déversent dans les limbes de la destruction.

- « Ecoutez moi bien, vous n’êtes probablement pas assez payé pour risquer de perdre votre vie ici. Je le sais parce que nous, ninjas, risquons notre vie tous les jours pour des missions de la plus haute importance et notre rémunération n’est clairement pas à la hauteur du risque pris. Un simple garde comme vous ? J’ai du mal à imaginer qu’un commerçant vous paye assez pour que vous vous sacrifiez pour ses affaires. Ou alors vous êtes fou, ou juste idiot. Dans tous les cas, je vous conseille de jouer le jeu et de m’emmener voir votre supérieur. Compris ? »

Le gamin souriait de toute ses dents. Un rictus malsain, une fissure laissant apparaître deux canines anormalement aiguisées sur la porcelaine de son visage. Véritable créature du désordre, Naoto s’amusait de la situation. Il avait été démasqué, mais cela rendait le jeu encore plus distrayant. L’expression de l’homme se ferma à nouveau, mais ses yeux laissaient maintenant transparaître les joyaux de la terreur. Comme s’il savait que, peu importe ce qu’il avait devant lui, il valait mieux coopérer. Face à toute cette excitation, le prodige sentait qu’il pourrait perdre le contrôle à tout moment. Qu’à tout instant, l’or de son génie pourrait irradier le monde des chefs d’oeuvre de la dévastation. Que c’était exaltant.

D’abord hésitant, l’homme fit finalement signe au ninja d’avancer.

- « Après vous monsieur… ? »

- « Kirijo » répondit le prodige.

Le garde acquiesça avant de conduire le garçon jusqu’au propriétaire du complexe. De part et d’autres des couloirs, des caisses entières de minerais jonchaient le sol, dispersant dans les pièces des myriades de couleurs. Prismes rocheux, les cristaux filtraient la lumière dans l’écume de la félicité. Les teintes dansaient dans un fabuleux nuancier, une palette magnifique peignant le monde dans les délices de la prospérité. C’était un spectacle d’une rare beauté qui captiva le garçon pendant tout le trajet dans le hangar. Voyez-vous, si Naoto était animé par les braises de la destruction, il savait apprécier les délices de la vie. Il préférait juste tout faire exploser.

- « Vous avez de la chance, monsieur le directeur est présent dans le hangar aujourd’hui. D’ordinaire, il ne fait qu’entreposer ses marchandises »

- « Je dirai plutôt que vous êtes le petit chanceux ici. Si mon plan n’avait pas fonctionné, vous auriez déjà tous explosé »

Le garde eu un instant de recul face à la froideur chirurgicale de Naoto. C’était un être dangereux, fou et n’ayant que faire des conséquences de ses actes. Héraut de dévastation, il se déplaçait sur l’échiquier de la vie avec l’assurance des vainqueurs. Une gorgée d’allégresse embrumant de ses vapeurs nocives l’âme et la raison.

Accélérant le pas pour être débarrassé de cette vermine corrosive, le garde conduisit rapidement le prodige vers le propriétaire du lieu. Aussitôt cela fait, il prit congé et se hâta vers la sortie. « Quel lâche » pensa le ninja.
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Naoto
Boom Boom, Tam Tam
ft. Solo
Le commerçant haussa un sourcil dubitatif face au nabot qui lui faisait maintenant face. A travers sa barbe blanche, on pouvait discerner deux lèvres aussi fines que des parchemins qui formaient à elles deux un rictus circonspect. Dans les limbes de sa vieillesse, l’homme n’était pas encore assez sénile pour tomber dans le panneau aussi facilement. Il y avait quelque chose de louche et, pour une raison ou une autre, l’oeil du typhon était l’enfant qui le dévisageait.

- « Plaît-il ? »

- « Bien le bonjour. Passons directement au moment où je vous ordonne de faire ce que je veux sans blabla inutile. Vous l’avez compris, je ne suis pas là pour parler affaire ou paperasse. Je suis ici en mission. Et j’aurais besoin que vous me fassiez la visite de votre entrepôt. »

Le vieillard balaya l’air d’une main et, entre deux ricanements, entrouvrit l’antre de ses lèvres :

- « Oh et pourquoi ferai-je cela ? »

- « Car vous tenez à la vie. Non ? »

Arborant toujours le même sourire malsain, Naoto toisait son interlocuteur avec l’hostilité d’un prédateur. Félin aux griffes de nacre, le prodige avait piégé sa proie dans les tourbes du désespoir. Un marécage nauséabonde menaçant d’aspirer les âmes perdues dans l’horreur de ses tréfonds. Face au silence de l’homme, qui se savait dos au mur, le gamin se pressa :

- « Rien à ajouter ? Et bien, commençons la visite ! »


Hésitant, l’homme commença alors à avancer. Ses pas étaient décousus et on sentait la réticence dans la pression qu’il mettait dans son talon. Comme s’il essayait de ralentir artificiellement la cadence. Néanmoins, il commença à décrire les éléments qui constituaient ce lieu. Naoto pu alors apprendre plein d’anecdotes inutiles sur le bâtiment. Comme par exemple sa date de construction, les matériaux, le nombre d’étages, le nombre d’employés, le tout agrémenté d’une quantité futilement imposante d’explications sur l’articulation du marché du minerais. En somme, rien qui n’intéressait vraiment le prodige.

Commençant sérieusement à s’ennuyer, Naoto perdait patience. Il aurait dû tout faire exploser dès le début au lieu de chercher à faire durer le plaisir. L’entrepôt aurait éclaté dans un vrombissement terrible, déchirant les jointures et faisant fondre le métal de son souffle cuisant. Ne laissant qu’une carcasse fumante, l’explosion aurait éventré le complexe de ses griffes d’airain. Réduisant en cendres toute entité présentes en son sein.

Alors que Naoto s’apprêtait à laisser libre cours à son génie diabolique, une information capta son attention :

- « C’est ici que nous stockons les matériaux inflammables. Il y a en eux une certaine quantité de gaz et il faut les entreposer ici pour éviter tout risque d’explosion »

Faisant volte-face, le prodige esquissa un large sourire :

- « Des explosions vous dites ? »

- «  Oui des explosions. Avec la quantité entreposée ici, une seule braise et c’est tout le hangar qui part en fumée ».

Parfait. Naoto savait désormais où frapper. En une explosion, il allait effacer ce lieu de la surface de la terre et créer un véritable feu d’artifice. Spectacle infernal, il allait offrir un banquet aux esprits de la dévastation.

- « Et bien, merci. Je crois que j’ai tout ce qu’il me faut. Vous avez dix secondes pour quitter l’entrepôt ».

Le commerçant afficha une mine effrayée, redoutant le sens de cette phrase.

- « Que voulez vous dire ? Comment ça dix secondes ? »

- « Neuf secondes. »

Passé le moment de sidération, le vieillard compris vite ce que le démon décomptait. Sans demander son reste, l’homme se hâta vers la sortie, manquant de tomber à plusieurs reprises. On pouvait voir dans sa course les spasmes de l’effroi. Des mouvements frénétiques, contorsionnant les membres dans des angles impossibles. Désarticulé, véritable pantin de chair, son corps répondait aux murmures de la terreur et s’abandonnait à un sprint désespéré. Il s’accrochait à la vie avec tant de ferveur, tant de volonté. Mais, peu importe ce qu’il ferai, la salvation n’avait jamais été une option. Ne prêtant plus aucune attention à la position de sa proie dans le complexe, ignorant si celle-ci avait pu fuir à temps, le prodige commença à exécuter les mudras de sa seule et unique technique.

- « Bâkuton ! Lueur d’Infini ! »


La réalité s’embrasa alors dans un torrent d’ivoire. Un flash aveuglant effaçant l’existence l’espace d’un instant. On aurait pu croire que tout avait disparu, que le monde avait enfin trouvé la paix dans  l’essence de la vacuité. Néanmoins, tout réapparut très vite dans la fureur d’une détonation. Véritables ruines de ferrailles, ce qui était autrefois une structure imposante et solide avait cédé face à la puissance de la déflagration. Embaumant la structure d’une écume ardente, l’onde de choc éclatait en rythme les os des malheureux encore présents sur le lieu. Rhapsodie de souffrance, celle-ci fût très vite accompagnée d’une chorales fébriles aux grincements rocheux. Partout dans le hangar, les minerais se fissuraient et s’effritaient dans ce cataclysme d’airain. Un orchestre dérangé jouant pour le prodige un requiem d’infamie. Puis, alors que rien ne semblait pouvoir être pire, l’environnement fût aspiré par un siphon de soufre avant que tout n’explose à nouveau. Il ne resterai de l’endroit qu’un cratère cuisant, les réminiscences d’un merveilleux cataclysme. Si il restait des personnes vivantes avant cette seconde tragédie, il ne devrait plus en rester à présent.

Propulsé en l’air par la double explosion, le gamin se rattrapa in extremis avant de s’écraser contre le sol. Il était fier de lui, il venait de se surpasser. Tout avait été rasé et les stigmates de son passage étaient gravés sur des centaines de mètres. Les braises fumantes soulevaient dans l’air une fumée d’ébène, épaisse et irrespirable. Voile de chaos, elle signalait au monde la victoire de Naoto.

Le travail fait, le prodige s’apprêtait à quitter la scène de crime. Mais, au dernier moment, il vit une silhouette qui attira son attention. Agenouillé face aux ruines fumantes de l’entrepôt, le vieillard pleurait la perte de sa fortune. Il était misérable, le visage tuméfié par les pleurs et le désespoir. C’était un être chétif s’étant enorgueilli de ses richesses, il n’avait finalement que ce qu’il méritait. Arrogant, l’homme se croyait tout puissant.

Il venait d’apprendre que, dans le monde des shinobis, aucune transaction ne le sauverai des tourbes de l’aliénation. S’il venait à l’oublier, il y aurait toujours un ninja pour venir le lui rappeler.

Technique(s) Utilisée(s):

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