L'entraînement bat le talent quand le talent ne s'entraîne pas. | ENTRAINEMENT | FT. AKIRA UCHIHA

Technique à apprendre:

“L'entraînement bat le talent
quand le talent ne s'entraîne pas.*”

[ Printemps de l'an 17 ] ( thème musical )

La météo était au beau fixe en cette paisible journée de mai. N’ayant pas d’impératifs particuliers ces derniers jours, j’occupais avant tout mon temps en me noyant dans des doses excessives d’entraînements consécutifs. Mais pour avoir pu tenter l’expérience quelques fois déjà par le passé, j’avais comme l’impression que les sessions qui portaient le plus leurs fruits étaient celles menées avec l’aide d’un « mentor », si je pouvais l’exprimer ainsi. C’était la raison notoire qui m’avait poussé aujourd’hui à mettre le nez en dehors des quartiers réservés à mon clan. J’avais choisi de me rendre auprès de la tour de l’Hokage, où j’espérais vivement réussir à croiser un Uchiha en particulier. Celui-là même à propos duquel j’avais entendu beaucoup de bien circuler, notamment par le biais de tierces personnes appartenant au même clan que le sien – à commencer par son cousin Shishio.

Un peu sur un coup de tête, je m’étais donné une heure. Si passé ce délai je n’avais toujours pas réussi à mettre le grapin sur le né-Uchiha, alors je jetterai l’éponge pour aujourd’hui et je repartirai en direction du terrain d’entraînement pour m’exercer seule. Fort heureusement pour moi, je n’eu pas à attendre aussi longtemps. A onze heures tapantes, soit à peine quinze minutes après mon arrivée aux pieds du grand bâtiment, la tignasse d’ivoire si caractéristique chez Akira fit son apparition. A peine avait-il passé la porte que le soleil était venu jouer malicieusement avec les mèches immaculées qui lui barrait le visage. Ainsi, il aurait été difficile de le confondre avec quelqu’un d’autre. Maintenant, il ne me restait plus qu’à trouver en moi le culot nécessaire pour lui quémander une petite séance d’entraînement. Chose qui, sans nul doute et compte tenu de l’heure qu’il était, lui coûterait sans doute sa pause déjeuner – s’il en avait prévu une.

Une seconde, alors que j’étais toujours planté dans mon coin à l’ombre, à jauger les pours et les contres avant de me jeter à l’eau une bonne fois pour toute, Akira parut marquer une pause comme pour laisser à ses yeux le temps suffisant pour s’adapter à la luminosité extérieure.

C’est mon moment, pensai-je.

J’inspirai un grand coup, bloquai ma respiration au fond de mes poumons comme pour me donner un peu de courage tout en bombant le torse. Puis mon corps se mit en branle et mes jambes fusèrent d’un pas décidé en direction d’Akira Uchiha.

Vite, avant que quelqu’un d’autre n’arrive et ne se mette dans l’idée de l’alpaguer avant moi.

Malgré le caractère ordinaire de la présente situation, ainsi que de la demande que je souhaitais lui ardemment lui soumettre, je ne pouvais guère m’empêcher de ressentir ce petit pincement au creux de l’estomac. Caractéristique d’une petite montée de stress, comme j’en connaissais souvent même encore maintenant, malgré ma situation d’apprentie ninja. C’était bien le genre de chose qui devait n'arriver qu’aux gamines de quatorze-ans, lorsqu’elles avaient besoin d’aller aborder un garçon un peu plus âgé qu’elles, j’imagine.

Je soupirai discrètement un coup, avant d’arriver tout à fait à sa hauteur. Puis, cherchant à m’accaparer son attention, je courbai l’échine devant lui de sorte que nos yeux puissent aisément se croiser. Les siens étaient de la couleur du ciel en été : lumineux. Cette information réussit l’exploit de me prendre au dépourvu au point de m’obliger à marquer une pause malgré moi. Je restai pantoise quelques secondes, mes yeux laiteux toujours braqués dans les siens. Et il me fallut papillonner des paupières à plusieurs reprises pour m’arracher efficacement à ma contemplation fortuite. Alors seulement, je desserrai les lèvres pour entrer dans le vif du sujet :

« — Akira-san ? Excusez…enfin…excuses-moi de te déranger… J’ai entendu dire par Shishio que tu excellais dans le domaine de l’apprentissage…et…enfin…je souhaitais savoir si tu aurais un peu de temps à me consacrer. »

Comme à mon habitude, mes joues se colorèrent un peu sous le coup de la gêne qui grimpait en moi comme un poisson remonterait le lit d’un long fleuve tranquille : sans obstacle, avec une facilité déroutante. Je n’étais pas satisfaite de ce que je venais de lui sortir comme première phrase d’accroche, tout cela m’avait semblé décousu et ma demande était maladroite, c’était un fait. Mais maintenant que le sort en était jeté je pouvais difficilement faire marche arrière et tout effacer. Alors tant pis.

Avec un sourire malhabile je redressai l’échine avant de reprendre la parole pour poursuivre sur un ton plus assuré :

« — Tu manies l’affinité raiton si je ne me trompe pas ? Sais-tu invoquer des clones de foudre par hasard ? Cela fait un moment que j’essaye de perfectionner cette technique, mais je dois bien avouer que je rencontre encore quelques difficultés. Et c’est-à-dire que…personne ne manipule vraiment cet art dans mon entourage proche. »

Je ne mentais pas vraiment, le peu de personnes maniant l’art du Raiton se comptaient sur les doigts d’une main dans mon entourage. En tout cas à ma connaissance. Et autant demander l’aide d’une Uchiha que je ne connaissais pas, mais dont j’avais entendu du bien par le biais de cousins éloignés, me paraissait être relativement une bonne idée. Autant je me voyais mal demander de l’aide à n’importe qui. Le fait qu’Akira n’ait que deux ans de plus que moi devait aussi grandement jouer dans la balance. Il était toujours plus facile de demander un coup de pouce à quelqu’un de son âge plutôt qu’à un adulte. Parce qu’on se pensait – souvent à tort – plus proche du premier que du second. Mais maintenant que je pouvais ausculter mon vis-à-vis de plus près, je n’étais plus si sûr de pouvoir en jurer. Dans le sens où, avec les conflits, nos vies si particulières lorsqu’on émettait le choix d’épouser le métier de ninja… On finissait irrémédiablement par grandir trop vite. Au point même que l’Akira qui me faisait face à cet instant me paraissait en tout point être un adulte.

J’esquissai un pas de retrait, pour laisser plus d’espace à Akira. Et je me tu le temps qu’il me donne sa réponse. Mais, mentalement, je croisais les doigts dans l’espoir qu’il accepte ma demande.

* Citation de Charles Ebenezer.