- Je suis un juunin de Suna, et je me retrouve toujours de bon matin à faire du rangement et de la vente dans une boutique de merde. Je râlais, encore et toujours.
Les périodes où nous étions d'astreinte pour les missions, nous étions en intérimaire bénévole chez mamie-maté. La vieille était contente d'avoir de l'aide, on portait les trucs lourds et notre air avenant et dynamique permettait de rafraichir un peu l'image de la boutique. "Pas étonnant, quand on voit la peau de chèvre qui s'occupe du service". Celle-ci nous poussait au cul pour qu'on se dépêche de finir notre office, elle oubliait que nous étions présents à cause de notre bon cœur. On l'aimait bien, malgré tout, cette mégère. Hayato dirait que c'est parce qu'elle était toujours là pour nous, depuis notre plus teeeeendre enfance. Moi, je dirais qu'elle nous filait du maté et des produits qui arrivaient à la date de péremption. Voilà tout. Rien que son nom : Mamie-maté, ça montrait bien le côté utilitaire que nous avions donné, dès l'enfance, à cette maquerelle.
Sauf que Hayato n'était plus avec moi... Avec l'intendance du village, il avait une bonne excuse pour se carapater.
J'étais le présupposé au rayon café, thé et maté. Tous ces trucs qui vous filaient de la tachycardie si vous ne faisiez pas gaffe. Je vendais bien mes produits, j'en consommais régulièrement pour me tenir alerte lors des missions et les entrainements, même si j'appréciais sans doute un peu plus un produit : Le maté, oui. Bravo pour cette déduction ! J'avais réussi à en faire consommer Honoka, entre autre nouveauté qu'elle avait pu consommer. J'étais un bon panneau publicitaire !
Adossé contre la tête de gondole, où trônaient des produits en promotion puisqu'ils arrivaient en fin de date de consommation. Je lorgnais du regard toutes les boites et conserves pour choisir ce que j'allais récupérer pour l'appartement une fois qu'ils allaient être périmés : J'étais bénévole, pas complétement bête. Derrière mon rayon, il y avait le coin des sucreries et, mine de rien, je faisais un peu la richesse de la propriétaire en vendant des feuilles anti-oxydantes à des jeunes filles qui culpabilisaient d'avoir acheté des boites de chocolat... D'une voix charmante, je parlais savamment de tout ce que je savais sur mes produits, leurs vertus et surtout de ce qu'il fallait en faire :
- Quand en boire ? La plupart du temps au réveil pour pouvoir se dynamiser ou après le sport pour pouvoir refaire le plein d'énergie et restaurer les muscles pour affronter le reste de la journée. Surtout ne pas en boire avant le sport, le cœur s'emballe et... Oui, la tachycardie et d'autres petits tracas dans le genre. "Le cœur est une pompe, faut pas qu'il s'emballe." ... Oh ! Comment en boire ? Eh bien ma chère, il faut remplir au trois quarts votre contenant de feuille, mettre de l'eau à peine bouillonnante, attention, car si c'est trop chaud cela brûle les feuilles, et puis on attend. Surtout ne jamais touiller et boire vite ! Ahah.
Avant, j'aurai pu ajouter : "Si vous voulez, je pourrais venir vous montrer, c'est pas très compliqué. En plus, on pourra gouter les chocolats que vous avez achetés !" Malheureusement, le cœur n'y était plus.
Il était ailleurs ?
Ce matin-là il était trop tôt pour voir arriver la moindre donzelle. C'était la tranche horaire des petits vieux qui venaient faire leurs courses puisqu'ils arrivaient plus à dormir... Je songeais que mamie-maté serait sûrement parmi eux, si elle n'était pas propriétaire. Le rayon couche était tout petit, ce n'était pas la clientèle qu'elle visait en priorité... Pourtant, à son âge, elle devrait connaitre les besoins de ses congénères. Passant un coup de balais, le vent de Suna faisant rentrer de la poussière et... Du sable ?
Putain de sable qui jalonnait mon chemin et ma vie.
- Tu as vu Hayato récemment ? La vieille posait des questions un peu bêtes... - On habite ensemble, mamie, bien sûr que je l'ai vu récemment... Tous les matins et tous les soirs. Je levai un sourcil, derrière mes rayons. - Ah bon... Et il va bien ? "Il te manque, vieille peau ?" - Il peut plus faire la sieste, alors je crois qu'il va très mal...
Quoi ? C'est pas vrai ?
Sphinx. Yukio 021
Nozomo Hayato
Suna no Jonin
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Fiche du Ninja Grade & Rang: JOUNIN - RANG A - Intendant de Suna Ryos: 1895 Expérience: (1913/2000)
Voilà qui résumait bien le sentiment de notre pauvre archer… Levé comme à ses habitudes aux aurores il était cependant hors de question de traîner dans le petit appartement fraternel. Tout juste avait-il eu le temps d’une toilette, entrecoupée de quelques bouffées de cigarettes – manquant au passage de l’éteindre un nombre incalculable de fois – que déjà il se dirigeait d’un pas décidé vers la tour du Kazekage…
Sa nomination au poste d’intendant, s’il représentait une chance inouïe semblant presque tomber du ciel. Amenait néanmoins certains changements dans son rythme de vie… Fini les siestes sous les palmiers… Les matinées perdues à s’entraîner ou simplement à ne rien faire… Aujourd’hui sa vie prenait des allures de partition. Un réveil tel un métronome, il quittait l’appartement et se rendait immédiatement à la tour du Kaze. Prenant place dans son bureau il devait trier et gérer la documentation qui semblait sans fond, avant de devoir effectuer la paperasse normalement réservée au vieux Senshi… Une liste gargantuesque de noms, de dates, de lieux, de suppliques…
Accepter, refuser, mettre en attente, demander un complément d’informations, mettre en forme, archiver, jeter, régler, suspendre… Qui aurait pu deviner que les affectations d’un intendant seraient si importantes !? Le soleil au zénith, il se substantait tout en continuant son travail. Point de choses manuelles, uniquement de la lecture de document, travail préliminaire de son après-midi. Faisant en sus, travailler sa mémoire !
Un train de vie quotidien bien loin des affectations habituelles d’un shinobi. Allait-il terminer bureaucrate ? Engoncé sur sa chaise, le nez toujours vers sa pile de papiers et les doigts imbibés d’encre ? Il s’y refusait farouchement et pour ce faire… S’entraînait durant son temps libre. Tout juste quittait-il son poste que déjà il se dirigeait vers le terrain d’entraînement, le désert, l’oasis ou le domaine des Nozomo. Là-bas il exerçait ses muscles et malaxait son chakra, soucieux de ne point perdre la main.
La routine…
Mais cette journée fut toute particulière… Lui qui pensait pouvoir quitter son poste, alors que le soleil commençait à décroitre. Voilà qu’il reçut une supplique signée de la main de son prédécesseur. Sahara Denya, aujourd’hui membre du bas-conseil et représentante de l’aile conservatrice du village, lui faisait parvenir par courriers ses nombreuses demandes. Le petit cachet, sur lequel était inscrit en rouge la mention "urgent", ne tenait en réalité qu’en quelques lignes.
"Cher Hayato,
Comme tu le sais notre village a besoin de faire tourner son économie et pour ça j’ai peut-être une solution…"
N’en lisant guère plus, la lettre rédigée main à la sueur de son bois fut froissée et balancée avec une certaine technique - gage d’une certaine habitude – vers la corbeille dédiée.
"Fin de journée… Je remballe"
Que nenni ! À peine avait-il eu le temps de jeter le premier papier que déjà d’autres arrivaient ! Était-ce une variante du Kage Bushin ? Parcourant les signatures d’un regard inquiet il constata alors l’affreuse vérité… Partout cette même écriture et les mêmes lettres stylisées…
Sahara Denya
Après avoir réservé le même sort qu’au premier courrier à une série de dix suppliques. Sans un mot ni regard en arrière, le jeune intendant claqua la porte enfermant par là-même ses problèmes dans le petit bureau. Direction le terrain d’entraînement ? Non. Il voulait de la normalité, du calme… Retourner à son passé et enfin tout oublier. -Oui, il faudra tout oublier…- Et pour ça, une solution : Mamie Maté.
Arrivant dans la petite boutique, toujours animée bien que peu fréquentée. Il y retrouva son frère qui s’affairait à vanter les vertus de quelques feuilles hachées auprès d’une jeune femme en quête sans doute d’anti-oxydant. Le gratifiant d’un simple mouvement de tête comme salutation, il partit se placer comme à son habitude derrière le comptoir, où il discuta simplement avec la vieille femme, substitut de grand-mère depuis son enfance...
"Alors… Les ventes sont bonnes ?"
Le regard accusateur et la mine faussement renfrognée, celle-ci grogna plus qu’elle ne lui répondit.
"Oh tu sais, la vente c’est comme les proches… Ça va, ça vient…"
Je vois… L’ambiance est… asphyxiante.
Une pique ? Tout à fait. La vieille femme avait du mal à accepter le changement. Surtout lorsque celui-ci la privait d’un esclave à temps partiel. Un temps faussement détachée, elle dévoilait à mesure des jours son jeu. Composé en majeur parti d’une Reine de Pique. Feignant de ne pas remarquer le ton acerbe de celle-ci, Hayato répondit sur le ton de l’anecdote.
"Eh bien écoute, j’ai passé une très mauvaise journée. Cependant, j’ai eu vent d’un nouvel arrivage de produits exotiques saisis à la frontière par le village… Des fruits aux formes bizarres et au goût très sucré, recouvert de sorte de piques. Je n’avais jamais vu ça auparavant… La cargaison devrait-être disponible à l’achat dès demain matin… Une vente aux enchères, semblerait-il… M’enfin… C’est pas comme si j’avais les moyens…"
Un léger coup d’œil vers le bas pour s’assurer que sa proie avait mordu… S’il put deviner son intérêt par la sale manie que la mamie avait de s’activer sans raison. Touchant une feuille pour la replacer, puis comptant frénétiquement les pièces sous le comptoir, puis à nouveau la même feuille. Celle-ci ne voulut rien en faire paraitre.
"Tu m’as pris pour ta confidente ? Va plutôt aider ton frère et ranger la boutique, on ne va pas tarder à fermer !"
Se levant promptement, l’archer parti en direction des stocks, le sourire aux lèvres…
Depuis qu’il était revenu de mission, Naoto s’ennuyait. Il sentait son esprit s’enliser dans un miasme d’inertie, un élixir de paresse enivrant l’âme et la raison. Si pour certains ces moments de calme loin du quotidien militaire étaient une aubaines, ils étaient insupportables aux yeux du prodige. Sans distraction, il sentait faiblir les braises de son coeur. Sans explosions, il voyait mourir les flammes de ses ardeurs. Planté là au coeur du centre-ville de Suna, Naoto s’abandonnait à une étrange torpeur.
Insatisfait des étoffes monotones qui constituent les parures des jours, il arpentait les rues animées du village une moue volontairement exagérée affichée sur son visage. Il toisait le monde de ses yeux vulgairement enfantins, teintant de son mépris les bâtisses d’ocre et de poussière. Ses iris rongeaient la réalité d’une morosité grotesque, preuves d’un mal qui n’avait lieu d’être. Aucune personne saine d’esprit ne réagirait aussi mal à l’ennui. C’est une émotion naturelle après tout ? Les plus belles symphonies sont elles mêmes parcourues de pauses et de temps mort. Cela cultive le mystère et nous fait appréhender les délices que la vie attend de nous offrir. Mais pour Naoto, l’attente était synonyme de mort. Augure funeste, l’ennui ne lui causait que du tort.
Le prodige passa une bonne partie de sa journée à flâner sans but dans le village du vent, meurtris par une chaleur accablante. Le soleil semblait trôner dans la voûte céleste comme un souverain dominerait son royaume. Tyran infernal, l’auréole de son zénith asséchait les corps et aliénait la raison. Prisonniers de cette fièvre incandescente, les hommes ne pouvaient qu’implorer la miséricorde de leur monarque. Mais, bientôt, il ne resterai de ses sujets que des squelettes dont la peau avait fondue. Des carcasses brûlantes pavant dorénavant les avenues de l’enfer.
Ne pouvant supporter la lourdeur de l’atmosphère et sentant que son corps faiblissait, Naoto décida de rentrer dans la première échoppe qu’il pu trouver. Même si cela était déplacé, il prévoyait de feindre l’intérêt pour les produits qu’il y trouverai afin de ne pas être éjecté du magasin. Après tout le client est roi, mais cette règle ne s’applique pas aux squatteurs.
Une fois à l’intérieur, Naoto fût surpris de l’endroit dans lequel il avait mis les pieds. Véritable désordre organisé, la pièce était remplies d’herbes en tout genre. Leurs odeurs s’emmêlaient dans des nœuds irrésistibles, des cordages lisses imbibés d’ambroisie. Le prodige sentait à la fois l’amertume du thé et la douceur de l’encens. Aussi venait s’ajouter à ce miasme incolore des odeurs qui ne lui étaient pas familières. Des fumets exotiques, des senteurs délicatement étrangères. Même si l’ennui gangrenait toujours son être, il devait bien avouer que la multitude de parfums attisait ses sens et essayer d’identifier leurs origines le distrayait.
Un certain charme se dégageait de l’échoppe, quelque chose de doux et réconfortant. Bercé par les nuages d’arômes qui embaumaient la boutique, on aurait pu croire que la folie destructrice du garçon s’était endormie, comme anesthésiée par ce bouquet olfactif. Mais, penser cela serait se fourvoyer. Naoto n’était pas un garçon ordinaire. L’harmonie, aussi plaisante soit-elle, était un terreau fertile pour ses pulsions. L’ordre des choses, le calme et la paix n’étaient que des vecteurs de sa folie. Plus ces facteurs étaient présents et plus il avait envie de tout détruire. De tout réduire en cendres.
Perdu au milieu des tours aux rangements hasardeux, le prodige entendait les murmures des muses de la dévastation. Des chuchotements inaudibles rendant fou quiconque les perçoit. S’il se concentrait un peu trop dessus, il savait qu’il pourrait perdre le contrôle. En temps normal, il laisserait libre court à ses désirs d’annihilation. Néanmoins, il ne souhaitait pas retourner dehors. En tout cas pas tout de suite, sinon il risquait l’insolation.
Déambulant toujours dans le magasin d’un pas nonchalant, Naoto s’arrêtait périodiquement pour lire les étiquettes des produits. Il avait lu beaucoup de choses sur les plantes médicinales mais il devait bien avouer que la plupart des spécimens présents dans le magasin ne lui disaient rien. Et il n’aimait pas se sentir bête. Il aimait se sentir brillant car il s’enorgueillissait de son savoir et surtout de ses talents.
Commençant à s’impatienter et ayant du mal à contenir la rage destructrice qui l’habitait, Naoto s’arrêta net au milieu de l’allée. Son regard se perdit dans celui d’un des vendeurs et son esprit fût aspiré par ses pensées. Le pauvre employé qui lui faisait face devait se demander ce qui était en train de se passer. Un gamin d’à peine un mètre soixante, droit comme un « i », et avec des iris corrosives le fixant. Un peu flippant, il faut l’admettre. Puis, quelques secondes de « rien » plus tard, Naoto attrapa un bocal sur l’une des étagères et, en toisant toujours le vendeur, le laissa tomber sur le sol. Son geste était mécanique, dicté par un trop plein de stimuli. Tapis dans les limbes de son âme, les chimères du chaos s’éveillent.
Soporifique cette journée... Un coup de balais plus tard, je campai dans mon rayon en attendant le malheureux qui allait venir voir le maté pour se faire alpaguer par un homme-panneau. Un bruit de porte d'entrée me signala un client, mais personne dans mon rayon alors je laissais gérer la vieille... "Eh ho, j'ai du boulot aussi." Une voix familière porta à mes oreilles, répondu rapidement par le fiel de la vieille : "Tiens, prends-toi ça intendant de mes deux... Lâcheur !"
J'étais jaloux du pouvoir politique dont était affublé mon frère alors que je restai un juunin banal ? Non... Je n'étais pas un juunin banal ! J'étais Yukio Nozomo ! Le... Le... Juunin avec un katana et deux éléments, youhou... Bon, ok, j'avais rien de bien original dans mes techniques. Ce qui me détachait des autres ? Une consommation explosive de maté ?
Oui.
Attendant que Hayato me donne un peu d'attention, j'entendis une nouvelle fois la porte s'ouvrir et un gamin s'engagea dans mon allée. Mon regard chaparda sa silhouette pendant de brèves secondes : Petit, jeune, pourtant son allure semblait celle d'un type plus fort que ce qu'il paraissait au premier abord. Les cheveux noirs, je vis rapidement un regard confus, hagards, presque immatériel qui cherchait une raison. La peau blanche, trop blanche, il me rappelait mon frère, mais sans le longiligne, pourtant la maigreur était là. Regardant les étalages, je le laissais faire, regardant un peu mieux ce type qui ne sonnait pas comme un civil... Un ninja ? Le parchemin sur son visage signalait ce genre de chose, mais c'était son regard, toujours, qui me rendit le plus méfiant.
"Pourquoi cela me dit quelque chose ?"
Du bout de mes doigts, je tapotai le bois froid de l'armoire où s'amoncelaient les herbes et les produits. Le capitalisme envahissait les lieux, mais lui cherchait une autre voix que celle de la consommation... Alerté par ce bruit rythme, sans doute ? Le gamin se tourna vers moi, jaugeant sans doute ma distance et mon existence, avant de prendre un bocal et de... L'exploser au sol ?
"C'est un chat, ce con ?"
Mes yeux, passant de la silhouette fantomatique du petit au verre brisé, engoncé de verdure, revinrent sur le visage du garçon qui continuait de me fixer.
- Tu me prends pour ta bonne ? Croisant les bras, je n'avais nullement envie de ramasser les conneries conscientes d'un pourri gâté. Pourtant, le regard de ce type poussa de ma conscience le tourment du ménage. Mamie, Hayato... Je crois qu'on a un client qui veut se la jouer voyou. Prenait un balai pour qu'il nettoie les dégâts qu'il a faits consciemment.
Autant demander des renforts s'il cherchait la bagarre, les ennuie ou les explosions... Pour autant, je voulais prévenir en donnant des détails : Ce n'était pas un accident, il avait lâché sereinement le bocal. L'absence de surprise parlait pour lui. Soutenant son regard, je cherchai toujours les traces, dans ma mémoire, d'informations concernant un abruti dans son genre... Pour meubler le moment, je me rattachai à ce que je faisais le mieux dans mon rayon :
- Je te ferais bien un discours sur la morale, ou sur le maté pour te faire acheter les produits, mais je pense que tu en as rien à foutre et j'ai vraiment pas la foi de parler dans le vide... Tant que tu as l'argent pour rembourser les dégâts, ça m'ira. Soupirant, je regrettai un peu le côté soporifique de la journée. Faire du commerce, c'était se frotter à des gens bizarres... Dans mon autre profession, au moins je pouvais buter la plupart. Ici, bon...
Compliqué.
Subsistait une tension qui me prévenait que j'étais dans une situation analogue à une mission : Le danger ? De ce gamin ?
"Qu'est-ce que fout un type comme ça à Suna ?"
Sphinx. Yukio 021
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Furetant habilement dans la réserve de l’échoppe, Hayato s’affairait à l’inventaire et par l’évaluation des stocks restants parvenait à deviner les ventes de la journée. De petites ventes, sans doute auprès des riverains mais rien de plus. Comme d’habitude c’était le maté qui trônait en tête des ventes. Seul point de vente du village, les feuilles hachées avaient fait leur bout de chemin et s’étaient construites une petite renommée…
Venant de la salle principale un éclat de verre le tira de sa rêverie éveillée. Loin de s’inquiéter le jeune homme s’attendait presque à entendre les cris de la vieille femme rabrouer violemment Yukio pour sa maladresse. Mais son silence resta complet… Peut-être était-ce elle la coupable ? Elle n’était plus toute jeune après tout… Et certains bocaux étaient devenus trop lourds pour elle. Poussant un soupir et laissant en place son travail inachevé, le jeune archer agrippa le nécessaire. Un balai à plumeau et une petite pelle pour évacuer les éclats brisés avant qu’un pauvre client ne se coupe par mégarde. Alors qu’il s’apprêtait à pénétrer dans la pièce principale il lui sembla distinguer quelques éclats de voix en provenance de son frère, sans cependant, parvenir à en identifier le sens.
C’était peut-être bien lui finalement…
Une scène atypique se déroulait au centre du magasin : Un jeune garçon à la mine morne toisait avec ferveur un pauvre vendeur visiblement en rogne. Le jeune intendant avança d’un pas, puis deux, puis…
Oh….
Il le l’identifia plus qu’il ne le reconnut, malgré ses traits enfantins il n’était guère petit, son visage aux reflets d’ivoire mettait en valeur le doré de ses grands yeux. Un morceau de parchemin était collé à même l’une de ses joues… Impossible de se tromper, il était le jeune Kirijo Naoto. Chunin du village malgré son jeune âge… Enfin jeune, cela était tout relatif, puisque sous ses traits d’enfant, le garçon avait en réalité dépassé les seize hivers. Une légère sueur froide plaquée dans le dos, Hayato continua d’avancer, l’air de rien.
"Ah ! Naoto c’est bien ça ? Bienvenue dans la boutique de Mamie Maté…"
Un regard en oblique et le temps d’un battement de cil il avait partagé le regard de son frère. Celui-ci restait perplexe face à la scène, visiblement, sur ses gardes. Une rapide analyse du lieu lui fit esquisser un tableau, semblant plausible.
Il est rentré et a fait tomber un bocal , Yukio attend qu’il s’explique, mais le garçon reste statique ?
Sur le ton de la conversation, Hayato continua tout essayant de réunir de plus ample information. "J’ignorais que tu étais déjà rentré de mission. As-tu fait ton rapport ? Il ne me semble pas l’avoir feuilleté." L’attitude de Yukio était particulière, étrange, en sus, la mamie d’ordinaire si grande gueule n’avait pas moucheté mot. Avait-elle identifié le ninja sous le masque d’enfant et laissé le soin à ses protégés de s’en occuper ? Possible. Un autre échange d’œillade avec Yukio : Une mise en garde ? Il n’avait visiblement aucune confiance dans le gamin… Compréhensible. Jetant un coup d’œil volontairement visible vers les éclats de verre, l’intendant continua, esquissant un coin de sourire.
"J’imagine qu’il t’a échappé des mains" Un sourcil relevé accompagnait son hypothèse. Un ninja aux mains de savon ? "Rien de bien grave ne t’inquiète pas. Tient." Il planta alors les affaires de nettoyage dans les petites mains du garçon. "Contente toi de nettoyer les dégâts et nous serons quittes. Ça te va Mamie ?" À ses mots il détourna la tête pour observer l’ancienne tout en faisant le souhait que son attitude nonchalante parviendrait à détendre l’atmosphère.