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Tsumi's Inferno

Chinoike Tsumi
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Tsumi's Inferno Jeu 13 Mai - 20:37
Chinoike Tsumi
Technique animation - 50%



Renaître. Voilà un mot dont le sens profond varie avec une aisance déconcertante. Pour certains, il s'agit de revenir d'entre les morts. Pour d'autres, il est question de se réinventer après moult péripéties qui auraient dû les détruire. Pour Tsumi, il n'était question, ni de jouer les phoenix ardents, ni de faire face à des cassures de son esprit. En vérité, il n'était même pas question de renaissance...

~

Prologue.


Cette histoire commença, comme à son habitude, au sommet d'une falaise bien trop connu par un jeune Borgne, dont le regard se perdait dans l'horizon. Une fois de plus, il contemplait la lueur du soleil couchant, et les reflets d'ors et rosés qui rebondissaient sur les pans enneigés des hauts monts. Face à lui, trois des plus grandes dames de cette terre glacée et dans son dos, le chemin menant au domaine de son Clan. Il sera bientôt l'heure pour lui de rentrer, une fois encore, il arpentera les alcôves de cette grotte où les Chinoike vivaient depuis des années maintenant. Rien ne bougeait, tout était imbriquait dans une continuité morbide dans laquelle il ne se rendait même pas compte qu'il se noyait. Lui qui aimait tant partir à la découverte du monde, revenait sans cesse, à cet endroit précis, à ce moment particulier, pour contempler, le même couché de soleil.

Mais pas cette fois-ci. Pas en ce jour, si particulier, où lorsque l'astre diurne frôla pour la dernière fois de la journée, la ligne qui s'étendait au loin, une lumière verte jaillit du néant. La surprise fut des plus totales, si bien que le Borgne n'avait su se préserver de ce flash qui l'aveuglait pendant un instant. Se tordant de douleur, il frottait son œil, essayant de le plonger dans l'obscurité la plus complète. Comme un réflexe, il resta là, un long moment sans chercher à ouvrir sa paupière. La douleur avait été vive et intense, et même s'il se doutait que tout irait bien dorénavant, il y avait toujours cette crainte. Car si demain il perdait l'usage de son œil, qu'adviendrait-il de lui ?

Cette simple pensée le fit sourire. Il se pensait bête de croire qu'un pauvre halo lumineux pouvait aussi aisément mettre fin à toute image, toute couleur mais également, détruire l'héritage de son Clan... Cette nuit-là, sembla plus sombre que les dernières. Pourtant, cela devait être la pleine lune. Alors, comment cela se faisait-il qu'il faisait aussi sombre soudainement ? Ouvrant son œil, il ne vit que les ténèbres. Inquiet, il concentra son énergie au bout de ses doigts, laissant jaillir, comme à l'époque de sa captivité, la lumière qui le guiderait dans les abîmes les plus obscurs. Mais rien n'y faisait. Autour de lui, tout n'était que néant. Cela ne se pouvait. C'était impossible. Frénétiquement, l'angoisse devint peur, la peur, devint panique, la panique, se transforma en tristesse. Pourtant, il pouvait sentir les larmes qui coulaient le long de sa joue tandis que son cœur s'emballait de plus en plus. D'un mauvais réflexe, il toucha son œil et une vive douleur le percuta, le plongeant dans la plus vicieuse et horrible de toutes ces craintes.

Ce fut à ce moment-là, qu'une voix l'appela par son prénom. Cette sonorité, il la reconnaissait, sans réussir à poser un visage dessus. Mécaniquement, il tenta de se retourner vers la source de cet appel, faisant volte-face sur lui-même, ne réalisant pas qu'il était si proche du gouffre. Il n'eut pas le temps de demander qui était là, que son corps basculé, une fois de plus dans le Puits des Morts. Pendant un instant, alors qu'il perdait l'équilibre, Tsumi crut apercevoir une lueur au loin. Etait-ce le fruit de son imagination ? Ce qui était sûr, c'était que son corps venait de basculer dans les ténèbres et que dans le sifflement du vent, un hurlement se fit entendre. Son prénom, encore. La même voix, toujours. Son esprit sombra malgré la peur qui lui lacérait le corps et il finit par disparaître.

L'Enfer, l'appelait à nouveau.

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Re: Tsumi's Inferno Jeu 13 Mai - 21:14
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Chapitre I.
Le Sans-Visage


Lorsque le pauvre Chinoike se réveilla, son esprit, plus que son corps, le faisait souffrir. Une douleur lancinante martelait sa tête, l'obligeant un instant à rester allongé, alors que peu à peu, il ouvrit les yeux et découvrit l'endroit étrange où il avait échoué. Ce qui le marqua avant toute chose, fut le ciel, dont la couleur oscillait d'un jaune nankin jusqu'à un beige sableux sur la ligne d'horizon. Cette dernière était étonnement bien visible, entrecoupé seulement par quelques colonnes de roches dont la forme géométrique parfaite leurs donnaient l'impression d'avoir été taillé. Leurs pieds, quant à eux, plongés des cimes infinies vers un sol aqueux reflétant tel un lac le peu qui semblait s'élever hors de sa surface. Tout était, si étrange et le silence, imperturbable qui grondait autour de lui n'offrait que plus d'insécurité. Etait-il seul ? Mais surtout, où était-il ?

Cela n'était guère la première fois que son esprit lui jouait des tours. Conscient des limbes dans lesquelles ce dernier était capable de l'envoyer, le jeune homme pensa d'abord à un rêve étrange. Pourtant, l'odeur rance de suie et de souffre qui embaumait ses narines étaient bien trop perturbante pour qu'elle soit irréelle. Forçant sur la surface de ce sol étrange, il se redressa, tournant autour de lui pour percevoir le moindre détails qui pourrait lui dire où est-ce qu'il se trouvait. Que ne fut pas sa surprise, lorsqu'il vit que chacun de ses pas créaient à la surface une onde qui s'échappaient jusqu'à l'infini.
Plongeant ses deux mains dans sa chevelure, le Borgne-Aveugle réalisa soudainement un détail qui, pourtant, aurait dû, littéralement, lui sauter aux yeux depuis son réveil : Pour la première fois depuis des lustres, il voyait, et de ses deux yeux.

L'inquiétude se changea en surprise, et la surprise devint joie, lorsqu'il joua à cacher un de ses yeux pour vérifier qu'il voyait bel et bien à nouveau du second. Ce miracle qui prenait vie soudainement le poussa à lâcher un soupire de bonheur, bientôt rejoins par les rires d'un enfant qui, après avoir vécu ses dernières années sur le fil de la cécité, pouvait à nouveau jouir complètement d'un de ses sens. Comment cela était-il possible ? Il n'en savait rien et au fond de lui même, savoir l'importait peu. Ce qui comptait, n'était autre que ce cadeau du ciel qui l'avait extirper de sa condition vers une possible lumière.

Mais alors que le bonheur traçait sa route en son cœur, une voix l'interpella. Surprit de trouver quelqu'un en ces terres nouvelles, l'ancien borgne tourna sur lui-même, provoquant d'autres appelles de cet inconnu qu'il n'arrivait à percevoir, jusqu'à ce qu'il comprenne que la source provenait d'en haut d'une des colonnes de pierres. Ajustant sa vue de ses deux yeux, il mit un temps à vraiment percevoir les traits de l'autre. Finalement, après quelques secondes, il arriva à déceler les traits de ce dernier, faisant un pas en arrière tandis qu'il découvrait son horrible visage.

Ou tout du moins, ce qui y ressemblait. Car en réalité, si la créature avait belle et bien une tête, un buste et des bras semblables à l'homme, elle n'en possédait que l'esquisse. De son visage, ne restait qu'un œil se situant là où devrait se trouver un nez, tout le reste n'existait pas. Ses membres, ressemblaient plus à des branches d'arbres morts qu'à de véritables appendices faites de chairs et d'os. Quand à ce qui aurait dû être ses jambes, ce n'était qu'une masse informe, virevoltant au grès des mouvements de cette chose qui continuait à l'appeler, lui faisant signe d'un de ses doigts semblables à une serre, de le rejoindre.

Horrifié par ce démon, le jeune homme posa un pied vers l'arrière, prêt à fuir à la moindre tentative d'approche de ce monstre. Mais ce dernier lui faisait signe de ne pas bouger, brandissant ses mains en avant pour stopper la progression du Chinoike, alors que sa tête regardait dans tous les sens, marquant la panique de cet être difforme. Qui avait-il en ces lieux qui pouvaient faire peur à ce point à un être aussi démoniaque ? Plus il y pensait, plus il refusait de rester là plus longtemps pour le savoir. Doucement, il recula encore, créant une nouvelle onde qui ne tarda pas à pousser l'autre à gesticuler dans tous les sens. Pourquoi tant d'agitation ? S'il avait pu parler, sans doute qu'il aurait hurlé, mais dans cette contrée où la damnation est éternelle, le moindre murmure suffit à éveiller la Bête.

Car alors que le Loup Solitaire n'avait jusqu'alors, perçu nulle autre onde que la sienne, de petites vaguelettes vinrent à toucher ses pieds, mouillant de ce liquide étrange le tissus de ses chaussures. Y avait-il autre chose ? Un autre monstre ? Partant de lui, il remonta la trace de ce mouvement, puisant dans la force de cette vue retrouvé pour percer à jour le voile mystérieux de cet horizon où, pourtant, il ne semblait rien y avoir. Se disant qu'il s'agissait peut-être là d'une simple réverbération de ses propres mouvements, il commença à se tourner, mais s'interrompit lorsqu'au loin, il vit une masse s'extirper légèrement du sol pour y replonger tout de suite après.

La peur commençait à faire battre son cœur de plus en plus vite, tandis qu'il cherchait autour de lui un endroit où se cacher. Regardant l'autre monstre, ce dernier lui faisait signe de le rejoindre, marquant sa tête par son doigt, demandant à Tsumi de rester silencieux. Mais comment pouvait-il faire ? Le moindre mouvement trahirait sa présence et il n'avait aucun moyen de sauter jusqu'à la tour. Et puis même, troquer un monstre pour un autre ? Etait-ce là la meilleure des solutions pour survivre ? Il devait réfléchir et vite. Mais alors que tout sembla s'accélérer, il remarqua que le masse, n'était pas réapparu. Peut-être que s'il restait immobile, il pouvait lui échapper ? Souriant à cette idée, il toisa l'autre monstre, qui continuait à gesticuler dans tous les sens, marquant la crainte, l'énervement, pour finalement plonger sa tête dans ses mains, cachant son œil unique, comme si quelque chose... Etait sur le point d'arriver.

Une simple pensée traversa soudainement l'esprit du jeune garçon, si la Bête, pouvait se mouvoir sous ce sol étrange... Alors peut-être... Son regard se porta vers ses pieds et ce qu'il vit, le glaça d'effroi. Au loin dans les profondeurs abyssales, une masse, gueule grande ouverte, s'approchait de plus en plus de la surface, serpentant dans les flots, prenant de plus en plus de vitesse, laissant à sa proie, tout le loisir de contempler sa mort imminente.

Il n'eut fallu qu'une seule seconde pour que le Chinoike s'extirpa des bras de la mort. Un simple réflexe salvateur, qui le fit bondir in-extrémiste, alors que l'immense mâchoire du prédateur jaillissait des tréfonds pour venir le happer. Réalisant une roulade pour se rattraper de sa chute, le pauvre Renégat n'eut pas le temps de souffler que déjà l'apesanteur rappelait à lui son bourreau, dont la gorge déployée, approchait de plus en plus vite, véritable épée de Damoclès prête à s'abattre sur le pauvre bougre qui commença à courir, évitant une fois de plus, le baiser de la Mort.

La Chasse était lancée.

Le souffle court, Tsumi n'avait nulle part où se cacher. Sa seule option, était de courir, et d'espérer que la Bête ne soit pas plus rapide que lui. Se tentant à des feintes, il continuait à chercher dans sa course une manière de se mettre à l'abri. Perché au sommet de son monolithe, le monstre sans visage continuait à gesticuler, marquant un stresse des plus prononcés pour le Chinoike qui s'évertuait à rester en vie. Mais plus le temps filait, plus la mâchoire du prédateur se rapprochait. La fatigue faisant, l'étau se resserrer de plus en plus sur le pauvre garçon qui ne savait plus quoi faire, ni où aller. Plaqué contre un autre pilier, il regarda autour de lui, finissant par porter son attention sur l'autre qui lui disait de venir à travers des gestes le rendant encore plus morbide qu'il ne l'était déjà. Mais après tout, qu'avait-il à craindre de plus que la mort qui déjà était à ses trousses ?

Le monstre jaillit une nouvelle fois du sol liquide, plongeant gueule ouverte contre la pierre qui ne céda étonnement pas sous le poids de son immensité. Esquivant une énième fois, il vit que la mâchoire de l'immondice était bloqué contre la roche. Une chance qu'il ne pouvait laisser passer. Pourtant, entre lui et son présumé sauveur, un obstacle de taille gesticulait comme un dément, créant d'immenses trombes d'eaux qui perturba la vision retrouvé de l'ancien borgne. C'était maintenant où jamais. D'un pas incertain, il se lança à l'assaut du mastodonte, attendant d'être à bonne portée pour prendre appuie sur le relent d'une vague, forçant autant qu'il le pouvait sur son appuie pour profiter de l'impulsion et se jeter vers son objectif. Allait-il réussir ? Dans son entreprise, il passa juste au-dessus de l'oeil de la Bête, dont l'iris aussi noir que les abysses suivit sa proie. La voyant lui échapper, il força sur tous ses muscles pour s'extirper du monolithe, cherchant à faire rapidement volte-face pour profiter de ce moment de vulnérabilité de sa cible. Jamais l'on avait vu aussi grand prédateur agir avec autant d'agilité.

Pourtant, il était prêt du but, tellement prêt, que naissait l'espoir de pouvoir saisir cette main démoniaque que lui tendait le sans-visage. Il était, son salut, le fil unique le maintenant hors des griffes de la mort. Mais alors que tout son corps tendait vers l'espoir, derrière lui, jaillissait l'ombre de la mort, dessinant son baiser par plusieurs rangés de dents acérés, prêt à l'engloutir dans les tréfonds. Le temps sembla alors se suspendre. Allait-il mourir dans ces terres désolées où seuls les démons et les monstres semblaient y vivre ? Pour rien arranger, la gravité se mêla à la bataille, poussant le Chinoike vers le sol, l'éloignant de cet inconnu qui, depuis le départ, semblait vouloir l'aider. C'était la fin. Conscient de cela, il ferma les yeux, laissant quelques larmes jaillirent et qui vinrent étinceler sa chute. Rien ne pourrait le sauver dorénavant.

Une seconde. Ce fut le temps que cela dura. Et lorsque enfin, Tsumi ouvrit ses yeux, il se vit s'éloigner du monstre. Quelque chose le poussait, loin des bras de la faucheuse, mais quoi ? Tournant la tête, il vit une forme inhumaine le tenant sur son épaule. La même qu'il n'y a pas si longtemps, avait voulu le prévenir du danger. Ne comprenant pas comment cet être avait pu arriver aussi vite, il ne tarda pas à voir le monstre revenir à la charge. D'un cri, il prévint le sans-visage qui tourna sa tête, laissant son œil unique voir que, dorénavant, il était lui aussi devenu une proie. Mais alors que le prédateur se jetait une nouvelle fois gueule ouverte vers le duo. Le démon changea brusquement de trajectoire dans les airs. S'en suivit une série de mouvement, tous aussi imprévisibles les uns que les autres, c'était comme s'il rebondissait à chaque fois sur l'air pour gagner en hauteur ou au contraire, se jeter vers les profondeurs. Une aisance de mouvement qui leurs permit de trouver rapidement la sécurité d'un sommet de monolithe. Essoufflés, les deux êtres restèrent cachés un long moment, cherchant à reprendre leurs souffles tandis que Tsumi n'arrivait à détourner son regard de l'être démoniaque qui venait de lui sauver la vie. Etait-ce véritablement un allié ?

« Je te remercie... Qui que tu sois. »

Les mots prononcés par le Chinoike troublèrent le sans-visage, dont l'oeil unique se figea dans celui de l'ancien borgne. Lentement, il posa sa main sur son buste et baissa la tête. Une révérence ? Le Loup solitaire n'en revenait pas. Cette chose était au fait des coutumes des humains et semblait comprendre ce qu'il lui disait. Qui était-il ? Lorsque la question fut posé, le sans-visage ne su y répondre, bougeant la tête de droite à gauche, tandis que son œil à l'iris argenté continuait de fixer son vis à vis.

« Si je ne peux connaître ton prénom... Peux-tu me dire au moins où nous sommes ? »

Tournant son attention vers le sol, la main du monstre vint se coller à ce qui aurait dû être son menton. Il était étonnant pour Tsumi de voir comment cette chose se comportait en tout point comme un humain. Peut-être n'était-ce pas le premier qu'il voyait ? Ou, peut-être l'avait-il été par le passé ? Tant de question qui demeureront sans réponse alors que son compagnon d'infortune marqua sa surprise en pointant du doigt le ciel avec un léger bond. Il venait d'avoir une idée. Semblant s'asseoir, il lui présenta sa main, montrant de deux doigts alors qu'il semblait attendre une réponse du jeune homme.

« Deux ?... Deux mots ? »

Heureux de s'être fait comprendre, il gesticula un peu dans tous les sens avant de présenter son index, signe que le premier des termes allait être expliqué. La suite, fut des plus compliqués à comprendre.pour le pauvre Chinoike qui ne saisissait pas très bien les mimes de son vis-à-vis. Dans la première partie il brandit son bras dans le ciel, dessinant plusieurs arc de cercle allant toujours de gauche, à droite. Voyant que Tsumi ne comprenait pas vraiment où il voulait en venir, il réfléchit un instant, se grattant le menton avant de pointer le sol frénétiquement.

« Le sol ?...Non...Ici ? Presque ça...Maintenant ? »

Les bras du sans-visage se levèrent dans le ciel, marquant une certaine joie avant de reprendre en pointant à nouveau la terre, puis en montrant un pont vers la droite.

« Maintenant... Après ? »

Il montra son pouce, ce qui ne manqua pas de faire sourire le jeune homme qui avait peu à peu l'impression de parler avec un être des plus normal si on en oubliait le physique plus qu'étrange. Enfin, son vis-à-vis lui montra son index et son majeur, marquant la deuxième partie du mot. Prenant une grande inspiration, le Loup solitaire hocha la tête, lui indiquant par la même occasion qu'il était fin prêt. Que ne fut pas sa surprise en voyant son compagnon faire un carré avec ses mains. L'incompréhension se lit sur son visage, poussant le mime à poser ses mains sur le sol, créant un espace délimité avant de fixer l'ancien borgne de son œil unique.

« Hm... Un carré posé au sol... Un enclos ? Presque ?... Une pièce ? Une salle ! »

Une fois de plus, le sans-visage démontra que la joie était aussi l'adage de son espèce, manquant de faire tomber un petit morceau de roche qui, en tombant à la surface du sol en contre-bas, provoqua une nouvelle fois la colère du mastodonte dont le corps vint heurter le monolithe qui ne bougea pas d'un millimètre.

« Ok... On va éviter les effusions de joie si tu veux bien. »

L'être informe hocha la tête, visiblement d'accord à l'idée de ne pas servir d'en-cas à la Bête.

« Du coup, tu m'as dis que le premier mot était « Après » et le second « salle »... Après-salle ?... Ca ne veut rien dire... Attends voir... Après en japonais se dit Jigo... Salle quant à lui se dit Ku... »

Le sourire du Chinoike s'effaça soudainement, plongeant son visage dans ses mains avant de les faire glisser jusqu'à l'arrière de sa tête. Cela ne se pouvait. Tout ceci devait être un mauvais rêve, comme les autres fois. Pourtant, tout semblait bien trop réel. Un Genjutsu ? Ce devait être ça, sinon, comment expliquer qu'il se trouvait en ces lieux ? C'était tout simplement impossible à ses yeux et pourtant... Au plus il y réfléchissait, au plus il trouvait des arguments justifiants les paroles du sans-visage. D'abord, l'étrange endroit où il s'était réveillé, puis les deux monstres dont l'ignoble qui l'avait attaqué sans relâche. Mais ce qui lui marqua d'avantage l'esprit, fut un fait qui pourtant, lui sautait littéralement aux yeux. En ces lieux, il avait retrouvé pleine possession de la vue et ça, il savait que c'était impossible, ou du moins, pas sans l'intervention humaine. Tournant son visage vers son compagnon, des larmes commencèrent à couler sur ses joues. Doucement, il se faisait une raison.

« On y est vraiment hein... C'est bien vrai... »

Il reçu pour réponse un simple hochement de tête attristé de l'inhumain qui se laissa se poser sur le sol. Lui tournant le dos, il faisait face à l'immensité vide qui s'offrait à lui. Une nouvelle épreuve, peut-être même, la finalité de son histoire. Car dans sa chute, il avait fini par atterrir là où les âmes se meurent dans la souffrance pour l'éternité. Terre des esprits maléfiques et des démons : Jigoku...

L'Enfer...

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Re: Tsumi's Inferno Jeu 13 Mai - 21:20
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Chapitre II.
La Marche Céleste


Combien de temps était-il resté là, les pieds pendant dans le vide, à se demander s'il ne valait pas mieux faire le grand saut. Après tout, qu'est ce qui pouvait bien être pire que la mort ? À ses yeux, il n'y avait déjà plus d'espoir. Sans doute aurait-il mieux fait de se faire dévorer par le monstre qui continuait de tourner autour du monolithe, attendant que le désespoir finisse par faire sombrer ses proies jusqu'à sa gueule. Bien entendu, il y eut beaucoup d'hésitation de sa part, mais quelque chose, au plus profond de lui-même, le poussait à rester en vie. Puis, d'un côté, il n'était pas tout seul. Bien que son camarade était des êtres les plus étranges qu'il avait pu rencontré, il n'en demeurait pas moins sympathique aux yeux du Chinoike.

Car plongé dans un profond chagrin, il avait pu le voir à maintes reprises, tenter de tirer un sourire sur le visage de l'ancien borgne qui n'arrivait pas à se dérider. Comment aurait-il pu ? Mais à force de dévotion et de patience, le Sans-visage avait fini par lui voler un rictus. Ce n'était pas grand chose, mais pour lui, c'était déjà beaucoup. Combien de temps après tout devait-il avoir erré, seul, dans ces terres désolés, craignant la mort et subissant la solitude ? À l'image des trois années passés en captivité, Tsumi ne put que comprendre le désarroi, mais surtout, les attentions toutes particulières que l'étrange créature pouvait lui offrir. Après tout, n'avait-il pas fait de même avec Akira ? Finalement, si ce n'était quelques traits physiques, qu'est ce qui différenciait l'homme du monstre ?

« Je suis désolé... Désolé de m'être laissé aller comme ça... C'est juste... »

Il ne trouva pas les mots pour expliquer ce que les deux êtres vivaient et au fond, il n'en avait pas besoin. Posant une de ses mains délicatement sur l'épaule du jeune homme, la créature pencha légèrement la tête sur le côté, la hochant, doucement, comme pour dire « Ne t'inquiètes pas, je sais. » Qu'il était étrange de s'apercevoir que malgré tout ce qu'il était, l'inhumain l'était plus que certains de ses semblables. Le regard de Tsumi se posa alors sur les doigts de la créature qui, l'espace d'un instant, eut cru indisposer son camarade, se pressant de l'enlever. Mais il se vit arrêter par la main du Loup solitaire, qui, après l'avoir arrêté, s'en saisit, montrant son soutiens, mais également qu'il n'avait plus peur. Un acte simple, mais qui réchauffa l'âme damnée du sans-visage. L'espace d'un instant, on aurait pu déceler un sourire dans son œil argenté. Illusion, ou vérité ? Nul ne le saura jamais.

« Bon... On va pas rester ici à attendre que l'autre finisse par nous bouffer... Tu es là depuis plus longtemps, tu dois connaître un peu l'endroit. Tu sais s'il y a une sortie, ou du moins, quelque chose d'autres ? »

À cette question, son compagnon d'infortune commença à brandir ses bras dans tous les sens, mimant des choses incompréhensible à une allure qui, de toute manière, rendait impossible la moindre traduction. Récupérant au vol ses poignets, il lui demanda gentiment de se calmer, ce que l'inhumain fit, mimant de prendre une grande inspiration, il lui montra la ligne d'horizon. De prima bord, il n'y avait rien d'autre que le ciel et le reflet de celui-ci sur le sol, entrecoupé d'autres monolithes à la hauteur variable. Mais en se concentrant assez, il était possible d'apercevoir, perché juste à la frontière entre le domaine terrestre et céleste, un point noir, ou plutôt, un rectangle. Peut-être une sortie ?

« C'est la sortie ? »

Il répondit en hochant la tête frénétiquement, lui faisant signe de le suivre alors qu'il commença à bondir dans les airs, s'appuyant sur des parois invisibles pour continuer sa course avant de faire volte-face. Pourquoi ne le suivit-il pas ? Y avait-il un problème ? Esquivant un assaut du monstre, le sans-visage approcha du pilier où se trouvait Tsumi, atterrissant assez violemment avant de lui faire part de son incompréhension.

« Je ne sais pas faire ce que tu fais... »

À cela, il pencha la tête sur le côté, marquant un questionnement certain alors qu'il commença à mimer un combattant se battant avec des armes et prenant des postures faisant clairement penser à celles utilisées pour le ninjutsu. Le Chinoike se mit à rire, beaucoup. Non pas que la caricature était mauvaise, loin de là, mais jamais il n'avait fait attention à quel point il pouvait être hilarant de regarder la préparations des Jutsu. Reprenant assez vite son sérieux, il lui expliqua que bien qu'il soit shinobi, il n'avait, à sa connaissance, rien qui pouvait lui permettre de se déplacer dans les airs, ce qui indigna son camarade qui se mit à faire les cents pas, avant de marquer la trouvaille d'une idée par un index pointant vers le ciel.
Très vite, il enchaîna à nouveau les mimes, poussant Tsumi dans l'incompréhension la plus totale qui ne tarda pas à l'arrêter.

« Ecoute, fais plus simple, je comprends rien à tes gestes. »

Le Sans-visage plongea son œil unique dans celui de l'ancien borgne, et finalement, posa sa main sur son torse, avant de la porter jusqu'au sien. Il n'était pas compliqué de comprendre ce qu'il voulait faire. Pourtant, l'entreprise risquait d'être des plus fastidieux sans possibilité de parler. Pour autant, il lui offrit un sourire en remerciement pour cette magnifique intention.

« D'accord... Je veux bien essayer... Voilà ce qu'on va faire, dorénavant, je poserai des questions par lesquelles tu peux répondre par oui ou par non. Ca sera beaucoup plus simple de se comprendre, ça marche ? Et pour commencer... Tu peux me montrer comment tu fais ? Je vais t'observer et j'essayerai de trouver une variante avec mes possibilités d'accord ? »

Sans surprise, l'inhumain hocha vivement la tête, feintant de relever des manches invisibles avant de lui tourner le dos. Qu'il était étrange pour Tsumi de s'imaginer apprendre quoi que ce soit de cet être au physique si malaisant. Pourtant, ce dernier ne manqua pas de montrer une certaine joie à l'exercice. Le voyant faire de grand geste, il ne put s'empêcher de penser que, peut-être, il était la première personne avec qui il pouvait parler depuis longtemps. Une certaine tristesse fugace se dessina sur le visage de l'ancien borgne qui, pourtant, ne manqua pas de lui adresser un large sourire quand son compagnon se retourna pour lui montrer un autre monolithe.

D'un geste ample, il prit impulsion sur ses bras, se jetant à plusieurs mètres au-dessus du sommet du pilier, créant, grâce à la masse informe qui prolongeait son buste, une sorte de plate-forme sur lequel il rebondit avec une aisance certaine. Comment faisait-il cela ? Il le vit recommencer, encore et encore, poursuivant sa route délicate vers son objectif, plongeant le Chinoike dans une réflexion des plus intenses. Il l'avait vu faire, il avait perçu le mouvement de ce prolongement qui se condensait pour finalement profiter de cet appuie invisible pour se projeter dans la direction perpendiculaire à celle-ci. Mais rien n'expliquait vraiment, comment il faisait cela.

Au loin, il pouvait voir le Sans-visage lui faire de grands signes auquel il répondit en agitant les bras. C'était assez amusant au final, de voir comment cet être avait troqué par nécessité la communication verbale pour celle des gestes, rendant tout, beaucoup plus pur et beaucoup plus profond que de vaines paroles jetées au vent. Mais cela ne l'aidait en rien dans cette entreprise. Las d'être debout, il se rassit à nouveau en bord de Monolithe, toisant de ses pieds le vide qui le mènerait à une fin des plus atroces. La Bête était encore là, il pouvait sentir son aura et son regard épier le moindre faux pas de sa proie, prêt à lui bondir dessus à la moindre occasion. Il n'avait pas droit à l'erreur.

Aussi, il fit signe à son compagnon de revenir, préférant avoir l'occasion de voir de plus prêt la manière dont il arrivait à créer une force là où il n'y avait que du vide. Malheureusement, ce dernier lui faisait de grandes signes désapprobateurs, mimant un homme essoufflé. En une distance si faible, il avait déjà touché ses limites ? Cela n'arrangeait en rien Tsumi qui, pendant un instant, s'était dit qu'ils pourraient naviguer dans ses bras jusqu'à la porte. Une option inenvisageable ou qui prendrait sans doute bien trop de temps. Il fallait qu'il se fasse une raison, il était seul avec ses souvenirs et son esprit pour trouver un moyen de réaliser l'impensable.

Voler.

Mais comment faire sans aile ? Il y avait bien en sa mémoire, quelques écrits relatant l'exploit de certains des siens, capables de créer ces appendices de tailles différentes et qui permettaient, soient de changer de direction en plein vol, soit de s'élever de quelques dizaines de mètres. Mais rien qui soit semblable à ce que le Sans-visage avait fait. La distance entre les deux piliers rendaient les techniques précédentes caduques. Il aurait pu également tester certaines arcanes électrique dont il avait le secret, mais cela aurait été trop dangereux. Bien qu'il avait une certaine conscience que le prédateur n'était pas loin, rien ne l'assurait de pouvoir échapper à sa gueule béante.

Il n'y avait, au fond, qu'une seule manière de se tirer de ce mauvais pas. Il devait oublier tout ce qu'il savait, oublier la manière de penser des gens qui l'entouraient. La solution, gisait en lui, au plus profond de son être, palpitant au rythme d'un cœur dont les battements se mirent à augmenter. Oui, la seule manière qu'il aurait de traverser cette épreuve, c'était son imagination, mais surtout, son sang.

« Allez mon grand, t'es pas plus bête qu'un autre et t'en es pas à ton coup d'essai, tu vas trouver quelque chose. »

Se relevant son pied heurta dans son mouvement un bout de roche saillante qui se brisa sous le choc. La chute, ne dura qu'un instant, mais ce fut assez pour que l'adrénaline et la peur se frayent un chemin jusqu'au Chinoike, poussant son regard vers les tréfonds, tandis que le cailloux entra en contacte avec le sol aqueux, créant une onde, qui n'eut qu'à peine le temps de naître, avant de sombrer dans un torrent d'eau orchestré par la Bête qui s'était projeté dessus, comme un rapace se jetterai sur une carcasse. Tsumi avait eu raison de ne pas avoir tenté quoi que ce soit encore. Car alors que le cri démoniaque du monstre retentissait dans l'espace, son œil croisa celui de l'ancien borgne.

« Tssssumi... »

Tombant à la renverse, la panique lui prit le cœur. Cette voix, comme était-ce possible ? Cela ne se pouvait. Et pourtant, cette sonorité, cette appuie sur les « s » et toute la vilenie qui en ressortait, ne marquant que le désir et l'envie de s'emparer. Il n'était pas question de nécessité, ni de survie non. Tout ce qui émanait de cette Bête, une autre ombre lui avait fait ressentir pendant des années. Il pensait s'en être débarrassé un peu par hasard. Mais le destin semblait irrémédiablement rappeler à lui les démons de son passé. Se rapprochant du rebord, le monstre n'avait pas bouger. Pire, il eut même cru qu'il lui avait sourit, tandis que l'iris de son œil immense se teinta d'une couleur qui ne laissait plus aucun doute. C'était bien lui, aussi sûr que la flamme rougeoyante qui berçait son regard était celle des ses paires.

Yokubou, le Serpent de l'Envie, magnifié en horrible Leviathan.



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Chinoike Tsumi
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Re: Tsumi's Inferno Jeu 13 Mai - 22:36
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Chapitre III.
Le Leviathan


La peur grandissait en son âme. Pourquoi était-il ici ? Etait-ce de leurs fautes ? L'avaient-ils poussé jusqu'à ces terres démoniaques de damnations éternelles ? Son cœur battait la chamade, il n'en pouvait déjà plus. Depuis combien de temps, se battait-il déjà pour ne pas succomber à ses paroles, sa tentation et aux fourberies de son langage qui le poussait toujours plus vers le pêché ? Il s'en rappelait comme si c'était hier, de cet instant, où il lui avait susurré à l'oreille le désir et l'envie de prendre la vie de cet autre. Et il avait entendu son appel, l'embrassant du plus profond de son être, déchirant son âme, en même temps qu'il mettait fin à son existence. Ce tourment, il pensait l'avoir mit derrière lui, alors pourquoi ? Pourquoi ce retour ? Pourquoi cette chasse ?

Au loin, le Sans-visage faisait de grands signes, ne comprenant pas la réaction de son compagnon qui, de là où il était, semblait tétanisé. Que craignait-il ? Ce n'était pas comme si la présence de la Bête fut une surprise ? Il aurait aimé aller le retrouver, et l'aider à surmonter ses craintes, mais la distance était trop longue, trop épuisante. Il devait faire face, seul, une nouvelle fois, à cette ombre qui le lorgnait dans les ténèbres depuis plus de quatre ans et qui, dorénavant, pouvait laisser libre court à ses instincts les plus primaires, jouissant d'une puissance jamais égalé.

Cherchant à retrouver son souffle, le pauvre garçon ferma les yeux, cherchant à retrouver une once de calme dans cette tempête qui s'abattait sur lui. Son objectif n'avait en soit, pas changé. Non, ce qui était différent, c'était son adversaire. Il le connaissait, mieux que quiconque, et savait tout de sa manière de penser, de son potentiel, mais surtout, de ces plus profonds désirs. Il pouvait lire comme dans un livre ouvert dans l'esprit de Tsumi, qui avait tant de mal à se calmer. Pourtant, il le fallait. Oublier, il fallait qu'il fasse abstraction de ce monstre et se concentre sur l'unique chose qui importait. Sa liberté. En théorie, tout cela semblait si simple. En pratique, tout restait à faire.

Puisant en lui la force de faire face, il plongea son regard vers l'horizon d'orée qui s'étendait à perte de vue. Le champ de bataille était immense, et cela lui offrait d'avantages de possibilités d'échapper à son bourreau. Il devait se focaliser sur ça et rien d'autre. Au loin, il vit le Sans-visage et prendre conscience de sa présence lui fit étonnement du bien. Ce n'était pas comme à l'époque où il était enfermé dans la grotte. Cette fois-ci, il n'était pas seul. Un léger sourire naquit alors sur son visage et il prit une grande inspiration. Non, dans ce combat, il était deux, et on lui avait montré le chemin pour franchir cet obstacle. Et puis, il n'était plus le même qu'il y a quatre ans. Aujourd'hui, il possédait des armes qu'il n'avait pas à l'époque. Ou du moins, pas la même maîtrise.

Car la solution gisait dans ses veines et continuait malgré tout à frapper au creux de ses tempes. Le liquide vermillon devenait une évidence pour le Chinoike qui, une fois de plus, ferait honneur aux arcanes de son Clan. Mais avant de se jeter à l'eau, il devait renouer avec une vieille amie, qu'il avait tendance à oublier. L'imagination. Car il le savait, sans elle, l'art dont il était héritier n'était qu'une succession de techniques aussi pauvre et insensé que le monstre qui continuait à hurler en contre-bas. Non. Pour réussir à surpasser tout cela, il avait en sa possession toutes les armes nécessaire. Il ne restait plus qu'à les utiliser.

Sa première idée fut d'entailler ses pieds et de créer des plate-formes de sang cristallisé. Une méthode simple qui serait sans doute efficace. Il s'imaginait déjà, profitant de la moindre goutte gisant sous sa voûte plantaire pour aller et venir dans les airs. Mais quelque chose ne colla pas. Très vite, il saisit les limites de son idée. S'entailler les pieds, alors que tout résidait sur une mobilité extrême n'avait rien de judicieux. Pire, le sang finirai par arrêter de couler, ou ne serait pas suffisant, et il finirait par tomber dans la gorge de la Bête. Et puis, il y avait la mobilité. Autre point qui le marqua et démontrait que sa première idée ne valait pas grand chose. Que faire dans ce cas ? La réponse gisait dans le sang, il en était persuadé. Il devait juste réfléchir un peu plus, la logique l'aiderait sans doute, ses connaissances seraient un pilier non négligeable. Pourtant, son esprit ne se porta pas vers ces derniers. À la place, il utilisa sa mémoire, recréant dans ses pensées la gestuelle du Sans-visage qui, comme une seconde nature, avait rebondit de support en support, ne s'aidant que de sa propre force brute.

« Condenser... Et repousser... »

Il était temps de se lancer. Ou du moins, d'appliquer ce qu'il pensait être la bonne manière de procéder. Comme une vieille habitude, il se lacéra la paume des mains avec les dents. Créant deux ouvertures assez profondes pour que le liquide carmin sorte de ses veines. Une goutte, puis une autre, c'était suffisant et pourtant, le doute commençait à s'insinuer dans son esprit. Et s'il échouait ? Dans ce cas là, la damnation éternelle serait sa punition. Repoussant ces sombres idées, il fit jaillir de son œil droit une teinte rougeoyante qui fit ralentir la course du sang, la poussant peu à peu à s'étirer et à se modeler en une forme plane, juste assez grande pour pouvoir y prendre un appuie. La voyant se créer, il attendit qu'elle arrête de bouger et osa y poser sa main. La réaction fut immédiate, ses doigts s'enfoncèrent et la force sur le socle se brisa immédiatement.

Bien content de ne pas s'être lancé à corps perdu sans une pointe de préparation, le Chinoike recommença, rajoutant de sa vie, augmentant l'énergie spirituel et sa concentration. Mais rien n'y faisait. Encore et toujours, la gravité prenait le pas sur les désirs de l'ancien borgne qui finit par s'agacer de voir aussi peu d'avancé. Posant ses fesses par terre, il présenta ses paumes, laissant suinter le sang qui vint recouvrir le sol, s'évaporant immédiatement. Que faisait-il de mal ? Suivait-il au moins la bonne voie ? Il n'en savait rien, et la seule personne qui aurait pu l'aider se trouver bien trop loin pour être d'un quelconque secours.

Frappant dans ses genoux, il finit par se relever, réfléchissant à comment rendre plus tangible ces socles sanguins. La seule réponse qui lui vint, résidait en un mot : Rien. Et c'était peut-être là tout le problème qui se posait à lui. Il devait poser du tangible, sur absolument, rien du tout. Et plus il y réfléchissait, plus l'improbabilité de sa réussite l'énervait. Qu'avait-il dit déjà ? Qu'il oublierait ses connaissances et ce qu'il pensait savoir ? Qu'il ne se laisserai pas guider par la peur, ou la certitude d'une mort certaine ? Pourtant, c'était ce qu'il faisait et cela l'énervait. Depuis quand, avait-il oublié qui il était ? Il n'était pas Akira, ni Sanada et encore moins les autres membres de son Clan. Seul, il faisait face à l'Enfer. Son âme, était sa seule arme.

Il croqua à nouveau sa chair, laissant suinter d'avantage de sang. Comme une bravade, il brandit son poing dans le vide, laissant des gouttes du liquide vermillon tomber sur la surface, là où le Leviathan attendait patiemment, s'excitant à la vue des gouttelettes rougeâtres qui scintillaient avant de disparaître en se fondant dans la masse aqueuse. C'était une mise au défi. Il avait eu assez de tentative pour ne pas tenter le tout pour le tout. Après tout, s'il n'y croyait pas, comment pourrait-il y arriver ? Doucement, il recula, prenant le maximum d'élan, plongeant son regard vers son objectif et son camarade qui le fixait. Doucement, il tourna la tête vers sa main, recréant une dernière fois une petite plate-forme dont il approcha ses doigts. Mais juste avant de forcer dessus, il hésita, s'arrêtant un instant, murmurant dans son esprit une phrase, simple, mais qui serait son ultime mantra.

« L'imaginaire appartient à celui qui fait d'impossibles rêves... »

D'un geste brusque, il frappa contre le socle qui empêcha son coup d'aller plus loin. Le temps semblait alors se ralentir. Ses yeux, portèrent vers l'horizon, son but, son objectif, sa liberté. Son visage se tordit tandis que de sa bouche, un hurlement commença à jaillir alors que ses pieds commencèrent à le mener vers le gouffre. Il pouvait réussir, il le devait. N'oscillant pas un instant, il couru, prenant de la vitesse, sentant le souffre et la suie imbiber ses poumons, lui brûlant le torse, alors que l'adrénaline faisait son effet. Il allait sauter. Tenter le tout pour le tout. Il avait la foi. Foi en sa réussite, en son imaginaire, mais surtout, dans le chemin parcouru jusqu'alors. Il ne pouvait tomber aujourd'hui. C'était impossible.

Dernier appuie, son corps bascula dans le néant. Sans laisser le temps à son cerveau de réfléchir, il brandit sa main, laissant plusieurs gouttes de sang s'échapper avant qu'elles ne se transforment en un magnifique réceptacle qui vint accueillir son pied. Forçant sur ce nouvel appuie, ce dernier ne céda pas. Bien au contraire, il lui donna la résistance nécessaire pour se projeter encore plus loin. Il y arrivait. C'était grandiose et d'une beauté sans pareille. Son imaginaire avait brisé les barrières de ce monde et lui offrait l'impossible. Mais il n'était guère temps d'y penser. Fort de cette réussite, il recommença, encore, et encore, et encore. Inlassablement et peu à peu, son corps brisait la distance entre les deux Monolithes, créant l'hystérie du Sans-Visage qui l'encourageait à travers de grands gestes des bras. Il allait y arriver. Tout était parfait... Trop parfait.

« Tsssssumiiii... »

La voix de la Bête perça jusqu'au Chinoike, bloquant son cœur l'espace d'un instant. Induisant la peur jusqu'au plus profond de son être, tandis que cette fois-ci, son pied ne trouva pas de support. La chute commença, sous l'oeil apeuré du Sans-Visage qui, s'il avait pu, aurait hurlé dans l'espoir que cela change quelque chose. Pourtant, il n'eut que le silence. Une note invisible, durant laquelle il chuta, de plus en plus vite, de plus en plus loin, alors que dans son dos, surgissait des tréfonds la Bête, gueule grande ouverte. Pendant un court instant, il aurait cru espérer une aide quelconque. Mais lorsqu'il vit passer au dessus de lui les myriades de rangés de dents, et que l'horizon d'or, se couvrait de ténèbres, il ne chercha plus à se battre, préférant fermer les yeux, et attendre, paisiblement, que le baiser de la Mort lui soit donné.

Mais au fond, n'était-il pas déjà mort ?...




« L'imaginaire appartient à celui qui fait d'impossibles rêves... »
Citation de Remy Donnadieu



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