L’araignée et le serpent [feat Mifuyu] Le pas était franchi. Le Kamiko sombrait bel et bien dans une démence folle et absurde. Seul à son bureau où trônaient des livres ouverts maintes fois lus et relus, les mains serrées sur les rebords de son bureau, le regard, contemplatif, plongé dans le vide, il se laissait aller à l’attraction du vide. Au travers des plissures de ses paupières, on peut y distinguer une lueur sombre, comme un nuage recouvrant de sa noirceur un soleil brillant. Un parchemin s’étalait au-dessus du capharnaüm, l’écriture en idéogrammes correspondait à celle d’une ennemie amie, d’une meilleure ennemie, d’une amie haïe. Il ne savait lui-même comment qualifier sa relation aussi conflictuelle qu’amusante avec cette femme. Toujours était-il que Fumetsu se renseignait sur elle, par curiosité ou par méfiance, mais les phantasmes qui l’accompagnent rendaient toutes rumeurs à son sujet caduc et incertain, personne ne pouvait avec conviction dire ce qui se tramait chez elle. La sorcière vêtait ce manteau de secret que le Kamiko lui reconnaissait comme égal au sien, si ce n’est, et c’était difficile de l’admettre, meilleur. Motivé par cette similarité entre eux le tailleur avait fini par céder, il lui proposait un partenariat, une aide qui venait transgresser les dernières frontières de sa sanité. Pour ce faire, l’artiste esthète lui reconnaissait la primauté scientifique et une supériorité, relative, sur les questions relatives à l’anatomie. Sans faire de l’Omura son maître, il lui offrait la quiétude que son orgueil nécessitait sans pour autant être de la flatterie pure et simple, ni maladroite. Puis, il fallait avouer que la fragilité émotionnelle et morale du Kamiko motivait certainement ce nombre important de concessions ; il ne pouvait décemment continuer de la défier s’il devait s’en faire une alliée, et il avait besoin d’elle, à son détriment. Les questions qu’il traitait restaient sans réponse depuis des mois, il lui fallait une expertise et il ne connaissait que cette femme aussi odieuse qu’incroyable. Poussant un soupir, il rabattait le rouleau et se levait, quittant la pièce déjà emplie d’un ricanement moqueur qu’il ne connaissait que trop bien. Le chemin vers la perfection impliquait de lourdes concessions et celle-ci paraissait bien faible pour ne pas être faite. Le rendez-vous avait été fixé au lendemain, dans le pays du feu, dans un bourg abandonné qui avait servi de base, fut un temps, pour les affaires du Kamiko – ni plus ni moins qu’un trafic de cadavres. Sa rencontre avec une épéiste aux cheveux de feu y avait mis fin mais l’endroit, maintenant vidé, remplissait un nouveau rôle, celui d’un terrain neutre où les rencontres se faisaient.
Arrivé sur place sous le manteau de nuit, le Kamiko s’était assuré qu’il n’y ait pas de regards indiscrets pour épier la future conversation. Il s’agissait là d’une réunion charnière pour l’artiste et il fallait absolument que tout se passe comme prévu. Il risquait trop pour ne pas redoubler d’attention. La grange aménagée pour l’occasion de brillait pas par son luxe mais restait assez confortable pour y passer quelques heures. Ici et là des sièges moelleux à la confection vieillotte permettaient aux plus fatigués de savoir avec aise, un tableau dépoussiéré pour l’occasion affichait quelques calculs et schémas anatomiques dessinés à la craie – ajout de Fumetsu pour illustrer ses problèmes à son allocutaire -, une table de bois supportait le poids de quelques dossiers amenés exprès et de quelques biscuits accompagnés de liqueur. Il lui fallait obtenir l’expertise médicale de la sorcière d’Uzu puis ils partiraient en traque de quatre individus, soigneusement sélectionnés par intérêt musculaire, réflexologique, groupe sanguin etc., un projet d’une vie se jouait cette nuit dans une clandestinité meurtrière qui risquait bien de bousculer définitivement la vie du tisserand arachnéen. Nullement nerveux, Fumetsu frémit tout de même lorsqu’il entendit les coups secs caractéristiques d’un confident dans le secret. Souriant, plissant les yeux par habitude et joie non dissimulée, il invitait le démon serpentin dans la toile de l’araignée. :copyright: 2981 12289 0
Omura Mifuyu
Uzushio no Jonin
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C’est une bien étrange missive qui avait fait son chemin jusqu’à Mifuyu. Chemin qui avait d’ailleurs été bouleversé par l’absence prolongée de la Sorcière, qui n’avait plus mis les pieds au village caché des tourbillons depuis sa récente mue. Il va sans dire que la rencontre qui suivit avec le chef du village, foncièrement en désaccord avec ses pratiques criminelles, avait prolongé davantage son séjour hors des murs. Cela, toutefois, est un sujet pour une autre fois.
Cette lettre, donc, était arrivée entre les mains d’Omura Kiyo, le fidèle secrétaire de la Division d’Amélioration des Performances Humaines d’Uzushio. Le jeune homme avait fait transiter le document jusqu’à l’île de Fusuke, où il savait qu’elle était partie pour récupérer après son opération. Jadis, il lui avait fallu quelques années pour se remettre d’une si lourde intervention chirurgicale et, aujourd’hui, quand bien même la technique avait été achevée et améliorée, quelques semaines demeuraient nécessaires pour favoriser l’adaptation de la doyenne à sa nouvelle enveloppe. C’est donc avec une demi-journée de retard que le papier rédigé de la main de Kamiko Fumetsu était parvenu, grâce aux bons soins d’un passeur du village voisin, sur le campement de fortune de la chirurgienne. Quelques heures de plus et celle-ci n’aurait pas eu le temps de se rendre au rendez-vous fixé par le Konohajin.
Kamiko Fumetsu. Souvenez-vous, nous l’avons déjà rencontré. Un homme vil, sombre, seul au monde capable de rivaliser avec les plus grands scientifiques Omura sans qu’une goutte de ce sang illustre ne coule dans ses veines. Un homme fier, également, et effronté, dont l’ambition macabre n’a d’égale que celle de la Sorcière. Assez naturellement, les précédentes rencontres de ces deux monstruosités avaient donné naissance à une certaine rivalité entre les deux passionnés d’anatomie, relation hautement électrique qui était alimentée par les tempéraments trop orgueilleux des deux concernés.
Ce fut donc avec une grande surprise que la doyenne du clan médecin découvrit le contenu des écritures du Kamiko. Celui-ci reconnaissait à l’Uzujin des qualités médicales supérieures aux siennes et, tout en lui demandant son aide, proposait également d’établir un partenariat – sur lequel, toutefois, il n’était resté que très vague, car sans doute suspectait-il que sa missive puisse-t-être interceptée. Mifuyu n’eut pas besoin de réfléchir outre mesure. Bien que cet homme fût méprisable, en témoignait l’irruption qu’il avait faite dans sa demeure durant l’examen Chunin, il était également brillant et disposait d’un puissant réseau reposant sur le trafic de cadavres, réseau qui pourrait grandement faciliter ses exactions futures. Jusqu’alors, l’unique frein à leur collaboration – du moins du côté de la Sorcière – avait été le caractère suffisant de l’homme, qui avait eu l’audace de se penser supérieur à une scientifique du calibre d’une femme qui était légendaire dans tout le Sekai pour avoir vaincu la mort. Si celui-ci se repentait réellement, et acceptait d’entretenir un dialogue constructif avec elle, Mifuyu ferait également l’effort de ne pas tenter de le diminuer sans cesse, afin d’instaurer une relation d’entraide durable. D’autant plus qu’elle se sentait, à tort ou à raison, sur le point d’obtenir la victoire dans les conflits intestins qui agitaient Uzushio depuis plusieurs mois. Regain de confiance dû à deux récentes entrevues, l’une avec le Senkage, l’autre avec les Keshi. Si le Kamiko lui tombait également dans le bec, plus rien ne pourrait arrêter l’avancée furieuse de la Science.
*
Il faisait déjà nuit quand Mifuyu arriva dans le village désert où aurait lieu la rencontre. La faible lueur de sa torche dévoilait autour d’elle un décor abandonné, les quelques granges et autres cahutes ayant depuis longtemps été désertées par leurs occupants. Sur le sol, les reflets d’une flamme vacillante donnaient au lieu l’allure d’une ville fantôme, dans laquelle on jurerait entendre des spectres évoquer le passé en arpentant ses sombres allées. Le vent frais qui sévissait ce soir-là contrastait avec une température qui annonçait l’arrivée prochaine de l’été. Quant à son sifflement aigu, il semblait être le seul soupçon de vie dans les environs.
Sous ce ciel d’étoiles, la Sorcière était une ombre se détachant de l’obscurité ambiante. Habillée de la traditionnelle blouse blanche du clan Omura, elle tenait dans sa main droite une ombrelle sur le sommet de laquelle était dessiné l’emblème de son clan. Dans l’autre, elle serrait la torche qui lui permit d’apercevoir bientôt la grange où elle allait retrouver son homologue arachnéen. En arrivant devant la porte de bois, elle y toqua selon le code qu’ils avaient utilisé lors de leur précédente rencontre afin de se signaler. Déjà, elle se réjouissait en imaginant la surprise du Kamiko lorsqu’il verrait que la Mifuyu d’autrefois n’était plus. L’apparence enfantine qui l’avait rendue si faible avait laissé son visage à celui d’une belle femme d’une trentaine d’années aux cheveux de jais. Bientôt, elle n’en doutait plus, elle aurait recouvré sa puissance d’antan. Et, dans quelques années, elle serait plus forte qu’elle ne l’avait jamais été.
- Bonjour, Fumetsu, dit-elle à l’homme lorsque celui-ci lui ouvrit la porte. Elle baissa ensuite son ombrelle, lui dévoilant ainsi ce visage qu’il ne connaissait pas. Soyez rassurés, c’est bien moi, Mifuyu. Disons simplement que la trop fraîche jeunesse m’a lassée, j’ai eu besoin d’un peu de changement, ajouta-t-elle comme si tout cela était d’une parfaite banalité.
Aussitôt eut-elle pénétré dans la grange qu’elle se dirigea vers l’un des sièges qui avaient été placés là à son attention. D’un revers de la main, elle dépoussiéra brièvement le coussin de velours violet qui le surplombait, puis s’assit enfin. Elle dévisagea quelques instants le Konohajin, avant de briser le silence et d’entrer dans le vif du sujet.
- J’ai grandement apprécié votre lettre, mon cher. Je suis ravie de constater que nous pouvons nous entendre, quand nous nous en donnons la peine. Dites-moi, quel est donc l’objet de ma présence aujourd’hui ? Ca doit être sérieux, pour que vous ayez besoin de mon aide.
Kamiko Fumetsu
Konoha no Jonin
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L’araignée et le serpent [feat Mifuyu] La rumeur de la disparition de la sorcière d’Uzu s’avérait fausse, en partie du moins. Présente en chair et en os, vêtue de sa nouvelle peau elle défiait avec effronterie, un trait de caractère lui étant taillé sur mesure, tous les murmures qui ont pu être propagés par ses adversaires les plus pernicieux. L’artiste sentait jusqu’au bout de ses doigts le frémissement de l’excitation à l’approche d’un danger amical, le genre de danger que l’on aime provoquer, que l’on aime affronter. Ces coups de battant, d’un rythme si familier pourtant si vieux, rappelait au Kamiko les mille souvenirs et mille raisons d’avoir invité dans sa toile la sinueuse vipère. Ouvrant la porte dans un minuscule grincement trahissant son abandon de ça quelques lunes, le tisserand fut tout d’abord interloqué. Après avoir reconnu le sigle du clan Omura ornant l’ombrelle, délicate touche artistique et dramatique alors qu’il faisait nuit, il ne reconnut pas le visage qui se dévoila face à lui. Par effet coup de poing, son estomac se contracta avec force et vigueur, affluant dans ses muscles une contraction singulière, mélange de peur et de frénésie violente. Mais, instinct, ou bénéfice du doute, ou simple stupidité résultante d’une fatigue que trop visible, il ne fit rien, presque paralysé. « Elle l’a fait… » Il n’en croyait pas ses yeux. Tandis que ce qui semblait être une trentenaire, mais d’une âme octogénaire, pénétrait la pièce aménagée pour la rencontre, le Kamiko continuait de détailler avec épatement la mirifique transformation de son homologue scientifique – si tant est que Fumetsu se considérait comme tel, en réalité, il se préférait la dénomination d’ « artiste anatomiste ». Toujours était-il qu’une inconnue, vêtue d’une peau neuve, résultante d’une mue obscure, s’installait progressivement sur les apprêts.
« La raison de ta présence ? La voilà !, la raison. » Légèrement perturbé, ne sachant pas à quoi, ou à qui, faire confiance, Fumetsu décidait intérieurement sur la démarche à suivre. « La seule chose inchangée ce serait son orgueil, voire son arrogance maintenant éternelle. Si je l’insulte pour tester cette hypothèse, je risque de perdre mon seul appui dans ce monde qui me permettrait d’acquérir ma nouvelle force, chose qu’elle a, visiblement. Si je ne fais rien, je peux tout aussi bien tomber dans un traquenard. Il me faut en avoir le cœur net avant de commencer. » La porte soigneusement fermée, l’hôte put donc ouvrir la conférence confidente de sa voix suave.
« Mifuyu, soit la bienvenue dans les réminiscences de mon commerce. Le but premier de l’invitation est de discuter avenir et affaire, partenariat, en somme. Mais, avant toute chose, et excuse-moi, je te prie, si tu en es offensée, mais il faut que je vérifie que tu sois bien celle que tu prétends être. N’importe qui aurait pu intercepter la lettre, utiliser un vieux code d’identification et j’en passe. Ne m’en veux pas d’être aussi précautionneux. Simple question, alors : quel est mon secret, disons, médical ? »
Croisant les bras dans ses manches, c’est avec discrétion que le jeune esthète aux airs sombres et fatigués s’empoignait de son tanto : si les choses devaient se jouer de lui, il ne quitterait pas le monde sans un combat. D’ailleurs, il ne pouvait mourir avant d’avoir achevé ce pourquoi il était venu au monde.
« Ta crainte est bien naturelle, ne t’en fais pas. » répondit la Sorcière au tisserand, passant habilement à son tour au tutoiement sans le faire remarquer à son hôte, afin qu’il ne subsiste pas de déséquilibre dans leur interaction. Le premier terrain d’une bataille a toujours été et restera toujours le langage, le langage qui peut heurter, flatter, respecter, tromper, le langage qui revêt mille apparences différentes et autrement plus impactantes que les gestes. Or, Mifuyu tenait à maintenir sa position sur ce front. Elle en avait terminé, lors de leur dernière rencontre, de chercher à étendre son territoire dans le domaine, toutefois elle veillait à ce que sa voix soit entendue avec la même attention que les autres ; sans doute était-ce là un reste de la lutte qu’elle avait dû mener toute sa vie pour faire entendre ses découvertes scientifiques au reste du clan, quant bien même fût elle la meilleure, pour dominer enfin ces hommes qui n’aimaient guère être contredits par des femmes.
« Ecoute-moi et constate que je ne te mens pas. Ton secret médical, mon cher, est que tu es un réceptacle pour des centaines de mètres de fils parcourant ton corps et que tu peux contrôler à ta guise. Nous n’avons eu que trop peu de temps pour en discuter la dernière fois, mais je dois admettre que c’est une technique impressionnante. Moi qui songeais que la modification corporelle était l’apanage de mon clan, ou du moins d’une certaine partie de celui-ci, je m’avoue impressionnée par tes capacités. J’ai quelques jeunes personnes sous mon aile qui pourraient prendre exemple sur toi. »
Par un étrange tour de l’esprit, Mifuyu donnait un crédit bien moindre à la rivalité scientifique qui les opposait depuis que le Kamiko avait reconnu dans sa lettre la supériorité de la vipère. Bien évidemment, elle considérait toujours son talent, mais ressentait moins le besoin de le rabaisser qu’autrefois. Pas réellement de le rabaisser, à vrai dire, mais plutôt de se surélever afin de paraître plus grande qu’elle ne l’était elle-même. Maintenant qu'elle avait été proclamée ainsi, la meilleure façon de prouver que ce titre n'était pas erroné était encore de faire comme s'il était une évidence, c'est-à-dire en complimentant l'adversaire avec un apparent respect qui était bien plus celui qu'une mère voue à son enfant plutôt que la reconnaissance sincère et objective de son talent.
« Enfin, j’imagine tout de même que certaines choses pourraient être améliorées, autrement tu n’aurais pas fait appel à moi. Tu tombes bien, en réalité, car j’ai moi-même connu quelques progrès durant ces derniers mois. Nul besoin de m’étendre à ce sujet, j’imagine que mon visage parle pour lui-même. »
Toujours assise sur son siège, dont le confort contrastait avec l’aspect vétuste de la grange, la Sorcière posa délicatement son ombrelle sur ses genoux avant de se laisser tomber contre le dossier. Elle en avait fini de parler et attendait que le Konohajin lui fasse son exposé. Tout dans sa posture indiquait le surplus de confiance qui émanait de ce jeune corps, confiance qui n’était pas seulement celle du grand-âge, ni même de l’autorité hiérarchique, mais bien celle qui succède à la réussite d’un projet particulièrement ardu, un projet de ceux qui dictent une vie entière sans qu’il ne soit parfois possible de les réaliser. Un projet qui, si tant est que vous ayez le talent pour l'achever, devient la preuve que plus rien n'est hors de votre portée.
Kamiko Fumetsu
Konoha no Jonin
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L’araignée et le serpent [feat Mifuyu] « Où est le reste de ta mue, sorcière ? Où est ton précédent corps ?, l’as-tu banni dans les limbes d’une cave obscure ?, l’as-tu noyé dans les eaux troubles d’Uzu en même temps que tes doutes et tes craintes ? » L’artiste arachnophile tentait, non sans trouble, de percer les secrets anatomiques de la jeune femme qui s’était installé dans la grange : il ne pouvait concevoir avec précision les étapes qui lui permirent de transférer soit sa conscience, soit ses organes vitaux – y compris le cerveau – au sein d’un nouveaux corps. « Quelle débauche de ressources, quelle débauche d’énergie, quelle débauche de folie il faut pour transcender le domaine de la vie. L’ai-je, moi ? » La réponse de la demoiselle le tira hors de ses pensées et le satisfit, ce qu’il montra par un sourire sincère et un hochement de la tête satisfait. En effet, l’un des secrets les mieux gardés résidait sous sa propre peau, ce fourmillement constant de câbles filandreux et spongieux qu’il usait rarement mais qu’il sentait chaque nanoseconde de sa vie grouiller au sein de son corps.
« Il ne s’agit pas tellement d’améliorer ce secret-ci mais plutôt de confirmer un second. Par ailleurs, tu vas probablement trouver cela simple mais ma maîtrise médicale n’est pas aussi étendue que la tienne. Mes dernières tentatives se sont avérées infructueuses et particulièrement douloureuses. » Les douleurs fantômes de ses membres greffés puis arrachés constituaient un rappel constant de la folie orgueilleuse qui s’était emparé de lui et qui l’avait amené à entreprendre l’opération seul, comme, d’ailleurs, il l’avait toujours fais. Cet échec violent et traumatique l’avait précisément amené à contacter la meilleure – et la plus au fait des choses – lorsqu’il s’agit d’anatomie et de médecine.
« Voilà l’énoncé du problème que je rencontre : les greffes personnelles que je souhaite faire entraîne une accumulation de modifications structurelles et osseuses. Par exemple, afin de me greffer les deux jambes sélectionnées, il faut briser et restructurer le bassin pour qu’il puisse accueillir cette nouvelle paire et pour pouvoir être opérationnelle : motricité, puissance etc., la connectique se fait par les fils de mon jiongu et par un nouveau réseau sanguin qui ne pose pas réellement problème. Pour ce qui est des bras, ce devrait être bon même s’il me faudra, là aussi, restructurer les côtes afin d’accueillir les nouveaux membres. Alors, il me faut doublement ton aide : la première, de m’aider à récolter précisément les membres que j’ai pu sélectionner au préalable – il me faut pour cela une précision chirurgicale et tu es toute indiquée –, et la seconde, de me donner avis et conseils sur les démarches à suivre lors de l’opération complète – surtout que je serai seul pour la conduire. »
La demande était lourde mais Fumetsu savait, au fond, qu’il s’adressait à la bonne personne, la meilleure de facto. La preuve parlait d’elle-même : sa mue se fit par des sacrifices qui dépassaient l’entendement et cela, le Kamiko le souhaitait aussi. :copyright: 2981 12289 0
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