L'Odyssée de l'ô mer de sable

Je ne connaissais pas tous des rêves et des ambitions des deux Nozomo, mais je savais qu'ils avaient du caractère, plutôt bien trempé, et du genre à essayer de provoquer leur chance là où moi j'étais plutôt à attendre que ça me tombât dessus... si cela devait tomber un jour. Je ne provoquais rien, j'évitais la plupart du temps... et même pour les missions, je n'avais pas d'exigences particulières, je prenais ce que l'on me donnait, j'acceptais sans rechigner, je me pliais comme un bon petit soldat. Mais cette fois-ci, l'embrouille dans laquelle je fus invitée était différente.

Pour avoir déjà eu l'occasion de discuter avec Yukio, je savais que mon camarade avait quelques aspirations de grands voyages. Explorer, découvrir, ne pas regretter de ne pas avoir tenté ça ou ça...  il m'avait dévoilé cette partie de lui que je trouvais plutôt surprenante. En cela, j'étais un peu son opposé, bien que je n'étais pas spécialement casanière. Je n'avais pas envie de faire de découverte même si je ne nierais pas que la nouveauté pouvait parfois me surprendre. Seulement dans ma situation, je n'étais pas sûre de désirer savoir. Si on se demandait à quoi je faisais référence, c'était bien évidemment à mes souvenirs. Partir pouvait aussi me révéler des choses, éveiller des choses.

Le maître de toutes ces manigances fut bien évidemment Hayato, le grand frère qui voulait faire plaisir au petit. Quand on le regardait, on avait bien du mal à l'imaginer si protecteur et "papa poule", mais il semblait véritablement désireux de faire plaisir à Yukio.... mais qu'est-ce que je venais foutre là-dedans ? Je me demandais. Je m'étais retrouvée embarquée dans cette "mission" d'exploration pour aller à l'autre bout du désert à la recherche de je-ne-sais-pas-quoi et tout ça pour faire de la cartographie. Itori sur le dos, katana à la ceinture, grande cape et foulard pour faire face aux tempêtes de sable, et nous voilà parti pour la grande aventure sans que je prisse la peine de jeter un regard à mon cher village. Qui aurait cru qu'à la fin de cette histoire, il allait presque me manquer.

En tout cas, les deux zigotos étaient plutôt joviaux, limite si cela ne les amusait pas. Clope au bec, je me contentais de les suivre, d'observer leur exaltation enfantine. On aurait pu croire que j'étais la rabat-joie de la bande, mais en vérité, je jouais juste les suiveuses silencieuses. Je demeurais derrière eux, je prenais des notes, je faisais les dessins. Fallait pas compter sur eux pour faire des cartes propres et compréhensibles. Et puis, c'était pas comme si j'étais pas la plus habile avec un crayon. Je faisais pas non plus un truc artistique, mais j'étais la femme au carnet après tout.

Je ne saurais pas dire combien de kilomètres on s'était tapé, ni combien d'arrêt nous avions dû faire pour récupérer. Nous en sommes même venus à voter pour pouvoir faire une grasse matinée. Cela en disait long sur la pénibilité du voyage. Des journées à s'ensabler... moi qui aimais le désert en tant normal... Du dépit et de la lassitude jusqu'à atteindre un nouveau panorama. Ce n'était plus du sable, c'était de la caillasse. Super. Visiblement, cela enchantait Hayato et je ne pus m'empêcher de le regarder avec décontenancement. Le but, hein ? J'étais pas convaincue.

" Tout ce chemin pour des cailloux.... "

Je me mis à soupirer une fois que j'eus fini d'effectuer mes signes, avant de fourrer ma main dans la poche pour me trouver une cigarette. Long, long, long voyage....

Il n'y avait qu'une personne qui s'excitait pour ce voyage : Yukio. C'était presque comme s'il était redevenu un gosse. Personnellement, je ne voyais les choses que comme elles étaient : une mission. Bizarrement, ça m'excitait rarement...  À moins d'être bien payée et là j'étais même pas certaine de l'être à la hauteur de ma sueur. Pour le cadet des Nozomo, on aurait pu croire qu'on partait en colonie. Il me demanda même si je pouvais faire quelques croquis au cours du voyage, chose à laquelle je lui répondis par l'affirmative. Si j'avais assez de temps pour le faire, pendant nos pauses notamment, je pourrais lui enregistrer ces souvenirs. Même que je pourrais dessiner leurs tronches.

En tout cas, qu'importait les kilomètres que l'on parcourut, la joie ne m'envahit jamais autant que mes camarades. Même Yukio tenta de me réconforter en me déclamant que la vision sur le champ de caillasse était plutôt bon signe, chose à laquelle je répondis par un flegmatique lever de sourcil. Fumant ma cigarette pour adoucir ma frustration, je me retins de tout commentaire. C'était encore trop tôt pour râler. Même le pragmatisme d'Hayato ne m'arracha pas un sourire.

" Super. "

J'avais craché un mot avec mes ronds de fumée. On sentait d'avance toute l'ironie que j'éprouvais à la situation quand le chef d'équipe expliqua qu'il fallait repartir sans attendre. Et devinez quoi? On passait une fabuleuse journée à... marcher. Il n'y avait rien dans le paysage qui mérita d'être noté, hormis le calcul des kilomètres infinis qui nous éloignaient de Suna. Alors, c'était bien joli de regarder devant mais personnellement je pensais aussi à tout le trajet de retour qui serait aussi pénible que notre voyage présent.

Dans mon silence habituel, je m'occupais de la tâche qui était la mienne. Je cartographiais comme je pouvais les choses, assez sommairement. Notons que c'était pas mon métier, mais je me démerdais assez pour qu'un vrai professionnel en fit quelque chose - même si en vrai j'étais un peu maniaque et mon boulot était pas si dégueu pour une novice. De temps en temps, je faisais aussi des croquis sur des bricoles trouvés sur le passage. Je dessinais les plantes, Hayato ramassait des échantillons. Ce genre de truc.

Le grand moment excitant de cette journée-là, ce fut le repérage de traces d'un troupeau. On ne savait pas de quelles bestioles il s'agissait mais si on tentait de suivre leur trace, elles allaient forcément nous conduire dans un lieu plus sympas que des cailloux et tout le monde devait penser à la même chose : de la flotte. Bien évidemment, j'avais un super avis sur la question.

" J'aurais plutôt dit des sortes de gnous... "

Un super avis je vous avais dit.

" On a qu'à suivre, ça nous coûte rien. "

Il fallait dire que les bestiaux ne fonçaient pas en direction du désert, donc pas besoin d'être un génie pour supputer qu'il y avait un truc au devant. Seul hic, c'était qu'on savait pas quel genre de troupeau s'était et ces bestioles pouvaient être largement plus endurantes que nous. On prenait un risque... mais on le prendrait le lendemain matin.

Est-ce que les Nozomo avaient une chance de cocue ? Je me le demandais. En suivant la piste du troupeau mystérieux, on avait atteint une lisière qui se verdoyait au fur et à mesure que l'on avançait. C'était là que l'on avait commencé à se détendre un peu plus... sauf peu-être Yukio qui devait être excité comme une puce. Personnellement, la première chose que je fis lorsque l'on découvrit la rivière qu'on avait atteinte, c'était de m'arroser le visage. De l'eau fraîche. À profusion. Pas d'angoisse de gaspiller l'eau potable. C'était la première fois que je souriais depuis le début.

" Trop bien. "

Par contre, je n'étais pas certaine qu'elle soit potable en l'état, mais au moins, on pouvait faire tomber la température. Me tournant vers les garçons, je leur fis quelques signes supplémentaires.

" Yukio devrait choisir. C'est le seul que ça excite vraiment. "

Autant qu'il s'amusât jusqu'au bout.

Le début du voyage, le début des emmerdes comme on disait. Si le fait que nous soyons parvenu à atteindre les méandres d'un fleuve rafraîchissant aurait pu être une bonne nouvelle, le néant qui nous attendait au devant... une poisse sans nom. Oh bien entendu, les garçons semblaient moins maussades que moi. J'aurais pu aisément m'exciter à la découverte de toute cette nature sauvage, mais j'aimais la découverte tranquille, reposante, celle qu'on pouvait faire sans en avoir plein les guiboles. Ma flemme aurait pu être la seule raison de ma potentielle mauvaise humeur, mais on cumulait aussi des soucis de bouffe. Même si on avait fait le nécessaire pour rationner, on avait merdé dans nos calculs : on avait pensé faire bien moins de kilomètres.

Du coup, tout au long de notre périple, je n'avais pas été très loquace. Je n'avais pas la volonté de flinguer l'ambiance, surtout que Yukio semblait le plus enjoué. Je me contentais de réponses vagues, d'acquiescement et de gribouillages pour noter des points de repère sur nos cartes improvisées. Les jours défilaient, les nuits aussi, les insectes également dans ce qui ressemblaient à une jungle étonnamment peuplée... mais sans rien de comestible. On avait l'estomac de plus en plus noué, mais on avait connu bien pire que cela. On était des putains de sunajin, on allait pas claquer au milieu de nulle part par manque de bouffe.

Ce fut sur la dernière zone de campement que notre grande canne à pêche nous relança l'idée de s'entrainer. Enfin, au début, c'était une idée entre frangin, mais comme j'étais la pièce rapportée, il ne vit pas d'objection à me rajouter dans l'équation... entre deux trois prises de bec des frères Nozomo. Des fois, je me surprenais à envier leur complicité... des fois seulement. Ils n’arrêtaient pas de se faire des leçons, cela m'aurait très vite casser les noix. Déjà que j'avais dû mal avec mon vieux.

Bref, tout ça pour qu'au lendemain, on eut droit à la grosse démonstration d'Hayato et quand je disais grosse... je minimisais pas les choses. Le gars nous avait carrément sorti le grand jeu avec une tornade à retardement. Je savais qu'on pouvait faire des trucs de dingues lorsque l'on maîtrisait le ninjutsu, mais là.... Je lâchais un large sifflement, impressionnée par son manège.

" On déconne pas dans la hiérarchie. Rappelle-moi de pas emmerder ton frangin, Yukio. "

Blague à part, je me mis à écouter sérieusement les explications de l'aîné des frangins. Même si j'étais pas une femme qui se donnait en spectacle en combat, si je pouvais apprendre à maîtriser ce truc de bourrin, ça pouvait toujours être utile. Du coup, j'entrais dans mon mode semi-sérieux et j'engrangeais le maximum d'informations. Visiblement, il fallait être capable de concentrer une grande quantité de chakra futon avant de le lancer dans les airs. Bref, on relâchait toute la sauce dans les cieux. Pour le reste, j'avais pas capté tout son charabia scientifique mais en gros, ça faisait un truc qui permettait la naissance d'une mini-tornade pour embrouiller notre cible.

J'affichais une petite moue, avant de me tourner vers Yukio. Il avait déjà sans doute vu son frère faire, la difficulté serait peut-être moindre que moi qui la découvrait pour la première fois. Bon après, on allait pas se mentir non plus : pas besoin d'être un génie pour capter la puissance nécessaire pour lancer une chose pareille. J'étais assez lucide pour reconnaître que j'étais pas forcément au niveau, mais très loin d'être effrayée à l'idée de pousser un peu les choses. Peut-être qu'il me restait un peu de fierté en stock finalement.

" Bon. Écoutons le patron et gaspillons pas notre énergie tout de suite. "

C'était pas le moment de merdé, surtout dans l'état de fatigue dans lequel on était. Je me contentais donc des recommandations d'Hayato et cherchait à déjà maîtriser les mudras nécessaires. J'hésitais pas à lui demander de me remontrer rapidement, afin de le laisser tranquille pour le reste du trajet. Oublions pas qu'il était aussi notre guide sur le chemin et incontestablement le plus intelligent des trois de la bande. Évitons de trop le gonfler. S'il nous larguait en route... quoique, c'était moi qui avait les cartes.

Bref. Dans mon silence presque monastique, je faisais mumuse pour tenter de gérer la bonne combinaison de mudras. En soit, c'était pas tellement le plus difficile à maîtriser. C'était une gymnastique comme une autre et les jeux de mains, ça me connaissait bien. Par contre, m'atteler à concentrer mon chakra dans une zone unique de mon corps pour tout relâcher sans pépin, c'était une autre histoire. Généralement, les techniques de futons que je connaissais, ne demandait pas trop d'énergie et la forme était simple. On était dans la précision, la finesse et une forme de condensation facile à manipuler. Là, je devais sortir de ce schéma pour quelque chose de plus brute et paradoxalement largement plus puissant. De l'énergie pure et violente. Du vent dans tout ce qu'il pouvait avoir de plus destructeurs.

Bon, j'en étais pas encore là. Je commençais petit, après avoir passé presque une demi-heure à être capable d'enchainer les bons signes sans buter. Puisque j'étais pas une lutteuse comme Hayato, je préférais la tradition et tenter de canaliser mon énergie dans ma main. Regardant pas trop où je marchais, je suivais comme un mouton parce que mes pensées étaient tournées sur l'exercice. Je ne vis même pas le temps passer alors que je cherchais à visualiser mon flux de chakra pour le détourner dans un point fixe. Je me rendis vite compte que je ne parvins qu'à maintenir une quantité infime et qu'il me fallait me reprendre à chaque fois pour dépasser ma dernière limite. Sauf que, plus je m'y reprenais, plus je sentais ma main s'engourdir. Je supposais que c'était pas bon signe. C'était vraiment pas l'occasion de se bousiller les canaux.

Un peu dépité, je finis par me détourner vers Yukio pour lui demander si de son côté, il s'en sortait. Il me semblait naturel que oui mais je pouvais tout aussi bien me tromper.

" Alors ? T'arrives à gérer le truc ? Je sens presque plus ma main à force de tenter de concentrer le chakra. "

S'il avait une astuce, j'étais preneuse.

Technique à apprendre:

C'était vraiment la grosse loose. Je voulais dire, l'apprentissage de ce typhon. Moi qui étais pourtant une manuelle, je galérais plus que ce qu'il n'y paraissait dans la simple manipulation des bons mudras. C'était Hayato qui me le fit remarquer, j'enchainais pas comme il fallait avec ce foutu signe de dragon qui sortait de nulle part. Même s'il me donnait les consignes comme dans un manuel scolaire, ça restait... particulier. Question de gymnastique de doigts... et c'était chiant. Quant à sa petite comptine, j'avais pas cinq ans, mais c'était mignon. Cela pouvait toujours servir... d'ailleurs sans m'en rendre compte, je l'avais déjà fourré dans la tête.

M'enfin, tout ça ne me retirait pas vraiment l'épine du pied. Comme me l'avait si bien fait remarquer Yukio, la consommation de chakra risquait de coûter cher, surtout pour moi. Si un type du niveau de la grande perche en bavait alors moi... j'allais carrément finir dans le caniveau. Mais j'allais pas abandonné non plus. J'avais la défaite facile, mais je lâchais pas pour autant.

Pendant qu'on suivait le ruisseau qui s'agrandissait toujours un peu plus, sans me fier à mon environnement et que la jungle se densifiait, je me récitais la chansonnette " Tori Ushi Tatsu Inu ", tout en me prêtant à l'exercice de dextérité. Je râlais bien évidemment de temps en temps quand je foirais l'un des signes, mais la répétitivité me conduisit à la fin à parvenir à ne plus me chier, et surtout, me caler sur la comptine. Finalement, ça n'allait plus me lâcher cette connerie.

M'enfin, ça c'était bien joli, sauf que ça représentait même pas un tiers de la technique. Le plus galère était de concentrer assez de puissance dans mes mains pour balancer tout ça dans les astres. C'était ça, qui allait piquer et pas qu'un peu à mon avis. Suffisait pour moi de mater mon collègue - je parlais de Yukio - dans son propre apprentissage. Le bougre était aussi d'un niveau supérieur au mien - la fougue de la jeunesse - mais il galérait aussi. Moins que moi, j'en convenais.... jusqu'à ce qu'il se montrât plus audacieux et tentât de se lancer.

Le contrôle qu'il venait de me dire. Mouais. Bel exemple de contrôle. Cela me fit ironiquement sourire, bien que je dusse certainement pas faire la maline. Déjà parce que d'une part, il m'aidait. Ces remarques, sa manière de décrire certains aspects d'une technique, me parlaient souvient bien plus que les jolis discours. Je ne disais pas que Hayato ne savait pas faire, preuve que non. Sa chanson m'aidait. Disons simplement que j'étais d'un modèle plus proche du cadet que l'aîné... et fallait me montrer. Expérimenter. Réussite ou échec. Là, l'échec de Yukio me parlait. Je visualisais un peu bien ce qu'il fallait faire et surtout ne pas faire.

Ce fut à cet instant que Hayato préféra nous conseiller de nous arrêter, sans doute avait-il comme la prémonition qu'on allait se foirer et que le repos serait plus que nécessaire. Et il avait raison. Si en premier lieu, il faisait ça pour son frangin, il était assez clair que cela allait être la même chose pour moi. Et en parlant de ça, il me proposa carrément de me jeter à l'eau. Je fis une petite moue, haussant les épaules comme pour signifier "pourquoi pas".

J'étais pas confiante du tout, au point que je laissais les garçons s'assoir pour se reposer et pris de moi-même un peu de recul... par prévention.

" Une petite version... ok "

Si je semblais pleine d'assurance sur le moment parce que mon visage apathique ne trahissait rien du tout, c'était de la connerie. J'avais aucun problème à me lancer tête baisser généralement, ça m'angoissait pas... mais peut-être que le milieu ne me mettait pas en confiance, comme si je me sentais à l'étroit. Si je me chiais, c'était pas simplement un genou à terre que j'allais avoir, c'était des putains de branches sur la tronche. Je ne pus m'empêcher de lever les yeux au ciel... on voyait mal.

Faisant finalement craquer mes doigts, je commençais par effectuer les signes présentés, tout en meumeunant pour moi-même la comptine inventée par Hayato. Il avait dit qu'il fallait concentrer son chakra dans les mains, et je ressentis cette sensation de picotements qui me brûlait les veines. Sans chercher à comprendre, je me risquais à libérer cette énergie en l'air comme si je balançais une balle. Rien.

J'avais rien vu et pourtant, j'avais clairement ressenti mon chakra s'échapper. Je n'avais plus que l'engourdissement de mes doigts rompus aux mudras et puis... un bruit. Une branche. Un putain de piaf qui tombât raide mort à mes pieds. Quelle merde. Je me grattais la tête, un air un peu emmerdé. C'était moi qui avais tué ce drôle de bestiau ou bien c'était un hasard du destin ? Je le ramassais et le présenta aux deux frères.

" Vous pensez que ça se mange ce truc ? "

C'était pas bien gros, la taille d'un perroquet et plutôt coloré. Cela ne nous nourrirait sans doute pas tous les trois, mais peut-être que dans une sorte de ragoût... En tout cas, si c'était moins qui l'avait eu sans le savoir, j'étais moins nulle que je le croyais. Si c'était pas moi, il y avait du boulot et cela signifiait que j'étais pas capable pour le moment de concentrer assez de puissance dans ma paume. Le problème était du coup plutôt physique que psychologique, une sorte d'endurance parce que j'étais à peu près certaine que si je forçais à l'état actuel des choses, j'allais me bousiller les canaux de la main. Bon, j'en avais toujours une deuxième, mais la galère pour les mudras.  

En tout cas, pitié ou non, le chef de notre petite bande voulut qu'on monta le campement et qu'on s'arrêta là pour les entrainements. Je savais pas trop comment j'allais me sortir de mon problème, mais je pouvais bien y penser un autre jour. Un problème à la fois.

" Je peux m'occuper du bois. Je vais me servir d'Itori pour en ramener. "

À ces paroles, je défis ma poupée de son sac, me liant à elle. Cela avait l'avantage de pas trop me réclamer... et en plus je lui ferais porter le bois. Tout bénéf.

Technique à apprendre:

Je savais pas si je devais m'offusquer ou non, mais visiblement l'oiseau que j'avais malencontreusement abattu faisait marrer les frangins, enfin, plutôt mon interrogation sur le fait que cela fût comestible ou non. On allait pas se mentir, j'étais pas une as de la cuisine, c'était pas mon domaine et je me contentais généralement de peu. Question volaille, à part le poulet ou la dinde, j'y connaissais rien. Fallait dire que c'était pas non plus ce qui courrait le plus dans le désert et qui faisait souvent partie de mes plats. J'avais déjà becqueté du dromadaire, du lézard, du mouton ou encore de la chèvre, mais un animal aussi coloré... M'enfin, visiblement cela n'inquiétait aucun des deux, même que Hayato semblait le plus confiant en la matière. Autant vous dire que je le lui laissais volontiers cette corvée-là.

" Si vous le dites, j'espère qu'on se chopera pas une indigestion. "

Sur ses quelques paroles signées, on s'attribua tous une tâche à effectuer. Je pris l'initiative de m'occuper tout simplement du bois.... parce que je savais que je pouvais faire porter ce fardeau à ma marionnette. Filoute ? Carrément et je m'en cachais pas tellement non plus. Je quittais donc mes deux compagnons pour m'enfoncer dans la jungle avec Itori, elle devant moi, jouant par la même occasion le rôle de bouclier en cas de danger. Je profitais de la promenade pour réfléchir aux différents propos des Nozomo, tout en continuant à chantonner bêtement la comptine des mudras qui visiblement allait me rester dans la tête un bon moment.

Le coup de la tornade, c'était visiblement une sorte de tour de passe-passe, de réaction en chaîne suivant des principes de météo à la con. Fallait balancer la saucer dans les airs et espérer que cela redescendit à peu près comme il fallait. En y cogitant un peu plus, je me rendais compte que tout à l'heure, dans mon exploit assassin animalier, c'était pas tellement une vague de chakra que j'avais lancé en l'air, mais plutôt une lame. Sans doute par habitude inconsciente. Alors comment je faisais maintenant ? Ma main me faisait toujours un mal de chien, alors que je commençais à ramasser des bouts de bois mort... enfin, des branches plutôt. On était dans une jungle, des bûches ça ne courrait pas des masses dans le coin ou je n'avais pas l'œil. Chose pas impossible vu que je n'étais pas très concentrée sur ma tâche.

Ce fut à ce moment-là, tandis que je chassais du pied un mille-patte qui me courrait sur la godasse, que les paroles de l'aîné des Nozomo à son cadet se rappelèrent à moi. Deux essais par jour qu'il disait. Si je faisais les comptes, je n'en avais effectué qu'un seul. J'avais donc encore une possibilité de m'exercer, loin des deux zigotos, sans prendre le risque de les blesser. Tandis que je m'étais enfoncée un peu plus dans la forêt, je stoppais Itori qui avait dans ses bras un monticule de bois qui lui dissimulait le visage. Je supposais que le plus prudent aurait été pour moi de rejoindre simplement le camp, mais c'était mal me connaître.

Abandonnant ma connexion avec ma marionnette, cette dernier se figea dans un coin alors que mon regard améthyste s'abaissa sur ma main douloureuse. Je pouvais pas m'exercer avec celle-là, je devais tenter ma chance avec l'autre pour effectuer le lancer. M'enfin, j'en avais quand même besoin pour effectuer les fameux mudras que je récitais toujours avec cette satanée mélodie. Une fois le geste accompli, je concentrais mon chakra et le poussais à se condenser dans ma main "valide". J'essayais de pas penser à une lame, mais une vague de futon à lancer en l'air. Quand je sentis mes vaisseaux me brûler les doigts, je considérais que j'eus rassemblé assez d'énergie et sans prendre le moindre risque pour moi, je relâchais tout ça d'un coup, comme si je balançais une balle en l'air.

Je sentis alors du vent s'échapper, comme une colonne d'air qui s'élevait en direction du ciel puis.... pouf. Le truc me parut s'évaporer à mi-distance, n'atteignant même pas la cime des arbres. Je me mis à froncer du nez. Décidément, c'était pas mon jour. Mais à peine eus-je le temps de me faire cette réflexion que j'entendis un craquement. Là, des branches s'effondrèrent sur le sol que j'esquivais d'un pas de côté pour les éviter. Je fis à nouveau la grimace. La deuxième fois que je faillis me faire assommer et... que je récoltais quelque chose. Ne me demandez pas comment cela fut possible, mais il y avait un nid et des œufs. Ils n'avaient miraculeusement pas cassé. Je commençais à croire que j'avais un lien particulier avec le monde de la volaille.

Bref. Cela m'empêcha au moins de ne pas me miner le moral face à mon nouvel échec... de nouveaux bouts de bois et de la bouffe. Super. Sans être pour autant en joie - on s'en doutait bien - je repris le chemin du retour pour retrouver Hayato et Yukio qui tapait déjà la discussion. Là, je fis déposer mes trouvailles par ma poupée près de l'âtre, et je finis par tendre les œufs à l'archer que je considérais d'avance comme le cuisinier en chef.

" Ne me demande pas comment je les ai eu. "

Mouais. Journée de la loose.

Technique à apprendre:

Comme à mon habitude, je ne me fis pas prier pour poser mon postérieur, tout en déléguant bien rapidement mes trouvailles à qui de droit. Hors de question pour moi de m'occuper de la bouffe, j'avais une sainte horreur de m'y atteler. Oh je savais cuisiner, je me débrouillais... mais j'aimais pas ça. Quoiqu'il en fut, j'étais arrivée pile poil au bon moment de la conversation entre les frangins. Le pointillisme de Yukio réclamait quelques conseils à son aîné, ce dont je pouvais profiter. Bon, j'avais raté la moitié de ses propos et je n'avais entendu que "déchaînement élémentaire", cela me semblait suffisant pour ma cervelle en puzzle. J'interprétais ça simplement comme un ordre qui disait "envoie la sauce ma poule" et si c'était pas exactement cela, je devais pas être bien loin du compte. À mes yeux, c'était là où ça pêchait pour moi. Le côté puissance brute.

Mais j'eus pas le temps de véritablement m'étaler sur le sujet que j'eus l'impression de me faire faire la morale par Hayato. Je me retournais vaguement vers lui, arquant un sourcil et lui répondit avec tout le culot qui était le mien.

" Je le faisais pas en cachette personnellement. "

À vrai dire, pourquoi me serais-je cachée ? J'étais pas une petite fille et je n'avais pas peur du grand méchant loup. C'était sans compter qu'en réalité, je ne faisais qu'appliquer ce qu'il avait raconté avant tout ça. On avait droit à deux essais et j'avais fait mon second dans les bois. Me grattant l'oreille comme si j'en avais rien à faire de sa tape sur les doigts - ce qui était un peu vrai en fait même si je ne cherchais pas à le provoquer - je replongeais mon attention dans le feu de l'âtre et ce que notre grande perche préférée avait décidé de faire cuire au-dessus. Une nouvelle fois, j'écoutais dans mon traditionnel silence ce qu'il avait à dire, des paroles qui faisaient un écho curieux aux enseignements de mon père et qui, paradoxalement, me donnaient l'impression de ne pas être si bien comprise... même si je considérais que c'était mieux ainsi.

Pressée. C'était ainsi qu'il interpréta mon comportement, projetant celui de son frère sur moi. Je ne pus m'empêcher d'avoir un léger petit rire à l'idée que je pus être une femme impatiente. C'était si éloignée de la vérité, mais préférable. Plus acceptable que ce que je refusais moi-même de considérer. Mais son inquiétude était touchante, bien que trop paternaliste pour une kunoichi plus âgée que lui. J'avais déjà mon vieux sur le dos, c'était pas pour avoir sa version jeune en plus. Cela me touchait quand même. Cependant, contrairement à lui, l'idée de devoir croupir parmi les éléments sauvages ne m'effrayaient pas... je l'avais déjà vécu après tout. Du détail.

Par contre, quand il m'ordonna à moi et Yukio de bosser sur le campement, je ne retins pas un soupir blasé. Visiblement, il voulait nous faire payer le prix de notre entêtement et rapidement, comme pour pouvoir prendre les devants, je levais la main comme une enfant modèle.

" Campement ! "

Ne laissant ainsi pas le choix à Yukio, j'abandonnais les garçons à leur popote pour finir ce qu'il y avait à finir, et n'avoir qu'à croiser les jambes pour pouvoir dévorer ma pitance une fois mes tâches accomplies. Les frères Nozomo s'étaient d'ailleurs pas mal débrouillés, entre la volaille et les pommes, on avait pu se remplir l'estomac comme il se devait, au point que cela m'aida même à dormir... ou à peu près. On avait des tours de garde à faire. Cela me permit au moins de cogiter sur ce que je désirais faire pour la suite de notre apprentissage et à vrai dire, il me fallut pas plus de dix minutes pour faire mon choix.

Et au petit matin, on était reparti... enfin plutôt parti rechercher la fameuse cascade qui hantait les rêves d'Hayato. Personnellement, cela me faisait pas grande chose. Yukio, lui, c'était notre explorateur attitré donc je supposais que ça lui plairait aussi. Et moi pour une fois, j'étais assez sérieuse pour réfléchir à comment me dépêtrer avec la technique que l'on tentait d'apprendre. Cette satané tâche du dragon. Le temps de faire quelques pas dans la jungle, que notre cher professeur tenta de nous donner des conseils que l'on fut plus capable de comprendre. Hey, c'était lui l'intello de la bande. Je lui fis un petit signe de la main pour lui montrer que j'avais compris la leçon, puis lançait un regard amusé à Yukio.

" Il est toujours aussi grincheux ? "

Peut-être allait-il l'être beaucoup moins lorsque l'on réussit à atteindre le point d'eau tant recherché. Un bel endroit, soit dit en passant. Tandis que je déposais mes affaires, Hayato fut le premier à littéralement se jeter à l'eau. Une nouvelle fois, mon attention se tourna vers le cadet.

" Il nous fait la leçon et se la coule-douce ? "

Secouant négativement la tête, je soupirais.

" Bon. Yukio, je te conseille de t'écarter au cas où. Je préfère choisir la méthode radicale. J'aime pas faire les choses à moitié. "

On faisait les choses à fond ou on les faisait pas... et tan pis si le professeur préférait faire de la plongée, j'étais à peu près certaine que le résultat serait pas... terrible, mais ça me permettrait de mieux comprendre où m'arrêter dans le relâchement de mon chakra. Me faisant craquer le cou et les doigts, je pris une grande inspiration comme pour m'aider à me concentrer. Au bord de l'eau, le ciel dégagé, c'était finalement l'endroit idéal pour tout balancer dans les airs. Je commençais donc à malaxer mon énergie pour la concentrer dans la paume de ma main, au maximum de mes capacités. C'était curieux comme j'eus l'impression de me faire aspirer toute ma force d'un coup, comme une sorte de baisse de tension désagréable. Je me fis d'ailleurs même ciller un petit instant, sans pour autant m'interrompre. Je jouais avec le feu, c'était assez évident, mais je m'en foutais. Hayato l'avait dit : tout ou rien. J'avais fait le choix de tout donner.

Quand je compris que je ne pouvais plus rien fournir à moins de tomber dans les vapes, d'un grand geste je donnais l'impression de lancer quelque chose dans les airs. Une énorme vague de futon s'échappa, soulevant mes cheveux et mes fringues avant de s'échapper dans les hauteurs. Le mouvement des feuilles des arbres me laissait comprendre que mon chakra prenait bel et bien la voie des airs, cependant, la violence de tout ce que j'avais relâché me fit littéralement tomber sur le cul, comme dans un effet de propulsion. Mais est-ce que j'avais réussi ? Je le crus, un instant du moins. Le ciel m'avait semblé s'assombrir mais... rien. Une illusion d'optique de ma part. Bon, vous vous doutez bien qu'une fois le coup parti, j'étais devenue une loque humaine. Le cul par terre, mais pas que. Je m'étalais de tout mon long, le souffle un peu court, pas une once d'énergie dans mes muscles. J'avais tout offert au ciel et finit carpette. Encore. J'allais commencer à croire que la position horizontale, c'était un peu ma destinée...

Technique à apprendre:

C'était étonnamment d'entendre Yukio parler de son frère de manière aussi analytique, mais en y regardant de plus près, c'était lui qui le connaissait le mieux. Un maniaque du contrôle ? Sans doute parce que c'était l'aîné qui voulait bien faire et qui refusait qu'il arrivât des merdes aux gens sous ses ordres. On pourrait pas lui en vouloir, surtout avec le groupe de bras cassés que je formais avec son cadet. Et d'ailleurs en parlant de cela, ma tentative créative de futon fut un échec complet. Encore. Et je fis même visiblement assez pitié à mon camarade pour qu'il vînt s'enquérir de mon état. Pour lui montrer que j'étais encore bien consciente, je lui fis un petit signe de "ok" avec les doigts... mais j'étais littéralement épuisée, le même effet qu'une énorme baisse de tension qui vous faisait flageoler les jambes.

C'était pathétique, mais heureusement pas irrémédiable. M'enfin, puisque j'avais fini ma prestation, c'était au tour de l'hirsute qui m'enjamba littéralement. Creusant dans mes dernières forces, je parvins finalement à me soulever un peu pour m'asseoir et avoir pile en face de moi le petit postérieur de Yukio pour qui je n'eus pas de chaste pensée. Vraiment pas de chaste pensée. Il fallait dire qu'il me les mettait sous le nez aussi. Si c'était réellement innocent, je pouvais m'empêcher de penser que ça restait quand même de la provocation. À charge de revanche quand je pensais à l'épisode de l'entrainement à l'Oasis. Lui au moins avait pas fini les fesses à l'air.

Le plus important restait tout de même l'entrainement, mine de rien. Balayant la pression de mes hormones, je portais ma concentration sur les gestes de Yukio et la technique. J'analysais sa posture et tous les détails qui auraient pu m'échapper lors de la démonstration de son frère. Il avait peut-être vu un truc qui m'échappait. Cependant, si dans les résultats il avait été meilleur que moi, il n'était pas arrivé au bout. Le ciel avait accepté l'envoi des perturbations venteuses, mais il n'avait pas craché son venin. Pourtant, j'y avais cru un instant. Mon seul réconfort fut de constater qu'il était aussi HS que moi, même s'il n'avait pas eu le déshonneur de finir le cul par terre.

Mais le pire dans tout ça ? Le regard du jugement d'Hayato peu de temps après. Malgré ces délicates attentions - je parlais surtout pour la clope que je me fis un plaisir d'allumer - on sentait qu'il avait envie de nous engueuler. Il me surprit en se retenant pour nous donner des conseils. C'était étonnamment de voir comme cela me faisait bizarre de pas entendre mon vieux me gueuler dessus pour dire que j'avais foiré comme une bleue. Je ne pus m'empêcher de sourciller de surprise pendant son discours... et grignoter au passage.

À l'entendre, moi ou son frère, on avait choppé le truc, mais on savait pas générer notre puissance. Yukio c'était trop, et moi visiblement pas assez. Je supposais que j'aurais pu le deviner, mais cela me frappa bien plus lorsque Hayato refit une démonstration. Clope en main, je l'observais avec attention. Pour les mudras, je savais que c'était ok. Puis j'analysais sa position. Il fit le choix de tout concentrer dans son poing, Yukio avait fait la même chose l'instant d'avant. Je supposais qu'il me faudrait prendre exemple pour la prochaine fois. Bien que le chakra demeurait invisible à mes yeux, il était assez limpide qu'il fallait en amasser une grande quantité et c'était plus flagrant lorsque la tornade se créa après que le ciel se soit assombri. Je pus simplement tirer une taffe sur ma cigarette que le vent me l'éteignit aussitôt.

Le machin avait littéralement explosé des arbres pendant sa descente, et rayé sans doute toute une clairière. En matière d'écologie, on repasserait. Mais en matière de bouffe ? Avec de la chance, des bestiaux s'étaient faits surprendre. Hayato avait dit lui-même que j'avais besoin de me requinquer et c'était pas avec ce que j'avais mastiqué que c'était possible.

" Je suppose qu'on a pas le choix. Si je veux réessayer, il me faut récupérer et pour récupérer il me faut bouffer comme dormir donc... espérons que tu sois bon chasseur, Hayato-senseï. "

Noter que malgré le fait que je parlais en langage des signes, l'ironie de mes propos se lisait dans mes yeux. S'il y avait bien une chose qu'il me restait, c'était au moins ça, à défaut d'énergie...

Technique à apprendre:

Les entraînements avec les Nozomo, c'était toujours crevant, même s'ils se montraient relativement prévenants avec moi. Mais j'étais assez lucide pour bien me rendre compte la différence qu'il y avait entre nous, et même entre les frères à vrai dire. Fallait dire que les deux ziozios n'avaient pas le même caractère, ça devait aussi peser sur la manière d'appréhender les choses. Les arts qu'ils étudiaient n'étaient pas les mêmes non plus. Cela aussi devait jouer. D'ailleurs, j'avais toujours trouvé un peu étrange qu'Hayato eut choisi le maniement des flèches plutôt qu'un truc plus... traditionnels aux shinobis. Même pour un Nozomo, c'était bizarre non ? Pour ce que j'y connaissais de toute façon.

Et qui parlait de femme complètement claquée, parlait de mon besoin de grailler quelques choses et surtout bien dormir. Notre chance avec cette technique de barbare ? Cela avait permis à notre grand chef de cueillir de la nourriture à foison, où plutôt de la viande qu'il saurait, j'en étais certaine, cuisiner avec grand plaisir. Si Yukio nous dégotta un volatile, Hayato trouva des énormes rongeurs. De quoi faire un festin en somme une fois que nous revîmes au campement.

Que cela fut moi ou le cadet de la famille, je n'eus aucun mal à dire que j'avais plus rien foutu une fois sur place. J'avais posé mon derrière sur le sol et simplement regarder le gendre idéal faire la popote pour les deux pauvres shinobis fatigués que nous étions avec son frère. Autant vous dire que lorsqu'il m'apporta ma pitance, ce fut avec un grand plaisir que je dévorais le tout dans mon éternel silence, bien que je lui jetais un regard blasé quand il nous balança qu'on avait de sale tronche. Tu m'étonnais. Cela m'empêcha pas de continuer à manger. Je pouvais pas nier de toute façon son constat. Je me sentais épuisée, mais le repas frugal me fit incontestablement du bien. Il m'en fallut pas plus d'ailleurs pour m'endormir une fois que j'eus tout englouti. Je ne fus même pas traversée par l'idée que c'était pas raisonnable ou imprudent. Je comptais sur les frangins Nozomo pour la sécurité du camp. Une confiance aveugle ? Peut-être. Mais n'en faisaient-ils pas autant en m'ayant emmené avec eux ? On était tous dans le même bateau pour cette aventure. Et puis, on en avait vu clairement d'autres, hein ?

Je dormis donc comme un véritable bébé, rien n'aurait pu me réveiller dans tous les cas. Pas de rêves, pas de cauchemars. Le néant le plus complet au pays des songes. C'était pour dire à quel point j'étais sur les rotules. Mais au moins, le réveil me parut plus agréable. Est-ce que j'étais au top de la forme ? Clairement pas. J'avais en partie récupéré mes forces et quand bien même le petit déjeuner fut généreux, je devais être à la moitié de ma batterie. J'allais clairement pas m'amuser à cracher du vent pour la journée, mais je pourrais sans doute apprendre de Yukio. Il avait clairement une meilleure mine que moi. Rendez-moi mes vingts ans.

Le nez dans ma pitance, Hayato avait décidé de nous abandonner dans le cas pour... explorer. Libre à lui d'aller fouiner, je comptais certainement pas le suivre. Ma flemme légendaire avait au moins l'avantage de me rendre raisonnable. Par contre, pas certaine que cela fut le cas pour l'hirsute.

" Tu comptes t'essayer à nouveau pendant que ton frère est pas là ou bien tu vas le pister ? "

Le temps d'agiter mes mimines que je lui fis comprendre que pour moi, c'était mort pour la journée.

" Je pourrais pas t'accompagner sur le coup. Je peux surveiller le camp si nécessaire. "

Ma façon de lui dire qu'il était libre de faire ce qu'il voulait, sans culpabiliser de se barrer au besoin. Je me contentais de m'enfoncer dans mon petit coin de repos, fouillant dans mes affaires pour récupérer les carnets sur lesquels j'avais noté des indications des lieux que nous avions traversés. J'avais même fait quelques dessins, de végétaux ou de bestiaux, griffonnés plutôt que véritablement représenter. Mais vu que j'avais du temps à perdre, c'était le moment pour améliorer mes traits de crayon. Et le plus drôle ? C'était que j'avais aussi fait le portrait des garçons. Après tout, c'était des bestiaux du désert comme les autres, non ?

Technique à apprendre: