Lors de l’examen, j’avais eu affaire à une technique de genjutsu particulière. Grâce à Haruka, j’avais pu récupérer le parchemin qui contenait cette technique et il était difficile de pouvoir s’exercer et apprendre une nouvelle technique de genjutsu. En effet, il était parfois difficile de trouver à appréhender des techniques d’illusion et surtout comment les mettre en place lorsqu’on avait jamais vécu ce genre d’illusion. La seule personne qui pourrait me permettre à devenir plus fort, c’est Junko. Il fallait que je lui demande de l’aide pour cette technique surtout que c’était une technique de genjutsu sonore et depuis les mots, j’avais un peu d’expérience dans ce genre de technique, mais ça restait toujours un domaine bien difficile et très abstrait. J’avais écrit une missive pour la femme à qui j’avais enseigné le Shushin dernièrement :
« - Cher Junko, j’ai besoin de vous pour tenter l’apprentissage d’une nouvelle technique de genjutsu sonore, mais je ne sais pas comment m’y prendre. J’espère que vous accepteriez, si oui, je vous attends demain au terrain d’entraînement à 14 h 00. Merci, d’avance. Shun, ton élève que tu adores frapper. »
Je souriais à la dernière phrase, mais en même temps lui donner une raison de me torturer devrait lui donner envie, et une raison suffisante pour la faire bouger jusqu’au terrain d’entraînement enfin, j’espérais que c’était possible. Nous étions le jour du rendez-vous, j’avais porté ma tenue d’entraînement, un top simple noir et un pantalon en toile assez simple. J’avais noué mes cheveux avec une simple queue-de-cheval qui tombait jusqu’à l’échancrure de mes reins. (Je sais on va encore me dire que ça fait pervers). Je posais mon pied sur un arbre de manière à faire des étirements, mon petit rouleau d’encre était posé à côté de l’arbre, en même temps mon KG ne servirait pas beaucoup dans cet apprentissage. Un instant je m’étais perdu dans mes pensées. Le vent soufflait dans mes cheveux et mes pensées voguaient au fil de nature. Un instant, je me demandais si la vie de Shinobi avait réellement un sens, puis je m’étais demandé comment simplement donner sens à cette vie, il fallait devenir plus fort, mais il y avait une raison particulière à cela. Protéger ceux qu’on aimait et c’était mon but, ma vocation, mon nindo. Le bruit de pas réveillait ma torpeur et mes yeux clignèrent un instant avant de remarquer la présence d’un être devant moi. Est-ce Junko ? Les rayons du soleil m’aveuglèrent un instant.
La veille, la dame avait découvert le message de son élève, sa requête et sa demande d’entrevue. Elle en était restée un instant interdite, sous l’effet de la surprise. Il ne la réclamait pas si souvent que ça, c’était plutôt l’inverse d’habitude, ou alors le hasard devait s’en mêler pour que leurs chemins se croisent. Entrainements, missions, elle le convoquait la plupart du temps. Alors, voyant que les rôles s’inversaient et que, pour une fois, c’était lui qui venait la chercher, Junko eut un sourire sincère. Elle redécouvrait le plaisir d’être appréciée – même si elle ne se l’avouait pas – et cette simple missive suffit, à elle seule, à embellir le reste de sa journée.
Elle s’était donc rendue, le lendemain, un peu avant l’heure du rendez-vous, au terrain d’entrainement. Sur le trajet, comme elle traversait une partie de la ville, de son domicile jusqu’au lieu du rendez-vous, elle s’était arrêtée devant une échoppe ouverte sur l’extérieur, vendant de la nourriture à emporter. Compte tenu de la vie décousue qu’elle menait, Junko mangeait rarement à heures fixes, et encore moins aux heures communément acceptées. Mais elle songeait qu’il n’était pas si tard que ça pour un encas – pour les gens normaux –, aussi elle acheta deux portions de yakitori. Deux ? Eh bien, elle allait voir Shun, non ? Sur le coup, cela lui avait paru naturel ; elle avait commandé sans vraiment réfléchir. Et puis, avançant sur son trajet, ses brochettes dans une barquette de fortune, elle se mit à douter. C’était étrange de faire ça, non ? Enfin, après tout, elle n’était pas vraiment son amie, et encore moins sa mère. Pourquoi un professeur voudrait-il partager son repas, hein… Shun trouverait ça étrange aussi, surement. Ah, elle ne voulait pas le gêner… Il voulait juste s’entrainer. Alors, comme elle arrivait au terrain d’entrainement, elle s’arrêta, considérant son repas, l’air grave. « Tant pis… » songea-t-elle, un peu triste, et elle se débarrassa de tout ça dans la première poubelle qu’elle croisa.
Finalement, ce fut une Junko un peu renfrognée qui se présenta à Shun. Le jeune était déjà prêt, visiblement là depuis un certain temps. Elle le salua vaguement, non sans lui signifier qu’elle avait dû chambouler son emploi du temps de l’après-midi, par sa faute. « J’espère que ça en vaut le coup, au moins. » conclut-elle finalement. Son attitude était injuste ; elle était frustrée et un peu en colère contre elle-même et elle reportait sa frustration sur lui, alors qu’il n’y était pour rien. Ce moment aurait dû être agréable, elle était sincèrement contente qu’il l’appelle, mais un rien avait suffi à lui saper le moral. Depuis quelque temps, elle ne comprenait plus les relations humaines, elle ne savait pas comment agir, comment traduire ses émotions en actes. Elle haussa les épaules. Peu importait. Elle croisa les bras, reportant son attention sur son élève, et lui demanda : « Alors comme ça, tu veux apprendre un Genjutsu sonore… Tout d’abord, qu’est-ce que tu sais sur cette technique ? Tu es resté très vague, dans ton message… » Ce n’était pas un reproche, même si cela pouvait sonner tout comme. En réalité, il avait eu raison de ne pas tout expliciter par écrit, c’était plus sûr, on ne savait pas quel ennemi pouvait intercepter leur correspondance… Surtout depuis cette histoire d’examen où une horde de Konohajin avait débarqué à Uzu.
La marâtre s’était présenté à moi, pourquoi employer ce terme pour la décrire ; tout simplement parce qu’elle semblait étrangement énervée. Avais-je dit ou fait quelque chose qui ne lui avait pas plut ? Parfois, je n’étais pas le plus doué pour me faire comprendre auprès de cette femme qui avait un caractère plutôt énigmatique et surtout elle avait cette habitude à être lunatique au possible. Le terme était parfait « lunatique », comme la Lune faisait place au soleil et la réciproque était avérée. Déesse de la Lune pourrait lui aller bien comme nouveau nom. Enfin bon, il fallait que je me concentre, une technique que je devais apprendre au travers d’un parchemin n’était pas évident. Elle espérait que la technique vaille le coup, c’était compliqué pour savoir si cette technique puisse être quelque chose d’un intérêt pour cette femme, mais en même temps, c’était une technique qui pourrait m’aller puisqu’elle pouvait me permettre de fuir et c’était une façon idéale de combattre.
Je prenais ma respiration et elle voulait des explications sur cette technique, il fallait que je m’exprime plutôt bien :
« - Hum… Pour commencer, c’est un genjutsu de zone qui permettrait de créer deux êtres illusoires qui ressembleraient à des monstres. Ces êtres peuvent combattre et infliger des dégâts et qu’ils se reconstituent et il faut une technique de zone pour les détruire. J’ai pu observer cette technique durant l’examen écrit. C’est une technique qui peut permettre de faire diversion, mais également de préparer d’autres techniques ou bien pouvoir attaquer d’autres façons. »
Je sortais le rouleau de la technique pour lui montrer exactement le déroulement de la technique, mais c’était la première fois que je testais d’apprendre une technique de cet acabit avec comme support un simple papier. Je posais mon regard vers ma maîtresse:
«- À vrai dire, je t’avouerai que je sais pas par où commencer dans l’apprentissage d’une technique au travers d’un parchemin. Si, tu peux m’aider pour m’entraîner et déchiffrer le parchemin, tu me sauverais la vie. »
Avant d’ajouter :
« - Je peux te confier un secret ? »
Je devenais tout rouge à l’idée de lui dire la seule chose que personne ne savait pour le moment sur moi. En effet, depuis peu, j’étais devenu Arpenteur et je voulais en parler avec la personne dont j’avais le plus d’estime dans ce village et puis elle pourrait sûrement me ramener à la dure réalité. Elle avait cette façon franchise de dire les choses.
Shun avait fait abstraction de la mauvaise humeur de sa professeure, se pliant à ses exigences sans ciller. Ce petit avait l’habitude, maintenant, il savait que cela ne servait à rien de s’insurger, cela lui passerait tout simplement. Et, de fait, cela lui passa.
La dame écoutait bien sagement les explications de son élève, ne l’interrompant pas, afin d’être certaine de bien comprendre ce dont il parlait – après tout, elle était là pour l’aider. Pour autant, son cerveau travaillait à toute vitesse, au fur et à mesure qu’il décrivait la technique en question. Un Genjutsu de zone, avec deux êtres pouvant se reconstituer… Elle connaissait quelque chose de similaire, à vrai dire : Kasumi Jusha. Elle pouvait déjà noter quelques différences – la présence de deux êtres dans la technique de Shun, tandis que dans la sienne les clones étaient innombrables, par exemple – mais elle conservait cette idée dans un coin de son esprit, cela pouvait être utile par la suite.
Au fil des explications, Junko en oublia donc un peu sa mauvaise humeur et, lorsque son élève sortit le fameux parchemin, elle eut même une exclamation enjouée. « Oh, où est-ce que tu as trouvé ça ? Je n’ai jamais rien vu de tel dans les bibliothèques d’Uzushio… » Et les Dieux savaient combien de temps Junko passait dans ces fameuses bibliothèques, à la recherche du savoir. Dans son regard, une flamme s’alluma, tandis qu’elle posait son regard sur les écrits inconnus. « Hum… » répondit-elle distraitement à son élève, alors qu’il exagérait un peu dans sa requête. « Te sauver la vie, hein… » murmurait-elle. Se redressant, elle eut envie de répliquer qu’elle passait son temps à lui sauver la vie, en mission et au quotidien, depuis qu’elle avait accepté de le prendre sous son aile, mais elle s’abstint car il parut soudainement gêné. Un secret ? Elle fronça les sourcils, l’air soucieux.
« Pourquoi ? » Ce fut sa première réaction, la plus spontanée, la plus abrupte. Cela lui avait échappé, mais cela traduisait parfaitement sa pensée. Pourquoi… Pourquoi lui dévoiler quelque chose qui ne devait pas l’être, pourquoi elle, pourquoi maintenant ? Elle se reprit finalement : « Si c’est un secret, tu ne devrais pas le garder pour toi ? » Et puis, passée cette première réflexion, elle en vint à se demander ce que pouvait bien être ce secret, au point que son élève en rougisse. Pour être honnête, elle n’arrivait pas à deviner ce qui pouvait bien occuper son esprit. Mais une connexion étrange se fit dans son esprit, alors qu’elle parlait. Une technique de diversion, lui sauver la vie, un secret… « Ne me dis pas… Que tu as prévu de partir ?! » Son regard se fit soudainement sérieux. « Tu sais ce que je pense des traitres, Shun. Si c’est le cas… Tu ne devrais pas me le dire. Jamais. » Elle hésita un instant, avant de poursuivre : « Notre relation… Je veux dire… Tout ça, ça ne comptera plus. » Elle avait reculé d’un pas ; elle était sincère et elle savait qu’il comprendrait ce que cela signifiait. S’il le fallait, elle le tuerait de ses propres mains.
Où est-ce que j’avais trouvé ce parchemin ? C’était bien ça le problème, toute l’essence même du secret que je souhaitais lui dire. Il fallait que je lui en parle, il fallait que je communique avec la seule personne qui pouvait me comprendre, pourtant, je savais qu’elle n’aimait pas la traîtrise, mais à mon sens ce n’était pas de la trahison… C’était une chose différente, c’était une quête d’un savoir immense, le pouvoir venait du savoir et je comptais l’utiliser pour aider Uzu et surtout pour assouvir ma vengeance. Mon plan ultime était d’éradiquer les Kaguya et j’avais besoin de devenir bien plus fort.
Mon regard se posait dans les yeux de la personne que je prenais pour un sensei, ma voix se faisait distincte et un peu perturbé :
« - Le rouleau est en lien avec mon secret, mais je ne pense pas trahir quelque chose. J’ai simplement obtenu une source de savoir énorme afin de me permettre de devenir beaucoup plus fort. J’ai rejoint une organisation celle des Arpenteurs, tu connais ? Il est hors de question que je trahisse ce village, mais j’avais besoin de devenir plus fort. Je dois détruire le clan des Kaguya… »
Mon regard restait sûr de lui… J’ai besoin de son aval, j’ai besoin de son aide, je veux devenir plus fort. Mon regard se perdait dans le sien, alors que mes mots commençaient à tirailler mon larynx :
«- Si, tu penses que je dois mourir. Je te laisserai faire ce que tu veux de moi, après avoir détruit mon ennemi. Je me dois de venger mon clan, ma famille… »
Il fallait que j’attende son aval pour lancer l’entraînement… Je me reculais un peu, attachant mes cheveux plus fortement :
« - Je suis prêt pour subir ton entraînement quoiqu’il arrive.. »
Alors comme ça, il ne comptait pas partir, il ne prévoyait pas de trahir le village. Cette nouvelle aurait dû la réjouir et, pourtant, elle ne savait quoi en penser. Il parlait d’une organisation, un moyen d’assouvir sa soif de connaissance et son dessein funeste. Elle ne connaissait pas ces gens dont il parlait, elle ne savait pas quel était leur but réel… Mais il avait l’air sincère ; il ne trahirait pas sa patrie. Ce n’était qu’un tremplin, une petite aide externe. Se faisait-il berner ? Oh, il était parfois si innocent, si naïf… Elle ne répondit pas tout de suite, pensive. Elle avait mal. Quelque chose lui faisait mal. Machinalement, elle porta sa main à son cœur. Pourquoi se mettre dans cet état ? Elle n’aurait qu’à se renseigner sur ces gens, connaître les termes exacts de leur accord… Ah, la douleur intercostale se faisait plus prononcée, à chaque fois qu’elle prenait une inspiration. Bon sang, Junko !
Non, Shun ne faisait rien de répréhensible. Bien au contraire, il faisait ce qu’elle avait toujours espéré : il se donnait les moyens de réussir, coûte que coûte. Mais, s’il ne trahissait pas Uzushio, il abandonnait cependant bien quelque chose, dans le processus. Elle. Elle lui avait promis de l’élever, de faire de lui un shinobi assez fort pour protéger les siens, si en échange il acceptait de lui faire confiance et de se plier à son enseignement. Elle avait donné de sa personne pour faire changer ce gamin têtu et insolent. Elle l’avait vu grandir, s’affirmer et… s’émanciper. Ah, elle ne pouvait pas le blâmer, c’était elle qui l’avait voulu, il fallait bien que cela arrive un jour. Cela dit, être reléguée au second plan, cela faisait mal. Elle soupira tristement. « Très bien, très bien. Inutile d’être si dramatique, Shun. Je ne sais pas qui sont tes nouveaux amis, mais je leur souhaite bien du courage… » Une nouvelle page se tournait, et avec l’approche de l’examen Jûnin, tout paraissait se précipiter.
Reportant son attention sur le parchemin, elle se décidait finalement à suivre la volonté de son élève. Ces gens lui fournissaient le savoir à l’état brut, elle se contentait d’être le catalyseur. Avait-elle seulement le choix ? C’était la vie ; s’adapter ou mourir. Elle soupira, encore. « Bon. Passons à l’entraînement. Je crois comprendre de quelle façon cela fonctionne. Pense à quelque chose comme Kasumi Jusha, mais avec beaucoup moins de clones d’ombre. On verra pour l’aspect monstrueux dans un second temps. Tu vois de quoi je parle ? Si ce n’est pas le cas, je pourrai l’utiliser sur toi, tu comprendras mieux. » Elle annonçait ça avec un brin de malice dans la voix, car c’était presque un jeu entre eux, à présent. Se passait-il un seul entraînement sans qu’elle n’use de ses techniques diaboliques sur lui ? Elle poursuivit : « Sinon, tu vas essayer sur moi directement, et je t’aiguillerai sur ce que je vois et ressens. Ça te va ? » Et, sans plus attendre, elle se mit en position. Le choix était sien !
Je ne me sentais pas dans un très bon état de parler à cœur ouvert à cette personne qui était la personne pour qui j’avais le plus d’estime dans ce village. Elle était la figure d’autorité qui avait en cet instant une image digne de la mère. Je n’étais pas encore assez confiant, j’avais besoin de son aval, de sa pensée pour avancer, elle était la personne que j’écoutais plus que ma propre pensée. Elle seule pouvait comprendre l’intérêt du savoir et sa puissance divine.
Elle n’était pas là en train de me juger, elle souhaitait du courage aux personnes qui étaient mes nouveaux compagnons, je ne pus m’empêcher de rire… Ma voix se teintait d’ironie :
«- Comme d’habitude, tu plains les autres… Si tu savais les personnalités que j’ai pu rencontrer, je penserais que tu me plaindrais plus. »
Il était vrai que la personne qui m’avait recruté avec Towa était une personne qu’on pourrait qualifier d’hurluberlu. J’étais une crème comparé à ce genre de personnes… Il fallait maintenant passer à l’entraînement de la technique que je souhaitais apprendre. Elle me parlait d’une technique dont je n’avais aucune connaissance, mon visage se crispait :
« - Je ne connais pas la technique dont tu me parles. C’est une technique d’illusion qui se rapproche d’un kage bunshin ? Ou c’est simplement l’illusion d’une multitude de personnes qui attaque l’ennemi ? »
Elle voulait l’utiliser sur moi, j’avais des rappels de ses techniques dans tous les pores de mon corps. La souffrance causée par les mots, ou bien la dureté d’environnement trompeur et des pièges de la rousse. Je me souvenais de tout, comme si mon corps avait conservé l’ensemble des stigmates de la douleur infligée par cette personne sur mon cerveau et mon corps. J’ancrais mes pieds dans le sol :
« - Je te laisse me montrer cette technique ! ».
Quant à la technique que je souhaitais apprendre, elle allait être compliquée. J’avais plus ou moins assimilé la théorie et la complexité de la création de deux illusions de cette puissance, mais il fallait que j’apprenne cette chose pour nourrir ma vengeance, pour protéger les personnes que j’aime. Tellement de choses que je devais encore effectuer et cette technique serait une marche pour atteindre le piédestal que je visais.
Oh, voilà une question pertinente ! La petite confession de son élève passée, la jûnin s’était glissée dans son rôle de professeur sans mal, et le jeune dans celui d’élève. Ils avaient tourné la page, comme si de rien n’était, et elle réfléchissait à présent à la remarque de l’orphelin. Elle n’y avait absolument pas pensé, mais la technique de clonage Kage Bunshin pourrait être utile lors de cet apprentissage, c’était vrai. S’il en parlait, certainement qu’il devait la maîtriser. Ce serait un atout, assurément, pour tout ce qui concernait la création de clones illusoires. Hochant la tête, l’air songeur, elle répondait alors : « Kasumi Jusha est effectivement assez proche des techniques de type Bunshin. Il s’agit de nombreux clones inconsistants qui se reforment lorsque l’ennemi les frappe. Mais la subir au moins une fois te sera sûrement plus utile que toutes les explications que je pourrais donner, tu verras. Cela dit, tu as soulevé un bon point, concernant le Kage Bunshin. Tu sais créer de tels clones ? Je pense que cela pourrait te faciliter le travail, pour ce qui est du Genjutsu que tu cherches à apprendre. Combiner un Kage Bunshin et Kasumi Jusha, y ajouter une pincée d’horreur… Cela pourrait faire l’affaire. » Du moins, c’était ce qui transparaissait de la lecture du parchemin. Seule la pratique leur confirmerait ces premières hypothèses.
Sans plus attendre, le duo se mettait en place. Junko n’était guère inquiète, à vrai dire. Kasumi Jusha n’était pas une technique très violente physiquement, ni difficilement supportable mentalement. La presque quadragénaire avait fait hélas bien pire à son élève, par le passé. Exécutant habilement les quelques mudras nécessaires, elle libérait son chakra sans ménagement, déployant l’illusion dans une zone assez large. Lorsqu’elle fut certaine que tout soit en place, elle fit un signe à Shun, pour signifier sa présence – au milieu de tous ces clones, ce ne serait pas évident de la retrouver autrement. « Je suis là. » dit-elle simplement. « Tu devrais voir mes clones, à présent. Bonne chance. » Et alors qu’elle prononçait ces derniers mots, la masse grouillante de fausses Junko se mit en mouvement. Toutes, dans un seul mouvement, se mirent à foncer sur le pauvre homme démuni. De son côté, Junko se retirait de la scène, prenait un peu de recul, observant la réaction de son protégé un instant. Elle se mettait surtout hors de portée, pour que l’illusion de soit pas facilement brisée.
Lorsqu’elle serait lasse du spectacle, et s’il ne trouvait pas de moyen de se débarrasser de la technique de lui-même, alors elle lui expliquerait comment faire. A vrai dire, ce serait assez similaire pour sa technique : il fallait détruire tous les clones simultanément. Cela dit, si dans un cas la difficulté venait du nombre et de la zone qu’ils occupaient, dans l’autre cela viendrait de ce que leur résistance serait certainement plus élevée (car la technique qu’il cherchait à apprendre paraissait bien plus complexe, et les deux allaient souvent de pair). D’ailleurs, avait-elle ce qu’il fallait, dans son bagage, pour se débarrasser de son illusion, lorsqu’il l’essaierait sur elle ? Hum… Un pli soucieux apparut sur le front de la dame.
Stupide bonhomme que je suis, j’avais parlé d’une technique dans l’espoir de comprendre, mais je n’avais strictement pas en ma possession un tel savoir. J’avais simplement la théorie basique sur comment fonctionnait cette mission et j’avais comme objectif de l’apprendre dans un avenir très proche. Je rougissais de honte lorsque mon maître me disait que je devais sûrement maîtriser cette technique, mais d’un autre côté cette technique était dans le lore des ninjas. La technique qu’elle me parlait était une variante d’une création de clone, mais dans ce cas-là, on se retrouve plutôt submergé par une multitude de faux clones, le cerveau se retrouvait dans un imbroglio d’incohérences.
J’allais répondre à celle qui se faisait ma Sensei d’un air un peu gêné voire patraque :
«- Euh… J’ai parlé du Kage Bunshin, mais je connais la technique que d’un point de vue théorique. J’ai lu ça dans un livre, je ne sais absolument pas créer des clones, mais je comprends ce que vous voulez dire par le fait de créer une illusion de deux clones avec une touche d’horreur. Je suis prêt à recevoir votre technique Sensei, un jour peut-être vous seriez capable de m’apprendre cette illusion de création d’un nombre incalculable de clones ? »
Je me plaçais à une distance raisonnable pour subir la nouvelle technique de celle qui se faisait passer pour mon maître. J’avais étrangement l’habitude de recevoir l’ensemble des techniques, avant de pouvoir les appréhender et elle était d’une puissance colossale. Je me demandais parfois si ma tendance à employer plusieurs techniques sur Sanada était en quelque sorte, une réaction élémentaire à ce que Junko m’avait fais auparavant subir. J’aimais néanmoins cela, sinon je ne reviendrai pas lui demander à chaque fois. J’appréhendais sa technique, car je ne l’avais jamais expérimenté sur moi-même.
Une foule de Junko se mit à apparaître et foncer vers moi. Je me demandais quoi faire, mais en même temps, je vivais en quelque sorte un fantasme refoulée, une multitude de Junko pour moi tout seul, c’était quelque chose d’intéressant. L’ensemble des Junko se trouvait autour de moi, je me prenais plusieurs coups, mais c’était difficile de percevoir lequel était un clone et lequel était la copie réelle. Un instant, je comprenais qu’il faudrait donner une certaine consistance à mes Minotaures, si je voulais que la technique puisse avoir un réel attrait dans un combat et dans une possible distraction.
Je posais ma main sur le sol et des symboles se mirent à apparaître autour de moi. La calligraphie du Hakke, une technique de zone qui permettrait de détruire l’ensemble des clones d’un seul coup.
Je me relevais vers Junko :
« - Je pense avoir compris comment la technique fonctionne. Tu penses que pour créer cette technique, il faut que j’essaye de créer des clones, mais beaucoup plus gros et d’une consistance tout comme les tiens? »
Technique utilisée:
HAKKE BANSHÔ 【CALLIGRAPHIE DU HAKKE】
DOMAINE :
Fuinjutsu
RANG :
B
PORTÉE :
Moyenne
CHAMP D'ACTION :
Moyen
DESCRIPTION :
L'utilisateur frappe le sol de sa main et déploie un réseau luisant de calligraphie de Fuinjutsu autour de lui. Toute personne le traversant subira une douleur atroce infligeant des dégâts non-négligeables. De plus, elle rend la concentration difficile et ceux qui subissent cette technique ne pourront pas utiliser de technique supérieure au rang B durant la durée de celle-ci. La technique dure 2 Tour. Détuire le sol dans toute la zone interrompt cette technique (cela nécessite une technique adaptée de rang B ou supérieur et ayant un champ d'action Moyen). Cette technique aurait été inventé par le clan Hyûga, d'où son nom.
De son perchoir improvisé, la sensei posait un regard dur sur son élève. Ce même regard, impitoyable et jugeur, qu’elle lui offrait toujours au cours de leurs entraînements. Elle épiait chacun de ses gestes, chacune de ses réactions, prête à réprimander le moindre écart, mais également à féliciter – d’une certaine façon – ses coups d’éclat. Ce regard, c’était une menace qui planait, silencieuse, au-dessus de la tête du jeune homme. C’était la façon qu’elle avait de tirer le meilleur de lui-même dès le départ. Un peu plus tôt, il avait avoué son incapacité à créer des clones, et si elle n’avait rien dit sur le moment, elle ne pensait pas moins qu’il faudrait y remédier dans les plus brefs délais. Il s’agissait d’une brique fondamentale de l’arsenal shinobi – lui qui souhaitait participer à l’examen jûnin, il ne pouvait pas se permettre une telle lacune. Au moins, puisqu’il avait déjà connaissance des tenants et aboutissants de la technique, l’entraînement serait facilité.
Shun ne mit guère longtemps à comprendre le fonctionnement de la technique qu’avait employée sa professeure et à trouver une solution. Bien sûr, il prit des coups, mais cela ne l’inquiéta pas. A vrai dire, c’était même pour le mieux. Ainsi, il comprenait la nature exacte de ces clones illusoires. Il comprenait également qu’en faire disparaître un seul ne suffisait pas à rompre l’illusion. Et, finalement, lorsqu’elle le vit user du Hakke Banshô, elle ne put s’empêcher de ressentir une pointe de satisfaction teintée de fierté. Avec une petite moue malicieuse, elle rejoignait le jeune homme une fois les clones évaporés. « Oui, exactement. Tu ne t’en es peut-être pas rendu compte, car tu es resté dans le champ d’action de ma technique, mais les clones illusoires ne suivent leurs cibles que dans un certain périmètre. Les similitudes entre ce qui est décrit dans le parchemin et le Kasumi Jusha sont nombreuses. T’inspirer de ce que tu as pu expérimenter avec mes clones illusoires ne te sera que bénéfique, je pense. » Elle poursuivit alors, avec un haussement d’épaules : « Je crois que j’ai fait le tour de tout ce que je pouvais t’apporter, tant en explications qu’en exemples. A partir de maintenant, c’est à toi de faire tes preuves. » Et, sans un sourire, elle recula de quelques pas. Il était effectivement temps de passer à la pratique. « Ne lésine pas, donne tout ce que tu as. Je te dirai ce que je ressens et ce que je vois. » Elle était prête.
Le regard de mon Sensei était toujours d’une rigueur sans fautes. Elle avait cet air de puissance, cet air suffisante, mais d’un autre côté elle était en quelque sorte la figure la plus maternelle que je connaissais. Elle était à la fois la marâtre et la femme aimante que j’adorais. Elle pouvait parfois m’en faire voir de toutes les couleurs, mais d’un autre côté, j’avais besoin de cette sévérité, de cette pédagogie pour avancer afin de comprendre la dureté du monde… Avancer sur le chemin des ténèbres pour rencontrer la lumière.
Elle m’expliquait comment elle voyait la technique, ce que je devais faire. Je devais façonner des clones, des clones avec une apparence humaine, mais également bovine. Créer des colosses d’une puissance remarquable, mais il n’était pas simple, je ne connaissais pas ces deux techniques. Mon but était avant tout de faire en sorte de pouvoir synthétiser un préquel de technique.
J’effectuais la série de mudras que le parchemin demandait, j’imaginais dans un premier temps une forme énorme de clone. Puis j’essayais d’y ajouter des traits bovins. Le problème, c’est que mon esprit dérivait un peu trop, puisque deux énormes vaches se mettaient à apparaître devant nous. Un énorme rire venait de sortir de mon corps :
«- Bon, tu veux un Steak… Désolé, blague de mauvais goût, mais c’est un bon début qu’est ce que tu en penses ? Des conseils pour réussir à façonner de meilleure facture mes illusions ? »
J’attrapais une feuille et mon pinceau afin d’essayer de dessiner les formes parfaites de ce que j’aimerais créer comme illusion. J’essayais maintenant de dessiner les vaches et je la montrai à Junko:
« - Tu penses que je devrais changer quoi dans ce dessin pour passer d’un quatre pattes à un bipède ? »
Peut-être qu’en pouvant faire cette transition entre la vache et le Minotaure sur mon dessin, je pourrais l’amener à créer le Minotaure que je voulais.
Sans un sourire, Junko observait alternativement les deux vaches que Shun avait fait apparaitre face à elle et le jeune homme qui s’était mis à dessiner. Elle se demanda vaguement comment ils étaient passés d’un entrainement sérieux et technique à un cours de dessins de bovins. Le pire dans toute cette histoire, c’était certainement que Shun avait l’air sincère lorsqu’il lui demandait à elle des conseils sur l’anatomie des quadrupèdes. Elle renifla légèrement, l’air contrarié, comme si elle était prête à le sermonner... Puis, haussant finalement ses épaules, elle répondit dans un soupir : « Un homme avec une tête de vache, ça ne suffit pas ? Je n’en sais rien Shun, je n’y connais rien… Ni en vache, ni en dessin. » Elle haussa encore une fois les épaules, impuissante face à sa demande singulière. Tout ce qu’elle pouvait lui dire, c’était si ses dessins avaient l’air réalistes, mais aucunement comment les modifier – encore moins parler de proportions. Certes, elle savait manier le pinceau, mais dans le cadre très particulier de la calligraphie. En d’autres termes, elle ne faisait que reproduire les choses. C’était Shun le créatif de l’équipe...
Créatif, c’était peut-être cela le problème auquel il se heurtait. Il comptait sur son imagination pour créer des illusions qui ne lui étaient pas familières. Elle, elle cherchait ce qu’il y avait d’ordinaire en elles et partait de quelque chose de réel, de concret, de tangible. Les clones, elle savait faire. Kasumi Jusha, elle savait faire. C’était sa porte d’entrée vers cette nouvelle technique. Lui, non seulement il ne savait faire aucun des deux, mais en plus il prenait la porte de l’imaginaire. Elle lui aurait bien expliqué, en long, en large, et en travers, que l’une des approches était plus pertinente et plus efficace, mais elle savait que ses paroles n’auraient aucun effet sur le jeune homme. Il était têtu comme une mule. Les seuls moyens de le faire penser différemment, c’était de le forcer (ce que faisait Junko la plupart du temps) ou de lui prouver sa supériorité par l’acte.
Elle décida que la seconde option était la plus rapide, alors qu’il s’évertuait avec ses brouillons de Minotaures. Prenant un peu de distance, elle commença son propre entraînement. Tout d’abord, elle comptait régler cette histoire de forme bovine. Pour cela, elle forma quatre clones, à l’aide du Kage Bunshin. A ses quatre clones, elle leur ordonna d’utiliser un Dai Henge pour se transformer en Minotaure. Les premiers essais furent terribles, à l’évidence, et le gang de fausses Junko dû recommencer sous le regard sévère de leur créatrice. Encore et encore. Que Junko ait ses doubles face à elle la motivait d’autant plus à ce qu’elles réussissent parfaitement l’exercice. Sadisme ou masochisme de sa part ? Difficile à dire, alors qu’elle tenait les deux rôles. De temps à autres, elle passait voir ce que Shun dessinait. De temps à autres, elle le voyait lever les yeux vers les clones métamorphosés. Il s’instaurait, peu à peu, une compétition silencieuse entre les deux camps. Et, finalement, sans que l’un ou l’autre ne s’en rende compte, ils s’aidaient à progresser sur la voie de la Création.
Ce petit jeu continua jusqu’à ce que la dame obtienne une forme parfaite et monstrueuse face à elle. Un clone qui faisait au moins deux fois sa taille et qui avait pris la forme d’une bête à la tête de taureau. Rompant la technique de clonage, le processus de création de cette forme colossale lui revenait en mémoire. Elle avait donc, à présent, tous les éléments nécessaires à la création de la technique. Il suffisait de doser correctement chaque ingrédient de la recette. Elle appela Shun et lui expliqua brièvement son projet. Puisqu’il n’avait toujours pas réalisé d’illusion convaincante, elle allait se charger de lui faire expérimenter sa propre illusion.
Au premier essai, elle eut du mal à reproduire l’aspect des bêtes qu’avaient trouvé ses clones. Au second, Shun jugeait les clones illusoires un peu trop faibles et passifs. Au troisième, cependant, il sembla convaincu par ce qu’il voyait. Junko rompait alors la technique, non sans un sourire en coin. « Oui, je suis d’accord. La technique était différente cette fois. Je crois qu’on y est. Tu vas pouvoir te mesurer à ça… Et perfectionner la tienne. » Elle regarda Shun un instant, sans rien ajouter. C’était étrange, mais elle était heureuse en cet instant. Si on lui avait dit qu’un jour ils apprendraient une technique ensemble, elle ne l’aurait pas cru… Et pourtant.