Comment avait-elle pu oublier cette date, alors que la jõnin s'en était souvenue le matin même. Cette mission, qui lui avait finalement pris toute la journée et une bonne partie de la nuit, l'avait laissé perplexe au point qu'elle en avait oublié sa promesse. A la seule vue de Yueï, son ex-coéquipière retirée du monde Shinobi, assise sur le perron, la mine abattue, lui fit monter une désagréable chaleur de honte, de ses temps à ses oreilles.
-Désolé Yueï, la mission s'est éternisé... Se confondit en excuse Katsuyuka.
A ses mots, à nullement en douter, celle qui se considérait comme son amie, fondit dans ses bras, un sourire triste mais bien accroché à ses lèvres. Suyu se raidit à peine, à ce soudain contact et se mordit les lèvres pour que sa camarade ne s'en aperçoit pas.
-Elle a insisté pour t'attendre ici, j'ai rien pu faire ! S'indigna légèrement Saya, surprenant l'embrassade des filles, attirée par les effusions. Rentrez pas trop tard les filles, je laisserais deux trois bricoles sur la table Suyu, à demain ! Reprit-elle d'un ton plus aimable
-Au revoir Madame Akakitsune, merci Madame Akakitsune ! Déclama à tue-tête Yueï, un rien malicieuse.
-Merci mère, je n'y manquerais pas... Reprit plus sobrement Suyu.
Sur le chemin, Katsuya demeura silencieuse, tandis que Yueï, enthousiaste comme à son habitude, lui faisait part de sa conversion en tant qu'assistante fleuriste, d'une concurrente de Saya et des potins croustillants du village.
Par déférence Suyu, lui rendit la politesse en lui contant sa dernière mission en tant que jõnin. Son ancienne partenaire la fixa avec de gros yeux, devant son ascension fulgurante , symbole de son incrédulité. De toute évidence, les deux jeune femmes ne se voyaient pas aussi souvent, qu'elle aurait pu le penser. Yueï encouragea son amie à lui en narrer d'avantage sur ses nouvelles fonctions, la sortant de cette culpabilité naissante.
La brunette entreprit donc de lui expliquer la mission ou plutôt les doutes quant à ses aptitudes, sans rentrer dans les détails, conformément aux règles. Au fur et à mesure, Suyu se rendit compte que c'était la première fois qu'elle se livrait ainsi, à celle qui fut pendant quatre ans durant, son équipière, des bancs de l'académie jusqu'à l'examen des chunin. Evènement qui les conduisait en ces lieux, le cimetière de Konoha, où reposait leur infortuné compagnon Hiroshi Satô, de l'équipe 6.
Suyu et Yueï à la suite du drame, s'étaient promis de venir se recueillir chaque année sur sa tombe et cela faisait déjà deux ans. Le temps passait si vite songea-t-elle. Durant les deux hivers, la chunin puis Jõnin s'était jetée à corps perdu, faute d'équipe fixe, dans toutes les missions qui lui tombait sous la mains, les enchaînant sans un regard derrière son épaule. Était-ce dans l'optique de mériter son grade ou pour oublier le sacrifice de son compagnon ? Pour l'heure Suyu n'en savait rien et quand elle aperçut que le flot de paroles, accompagné de son lot de question, s'était interrompu, la kunoïchi comprit, qu'elles étaient arrivées.
Si Katsuya n'était pas particulièrement religieuse, à contrario sa compagne était une fervente croyante, cependant elle respectait scrupuleusement ses rites cérémoniaux. Pour se faire, Yueï avait ramené des bâton d'encens et des gravures représentant le défunt. A genoux, les mains jointes et Suyu debout derrière elle, les filles rendaient chacune, à leurs façons, hommage à leur camarade.
Penser qu'elle put être émue pour ce trublion d'Hiroshi, la sortie de cet ersatz de prière silencieuse. Cette image fugace mais de plus en plus persistante, lui arracha une amorce de rire, que la jeune Shinobi tenta de réprimer. Yueï se racla à la gorge en guise de sermon et après être demeurait dans cette position en silence quelques instant, se releva. La fleuriste gratifia d'un clin d'œil sa camarade, comme si elle avait saisi ce qui lui avait traversé l'esprit.
Après être restées ensemble, sur une étendue verte à contempler les étoiles, les deux ex-membres restant de l'équipe 6, rentrèrent alors que l'aurore pointait le bout de son nez. Forte de cette complicité retrouvée et sans l'obligation de faire tampon avec feu Hiroshi, Suyu s'épancha auprès de sa seule amie. La jeune femme lui fit part de sa difficulté à nouer des liens avec les autres, elle lui apprit que sa précédente mission aurait pu échouer, par faute de communication. Yueï dont la positivité affectait toutes ses décisions et affirmations, lui rétorqua qu'elles avaient toujours fini par s'en sortir.
Nous, oui...Songea Katsuya, un brun mélancolique.
Voyant cela, Yueï, baissa le masque et à son tour se confia à son amie. Elle lui expliqua pourquoi elle avait quitté le monde Shinobi, pas sans émotions. l'ancienne ninja lui apprit combien la mort d'Hiroshi l'avait affecté et à quelle point d'avoir réagit sans états d'âme, l'avait dégoûté d'elle même. Selon elle, le simple fait de porter une arme lui était devenu insupportable. A ses mots, la blondinette fondit en larme dans les bras de Suyu, complètement tétanisé, ne sachant comment réagir. L'ancienne kunoïchi entreprit juste, de mettre en exergue tous les défaut de feu leur compagnon, ce qui déclencha l'hilarité du duo, se remémorant de ce qui devenait, en définitif de bons souvenirs ensemble.
Après tant d'émotions, les deux amies se quittèrent devant le perron, là où elles s'étaient rejointes un peu plus tôt ou tard, ce n'était plus clair. Suyu qui rentrait alors le plus discrètement possible afin de ne pas éveiller la maisonnée, entre-aperçut une lumière inhabituelle. Suivant sur la pointe des pieds sa provenance, la jeune femme tomba, nez à nez avec son père adoptif, qui l'attendait devant un jeu de Shogi.
-Pourquoi s'évertue t'il à vouloir m'apprendre ce jeu ! grommela-t-elle entre ses dents.
Affichant un sourire de circonstance, s'asseyant face à son père, elle avança un pion noir, promesse, d'une nuit blanche.
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