Hunting in Silent Hill [PV Etsu]

Une lettre déposée sur un bureau, une enveloppe sans nom ni signature. Il n'y en avait pas besoin, elle saurait qui était l'auteur de ces mots. Retrouve moi au bord de la Falaise des Disparus, j'ai quelque chose à te montrer. L'écriture n'était pas soigné, même peut-être un peu trop brute pour l'Intendante qui pouvait bien se demander ce que le Borgne voulait lui montrer. Et quelle journée étrange pour lui demander de mettre le nez dehors.
Car aujourd'hui, l'Isthme était recouvert d'un brouillard menaçant.

~

Emmitouflé dans son long manteau noir, le col lui cachant le bas du visage, Tsumi regardait de son œil unique l'horizon. Pourtant, aujourd'hui, le spectacle semblait bien terne pour le pauvre Chinoike habitué à d'avantage de spectacle en regardant l'horizon et les hautes cimes déchirants le ciel. Mais cette journée était spéciale. Le sekai étaient aux portes de l'été et la différence de chaleur entre la mer et les montagnes créèrent une remonter maritime, qui se manifesta sous la forme d'un épais brouillard.

Depuis combien de temps attendait-il son amie ? Des heures, peut-être plus, mais cela n'importait peu pour l'oeil rougeoyant du Renégat qui pouvait voir ce que nul autre ne pouvait. Une particularité qu'il avait apprise en traquant une proie importante pour lui et qui lui avait permit de tourner la page de certains événements tragiques. Désormais, il se devait de se tourner vers l'avenir et surtout, d'apporter tout le soutiens dont il était capable pour cette femme qui lui avait sauvé la vie, il y a quelques années déjà. Pour elle, il aurait été capable de mourir, pourtant, en ce moment ternis par le manque de visibilité, il était question de tout autre chose.

Assis sur le rebord de la Falaise des Disparus, avec à ses pieds, le Puits des Mort, Tsumi faisait balancer ses pieds dans le vide, toisant ce néant qu'il avait été le seul de son Clan à parcourir. Une belle histoire à raconter durant ce moment privilégié avec sa Lumière. Peut-être auront-ils le temps de partager quelques souvenirs ? Sans doute que non. Car dans son cœur, le Chinoike sait pourquoi il fait aussi tout ceci.

La nouvelle était tombée il y a plusieurs jours. Etsu partirait seule avec Toshiro. L'homme dont le frère avait été tué par un membre de son propre Clan. Lui faisait-il confiance ? Il avait l'habitude de subir la haine de certaine, cette dernière ne l'atteignant plus vraiment, ou au pire, s'effacer avec quelques cicatrices. Mais cette fois-ci, il était question de l'Intendante. Et à ses yeux, le médecin n'était clairement pas préparé à ce qu'il pouvait se passer au-dehors. Pourquoi ne pas lui offrir quelques enseignements ? Car d'une manière égoïste, Tsumi préférait ne rien laisser au hasard, la perte de cet homme ne valant rien à ses yeux en comparaison de son amie.

Mais alors que ses pensées tournoyaient sur divers sujets, un craquement l'extirpa de ses songes, lui dessinant un large sourire sur le visage.

« Tu ne t'es pas perdue c'est bien. Je suis content de voir que tu as su te rappeler du chemin malgré le brouillard... Fais attention, le rebord de la Falaise est juste là... Tu viens t'asseoir ? »

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La remarque de la jeune femme le fait sourire. Il était vrai qu'au sein du Clan, peu était doté des mêmes compétences que les deux Chinoike présents sur le bord de la Falaise. Et c'était ce qui faisait leurs forces. Chacun ayant un petit quelque chose de plus que les autres n'avaient pas, formant un magnifique ensemble. Certes, ils ne s'entendaient pas tous, et pour la plupart, Tsumi en était une des principales causes, mais lorsque les obstacles venaient à leurs encontre, c'était ensemble qu'ils faisaient face. Plus qu'un Clan, une véritable famille.

Mais alors que les pensées du Borgne vacillaient, il fut ramener à la réalité par un coup d'épaule amicale de son amie qui lui demanda la raison de ce rendez-vous. Il fallait bien avouer que le nouvel Ambassadeur avait des manières quelques peu sauvages et n'était pas vraiment doué pour communiquer avec les autres. Préférant les actes aux longs discours, il n'était pas rare qu'on le juge par son aspect abrupte. Probablement des séquelles de sa captivité, mais aussi de l'enseignement de Dame Fuyu, qui, malgré l'affection toute particulière qui était né entre eux, n'avait rien de chaleureux en temps normal.

« Hm... Un rendez-vous galant à l’abri des regards au bord de la Falaise des Disparus. Voilà qui est hautement romantique je dois l'avouer. »

Il ne put s'empêcher de rigoler, repensant à l'utilité première de cette falaise lorsque son clan était arrivé dans l'Isthme. La terre glacé de la region ne permettaient pas de pouvoir creuser la moindre tombe, et faire un cimetière à l'intérieur du domaine était alors inenvisageable. Les corps pourrissant auraient eu vite fait de décimer les survivants par des maladies que nuls ne pouvaient soigner. Il était plus simple de faire disparaître les corps, et cette falaise était parfaite. Un gouffre se terminant dans les ténèbres, où nuls n'avaient le droit d'aller et où personne n'aurait l'envie d'y mettre les pieds.

« Tu savais toi que quelques mètres plus bas, il y a une corniche, à peine assez grande pour qu'un homme puisse s'y asseoir ?... Moi je le sais... On m'avait mit là-bas avant de m'enfermer en haut du Mont Interdit... Ce que je ne savais pas à l'époque, c'était ce qu'il y avait au pied de cette falaise... »

Son œil se détourna du grand vide pour se planter dans celui d'Etsu, lui adressant un sourire des plus chaleureux.

« Je t'ai fais venir car j'ai appris que tu allais partir en mission avec Toshiro bientôt et... » il tourna le visage, replongeant son attention vers le Puits des Morts. « J'aimerai te montrer quelque chose que j'ai appris... Mais avant ça, il faut que je te raconte quelque chose qui s'est passé il y a un an. »

À l'époque, le jeune chinoike n'avait pas cru bon de lui conter toutes ces mésaventures. Préférant faire face de son côté et ne pas embêter son amie qui avait déjà tant de choses à faire. Pourtant, en cet instant, il voulait, peut-être pour la première fois, joindre l'utile à l'agréable et lui faire part de sa vie, comme le ferait deux amis...

« Durant la première mission que tu m'as confié, j'ai fais la rencontre d'une demoiselle à Kobeshiki... Kaori... La fille d'un médecin du village. Elle était avec nous durant toute la durée du convoi et... fin... tu vois... » Il commençait à rougir, honteux de parler de ses sentiments ainsi, mais alors qu'il sentit la curiosité monter chez son amie, son visage se ternit soudainement. « Aujourd'hui, elle n'est plus de ce monde... C'est pour ça que j'étais à Kobeshiki lorsqu'il y a eu le truc avec la famille là... J'étais venu me recueillir sur sa tombe, car je sais pas si tu te rappelles, mais après je suis parti pour une autre mission. Je devais retrouver un homme qui assassinait sauvagement des jeunes femmes. J'ai alors fais la rencontre d'un gars, super sympa avec qui j'ai beaucoup discuté... notamment de Kaori... J'étais trop sûr de moi. J'ai appris par la suite que cet homme était ma cible... J'ai couru aussi vite que j'ai pu Etsu... Mais lorsque je suis arrivé, elle était déjà morte... »

Une larme vint couler le long de son visage. Le cœur lourd, il fixa le gouffre sans fond qui se dressait devant lui. « J'ai passé des jours à le traquer à travers les régions avoisinantes. C'est pour ça que je ne dormais quasi jamais au domaine, j'étais tout le temps à ses trousses... Et un jour... J'ai fini par le retrouver... » Son poing se serra sur la neige qu'il brandit face à lui avant d'ouvrir ses doigts et de la laisser tomber dans le néant. « Je l'ai chassé pendant des jours, jouant avec ses nerfs, le torturant avec ses peurs avant de finalement mettre fin à sa vie et jeter son cadavre à un loup qui passait par là... » Il ferma l'oeil avant de le rouvrir, le visage plus serein.

« J'aimerai t'apprendre ce que j'ai appris ce jour-là. Déjà parce que j'ai aucune confiance en Toshiro. Mais surtout parce que je me refuse de perdre qui que ce soit d'autres à qui je tiens, par excès de confiance... »

Son regard se posa dans celui de son amie, lui offrant un léger sourire.

« Je tiens à toi, plus qu'à quiconque dans ce Clan... Et si je peux pas être présent pour te protéger, j'espère au moins pouvoir t'offrir un peu de mes connaissances pour soulager ton voyage... Je dis pas que ça sera simple et promis, il n'y aura pas de dragon à plusieurs têtes cette fois-ci ahah... Mais j'aimerai que tu acceptes...Si tu as confiance en moi, bien sûr... »

Il lui tend alors sa main, l'invitant à la saisir pour sceller ce qui, au fond, l'avait été des années auparavant. Attendant qu'elle la saisisse, il lui sourit, s'approchant d'elle, de plus en plus prêt, portant ses lèvres jusqu'à son oreille et lui murmura après un court instant, tout doucement.

« N'ai pas peur je te tiens. »

Il avait profiter de son approche pour entourer ses bras autour du corps de la jeune femme, l'attirant brusquement avec lui vers une chute gigantesque jusqu'aux tréfonds du Puits des morts. Et durant toute la chute, il l'avait tenu dans ses bras, enfouissant sa tête au creux de son torse, l'oeil dirigé vers les ténèbres qui peu à peu les avalèrent. Le voyage sembla peut-être durer une éternité pour la pauvre Intendante qui se voyait encore malmené par le Borgne qui, pourtant, voulait lui montrer ce qu'il y avait tout en bas.

« Etsu ? »

Accroupi par terre, tenant son intendante dans ses bras, Tsumi la laissa rejoindre le sol. Et lorsque sa vue se serra habitué à la faible lueur du jour qui arrive à traverser jusqu'au pied de la Falaise des Disparus, la jeune femme pourrait s'émerveiller devant un spectacle des plus grandioses. Car à ses pieds, et s'étendant sur une immense surface, elle pourrait contempler la beauté d'un champs d'Higanbana.

Higanbana:

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L'endroit lui plaisait, un coin de paradis au milieu de l'enfer blanc de l'Isthme du Gel. Voyant son amie contempler l'horizon et apprécier la beauté de ce champs de fleurs, le Borgne ne su que sourire, presque bêtement, en voyant la jeune femme dont le regard semblait avoir quitté le masque de l'Intendante, pour quelque chose de plus, profond, de plus, candide. Un retour à l'émerveillement qui remplit le cœur du Chinoike d'une certaine fierté alors qu'il s'avança vers elle, ne pouvant s'empêcher de lui sourire alors qu'elle lui fit la remarque qu'il était for mesquin de l'emmener dans un endroit pareille.

« Pardonne moi, je tenais à te montrer ce lieu car, au vu de ce que j'ai pu voir, tu as tendance à vite ravager les alentours du domaine et ça commence à se faire savoir... Ici, tu pourras t'entraîner comme tu le souhaites sans que personne ne te dérange... Seulement, tu dois me promettre de ne montrer à personne d'autre cet endroit Etsu... Après tout, on se trouve sur une sépulture, et il serait mal venu de transformer ce cimetière en terrain d'entraînement. »

Sur ces mots, Tsumi lui tourna le dos, regardant vers les hauteurs le peu de lumière qui commençait doucement à s'éteindre, bloqué par le brouillard qui continuait à gagner en intensité dans les hauteurs. Tout était parfait pour cette section. Doucement, il se retourna, affichant un œil rougit à la teinte flamboyante, sortant neuf de ses kunaï, et les lançant aux pieds de la jeune femme, la laissant dans le doute sur la suite tout ceci.

« Faisons simple. Pour traquer une proie, tu dois le savoir, on suit une piste. Ca peut-être des traces, une odeur, un sentier, une suite d'événement qui mènent peu à peu vers notre but final. Aujourd'hui, je veux t'apprendre à chasser sans tout ça. Car dans ce monde, il est des êtres qui ne laissent aucunes traces, mais à qui tu peux forcer la main. » Durant sa longue tirade, il s'était approché d'elle, finissant par récupérer sa main avant d'y placer le dernier kunaï, plongeant son regard dans le sien avant de poser sa main derrière sa nuque et de l'attirer à elle. Délicatement, il lui déposa un baiser sur le front, glissant jusqu'à son oreille.

« Ne m'en veux pas, c'est pour toi que je fais ça. »

D'un coup, il tira sa main vers son ventre, emportant avec elle celle de la jeune femme qui tenait alors la lame qui vint se figer dans son nouveau fourreau avant de l'en retirer, provoquant des gerbes de sang qui commencèrent à couler sur les Higanbana. Gardant toujours son amie dans ses bras, il lui murmura ses instructions, ne laissant que peu de temps à son esprit pour ingérer toutes ces donnés.

« Le sang est notre allié, mais peu d'entre nous le perçoit vraiment. Ouvre ton esprit et voit son appel, laisse s'embraser à ta pupille et te parler. Nous ne sommes pas juste liés à lui, lui aussi est lié à nous. Et lorsque tu l'auras accepté, tu verras apparaître le chemin menant à moi. »

La repoussant, le Loup Solitaire s'éloigna dans un saut, usant de mudras pour faire apparaître une dizaine de clone face à l'Intendante. Rien ne pouvait lui dire qui était quoi, car tous possédait le même trou béant suintant de liquide cramoisie.

« Pour compliquer la tâche, moi et mes clônes allons nous cacher à différents endroits. Je suis certes le seul à saigner, mais le champs rouge d'Higanbana cachera mes traces. Ta seule piste est la plaie que tu m'as faite. Profites en. »

Et sur ces paroles, les dix Tsumi disparurent dans les ombres, laissant la jeune femme seule avec ce nouveau défi à relever.

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À quoi s'attendait-il ? En premier lieux, à pas grand chose. Bien qu'agissant comme un étranger au sein du Clan, il avait conscience des forces et des lacunes de chacun de ses membres. Tout ça, parce que lorsque les autres parlaient, lui, il observait, se tapissant dans les ombres, prenant note de tout dans son esprit embrumé par des notions que peu d'entre eux pouvaient comprendre. Et malgré tout cela, il essayait tout de même d'aider son amie.

Il savait bien évidemment qu'elle n'agirait pas comme il le souhaitait d'entrée de jeu. L'Intendante Chinoike était connu pour son pragmatisme et son altruisme envers chaque membre de son Clan. Une force pour certains, une faiblesse exploitable pour tous les ennemis qui lui ferait face un jour. Et ça, le Borgne le savait que trop bien. Combien de fois, elle s'était mit en opposition au Conseil pour lui, risquant sa place et tout le travail qu'elle avait réalisé pour qu'aucun mal ne lui soit fait ? Trop de fois, beaucoup trop pour que cette faiblesse, qui était aussi sa plus grande force ne puisses passer inaperçu.

Ici, elle agissait comme s'il s'agissait d'une partie de cache-cache. Une fois encore, elle ne prenait pas la menace au sérieux, se laissant aller à ses émotions, ses ressentis pour ne pas comprendre qu'il s'agissait d'une traque et non d'un jeu. Etonnant ? Pas tellement pour le Renégat qui la regardait depuis les ombres, sa plaie suintant encore du sang sur les pétales d'Higanbana rougeoyantes. Mais alors qu'elle la voyait en difficulté, cette dernière se saisit d'une ombre, lançant un kunai à l'envers qui vint transpercer le pauvre clone qui disparu dans un nuage de fumée. Elle ne comprenait pas. Et au fond de lui, Tsumi savait que le problème ne venait pas tant de là.

La laissant seule dans le silence un moment, un éclair jaunâtre apparut, traçant une ligne droite jusqu'à elle avant de la heurter avec fracas. S'arrêtant devant la jeune femme, le Loup Solitaire la toisa du regard, plongeant au plus profond de son âme pour lui faire comprendre que tout ceci, à cet instant précis, n'était pas un jeu.

« Crois-tu que tes ennemis te laisseront le temps de comprendre leurs manières de combattre avant de te tuer ? Tu me vois comme un Chinoike, mais ici, maintenant, je n'en suis pas un. Vois moi comme une cible, une proie, ou appelle ça comme tu le veux Etsu, je m'en fiche. Si tu n'es pas capable aujourd'hui de savoir faire la part des choses, alors je te déconseille fortement de sortir de ton bureau. »

Qu'arrivait-il à Tsumi ? Parler ainsi à son amie ? Sa lumière ? Au fond, même si ses mots pouvaient être dur, il savait éperdument pourquoi il faisait tout ceci. Comme avec Hitagi, il cherchait à mettre en avant les faiblesses de ses paires pour qu'ils s'améliorent. Certes, il n'était pas vraiment doué pour en parler, mais il savait pointer là où ça faisait mal, le but, n'était là que de pousser sa camarade à chercher plus loin.

« … Quand nous nous sommes battus... Sais-tu ce qui t'as fait défaut tout au long de ton combat contre moi ?... Ton amour pour nous, mais aussi tes pensées... En vrai combat, tu m'aurais terrassé avant même que je ne puisse bouger. »

Fermant son œil, il croisa les bras, tournant le dos à la jeune femme avant de s'avancer vers les ténèbres pour disparaître à nouveau. Mais à mi-chemin, il s'arrêta, tournant légèrement la tête avant de lui afficher un sourire.

« Arrête de réfléchir. Ressent. Ne voit pas. Perçoit. C'est en me laissant aller que j'ai fini par entendre l'appel du sang. Une fois que ça sera fait, tu verras chaque goutte comme un phare dans la nuit... Mais je préfère te prévenir, à ton prochain échec, je n'hésiterai pas à te blesser. »

Ainsi il disparut, laissant son amie dans les ténèbres, gardant l'espoir au plus profond de son cœur qu'elle y arrive avant de devoir lui faire du mal.

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Etait-il allé trop loin ? Comme toujours, oui. Il avait été toujours très compliqué pour lui de faire la part des choses, de comprendre les limites qui s'étendaient entre, ce qui était possible ou non. Et si sa sensibilité envers le monde et la nature n'était plus à prouver, lorsqu'il s'agissait d'êtres humains, tout semblait, plus complexe. Des difficultés qu'à l'époque, Dame Fuyu avait perçu et s'en était accommodé. À vrai dire, la vieille femme n'avait pas jugé bon de prendre des pincettes avec l'énergumène qu'Etsu lui avait foutu dans les pattes. Elle voulait qu'il soit utile au Clan, elle en avait fait une arme froide et sans saveur. Pourquoi aurait-elle cherché plus loin ? L'Exilé n'avait guère de place en son cœur les premiers temps, et même si c'était le cas, les enseignements de la doyenne n'était pas connu pour être tendre.

Il avait pourtant essayé de s'adoucir, de faire les choses plus simplement. Mais dans son esprit, les choses étaient plus, simple, et à la fois, tellement complexe. D'une certaine manière, poussé son amie a bout était la meilleure manière de la protéger. Au moins, si elle n'arrivait pas à se défaire de lui, elle resterait en convalescence au Domaine. Quitte à le haïr, il préférait la préserver plutôt que la voir disparaître au cours d'une mission. Ne lui faisait-il pas confiance ? Bien au contraire, mais il connaissait la valeur de la personne, et ce que sa perte infligerait au Clan. Il n'en était pas question. Et s'il devait être le méchant de cette histoire, qu'importait. Il avait les épaules pour cela.

Sentant la colère gronder chez la jeune femme, il fût surpris pourtant de ne plus la percevoir distinctement. Lui qui était tapis dans les ombres, n'avait comme connaissance que les maigres enseignements des chasseurs du coin. Etsu quant à elle, possédait ce don de se fondre dans les ténèbres et de ne faire plus qu'un avec elles. Une aptitude qui laissait le Borgne dans une contemplatif admiration. Sa capacité à se remettre en question et à s'adapter à la situation était remarquable. L'étoffe d'une cheffe, pensa-t-il. Il sourit alors, repensant à ce que lui avait dit la vieille dame il n'y a pas si longtemps. Oh, il serait sans doute punis pour son zèle. Cela ne l'importait pas. Tant qu'il permettait à Etsu d'avoir les armes nécessaire pour gouverner le Clan, le reste ne représentait qu'une mince besogne.

Et alors qu'il se trouvait dans ses pensées, le sifflement d'une lame le surpris. D'instinct, il usa d'une technique rudimentaire mais dont l'efficacité n'était plus à prouver. Ce substituant à ce qui lui passait sous la main, il arriva à esquiver le premier Kunaï. Un sourire naquît à nouveau, fier de voir son amie aussi proche du but. Mais sa fierté lui joua un mauvais tour et le froid d'une lame glacé lui perfora la main, provoquant un hurlement de sa part alors qu'il titubait. Elle l'avait eu. Malgré la distance, les ténèbres et sa technique d'esquive. Les choses sérieuses pouvaient maintenant commencer.

« ...Bien... Voilà qui est prometteur... » il lâcha une quinte de toux qui s'extirpa de sa bouche avec quelques gerbes de sang. « Maintenant que tu as la première partie... Essayons de corser le jeu... »

Son chakra commença à bouillonner, tandis que ses mains se levèrent dans le ciel et que la terre se mit à trembler. Du sol florale, s'extirpèrent quatre piliers de roches ferrugineuses, qui formèrent un immense carré autour d'eux. De ces derniers, commencèrent à craqueler des éclairs qui illuminaient la scène dans des flashs irréguliers de puissances variables. La seule certitude étant qu'ils enveloppaient un grand espace.

« Imagine... Tu te retrouves un jour seul contre un ennemi qui utilise une technique de clônage... Comment ferais-tu pour t'en sortir ?... Ou plutôt, comment ferais-tu pour le débusquer, alors que la vie d'Hitagi, de Toshiro ou de n'importe quel membre du Clan est en péril ?... C'est la question qu'aujourd'hui je te pose... » Un éclair jaillit, illuminant le centre des quatre pilier où gît prostré un jeune Chinoïke inconscient. Qui est-il ? Tsumi a-t-il vraiment fait pareille horreur ? Sans laisser le temps de la réflexion, quatre Borgne apparurent, chacun au-dessus d'un pilier, regardant avec dédain la pauvre âme qui, en son centre, allait subir le courroux d'un esprit ravagé.

« Cette technique s'appelle, l'Etreinte des quatre piliers... Tu ne peux pas y rentrer sans subir de violent dommages... Quant à la personne à l'intérieur, c'est encore pire... Je t'ai posé une question il y a peu... J'attends une réponse... Et à chaque erreur... Ce pauvre Chinoïke en subira les conséquences... »

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« Hum... »

La déception était à la hauteur de ses attentes. Il avait suffit à l'Intendante juste un instant pour percevoir la menace sur l'un des siens, et la voilà partant tête en avant dans l'action, sans tenir compte des règles du jeu que le Borgne avait fixé. Pour cet acte, le Chinoike n'eût aucune réaction directe, préférant laisser son amie le bénéfice du doute d'une seconde chance. Mais alors qu'il vît partir en fumée l'un des leurs, les trois autres Tsumi se tournèrent vers la kunoichi, écoutant d'un regard froid ses propos, bien conscient qu'il ne pourrait en rien changer la mentalité de cette femme au caractère tellement assurée. C'était là sa force, mais également sa pire faiblesse. Devant le malheur des siens, elle préférait porter le poids du chagrin sur ses épaules plutôt que de regarder les choses d'une autre manière. Un magnifique défaut qui lui avait permit d'obtenir bien plus que la confiance de la majorité du Clan, mais qui demain, pourrait la mener à sa perte.

Il y eût un instant de silence, brisé par quelques claquements de tonnerre des éclairs qui allaient et venaient d'un pilier à l'autre. Puis, une lumière éclata dans l'oeil d'Etsu qui passa immédiatement à l'attaque, usant d'une nouvelle technique à distance pour frapper une deuxième fois son camarade. L'arme s'éleva dans les airs, siffla jusqu'au visage du Borgne qui resta de marbre, avant de le traverser, créant un épais nuage de fumée. La réaction des deux dernières représentations de l'homme eurent le même geste, celui de baisser la tête, marquant la déception d'une deuxième opportunité mit à mal par un manque de patience de l'Intendante.

Ce fût alors qu'une voix s'éleva des jumeaux, elle se voulait à la fois froide et las de tout ceci. Il était en effet peut-être temps d'être plus concret avec la jeune femme.

« Pourquoi agir aussi promptement ? À aucun moment je ne t'ai dis qu'il subirait le moindre mal si tu prenais ton temps... Mais comme toujours, dès qu'il est question d'un des nôtres, tu accours, ne prenant pas conscience du danger dans lequel tu t'élances... Et tout ça pour quoi ? La peur de voir les Chinoike disparaître ?... Ne te rends-tu pas compte que si demain, tu venais à mourir, le Clan suivrait ?... Ne t'es-tu jamais posée la question de ce qu'il se passerait si tu disparaissais ? Verrais-tu les membres du Conseil reprendre ton flambeau ? Non. La loi du plus fort reprendrais sans aucun doute sa place en notre sein, et les plus fous nous mèneraient à l'extinction. Mais ça, tu n'y penses, pas. Tu ne vois que l'instant présent et ton assurance qu'aujourd'hui, tu es la seule à pouvoir nous sauver... Et devine quoi ? Tu t'es trompée. »

Les deux images levèrent ensembles leur bras, faisant claquer deux doigts qui annoncèrent le début de la souffrance pour le pauvre être gisant au milieu des éclairs. Les uns après les autres, les flashs s'abattirent sur le pauvre bougre qui se tordait de douleur, le visage toujours caché, mais sa voix brisant l'espace d'une douleur alors perceptible. Et cela dura encore quelques secondes, juste assez pour voir comment aller réagir la jeune femme. Puis, dans un dernier hurlement, tout cessa. Etait-il encore en vie ? Etsu pouvait le voir, tremblotant en position foetale, sanglotant comme un enfant avec au dessus de lui, ses deux bourreaux.

« Si tu n'arrives pas à apaiser ton esprit, et à laisser le don qui est le nôtre guider ton bras. Il mourra pour sûr. Et ça sera ta faute, car tu n'auras pas prit le temps de regarder, non pas avec ton cœur, mais bien avec tes yeux... »

Encore un jeu tordu du Borgne, une énième tentative d'inculquer ce qu'il avait apprit par la douleur et la souffrance. Etait-il capable d'agir différemment ? Pas avec son amie. Pourquoi ? Il n'en savait rien. Peut-être que pour lui le lien qui les maintenait si proche était fait d'ombres et de cicatrices ouvertes. Il était son opposé et à la fois la complémentarité qui devait l'aider à se surpasser. Devenir encore meilleure, pour qu'un jour, elle puisse devenir la Cheffe que tout le Clan désirait qu'elle soit. Mais pas au prix de sa vie. Ca, il n'en était pas question.

C'était la raison pour laquelle tout ceci n'était qu'une vulgaire farce trop bien romancée. Et il suffisait à Etsu de se laisser aller à son don pour percevoir qu'en fasse d'elle, sur les piliers, il n'y avait que des clones, que derrière elle, perceptible sans le Ketsuryugan, gisait tapis dans les ombres une autre représentation du Borgne, posée là pour tromper la pauvre femme, qui, depuis le début de ce nouvel exercice morbide, cherchait à sauver, celui qu'elle devait frapper. Car si le sang venait à guider son choix, elle verrait qu'au milieu des piliers, gisait le véritable Tsumi.

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