Amanogawa, tournoi, premier tour : Nori contre Hako (match 3)

Il s'était levé avant le soleil, excité malgré lui par l'évènement à venir. Il eut son lot d'affrontement notre épéiste, toutefois il y avait une différence fondamentale entre lutter pour sa vie et s'affronter dans un tournoi. Allégée du poids des vies, la danse des corps prendrait presque des airs de jeux.
Un corps encore ensommeillé se traina jusqu'à un petit Onsen, un des avantages d'une auberge de luxe. Il fallait d'abord laver le corps, avant d'éveiller l'esprit. Les premiers rayons du soleils filtrèrent autour de la bambouseraie qu'il était toujours assis sur un tabouret de bois. Quelle vision étrange que ce fier guerrier faisant sa toilette, s'occupant de cette longue chevelure avec une délicatesse presque féminine. Le même sens du détail le suivit lorsqu'il retrouva sa chambre. Lentement il enfila ses vêtements. Une veste de coton blanc s'inséra dans un hakama noir, un kimono de la même couleur recouvrant instantanément la dite veste , le tout maintenu par une longue ceinture nacrée. Un large haori blanc soupoudrait l'ensemble, doublé d'un autre manteau aux tons fleuris. Aucun bandeau sur son front, nul besoin, lorsque le symbole des Tourbillons trônait fièrement sur le dos de son Haori. Aujourd'hui sa longue chevelure se liait en une queue de cheval, un chapeau rond lui servant de couvre chef.

Son katana attachée à la taille, des Tengu-getas lui servant de chaussures, il se lança dans le matin hivernale. Un lever de soleil de toute beauté pour une journée magnifique, la fraicheur de l'hiver semblant déjà adoucie par la tendresse du printemps. Après avoir profité d'un copieux (et le mot était faible) repas, Nori s'élança à l'assaut du Temple.

La beauté du paysage, l'air épuré de la montagne, il eut largement le temps d'en profiter. Il ne niera pas que son âme poétique lui coupa le souffle lorsqu'il aperçu le Temple du bois bleu. L'harmonie de l'eau et de la terre réjouissait ses sens, hélas le temps n'était pas à la contemplation. Rapidement le bruit de la foule et le son des tambours le rappelèrent à l'ordre.
Il y pensait depuis son arrivée, aux règles régissant sa participation. Montrer sa force en cachant ses atouts, le Miyamoto devait faire honneur à son nom, en évitant si possible, de dévoiler tout leur arsenal. C'était sans doute une des raisons justifiant sa présence. Il y avait de meilleurs épéistes, de meilleurs combattants, et même de meilleurs invocateurs de leur fameux hidden, seulement peu possédaient le subtil mélange des trois, la balance qui caractérisait le style du Chef de la Garde. Il ne pouvait en révéler trop, car il n'en connaissait pas suffisamment. Il pouvait toutefois démontrer ce qui faisait l'essence des siens : Une épée baignée de spiritualité.

Les affrontements arrivèrent enfin, et quelle surprise fut celle des organisateurs lorsque le Jônin vint leur susurrer à l'oreille. Une requête étrange, insultante sans doute pour ses opposants, mais qui ne dérogeait pas aux règles. Ce fut donc un Nori un peu plus épais qui pénétra l'arène. Ses vêtements amples et élégants présentant d'étranges boursouflures, des sortes de bosses au niveau des mollets, des bras, et du buste. Bien-entendu qu'il ne cachait pas d'armures, et son adversaire du jour reconnu peut-être la forme de poids d'entraînement.
En parlant de son adversaire, son visage se contracta au moment même où il l'aperçu. Une gamine. Pas le genre d'enfant à l'air adulte, le géni précoce et mature non… Une véritable gamine, dont les vêtements et l'attitude puaient l'insouciance. Il eut beau jeté un regard noir aux arbitres, ceux-ci s'évertuèrent à l'ignorer, parvenant miraculeusement à éviter ses yeux. Et ben voici qui commençait bien…

Blablablabla

Elle lui parlait avec une tranquillité affligeante, pas une trace de peur. Il y avait-il quelque chose pour justifier cet excès de confiance ? Même lui, malgré son éducation martiale, aurait été impressionné à son âge. Il se contenta d'une inclinaison de la tête pour lui répondre. Apparemment elle avait rencontré Akrillo … il avait bien entendu parler de cette rencontre. La regrettable perte d'un jeune Miyamoto à Baransu, une brave kunoïchi remettant son sabre au jeune dragon. Une histoire teintée d'héroïsme qui forcément faisait du bruit, mais serait-ce donc ça l'intrépide shinobi ?

« Eh ok, dit-il, son ton hésitant trahissant sa perplexité. Tu sais au moins dans quoi tu t'embarques gamine ? »

Non il ne mâchait pas ses mots, il ne l'avait jamais fait. Il savait bien que lorsqu'on parlait de ninja, l'apparence était plus que trompeuse. Seulement nous étions dans un tournoi d'art martiaux. Le corps ne mentait pas. Si elle semblait agile, cette fillette n'avait rien d'un combattant.
Elle ignora néanmoins son avertissant, lui rétorquant même une bénédiction, qui avouons-le, forçait le respect. Fort bien, il ne tergiverserait plus longuement. Prenant le temps de changer la position de son sabre, Nori fit lentement pivoter son crâne, avant de s'avancer en face de l'étrange Aburame. L'arbitre leva la main, les poings s'entrechoquèrent. Dieu, grand dieu, il se rendit rapidement compte à quel point il l'avait sous-estimée.

Quelle leçon d'humilité. Du haut se son piédestal, fier combattant, puissant vétéran, il fut brutalement ramené à l'essentiel. Un coup d'une simplicité barbante, assommante, un assaut si banale, si laid, qu'il ne pouvait le concevoir. Cet assaut n'en restait pas moins réel, fatal même, pour les cloches de chairs qui vibraient de douleur. Pourtant il n'avait aucun soucis à ce que l'on joua de sa flute à castagnettes, mais de là frapper dedans…
Evidemment qu'il fut plié en deux, ses deux mains rejoignant instinctivement son entrejambe, son visage déformé par la douleur, tandis que son buste devint soudainement parallèle au sol. Une position absolument ridicule, qui eut au moins l'avantage d'amortir l'enchaînement de la furie. Le tranchant qui visait sa main s'écrasa sur son bras, les biceps contractés par la douleur encaissant plutôt bien le choc (où son système nerveux avait d'autres priorités).
Hélas, ce n'était que le début. Malgré l'humiliation, malgré la douleur, le Miyamoto restait un habitué des combats. Recroquevillé vers son pelvis, les genoux au sol, ses mains agrippant pitoyablement son entrejambe, il gardait la peste (et il s'agît là d'une traduction polie de ses pensées) dans son champs de vision.

Si vous pensiez qu'il n'y avait pas pire qu'un coup de pieds dans les roubignoles, essayez donc de défier cet énergumène en duel. S'il était jusque là parvenu à maintenir un semblant de dignité au niveau de sa face, les yeux du Jônin sortirent littéralement de leurs orbites. Dur et effilée, froide et pernicieuse, il sentit ce que ses yeux avaient pu deviner, une protubérance érigée envahissant son postérieur. Non. Hors de question. Il eut tout juste le temps de joindre ses mains, démontrant malgré la situation qu'il était loin d'être incompétent.
Pouf. Un nuage de poussière, voici tout ce qu'elle obtenu en tentant de le pénétrer poignarder, le kunaï rencontrant une dalle de pierre au lieu d'un fessier bien ferme. Quelques mètres plus loin, un Nori gisait au sol, roulé en boule, ses mains encore liées l'une à l'autre. Un silence total s'était emparé de l'arène, les spectateurs tout comme les arbitres encore indécis entre le dégoût où l'admiration. Certes, il fallait un sacré culot pour utiliser pareilles techniques au cœur d'un lieu si sacré, mais il n'y avait-il pas également une petite dose de génie ?

« Non de... Des mots marmonnés d'une voix tremblante, par un Nori qui peinait à se relever. Satanée gamine… Bien jouer. »

Bien entendu qu'il grinçait des dents, qui ne ferait pas après une pareille raclée. Elle venait de lui donner une leçon, lui rappelant les dangers de l'égo, et la beauté de l'effet de surprise. Il reconnaissait ses talents, mais il ne lui pardonnait pas. L'honneur n'était pas quelque chose que l'on piétinait si aisément, et la petite l'apprendrait à ses dépends.
Tout juste une seconde s'était écoulée depuis la substitution, et alors qu'il peinait visiblement à se relever, Nori avait toutefois changé de mudra. Pas sûr qu'elle remarqua la différence, après tout une fois le signe fait, ses mains reprirent leur position, une sur son entrejambe, l'autre l'aidant à se relever. Seulement une vague de chakra venait de s'échapper de l'épéiste. Une vague qui se changea en bulle, invisible à l'œil nul mais suffisamment compacte pour que le moindre mouvement y fut détecté, amplifié, et analysé par un cerveau désormais gorgé de chakra.

- CHÔ CHOKKAN

Une technique péniblement énoncée, tandis qu'il fusillait l'enfant terrible du regard. Il avait beau avoir les jambes encore fléchies, le buste recourbé, il était prêt. Il suait à grosses gouttes, son visage reprenant tout juste une consistance plus ou moins normal, mais il était prêt. Qu'il se ramène le diablotin vert, il lui imprimerait à coup d'épées les bases de la courtoisie.

Récapitulatif combat:

Un départ absolument humiliant, dont les témoins se souviendront encore longtemps, peu importe l'issue du combat. Nombreux étaient-ils d'ailleurs à se questionner. "C'est donc ça le champion des Miyamoto ?" - "On m'avait pourtant dire qu'ils étaient balaises…" - "Non mais il a pas honte, se faire malmener par une gamine !" Les néophytes piaillaient, piaffaient, crachant sur ce qu'ils ne pouvaient comprendre. Ils avaient néanmoins une excuse, qu'elle était la sienne au Jônin ?

* Que ça te serve de leçon, t'as pris le melon ou quoi ? Tu crois qu'à son âge je n'aurais pas pu te foutre une raclée ? *

Énervée elle l'était, l'insaisissable Sango. Après tout ne salissait-il pas le nom des Miyamoto, une main sur son entrejambe, l'autre sur le genoux ? Le pire restant qu'elle n'avait pas tord, il était fort probable que dans son temps, la Dragonne l'eut surpassé, peu importe son âge. Il ne devait la sous-estimer, il devrait enlever ses poids. S'eut-été l'idée, seulement ses fourberies ne prouvaient-elles pas qu'il ne s'agissait au final que d'une gamine ?
Il n'eut hélas pas le temps de terminer son flux de pensée, la furie ne se contentant pas de regarder. Alors qu'il était presque debout, il feignit une nouvelle douleur, où plutôt il accepta celle préexistante, se pliant sur lui même. Heureux hasard, alors qu'il se pliait vers la droite, le Kunaï passa à sa gauche. Une coïncidence qui n'en était pas une, lui aussi pouvait être fourbe.

« Inutile »

Honnêteté brutale, il répondit à son cri de guerre, un avertissement plus qu'une moquerie, vu la froideur de son ton. Car alors même qu'elle s'approchait, il était déjà trop tard. Elle pénétrait son domaine. Semi-Crochet, uppercut, overhand, il lisait ses coups avec une clarté nouvelle. Sortir de son axe, plier sur les jambes pour dégager la tête, rajouter une torsion. Autant de mouvements d'une précision inouïe, il bougeait légèrement, juste assez, jouant sur sa vitesse non négligeable, malgré les poids, et sa sensibilité nouvelle pour esquiver l'assaut. Une démonstration de maître à peine perceptible pour l'audience, mais que ne manqua pas de notifier l'arbitre. Elle ne semblait pourtant pas perturber, continuant la danse. Un pas en avant, un pas en arrière, l'une s'accroupissait, l'autre bondissait. Sans doute l'avait-elle compris désormais, que cette perspicacité ne saurait-être naturelle. Pas le temps de cogiter toutefois.

Ne se contentant pas d'esquiver, l'épéiste leva sa jambe. Certes cela faisait des années qu'il n'avait pas pratiqué sérieusement, mais il restait un Miyamoto. Le corps, l'arc et l'épée, les piliers de leur clan. Bien entendu qu'il savait manier chacun d'entre eux. Ses mains avaient repris une position plus décente, l'une sur son fourreau, l'autre sur le pommeau. La surprise joua peut-être en sa faveur, mais que son pieds retomba sur un lutin vert ou un sol pavé, il continua. Le pied gauche toucha le sol, le droit s'abattit. Les deux poussèrent alors, offrant quelques centimètres, un mètre avec de la chance, au quarantenaire.

« Chakra Nagashi. »

Des mots énoncés, du chakra s'élança du centre vers les mains, des mains vers la lame. À défaut de les voir, tout le monde put les entendre, les crépitements d'éclairs au sein du fourreau. Ce qui resta invisible par contre, fut l'ouverture d'un troisième œil. Sa double-vue lui avait permis de lire ses mouvements, désormais c'était elle qu'il pouvait voir, flammèche dans les ténèbres.
Enchaînant sur son bond, il s'élança vers l'avant, ruée, couplé d'une coupe à couper le souffle. Il n'y avait là aucune prouesse du chakra, aucun talent surhumain. Juste des années d'expérience et de pratique. La main gauche agrippait le fourreau, le portant légèrement en arrière, tandis que l'autre saisissait la garde, extirpant le katana. Trancher et dégainer, une technique portée au rang d'art, le célèbre Iaido. Sans l'aide du fluide divin, cela n'égalait pas l'original, mais gare à celui qui sous-estimerait une lame bordée d'éclairs.

Récapitulatif combat:

Un deuxième coup bas, qui bien entendu ne fonctionnerait pas. On ne touchait pas deux fois quelqu'un comme Nori avec la même technique, d'autant plus lorsqu'il s'agissait de sonner violemment ses bijoux de famille. Toutefois il n'était pas le seul combattant compétent sur cette arène.
Œil pour œil, dent pour dent, elle usa de sa précédente esquive contre lui, le sabre tranchant la pierre aussi bien que du beurre. Une belle démonstration d'expertise qui fut rapidement entachée par une énième explosion. Nori eut tout juste le temps de placer sa main libre devant son visage, alors que les flammes léchèrent sa peau.

« Satané shinobi ! »

Une injonction qui lui échappa malgré lui, révélant au passage qu'il se ne considérait pas vraiment comme un ninja. Il en avait sa claque de ses manigances, de sa fourberie, ne pouvait-elle pas combattre plus proprement ? Certes dans le monde réel, il comprendrait qu'elle manifesta autant de ruses, mais dans un tournoi d'art-martiaux ?
Qu'est-ce qu'il se passait dans la tête de ces foutus moines ? Des explosifs, des coups-bas, ils n'avaient pas mieux pour honorer leur divinité ? Il n'était pas du genre à trop se formaliser, seulement il restait un Miyamoto. La douleur de sa peau brulée fut bien négligeable comparée à cette colère qui grondait en lui.

Assurément l'explosion le perturba, pas assez pour briser sa concentration, mais couplée à ses poids, suffisamment pour ralentir ses réactions. La furie s'extirpa de la fumée, sa main ouverte pénétrant la garde du Jônin sans qu'il eut le temps de réagir. Un coup porté directement sur son plexus. Premier assaut élégant de la demoiselle, il ne brillait pas par sa force, mais par sa précision.
L'audience ne comprit surement pas pourquoi il dut reculer, mais les arbitres eux ne furent point dupe. Son souffle coupé, la surprise sur son visage. Le Miyamoto réalisait par cette attaque qu'il risquait réellement de perdre.

*Laisse moi t'ai… Non ! *

Intervention mentale de sa partenaire qu'il balaya d'un simple mouvement de tête. Hors de question, il était hors de question qu'il admît ne pas pouvoir la vaincre seule. La logique lui disait pourtant le contraire. Enlever les poids, utiliser l'entièreté de son arsenal ! N'était-ce pas sa responsabilité de Miyamoto, son devoir de Jônin ?
Rien à cirer. Qu'importe la politique, la réputation, comment pourrait-il se regarder en face s'il avait besoin de l'entièreté de son arsenal pour corriger une gamine ? Attention elle était prometteuse, très prometteuse même, mais malgré ce qu'en disait Sango, elle restait aux prémices de son ascension.

« Pas mal petite, enfin un coup digne de ce tournoi. »

Il finit tout juste de parler qu'un sourire s'empara de ses lèvres. Elle avait jusqu'alors profité de l'initiative, il était temps de changer la donne ! S'élançant malgré son souffle encore court, il tournoya soudainement à une vitesse hors-norme, toupie humaine avide de chair.
Anaaki no Kabe put-elle entendre alors qu'il tournoyait. Seulement il ne s'arrêta pas là. Sa lame toujours décorée de chakra, il enchaîna par une coupe horizontale. Il ne suffisait que d'un coup, un seul assaut pour que l'éclair s'infiltrât dans ses muscles, sonnant ainsi le glas du combat.

Récapitulatif combat:

L'acier lécha finalement la chair, deux tranches propres et précises qui n'apportèrent toutefois aucune satisfaction au Jonin. Pourquoi le serait-il après tout ? Il n'y avait aucun honneur à frapper une gamine, aussi douée fut-elle. Seulement il ne pouvait pas se permettre de perdre si facilement.
La magie du raiton fit toutefois effet. Les spectateurs ne remarquèrent sans doute pas la différence, mais les yeux experts du Miyamoto notèrent l'écart. Il remarqua également l'endurance anormale de l'enfant. Comment un corps si frêle pouvait-il encaisser si bien ? Le nindô ne manquait décidément pas de surprise.

Il n'eut toutefois pas le temps d'y réfléchir, que la petite s'élança de nouveau. Le même assaut… pensait-elle réellement pouvoir le toucher deux fois de la même façon, d'autant plus que maintenant de l'électricité coulait dans ses veines ? Comme quoi malgré toute son expertise, son manque d'expérience la rattrapait. L'épéiste n'eut qu'à reculer, calquant son jeux de jambes sur celui de l'ennemie afin de maintenir la distance. Un sabre restait après tout plus long qu'un bras.
Elle lui fit toutefois ravaler son mépris, puisque déjà son poing se mettait à luire. Qu'était donc cette technique ?! Glissant son pieds droit vers l'arrière, Nori passa d'une garde frontale à une posture de profil, prêt à défendre cet assaut inconnu. Surprise toutefois, concentré sur la main il en oublia le corps. Dans une feinte parfaitement exécutée l'Aburame passa sa défense, une tête meurtrière s'approcha dangereusement de la sienne. C'était admirable, absolument admirable, et fut-elle en face d'un adversaire à sa mesure que cela aurait surement sonné le glas du combat. Seulement plusieurs décennies les séparaient l'un de l'autre, une montagne que la seule volonté ne suffisait pas à briser.

« Tu parles trop. »

Des mots susurrés juste avant l'impact, juste avant que le Chef de la garde ne confirma ses appuis, transmettant la force de ses jambes, de ses hanches, jusqu'à son front. Impact. Tête contre tête, front contre front, il accepta l'entièreté de l'assaut, sa musculature forgée par des années de pratique s'accordant au choc. Aucun dégât, elle le sentit surement que quelque chose clochait, mais la main gauche du Jônin déjà en route s'approcha de son menton, offrant à son tour un impact percutant.
Bien-entendu que cela ne suffirait pas à la vaincre, n'avait-elle pas déjà démontré son endurance ? Néanmoins cela créerait un peu de distance, suffisamment pour que deux mains rejoignirent la garde du katana, Nori y déversant son âme.

« Inazuma no Ryu. »

Une incantation clairement énoncée, suivit d'une avalanche de chakra infusée dans l'arme. Un instant plus tard, le Jônin s'élança. Empruntant à l'électricité sa vitesse, il nullifia la distance entre lui et la gamine. Son katana levé grondant d'éclairs s'abattit sans pitié, rugissement d'un dragon céleste invoquant la foudre. Une attaque aussi spectaculaire qu'elle était léthale qui, en s'abattant, provoqua un vacarme digne du tonnerre.
Silence dans les gradins, poussière et pierres généreusement projetées, Nori toutefois ne s'arrêta pas là. Son sens divin actif, il suivit sa cible sans peine. Encore une fois son arme se leva, crépitante de chakra. Posant ses yeux de guerrier sur Hako, des iris dénués de toute humanité, il lui murmura sa sentence.

« Sandasutoraiku. »

Un mouvement descendant, un second coup de foudre s'abattit sur le terrain. Sauf que cette fois la puissance de l'impact souffla le nuage de poussière, révélant à tous le résultat de cet enchaînement mortuaire. Bien qu'il garda son impassibilité, Nori examina dès que possible l'Aburame. Il ne s'était pas retenu, il espérait sincèrement ne pas en avoir trop fait.
Quand à sa respiration haletante et ses muscles gonflées par l'effort, n'était-ce pas normal après tout ? Il portait encore ses fameux poids, et plus que jamais il sentait l'appel impérieux de la gravité. Seulement, le combat était-il déjà terminé ?

Récapitulatif combat:

Admirable, tout simplement admirable. Dire que cette gamine malicieuse venait d'encaisser un de ses plus puissants assauts. Trahison des apparences, implosion des préjugés, un sourire vint briser la face frigide du quarantenaire. Agréable surprise. Il savait bien qu'il rencontrerait des combattants extraordinaires, mais pareil talent ? Une telle résistance malgré son âge, était-ce là la fameuse Volonté du feu ?
Fort bien, il était temps d'évaluer pleinement la pureté de ce minerai. Il continua sur sa lancée, la lame tranchant la chair, l'humain tenant bon face à l'acier. Car il ne put le manquer, ses lèvres étirées malgré la douleur, elle souriait, elle s'amusait. Inconscience extrême ou grand courage, voir même un peu des deux, cela n'importait guère. Cette fillette luisait de promesses.

« L'oisillon hardi se consume dans ses propres flammes… »

Des murmures pour répondre à ses provocations, le Miyamoto avait toutefois gardé son sourire. Peu importe l'issue du combat, de cela elle pouvait être fière. Rares étaient eux capables de réveiller en lui la joie du guerrier !
Il avait pu faire quelques pas en arrière après son assaut, suffisamment pour voir ce poing brillé d'avantage. Curieuse technique, il sentait bien la concentration en chakra, mais comment comptait-elle le toucher ? Malgré ses poids il gardait l'avantage de la vitesse, ce qu'il démontra encore une fois. Le problème des feintes était qu'elles ne fonctionnaient qu'avec l'effet de surprise. Il commençait à apercevoir une paterne, montrer la droite pour frapper avec la gauche. Il se prépara donc à esquiver, et lorsque la petite chose se baissa, il n'eut qu'à sauter, esquivant le balayage avec aisance.

Grave erreur. Un pas en arrière lui aurait permi de garder ses appuis, de réagir à la prochaine attaque. Seulement lorsque l'Aburame accéléra, pénétrant sa zone intime pour percuter sa lame, il était déjà trop tard. Sa fatigue naissante n'aidant pas, le katana s'envola sur quelques mètres. Rien qu'une bonne ruée ne pouvait résoudre, mais pouvait-il se permettre cela avec pareil adversaire ?
Enchaînant dès sa réception Nori poussa sur ses jambes, ses mains touchant le sol dans une jolie galipette, juste de quoi temporiser.

« Et bien gamine, je crois qu'on approche de la fin. »

Il aurait pu se jeter sur son arme, retirer ses poids, son arsenal ne manquait pas des roublardises propres aux shinobis. Seulement plus que son orgueil de Jônin, plus que son rang et son origine, il répondait à cette joie nouvellement stimulée. Oui, peu importe s'il perdait, laissons-lui une chance !
Un kunaï rejoignit rapidement sa main, arme bien moins impressionnante que son katana certes, mais tout aussi léthale. Posant brièvement ses deux mains sur la lame, il souffla une incantation au vent. « Reiteki Busô » Son chakra généreusement déversé s'engouffra dans l'arme. Visible à l'œil nue, il enrobait langoureusement le métal. L'aiguille se changeait en dague, la dague devenait une lame.

Pas tout à fait au corps à corps, il y avait toutefois moins d'un mètre entre les combattants. Un pas vers l'avant, un mouvement de tranche rappelant le Iaïdo, de bas en haut, de la droite vers la gauche. Seulement le chakra déchaîné se mêlait à la danse, et sans doute la sentit-elle, cette coupure inexpliquée ? Ou peut-être était-elle parvenue à esquiver, cela ne serait pas étonnant, cette enfant ne manquait pas de ressources.
Positionné de profil, son flanc gauche exposé, le kunaï flamboyant dans sa main droite, Nori fit signe à Hako de s'approcher. IL était temps de conclure le bal.

« Je t'attends. »

Récapitulatif combat:

Assurément son coup fit mouche, l'avantage de l'effet de surprise, et de la portée trompeuse du Reiteki Busô. Augmenter la portée de son arme, un attribut banale sans doute pour le commun, mais que l'épéiste préférait largement aux extravagances élémentaires du Chakra Nagashi. Après tout il ne le savait que trop bien, un coup de lame bien placé était aussi redoutable qu'une tempête de flammes.
Pourtant la petite ne s'avoua pas vaincue, tranchée certes, elle ne perdit pas sa hargne. Hélas ils n'étaient plus au corps à corps. Bien que faible, la distance les séparant lui suffisait amplement pour voir les coups venir, d'autant plus s'il s'agissait d'un simple coup de pieds. Esquiver encore une fois, tout comme lui n'espérait plus la toucher avec des assauts basiques, elle dut elle aussi s'y attendre.

« On dirait que tu parles d'avantage pour te rassurer qu'autre chose. »

Petite pique que confirmait un sourire narquois, Nori ne pouvait après tout pas constamment ignorer ce flux de paroles. Pourtant son sourire disparu d'office avec le prochain mouvement. Elle aurait pu l'insulté qu'il n'aurait pas été moins en colère. Toucher son sabre était déjà une injure, mais le menacer ? Ne connaissait-elle donc pas la valeur des armes Miyamoto ? Tournoi ou pas, enfant ou pas, une aura meurtrière assombrie la face du Jônin.
Aucun artifice, aucun déplacement instantané ou autre simagrée shinobiesque. Au moment même où la peste commença sa course vers le Katana, Nori s'était mis en mouvement. Pourtant même s'il la surclassait en vitesse, il lui fallut un peu de temps pour réagir. Une seconde ou deux, un intervalle négligeable, mais qui fit toute la différence.

Impact du poing sur la chair, les phalanges illuminées s'enfonçant dans des côtes, en brisant sans doute plus d'une au passage, détruisant enfin la posture d'un orgueilleux chevelu. Certes il aurait pu s'y attendre, mais la jeune Aburame venait de gagner la guerre psychologique. Empreint de colère, le Miyamoto s'était jeté dans la gueule du loups, s'empalant logiquement contre ses crocs.
Et quels crocs. Il s'était pris suffisamment de coups pour reconnaitre la puissance, et la force de frappe de cette chipie méritait des éloges. Son corps tout entier se plia, tandis qu'un gong sonore retentit dans toute l'arène. Il ne lui avait fallut qu'un d'un seul coup, une simple frappe pour retourner complètement cet affrontement. Le Jônin s'était fait avoir en toute beauté, payant par le sang et la douleur ses erreurs.

« Toi alors… »

Murmures s'échappant d'un cadavre, le chef de garde s'exprima alors même qu'il gisait au sol. Plusieurs côtes fêlées, sans doutes quelques dommages internes, mais sa conscience n'avait pas encore failli. D'ailleurs, un sourire déforma sa face. Malgré cette leçon, malgré cette gifle à son orgueil, le poing droit de Nori avait retrouvé le chemin de son arme.

Se relevant contre toute attente, son visage armé d'un sourire malveillant, le guerrier embrassait son instinct. Ses iris dorés brillaient en véritable soleil. Sa main gauche parcourut lentement son corps, libérant une à une les brides de sa puissance. Bruits sourds, bruits de chut, poussières dégagées en abondance tandis que du métal rencontrait le sol. Des poids, ses poids, gisaient désormais à ses côtés, limites qu'il s'était lui même imposé.

« Il est temps de me donner à fond j'imagine. »

Des mots terrifiants quand on avait suivi l'intensité de l'affrontement. Même si le corps visiblement meurtri tempérait sans doute cette promesse de mort. Déjà les doigts du Jonin roulait le long de son arme, invoquant une danse que son adversaire reconnaîtrait forcément.

« Chakra nagashi. »

La foudre se mit de nouveau à rugir, le tigre lui s'apprêtait à bondir. Célérité décuplée, il quitta le statut quo par une puissante impulsion, s'élançant griffe sortie vers sa proie du jour. Il n'y avait pas que ses capacités, mais sa résolution s'était désormais affinée. La colère se mêlait au plaisir, il chassait désormais au maximum de son potentiel.
Car certes elle put sans doute esquiver la première coupe, mais qu'en serait-il de la suivante, de la troisième, puis de la véritable tempête tranchante que faisait désormais pleuvoir le Miyamoto ? Bonne chance petite, le véritable combat venait de commencer.

Récapitulatif combat: