Amanogawa : Le festival... c'est génial ! [libre]

Dans l'après midi du 17 Avril. J-2 avant le tournoi.

Surexcité ! J’étais surexcité ! Trépignant d’impatience sur le navire, j’imaginais d’ores et déjà tous les combats fabuleux auxquels j’allais assister ! Car oui ! Moi Naïbu Fubuki, digne héritier de mon noble sang, faisais cap vers le festival d’Amanogawa ! L’île au temple du bois bleu accueillait en effet tous les ans bons nombres de visiteurs en l’honneur des divinités ! Déjà tout petit, j’entendais les rumeurs et les échos de ce lieu merveilleux. Mon frère notamment s’y était rendu l’année passée ! Mais face au refus catégorique de mon père, il avait été contraint de partir seul. Me laissant trépignant dans la demeure familiale.

Mais cette année tout avait changé ! J’étais enfin devenu génin ! Un ninja du village ! Et par conséquent mon père, à court d’arguments, avait dû se résoudre à me voir partir. Bon… J’étais chaperonné par Yuki… et Nozomu… Mais surtout… Yukihana… Moi qui avais depuis près d’un mois tout fais pour l’éviter, me voilà contraint de la supporter le temps d’un voyage. Celle-ci ne s’était pas fait prier pour nous accompagner ! Trop contente de pouvoir gâcher mon bon plaisir… Mais qu’importait ! La présence insupportable de ma grande sœur de saurait me tirer de mon humeur rayonnante ! Après permission de mon frère, je pus me balader un peu plus librement sur le navire, mes pas me menèrent naturellement vers la proue et j’y regardai durant le reste du trajet, les hautes vagues, séparées en deux par la puissante coque de bois. Trop occupé par mon futur fantasmé, je n’avais que peu prêté attention à mon environnement… Pourtant un regard me semblait planer autour de moi ? Bizarre…

Enfin, nous atteignirent les côtes ! Sautant à toutes jambes je me jetai à corps perdu dans les festivités ! Ici, une petite baraque de bois aux fanions colorés proposait un jeu de lancer de shuriken. Confiant en mes capacités, je m’étais prêté au jeu et c’était après avoir lamentablement échoué à quatre reprises, que je tournai mon dévolu vers une autre occupation. Un stand de pêche au canard… Pas très glorieux au vu de mon âge mais … Une peluche d’Hachibi aussi mignonne… Ça valait les remontrances d’un Naïbu ! Après quelques essais et quelques nouveaux ryos dépensés, je finis par obtenir l’objet de mes convoitises. La peluche faisait bien la moitié de ma taille. Mais qu’importait ! C’était un premier souvenir de mon passage glorieux sur le sol de cette île bénie des dieux.

Puis vint le temps d’une petite glace ! Assis autour d’une table ronde, toute notre petite troupe était de nouveau réunie. Plaçant mon ami bijuu à mes côtés, celui-ci fit office de rempart naturel contre ma "bien-aimée" sœur. Mais je n’avais pas le choix ! J’avais eu interdiction de combattre durant toute la durée du séjour. Autant ne pas tenter le diable… Et un simple regard pouvait suffire à justifier une bagarre entre elle et moi. Léchant joyeusement la glace parfumée, je regardais, les yeux pétillants, la scène qui se déroulait devant moi.

L’endroit était magique, merveilleux… Des couleurs chatoyantes… Des échoppes aux reliques et artéfacts… La présence des moines et les attroupements d’individus divers, venus de par-delà mers… Tous souriaient et profitaient du moment présent. Une bulle récréative qui était des plus bienvenues, pour eux comme pour moi semblerait-il.  Car oui… Si le moment d’excitation me permettait de quasiment oublier la froideur de ma vie quotidienne. Le moindre moment d’inattention me faisait replonger dans mes doutes…

Je n’étais pas habitué à cette sensation… Non. J’étais un Naïbu et je devais avancer. Me montrer digne de mon sang et ne pas laisser mes doutes m’assaillir… Pourtant… Régulièrement me venait cette image. Celle de mon corps restait immobile face à une menace mortelle. Tout aurait pu s’arrêter ainsi… Le soir même, je m’étais amusé à imaginer les conséquences. Ma famille aurait puni les coupables pour sûr. Plongeant le village dans une guerre civile... Ma mort aurait entrainé avec elle, celle de bon nombre de personnes… Certaines que je ne pouvais regretter, comme celle d’Isasu, mais des civils auraient vite fait de périr par mégarde…

Le poids des responsabilités, c’était ça qui m’étouffait. Je suffoquais à l’idée que même le simple fait de mourir pouvait entraîner tant de conséquences… Déjà j’avais été mis en garde par mes parents. Si je venais à me faire capturer en mission, il me fallait réduire mon corps en charpie. Afin de rendre impossible le vol de nos précieux gènes…  Jamais je n’avais jusque-là vu mon sang comme un poids. Il avait au contraire toujours était ma raison de vivre et d’être fier… Aujourd’hui pourtant, il me semblait que se liquide rouge que je rependais imprudemment, me moquant des conséquences, était sans nul doute ma plus grande malédiction.

"Fubuki ? Ta glace est en train de couler !"

Face à moi, le regard inquiet de Yuki. Il n’y avait qu’avec lui que j’avais osé me confier et sans doute savait-il ce qui se passait dans ma tête actuellement… Il aurait voulu m’aider davantage, mais son futur mariage et ses obligations de shinobis, le tenait loin de la demeure familiale… Mais bon… L'heure était aux réjouissances ! Il fallait que je profite et que j’écarte toutes ses mauvaises ondes. À Uzu, j’étais un shinobis. Ici, je pouvais être un enfant.

Quittant la table je m’étais précipité à toutes jambes vers le centre du village après avoir acheté quelques brochettes de porc au caramel. Regardant les passants qui étaient tous et toutes affublés de beaux kimonos colorés, je m’enquis de trouver une boutique de tissus richement décorés. Mon dévolu se porta sur une petite baraque, dans laquelle une vendeuse à l’ossature lourde, proposait divers vêtements aux couleurs du festival. Bien qu’un peu couteux, la qualité des ensembles me convainquit et rapidement je ressortis, affublé d’un kimono noir et pourpre, aux divers motifs rappelant les divinités locales.

Adossé contre un arbre, je restai là quelques instants. Grignotant mes brochettes et observant le flot des passants. Çà et là, je reconnus quelques visages, venant de mon village. Une soudaine peur m’assaillit… Et si… Non… Il n’aurait jamais les moyens de se payer le voyage… N’est-ce pas ?